En juin 2017, une mesure a bouleversé le monde du sport amateur. Il s’agit de la réforme du certificat médical. Désormais, les pratiquants ne sont plus obligés de passer par la case médecin pour renouveler leur licence. Les clubs de sport et les joueurs sont ravis, les médecins inquiets…

La loi est passée inaperçue. Pourtant, les députés ont mis cinq ans à trancher. Entrée en vigueur en juin 2017, la réforme du certificat médical offre la possibilité de renouveler sa licence sans avoir besoin de l’attestation de son médecin. Cette licence est valable 3 ans. Dans un questionnaire, le sportif coche ses pépins physiques survenus au cours des 12 derniers mois. Ce papier se base donc sur la confiance. « C’est dommage il n’y a pas de question sur le tabac. C’est un élément qui peut évoluer en 3 ans et qui a des incidences sur le cœur », déplore le docteur Jérémy Cadiou, spécialiste de médecine du sport. « Mais je comprends que cela alourdit les traditionnels papiers administratifs d’avant-rentrée ».

Réforme Certificat Médicaux
Désormais, ce questionnaire suffit pour être apte à pratiquer un sport.

Cette loi a été adoptée le 26 janvier dans un but de favoriser la pratique du sport. C’était la volonté de Patrick Kanner, alors Ministre des sports : « [L’ancienne disposition] décourageait bon nombre de personnes à participer à ces activités, qui sont souvent organisées dans une optique d’échanges et de solidarité et dans un esprit bon enfant ». Seuls les sportifs amateurs et les dirigeants sont concernés par cette réforme. Les entraîneurs, les arbitres les professionnels ont un certificat qui n’est valable qu’un an.

Réforme Certificat Médical
Les conditions requises pour passer outre le certificat médical. ©FFF

Pour certains médecins, c’était une loi très attendue. « On était l’un des derniers pays à renouveler un certificat tous les ans », explique François Carré, professeur spécialisé dans la cardiologie et un des représentants des médecins dans la rédaction de la loi. Plusieurs études dans le monde médical, les pays scandinaves ainsi que le Canada et l’Allemagne, vantent le succès du questionnaire. « Il n’y a pas besoin de certificat médicaux si une bonne visite est faite tous les trois ans ». Et François Carré insiste sur la qualité de celle-ci : « Il faut que les médecins généralistes prennent le temps de faire un contrôle avec un électrocardiogramme. Il permet de détecter une maladie cardiovasculaire à 85% contre 15% sans ».

Et les sportifs en sont satisfaits. En effet, outre la contrainte administrative, c’est aussi un avantage financier. « On n’a ni besoin d’aller chez le médecin payer 25€ et c’est plus rapide », explique Camille, footballeuse amateure. « Mais il est vrai qu’une personne qui a de nombreux problèmes et qui veut absolument faire du sport peut mentir et ça peut être dangereux » avoue t-elle. Samuel pratique aussi le football et souffre régulièrement de soucis au genou. Il a été honnête sur sa liste : « si on a vraiment des problèmes de santé, il faut l’indiquer, et ne pas faire semblant de ne rien avoir pour ne pas passer de visite médicale« . François Carré insiste sur la responsabilisation des sportifs : « Le sportif qui veut mentir, mentira aussi à son médecin. Avec cette fiche on veut encourager le sportif à se responsabiliser ».

Réforme Certificat Médicaux
Êtes vous concerné par la réforme ? ©FFF

Même si ça n’est pas le cas de tout le monde, le docteur Cadiou ne ressent pas la fraude. « En tant que médecin du sport, on continue de recevoir les sportifs. On ne voit pas de changement. Et quand ils ont un doute, ils reviennent quand même ». Pour lui, cela leur permet de « faire le point » surtout quand ils sont régulièrement sujets à des pratiques intensives.

Selon François Carré, il a fallu un temps d’adaptation pour les clubs. « Ils ont été en colère au début car il y a eu beaucoup d’incompréhensions. C’est vraiment le sportif qui prend la responsabilité et non le club ». La principale lacune de cette loi selon le spécialiste vient du rapport entre l’école et la compétition.

Un enfant qui pratique un sport avec son école n’a pas besoin de certificat. En revanche avec son club il en a besoin. C’est un peu étrange.

Responsabiliser davantage pour mieux détecter, c’est le pari de cette réforme. « Les maladies cardio-vasculaires sont très difficiles à détecter », rappelle François Carré.

Le site de la médecine du sport.

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