The Magnetic North revient avec un nouvel album et un style musical assez original : de la pop orchestrale, c’est-à-dire des instruments d’orchestre classique ajoutés à la formation pop traditionnelle composée de parties guitare, basse, batterie et chant.

prospect of skelmersdaleLe premier disque du groupe The Magnetic North, Orkney : Symphony Of The Magnetic North (2012) se basait sur les histoires liées à l’archipel d’Orkney en Ecosse. Pour ce second album, les britanniques de The Magnetic North (formé par Simon Tong ,ex-The Verve, ex-Blur, Gawain Erland Cooper, Erland and the Carnival, et Hannah Peel, électron libre) se sont basés sur un concept assez singulier mentionné dans le titre : Prospect of Skelmersdale. Il s’agit du nom d’une ville située au nord de Liverpool (Angleterre) et qui a connu une histoire un peu particulière. En effet, afin d’accueillir un afflux de population et de main-d’œuvre, Skelmersdale a été désignée nouvelle ville et développée sur les décennies 60 et 70 dans une démarche assez utopique. Avec la crise économique de la fin des années 70 et l’arrivée au pouvoir du gouvernement Thatcher, beaucoup d’industriels ont quitté cette cité qui a alors sombré dans un état de délabrement et de pauvreté. Après ces premières décennies difficiles, la ville releva la tête et devint dans les années 80 le foyer des disciples de la méditation transcendantale menés par  Maharishi Mahesh Yogi (hindi : महर्षि महेश योगी). Connu aussi comme le « gourou des Beatles » Maharishi est né le 12 janvier 1917 à Jabalpur en Inde et décédé le 5 février 2008 aux Pays-Bas. Le projet de Maharishi était rien moins que :

ouvrir les portes de l’illumination à chaque individu et amener l’invincibilité, la paix, la prospérité et le bonheur, et l’absence de négativité et de souffrance à tous les pays

Skelmersdale voit alors arriver des familles entières de hippies venues de tout le pays, dont les parents de Simon Tong.

magnetic northProspect of Skelmersdale raconte l’histoire de la ville et de ses habitants. Un livret joint au disque est illustré de nombreuses photos d’époque : il en ressort une atmosphère de ville fantôme faite d’habitats à vendre, de gamins désœuvrés jouant à la guerre, et de pesanteurs de traditions religieuses. Les morceaux alternent avec des allocutions de dirigeants politiques responsables du programme de développement de la ville :

Notre tâche en tant que société d’aménagement est de bâtir la ville, de l’achever le plus vite possible et si en fin de compte quand nous partirons, les habitants ne seraient pas satisfaits, alors nous aurions échoué. Richard Phelps, Directeur Général- Société d’aménagement de Skelmersdale. 1967-71.

magnetic north
1er album de Magnetic North s’inspirant de l’archipel d’Orkney

Un des titres du groupe est intitulé « Cergy-Pontoise » : ville française également récente et construite dans un même souci d’urbanisation à dimension humaine. Musicalement parlant, l’ambiance se prête au songe, à la rêverie ; les voix douces d’Hannah Peel et d’Erland Cooper s’accordent bien avec l’orchestration composée de cordes et de bois ainsi que des synthés, piano et du noyau guitare, basse, batterie. Une musique parfois répétitive et un brin psychédélique, le groupe reprend au piano-voix la chanson  « Run of the mill » de George Harrison (The Beatles) qui fut, tout comme Simon Tong, adepte de la méditation transcendantale . Le titre « Signs » à l’atmosphère mélancolique est très élaboré et accrocheur : les voix masculines et féminines y sont entremêlées à une mélodie originale et touchante à laquelle se superposent de subtils arrangements de cordes et de piano portés par une batterie dynamique. Le titre « Pennylands » avec son intro rythmique à la guitare acoustique dans un esprit très indie pop est aussi une réussite ; les harmonies vocales, les cordes et les bois se rapprochent de l’esthétique de certains morceaux du groupe danois Efterklang. Cet album composé de 12 titres est très cohérent, aucune chanson n’est faiblement produite, une véritable recherche musicale pour illustrer un concept qui semble à première vue loin des thèmes traditionnellement abordés en musique, mais qui au final sait évoquer une ville idéale, colorée, multiculturelle où il fait bon vivre. Ce qui apparaît aujourd’hui encore, dans de nombreux endroits, comme une nécessité…

CD Prospect of Skelmersdale, The Magnetic North, sortie 18 mars 2016, label indépendant Full Time Hobby/PIAS.

Tracklist de Prospect of Skelmersdale :

01. Jai Guru Dev
02. Pennylands
03. A Death in the Woods
04. Sandy Lane
05. Signs
06. Little Jerusalem
07. Remains of Elmer
08. Cergy-Pontoise
09. Exit
10. The Silver Birch
11. Northway Southway
12. Run Of The Mill

 

Article précédentRennes, manifestations contre la loi El Khomri, à otage otage et demi, dialectique ou engrenage ?
Article suivantLe cœur régulier de Vanja d’Alcantara, au pays du Soleil Levant
Nils Arrec
Guitariste chanteur, compositeur dans un registre Folk et Blues, je donne aussi des cours de guitare acoustique. La lecture est ma seconde passion avec un intérêt particulier pour les romans écrits en langue anglaise.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici