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RENNES FESTIVAL TNB, LE PROGRAMME DU 6 AU 23 NOVEMBRE

Le Festival TNB, découpé en 3 week-ends du 6 novembre au 23 novembre 2018, se déploie dans une quinzaine de lieux de Rennes Métropole. Tarif unique de 11€, navettes et parcours ont été pensés pour faciliter la venue de tous. Une fête ouverte à chacun (artistes, professionnels et spectateurs) ponctue chaque week-end. Fil conducteur du programme du Festival TNB : le corps et le monde. Comment habiter l’un et l’autre ? Comment le monde transforme les corps? Comment les corps habitent le monde? Une expérience humaine concrète que les artistes peuvent nous aider à reconsidérer. Entre appropriations et confrontations, une dimension éminemment politique.

festival tnb rennes
Arthur Nauzyciel a rebaptisé le festival Mettre en scène Festival TNB afin d’en ouvrir le champ

Cette édition du Festival TNB réunit des artistes venus d’Égypte, Iran, Israël, Afghanistan, ÉtatsUnis, Liban, Islande, Rwanda, Afrique du sud, Russie, Brésil, Italie, GrandeBretagne, Cap-Vert, Sénégal, Algérie, France. Ils sont l’image d’un monde en conflit qui tente grâce à l’art de redonner un sens à ce qui sépare et divise. Performance, cinéma, théâtre, danse, arts plastiques, c’est dans la fluidité des formes et disciplines que nous vous invitons à découvrir des créations, des reprises, des propositions horsformats, inédites et audacieuses. Dans ce décloisonnement, les arts visuels et performatifs ouvrent le champ de la représentation. En fil rouge sur les 3 week-ends, Constellations 2, spectacle de sortie de la promotion 9 de l’École du TNB. Rencontrez également la nouvelle promotion 10 dans La Ruée, création hors format imaginée par Boris Charmatz. (Arthur Nauzyciel)

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festival tnb

BD SERVIR LE PEUPLE, VOYAGE AU PAYS DE MAO

L’usage des mots est essentiel en politique. Utilisés de manière mécanique, ils peuvent signifier tout et son contraire. Dans sa BD Servir le peuple, Inker démontre comment des mots révolutionnaires peuvent, à l’identique, être des mots de la contre-révolution. Voyage au pays de Mao : passionnant et effrayant.

SERVIR LE PEUPLE

Le Petit Livre Rouge est un livre pour la révolution. Il a été écrit par Mao Zedong.
Le grand livre rouge Servir le peuple est un livre contre révolutionnaire. Il est dessiné par Alex.W. Inker.

SERVIR LE PEUPLE
Pourtant, ce dernier n’aurait pu exister sans le premier. Directement inspiré du roman éponyme de Yan Lianke, Servir le peuple raconte l’histoire de Petit Wu, très modeste paysan chinois, qui engagé par des promesses faites à sa mère, à son « père » comptable et beau-père, à sa femme, à son instructeur, à son pays, veut progresser dans la hiérarchie militaire et dans celle du Parti en qui il place tous ses espoirs. Servir le peuple devient son mode de pensée et sa clé pour ouvrir les portes de son ascension.

SERVIR LE PEUPLE

Briller en servant le peuple, et donner sa lumière et sa chaleur ceux qu’on sert avec la même dévotion qu’on doit à ses parents.

Paysan modèle, militaire modèle, il ne se pose aucune question quant au bien-fondé de sa pensée. Un jour, devenu ordonnance d’un colonel, parti pour deux mois de sa maison, resté seul avec la jeune épouse du militaire, il va continuer logiquement à suivre la maxime sacrée en obéissant et en assouvissant tous les désirs de l’épouse.

Alors je t’ordonne de te mettre tout nu ! Pour servir le peuple, déshabille-toi.

Commence alors, par le double langage et le double sens des mots, une formidable déconstruction d’une idéologie fondée sur le pouvoir d’injonctions qui, prises au pied de la lettre, peuvent devenir contradictoires. L’absurdité règne alors en maître et finit dans une démesure totale de sacrilèges en sacrilèges.

Yan Lianke, qui a vécu de l’intérieur ce cheminement puisqu’il fut lui même militaire et écrivain officiel de l’armée avant d’être censuré pour des écrits jugés subversifs, raconte à merveille ce processus d’abêtissement propre à toute dictature. Pris dans un engrenage où la réflexion est d’abord absente, le Petit Wu s’approprie alors ses mots, mille fois répétés, pour laisser libre cours à ses véritables envies. Les tabous sont renversés les uns après les autres dans une nouvelle logique qui échappe à la pensée officielle. La statuette de Mao est brisée par la revanche d’un air de liberté. Dans un huis clos oppressant, le Petit Wu et la femme du colonel jouent la partition d’une véritable tragédie shakespearienne. Les cases silencieuses rendent l’ambiance sourde et le grand talent d’Alex W.Inker est de restituer la théâtralité du récit par des personnages raides, larmoyants à l’excès avec des expressions figées et excessives, à la manière d’un drame japonais. S’appropriant tous les styles graphiques, Inker abandonne le noir et blanc somptueux de son remarquable Panama Al Brown, pour griffer les pages de couleurs révolutionnaires dominées par le rouge et le vert. On croirait regarder des estampes chinoises que magnifie une fin dramatique et forte.

PANAMA AL BROWN

Poursuivant sa politique éditoriale d’adaptations en BD d’œuvres littéraires plus ou moins connues et d’objets uniques et soignés (les couvertures sont superbes), Sarbacane défriche avec succès des récits que le talent des dessinateurs enrichit. Si voulez, à votre tour servir le peuple, lisez cet ouvrage ! Ou pas…. Car n’oubliez jamais que les mots peuvent avoir un double sens.

BD Servir le peuple. Scénario et dessin d’Alex W. Inker d’après le roman de Yan Lianke. Éditions Sarbacane. 216 pages. 28 €. Couverture cartonnée soft touch, or à chaud.

L’illustrateur ALEX W. INKER
Diplômé en 2006 de l’Institut Saint-Luc de Bruxelles en Bande dessinée, et titulaire d’un Master 2 de cinéma. En plus de son activité de dessinateur auteur, il a été professeur à l’université de Lille 3 où il enseignait les liens entre cinéma et BD. Il est l’auteur talentueux des très remarqués APACHE en 2016 et Panama Al Brown (plus de 6000 ex. vendus), deux BD publiées chez Sarbacane. Il vit à Lille.

L’auteur Yan Lianke est né en 1958. Il s’engage dans l’armée pour échapper à sa condition de paysan, puis débute sa carrière d’écrivain en 1978. Ses romans et ses nouvelles lui ont valu d’obtenir de nombreuses récompenses littéraires, parmi les plus prestigieuses.

DOCUMENTAIRE. LE GRAND BAL FAIT DANSER LE CINÉMA

Jeudi 11 octobre avait lieu au cinéma Arvor (Rennes) l’avant-première du documentaire Le Grand Bal de Lætitia Carton. Présenté en sélection officielle au Festival de Cannes 2018 où notre rédaction l’avait chroniqué, le film Le Grand Bal sort en salle le 31 octobre 2018. Allez, dansons !

FILM LE GRAND BAL
Baudoin, auteur de bandes dessinées, a dessiné l’affiche originale du film.

C’est l’histoire d’un bal. D’un grand bal. Chaque été, plus de deux mille personnes affluent de toute l’Europe dans un coin de campagne française. Pendant 7 jours et 8 nuits, ils dansent encore et encore, perdent la notion du temps, bravent leurs fatigues et leur corps. Ça tourne, ça rit, ça virevolte, ça pleure, ça chante. Et la vie pulse.

En partenariat avec le Grand Soufflet, c’est dans le cadre des rendez-vous de Clair Obscur que cette projection s’est déroulée à l’Arvor, à Rennes. Suite au film et aux questions posées à la réalisatrice, les spectateurs ont eu l’agréable surprise d’être invités à danser au rythme des instruments de la Chapelotte [voir vidéo ci-dessous]. Exercice auquel ils se sont prêtés avec joie et pour cause, le documentaire de Lætitia Carton produit par SaNoSi Productions avec l’aide d’un financement participatif, invite franchement à entrer dans la ronde.

