Rencontre rafraîchissante avec le DJ/producteur/youtubeur breton F.E.M, acronyme de Force Electro Motrice… un alias on ne peut mieux choisi.

Force d’abord, car en à peine 10 ans le DJ s’est imposé comme un des artistes les plus renommés et prolifiques de la scène techno bretonne, se faisant remarquer et sollicité par les plus grands, Laurent Garnier, Ian O’Donovan pour ne citer qu’eux… Electrique ensuite, car F.E.M est un électron libre. Indomptable et incapable de rester en place, ce « névrosé » cherche en permanence à produire et à se renouveler… Motrice enfin, car ce Dj/producteur/youtubeur est propulsé par une motivation à toute épreuve. F.E.M est une véritable boule d’énergie positive, un jeune homme à la personnalité envoûtante qui, malgré le succès et la notoriété, a su garder les pieds sur terre. Le temps d’un café dans son appartement et studio d’enregistrement du centre de Rennes, F.E.M nous raconte tout. Des débuts laborieux à l’explosion, en passant par les doutes comme les heureux hasards qui ponctuent la vie d’artiste, sans oublier le plus essentiel : la musique, la création, les projets, l’avenir…

F.E.M DJ

L’histoire de F.E.M, elle commence un soir de juillet 2005 (le dimanche 23 pour être précis), lorsqu’il « prend une claque » devant le set du célèbre Laurent Garnier au Festival des Vieilles Charrues. Une véritable épiphanie pour ce jeune de 15 ans qui décide alors de partir à la découverte du monde de la techno. Après avoir acheté sa première machine (sur le parking du Leclerc de Lanester précise-t-il), il commence à mixer à 17 ans et se donne une première fois sur scène un an plus tard dans un bar… un premier concert catastrophique avoue-t-il en riant, mais qui ne décourage en rien le DJ en herbe qui continue à mixer. Il finit par faire une rencontre qui va accélérer les choses

« la base de ma carrière, c’est d’avoir taxÉ par hasard une clope à un gars qui était en fait le filleul de l’Agent de gARNIER, et d’avoir été au lycée avec Quentin Schneider »

Cette rencontre, c’est avec le filleul de Eric Morand, alors agent de Laurent Garnier, et avec Quentin Schneider, lui aussi DJ et surtout futur fondateur du club The Warehouse à Nantes. Ces deux jeunes loups vont devenir les propulseurs de la machine F.E.M qui a désormais le champ libre pour prendre d’assaut une scène techno alors peu concurrentielle. Aujourd’hui redevenue extrêmement populaire, la musique électronique, ainsi que toutes ses déclinaisons, était en effet en pleine perte de vitesse avant 2010. Enchaînant les dates lors d’événements dans des bars et clubs, le jeune DJ se taille progressivement une modeste réputation à l’échelle de la Bretagne jusqu’à l’explosion.

Le tournant a lieu en 2014, lorsque F.E.M, alors en train de mixer dans un bar quimperois devant une quinzaine de personnes, est repéré par des membres de chez Wart. Pour ceux à qui ce nom ne rappelle rien, Wart est l’association fondatrice de Panoramas, festival que l’on ne présente plus, et qui a fait de Morlaix une étape incontournable sur la carte de la musique électronique européenne. Le label est aussi célèbre pour dénicher de jeunes talents qui seront demain les piliers de la scène techno et électro. Parmi les artistes passés par chez Wart, on pourrait citer Acid Arab, Boris Brejcha, Elisa do Brasil, mais aussi Salut c’est Cool ou encore Sexy SushiF.E.M se retrouve alors catapulté sur la programmation de la 17e édition du festival.

Bien plus qu’un concert d’envergure, c’est une véritable initiation, une consécration pour le petit DJ qui se retrouve ce soir du 17 avril 2014 face à des géants comme Parov Stelar, Daniel Avery ou Pan Pot… Jouant désormais dans la cour des grands, F.E.M est dès lors installé au rang des artistes notoires en Bretagne et en France, et se laisse depuis porter par les flots du succès.

le Dj breton F.E.M

Plus besoin de frapper à toutes les portes pour essayer de décrocher une première partie dans un club de seconde zone, il est directement plébiscité pour jouer dans des salles de concerts et festivals de renom. Plus important encore, ce boum lui permet d’accéder au statut tant convoité d’intermittent du spectacle. Il devient alors DJ à plein temps et peut commencer à vivre pleinement de sa passion.

Plus d’un pourrait se vanter d’une telle réussite. Pourtant F.E.M n’a de cesse de le rappeler : il s’est trouvé au bon endroit au bon moment… L’artiste relativise ainsi son histoire comme une série de coups du hasard et de malentendus bienheureux et s’efforce de rappeler le rôle de son entourage dans cette success story : « Je ne suis que la partie immergée de l’iceberg du travail en amont de mes proches ».

