Organisé par l’association L’Aire de Rennes (les Amis du Mensuel de Rennes), un débat sur « le pluralisme dans l’info locale » s’est tenu le mardi 27 septembre, à 20 heures, à l’Institut d’études politiques de Rennes devant une petite assemblée (trop petite). La soirée était animée par Bertrand Gobin, journaliste indépendant et président du Club de la presse de Rennes, en présence de Killian Tribouillard, rédacteur en chef du Mensuel, Yvon Rochard, intervenant à l’IEP de Rennes et co-fondateur du Canard de Nantes à Brest, et Gilles Kerdreux, représentant du Syndicat national des journalistes et membre du service Culture d’Ouest-France.

L’exercice n’était pas facile pour des journalistes tenus par un code de déontologie qui leur interdit de critiquer leurs confrères. Tant et si bien que, pendant près d’une heure, l’auditoire a écouté sagement les trois intervenants discourir sur leur métier, leurs expériences professionnelles et leurs « fondamentaux ». Rien de très passionnant pour des étudiants de sciences politiques déjà au fait de la pratique journalistique et qui espéraient sans doute du crêpage de chignons…

Heureusement, les questions du public ont réveillé la salle… et les journalistes. Certes, on a eu le droit au râleur de service. Certes, on est un peu resté sur notre faim. Mais finalement, on a eu le droit à quelques infos dignes d’intérêt quand bien même elles ne rentraient pas toujours dans le thème du débat. Killian Tribouillard, rédacteur en chef du Mensuel de Rennes, a ainsi évoqué l’avenir de son journal et… d’un éventuel rachat. « Si le cas de figure se présente, on étudiera l’offre, » a-t-il indiqué. « Il nous faudra des garanties pour nos 19 salariés, même si cela doit passer par un rapprochement. »

Le groupe Ouest-France ou un autre rachètera-t-il le Mensuel ? Pour l’heure, les Bretons laisseraient le petit poucet bien tranquille… En fait, Le Mensuel ne serait pas jugé dangereux. « Nous n’avons pas de souci avec eux. C’est une relation cordiale et une saine concurrence,» affirme Gilles Kerdreux.

Seul bémol, a laissé entendre ce dernier, les dirigeants de Précom (régie publicitaire de « Notre journal rennais ») pourraient « sortir leurs colts » dans l’hypothèse où le  Mensuel dépasserait les 5/10 % de par de marché publicitaire. L’avertissement est visiblement clair et pourrait être compris par le premier imbécile venu : « On vous laisse libre de faire ce que vous désirez, mais ne dépassez pas les bornes. » Dans un autre temps pas si éloigné, le groupe Yves Rocher connut quelques tracas… quand il lança un canard à Rennes.

Mais cette liberté apparente et relative du Mensuel de Rennes est-elle une victoire du pluralisme dans la presse écrite ? Gilles Kerdreux, de Ouest-France,  se veut rassurant : « Dès lors que l’on respecte les fondamentaux du journalisme et que les journalistes ne restent pas trop longtemps dans notre locale de Rennes, il n’y a pas de souci à se faire.» Il tient même à ajouter une petite phrase sibylline que nous traduirions de cette manière dans cet article : « Il faut des chefs capables de défendre le travail des rédacteurs. »

A Ouest-France – qui vient justement de changer de chef de locale – on n’aurait pas de problème avec le pluralisme. Et ce, d’autant moins qu’il existerait au sein de leur rédaction des journalistes de droite ou de gauche. Mais on reste tout de même circonspect en écoutant Gilles Kerdreux, affirmer que dans certaines villes, loin du siège rennais de son journal, les choses seraient différentes. « Certains journalistes n’hésitent pas à rédiger des échos, » confirme-t-il. Une rubrique censée, notons-le au passage, permettre aux rédacteurs de jouer leurs rôles de poil à gratter.

Allez, rien ne sert de donner des bons ou de mauvais points à qui que ce soit ! Aujourd’hui, le métier de journaliste est tellement difficile qu’il est facile de le critiquer. En revanche, on peut tout de même s’interroger sur les déclarations du responsable du mensuel Public. « Il y a une spécificité rennaise », a-t-il affirmé. « Il n’y a pas de culture du conflit. » Certains expliqueraient cet état d’esprit par 25 ans de pouvoirs socialistes et de tradition du consensus entre les centres droit et gauche. Mais ne serait-ce pas donner trop de pouvoir aux politiques en place et faire peu confiance à la mission essentielle du journal : « Informer même quand cela dérange » ?

Ce dernier leitmotiv est-il le parti-pris du Mensuel ?  Il n’hésite pas en effet à dénoncer, quitte à citer des sources anonymes. Qui a raison ? Qui a tort ? Heureusement, à Rennes, nous avons le pluralisme de l’information, à défaut d’avoir celui de l’opinion. Rien n’empêche chacun au demeurant de lire des journaux et de laisser libre cours à son propre jugement. Quitte à le confier au sein des forums des périodiques. Amis lecteurs, n’hésitez pas à laisser votre commentaire.

JCC

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Rennes
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