Le photographe Willy Ronis (1910-2009) est un représentant majeur de la photographie humaniste française de l’école d’après-guerre. Il aimait définir l’école humaniste comme « le regard du photographe qui aime l’être humain ». Willy Ronis était également professeur d’université, auteur et reporter. La ville de Vannes lui consacre pertinente rétrospective.

L’exposition Willy Ronis par Willy Ronis est visible au Kiosque, l’espace culturel de Vannes exclusivement dédié à la photographie, depuis le samedi 10 décembre 2022. 90 photographies y sont exposées jusqu’au dimanche 5 mars.

« Chacun de nous porte en soi une vision intérieure. Une photo réussie est, en partie, le portrait de son auteur. »

willy ronis
Willy Ronis par Willy Ronis

Le photographe a fait don don à la République (par l’entremise du ministère de la Culture) de l’ensemble de son œuvre. C’est ici une sélection commentée, concoctée lors des donations successives, qui a servi de fil rouge à l’exposition. L’exposition accompagne le  regard de l’artiste de textes qui guident les visiteurs. Composées de souvenirs et d’anecdotes biographiques, les propos de l’artiste s’attachent à transmettre à son ressenti des conditions de la prise de vue. Ensemble, cette rétrospective forme un portrait sensible et autobiographique de Willy Ronis.

Sur les 200 photographies, 90 sont exposées ici. Quatre thématiques y sont présentées : le monde ouvrier – Paris Ménilmontant – Provence – l’intime. La sélection a été réalisée en accord avec la médiathèque de Paris”, explique le service médiation du Kiosque.

willly ronis
willly ronis

Portrait de Willy Ronis

Les parents de Willy Ronis, Marcus Ronis et Tauba née Gluckman, s’installent  à Paris à des périodes différentes. Sa mère est une pianiste juive lituanienne qui fuit les pogroms de l’Empire russe en 1899. Le père, un immigré juif d’Ukraine mais originaire de Russie, arrive à Paris en 1904. Mélomanes tous les deux, ils font connaissance dans une amicale d’exilés russes. Le couple s’installe dans le 9e arrondissement de Paris. Marcus Ronis ouvre son studio-photos après un emploi de retoucheur en photographie.

Willy vient au monde le 14 août 1910 à la butte Montmartre. Pour son quinzième anniversaire, son père lui offre un appareil photographique. Le jeune Willy souhaite cependant devenir compositeur de musique. Toutefois, il aime parcourir les rues de Paris afin de photographie la Ville lumière.

paris menilmontant willy ronis
Ménilmontant Paris

En 1929, il s’inscrit à la faculté de droit de la Sorbonne avec l’espoir de devenir compositeur de musique.

Willy Ronis découvre avec la Société française de photographie une pratique qui met en avant des images vivantes et anti-conventionnelles. Mais en 1932, quand il revient du service militaire à 22 ans, son père est malade et il doit le seconder au studio. Il réalise lui-même les tirages de ses photos, mais demeure peu intéressé par la photographie conventionnelle et se passionne pour les expositions de photographes originaux.

willly ronis

En 1935, son père meurt et son studio est vendu. La famille déménage dans le 11e arrondissement de Paris. En 1936, le jeune photographe de 26 ans, partisan de ces idées suit avec entrain les manifestations ouvrières et prend ses premiers clichés marquants. Ils  seront publiés par la revue Regards.

willy ronis
Le monde ouvrier

La vie de Willy Ronis prend alors un tournant ! Il se consacre aux reportages, tels que celui sur la SNCF, ou du Commissariat au Tourisme, etc. Il se rapproche de d’auteurs et photographes célèbres : Robert Capa – David Seymour – André Kertész – Brassaï – Henri Cartier-Bresson. Willy Ronis développe une véritable originalité, marquée par des mouvements de joie de foule et de fêtes populaires.

En 1937, il se procure son premier  Rolleiflex qui est un appareil photographique reflex bi-objectif. L’année suivante, il immortalise Rose Zehner, déléguée syndicale aux usines Citroën, haranguant ses collègues ouvrières.

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Paris, quai de Javel, 25 mars 1938. Rose Zehner dans l’atelier de sellerie de l’usine Citroën en grève.

Pendant l’occupation, la carte d’identité de Willy Ronis est tamponnée de l’infâme mention Juif. Il refuse de porter l’étoile jaune et passe la ligne de démarcation. En 1941, il part vivre dans le sud de la France, d’abord à Nice, à Cannes puis dans le Vaucluse. Il vit la période de la Seconde Guerre mondiale comme une parenthèse avec très peu de photographies des persécutions subies par les Juifs, et aucune de la période d’épuration.

willly ronis

Après la guerre,  il entre à l’Agence Rapho et rejoint les grands noms de la photographie de l’époque que sont : BrassaïDoisneauErgy Landau. Il collabore maintenant avec les revues telles que Point de vueRegardsL’Écran françaisLe Monde illustréTime – Il est d’ailleurs le premier photographe français à travailler pour Life. Il sillonne l’Europe : la Belgique en 1951 – les Pays-Bas en 1952 et 1954 – Londres en 1955 – l’Italie en 1959 et enfin la RDA en 1967.

willly ronis

Belleville-MénilmontantSur le fil du hasardMon Paris, sont parmi les livres importants qu’il a publiés.

Dans les années 19701980, il se consacre toujours à la photographie mais se passionne pour l’enseignement : à l’École supérieure d’art d’Avignon – aux facultés d’Aix-en-Provence et de Marseille. Il y crée un cours d’histoire de la photographie et rencontre Pierre-Jean Amar. En 1980, sur les conseils de ce dernier, il publie sa première monographie : Sur le fil du hasard aux Éditions Contrejour, laquelle recevra le prix Nadar.

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Willy Ronis, Café rue Montmartre un soir de pluie, 1956.

En 2001, il décide d’arrêter la photographie à titre professionnel à 91 ans. En 2009, dans une interview au Figaro donnée à l’occasion des 40e Rencontres d’Arles, il avoue ne pas comprendre le monde de la photographie actuelle qu’il juge trop exhibitionniste !

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Il souhaite encore organiser une exposition pour son 100e anniversaire, hélas la mort vient le chercher à 99 ans le 11 septembre 2009, soit 11 mois avant d’être centenaire…

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L’intime

Sa vie durant, le photographe restera attaché à capter l’essentiel de la vie quotidienne des gens, fraternellement. Son engagement social et son intérêt à l’autre s’imposent, que les clichés soient pris dans un cadre de reportage, d’industrie, de chasses libres ou dans sa sphère intime, toujours avec tendresse et joie de vivre.

 Les critiques qualifient cette manière de photographier, de mièvre et sentimentaliste.

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Le vigneron girondin

Willy Ronis travaille ses clichés spontanément sans mise en pose, en scène : en une ou deux prises de vue, il laisse une place importante au hasard.

Willy Ronis
Le nu provencal par Willy Ronis, 1949

Infos pratiques :

Visites guidées de l’exposition : Willy Ronis par Willy Ronis

Janvier : Les vendredis : 6 – 13 et 20, à 15h30

Février : Les lundis : 6 – 13 – 20 et 27, à 15h30

Mars : Vendredi 3 à 15h30

Des ateliers seront organisés pour des groupes scolaires sur le thème de l’exposition pendant les vacances scolaires de février : à suivre

Le Kiosque – Esplanade Simone Veil – Rive droite du port à Vannes

Ouvert tous les jours de 10h à 13h et de 14h à 18h

Ville de Vannes – Pôle animation – Direction de l’événementiel

02 97 01 62 30 – evenementiel@mairie-vannes.fr

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Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

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