Hymne à la rencontre des corps et à la transmission

Selon ses propres mots, Lætitia Carton réalise « toujours le même film ». Il s’agit de parler de transmission. C’était transmettre sa familiarité avec le monde des sourds dans J’avancerai vers toi avec les yeux d’un sourd. C’est transmettre son goût pour les bals populaires, dans Le Grand Bal. Lors de cet événement hors du commun, les personnes présentes apprennent à danser et dansent jusqu’à l’épuisement durant plus d’une semaine. La cinéaste s’attache à nous faire ressentir la poésie qui habite cet espace-temps particulier.

chapelotte bal

« C’est l’un des rares lieux où deux corps peuvent se toucher sans gêne », raconte sa voix off, qui berce l’intégralité du film. Celui-ci nous dépeint avec sensibilité la beauté des corps à l’unisson, des mains qui se touchent, des regards qui se croisent. Jouant sur la profondeur et à la fois l’ambiguïté de ces relations essentiellement physiques qui se font et se défont sur les parquets de danse, le film ne manque pas d’humour et la poésie est souvent balancée par la drôlerie des instants de parole captés au sein de l’événement. Via ces instants de vie, le film s’ouvre à un fourmillement de thématiques : les rôles genrés en danse (est-ce toujours à l’homme de mener la danse ?), les relations inter-générationnelles (danser avec des personnes d’un autre âge ?), la place (parfois difficile à trouver) de l’individu dans la foule, etc.

La cinéaste met aussi en lien de rares images du monde rural du milieu du XXe siècle avec les métrages tournés en 2016 au Grand Bal de Gennetines, donnant tout son sens au rôle de transmission que portent de telles rencontres.

« Il existe un autre monde et il se trouve dans celui-là »

Film solaire donc. Un concentré de vie, d’humanité, proposant une flopée de beaux personnages, parmi lesquels : de grands danseurs, des débutants, des jeunes, des moins jeunes, des professeurs de danse, des bénévoles, des musiciens, etc. Nous y rencontrons aussi et surtout la joie jusqu’à l’extase et le blues jusqu’à la mélancolie, délicatement recueillis par les caméras discrètes de l’équipe de tournage.

docu laetitia carton

Plus encore, l’œuvre de Lætitia Carton évoque une forme d’évidence du vivre-ensemble. Comme si les corps humains étaient essentiellement faits pour danser et chanter en cœur jusqu’à l’abattement. Difficile de n’être pas conquis par la simplicité et la profondeur de ce message tant il est habilement serti d’images et de témoignages semblant attester de sa justesse. Difficile de ne pas taper du pied au rythme des mazurkas, valses, bourrées, cercles circassiens et autres musiques et danses présentes dans le film. Difficile donc de ne pas vous recommander d’aller voir Le Grand Bal lors de sa sortie en salle, à la veille de la grande fête celtique des morts… sur une polka du démon ?

Titre : LE GRAND BAL
Par : LAETITIA CARTON
Sortie nationale : 31/10/18
SaNoSi Productions

laetitia carton

Soutiens
Procirep-Angoa (aide au développement), Région Nouvelle-Aquitaine (aide au développement et à la production), Ciclic – région Centre-Val de Loire A.E.A.D.T. – Les Grands Bals de l’Europe et tous les contributeurs Kiss kiss bank bank, Région Ile-de-France.
Avec la participation du Centre National du Cinéma et de l’image animée.

Prix
Lauréat Brouillon d’un rêve

Distribution
Pyramide Distribution

Équipe

Producteur délégué : Jean-Marie Gigon
Directeur de la photo : Karine Aulnette, Prisca Bourgoin, Laetitia Carton, Laurent Coltelloni
Directeur de production : Emmanuel Papin
Monteur : Rodolphe Molla
Son : Nicolas Joly, François Waledisch
Mixeur : Joël Rangon
Monteur son : Virgile van Ginneken
Générique : Eric Delmotte
Photographe de plateau : Véronique Chochon

CULTURE CLUB RUE DU BREIL AU RESTAURANT AVEC PATRICK DE KOSTAR

Culture Club pose ses caméras au bar, garage, tatoueur resto AVEC rue du Breil à Rennes. L’émission Culture Club animée par Thibaut Boulais en compagnie de Nicolas Roberti est tournée chaque mois dans un lieu emblématique de la Métropole de Rennes. TVR et Unidivers – 2 regards culturels en 1 pour le même prix (gratuit). Essayer Culture Club, c’est l’adopter !

AU BAR/RESTO/GARAGE/TATOUEUR AVEC :
– Patrick Thibault du magazine Kostar
– Marion et Camille de la carte touristique USE IT RENNES
– Benjamin Desmarres auteur de Redon « Un truc à finir »
La Biennale 2018 de Rennes
Et les coups de coeur : Festival Yaouank / Les Trans / Le Festival TNB…

Adresse : restaurant Avec 1 Rue du Breil, 35000 Rennes
Horaires :
lundi 10:00–00:00
mardi 10:00–00:00
mercredi 10:00–00:00
jeudi 10:00–01:00
vendredi 10:00–01:00
samedi 11:00–01:00
dimanche 11:00–00:00
Téléphone : 02 99 41 15 32

https://www.tvr.bzh/emission/culture-club

avec rennes
Restaurant bar tatoueur Avec, rue de Breil

COVOIT’STAR RENNES, COVOITUREZ POUR DES CHATAIGNES !

L’app Covoit’Star ? Dans un marché déjà concurrentiel, le réseau Star-Keolis lance à son tour une appli de covoiturage quotidien pour se rendre sur son lieu de travail. Particularité, le trajet est… gratuit ! Présentation de l’application Covoit’Star, de son modèle économique original et de ses fantastiques cadeaux… Vintage ?

Covoit'star
L’une des applications de covoiturage quotidien : Idvroom.

Le réseau Star déboule avec son application Covoit’Star dans un marché du covoiturage quotidien déjà bien fourni. Le site Idvroom de la SNCF, fondé en 2013, ou Blablacar, avec son application BlaBlaLines, se sont déjà efficacement développés. La première revendique plus de 800 000 utilisateurs. La deuxième a surtout vu sa fréquentation doubler pendant les grèves du printemps 2018 avec près de 75 000 conducteurs chaque jour. Mais pour ces trois opérateurs, l’objectif reste le même : éviter un seul passager par voiture, réduire les émissions de CO² et les embouteillages quotidiens, tout en permettant au conducteur d’amortir ses frais.

klaxit covoiturage

Le covoiturage domicile-travail, le « court-voiturage »

Outre les deux applis précédemment citées, d’autres présentent la particularité de passer des contrats directement avec les entreprises et d’encourager les salariés à se rendre ensemble sur leur lieu de travail. C’est le cas de Karos ou de Klaxit qui existent dans 9 villes en France, dont Rennes. L’entreprise intéressée, de grands groupes surtout, propose directement le « court-voiturage » à ses salariés en direction et au départ de tel ou tel site (du groupe).

Covoit’star : la réponse à un besoin des Rennais ou de la STAR (ou des deux) ?

La Star et Keolis se lancent dans ce pari économico-environnemental avec leur application de covoiturage dénommée Covoit’star. Cette appli de covoiturage local – largement inspirée de Blablalines du point de vue du design – est gratuite pour les passagers et récompensée par des lots pour les conducteurs. Elle nécessite d’être titulaire de la carte Korrigo. (La carte est gratuite la première année ; en théorie, elle est valable sur tout le territoire breton, mais, dans les faits, de nombreux utilisateurs constatent que leur carte n’est reconnue qu’a l’échelle départementale et doivent donc se procurer plusieurs cartes korrigo…)

Covoit’star cible, en parallèle du réseau de bus, le trajet quotidien sur quatre roues. Covoit’Star fonctionne comme une application classique de covoiturage. Mais les déplacements s’opèrent uniquement dans Rennes ou les communes alentours (autrement dit, le territoire couvert par le réseau Star-Keolis).

COVOIT'STAR
L’application a été lancée début octobre 2018.

