Dans la capitale bretonne, le petit monde de la presse est en ébullition… Le groupe Télégramme a glissé des gros billets dans le capital de la société éditrice des Mensuels du Golfe et de Rennes. Face à Ouest-France (et sa régie publicitaire PRECOM) ainsi que la presse institutionnelle et hautement subventionnée (Les Rennais, Place publique and co), un autre pôle de médias va-t-il voir le jour ? La pluralité de l’information y gagnerait un nouveau souffle. Car la publication de différents points de vue sur l’actualité et le devenir du bassin rennais revivifieraient la pratique de la démocratie locale.

 

 Petite révolution dans la presse locale rennaise. Le Télégramme de Brest a pris des participations financières au sein du capital de la Société éditrice du Mensuel du Golfe du Morbihan et du Mensuel de Rennes (SCRIB). La prise des parts est certes minoritaire (inférieure à la minorité de blocage)… Mais, comme le précise l’équipe des Mensuels, elle marque une « étape importante » dans leur récente histoire. « Cette croissance s’inscrit dans un contexte de profonde mutation des médias et de la presse écrite en particulier », ajoutent les responsables de la société éditrice sur leur site Internet.

             Une profonde mutation des médias

La nouvelle n’est pas vraiment une surprise. Lors d’un récent débat à l’Institut d’études de Sciences politiques, en novembre, Killian Tribouillard n’avait pas exclu la possibilité d’une vente. « Si l’on nous fait une offre, on pourrait y réfléchir, » avait-il laissé entendre, un brin sibyllin. En optant pour le Télégramme, Killian et sa bande font le choix de la presse bretonne d’excellence. « Ce partenariat permettra de consolider notre développement, tout en garantissant l’entière indépendance de nos Mensuels. » Avant de préciser : « Les fondateurs de SCRIB restent majoritaires au capital de l’entreprise. Ils continueront à en assurer la gestion et la direction. »

L’ambition des fondateurs et de l’équipe du Mensuel est de poursuivre leur action, en respectant les valeurs qui les ont toujours guidés. Ils veulent surtout conserver l’indépendance de ton et d’esprit qui constitue leur marque de fabrique. En revanche, personne ne connaît encore les modalités de leur partenariat (le montant de l’investissement du grand journal breton…). Tant et si bien que beaucoup de questions restent pour l’heure sans réponse : les locales du Télégramme fusionneront-elle avec les équipes du Mensuel ? Les commerciaux, à la recherche de pub, seront-ils communs aux deux journaux ? Les collaborations entre le Journal des entreprises et Le Mensuel de Rennes seront-elles amplifiées ? Des dossiers spéciaux seront-ils menés de conserve ?

La conquête de l’Est

Si cette participation va donner un peu de respiration aux jeunes journalistes des Mensuels, elle est surtout une bonne nouvelle pour la pluralité de la presse dans la capitale bretonne… Car si Ouest-France avait mis la main sur ce journal, il aurait peut-être perdu de son âme… N’empêche, il reste un grand point d’interrogation : l’entente entre les deux publications… On n’est pas en effet sur la même longueur d’onde : l’un privilégie une information de proximité ; l’autre, une information bien plus culturelle et politique dans la cité rennaise.

Aujourd’hui, Le Télégramme poursuit sa stratégie de développement vers l’Est de la Bretagne. Après la réussite incontestable du Journal des Entreprises(1) et l’ouverture de la locale dinannaise, le groupe tenu par la famille Coudurier prend de plus en plus pied en Ille-et-Vilaine. Et pour une fois, il ne crée pas un journal, mais prend une participation au capital d’un titre existant. Pour mémoire, son hebdo de Nantes avait fait un flop, faute de journalistes du cru… À Rennes, ce sera différent, même si un certain manque de connaissance intime de la ville grève parfois le grand professionnalisme des journalistes du Mensuel.

(1) L’initiative a été contrée récemment par le groupe Ouest-France par son nouveau site Internet.

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