Le Jardin moderne de Rennes entame sa 25e saison d’accompagnement musical. Entre organisation de concerts, accueil de projets événementiels, centre d’information et de formations, ce lieu associatif est devenu un sanctuaire pour les musiciens et musiciennes du territoire et une destination privilégiée des mélomanes et noctambules. Rendez-vous mercredi 7 septembre 2022 pour un Lâcher de saison annonciateur d’une nouvelle année musicale, festive et inclusive au Jardin moderne.

Le lâcher de saison approche au Jardin moderne de Rennes. L’équipe technique installe la scène extérieure, tandis que les bureaux se réveillent de leur pause estivale. Dans le café-restaurant, espace central des lieux, on s’affaire déjà. Amandine Aubry, coordinatrice des événements associatifs, est en pleine réunion, la nouvelle cheffe Emmanuelle Raux prend ses marques en cuisine. C’est dans cette joyeuse agitation que nous reçoit Juliette Josselin, codirectrice chargée des activités, accompagnée de Florian Duperray, responsable de la communication, pour nous présenter la nouvelle saison, la 25e de ce lieu ouvert en 1998.

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De gauche à droite, Emmanuelle Raux, Amandine Aubry et Juliette Josselin.

Histoire d’un jardin moderne

C’est en 1997 que commence l’histoire du Jardin moderne. Cette année-là se tiennent à Rennes des Assises de la Culture. La scène musicale locale fait le constat d’un manque d’équipement pour la pratique et la diffusion de concerts. Se crée alors une association nommée Le Collectif, qui regroupe à l’époque des structures telles que l’Antipode, les Trans Musicales, et d’autres associations et labels plus confidentiels comme Kfuel, qui réclament un nouveau lieu d’expression. L’histoire se répète à Rennes, puisqu’elle a trouvé des échos en 2013 avec le collectif Le jour et la nuit, puis en 2019 avec la pétition Concerts en danger.

En 1998, la ville de Rennes confie au Collectif la gestion d’un lieu logé entre la zone industrielle Ouest et la Vilaine. Benoît Careil, élu municipal écologiste adjoint à la Culture depuis 2014 en sera alors le directeur. Les anciens laboratoires Kodak font peau neuve pour aménager sept studios de répétition, dont un équipé pour l’enregistrement, une salle de concerts pouvant accueillir 250 personnes, un bar-restaurant et des bureaux, dont certains sont investis par d’autres associations. Centre d’information depuis le début, en 2007, le Jardin moderne devient aussi organisme de formations. 

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Les anciens laboratoires Kodak sont passés sous les bombes des artistes graff invités de Teenage Kicks en 2015.

Aujourd’hui, l’association compte un millier d’adhérents, parmi lesquels entre 800 et 900 musiciens et musiciennes des quelques 300 groupes usagers des lieux, les structures hébergées dans les bureaux partagés, des associations organisatrices d’événements au Jardin moderne ou qui ont établi leur siège social à cette adresse. Et puis évidemment des bénévoles qui, lors des événements, accueillent le public, aident au catering, au bar ou à la technique son et lumière. Le tout est orchestré par 15 salarié·e·s fixes, avec le soutien d’intermittent·e·s et de formateur·rice·s.

Accompagner, diffuser, inclure

Ce petit monde s’active autour du projet qui fait l’ADN du Jardin moderne : l’accompagnement et la découverte des projets musicaux. Les jeunes groupes ou artistes peuvent utiliser les studios de répétition et bénéficier de conseils personnalisés de Joakim Choufani, responsable du centre ressource. « C’est un lieu d’aide à la structuration, pour les groupes qui veulent se développer, apprendre à s’y retrouver dans la multitude d’acteurs de la musique actuelle », explique Juliette Josselin. Des ateliers collectifs sont aussi régulièrement organisés, ouverts à toutes et tous et à prix accessibles. Pour aller plus loin encore, des formations de un à cinq jours sont proposées tout au long de l’année, « à destination de professionnels ou de bénévoles qui souhaitent structurer leur association ou se professionnaliser », précise Florian Duperray. Le soutien des groupes et artistes par le Jardin moderne comprend aussi ce qu’on a coutume d’appeler la diffusion, les concerts en somme. « Pour passer d’un box de répétitions à la scène, il y a tout un travail. On accompagne les groupes adhérents pour qu’ils soient prêts à se produire pendant nos événements », explique Juliette Josselin. 