Par exemple, vous habitez Rennes Métropole et travaillez à Mordelles. Il y a bien un bus qui va vous conduire, par exemple, de l’arrêt Gare de Rennes à la mairie de Mordelles, mais aucun bus de cet arrêt à votre bureau qui se trouve 3 kilomètres plus loin. Il ne vous reste plus qu’à utiliser votre propre automobile (si vous en avez une) de chez vous à votre bureau ou bien de prendre le bus et de goûter aux saines joies de la marche à pied. Troisième possibilité : un collègue sympa vous attrape chaque matin à l’arrêt de bus et vous y ramène chaque soir. Mais voilà qu’est née une quatrième solution.

COVOIT'STAR
Un trajet en bus est détaillé pour rejoindre le conducteur sur le lieu

Vous allez rechercher sur l’app Covoit’Star s’il existe un conducteur qui passerait avec sa voiture durant la semaine à la mairie de Mordelles vers 9h du matin pour se diriger ensuite vers votre lieu de travail ; et, idem, dans le sens contraire, en fin d’après-midi. Avec un peu de chance, vous trouverez peut-être. Mais les zones non desservies par le réseau de bus étant en grand nombre (et c’est bien normal, car le maillage du réseau ne peut pas être illimité), la probabilité de trouver au bon moment un conducteur qui passe par là est assez faible. Si l’application ne trouve pas de réponse à votre demande de covoiturage, elle vous redirige vers les lignes de bus existantes du réseau Star.

Le succès de l’application Covoit’Star est donc lié à sa capacité d’attirer des conducteurs qui s’inscriront afin de véhiculer des passagers en recherche de covoiturage. De fait, idéalement, si des milliers et milliers de conducteurs que compte Rennes Métropole s’inscrivent, ce sont des milliers de personnes qui pourront chaque jour emprunter le réseau STAR jusqu’à l’arrêt de bus le plus proche de leur travail où les conduiront les différents automobilistes inscrits sur l’appli. Le gain pour la Star serait énorme : une augmentation des trajets de bus quotidiens grâce à un maillage du territoire très étroit opéré par les automobilistes eux-mêmes. Et ce, donc, sans dépenser quasiment aucun kopeck ! En résumé, les automobilistes viendront chaque jour volontairement renforcer le fonctionnement du réseau de bus de Rennes Métropole grâce à des milliers de trajets courts en covoiturage. Cet intéressant projet va-t-il connaître le succès ? Tout dépend de l’attrait qui incitera les conducteurs à s’inscrire (ou non) ainsi que de la satisfaction (ou non) qu’ils pourront en tirer au fil des jours…

Le système de points de rétribution va-t-il attirer les conducteurs ? Un vrai cadeau…

Bien que nous vivions dans une époque de la consommation instantanée, la Star a choisi un style vintage qui rappellera à certains de vieux souvenirs (que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître…) : la fameuse collecte de points en vogue en France dans les années 90. Après tout, voilà sans doute une façon originale de se démarquer dans un marché très concurrentiel. La collecte de points promet de redonner aux jeunes le goût d’un sentiment oublié : la patience.

STAR fidélité est un programme de fidélité qui vous permet de gagner des points cadeaux à chacun de vos voyages avec votre carte KorriGo Services. Validez tous vos trajets quotidiens dans un bus, un métro, à vélo ou en covoiturage et profitez de nos offres exclusives en cumulant vos points cadeaux. Inscription réservée aux détenteurs d’une carte KorriGo Services.

Grande particularité de l’appli Covoit’Star : les covoiturages sont gratuits. Mais, alors, que gagnent les conducteurs ? Comment se remboursent-ils de l’essence dépensée, notamment en petits détours effectués pour chercher ou déposer tel ou tel passager ? Les conducteurs ne sont pas rémunérés en argent, mais en points fidélité. 50 points à l’inscription sur le site star fidélité, puis 50 points à chaque trajet effectué avec un passager covoituré. Ils accumulent des points fidélité convertibles en cadeaux sur la boutique Star où les attendent une vaste gamme de… 32 cadeaux. Et quels cadeaux !

Les conducteurs ne sont pas rémunérés en argent, mais en points convertibles en posters du réseau star, des klaxons et des sonnettes pour vélo, mais aussi des bons de réductions chez les commerçants partenaires.

Si vous êtes un potentiel conducteur de Covoit’Star et si vous n’êtes pas un as du calcul mental, Unidivers vous aide à vous repérer dans les lots qui vous attendent dans la boutique Star.

  • 2 trajets par jour = 100 points
  • 2 trajets par jour durant 5 jours = 500 points
  • 2 trajets / jour / 5 jours / 4 semaines = 2000 points (un mois donc)

À noter que nous n’avons pas trouvé de compteur de points sur l’appli, il faudra vous rendre sur le site star-fidélité avec vos identifiants de star.fr. Jetons un coup d’œil avide dans la boutique…

Alors quel sera le fruit de votre patience quand vous aurez accumulé plein de points ?

En fait, lorsque le conducteur arrivera la première fois sur la boutique en ligne de la Star, il risque de croire à un fake… Et puis, il se consolera en se disant qu’il a aidé à préserver la nature en faisant du covoiturage de manière désintéressée ! En effet, la liste de 32 lots tient sur une page aussi fournie que la liste de récompenses à la fête du village de Radinbus sur Kerstar. (Quand notre rédaction a découvert la boutique, il nous est venu à l’esprit l’image d’un étudiant embauché pendant l’été qui aurait réussi vaillamment à dégotter quelques lots de consolation…)

COVOIT'STAR
Un curieux cadeau de fidélité trouvé sur la boutique Star. De quoi être marron…

Mais venons-en au calcul : pour 650 points (12 trajets + 50 points bonus à l’inscription), les 3 premiers chanceux pourront repartir de la rue du Pré botté avec un inestimable poster du réseau STAR (attention : il n’y a que 3 posters à gagner ; attention (bis) : le cadre n’est pas fourni…). Certain(e)s auraient certainement préféré un calendrier des contrôleurs à l’image du fameux calendrier des pompiers…

COVOITURAGE STAR

Les 3 premiers plus gourmands pourront obtenir pour 250 points (4 trajets) un « pochon de 500 g de châtaignes BIO, à retirer uniquement le 21 octobre 2018, à l’occasion de la Fête de la châtaigne qui se déroule au Jardin des Mille Pas » (valeur marchande environ 5 €). Non, non, le trajet pour se rendre au jardin le 21 octobre n’est pas remboursé !

Si vous êtes vraiment très écolos et très gourmands, vous aurez peut-être la chance de remporter contre 3250 points (64 trajets) l’un des 5 menus gastronomiques proposés (valeur 25 €, vin et café non compris). Le lien qui mène au restaurant sur le site de la Star ne fonctionne pas pour le moment, mais le resto existe, notre rédaction a vérifié (et le webmaster de la Star ne manquera pas de rectifier le lien prochainement…)

COVOITURAGE STAR RENNES
L’épingle à linge, une invention qui fait saliver d’envie Lépine et Manutan…

Notre rédaction a beaucoup aimé les 11 épingles à linge proposées contre 1500 points (29 trajets). Avec une valeur de 12 € pièce, ces épingles d’un genre nouveau appelées « poupoupidou » seront utiles, Mesdames, Messieurs, pour attacher vos jupes, robes et sarouels à votre vélo.

Parmi les autres lots alléchants de la boutique Star, que vous allez consulter au plus vite, vous trouverez 10 carnets disponibles de 10 tickets. Vous obtiendrez un carnet (d’une valeur marchande de 14,50 € le carnet) une fois engrangés 1750 points (soit, tout de même, 34 covoiturages d’un passager…).

Bref, il n’y a apparemment aucune logique dans la hiérarchie de valeur des points des lots à gagner. Si, comme nous, vous essayez d’appliquer consciencieusement la fameuse règle de trois, c’est peine perdue… Cela étant, au vu de la faible quantité de lots disponibles, la boutique Star promet d’être rapidement en rupture de stock (d’autant plus que tous les trajets sur le réseau Star peuvent être crédités de points pour peu que l’on soit inscrit sur le site). À moins qu’elle parte du principe que l’appli ne va pas fonctionner…

COVOITURAGE STAR RENNES
Un article aussi vintage que le catalogue…

Peu de lots et d’une valeur très faible, quelle curieuse conception de la collaboration…

Étant donné la faiblesse des récompenses proposées et le fait que nombre de salariés s’arrangent déjà entre eux pour covoiturer, notre rédaction est conduite à supposer que la STAR parie sur l’amour de la nature et de la citoyenneté. L’esprit de citoyenneté républicaine et l’amour que les Rennais éprouvent pour la Star-Keolis suffiront-il à inciter les conducteurs de l’agglomération rennaise à faire des détours afin de prendre gratuitement des inconnus en covoiturage ? Faut-il donc s’attendre à un raz-de-marée d’inscriptions à l’application Coivoit’Star par des milliers et milliers d’automobilistes ? On peut en douter, malgré l’intérêt du projet.

