concert Melaine Dalibert

Melaine Dalibert, pianiste, interprète et compositeur français est l’invité du service culturel de l’université Rennes 2 mardi 17 octobre 2023. Il embarquera le public du Tambour, dans le bâtiment O, dans un voyage musical au cœur de ses compositions pour un grand moment d’émotion…. Unidivers vous le présente.

Melaine Dalibert est un pianiste, interprète et compositeur français né en 1979. Dès l’âge de six ans, il pousse les portes de l’univers musical en pianotant les touches d’un piano numérique, ce qui pousse ses parents à l’inscrire dans une école de musique. Le musicien dépeint ses premières années d’apprentissage comme parfois compliquées et raconte :  » Beaucoup d’enfants sont attirés par la pratique de l’instrument d’une manière ludique et même empirique, expérimentale en essayant des choses. Dès qu’il a fallu apprendre, c’était très compliqué. « 

melaine dalibert
Melaine Dalibert

Malgré ces difficultés il poursuit son parcours classique en école de musique jusqu’à l’adolescence qui marque un tournant décisif. Il prend alors conscience de l’importance qu’a la musique à ses yeux et à compter de ce moment il se jette corps et âme dans le travail exigeant que requiert la pratique du piano. Parmi les morceaux qui sont des marqueurs et qui le touchent dès son jeune âge, le pianiste cite le Concerto en sol majeur de Maurice Ravel :

 » Il y a beaucoup de morceaux qui m’ont touchés mais le déclic a été de travailler le Concerto en sol majeur de Ravel, Une pièce normalement pour orchestre et un pianiste. je ne l’ai jamais joué avec orchestre, mais mon professeur jouait la réduction d’orchestre moi la partie soliste. Ça a été une œuvre que j’ai écoutéE d’innombrables fois et qui m’a fait passionnément aimer la musique. « 

Dès 14 ans il s’essaie à la véritable composition, c’est-à-dire à l’écriture de la musique sur portées musicales. Car si beaucoup de personnes sont en mesure d’inventer de la musique en jouant sur le clavier les notes qu’ils ont en tête, la vraie question reste de savoir le poser sur papier. À partir de là s’enclenche tout un mécanisme autour de l’invention, l’écriture, la correction. La musique est un phénomène sonore vivant et l’écriture, même si elle peut parfois la figer, reste émancipatrice. « Certaines musiques se révèlent par l’écriture, » confie le musicien. Car l’acte d’écrire engendre toute une série de spéculations et de questionnements qui portent la musique dans une direction bien différente de celle choisie au départ.

Depuis la découverte de l’écriture musicale Melaine Dalibert ne cesse de composer. Il affectionne particulièrement l’écriture musicale et a réalisé 7 albums en tant que compositeur :

  • Quatre pièces pour piano, en 2015, autoproduction
  • Ressac en 2017, Label : Another Timbre
  • Musique pour le lever du jour en 2018, Label : Elsewhere Music
  • Cheminant, en 2019, Label : Elsewhere Music)
  • Un long ralentissement en 2020, Label : Taku Roku
  • Infinite Ascent en 2020, Label : Elsewhere Music
  • Night Blossoms en 2021, Label : Elsewhere Music)
melaine dalibert

Il ne faut pas oublier de mentionner son travail en tant qu’interprète où il s’est engagé dans la diffusion de répertoire contemporain, jouant des compositeurs comme Gérard Pesson, Giuliano d’Angiolini, Tom Johnson, Sébastien Roux. Au total il a réalisé 4 albums en tant qu’interprète :

  • Giuliano D’Angiolini : Cantilena, 2016, Label : Another Timbre
  • Anastassis Philippakopoulos : piano pièces, 2020, Label : Elsewhere music
  • Sylvain Chauveau : Life Without Machines, 2020, Label Flau
  • Julius Eastman : Three extended pièces for four pianos, 2021, Label : Sub Rosa

Melaine Dalibert affirme deux directions dans son travail de composition. Certains des morceaux sont écrits grâce à des systèmes très personnels rigoureux qu’il qualifie d’algorithmes. Il s’agit de programmes basés sur des règles mathématiques qui génèrent un développement quasiment automatique de la musique et provoquent des notes qui, se succédant, créent une harmonie. Un travail aux limites de la recherche, expérimental voire radical. Parmi les compositions écrites selon ce processus mathématique l’artiste décrit « Litanie » comme le morceau le plus abouti de son répertoire.

D’autres morceaux reposent en revanche sur de l’intuition. Le musicien écrit sans savoir forcément d’où provient la musique et laisse place à son instinct. Ces compositions écrites d’une manière plus libre puisent à la fois dans sa pratique du répertoire classique et chez des musiciens issus de la pop. À l’occasion de la sortie d’un nouvel album en mars 2022, l’artiste dévoilera « Shimmering », un morceau éponyme peut-être parmi les plus abouti de ses compositions intuitives.

Dans les deux cas Melaine Dalibert se plait à décloisonner les genres en jouant avec les structures, les silences, les codes et les écoles pour créer une musique aérienne et sensible.

