Rachel Cusk raconte vingt-quatre heures de la vie de quatre femmes d’Arlington Park, banlieue résidentielle d’Angleterre. Elles ont tout pour être heureuses : mari, enfants, maison, amis, etc. Le lecteur plonge dans les détails de leur quotidien, pénètre leurs maisons, les suit au supermarché ou pendant la préparation d’un dîner et, surtout, entre… dans leurs pensées.

Vite, les façades de ces jolies maisons de banlieue s’effritent. Et l’on se heurte à ces vies devenues artificielles qui se déroulent sans véritable heurt, mais sans que les gens en soient vraiment maîtres… S’ensuivent frustrations, jalousies, déceptions, rancœurs, etc. Chacune des quatre femmes dont parle Rachel Cusk a le sentiment d’être passée à côté de sa vie. Chacune tente à sa façon de se révolter, de résister à la banalité du quotidien, au passage du temps qui émousse le désir, flétrit la beauté, affadit l’amour et désabuse les êtres.

Ce livre fort et de grande qualité est susceptible de flanquer un sacré cafard…  Le lecteur éprouvera le côté pesant, étouffant, anesthésiant, de ces femmes – leurs doutes quant à leur mariage, leurs enfants, leurs espérances déçues, leurs rêves reniés… Du coup, le lecteur est immanquablement conduit à se retourner sur sa propre vie et, le cas échéant, à se secouer les puces pour ne pas ressembler à ces femmes aigries, malheureuses et désabusées…

 Alix Bayart

 

 Rachel Cusk,  Arlington Park, Editions de l’Olivier (23 août 2007), 291 pages, 21€
C’est notamment avec Emmanuelle Devos que commence en avril le tournage de La vie domestique, adapté d’Arlington Park de Rachel Cusk par Isabelle Czajka (D’amour et d’eau fraîche).

 

 

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