En cas de succès, si le dévouement des conducteurs n’est quasiment pas récompensé, le bénéfice pour la STAR promet, quant à lui, d’être important. À la clé : une augmentation du nombre d’abonnement à la carte Korrigo et des trajets en bus. Sans compter les statistiques de déplacement enregistrées par l’appli qui permettront d’améliorer le maillage du réseau.

En attendant de savoir si l’appli Covoit’Star se révèle un échec ou une réussite, elle pourrait s’avérer bien pratique durant les grèves… de bus !

COVOITSTAR RENNES
Le poster tant convoité du réseau Star

Retrouvez ci-dessous les liens essentiels qui vous permettront de préserver la planète, de cumuler les points et d’accéder à la boutique STAR fidélité :

Obtenir la carte Korrigo

La boutique fidélité du réseau STAR

covoiture applicovoiture appli

 

Keolis Rennes
service-clients@star.fr
Service Innovation
Rue Jean-Marie Huchet
C.S 94001
35040 RENNES CEDEX

AUCH. LES FILMS DU FESTIVAL INDEPENDANCE(S) ET CREATION 2018

Premières impressions les diverses sélections de films projetés à Auch, au Festival indépendant et création 2018.

  • What You Gonna Do When The World’s On Fire, de Roberto Minervini.

USA/Italie/France, 2 H 03.

Distribution : Shellac.

Sélection au Festival de Venise 2018.

Sortie 5 décembre 2018.

Un an après la mort d’Alton Sterling, une chronique de la communauté afro-américaine de Baton Rouge en Louisiane, durant l’été 2017, quand une série de meurtres violents agite le pays. Une réflexion sur la question raciale, un portait intime de celles et ceux qui luttent pour la justice, la dignité et la survie dans un pays qui les maintient à la marge.

Dans son précédent film, The Other Side, Roberto Minervini nous avait présenté un tableau très cru de poor white mendu Sud des Etats-Unis. En un parallèle saisissant, il nous montre cette fois-ci des gens tout aussi pauvres, mais situés de l’autre côté de la barrière raciale dans le même Sud. Dans les deux cas, une réalité vivante et terrible, éloignée de tous les discours officiels, s’impose à nos regards. La familiarité du réalisateur avec ses personnages est impressionnante, jusqu’à susciter le malaise : comment pouvons-nous – nous, spectateurs – trouver la bonne distance et nous situer dans un tel univers ?

https://www.youtube.com/watch?v=cW1L4I5lGI4

  • Pig, de Mani Haghighi.

Iran, 1 H 47.

Distribution : Epicentre Films.

Sortie 5 décembre 2018.

Un mystérieux serial killer s’attaque aux cinéastes les plus adulés de Téhéran. Hasan Kasmai, un réalisateur iranien, est étrangement épargné. Censuré depuis des mois, lâché par son actrice fétiche, il est aussi la cible des réseaux sociaux. Vexé, au bord de la crise de nerfs, il veut comprendre à tout prix pourquoi le tueur ne s’en prend pas à lui et cherche, par tous les moyens, à attirer son attention.

Il y a dans la littérature persane une tradition de fantastique, de grotesque et d’humour noir, que l’on retrouve par exemple dans La Chouette aveugle de Sadeq Hedayat et qui semblait curieusement absente jusqu’à présent du cinéma iranien. En renouant avec cette tradition, Mani Haghighi signe un film étonnant, réjouissant, qui se joue avec aplomb de tous les tabous. Sans doute mêle-t-il des matériaux très hétéroclites et en fait-il un peu trop, mais, pour un film de ce genre, est-ce un défaut ?

  • Les Invisibles, de Louis-Julien Petit.

France, 1 H 42.

Distribution : Apollo Films.

Prix du public au Festival du film francophone d’Angoulême en 2018.

Sortie 9 janvier 2019.

A la suite d’une décision municipale, l’Envol, centre d’accueil pour femmes SDF, va fermer. Il ne reste plus que trois mois aux travailleuses sociales pour réinsérer coûte que coûte les femmes dont elles s’occupent : falsifications, pistons, mensonges… Désormais, tout est permis !

Nourri par un solide travail documentaire préalable de Claire Lajeunie sur des femmes SDF, le film mêle quelques actrices professionnelles (Corinne Masiero, Audrey Lamy, Noémie Lvovsky, Deborah Lukumuena…) à un groupe de femmes venues de la rue. La trame narrative est minimale mais efficace et débouche sur une émouvante dernière séquence. Le film de Louis-Julien Petit est sympathique et généreux.

  • Wildlife, une saison ardente, de Paul Dano.

USA, 1 H 45.

Distribution : ARP Sélection.

Film d’ouverture de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2018.

Soutien AFCAE.

Sortie 19 décembre 2018.

Dans les années 1960, Joe, un garçon solitaire et renfermé, est témoin de l’éclatement du mariage de ses parents, après un déménagement dans le Montana. Sa mère Jeannette tombe amoureuse d’un autre homme…

Situé d’une manière précise au début des années 1960, dans la splendeur des paysages du Montana, alors ravagé par de grands incendies, le premier film de l’acteur Paul Dano est une adaptation très personnelle d’un roman de Richard Ford. C’est un récit initiatique, construit entièrement autour du regard d’un adolescent, plus adulte en fait que le monde qui l’entoure. Le film décrit avec pudeur et subtilité le délitement d’une famille et, à l’arrière-plan, du rêve américain.

  • Les Héritières, de Marcello Martinessi.

Paraguay, 1 H 37.

Distribution : Rouge Distribution.

Prix FIPRESCI au Festival de Berlin 2018.

Sortie 28 novembre 2018.

Chela, la soixantaine, appartient à la bourgeoisie paraguayenne et est forcée d’affronter la vie alors que son héritage est en train de disparaître et que sa compagne est envoyée en prison.

L’héroïne du film essaie d’échapper à l’étouffement d’une grande maison bourgeoise décadente, qui est sans doute une allégorie du Paraguay. Film étrange, dans un univers entièrement féminin, décourageant par son rythme monotone et parfois opaque dans sa narration. Dès qu’il sort du huis-clos de la maison, il fourmille pourtant de notations sur la société paraguayenne, notamment lors de scènes hallucinantes dans une prison de femmes.

  • Maya, de Mia Hansen-Love.

France, 1 H 47.

Distribution : Films du Losange.

Sortie 19 décembre 2018.

Décembre 2012, après quatre mois de captivité en Syrie, deux journalistes français sont libérés, dont Gabriel, trentenaire. Après une journée passée entre interrogatoires et examens, Gabriel peut revoir ses proches : son père, son ex-petite amie, Naomi. Sa mère, elle, vit en Inde, où Gabriel a grandi. Mais elle a coupé les ponts. Quelques semaines plus tard, voulant rompre avec sa vie d’avant, Gabriel décide de partir à Goa. Il s’installe dans la maison de son enfance et fait la connaissance de Maya, une jeune indienne.

Le film se situe d’abord dans le temps vif et fiévreux de l’actualité des médias occidentaux pour basculer dans le temps languissant de l’Inde traditionnelle. Où est le réel ? Où est l’illusion (le voile de Maya) ? Le film cherche sans doute à poser ce dilemme, mais sa seconde partie, proprement interminable, m’a semblé inconsistante, dominée par tous les habituels fantasmes occidentaux sur l’Inde. J’avais été touché par le précédent film de Mia Hansen-Love, L’Avenir ; celui-ci est pour moi une grande déception.

  • L’Amour debout, de Michaël Dacheux.

France, 1 H 23.

Distribution : Epicentre Films.

Sélection ACID au Festival de Cannes 2018.

