RENNES LES COLS VERTS. UNE FERME DANS LE QUARTIER DU BLOSNE

Retenu par le Budget participatif #3 de la Fabrique Citoyenne, le projet de ferme urbaine dans le quartier du Blosne prend forme et se réalisera vraisemblablement à la rentrée 2019. Responsable du projet, l’association Les Cols verts entend développer un espace d’agriculture à l’impact social et au mode participatif. Au cœur des thématiques de ce lieu : la transition alimentaire et l’agriculture urbaine.

« Après analyse de la qualité des sols, l’installation de la ferme de quartier Les Cols verts dans le quartier du Blosne a été validée », affiche le site des Cols verts, une association qui n’en est pas à son coup d’essai dans l’agriculture urbaine. Déjà présente sur des projets semblables à Montpellier, Albi, Valenciennes, ainsi qu’en Martinique et en Tunisie, elle espère implanter à Rennes de profondes racines. Son objectif ? La sensibilisation et la formation à la transition alimentaire, par le biais de l’agriculture urbaine ; dans un contexte écologique, économique et social qui appelle à de grandes transformations dans ces domaines. Premier projet en terres bretonnes : la ferme de quartier Les Cols verts au Blosne.

Schéma de la future ferme de quartier du Blosne. Les Cols verts.

Idéalement située à proximité d’un centre culturel, d’une école et d’une crèche, elle invitera les habitants de tous âges à partager des moments conviviaux autour d’ateliers, de formations, d’animations autour de la permaculture, de l’alimentation durable ou encore de la biodiversité

ferme de quartier Les Cols verts s’implantera derrière le centre culturel du Triangle, où près de 3000 m² d’espaces verts ont été alloués à l’association par la Ville de Rennes. Cet espace, actuellement public et occupé ponctuellement par des événements divers, serait désormais en partie occupé par les zones de cultures. Il resterait néanmoins globalement un lieu ouvert aux promeneurs, comme aux éventuels curieux qui voudraient visiter la ferme de quartier des Cols verts.

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Lieu d’implantation de la future ferme de quartier, derrière le Triangle.

Un espace pour se ressourcer, se rencontrer, s’instruire et se reconnecter avec la nature, à deux pas de l’effervescence de la ville.

Principalement dédiée aux habitants du Blosne, l’association construit son projet de ferme en coopération avec nombres d’acteurs du quartier, dans un esprit participatif. Les denrées produites au sein de la ferme des cols verts seront eux aussi redistribuées en priorité à des commerces de proximité situés dans le Blosne, à des prix se voulant profitables aux habitants du quartier. Une des volontés de l’association serait en effet de renforcer l’accessibilité alimentaire, en proposant un circuit d’alimentation aussi sain, local et économique que possible aux riverains.

Une « journée de lancement » de la ferme des cols verts est prévue en septembre 2019 afin de permettre aux Rennais de découvrir ce nouveau lieu.

Hélène Brethes, coordinatrice des Cols verts Rennes, est revenue en détail avec nous sur les contours du projet.

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Hélène Brethes, Coordinatrice du projet de ferme de quartier, association Les Cols verts.

Unidivers — Qui sont les Cols verts ?

Hélène Brethes — Nous sommes une association qui a pour vocation de sensibiliser et d’informer sur l’agriculture urbaine et sur la transition alimentaire. Ici ce sont les Cols verts Rennes, mais nous dépendons d’un réseau national avec plusieurs antennes, à Montpellier, Albi, Valenciennes, en Martinique et même en Tunisie.

Unidivers —  Pourquoi ce projet ? À quoi sert une ferme urbaine ?

Hélène Brethes — Il y a des manières plus résilientes de consommer et de produire qui peuvent être mises en place, même à Rennes. On est dans une période où l’environnement souffre de notre système. Nous avons des manières de consommer souvent excessives. La Ferme urbaine, c’est un tiers-lieu alimentaire où l’on va pouvoir à la fois produire de manière durable, s’informer et se former sur différentes thématiques. Les fermes urbaines servent aussi à créer le lien entre la ville et la ruralité et à reconnecter les gens avec ce qu’ils mangent.
Et puis ça fait toujours du bien de mettre les mains dans la terre !

Unidivers — Quelle différence entre une « ferme urbaine » et un « jardin partagé » ?

Hélène Brethes — Ce n’est pas si évident de comprendre ce qu’est une ferme urbaine. C’est un lieu hybride…
Contrairement à celle d’un jardin partagé, notre production sera commercialisée. Nous réfléchissons donc à comment équilibrer économiquement notre production, tout en la distribuant de manière accessible aux habitants du Blosne. Sur le quartier il y a des AMAP, des groupements d’achats qui pourraient commercialiser nos produits, ainsi que des épiceries sociales, des associations de dons, etc. Donc l’idée c’est de réfléchir à comment est-ce qu’on pourrait coupler l’équilibre financier et l’accessibilité alimentaire.
L’autre différence avec un jardin partagé, c’est que nous aurons quelqu’un qui sera responsable du site et des cultures. Il y aura aussi des espaces de culture sans visée commerciale, où chacun pourra venir apprendre des choses, planter ou récupérer des aliments.