Décloisonner les genres

Ce que Melaine Dalibert affectionne c’est la quête de la simplicité et l’économie de moyens qui selon lui correspondent davantage à la société actuelle. Si autrefois la densité de la narration était nécessaire compte tenu de l’absence d’autres moyens tel que le cinéma, le pianiste souhaite offrir une tranquillité d’écoute. Ce minimalisme, cette simplicité de la forme, cette écologie musicale se traduit aussi par la relation qu’il entretient avec des artistes de l’art concret comme Vera Molnar. Elle fait partie des artistes avec lesquels Melaine Dalibert a travaillé. Les deux artistes se rejoignent dans leurs processus créatifs, Vera Molnar étant une artiste qui travaille aussi avec des algorithmes et des programmes informatiques. Le pianiste a d’ailleurs donné deux concerts en solo dans le cadre de l’exposition Vera Molnar, pas froid aux yeux, et des Transmusicales, le 2 décembre 2021.

tombées de la nuit
© Autres Mesures

Cette quête de la simplicité se retrouve dans l’importance qu’il accorde à la capacité de résonance du piano et des sons. La question du statisme et de la tenue de la note est très présente dans son travail. Cet équilibre harmonique pourrait trouver son équivalent, selon le pianiste lui-même, chez un artiste comme Mark Rothko où les aplats de couleur sont la seule narration et se suffisent à eux-mêmes dans cette quête de cette simplicité : « Ça n’est pas non plus un manifeste absolu, ma façon d’aborder la vie c’est plutôt de reconnaître qu’on a besoin de plein de choses pour être équilibré et que je ne pourrais pas vivre en me nourrissant seulement d’œuvres minimalistes, même si j’en ai besoin. »

C’est dans cet esprit de pluralité que Melaine Dalibert évoque les nombreux artistes qui l’inspirent. Parmi les compositeurs du passé, il cite en premier Chopin, un musicien beaucoup plus fou qu’il n’y parait et dont la musique atteint un équilibre entre l’intellectualité et l’organique. Il affectionne aussi Scarlatti pour son excentricité ou bien encore Jean-Sébastien Bach.

Les inspirations de l’artiste sont également pop. Dans ses compositions et dans l’écriture formelle, beaucoup d’éléments proviennent de formes un peu anciennes avec des couleurs et des accents proches de la pop. Si les pièces écrites viennent sans nul doute de la culture classique, du geste hérité de Chopin, de Debussy, la narration quant à elle s’affirme parfois pop :

 » J’aime énormément Marc Hollis le chanteur de Talk Talk, David Sylvian un chanteur qui n’est pas forcément très connu ici en France, Ryuichi Sakamoto… cE sont des artistes qui ont à la fois un pied dans une culture savante et en même temps qui proposent des choses très expérimentales, radicales, parfois même très sobres. J’aime les gens qui ne sont pas enfermés dans un genre.  » 

tombées de la nuit
© Melaine Dalibert

Jouer dans l’espace

Côté performance, ce qui intéresse Melaine Dalibert n’est pas tant l’instrument sur lequel il joue sinon l’espace dans lequel il joue. Les pianistes sont amenés à jouer sur des pianos différents à chaque concert. Bien qu’il apprécie les instruments qui ont du caractère et aux timbres riches, ce sont les espaces où sa musique va déferler qui lui tiennent à cœur.

Le Festival Autres Mesures qu’il organise depuis 7 ans témoigne de ce désir de démocratiser l’accueil réservé à la musique classique d’aujourd’hui dans sa pluralité d’expression. Chaque hiver depuis 2015, ce festival s’invite dans des lieux d’exposition rennais pour des concerts originaux, audacieux et libres d’accès. Parmi les lieux de concerts : le musée des Beaux-arts, le FRAC Bretagne, les Champs-Libres, la Criée, l’Antipode… autant de situations d’écoute loin d’être ordinaires.  » Quand on écoute une symphonie de Beethoven on est mieux dans une grande salle, il le faut pour l’orchestre, mais quand on est dans des effectifs réduits ou qu’on joue solo ça permet aussi des situations un peu plus souples. J’aime beaucoup jouer en extérieur ou à des heures inhabituelles. Et puis il faut de la réverbération c’est important, les endroits secs c’est très délicat. L’acoustique d’un lieu est plus important pour moi que l’instrument lui-même , «  rajoute Melaine Dalibert.

Un parti pris qu’il fait vivre aussi avec l’Ensemble 0 dont il est membre, un ensemble à géométrie variable (de 2 à 15 musiciens) qui réunit des musiciens de différents pays.

Melaine Dalibert, Piano solo extended, 17 octobre 2023 à 20 h (durée : 1h10)

INFOS PRATIQUES :

Campus de Villejean (Rennes), Le Tambour (bât. O)

Accessibilité : le Tambour est accessible aux personnes à mobilité réduite et dispose de trois boucles magnétiques individuelles qui peuvent vous être prêtées à l’accueil avant l’entrée en salle.

Billetterie :

Tarifs : 15€ / 5€ / 3€
Gratuit pour les étudiant·es Rennes 2

Réserver votre place

Contact : 02 99 14 11 47 / s-culturel@univ-rennes2.fr

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