Rennes. Le gymnase Albert-de-Mun engagé dans une rénovation complète pour 2029

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gymnase Albert-de-Mun rennes

Le gymnase Albert-de-Mun, construit en 1977 dans le quartier Sud-Gare de Rennes, va faire l’objet d’une profonde restructuration énergétique et fonctionnelle.

Dotée d’un budget global de 3,83 M€, l’opération doit aboutir à une livraison en janvier 2029. Elle s’inscrit dans la stratégie globale d’investissements sportifs de la Ville de Rennes, qui annonce avoir consacré 56 M€ à son patrimoine sportif depuis 2020.

Mais si le projet est salué pour la remise à niveau très attendue de l’équipement, son calendrier suscite des critiques au conseil municipal, où l’opposition dénonce un « effet d’annonce » à quelques mois des élections.

Un équipement de quartier à bout de souffle

D’une surface totale d’environ 1 500 m² et d’une capacité de 300 personnes, le gymnase Albert-de-Mun est composé de trois espaces :

  • une halle sportive principale de 958 m², dédiée aux sports collectifs et de raquette (handball, volley, basket, badminton, tennis, floorball) ;
  • une halle secondaire de 361 m², dédiée à la pratique de l’escrime ;
  • un volume attenant d’environ 170 m² comprenant vestiaires, sanitaires, locaux de rangement, bureaux et chaufferie.

Après près de cinquante ans de service, le diagnostic est sans appel : fonctionnalités plus adaptées aux pratiques sportives actuelles, isolation thermique insuffisante, zone vestiaire jugée indigne pour accueillir les usagers. La délibération municipale évoque un « état de vétusté avancée » de l’équipement.

Une rénovation énergétique et fonctionnelle en profondeur

L’objectif de l’opération est double : améliorer les conditions d’accueil et de pratique sportive, tout en réduisant d’environ 40 % la consommation énergétique du site. Pour y parvenir, un vaste programme de travaux est prévu.

Parmi les principales interventions annoncées :

  • Reconstruction complète du bloc vestiaires-sanitaires après déconstruction, en privilégiant l’usage de matériaux biosourcés.
  • Renforcement de la structure du bâtiment, incluant les deux halles sportives.
  • Rénovation thermique de l’enveloppe (toitures et façades des deux halles), avec là encore un recours renforcé aux isolants biosourcés.
  • Installation de panneaux photovoltaïques sur la toiture de la halle principale, pour une production en autoconsommation.
  • Rénovation intérieure des halles sportives (sols, murs, plafonds) et remise à niveau du mobilier sportif, notamment des paniers de basket rétractables.
  • Rénovation complète des réseaux techniques : chauffage, ventilation, production d’eau chaude sanitaire, avec un raccordement à terme au réseau de chaleur urbain.
  • Remplacement de l’ensemble de l’éclairage par des luminaires LED.
  • Mise en place d’un système de commande à distance pour la maintenance des installations techniques (chauffage, ventilation, accès, etc.).
  • Mise en conformité de l’accessibilité PMR, pour mieux accueillir les personnes en situation de handicap.
  • Remplacement des gradins fixes par des gradins repliables dans la halle principale, afin de gagner en modularité.

À l’extérieur, les aménagements doivent améliorer l’accessibilité du site et la gestion de l’eau :

  • création d’un ouvrage d’infiltration et de régulation des eaux pluviales, afin de les gérer à la parcelle ;
  • étude d’un système de récupération des eaux de toiture pour alimenter les sanitaires ou les besoins d’arrosage et de nettoyage ;
  • conservation des arbres existants ;
  • intégration d’un emplacement dédié au stationnement des vélos.

Un chantier à près de 3,83 M€ étalé jusqu’en 2029

Le coût global de l’opération est estimé à 3 830 000 € TTC. La Ville prévoit un calendrier en plusieurs grandes phases :

  • Choix de l’équipe de maîtrise d’œuvre : mai 2026
  • Conception du projet : juin 2026 – mars 2027
  • Consultation des entreprises : avril 2027 – juillet 2027
  • Travaux : septembre 2027 – décembre 2028
  • Livraison de l’équipement rénové : janvier 2029

Un horizon lointain, donc, pour les clubs, associations et usagers du gymnase, qui devront encore composer plusieurs années avec un équipement vieillissant ou avec des solutions de repli.

Un projet salué… mais un calendrier critiqué

Si personne ne conteste l’utilité de cette restructuration, le débat politique s’est cristallisé sur le timing de l’annonce et le retard pris par rapport aux besoins constatés.

Lors de la délibération, une élue d’opposition a ainsi rappelé que la rénovation du gymnase Albert-de-Mun faisait partie des engagements de la majorité municipale pour le mandat en cours. Or, la livraison n’interviendra qu’en 2029, au-delà de cette échéance, tandis que la programmation n’est validée qu’à trois mois des prochaines élections.

L’opposition dénonce un « effet d’annonce opportuniste à forte connotation électorale », estimant que la majorité cherche à cocher, en fin de mandat, des promesses non tenues, comme ce fut déjà le cas, selon elle, pour la piscine Saint-Georges ou l’école Trégain.

Sur le fond, la critique porte aussi sur la gestion du temps et des priorités :

  • l’état de vétusté avancée, l’isolation défaillante et les vestiaires jugés indignes étaient « de notoriété publique » depuis longtemps ;
  • la Ville est accusée d’avoir attendu « la dernière limite » pour lancer des travaux pourtant indispensables, non par manque d’alertes mais par « choix budgétaire et manque d’anticipation » ;
  • cette stratégie tardive aurait, selon l’élue, pour conséquence d’augmenter les coûts financiers de l’opération.

La conclusion de ce groupe politique est sans ambiguïté : « mieux vaut tard que jamais, mais à quel prix ».

Entre rénovation nécessaire et bataille de récits

Au final, la restructuration du gymnase Albert-de-Mun incarne un double enjeu :

  • sur le plan concret, celui d’un rattrapage indispensable pour un équipement de quartier très sollicité, qui bénéficiera à terme de meilleures conditions d’accueil, de performance énergétique et d’accessibilité ;
  • sur le plan politique, celui d’une bataille de récits autour du calendrier et de la priorisation des investissements, entre majorité mettant en avant une stratégie globale de 56 M€ pour le sport et opposition qui y voit un symbole d’anticipation insuffisante et de communication électorale.

Pour les usagers du Sud-Gare, l’essentiel demeure. Après des années de constat partagé sur la vétusté du site, le gymnase Albert-de-Mun devrait enfin entrer, d’ici quelques années, dans une nouvelle ère. Reste à savoir si le calendrier et les solutions intermédiaires permettront de concilier attentes des clubs, contraintes budgétaires et promesse de transformation durable.