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Une ferme urbaine des Cols verts, en Martinique.

Tout le monde mange, donc tout le monde a quelque chose à dire sur l’alimentation.

Unidivers — Comment vous implanterez-vous dans le quartier ?

Hélène Brethes —En fait, c’est un projet à l’initiative des Cols verts, mais porté par les habitants et les associations du quartier. La Ville de Rennes nous accompagne aussi beaucoup.

Puisque c’est un projet issu du budget participatif de la Ville de Rennes, nous avons voulu garder cet esprit de co-construction. On organise des ateliers avec tous les acteurs du quartier : les partenaires associatifs, les services de la ville, les habitants, les habitants-ambassadeurs, etc., pour discuter de tout. Chaque point a été discuté, du plus large au plus précis. Par exemple, des associations nous ont demandé des informations supplémentaires sur la transformation des produits, alors on a fait un atelier sur la question.

Unidivers — Où se situera la ferme urbaine ?

Hélène Brethes — Derrière la halle du Triangle, à proximité du métro, se trouve un espace vert de 2900 m². On va s’installer là. Dans nos réflexions, très rapidement, implanter une ferme urbaine dans le quartier du Blosne s’est avéré pertinent parce qu’il y a un maillage associatif énorme dans ce quartier. Ça bouge énormément, surtout sur les questions d’alimentation. Et puis c’est un quartier où il reste des espaces verts.
La ville de Rennes nous met à disposition cet espace-là. Nous sommes conscients que c’est un espace qui est déjà fréquenté, qui a ses usagers. On ne va pas venir fermer le lieu et faire notre loi sur les horaires. Il y aura une zone, près du centre social, qui va devenir un espace convivial complètement accessible, tandis que les espaces de culture vont être plus en contrebas.

En plus on est à côté de l’Écomusée, ce qui pourrait s’avérer intéressant !

Une ferme urbaine des Cols Verts. Culture en bac.

Unidivers — Que trouvera-t-on dans cette ferme ?

Hélène Brethes — Nous avons récemment reçu les résultats des études de sol qui ont été faites par un laboratoire. Ils ne sont pas très bons, donc on va faire de la culture en bac plutôt que de la culture en pleine terre. On va aussi avoir des espaces un peu expérimentaux et travailler sur la dépollution.

Dans un premier temps, on va essayer de faire pousser des légumes de grande consommation. De saison, bien sûr, même si on ambitionne d’avoir une serre par la suite. On imagine aussi expérimenter des produits qui ne vont pas nécessairement pousser en Bretagne, car sur le quartier beaucoup de communautés sont issues de pays étrangers (Maghreb, Turquie, Europe de l’Est…).
Dans un deuxième temps, si on peut présenter des légumes de race ancienne et participer à leur préservation, ce serait super ; mais on s’axe sur de l’alimentation du quotidien et de qualité.
Après, revient souvent la question des animaux… On a validé les poules. Il y aura des poules !

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Le jardin des Mille Pas, situé à la Prévalaye à Rennes.

Unidivers — Techniquement, comment y parviendrez-vous ?

Hélène Brethes — On est accompagnés par le jardin des Mille pas et par des bénévoles qui sont maraîchers-permaculteurs et nous permettent de savoir quel type d’associations de légumes on peut imaginer. Ils vont, eux, pouvoir nous dire ce qu’on peut espérer produire.
Même si on a un petit espace, l’idée, c’est de produire en quantité pour participer activement à l’alimentation du quartier. On attend les résultats des devis pour savoir combien de bacs on va avoir…

Unidivers — Quand le lieu ouvrira-t-il ?

Hélène Brethes — Un temps fort va être organisé. Un moment festif, une sorte de journée de lancement. Ce sera vraisemblablement le dimanche 15 septembre. Tous les habitants du Blosne et de Rennes seront conviés à venir. Il va y avoir des animations, des ateliers pratiques pour les petits et les grands sur nos thématiques clés, ainsi qu’une présentation du projet. L’idée c’est surtout de faire un temps convivial pour réunir les gens.
Ce sera également l’occasion d’organiser un vote pour définir le nom que portera le lieu !

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Ferme urbaine à Valenciennes. Les Cols verts.

Unidivers — Qui finance ce projet de ferme urbaine ?

Hélène Brethes — Actuellement, en France, il n’y a aucune ferme urbaine qui peut fonctionner en autonomie, même pas les plus productives. Parce qu’il y a un investissement très important à réaliser au départ du projet et parce que c’est un dispositif émergent.

