Rennes. 18h15. Il est l’heure. L’heure d’aller à la nouvelle galerie d’art ouverte par Anne Delamare à Rennes. Un vieux rêve pour cette férue d’art au parcours atypique. Rencontre avec la directrice d’une galerie à découvrir… à toute heure.

18H15 galerie Rennes

Unidivers : Pourquoi 18h15 ?

Anne Delamare : Quand nous cherchions un nom avec mon compagnon, on en a envisagé de multiples ! Au bout d’un moment, las des idées peu satisfaisantes, on a regardé nos montres. Il était 18h15. La révélation ! On aimait cet entre-deux, entre l’heure du thé et celle de l’apéro, un moment où on sort du boulot et où la soirée se profile, une sensation de liberté. On a dit : tope là ! Et ça fonctionne, on le mémorise et on peut l’interpréter à sa guise. D’ailleurs, des amis poètes ne s’en sont pas privés !

U. : Quel a été votre parcours ?

18h15
Jean Blanchais

Anne Delamare : Après une scolarité « pépère » au Havre, j’ai suivi une prépa à l’école d’arts appliqués Duperré à Paris. Ensuite, j’ai enseigné les arts plastiques à Caen puis à Rennes. Là, désireuse de faire des meubles en carton, je faisais les poubelles de la Cartonnerie de Maurepas. Mes réalisations – au look vieux meuble – ont plu et je me suis retrouvé à participer à des expos à thème, notamment pour les bibliothèques de la Ville. Enfin, j’ai trouvé un travail de salariée à la Fabrique d’encadrement (rue des Fossés). Ce fut l’occasion de rencontrer des artistes dont le boulot me plaisait beaucoup et que j’avais envie de faire connaître. Impossible chez mon employeur. D’où l’idée de voler de mes propres ailes.

U. : À Rennes, c’était risqué !

Anne Delamare : Au départ, je pensais cumuler les deux activités encadrement et exposition. Certains disent que le métier est mort. Mais je pense qu’on aura toujours besoin d’accrocher des tableaux aux murs, que les ventes par internet sont risquées et manquent cruellement de proximité humaine. Par ailleurs, il y a plus de gens qu’on ne pense à désirer acquérir des œuvres d’artiste.

U. : Il faut juste en avoir les moyens !

18h15

Anne Delamare: Détrompez-vous. Chez moi, les prix partent de 10 € !

U. : …et grimpent à 5000 €…

Anne Delamare : Oui, l’idée est de présenter aussi bien un jeune qui sort des beaux-arts que Muriel Bordier.

U. :… ou Jacques Villeglé ! Comment avez-vous fait pour obtenir cette « star » ?

Anne Delamare : Je connais sa fille, Adeline. Quand elle a parlé de mon projet à son père, il a tenu à afficher (jeu de mots !) son soutien en me confiant des sérigraphies. Ils font donc partie de ces nombreuses personnes qui ont apporté chacune une pierre à l’édifice de 18h15.

U. : À propos de pierre, comment avez-vous trouvé les murs ?

18h15

Anne Delamare : Nous cherchions un local central et spacieux, avec un petit budget. Difficile à Rennes. J’ai alors demandé à l’agence Blot de m’introduire auprès de propriétaires de locaux commerciaux vides (NDLR : une vraie plaie à Rennes, voire notre article du 17 février 2016) pour leur proposer de les occuper entre deux baux. Et ça a marché ! Tout le monde y trouve son compte : le local ne perd pas sa valeur, l’allure du centre reste dynamique et le bailleur joue un peu le mécène.

U. : Financièrement, le budget était bouclé ?

Anne Delamare : Pas tout à fait. Mais de nombreux amis ont mis la main au portefeuille. Même mon business angel a tenu à le faire !

