À Rennes, l’association El bochinche Tango propose à la maison de quartier Francisco Ferrer deux heures d’immersion dans la culture argentine à travers la pratique du tango. Unidivers est parti pour vous à la découverte de cette danse finalement méconnue et bien loin des représentations hollywoodiennes ou stéréotypées !

El Bochinche Tango est une petite association née en juillet 2022 et composée de seulement trois membres. Depuis septembre dernier, José Bulacio et Céline Mahéo, les deux professeurs de l’association, y proposent des cours de tango argentin le vendredi soir de 18h30 à 20h30 à la maison de quartier Francisco Ferrer. Tous deux danseurs professionnels de tango, ils se sont rencontrés en Argentine et ont décidé de fonder cette association en France pour enseigner cette branche trop peu connue du tango argentin qui souffre encore d’une représentation faussée.

Idée majeure de l’association : pour bien appréhender la danse, il faut la comprendre. Au programme donc tout d’abord, la culture argentine et son rapport à la danse, laquellle n’a rien à voir avec la culture française. En France, les personnes vont au « bal » ou à un cours de danse pour danser. Aller danser là-bas, c’est avant tout socialiser, bien manger, faire des rencontres. On peut venir au bal et en repartir sans y avoir dansé : l’essentiel est ailleurs…

  • Maté et Empanadas El bochinche Tango Rennes
  • Premiere reunion El bochinche Tango Rennes

Les cours de tango argentin proposés à l’association durent deux heures, avec une pause au milieu pour pouvoir échanger sur son ressenti, ses difficultés et goûter des spécialités argentines comme les Empanadas, ou le Maté, boisson chaude traditionnelle. 

Ensuite, les deux enseignants insistent sur la compréhension de la danse. Les chansons sur lesquelles se danse le tango sont dans l’imaginaire commun, des chansons d’amour, de séduction. 

« Avant je dansais le Tango sans vraiment comprendre l’espagnol, je croyais danser sur des chansons d’amour un peu redondantes. Quand j’ai compris l’espagnol, je me suis rendu compte que non. Ça a changé ma manière de danser» 

Céline

Comprendre la langue dans laquelle sont écrites les chansons sur lesquelles on danse, permet de mettre en contexte la danse, son ton, son rythme, sa grande poésie. La façon d’aborder la danse change. Contrairement à ce que l’on pense, le tango argentin est une danse contestataire, en phase avec les évolutions sociétales, politiques. « Les gens ont souvent l’idée d’un tango très physique, acrobatique, un peu « macho » qui parle souvent de séduction. En réalité, le Tango est une danse triste, nostalgique. » explique José. Les chansons en appellent souvent à l’innocence perdue, à l’enfance finie trop vite, aux amours déçues.

Né dans les quartiers durs d’Argentine où se croisaient pour un instant de transit des immigrés de toutes nationalités, le tango argentin est une danse intimiste, de communion à soi et à l’autre, de respect et emplie des épreuves vécues par les danseurs. 

« C’est fascinant de voir deux personnes d’âge très différent danser ensemble. Ils sont dans les bras l’un de l’autre, mais la personne plus âgée a parfois vécu l’époque que la chanson décrit. Les deux manières de danser sont très différentes. »

José

Autre différence avec la France, le tango se danse en silence. Même les invitations se font en silence, d’un jeu de regard appelé le Cabeceo. Là-bas, il est irrespectueux de demander frontalement et verbalement à une personne si elle veut danser. De même, quand les danseurs se marchent malencontreusement dessus ou se bousculent, en France la danse continue, en Argentine les danseurs s’arrêtent, s’excusent et prennent leurs temps pour se reconnecter à la danse. 

Ces éléments de compréhension du tango sont enseignés lors des cours. Après la culture, la philosophie de la danse et quelques rudiments de langage, les danseurs passent à la partie technique de la danse. « J’ai l’habitude de commencer mon cours en disant : le tango est une marche avant d’être une danse. Si on ne sait pas naturellement marcher le tango, on réapprend très vite à marcher », explique José. Pas de pré-requis donc pour commencer, pas de « sens du rythme » à avoir ni de musicalité particulière. Les enseignants font travailler le rythme à leurs élèves, rares sont ceux qui ont le rythme en eux.

Côté purement tango, la première partie technique est un travail personnel sur la posture individuelle. Ensuite, on apprend la posture à plusieurs, on apprend à danser à 2, la gestion de la danse dans un espace partagé pour éviter les accidents… 

Abrazo El bochinche tango Rennes

L’abrazo est la position de base dans le tango argentin. Les danseurs se prennent dans les bras, poitrine contre poitrine, le temps que dure la chanson. « Quatre minutes dans des bras étrangers, ça peut être très long», rit Céline. « En Argentine, les démonstrations d’affection sont plus courantes qu’en France, on prend dans les bras sa famille, ses amis, ses proches. Cette position surprend toujours », complète José

Les 4 pas de base sont ensuite le marché, le pas latéral, le croisé et le pivot. Les 4 alternent à l’infini, il n’y a pas de chorégraphie prédéfinie comme au rock par exemple. « Un bon tango est un tango bien improvisé. »

El bochinche tango Rennes

Pas de crainte d’un manque de souplesse invalidant à avoir non plus, le tango avec les danseuses à robes rouges à volants très courtes et les lancers de jambes est hollywoodien, pas argentin. Quand le tango argentin est arrivé en Europe, avec sa position d’abrazo et ses jeux de jambes qui se croisent et se cherchent, il a fait scandale. On lui a préféré une version « soft », où, au contraire du tango argentin où les danseurs tendent à faire un triangle, les danseurs s’écartent le plus possible. 

Pas de lancer de danseuses en robe sexy au programme de ce cours donc, mais plutôt un tango proche du recueillement. Tout le monde danse en jean ou dans des vêtements dans lesquels on se sent bien, qui permettent le mouvement. Seules des chaussures qui glissent bien seront de mise pour les niveaux plus confirmés. 

Psychologue de formation, Céline est également à retrouver le mercredi matin à 10h à l’Hexagone à Rennes. Avec France Parkinson, elle y donne des cours de tango à des personnes atteintes de maladies neurodégénératives, victimes d’AVC ou d’accidents. 

 » Dans son travail du mouvement, de l’équilibre, de la posture du corps et  en ce qu’il est créateur de lien social, le tango est porteur d’émancipation et de ressourcement. Le Tango, ce n’est pas juste une danse, c’est bien plus que ça. »

Céline

Une danse fascinante à découvrir le vendredi soir de 18h30 à 20h30 à la maison de quartier Francisco Ferrer !

Page Facebook de l’association

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