Nous avons plusieurs types de financement. Des financements publics, puisque notre projet a été retenu pour faire partie du budget participatif de la Ville. Des financements privés, que l’on va chercher auprès des fondations. On cherche notamment des fonds pour financer les bacs de culture, qui coûtent cher. Des fonds propres, que l’on va créer grâce à nos animations, nos travaux de pédagogie et nos visites de la ferme.
En parallèle, les Cols verts Rennes ont une activité qui s’appelle L’Entreprise au naturel. C’est un service aux entreprises pour créer des espaces de nature ou de biodiversité sur leurs lieux de travail. C’est un service d’accompagnement à la réalisation et de formation, que nous proposons tout au long de l’année. Si une entreprise achète nos services, elle soutient également l’entretien et le fonctionnement de la ferme de quartier puisqu’une partie de l’argent est directement reversée au fonctionnement de la ferme.

Unidivers — À qui cela profitera-t-il ?

Hélène Brethes — Principalement aux habitants du Blosne, parce qu’on ne veut pas les déconnecter de ce lieu-là. La ferme urbaine est un super outil pour parler de transition alimentaire, d’agriculture urbaine, pour reconnecter les gens à leur consommation ainsi qu’à des choses très simples. Je me répète, mais mettre les mains dans la terre, ça fait du bien à tout le monde.
Pour le volet animation on vise plus large. On a récemment fait une animation à l’École des Beaux-Arts. Ça pourrait aussi être dans les écoles de la ville.

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Unidivers — Des écoles viendront visiter la ferme ?

Hélène Brethes — Oui. Nous travaillons déjà à faire des propositions d’animation pour les écoles sur les temps scolaires et périscolaires. Notre réflexion est de ne pas parachuter les gens directement dans un jardin, surtout les citadins, parce qu’ils n’en saisiront pas forcément tout le sens. On fait des animations en amont, avec les enfants, par exemple sur les aliments et leurs origines. C’est un temps d’apprentissage, et après, on vient sur le jardin.

Unidivers — Avez-vous des modèles ?

Hélène Brethes — Oui. En France on n’est pas mauvais. À Montreuil, en région parisienne, il y a plusieurs fermes urbaines. La ferme urbaine étant un modèle hybride par nature, on va aussi bien s’inspirer d’autres fermes urbaines que de producteurs ruraux ou de fermes permaculturelles… À Rennes on a la chance d’avoir déjà deux super projets : Perma G’Rennes et la ferme des Mille Pas, qui sont des fermes périurbaines qui allient production et animation.

On a de la chance à Rennes parce qu’on a des gens très compétents à la Ville qui travaillent sur ces questions d’agriculture urbaine. Pour y avoir bossé et avoir vu d’autres villes, Rennes est vraiment bien placée sur ces thématiques, comme Montpellier par exemple. Il y a des moyens d’avancer avec des structures comme la nôtre, Perma G’Rennes, les Mille pas, et d’autres. En soi, nous avons plein d’idées : faire une exposition au Blosne, ou un livre de recettes en mettant en avant des éléments de l’alimentation durable. Mais ce sont des choses qui se réfléchiront plutôt dans un second temps. Actuellement on est totalement dans le projet de ferme urbaine.

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Une “causerie”, au P’tit Blosneur. Buffet zéro-déchet. 20 mars 2019. (facebook Les Cols verts)

Unidivers — Qu’est-ce qu’une « causerie » ?

Hélène Brethes — C’est un type d’événement que l’on met en place tous les deux mois. La première causerie a eu lieu en janvier, la seconde en mars. On propose aux habitants de Rennes et en particulier du Blosne de nous rejoindre pour un petit buffet zéro-déchet. Ça se passe au P’tit Blosneur, près de l’Hôpital Sud. C’est complètement ouvert, pas d’inscription. C’est un moment d’échange convivial où on se parle avec transparence. On représente le projet et son avancement, et puis on grignote du houmous, des trucs comme ça quoi.
La prochaine devrait avoir lieu le 15 mai.
Il y a d’autres rendez-vous comme les ateliers de co-construction et puis surtout la journée de lancement du 15 septembre où on va commencer à diffuser tout ça.

Unidivers — Qu’est-ce que vous inspire ce projet ?

Hélène Brethes — Je suis très contente de la tournure que prend le projet. Au départ, on avait un projet tourné uniquement vers l’agriculture urbaine. Là, on prend un tournant social et culturel important, avec une valorisation des savoirs. Tout le monde mange, donc tout le monde a quelque chose à dire sur l’alimentation.

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Unidivers — Merci à vous, Hélène Brethes…

Site web des Cols verts
Les Cols verts Rennes sur Facebook

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