U. : Vous occupez donc ces locaux du boulevard de la Liberté de façon provisoire ?

18h15 rennes

Anne Delamare : Oui. En principe, nous le quittons en février. Quand nous avons eu l’accord, nous avons fissa créé une société, passé l’info auprès des artistes… et dès qu’on a eu les clefs, retroussé nos manches. Une dizaine d’amis l’ont fait avec nous. Une vraie ruche pendant trois jours !

U. : Vous avez enlevé les portes, ouvert les placards et tout repeint pour aboutir à ces différentes salles transformées en cabinets d’artistes. Cela crée une déambulation et une proximité avec les œuvres qui dialoguent. On voit rarement autant d’artistes rassemblés avec un accrochage de qualité !

Anne Delamare : Cela me comble de réunir les artistes rencontrés à la Fabrique (Maya Mémin, Andrée Prigent, Anne-Isabelle Le Touzé. ) et ceux que j’ai coursés – comme mon petit protégé Théo Joy.

U. : L’amateur d’art a le plaisir de voir ou revoir les œufs de Maëlle de Coux, les gravures de Danièle Jégo et de Danielle Bastard, les longs panoramiques de Bénédicte Klène, les linogravures de Mathilde Seguin et de Chantal Bideau, les dessins de Flore Angèle, de Julien Billaudeau ou de Daniel Lambert…

18h15

Anne Delamare. : Et vous avez vu les sculptures zoomorphes du designer Pierre-Yves Jameau ? Les dessins à la Sempé de Christine Davenier ? Le street artist DeuxBenDeRennes ? Les photos prises à l’hôtel Pasteur par Jacques Blanchais ? Les sculptures en nœuds de Rose-Marie Crespin ?

U. : Et ces charmantes boîtes à cheveux de Marine Frugès ? Et ces délicates pièces en terre, cire et papier d’Armelle Gapihan ?

Anne Delamare. : Elle, je l’ai découverte à la Minuscule Galerie (rue Saint-Louis).

18H15 galerie Rennes
Anne-Isabelle Le Touze

U. : Ça ne chôme pas à 18h15 ! Et en plus, vous proposez des rencontres ?

Anne Delamare : Nous prônons non seulement la proximité avec les œuvres, mais aussi avec les artistes alors nous les invitons à venir parler de leur travail. Le premier rendez-vous est avec André Le Moenner le 23 novembre. Le deuxième avec Mathilde Seguin le 30 novembre et le troisième avec les deux complices Flavien Théry et Fred Murie.

U. : À 18h15 ?

Anne Delamare : Non, à 19h15 ! (rires)

18H15, Boutique nomade, du mercredi au samedi.
33, bd de la Liberté, Rennes (35000). Tél. 06 17 21 35 33, initialement prévue jusqu’en février 2017, la galerie restera en place jusqu’au 31 mai 2017.

Les artistes de la galerie 18h15 :

Flore Angèle – Art-Terre – Maëlle Bastard – Chantal Bideau – Julien Billaudeau – Jean Blanchais – Muriel Bordier – Rose-Marie Crespin – Christine Davenier – DeuxBen de Rennes – Maëlle De Coux – Marine Frugès – Armelle Gapihan – Valérie Ghevart – René-Claude Girault – Pierre-Yves Jamaux – Danièle Jégo – Théo Joy – Max Juette – Elise Kasztelan – Bénédicte Klene – Daniel Lambert – André Le Moenner – Anne-Isabelle Le Touzé – Maya Memin – Fred Murie – Andrée Prigent – Charlotte Reine – Emmanuel Reuzé – Mathilde Seguin – Flavien Thery – Jacques Villeglé –

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Marie-Christine Biet
Architecte de formation, Marie-Christine Biet a fait le tour du monde avant de revenir à Rennes où elle a travaillé à la radio, presse écrite et télé. Elle se consacre actuellement à l'écriture (presse et édition), à l'enseignement (culture générale à l'ESRA, journalisme à Rennes 2) et au conseil artistique. Elle a été présidente du Club de la Presse de Rennes.

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