Il est des éditeurs qui, tels des orpailleurs, nous font découvrir des pépites remontées des sables et fonds endormis de la littérature. Ainsi œuvrent les Éditions des Équateurs, qui ont exhumé un texte au titre simplissime, Pourquoi les oiseaux chantent, paru en 1928 sous la plume (c’est le cas de le dire) de Jacques Delamain.

Pourquoi les oiseaux chantent Jacques Delamain

Pourquoi les oiseaux chantent Jacques Delamain
Jacques Delamain, Pourquoi les oiseaux chantent, Paris, Stock, collection « Les livres de nature », 1928.

L’auteur, de vieille racine charentaise et de longue lignée de producteurs de cognac, prolongea la tradition négociante familiale par devoir.

Delamain cognac logo

Mais il cultiva aussi une aspiration plus profonde, l’ornithologie. Il écrivit peu, cet opus étant l’un des rares, et le premier, qu’il choisit de faire publier.

« Il n’était pas un écrivain né, il le fut par accident », dit de lui, un jour, un autre Charentais, le romancier Jacques Chardonne, ajoutant :

« Tout à coup, pour exprimer la passion de sa vie, il eut un style de virtuose, le trait juste, infiniment souple et varié, sans surcharge, sans la moindre coquetterie dans la phrase ».

Jacques Delamain s’avère un connaisseur captivant de tout ce qui vole. Outre ses analyses fines et éminemment poétiques du chant des oiseaux, de leur richesse mélodique et harmonique (étrangement et invariablement déclinante au fur et à mesure que les volatiles s’éloignent des terres et s’avancent vers l’océan, « la mer n’a pas de chanteurs », écrit notre ornithologue), il nous instruit également, dans un permanent bonheur d’écriture, sur leurs habitudes migratoires, leurs comportements sociaux (amoureux, grégaires ou solitaires), leurs milieux naturels (maritimes, fluviaux ou sylvestres).

Que ne connaissons-nous les noms, et les mœurs, du pouillot véloce, du bruant, du friquet, de la fauvette traîne-buisson, du bec-fin aquatique, du traquet pâtre, de la farlouse, de la lulu, « seul oiseau qui chante en plein vol dans l’obscurité », du mystérieux engoulevent « dont le vol ouaté hante les clairières à l’heure indécise », du rouge-queue de muraille « en somptueux plumage de noces, poitrine et reins cuivrés, manteau gris-bleu, gorge noire et front blanc pur » !

Tous les textes de ce livre sont de cette veine, lumineuse et chatoyante. L’écrivaine Colette, qui admirait Jacques Delamain, lui écrivait : « Que j’aimerais être votre voisine à la campagne, je vous demanderais tout ce que je ne sais pas ! ».

L’homme s’est envolé, lui aussi, pour l’éternité, un beau jour de 1953, aussi discrètement qu’il vécut, dans sa maison de la Charente, nous laissant ces textes, précis et enchanteurs, aptes à nous rendre à tout jamais amoureux de cette faune aérienne aux infinies parures et expressions musicales.

Pourquoi les oiseaux chantent [1928] de Jacques Delamain, Éditions des Equateurs, 2011, préface d’Olivier Frebourg.

Tout au long de l’année, la LPO Ille-et-Vilaine défend la biodiversité et organise des sorties découvertes dans le département => https://ille-et-vilaine.lpo.fr/

La figure de l’oiseau est une source d’inspiration importante à travers l’histoire des arts !

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