Sortie 30 janvier 2019.

Martin, dans un dernier espoir, vient retrouver Léa à Paris. Ils ont tous deux vingt-cinq ans et ont vécu ensemble leur première histoire d’amour. Désormais, chacun s’emploie, vaille que vaille, à construire sa vie d’adulte.

Cette histoire de jeune provincial monté à Paris et qui s’y découvre cinéaste en même temps qu’il y affirme son homosexualité m’inspirait beaucoup de craintes sur le papier (je n’avais même pas cherché à le voir à Cannes). Mais le film – certes objet « de cinéphile et pour cinéphiles », habité par les références à Jean Eustache et Eric Rohmer – a été pour moi une heureuse surprise. Il témoigne d’une belle attention aux lieux et aux gens et d’un véritable sens de la composition. Je lui ai trouvé beaucoup d’intelligence, de finesse et de charme.

  • C’est ça l’amour, de Claire Burger.

France, 1 H 38.

Distribution : Mars Films.

Sortie 27 mars 2019.

Depuis que sa femme est partie, Mario tient la maison et élève seul ses deux filles. Frida, 14 ans, lui reproche le départ de sa mère. Niki, 17 ans, rêve d’indépendance. Mario, lui, attend toujours le retour de sa femme.

Après Forbach et Party Girl, Claire Burger continue à tisser ses chroniques provinciales, en l’occurrence dans une famille à la dérive après le départ de la mère. Le père, joué par un touchant Bouli Lanners, s’accroche désespérément à son modèle de famille perdue avant de laisser aller. Le film laisse entendre que sortir d’un rapport fusionnel et accepter les désirs des autres, « c’est ça l’amour », peut-être bien. La réalisation de Claire Burger m’a laissé une impression de justesse mêlée d’une certaine gêne : je me suis souvent senti « en trop » en tant que spectateur.

  • Continuer, de Joachim Lafosse.

France, 1 H 21.

Distribution : Le Pacte.

Sortie 23 janvier 2019.

Sybille, mère divorcée, ne supporte plus de voir son fils adolescent sombrer dans une vie violente et vide de sens. Elle va jouer leur va-tout en entraînant Samuel dans un long périple à travers le Kirghizistan. Avec deux chevaux pour seuls compagnons, mère et fils devront affronter un environnement naturel aussi splendide qu’hostile, ses dangers, son peuple… et surtout eux-mêmes !

Dans cette adaptation d’un roman de Laurent Mauvignier, une mère et son fils, séparés par la vie, se retrouvent au fil d’un long voyage à cheval à travers les steppes du Kirghizistan. Joachim Lafosse manifeste plus d’empathie pour les habitants et les paysages de cette région du monde qu’il n’en avait montré pour l’Afrique lors du tournage des Chevaliers blancs, mais je reste agacé par sa manière de convoquer des décors exotiques comme toile de fond aux états d’âme de personnages très occidentaux.

  • La Dernière folie de Claire Darling, de Julie Bertuccelli.

France 1 H 34.

Distribution : Pyramide Distribution.

Sortie 12 décembre 2018.

À Verderonne, petit village de l’Oise, c’est le premier jour de l’été et Claire Darling se réveille persuadée de vivre son dernier jour… Elle décide alors de vider sa maison et brade tout sans distinction, des lampes Tiffany à la pendule de collection. Les objets tant aimés se font l’écho de sa vie tragique et flamboyante. Cette dernière folie fait revenir Marie, sa fille, qu’elle n’a pas vue depuis 20 ans.

J’avais été passionné par Les Dernières nouvelles du cosmos, le plus récent documentaire de Julie Bertuccelli. J’ai été d’autant plus déçu par cette adaptation d’un roman de Lynda Rutledge, qui a bénéficié d’un gros casting autour de Catherine Deneuve. Le film en appelle à l’émotion du spectateur d’une manière qui m’a semblé très pesante et il m’a laissé malheureusement tout à fait indifférent.

  • Diamantino, de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt.

Portugal/France/Brésil, 1 H 32.

Distribution : UFO Distribution.

Sélection Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2018.

Sortie 28 novembre 2018.

Diamantino, icône absolue du football, est capable à lui seul de déjouer les défenses les plus redoutables. Alors qu’il joue le match le plus important de sa vie, son génie n’opère plus. Sa carrière est stoppée net, et la star déchue cherche un sens à sa vie. Commence alors une folle odyssée, où se confronteront néofascisme, crise des migrants, trafics génétiques délirants et quête effrénée de la perfection.

Ce premier film de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt est une réjouissante dinguerie autour d’une vedette du football, qui ne peut pas ne pas évoquer le fameux Cristiano Ronaldo. Même s’il tient difficilement la durée d’un long métrage, le film est formellement surprenant et inventif. L’idiotie de son personnage central sert en fin de compte de révélateur très sérieux de toute une époque.

  • Doubles vies, d’Olivier Assayas.

France, 1 H 47.

Distribution : Ad Vitam.

Sélection au Festival de Venise 2018.

Sortie 16 janvier 2019.

Alain et Léonard, écrivain et éditeur, dépassés par les nouvelles pratiques du monde de l’édition, sourds aux désirs de leurs épouses, peinent à retrouver leur place au sein de cette société dont ils ne maîtrisent plus les codes.

Le nouveau film d’Olivier Assayas est une comédie plaisante, par moments brillante, bien écrite et interprétée, dans le petit milieu de l’édition germanopratine. Les questions abordées dans les discussions entre les protagonistes du film concernent l’ensemble du champ de la culture, et donc aussi du cinéma, et ne manquent pas d’intérêt. Mais, au terme de la projection, je me rends compte que je n’ai aimé aucun personnage et que l’univers du film me semble irrémédiablement vide et vain.

  • En liberté !de Pierre Salvadori.

France, 1 H 48.

Distribution : Memento Films.

Sélection Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2018.

Sortie : 31 octobre 2018.

Yvonne jeune inspectrice de police, découvre que son mari, le capitaine Santi, héros local tombé au combat, n’était pas le flic courageux et intègre qu’elle croyait mais un véritable ripou. Déterminée à réparer les torts commis par ce dernier, elle va croiser le chemin d’Antoine injustement incarcéré par Santi pendant huit longues années. Une rencontre inattendue et folle qui va dynamiter leurs vies à tous les deux.

Adèle Haenel et Pio Marmaï brillent particulièrement dans cette comédie de Pierre Salvadori, qui me paraît destinée à un large succès public. Le burlesque y est d’une grande précision. Avec une pointe de mélancolie qui affleure aussi parfois, inopinément, et qui contribue à la réussite de l’ensemble.

  • En Politica, de Jean-Gabriel Tregoat et Penda Houzangbe.

France, 1 H 47.

Distribution : Bodega Films.

Sortie avril 2019.

Emilio et une petite équipe de militants des mouvements sociaux déterminés à changer les choses décident de se présenter pour la première fois à un scrutin. Élus députés sous les couleurs de Podemos, ils se retrouvent plongés dans le monde politique auquel ils se sont toujours opposés. De leur campagne à leurs premiers mois au Parlement, nous suivons ces nouveaux politiques dans le quotidien de leur apprentissage, pris entre leurs idéaux et la réalité pratique de la politique institutionnelle.

Documentaire vivant et incisif sur les premiers pas des députés de Podemos au parlement des Asturies. La politique telle qu’elle se pratique au quotidien… Alors qu’ils n’ont pas de mots assez durs contre « le système » et « les politiciens », les jeunes députés rebelles se révèlent ironiquement politiciens jusqu’au bout des ongles.

  • Les Estivants, de Valeria Bruni Tedeschi.

France, 2 H 07.

Distribution : Ad Vitam.

Sélection au Festival de Venise 2018.

Sortie 30 janvier 2019.

Une grande et belle propriété sur la Côte d’Azur. Un endroit qui semble hors du temps et protégé du monde. Anna arrive avec sa fille pour quelques jours de vacances. Au milieu de sa famille, de leurs amis, et des employés, Anna doit gérer sa rupture toute fraîche et l’écriture de son prochain film. Derrière les rires, les colères, les secrets, naissent des rapports de dominations, des peurs et des désirs. Chacun se bouche les oreilles aux bruits du monde et doit se débrouiller avec le mystère de sa propre existence.

