Paris. L’Art déco revient en majesté à la Bibliothèque Forney 

3918
Une vitrine de l’Art Déco

La Bibliothèque Forney expose, jusqu’au samedi 28 février 2026, Une vitrine de l’Art Déco, au sein de l’Hôtel de Sens, dans le 4e arrondissement de Paris. L’exposition, gratuite pour tous, rend hommage à ces ateliers d’art nés au cœur des grands magasins parisiens au début du XXe siècle.

L’année 2025 marque le centenaire de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris. À cette occasion, le style Art déco et son influence sont mis à l’honneur à la Bibliothèque Forney. Chaque espace de l’exposition, intitulée Une vitrine de l’Art Déco, devient un poème.

Une vitrine de l’Art Déco

L’exposition plonge le public dans l’effervescence de cette époque à travers les papiers peints, les textiles et les tentures, le mobilier et les céramiques. La scénographie lumineuse évoque les pavillons de 1925 avec boudoirs et salles à manger, quand les grands magasins parisiens mettaient en scène un quotidien embelli. Catalogues et archives dévoilent la transition du raffinement sinueux de l’Art nouveau vers l’élégance épurée des années 1930. 

Grâce aux vidéos, aux ateliers et aux dispositifs sonores, les visiteurs sont plongés dans une immersion complète au cœur d’un art de vivre total, où Paris, capitale des arts décoratifs, invente la modernité.

Un atelier de création d’un grand décor mural est proposé, ouvert à toutes et tous.

Un peu d’Histoire

Au début du XXe siècle, dès les années 1910, un vent de modernité souffle sur les arts décoratifs français, au cœur des grands magasins parisiens : Primavera pour le Printemps, Pomone pour Au Bon Marché, La Maîtrise pour les Galeries Lafayette, Studium pour les grands magasins du Louvre.

Une vitrine de l’Art Déco
Magasin Primavera (Printemps), année 1925

À partir de 1912 et pendant une décennie, des laboratoires de création marient l’art et l’industrie, le luxe et l’accessibilité. À la tête de ces réalisations, on retrouve la peintre Charlotte Chauchet-Guilleré (1878-1964), le décorateur et ébéniste Paul Follot (1877-1942), l’architecte Maurice Dufrêne (1876-1955), la peintre et sculptrice Madeleine Sougez (1891-1945), ainsi qu’une vingtaine de compositions en couleurs dans le style oriental, dont celles du décorateur et illustrateur Émile-Allain Séguy (1877-1951).

Ensemble, ils sont les artisans d’un nouveau goût : un modernisme tempéré, aux lignes géométriques, qui ne renonce pas à la sensualité des matières.

Biographies

Paul Follot (1877-1942) naît le 17 juillet 1877 dans le 12e arrondissement de Paris. Son père Félix est fabricant de papiers peints. Paul Follot étudie auprès de l’affichiste Eugène Grasset (1847-1917) et se consacre aux arts décoratifs. En 1901, il travaille pour la galerie La Maison Moderne, pour laquelle il réalise des dessins de bijoux et de tapisseries. Il fonde le groupe d’artistes L’Art dans Tout en 1903 ; sa carrière de décorateur prend de l’ampleur et il s’installe à son compte l’année suivante.

Membre fondateur de la Société des artistes décorateurs, il participe aux salons de 1908 et 1909 et ouvre une nouvelle voie à l’art décoratif français. Son hôtel particulier, acquis dans le 14e arrondissement de Paris, devient à la fois un lieu de vie, un atelier et un espace d’exposition de ses œuvres, réalisé avec l’architecte Pierre Selmersheim (1869-1941) d’après ses propres dessins. En 1911, Paul Follot dessine des céramiques, des textiles et des objets en argent. En 1920, il ouvre un cours d’art appliqué à l’école de la rue Madame, avant de prendre, en 1923, la direction de l’atelier Pomone, l’atelier de décoration intérieure du magasin parisien Le Bon Marché.

En 1928, il décore l’hôtel Georges V à Paris, dans le 8e arrondissement ; en 1930, il est sollicité en Thaïlande pour aménager et décorer les quatre palais du roi. Son style, somptueux, s’oppose à l’austérité du modernisme qui cherche alors à prendre le pas sur l’Art déco. En 1937, il réalise le modèle d’un piano en palissandre sur pied unique, présenté cette année-là à l’Exposition universelle.

À l’approche de la Seconde Guerre mondiale, Paul Follot se réfugie à Sainte-Maxime, dans le sud de la France, en 1939. Il meurt de maladie le 10 mars 1942, dans sa 65e année, presque oublié de tous.

Une vitrine de l’Art Déco
Paul Follot, papier peint à motifs répétitifs

Madeleine Sougez (1891-1945) est née à Bordeaux le 8 décembre 1891. Elle étudie d’abord à l’École des beaux-arts de Bordeaux, puis à l’École des beaux-arts de Paris. Elle devient une peintre et sculptrice reconnue, notamment pour ses céramiques et ses vases réalisés pour les ateliers Primavera (magasin Printemps) dans les années 1920-1930. En peinture, elle travaille particulièrement les natures mortes et les effets de couleur.

Artiste éclectique, elle est l’amie et la condisciple du peintre René Buthaud (1886-1987), qu’elle fait entrer au Printemps comme conseiller technique. Madeleine Sougez s’éteint à Paris le 19 juillet 1945, dans sa 54e année.

À noter : découvrir l’exposition Une vitrine de l’Art Déco, c’est entrer à la Bibliothèque Forney et profiter aussi du lieu qui l’abrite : l’Hôtel de Sens. L’un des rares vestiges de l’habitation civile du Moyen Âge à Paris, il présente l’aspect original d’une demeure de type mixte, moitié civile, moitié militaire.

Une vitrine de l’Art Déco

Construit de 1475 à 1519 sur l’ordre de Tristan de Salazar, archevêque de Sens, l’édifice connaît de multiples vies : messagerie pour diligences en 1660, demeure de nobles à la fin du XVIIe siècle, puis, au XIXe siècle, blanchisserie, fabrique de conserves ou encore boutique d’opticien. La ville de Paris l’achète en 1911, alors qu’il est très délabré, et engage une vaste campagne de restauration. Aujourd’hui, le portail, les tourelles et le donjon carré de l’hôtel sont d’origine.

Une vitrine de l’Art Déco

Infos pratiques :

Une vitrine de l’Art Déco, exposition de la Bibliothèque Forney, jusqu’au 28 février 2026

Adresse : Hôtel de Sens – 1 rue du Figuier – 4e arrondissement de Paris
Horaires : du mardi au samedi de 13h à 19h
Entrée libre pour tout public

Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale à Paris et dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.