Du 7 au 14 juin, l’association Zabraka présentait Parcours tout court #4. Du Domaine de Kerguéhennec à Rennes, en passant par le domaine de Tizé, la biennale transversale proposait une ballade artistique. Théâtre, danse, musique et image étaient au programme. Unidivers a participé au parcours du vendredi 12 juin, à 18h30, à Rennes. Grand bien nous en prit !

 

Des Champs libres au Musée de la danse en passant par la Fac dentaire Pasteur, le groupe a pour programme de se déplacera d’un point à l’autre en opérant quelques détours pour profiter des paysages rennais.

compagnie grand magasin
Pascale Murtin et François Hiffler de la Compagnie Grand Magasin (photo : Véronique Ellena)

Comme entrée en matière, le duo délirant de la Compagnie Grand Magasin exécute 12 courtes chansons sur une scène installée pour l’occasion. Les aléas du temps ont forcé les organisateurs et artistes à rapatrier cette dernière à l’intérieur des Champs libres. Le concert devait  initialement se dérouler en extérieur, les participants allongés sur une pelouse (nous ne pouvons pour l’heure qu’imaginer l’atmosphère, le soleil et l’herbe). Chaque spectateur, un livret en main, suit le déroulement de la performance musicale. Le parcours commence ainsi :

En 2007, je suis tombée de vélo sur la tête.
Au réveil, j’avais perdu beaucoup de vocabulaire.
Réapprenant à parler et écrire,
j’ai composé plus de 600 poèmes
dont voici une sélection.

D’abord viennent des textes, puis des chansons. Tous sont écrits à partir de jeux de mots et de répétitions, et sont prononcés avec un humour simple et décapant. Les textes « trop » courts et les interruptions volontaires conduisent le public à être quelque peu frustré, mais là est le but du jeu. À peine le temps de mémoriser l’air d’une chanson qu’elle s’arrête pour laisser place à une autre. Le Grand Magasin met aussi en scène des petits accidents liés à leurs instruments de musique. Le pianiste François Hiffler change les piles du synthétiseur alors que Pascale Murtin comble les blancs avec de nouveaux textes qui ne sont pas inscrits dans le livret. Leur petite mise en scène, qui donne l’impression d’une improvisation calculée, fait rire ; le sourire du duo est contagieux, les participants se prennent au jeu.

promenade vilaine bonnets rougesUne fois la performance terminée, l’organisateur invite le groupe à sortir. Le soleil est au rendez-vous pour le début de cette promenade. Au détour de la rue Saint-Hélier, le groupe a l’occasion de découvrir « un petit bout de campagne en ville » avec la ballade des Bonnets rouges qui longe la Vilaine.

Prochain arrêt : le cabinet dentaire Pasteur. Le premier étage de ce bâtiment en réflexion sur son avenir a été investi par différentes personnes, dont plusieurs artistes. Antoine Besse fait découvrir sa vidéo Le Skate Moderne et Pauline Simon présente Sérendipité, une performance entre théâtre et danse où le moteur de recherche Google (et ses propositions intuitives) est le fil directeur et la source d’une expressivité anonyme et intime, sociologique et poétique. Sans prononcer  un mot, « l’interprète » se met en scène avec humour et de manière absurde. Moment improbable qui amuse et interroge.

Avant de passer aux choses sérieuses, le groupe est invité à déambuler dans les différentes pièces de l’étage pour se familiariser avec l’espace. Dans ce lieu toujours en devenir, le sol grince et plusieurs périodes de la vie de cet établissement sont présentes à travers des traces sur les murs, comme des empreintes du passé. « Une archéologie vivante », selon les mots des organisateurs.

fac dentaire rennes
Installation de Richard Louvet dans les locaux de l’ancienne Faculté dentaire

Un peu plus loin, un groupe de dessinateurs s’affaire à terminer une fresque sur un panneau de bois monumental. La Faculté Pasteur devient un lieu artistique ouvert à toutes les personnes qui ont un projet. Puis, arrive le moment de découvrir la vidéo, mais pendant quelques secondes encore, les dernières notes de musique de la performance de Pauline Simon (qui se déroule dans la salle derrière le mur où l’écran est installé) résonnent dans la pièce. Alors, tout le monde garde le silence et écoute. Comme si nous étions dans les coulisses d’un spectacle en train de se jouer.

La vidéo se met en marche et un groupe de quatre adolescents apparaît à l’écran. Ils vivent à la campagne et sont passionnés de skates ; ils les emmènent partout, même dans les endroits les plus insolites. Pendant dix minutes, la caméra les suit et montre leurs familles, leurs vies, et cette passion commune… Ça paraît irréel. Entre clip vidéo et documentaire, le doute plane sur ces images à forte charge esthétique. Le court-métrage s’achève et les participants ont l’opportunité d’échanger leurs opinions avec la deuxième partie de la ballade. C’est comme un entracte entre chaque acte d’une représentation.

vincent menuAvec le Musée de la danse, le parcours prend fin. Vincent Menu ouvre les portes de la dernière étape avec Paysages sonores, une série de quatre affiches format abri-bus qui représentent des vibrations de sons colorées sur fond noir. Imaginer des sons sans les entendre. Placé dans un lieu silencieux afin d’être plongé dans ses pensées, le thème est la trace, la retranscription et la partition. Cependant, la présence d’une trentaine de personnes (qui plus est, en attente du dernier spectacle) empêche de s’immerger pleinement ; nous sommes passés à côté de quelque chose… Peut-être.

Avec François Chaignaud, le registre est tout autre. Dumy Moyi est la dernière découverte de la journée, et non des Chaignaud Dumy Moyimoindres. Performance de danse contemporaine associée à une prestation vocale éblouissante en ukrainien, philippin et dialecte séphardique, il n’en fallait pas plus pour impressionner l’assemblée. Le costume du danseur, à la limite de la sculpture, et ses coiffes imposantes, l’une d’elles ornée d’animaux empaillés, n’est pas sans rappeler certains rituels aborigènes.

Dans cet espace clos, c’est un moment intimiste et délicat que l’artiste souhaite faire partager au public.
La grâce et le talent de François Chaignaud terminent ce parcours en pleine beauté.

Si on regrettera que les lieux visités soient tous déjà bien connus des Rennais, cette ballade artistique offre néanmoins une découverte artistique à la fois culturelle et patrimoniale à travers un pertinent panorama du spectacle vivant compris comme miroir de notre société et de ses contemporains.

Photos :
Grand Magasin – Véronique Ellena
F. Chaignaud – Dumy Moyi – Clémentine Crochet
F. Chaignaud – Dumy Moyi – Odile Bernard Schroêder

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