« la leçon de l’histoire, c’est que t’avanceS pas tout seul. Il faut toujours rester humble et faire confiance aux autres »

Une humilité qui l’honore certes, mais qui ne saurait masquer le mérite d’un artiste qui met autant d’effort et d’énergie dans son travail. Entre production, expérimentation, marketing et communication, le métier de DJ est aussi excitant qu’éreintant. Un rythme de vie visiblement pas assez effréné pour F.E.M, qui depuis quelque temps porte également les casquettes de producteur et de youtubeur.

DJ F.E.M
Photo : Laura Parize

« Le truc, c’est d’être toujours actif, toujours se mettre dans le rouge et ne rien lâcher ! »

Carburer toujours plus pour ne pas caler et se retrouver au point mort. C’est ça la formule de la machine F.E.M. Un besoin de découverte et d’expérimentation dopé par une curiosité et un tempérament d’hyperactif, qui imprègne un univers musical en constante ébullition. Son style, l’artiste a d’ailleurs du mal à le définir. Indéniablement marqué par la vague de Détroit et par les grands noms comme Garnier et Maceo Plex, le son de F.E.M a aussi quelque chose de plus hybride et dansant, la « faute » peut être à un héritage musical parental extrêmement diversifié.

Nourri à la musique africaine, au groove, ainsi qu’au rock expérimental et psychédélique depuis son plus jeune âge, F.E.M avoue ne s’être jamais fixé sur un style et puise dans ces différentes influences pour alimenter ses productions. Une capacité à se refondre qu’il ne faut pas associer à un manque d’identité. Bien au contraire, alors que certains s’installent confortablement dans un périmètre au point de se scléroser, F.E.M choisit de se renouveler en permanence pour bâtir un univers à la fois versatile et affirmé.

Cette propension à créer, découvrir et entreprendre a naturellement finit par déborder sur d’autres activités. Alors que les derniers mois ont pour beaucoup été synonyme d’extinction, le confinement et les semaines qui ont suivi furent pour F.E.M une période extrêmement féconde. Libéré de la pression des dates de concerts et autre échéances qui régissent normalement la saison, le DJ a pu profiter de cette parenthèse pour produire d’avantage évidemment, mais aussi pour remettre les compteurs à zéro et se projeter vers d’autres horizons.

Il s’est ainsi aventuré il y a quelques mois sur le terrain de Youtube, où il propose des tutoriels sur le logiciel de création musicale Ableton. Pour lui qui aimerait devenir un jour professeur et allier le mix à l’éducation, ces vidéos sont un moyen de rester actif médiatiquement bien sûr, mais aussi et surtout de partager sa passion en incorporant une dimension plus pédagogique à son travail de producteur. Ludiques, rythmés et teintés d’humour, les tutoriels sont accessibles à tous, et témoignent d’un talent certain pour la vulgarisation. Une recette redoutablement efficace, puisque un partenariat avec Sonovente, la boutique de matériel de sonorisation, deejaying et instruments de musique, serait à prévoir très prochainement.

En parallèle de l’aventure Youtube, F.E.M continue de produire encore et toujours, et sortira un nouvel EP courant novembre. L’album comporte d’ailleurs une collaboration avec Ian O’Donovan, une véritable consécration selon notre DJ du terroir qui considère l’artiste irlandais comme une de ses idoles. Mais le projet le plus audacieux reste la formation de Nucleus, nouveau nom de scène que s’est donné F.E.M dans le cadre d’une collaboration à venir avec des instrumentistes.

Nucleus F.E.M

Un projet totalement qui fait aussi rêver, en particulier en ces temps moribonds. Aujourd’hui plus que jamais, le rêve est vital. La positivité qui anime le jeune Dj est comme une bouffée d’air frais, la preuve que l’avenir n’est peut-être pas si sinistre qu’il n’y paraît, et que derrière se cachent des lendemains meilleurs qui nous ferons à nouveau vibrer. Peut-être que le secret pour ne pas suffoquer c’est finalement de continuer à danser, et surtout, de faire comme F.E.M : garder le sourire et la tête dans les étoiles.

Si vous souhaitez plonger dans l’univers musical de F.E.M, on ne saurait que trop vous conseiller de faire un tour sur sa page Soundcloud, Resident Advisor, et sa chaîne Youtube, où vous pourrez par ailleurs découvrir ses vidéos tutoriels. Si vous souhaitez avoir des informations sur Nucleus, rendez-vous sur la page BandMix, où l’artiste fait appel à des musiciens motivés pour concrétiser le projet !

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