Pour entrer dans ce film, il faut accepter une série de conventions préalables : l’autofiction, le huis-clos d’une grande maison bourgeoise, avec les femmes, les maris, les amis, les amants, les serviteurs et toutes sortes de fantômes, y compris ceux de La Règle du jeu de Renoir, les numéros d’acteurs rodés au théâtre, le film sur le film en train de se faire, etc. Chacune de ces conventions prise à part aurait dû me rebuter mais, bizarrement, j’ai été intéressé et en fin de compte touché par ce film, beaucoup plus que je ne l’avais été par les précédentes réalisations de Valeria Bruni Tedeschi.

  • Les Météorites, de Romain Laguna.

France, 1 H 25.

Distribution : KMBO.

Sortie 6 février 2019.

Nina, 16 ans, rêve d’aventure. En attendant, elle passe l’été entre son village du sud de la France et le parc d’attractions où elle travaille. Juste avant de rencontrer Morad, Nina voit une météorite enflammer le ciel et s’écraser dans la montagne. Comme le présage d’une nouvelle vie.

La jeune actrice non professionnelle qui joue le rôle de Nina est attachante et, dans ses meilleurs moments, le film atteint une sorte de fantastique rural, dans le paysage montagneux des environs de Béziers. Mais il y a malheureusement aussi dans Les Métérorites tous les passages obligés du film d’initiation adolescente (fumette, discothèque, errance nocturne…) qui le réduisent à la banalité.

  • Petra, de Jaime Rosales.

Espagne/France/Danemark, 1 H 47.

Distribution : Condor Distribution.

Sélection Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2018.

Sortie 6 mars 2019.

Petra, jeune artiste peintre, n’a jamais connu son père. Obstinée, la quête de ses origines la mène jusqu’à Jaume Navarro, un plasticien de renommée internationale. Ce dernier accepte de l’accueillir en résidence dans son atelier, perdu dans les environs de Gérone. Petra découvre alors un homme cruel et égocentrique, qui fait régner parmi les siens rancœur et manipulation. Espérant des réponses, la jeune femme consent à se rapprocher de cette famille où dominent les non-dits et la violence. Petra trouvera-t-elle vraiment ce qu’elle est venue chercher ?

Au-delà des « secrets de famille », qui constituent aujourd’hui la trame de beaucoup de livres, de films et de séries, le film de Jaime Rosales a l’ambition de proposer une histoire tragique, au sens antique, dans un contexte tout à fait contemporain, et il y parvient au moins en partie. Il est servi par une grande rigueur formelle, un peu trop emphatique et ostentatoire à mon goût.

  • Sophia Antipolis, de Virgil Vernier.

France, 1 H 38.

Distribution : Shellac.

Sortie 31 octobre 2018.

Sophia-Antipolis, c’est le nom de ce territoire étrange entre la mer Méditerranée, la forêt et les montagnes. Sous un soleil aveuglant, des hommes et des femmes sont à la recherche d’un sens, d’un lien social, d’une communauté. Ils vont croiser le destin d’une jeune fille disparue.

Comme dans son précédent film, Mercuriales, Virgil Vernier s’efforce de capter le mystère de lieux urbains d’une sinistre banalité. Mercuriales m’avait laissé perplexe, mais Sophia Antipolis m’a semblé moins informe, mieux construit et, du coup, m’a beaucoup plus convaincu. J’ai été sensible à son propos politique, d’autant plus puissant qu’il reste indirect et non formulé d’une manière militante.

  • Tout ce qu’il me reste de la révolution, de Judith Davis.

France, 1 H 28.

Distribution : UFO Distribution.

Prix du Jury au Festival du Film Francophone d’Angoulême en 2018.

Sortie février 2019.

Angèle avait 8 ans quand s’ouvrait le premier McDonald’s de Berlin-Est… Depuis, elle se bat contre la malédiction de sa génération : être né « trop tard », à l’heure de la déprime politique mondiale. Elle vient d’une famille de militants, mais sa mère a abandonné du jour au lendemain son combat politique, pour déménager, seule, à la campagne et sa sœur a choisi le monde de l’entreprise. Seul son père, ancien maoïste chez qui elle retourne vivre, est resté fidèle à ses idéaux. En colère, déterminée, Angèle s’applique autant à essayer de changer le monde qu’à fuir les rencontres amoureuses.

Formée auprès d’Armand Gatti, membre d’un collectif théâtral dont plusieurs des acteurs se retrouvent avec elle dans le film, Judith Davis signe avec Tout ce qu’il me reste de la révolution une comédie percutante qui questionne la transmission du désir de révolution entre générations. J’ai été séduit par ce film d’une constante justesse et que j’ai même trouvé par moments bouleversant.

Pour la petite histoire, le poème de Victor Hugo, Les Tuileries, mis en musique par Colette Magny, est présent dans le film de Judith Davis, dans la nouvelle version interprétée par Camelia Jordana et Bertrand Belin. L’inoubliable version originale de Colette Magny apparaît, elle, dans L’Amour debout de Michaël Dacheux. Petit fil conducteur significatif entre deux des plus beaux films vus cette année à Auch.

*

A l’initiative d’Alain Bouffartigue et de Daniel Toscan du Plantier, le festival « Indépendance(s) et création » propose depuis 1998, en avant-première, une cinquantaine de films relevant de l’art et essai, toutes écritures et genres confondus, issus du monde entier.

Un festival, sans compétition et sans prix, qui n’a pas d’autres raisons d’être que de partager un certain amour du cinéma et de développer année après année l’attrait des spectateurs pour la diversité et la liberté de la création cinématographique. Des révélations de premiers films aux œuvres inédites de cinéastes de premier plan, du documentaire à la fiction en passant par le cinéma d’animation, ces films sont comme autant d’invitations à la découverte, au plaisir, parfois avec dépaysement et surprise.

Tous les films sont présentés par l’équipe de Ciné32 et à chaque fois que cela est possible une rencontre avec le cinéaste ou d’autres artistes est proposée.

A la diversité des films répond la diversité des publics. Le Festival « Indépendance(s) et création » c’est 4 journées dédiées au cinéma où se côtoient dans une atmosphère conviviale cinéphiles assidus, curieux ponctuels et professionnels du cinéma. Depuis près de 20 ans, la singularité de ce festival est d’être une belle occasion de rencontre entre des cinéastes, des acteurs, des producteurs, des distributeurs et des exploitants de salles de cinéma Art et Essai pour préparer les sorties publiques des films dans les meilleures conditions.

Le festival se déroule principalement à Ciné32 et se déploie dans toutes les salles de cinéma du Gers pour totaliser près de 16 000 entrées.

auch

LA GUADELOUPE LA OU LES CHIENS ABOIENT PAR LA QUEUE

Primo roman pour Estelle-Sarah Bulle. Là où les chiens aboient par la queue, au travers des aventures d’une fratrie, dresse le portrait d’une île et de ses habitants. Née (comme sa narratrice) à Créteil d’un père guadeloupéen, elle conte la quête d’une origine et d’un héritage familial pour une enfant de l’exil. Un remarquable premier roman qui intéressera les lecteurs avides de belle écriture ainsi que d’histoire avec ou sans majuscule.

« Dans la famille Ezechiel, c’est Antoine qui mène le jeu. Elle est la plus indomptable de la fratrie. Mais sa mémoire est comme une mine d’or. En jaillissent mille souvenirs-pépites que la nièce, une jeune femme née en banlieue parisienne et tiraillée par son identité métisse, recueille avidement. Au fil des conversations, Antoine fait revivre pour elle l’histoire familiale qui épouse celle de la Guadeloupe depuis la fin des années 40… »

estelle sarah bulle

La nièce : « Jusqu’à mes treize ans (…) nous avons vécu au neuvième étage d’une tour rectangulaire »

Tout commence par la nièce, la narratrice. Ayant grandi dans une banlieue parisienne bâtie sur du vide (pour accueillir le baby-boom et l’immigration post-guerre) où se croisent les couleurs et les origines, la nièce s’interroge sur les siennes. Elle se lance dans la reconquête des souvenirs de ses aïeux. La parole pour seul héritage, tout le livre consiste en la retranscription du récit que ses deux tantes et son père, étant nés et ayant vécus en Guadeloupe jusqu’aux années 1960 (jusqu’à rejoindre la France métropolitaine), lui font de cette île et de leurs aventures respectives.

