Le contenu de l’ouvrage dépasse de loin ce que le titre laisse entendre. Les opéras napolitains de Rossini y sont également présentés au regard de la critique et de la presse des années de leur création. Cette publication grand-public d’une excellente thèse de doctorat aurait mérité un effort d’adaptation supérieur.

On peut dire qu’à Naples, après l’Elisabeth, les pièces de Rossini n’ont réussi qu’à force de génie. Son principal mérite était d’avoir un style différent de celui de Mayr et des autres compositeurs savants et sans idées qui l’avaient précédé. Dans le genre ennuyeux de l’opera seria, il portait une vie inconnue avant lui. Peut-être, sans le mécontentement public contre Barbaja et tout ce qui tenait à son entreprise, Rossini se serait-il négligé. (Stendhal, Vie de Rossini, chapitre XXXVI)

Après l’introduction, suit une présentation complète de neuf opéras du maître, la partie suivant entre dans le vif du sujet avec l’analyse de l’aspect visuel de l’opéra rossinien et, enfin, la dernière – la plus passionnante – traite de ces créations et de leurs impacts à l’intérieur du reste du monde.

Si le texte est précis, la présentation donne parfois le tournis. Aux chiffres succèdent à des tableaux comparatifs, des tableaux en veux-tu en voilé, des comparatifs, des phrasés, des illustrations. Heureusement, l’étude de l’art proprement musical s’avère passionnante. La partie dictionnaire en fin d’ouvrage permet d’aller plus loin.

Deux points sont à souligner. D’une part, l’analyse des articles d’époque présente un bon témoignage de l’évolution des pensées à l’égard de l’opéra. D’autre part, le lecteur se divertira à la lecture des critiques de Stendhal, d’un intérêt certain malgré certaines extravagances…

Les opéras napolitains de Rossini est d’un sérieux sans faille et d’une bonne pédagogie. Mais le caractère très technique aurait gagné à s’enrichir d’une dimension émotive, voire affective, qui manque cruellement.

Bilan en demi-teinte pour un ouvrage destiné aux historiens, musicologues et amateurs de chant lyrique.

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Paul-André Demierre, édition Papillon, Format A5, 284 pages, 30€ Né à Fribourg en mars 1951, il a été l’élève des conservatoires de Fribourg et de Genève pour le piano, les branches théoriques et l’orchestration, avant d’entrer au Conservatorio «Giuseppe Verdi» de Milan dans la classe de direction d’orchestre orientée vers le théâtre lyrique. Docteur-ès-lettres de l’Université de Fribourg en section musicologique, il a consacré son mémoire de licience et sa thèse à Gioacchino Rossini. Depuis septembre 1991, il est producteur à la Radio Suisse Romande Espace 2, notamment des émissions Vocalises, Avant-Scène et A l’Opéra.

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