Rennes. Avec Ayelen Parolin, c’est Simple d’aller au Triangle le mercredi 18 décembre

ayelen parolin Anne Sophie Guillet
Ayelen Parolin © Anne Sophie Gillet

Le Triangle – Cité de la danse accueille la création Simple d’Ayelen Parolin, mercredi 18 décembre 2024. Sur scène, trois interprètes s’amusent dans un bac à sable, ou plutôt une scène, et vous plonge dans un univers aux apparences enfantines. La spontanéité, le plaisir et l’humour rencontrent la danse contemporaine dans un jeu de rythme décalé.

Simple. Connait-on vraiment la définition de ce mot qui, en apparence, parle de soi ? N’est-ce pas plutôt notre inconscient qui le définit selon des idées reçues qui nous viennent d’un imaginaire collectif ? « La chose la plus difficile, c’est de réaliser un objet simple, qui dise tout sans être bavard », a dit le plasticien Romuald Hazoumè. Simple. C’est autour de ce mot que tourne la chorégraphie, dont les cinq lettres en forme le titre, d’Ayelen Parolin de la compagnie RUDA. Et si l’on se trompait sur ce mot et que la chorégraphe argentine, avec cette création, tendait une main hors de la scène pour attraper le public et le guider sur un autre chemin ?

ayelen parolin
Ayelen Parolin © Anne Sophie Gillet

Une des premières choses que l’on remarque quand les première notes annoncent le début du spectacle… Non, on recommence. Une des premières choses que l’on remarque quand Simple débute, c’est l’absence de musique. Ayelen Parolin se détache de cet élément phare dans une création, du moins que l’on considère comme tel, et propose une chorégraphie dont la seule musicalité vient du corps des interprètes. « À un moment, le corps a besoin de créer un rythme, de chanter pour combler ce vide dans l’idée de « si elle n’est pas là, on va la faire » », déclare-t-elle. « Je trouve cet endroit super intéressant, quand le corps devient rythme et musique, et qu’il n’y a pas de musique extérieure qui vient justement dominer et établir un rythme. » Sur une scène habillée d’un fond aux couleurs acidulées, un premier interprète entre un peu hésitant, un autre le rejoint et le dernier, plus confiant, fait son entrée en se mimant, semble-t-il, à cheval sur son fier destrier. Le bruit de ses pas résonne fortement sur le plateau silencieux. Oui, la musique commence. « Pour moi, c’est une pièce musicale. »

Sur scène, dans des combinaisons moulantes bariolées de taches abstraites, signées Marie Szersnovicz, évoluent pendant un peu moins d’une heure Baptiste Calvaux, Piet Defrancq et Daan Jaartsveld. « Pendant la représentation de Weg, ma précédente chorégraphie avec neuf interprètes, j’ai entrevu une relation entre ces trois danseurs et, quelque part, j’ai voulu creuser ce que je voyais en pointillé dans la pièce précédente », raconte la chorégraphe. La relation entre les trois personnes, leur complicité et l’humour qu’ils partageaient – en dehors de la pièce, mais aussi à l’intérieur – ont donné naissance à un projet léger et original, qui sort des sentiers battus de la danse contemporaine. Si la création et les premières représentations ont été réalisées avec ce trio masculin, le rôle de Baptiste Calvaux est aujourd’hui partagé avec Naomi Gibson, qui sera d’ailleurs présente pour la représentation au Triangle.

