Depuis vingt-quatre ans à Rennes Festival Jazz à l’Ouest invite des musiciens du monde entier afin de faire découvrir cette musique afro-américaine aux Bretons, le jazz. Cette année encore les notes de musique et le bip empliront Rennes et sa métropole durant une période du 5 au 16 novembre 2013 assez chargée en termes culturels.

 

Agathe Iracema (Photo : V. Vial)
Agathe Iracema (Photo : V. Vial)

Le jazz n’est pas une musique comme les autres. Du moins est-ce l’opinion tranchée d’Olivier Nestelhut, le directeur artistique du festival. Il est en charge de la programmation depuis maintenant cinq ans. « Cette musique a été la véritable révolution culturelle du XXe siècle – affirme-t-il avant d’ajouter – Elle est profondément culturelle et possède une dimension politique très importante. »  Si l’on suit le fil de la pensée d’Olivier Nestelhut, la politique du jazz, c’est… la démocratie. C’est un genre résolument populaire qui a permis l’émancipation des Afro-Américains. Pour beaucoup, cette musique véhicule encore cette idée émancipatrice en son sein. Le jazz s’apprend seul, sur les disques des autres, mais lorsque l’on joue à plusieurs il faut toujours être à l’écoute de l’autre pour pouvoir transmettre. « C’est une musique exigeante pour les musiciens mais pas élitiste, bien au contraire elle est populaire. »

L’objectif du festival Jazz à l’Ouest est de faire connaître le jazz, mais aussi de transmettre les valeurs qui gravitent autour – démocratie, écoute, partage. Loin de l’idée reçue qui associent le jazz à un public plutôt intello, Olivier Nestelhut a le grand mérite de revenir aux racines du phénomène. Autrement dit, à la charge de liberté et de transgression dont il était/est porteur. Cette volonté du directeur artistique se ressent à travers les choix du festival. Certains spectacles sont gratuits, comme aux Champs libres et au Diapason où un quartet se produira sans faire acquitter d’entrée. Des mesures d’accessibilité bienvenues pour tous les musiciens amateurs et un public qui ne dispose pas toujours de moyens pécuniaires importants.

Quinteto Sedano
Quinteto Sedano

Cette année, la thématique embrasse les musiques latino-américaines. De quoi ajouter une dimension festive supplémentaire à la programmation. Des artistes cubains et argentins notamment seront présents pour métisser leurs musiques traditionnelles de jazz. La volonté affichée : mélanger deux racines de l’esclavage. Né au nord de l’Amérique, le jazz a été conçu par des anciens esclaves en lutte contre l’interdiction de jouer les musiques traditionnelles noires. Au sud du continent, à l’inverse, les musiques sont restées autorisées et ont subi une forte acculturation avec d’autres sonorités plus locales. Le mélange entre les musiques latino-américaines et le jazz prend donc tout son sens dans l’histoire de l’esclavagisme. La soirée du 10 novembre, qui a lieu à la MJC Bréquigny, porte ainsi le titre révélateur de « Nueva Onda latina ». Et le 15 novembre, un artiste cubain mélangera jazz et musique traditionnelle des Caraïbes. D’autres têtes d’affiche plus spécifiquement jazzy seront toutefois présentes : Electro Deluxe Big Bang, dont l’énergie débordante envahira le carré Sévigné le jeudi 7 novembre, tout comme Billy Cobham Band, le 13 novembre au Diapason.

Véronique Herman Sambin
Véronique Herman Sambin

Le succès du festival Jazz à l’Ouest ne se dément pas depuis plus de 20 ans. L’année dernière, 6 000 spectateurs avaient fait le déplacement. Cette année, si le nombre de spectacles reste stable, la période du festival s’est allongée. Qui plus est, de nombreux lieux rennais accueillent des concerts : la MJC Bréquigny, organisatrice de l’événement, mais aussi les Champs libres, le Diapason, le bar Dejazey… Le festival s’installe aussi dans d’autres lieux de la métropole : le carré Sévigné à Cesson, à Pacé. Tous ceux qui veulent faire bouger Rennes comme Unidivers ne peuvent que se réjouir de cette mise en réseau qui ne manquera pas d’être profitable à la visibilité du festival.

À ce propos, Rennes a connu en quelques années une consolidation nette de sa ‘scène jazz’. De nombreux événements ont désormais lieu au long de l’année. Comment fait-on sa place au milieu d’autres festivals ? Si Jazz à l’Ouest a notamment le mérite de l’ancienneté, l’avantage, c’est que chacun a sa spécialité comme le remarque Olivier Nestelhut : Hédé est plutôt dans la mouvance du jazz français, Jazz à l’étage programme du jazz pop, la Harpe en jazz est plus festif. Quant à Jazz à l’Ouest, la spécialité est le jazz afro-américain. Et le directeur artistique d’ajouter : « notre cause commune, notre fil rouge c’est de défendre le jazz ; il n’y a pas lieu de se faire concurrence. »

jazz à l'ouest rennes
jazz à l’ouest rennes

Le défi de la programmation 2013 consiste à augmente l’attractivité du festival, notamment afin d’attirer plus de jeunes. Le public de Jazz à l’Ouest compte beaucoup sur des habitués fidèles année après année. Gageons que la soirée Be funk !,  programmé le 16 novembre à la MJC Bréquigny,  jouera le rôle de catalyseur pour un public plus jeune.

Toutes les informations et la programmation du festival sont ici

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A Rennes Festival Jazz à l’Ouest invite à la découverte des Amériques

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