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L’activité événementielle du Jardin moderne s’ouvre aussi au tissu associatif local pour accueillir une quarantaine de propositions, avec pour objectif de varier les types d’association, d’esthétiques et de pratiques présentées. Ainsi, le lieu est fréquenté autant par les adeptes de musiques électroniques, de rock, pop et metal, comme de reggae dub. Certaines associations bien implantées sur le territoire y ont leur rendez-vous régulier, comme Face to Face et son festival Superbowl of Hardcore, ou les collectifs électroniques Mikrokosm et Lena. Mais le Jardin moderne est aussi attaché au renouvellement et fonctionne, grâce à ses subventions publiques, selon une politique d’accessibilité tarifaire qui donne sa chance aux jeunes associations en les délestant de charges importantes dans l’organisation d’événements (sécurité, technique, gestion des bénévoles, etc.). C’est donc un lieu clé en main pour les associations qui voudraient se lancer dans des événements de moyenne à grande ampleur, avec des jauges de 250 à 600 personnes selon les espaces utilisés.

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Ce formidable outil mis à disposition de la scène rennaise et alentour atteint toutefois ses limites au vu du développement constant du terreau associatif. Avec quatre structures accueillies, Patchrock, 3 Hit Combo, Mass Productions et la graphiste Émilie Hoyet, les bureaux partagés sont arrivés à saturation. « On aimerait agrandir le site pour accueillir plus de structures, que le lieu devienne un vrai pôle culturel pour créer du lien, permettre la mutualisation d’emploi, de compétences, de matériel », affirme Juliette Josselin. « Rennes ne cesse de croître en population, c’est une ville jeune et dynamique où plein d’associations se créent, et il est nécessaire que le budget de la culture continue à être développé, que de nouveaux lieux puissent se créer en permanence », continue-t-elle. En effet, chaque année l’agenda des studios est complet et de nombreuses demandes d’événements sont refusées. « On fait 40 dates à l’année, on pourrait en faire 80 si on avait les capacités financières et humaines », commente la directrice.

Lâcher de saison

Les premiers rendez-vous de la nouvelle saison pointent le bout de leur nez. Mardi 6 septembre 2022 débute l’exposition photo Let In The Light de Karine Baudot. Le lendemain a lieu le Lâcher de saison, l’un des cinq temps forts de l’année, avec la Bambûche de Noël, Les Contrefaçons, où les groupes adhérents sont invités à jouer des reprises selon une thématique (cette année, les musiques de film), le mini festival Spring Rec dédié aux labels indépendants, et l’Open Garden de fin de saison. Événement gratuit, comme tous ceux organisés par le Jardin moderne, le Lâcher de saison verra se produire trois groupes et artistes, les Normands Cannibale, dans un registre hybride entre rock garage et musique brésilienne, le groupe rennais Sir Edwards, rock psychédélique, et Blintage, techno chantée. Le chapiteau extérieur, acquis en fin de saison dernière, abritera le public en cas d’intempéries.

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Le 9 septembre aura lieu le premier Apéro musiciennes de la saison, une initiative portée par deux adhérentes du Jardin moderne afin de créer un espace de confiance et de rencontre pour les jeunes musiciennes. En effet, l’association, ayant à cœur l’inclusion de son lieu, a développé une série d’activités et de propositions visant à combattre les violences sexistes en milieu festif et à tendre vers la parité des sexes sur scène. Citons à cet égard L’École de la Boom, un atelier d’initiation au mix à destination des femmes, personnes trans et non binaires, ou encore Salut les zikettes, pour la partie pratique instrumentale.

L’agenda des formations à l’année est d’ores et déjà disponible sur le site Internet du Jardin moderne, avec en premier lieu « Comprendre la réglementation et formaliser les contrats de spectacle vivant », les 11 et 12 octobre, ou encore « Rechercher des financements publics », les 8 et 9 novembre. Le 29 septembre est aussi proposé un atelier « S’initier aux sonos de studios de répétition », tandis qu’une journée d’informations et de rencontre pour les musicien·ne·s (JIRAI) est prévue le 22 octobre.

Côté événements associatifs, Bout’40 organise une soirée reggae dub le 17 septembre, Des pies chicaillent et Kfuel une soirée pop-rock le 2 octobre, et Mass Productions tiendra son festival punk Mass Attack les 28 et 29 octobre. D’autres événements devraient encore s’ajouter à cette programmation.

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Lieu de fête et de formation, le Jardin moderne est aussi un lieu de vie pour ses usagers, celles et ceux qui y travaillent ou leurs voisins et voisines de la zone industrielle. À partir du 13 septembre, le café-restaurant les accueillera de nouveau, avec sa nouvelle cheffe, Emmanuelle Raux, ancienne du bar O’Rétroviseur à Rennes, spécialisée dans une cuisine responsable et locale. Des valeurs qui sont aussi celles de l’association.

Toutes les informations et le programme du Jardin moderne

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Jean Gueguen
J'aime ma littérature télévisée, ma musique électronique, et ma culture festive !

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