Après nous être inquiétés de la disparition du terrain de sport de l’hôpital Guillaume Régnier, nous avons été rassurés d’apprendre que cet espace vert ne serait finalement pas vendu en raison de son caractère inondable. Mais c’était sans compter sur la volonté de l’administration d’y construire un nouveau bâtiment pour se conformer à la politique de sécurité du gouvernement.

Sur une partie de la zone verte, une UHSA va être implantée. Une Unité Hospitalière de Soins Aménagés, c’est-à-dire une prison alternative pour des détenus affligés de pathologies psychiatriques.

guillaume régnierUne première question s’impose : d’un point de vue réglementaire, pourquoi cette construction serait-elle validée en lieu et place de la caserne des pompiers ? Ce projet initial de caserne a été rejeté en raison du caractère inondable du lieu. Les malades psychiatriques – fussent-ils des détenus – seraient-ils une humanité négligeable ?

Ensuite, on peut légitimement s’interroger sur l’emplacement retenu. Cette partie boisée est certainement l’une des plus riches du site. S’en priver, c’est oublier l’utilisation par les malades et leurs familles et la jouissance qu’ils en retirent.

Enfin, s’il n’y avait réellement aucune autre solution, la raison conduirait à accepter (certes, avec un arrière-goût de résignation) ce projet. Par et pour l’intérêt général. (Si tant est que l’on puisse définir cette notion tirée à hue et à dia par tant d’intérêts partisans). De fait, si cette construction se réduit à un lieu d’enfermement de détenus malades, le caractère innovant, citoyen et propice au bien public ne saute pas aux yeux… Les SMPR (Service Médico-Psychologique Régional) des maisons d’arrêt existent déjà ; rien ne les empêche de poursuivre leur mission.

En pratique, les intervenants en psychiatrie sont divisés.

Certains voient dans cette évolution du lieu une régression : les juges ne se priveront pas d’envoyer des condamnés dans cette prison alternative sur la foi de l’article 122-1 du Code pénal (« n’est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits, d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes »).guillaume régnier

D’autres pensent fort différemment. Ils en vantent les avantages. À leur avis, au lieu de se contenter d’isoler les détenus malades, l’hôpital disposera d’un service spécifique où ils pourront être soignés. C’est un plus.

Au demeurant, on ne peut connaître à l’avance l’avenir de cette unité de soins aménagés. Reste que cette installation se fera inévitablement au détriment des autres malades.

Déjà, deux rangées d’arbres du chemin de ballade vont être supprimées. Il en va de même d’une petite prairie et de bancs propices au repos ou à la conversation. De plus, cette unité d’enfermement va côtoyer le seul espace de liberté existant de l’hôpital ! Une telle proximité est-elle vraiment saine ?

Tous ces éléments conduisent à émettre des doutes sur l’option prise par l’administration…

Dragan Brkic

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