Le roman se divise en 3 parties : « 1947-1948 », « 1948-1960 », » 1960-2006 », liés à trois lieux : Morne-Galant (campagne guadeloupéenne), Pointe-à-Pitre et enfin Paris. Bien que liés dans le temps et l’espace, les récits de la fratrie d’Antoine, Lucinde et Petit-Frère semblent toujours se croiser sans jamais se rencontrer vraiment. Dès leur enfance à Morne-Galant, chacun d’eux se forge une identité et des rêves propres. Puis, dans l’enchevêtrement de leurs destins particuliers, c’est la société entière (qu’elle soit familiale, urbaine, nationale…) qui transparaît. Ombre oppressée ainsi qu’oppressante, le monde des hommes apparaît comme un magma informe où chacun semble nuire insensiblement à l’autre en recherchant son propre bonheur.

LUCINDE : « J’EN PLEURERAIS DE RAGE. NOUS ÉTIONS FAITES POUR LA GLOIRE ANTOINE ET MOI. QU’EST-CE QUI S’EST PASSÉ ? »

Pour chacun des personnages, l’univers bouillonnant des années post-guerre est tout à la fois le lieu de tous les espoirs et celui de toutes les déceptions. Les rêves des uns et des autres se forgent et se brisent contre les murs d’un avenir qui ne s’ouvre pas et qui finit toujours par pousser à l’exil. L’exil, seule rupture permettant à l’espérance d’exister. Antoine, tante charismatique dont la nièce déroule la mémoire comme un fil d’Ariane, se rappelle son départ pour la France : « J’avais le sentiment de connaître mon île par cœur. Je ne voulais plus accepter ses champs de malheur et ses contradictions. Comme bien d’autres, j’ai fait mes bagages et je me suis précipitée à l’aéroport du Raizet. »

roman chiens aboient queue

Antoine : « Ainsi j’ai vite compris que la réalité avait toujours une face double. Tous les Antillais savent ça. (…) C’est pour ça que le vrai nom donné par ta maman reste caché. Le nom de savane peut ramasser toutes les mauvaisetés de la vie. C’est comme un petit trésor caché qui te protège. »

De sa plume léchée aux savoureux accents créoles, Estelle Sarah-Bulle (bien qu’elle ne parle pas couramment le créole) nous entraîne dans les histoires, ainsi que dans l’Histoire. Celle d’un peuple, issu du déplacement (celui de l’esclavagisme) et destiné à l’adaptation permanente : « Nous, les Antillais, nous avons toujours su nous adapter (…) de la case d’esclaves aux HLM ». Histoire d’un peuple aux origines hasardeuses, floues, qui subit âprement les affres des Temps, les grandes Ères : la colonisation, les guerres, la mondialisation… Semblant n’être jamais maître de son propre destin.

Sans malveillance, le regard porté sur la société guadeloupéenne est d’une rigueur qui n’épargne ni les békés (les blancs), ni le peuple, ni aucun des personnages du livre. Ces derniers ne sont pas des héros, mais des exemples d’individus imparfaits parmi d’autres et en cela se font les représentants (et non les exceptions) d’une société entière. Ancré au sein des années 50 et 60, le récit évoque sans détour l’injustice institutionnalisée, le racisme, le paternalisme, ainsi que les grandes transformations amenées par l’occidentalisation. En opposition à ces grandes thématiques, les histoires des trois frères et sœurs sont faites de petites choses, de rencontres simples, d’actes quotidiens, conférant au livre une double échelle romanesque.

La nièce : « J’apprenais à aimer mon histoire et la matière dont elle était faite ; une succession de violences, de destins liés de force entre eux, de soumissions et de révoltes. »

pointe à pitre
Pointe-à-Pitre dans les années 50

Malgré tout, au détour de nombreux passages se lit l’affection profonde de l’écrivaine pour cette île des Caraïbes, pour l’état d’âme qui habite ses occupants et dont elle se fait l’héritière semi-légitime. Ses personnages, en filigrane de leur histoire personnelle, nous parlent de ce qui constitue le quotidien et les croyances des insulaires : la culture de la canne, les croyances animistes, les danses du carnaval, la vie amoureuse, les bidonvilles, etc. Cette civilisation est poétisée par le langage, pas dans le but de la glorifier, mais pour lui permettre simplement d’exister, d’être transmise, face à l’oubli inhérent au déplacement des populations. Pour la narratrice (et pour l’auteure ?), c’est transmettre le souvenir de ses aïeux pour qu’il ne meure pas, et l’origine de son identité avec.

Parmi tout cela, n’oublions pas ce qui fait le charme de la lecture de ce roman : l’aventure. Là où les chiens aboient par la queue, ne s’épuise pas en grandes descriptions, mais nous plonge dans les doutes et désirs de ses personnages. Les scènes défilent, les points de vue changent, les rencontres se succèdent, le monde évolue. Le lecteur est embarqué, invité au spectacle. S’identifiant à la nièce, lui aussi reçoit la parole des aïeux, comme on reçoit une histoire du soir, un conte pour enfant : avec force imagination, mais en y croyant.

Là où les chiens aboient par la queue, Estelle-Sarah Bulle. Editions : Liana Levi. Paru le 23 août 2018. 288 pages. 19 €. Rencontrez l’auteure samedi 10 novembre 2018 à 11h00 au Café Littéraire de votre librairie LE FORUM DU LIVRE à Rennes.

Feuilletez un extrait ici.

auteur chiens aboient queue
Estelle-Sarah Bulle est née en 1974 à Créteil, d’un père guadeloupéen et d’une mère ayant grandi à la frontière franco-belge. Après des études à Paris et à Lyon, elle travaille pour des cabinets de conseil puis pour différentes institutions culturelles. Elle vit dans le Val-d’Oise. Là où les chiens aboient par la queue est son premier roman.

 

LA COMEDIENNE ODETTE SIMONNEAU FETE SES 90 ANS SUR LES PLANCHES

Le Carré VIP du 8 octobre reçoit un trio de femmes formidables de Melesse, commune de 6000 habitants, à 15 km au nord de Rennes, à la vie associative et culturelle très riche. La doyenne, Odette Simonneau, est vraiment une sacrée VIP car cette comédienne fêtera bientôt ses 90 ans en jouant une pièce de théâtre dans la salle qui porte son nom !

La déclaration d’Odette Simonneau va à Isabelle Renault, co-créatrice du Théâtre d’Argile manipuléeLe Vent des Forges. Cette compagnie donne des spectacles hors du commun à destination des enfants et à ceux qui en ont gardé l’âme. Prochaines dates à Saint-Malo en décembre. Autres dates sur  leventdesforges.fr

Son coup de coeur va à Joëlle Dy, amie, voisine et responsable culturelle à la Ville de Melesse. Joëlle se réjouit du rôle joué par l’association Art et Culture de Melesse qui progamme Je me suis tue, la pièce que Ricardo Montserrat a écrite pour Odette Simonneau. La comédienne la jouera le 10 novembre à 20h30 à Melesse. Joëlle se réjouit de la préparation de la deuxième édition de “Melesse à la page”, festival autour du film, du théâtre et de l’écriture (du 1er au 3 mars 2019)

Les choix musicaux d’Odette : Charles Aznavour : Les Comédiens ; Juliette Greco : Jolie môme ; Brigitte Fontaine, Les filles d’aujourd’hui

Odette Simonneau
MCB, Odette Simonneau et JoPelle Dy

AGENDA SORTIR A RENNES AUJOURD’HUI

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Agenda Rennes Métropole aujourd’hui : sorties, événements, concerts, spectacles, rencontres, dédicaces, conférences, cinémas, festivals, bars, cafés, restaurants…

EXPO UN REVE JAUNE, FANTASTIQUE FANTASME A LA MIR DE RENNES

Un étrange frisson souffle sur la Maison Internationale de Rennes (MIR) du 9 au 19 octobre 2018. Le Naïa Museum de Rochefort-en-Terre (56), musée d’art fantastique et visionnaire (unique en France), y inaugure ce mardi l’exposition UN RÊVE JAUNE. L’occasion pour les Rennais de (re)découvrir un genre artistique souvent marginalisé. Plongeon dans l’imaginaire et le bizarre…

stefan gesell mir

Chimères italiennes

L’exposition « Un rêve jaune » s’est créée dans le cadre de Court-Métrange, festival de cinéma Horreur & Fantastique de Rennes (15e édition. 16-21 oct. 2018). Il développe cette année une thématique autour du Giallo à l’italienne. Le Giallo, sous-genre du cinéma d’exploitation italien d’après guerre, à mi-chemin entre l’horreur, l’érotisme et le thriller, est reconnu par beaucoup pour son excentricité et sa violence, souvent inspirées par le climat social ou politique dans lequel il s’ancre.

