terre neuve, expositionLe musée de Bretagne des Champs libres à Rennes et le Musée d’art et d’histoire de Saint Brieuc présentent en parallèle une exposition du 19 octobre 2013 au 19 avril 2014. Le sujet commun est les Terre-Neuvas. Autrement dit, ces pêcheurs qui partaient pêcher la morue le long des lointaines côtes de TerreNeuve. Premier mérite de cette double manifestation : tracer un trait d’union entre les espaces. En Bretagne (mais aussi en Normandie), le mot terre-neuvas résonne encore dans la mémoire de beaucoup. Sans que l’on sache pour autant toujours le définir.

Si cinq siècles nous séparent des premières campagnes de pêche sur les côtes de Terre-Neuve, les dernières n’ont cessé qu’en 1992. Date à laquelle un moratoire international a interdit la pêche à la morue dans ces zones surexploitées : golfe du Saint-Laurent, Labrodor et Terre-Neuve. Les Terre-Neuvas, tout comme les Islandais, Anglais, Basques, Normands et Bretons embarqués dans de longues campagnes dans les eaux froides de l’Atlantique nord, ont ainsi nourri bien des fantasmes. Ces hommes furent bien souvent représentés en héros bravant la mer, courageux et endurants. Une des premières et fameuses descriptions est le fait de Pierre Loti, en 1886, dans son roman « terres neuves, rennes, champs libresPêcheur d’Islande ». Depuis, de nombreux téléfilms et autres œuvres véhiculent l’image devenue mythique du Terre-Neuvas. Sans balayer du revers de la manche ces diverses représentations, les expositions de Rennes et de St Brieuc s’attachent à replacer l’image du Terre-Neuvas dans une perspective historique et ethnologique.

La partie ethnographique assurée par les Champs libres est abordable pour tous les publics, y compris jeune, grâce une efficace interactivité. Un éventail d’outils numériques, d’objets et témoignages invitent à approfondir la vie quotidienne des marins à bord des navires. Des jeux sont également organisés par les médiateurs de l’exposition. Ce côté ludique ne sert pas de cache-misère à cette exposition qui est de fait assez complète et ne cherche pas à simplifier les problématiques. Au-delà des pièces ludiques, des objets de collection tels que des cartes anciennes sont replacés dans leur contexte. Au final, l’expo Terre-Neuvas est dédiée à la découverte des marins, de leur vie quotidienne à bord, des bateaux et du matériel utilisé, dans une démarche assimilable à de l’histoire sociale.

terres neuves, rennes, champs libresEn parallèle et a contrario, le versant présenté à Saint-Brieuc s’attache à une thématique précise : « le temps de l’absence ». L’ensemble est moins interactif et s’adresse à un public adulte. Il a l’audace de se focaliser sur des thématiques plus marginales comme la place des femmes notamment. De fait, les Terre-Neuvas ne se réduisent pas à une poignée de marins engagés dans une aventure, toute une partie de l’organisation économique et sociale des régions concernées par leur départ dépendait du résultat des campagnes de pêche. Le rôle des femmes durant les mois d’absence de leurs maris, les représentations des marins dans les arts, les échanges possibles pendant les campagnes entre ceux qui restaient à terre et ceux qui affrontaient les flots marins… sont ici bien traités.

appâter des lignesLes collections qui composent les deux manifestations sont le fruit de plus de deux ans de recherche. Elles sont, encore une fois, des plus complètes. Les pièces ont parfois été acheminées depuis le Canada, d’autres ont été retrouvées dans le grenier de particuliers qui ignoraient que de tels trésors dormaient chez eux. Les deux parties de Terre-Neuvas ont été conçues par un unique commissariat, secondé par une seule équipe, de manière complémentaire. L’idéal est évidemment de parcourir les deux ; toutefois, elles fonctionnent bien en autonomie.

terres neuves, rennes, champs libresÀ noter que Terre-Neuvas passera aux mains de St Malo et Granville en juin 2014, deux autres hauts lieux de la pêche à la morue. Du reste, la présence de Rennes au milieu de villes portuaires peut surprendre. L’explication donnée par le commissariat d’exposition est que le recrutement des marins s’opérait loin dans les terres, y compris jusqu’à Rennes. Cela étant, certains jugeront que Paimpol aurait été mieux adapté au sujet… Reste qu’héberger une telle exposition s’inscrit dans le sens de la politique de décloisonnement des Champs libres. Elle fait écho à la réorientation de la politique culturelle de la Ville de Rennes qui s’emploie bon an mal an à susciter une visibilité étendue et à se doter d’une réelle vocation touristique. Gageons qu’un sujet aussi régional attire des publics au-delà des frontières de la Bretagne, mais également fasse découvrir les Champs libres aux différents Bretons. C’est en tout cas le pari que fait cette exposition. Autrement dit, contribuer à faire de la capitale de la Bretagne une terre neuve.

Champs libres

10 cours des Alliés
35000 Rennes (France)

TERRE-NEUVE / TERRE-NEUVAS

À la conquête du Nouveau Monde, les explorateurs du 15e siècle découvrirent d’incroyables trésors qui firent la fortune du Vieux Continent : or, cacao, caoutchouc…
Mais il est une autre richesse que personne ne cite plus aujourd’hui :  la morue
Cinq siècles durant, ce poisson des eaux froides de l’Atlantique Nord fut l’objet d’une formidable entreprise humaine, sociale et économique.

Une double exposition, un projet collaboratif

Pour la première fois, quatre musées d’art, d’histoire et de société de Bretagne et de Normandie (musée de Bretagne à Rennes, musées de Saint-Brieuc, Saint-Malo et Granville) font cause commune pour mutualiser une partie de leurs riches collections, héritées d’un passé intimement lié à la grande aventure de la pêche à la morue.

AGENDA
  • le 24-10

    RENCONTRE & DÉBAT

    Soirée Mémoire Terre-Neuve/Terre-Neuvas
  • le 26-10

    RENCONTRE & DÉBAT

    Terre-Neuve, le pain était là-bas
  • le 06-11

    RENCONTRE & DÉBAT

    Pierre Loti
  • le 07-11

    CAFÉ

    La morue dans tous ses états
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