Quand Philippe Besson raconte Emmanuel Macron, « personnage de roman »

emmanuel macron philippe besson

En 2017, Philippe Besson a publié deux livres : l’un où il se raconte, Arrête avec tes mensonges ; l’autre, Un personnage de roman, où il raconte Emmanuel Macron devenu Président de la République. Autant le premier de ces récits est poignant et magnifique, autant on cherche dans le second une quelconque originalité ou vibration. Ce second récit,publié au format poche en 2018, est celui de l’ascension de son ami « Emmanuel M. ».

Ainsi Philippe Besson désigne-t-il ce « personnage de roman » par une coquetterie de style au parfum très « durassien » qui n’étonne pas chez lui. Besson justifie ainsi le souhait d’écrire sur le futur Président : « Je connaissais Emmanuel Macron avant qu’il ne se décide à se lancer dans l’aventure d’une campagne présidentielle. Et quand il m’a exprimé son ambition d’accéder à l’Élysée, j’ai fait comme tout le monde : je n’y ai pas cru. J’ai pensé : ce n’est tout simplement pas possible. Pourtant, au fil des mois, au plus près de lui, de son épouse Brigitte et de son cercle rapproché, sur les routes de France comme dans l’intimité des tête-à-tête, j’ai vu cet impossible devenir un improbable, l’improbable devenir plausible, le plausible se transformer en une réalité. C’est cette épopée et cette consécration que je raconte. Parce qu’elles sont éminemment romanesques et parce que rien ne m’intéresse davantage que les personnages qui s’inventent un destin. »

Un-personnage-de-roman philippe besson

Ce livre, dont on tourne les 250 pages très vite, est donc le récit des douze mois, ou presque, qui ont précédé le deuxième tour de l’élection présidentielle de mai 2017, à laquelle Philippe Besson a participé, souvent dans le premier cercle et l’intimité des époux Macron. Philippe Besson, fasciné par l’intelligence, le flair et la volonté de son ami « Emmanuel M. » et par la courbe ascensionnelle spectaculaire, unique dans la Cinquième République, de sa carrière politique, facilitée par une conjonction des astres politiques exceptionnelle, a reconnu en lui un personnage de fiction qui aurait des traits de Frédéric Moreau, d’Adolphe, de Rastignac ou bien encore de Julien Sorel et de Fabrice del Dongo. Flaubert, Balzac, Stendhal et Benjamin Constant ainsi convoqués, pourquoi pas ? Mais cette chronique d’une victoire espérée puis annoncée n’a pas, loin de là, le souffle et l’élan qui siéent à un grand livre.

Dans ce texte sans relief brille pourtant une petite pépite, elle n’est pas de Besson mais il a la bonne idée de nous la remettre en mémoire : le portrait, « bien troussé, bien vu » reconnaît notre auteur, né de la plume, rugueuse, du journaliste Laurent Sagalovitsch sur le site en ligne « Slate » faisant de Macron un « héros fitzgeraldien » : « Comme tous les héros de Fitzgerald, Emmanuel Macron croit en lui. En sa bonne étoile grosse comme le Ritz. Cette façon d’avancer dans la vie, résolument et tranquillement, comme si tout allait de soi. […] Légèreté de l’âme, amour de soi, insolence de l’esprit doué pour le bonheur. […] Et puis aussi ce brin d’exotisme, de mystère, d’équivoque dans le personnage si étonnant de sa femme, cette provocation de vivre avec une mère-amante, […] la folle incarnation d’un romanesque qui défie le temps, la mode, la bienséance. Par bien des égards, Emmanuel Macron est ce jeune héros insatiable et farouche des romans de Fitzgerald, cet être radieux et solaire ».

Il reste du livre de Philippe Besson une suite de verbatim, de scènes et de commentaires souvent admiratifs, rarement critiques, encore moins contempteurs, qui ne nous apprennent rien ou pas grand-chose sur la personne du Président qu’on ne savait déjà par la presse politique spécialisée ou généraliste.

Dieu merci, après ce furtif essai de comédie humaine politico-biographique, Besson retrouvera vite son talent et sa veine de romancier subtil et délicat, en publiant un an plus tard Un certain Paul Darrigrand, sensible récit autobiographique de sa jeunesse, et s’éloignera, du moins jusqu’à ce jour, des hagiographies sans charme ni utilité !

Un personnage de roman de Philippe Besson, éditions 10/18, 190 pages. Parution : avril 2018

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