Rennes concert en danger ! La scène musicale rennaise réitère le coup de gueule qu’elle publiait en décembre dernier à l’adresse des listes candidates aux élections municipales. Dans un nouveau communiqué, une soixantaine d’acteurs culturels soulignent combien le contexte de pandémie du Covid 19 n’a fait qu’aggraver les problématiques existantes. Pour faire face aux difficultés immédiates, ils réclament la réouverture de l’iconique salle de la Cité dans les plus brefs délais.

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La scène locale à la porte de la salle de la cité.

Le nouveau communiqué de la scène musicale rennaise a symboliquement été publié dimanche 21 juin dernier, jour d’une fête de la musique amputée par les consignes sanitaires encore en vigueur dans le pays. Une soixantaine d’acteurs rennais, organisateurs de concerts, collectifs artistiques, labels, festivals, se sont joints à la clameur collective du secteur événementiel, cri d’alarme ou chant du cygne. À l’horizon imminent du second tour des élections municipales, les signataires d’un communiqué de décembre dénonçant le manque de soutien public à l’égard des cafés-concerts et de la scène indépendante se manifestent à nouveau. Leur objectif : rappeler ces enjeux rendus plus pressants encore par la fermeture des lieux de diffusion pendant le confinement et par le manque de visibilité actuelle quant à la reprise des concerts.

« Même si de petites choses commencent à être organisées à droite à gauche, l’activité concerts n’a pas reprise. On ne sait pas exactement à quoi s’en tenir pour les prochains mois », déplore Guillaume Derrien, directeur du label rennais Disques anonymes et signataire du communiqué. Le festival Visions, qu’il organise d’habitude début août à Plougonvelin (Finistère), a d’ailleurs été récemment annulé par décision du préfet. Pourtant, la jauge de ce précieux festival breton et indépendant est largement inférieure aux 5 000 personnes autorisées par le gouvernement pour les rassemblements en plein air.

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L’exemple peut paraître lointain, mais est en réalité éclairant pour les problématiques de la scène rennaise. À Rennes, la préfecture interdit l’installation d’un bar à moins de 50 m d’un autre et gèle la distribution de licences IV, « des vestiges politiques qui datent de la préfète Bernadette Malgorn, une sale époque », regrette Guillaume Derrien. Il poursuit : « la préfecture s’immisce en permanence dans la politique culturelle sous divers prétextes. On aimerait discuter avec le ministère de la Culture plutôt qu’avec celui de l’Intérieur ». 

Guillaume Derrien appelle donc à « desserrer l’étau sur les nouvelles initiatives » et à « un changement de regard de la municipalité qui doit renégocier sa relation avec la préfecture ». Selon lui, le communiqué de la scène musicale locale souhaitait « rappeler que le foisonnement associatif de la ville est une vraie richesse, qui n’est pas forcément envisagée à sa juste valeur, au-delà des nuisances sonores pour les riverains ».

Pour qu’elle s’épanouisse, cette scène locale, il lui faut de petits lieux de diffusion, indépendants, ouverts à la différence, à la variété. Le Mondo Bizarro, le Marquis de Sade, le Chantier, le Papier timbré, ces cafés-concerts, parmi d’autres, « ont une dimension quasiment nécessaire à la démocratie, car d’autres voix peuvent s’y faire entendre, des alternatives » affirme Guillaume Derrien. Lui et les autres signataires du communiqué Rennes Concerts en danger attendent de la future municipalité un soutien à la fois financier et moral à la préservation et au développement de ces petites structures qui font office de culture.

Mais leur principal cheval de bataille, au vu de l’urgence de la situation, une scène laissée à l’abandon, privée d’exister devant son public qui l’anime, est la réouverture immédiate de la mythique salle de la cité. « Siège historique de la culture indépendante rennaise », dit le communiqué, la salle pourrait être de nouveau un pilier de la musique rennaise, et notamment du clubbing, qui souffre d’une « absence criante d’espaces ». Dans un contexte où les prix exorbitants de l’immobilier empêchent les petites structures d’avoir leurs propres lieux, l’ancienne Maison du Peuple serait un asile à la foisonnante scène locale. 

« Rien ne s’oppose à son ouverture dès demain », clame Guillaume Derrien. Il y rêve de concerts 20 h-00 h avec des groupes en live, puis de soirées de minuit à six pour les musiques électroniques, plusieurs fois par semaine. Et puisqu’elle a su montrer sa capacité à s’unir pour défendre un intérêt commun, pourquoi pas une gestion collégiale de la salle par la scène locale ? Une chose est sûre, les signataires de Rennes Concerts en danger attendent la nouvelle équipe municipale au tournant.

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Jean Gueguen
J'aime ma littérature télévisée, ma musique électronique, et ma culture festive !

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