ayelen parolin
Ayelen Parolin © Anne Sophie Gillet

Au fil de la pièce, on reconnaît de-ci de-là des pas de danses classiques, comme le pas chassé, et d’autres plus contemporains qui convoquent la danse post-moderne, mais Simple ne se résume pas à ce vocabulaire seul. C’est dans la diversité des mouvements et la multiplicité des danses existantes que la création a grandi. Ayelen Parolin convoque toutes les danses qui nous traversent, « qui ont un bagage de mémoire ». Académiques ou populaires, les mouvements se mélangent pour ne pas se restreindre à un seul type de mouvement justement et amener le public à un endroit différent. La chorégraphe va chercher du côté de l’ambiguïté et de l’inattendu dans le but de surprendre. Elle utilise l’imaginaire collectif, ces idées (mêmes inconscientes) qui façonnent nos esprits afin de les déconstruire. Si les tenues rappellent les justaucorps en danse classique, et induisent de ce fait un type de chorégraphie, les spectateurs et spectatrices sont rapidement guidé(e)s dans une direction à laquelle ils ne s’attendent pas. « J’aimais bien cette idée de donner de mauvaises pistes. » Ayelen souhaite contrecarrer ses attentes et que le public se détache de ses projections.

« J’aime bien les contradictions et l’ambiguïté, sortir du cadre établi afin de questionner les frontières. »

ayelen parolin Anne Sophie Guillet
Ayelen Parolin © Anne Sophie Gillet

Quoi de mieux pour cela que d’aller du côté du jeu d’enfant, en contraste total avec l’idée que l’on se fait de la danse contemporaine. Mais la naïveté apparente des mouvements dissimule en réalité une grande rigueur. « Quand quelque chose est structuré, on a tendance à devenir sérieux », une notion inhérente à sa pratique. De manière inconsciente d’abord, elle devient la clé de voûte de Simple. « Je me suis rendue compte que je traitais de ce sujet dans mon travail alors j’ai essayé de le prioriser, de baser ma recherche dessus en me demandant comment le mettre encore plus en avant », explique-t-elle avant de prolonger sa pensée : « comment produire quelque chose de sérieux sans se prendre au sérieux ? » La chorégraphe a emprunté à l’univers de l’enfance la capacité des plus jeunes de se donner à fond tout en étant conscient qu’il s’agit (simplement) d’un jeu. « Je voulais créer un pont entre cette notion de jeu et le travail : peut-on travailler en jouant ? Peut-on encore jouer en tant qu’adulte, en créant une pièce ? En a-t-on encore la capacité ? »

En regardant Simple, il semble que oui. La présence des interprètes est particulièrement forte et accentue l’univers enfantin. Tantôt ahuries, tantôt émerveillées ou concentrées, parfois perdues aussi, leurs expressions attirent le regard. Leurs visages se meuvent et évoluent au rythme des mouvements, au rythme de leur corps. « On a l’habitude d’avoir une manière d’être au plateau, une manière de regarder, je voulais amplifier ces expressions que l’on peut avoir dans la vie quotidienne », ajoute-t-elle. « En danse, on travaille beaucoup pour combler ou régler les erreurs, on ne voit pas les failles dans une pièce. » Elle a fait de l’erreur et des doutes un outil de construction dans le but de, quelque part, désacraliser la danse contemporaine.

Ayelen Parolin souhaite porter au plateau la vie qui se déroule dans un studio, pendant le processus de création et les répétitions. « Cela se perd dans le produit fini, mais parfois on s’amuse, on rigole. Je voulais garder le côté vivant des répétitions, et le plaisir », explique-t-elle. « On pense que la légèreté doit être reliée à quelque chose de plus indéfini. Je me suis demandé comment trouver la liberté à l’intérieur d’une structure très définie. » Elle joue avec l’image du simplet, qui est au fond profondément humain, puisqu’innocent et inconscient des dangers, dans le but peut-être de reconnecter le public aux plaisirs simples.

Si la pièce demeure structurée, la chorégraphe a laissé à la fin, à l’intérieur même de l’écriture, des endroits indéfinis qui permettent aux interprètes de jouer avec la spontanéité dans ce cadre très défini, pour mieux nous faire rire de manière inattendue.

Simple d’Ayelen Parolin, mercredi 18 décembre 2025, Triangle, à 20h. Durée : 50 minutes
Site Internet Compagnie Ruda

Tarifs : 9€ tarif unique ; 4€ SORTIR ! ; 2€ SORTIR ! Enfant

Le Tringle – Cité de la danse, Boulevard de Yougoslavie, 35200 Rennes (Site Internet)
02 99 22 27 27 – infos@letriangle.org


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