Jean-Julien Lemordant
Jean-Julien Lemordant

Quel peintre a peint le plafond du théâtre (dit l’opéra) de Rennes ? Réponse : Jean-Julien Lemordant. À l’occasion des Journées du Patrimoine, les Rennais ont redécouvert le plafond du théâtre peint par ce dernier.  Mais peu savent qu’une esquisse de ce décor se trouve dans les collections du Musée des Beaux-arts de Rennes.

 

En 1913-1914, le peintre-décorateur, aujourd’hui moins connu que Mathurin Méheut (à tort), est sollicité par la municipalité de Rennes. Représentant une danse bretonne, elle est élaborée à Penmarc’h où le peintre multiplie les études d’inconnus.

Dans cette immense peinture, les couples sont entraînés dans une sarabande endiablée. Vêtus de costumes tous différents, ils dansent au rythme des joueurs de biniou et de bombarde et s’élèvent vers le ciel. “Réalisée sur toile dans l’atelier parisien de l’artiste, le décor sera mis en place à Rennes en 1914 et sera fort bien reçu par la critique”, commente un spécialiste du Musée des Beaux-Arts de Rennes.

“Mais l’oeuvre finale, plus lisse, perd un peu de l’intensité colorée et de la liberté de touche qui font la modernité de l’esquisse, pour laquelle Lemordant mérite pleinement le qualificatif de « fauve breton.”

Un peintre aveugle

D’origine malouine, Jean-Julien Lemordant (1878-1968) fut un élève assidu de l’atelier Bonnat avant de s’installer à Penmarch. Inspiré par l’école de Pont-Aven et les fauves, Jean-Julien Lemordant invente son propre style pictural tout en mouvement, force et couleurs.

L’une de ses premières commandes est celle du propriétaire de l’hôtel de l’Epée, sis à Quimper, pour décorer la grande salle à manger. Le décor de 60m2 est réalisé entre 1905 et 1909 et présenté aujourd’hui dans son ensemble depuis la rénovation du Musée des Beaux-Arts de Quimper en 1993.

Jean-Julien Lemordant
Jean-Julien Lemordant (Saint-Malo, 1878 – Paris, 1968) Esquisse pour le plafond du théâtre de Rennes 1913-1914 Huile sur toile

A l’époque, cette réalisation fut saluée par les critiques et contribua à la notoriété du jeune peintre. La Première Guerre mondiale mit un sérieux coup d’arrêt à sa carrière. Il fut blessé plusieurs fois et fait prisonnier par les Allemands. Devenu aveugle, il lui fallut une trentaine d’opérations pour retrouver la vue. Mais, comme le soulignait André Cariou, conservateur du Musée des Beaux-Arts de Quimper, il n’est pas facile de savoir la vérité entre la légende de la réalité. Combien en effet les œuvres réalisées en cachette par le peintre aveugle sont-elles ? Nul ne le sait…

Bibliographie

DAGEN Philippe, Le Silence des peintres, Paris, Fayard, 1996.
Collectif, Jean-Julien Lemordant, cat. Expo., Musée des Beaux-Arts de Quimper, 24 avril-30 octobre 1993.
Pierre VALLAUD, 14-18, la Première Guerre mondiale, tomes I et II, Paris, Fayard, 2004.

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