L’exposition du Naia Museum y trouve son nom (Giallo signifie jaune) ainsi que ses thématiques. Elle reprend en effet les grands questionnements de l’art italien de la seconde moitié du XXème siècle, à savoir : la représentation du corps, la place de la femme, la révolte sociale ou encore la violence politique. Les artistes exposés sont français, belges ou encore allemands, tous contemporains, sélectionnés pour la concordance de leurs œuvres avec les thématiques du festival.

stefan gesell mir

Des Hommes et des Dieux

Difficile de ne pas être troublé par ce parcours énigmatique et spectaculaire. Dès l’entrée dans la cour intérieure du MIR, entre les vieilles briques couleur sang, les hauts formats photographiques de Stefan Gesell et l’installation de Patrice « Pit » Hubert viennent engouffrer le spectateur dans une ambiance douceâtre et morbide, où règnent main dans la main le sensuel et le cadavérique.

Le spectateur de poursuivre son chemin à l’intérieur et de s’étonner devant le « Grand Cantabile » de Michel Levy. Idole sculptée d’inspiration classique, Levy traite sans vergogne et avec panache de la condition animale bafouée et de l’humain dans sa folie aveugle. Un peu plus loin, on retrouve l’artiste français avec ses bustes où la Vie et la Mort révèlent leurs connivences sous apparence humaine.

expo reve jaune

Passage au fantastique avec les illustrations et peinture d’Olivier Ledroit. Entrant en résonance avec les questionnements de nos voisins italiens sur la civilisation – à reconstruire, suite à la guerre – sensiblement inspirées par le peplum et l’art futuriste, ses œuvres nous invitent à découvrir (ou imaginer) la civilisation perdue de l’Atlandide. Portraits divins façon heroic fantasy, incrustés de bijoux dorés et arborant des textes en langues obscures : tout un univers dans un cadre.

Des crânes encasqués, des visages ligaturés dans du métal. A mi-chemin entre le fétichisme BDSM et les fantasmes futuristes de l’homme-machine, les sculptures du Belge Tim Roosen mêlent un aspect lisse et doux avec la violence de la sensation qu’il accompagne. Sa série baptisée Asylum nous expose à un onirisme sensuel, froid et morbide.

tim roosen mir rennes

Le Festival Court-Métrange s’est bâti sur le constat que le cinéma de genre ne se trouvait pas de place au sein des festivals de cinéma européens. De la même manière c’est une chance rare que cette mise en valeur de l’art fantastique. Le genre est globalement laissé sur la touche des galeries et expositions traditionnelles. L’occasion donc de tordre le coup à certains préjugés sur la portée artistique du genre et de se surprendre soi-même face à des œuvres qu’on ne voit pas d’ordinaire en arpentant les expositions.

Une visite… familiale

Patrice et Emmanuelle Hubert, directeurs du Naia museum, sont les directeurs de cette exposition en marge du Festival Court-Métrange pour la troisième année consécutive. Une coopération qui fonctionne au regard du succès grandissant que connaît le festival. Mais à qui s’adresse l’exposition ?

On pourrait penser d’après l’image que véhicule le genre et les thématiques à l’honneur que ce « rêve jaune » n’est destiné qu’aux adultes avertis. Bien au contraire, le festival encourage vivement à en faire un rendez-vous familial ! Pour preuve, la première semaine d’exposition est consacrée uniquement aux visites scolaires. Le tout-public n’accédera aux œuvres qu’entre 16h et 19h. La deuxième semaine d’exposition sera, elle, ouverte à tous.

A des fins d’accessibilité, l’exposition met à disposition de petits livrets ludiques sur l’oeuvre d’Art, écrit grâce à la participation de travailleurs de l’ESAT Belle Lande de Dol de Bretagne : Qu’est-ce qu’une oeuvre d’Art ? Quelle peut-être son utilité ? Qu’est-ce que l’Art contemporain ? etc…

 

art fantastique

 

Maison Internationale de Rennes
7 quai Chateaubriand, 35000 Rennes

Entrée gratuite.
Du mardi 9 au vendredi 12 octobre : 16h – 19h
Du samedi 13 au dimanche 14 octobre : 12h – 19h
Du lundi 15 au mardi 16 octobre : 16h – 19h
Du mercredi 17 au vendredi 19 octobre : 12h – 19h

 

BEHIND, UN AFTERWORK RENNAIS PAR MARIE-ASTRID DE LA LAURENCIE

À l’initiative du projet Behind, Marie-Astrid de La Laurencie organise tous les deux mois des afterworks professionnels intimistes autour d’une association, différente à chaque fois. Boire un verre après le travail oui, mais pourquoi ne pas rencontrer de nouvelles personnes, partager et créer des liens par la même occasion ? Unidivers est parti à la rencontre de cette femme à l’énergie débordante. Entretien.

Marie-Astrid de La Laurencie a plusieurs cordes à son arc et n’est pas en manque d’idées. Avec des valeurs telles que l’écoute et le partage de compétences, ses activités se multiplient depuis plus de vingt ans et révèlent une démarche humaine et solidaire constante. Une ligne directrice louable qui a peu à peu pris racine dans l’utilisation des réseaux sociaux. À l’heure de la surconnexion et de la réalité virtuelle, Marie-Astrid utilise ces outils afin de redonner la priorité à l’individu dans le but d’assister des associations dans leur communication et de venir en aide aux professionnels.

behind afterwork pro

Après une formation commerciale et un emploi aux Galeries Lafayette – qui lui donnera l’idée d’Oséame (structure de conseil en images et personal shopper) – cette femme pleine d’énergie se lance dans Osart, un projet destiné particulièrement aux artistes afin de les aider dans la promotion de leur travail. Ce concept posera les bases de ce qui deviendra quelques années plus tard Behind, un événement sous forme d’afterwork professionnel revisité.

Rencontre avec l’initiatrice du projet, Marie-Astrid de La Laurencie.

behind afterwork

Unidivers : De quoi Behind est-il né ?

Marie-Astrid : Suite à mes précédentes activités (Oséame, Osart, etc..), j’ai été très présente sur les réseaux sociaux, notamment Linkedin. J’y ai fait des rencontres intéressantes. C’était insensé parce que certaines personnes avaient vraiment de super idées sans pour autant parvenir à se faire connaître. Je me suis dit que c’était mon rôle de les aider à en parler.

Concrètement, le but est de passer derrière l’écran. Retrouver les gens avec qui on est en lien sur le réseau, partager nos expériences professionnelles et nos idées. Se rendre compte de toutes les associations qui ont de beaux projets, mais qui ont du mal à communiquer autour de leurs actions. Ce n’est pas évident pour certaines, après tout chacun a son métier. Il ne restait plus qu’à trouver un mot où il y avait le « in » de Linkedin !

behind afterwork pro rennes

Unidivers : Quelle forme prend Behind ?

Marie-Astrid : Behind est un événement, un afterwork qui permet aux utilisateurs de Linkedin de se retrouver. Au-delà d’aller boire un coup après le boulot, l’idée est de découvrir une association locale qui mérite d’être mise en avant.

Unidivers : Quel genre d’association(s) choisissez-vous de faire connaître ?

Marie-Astrid : La première a été la Cravate solidaire, une association qui aide les gens à s’habiller pour leurs entretiens professionnels. Cette fois-ci ce sera Rebond 35, une asso qui vient en aide aux chefs d’entreprises qui vivent des moments difficiles. C’est un sujet tabou alors que le problème est réel et très répandu, il suffit de voir le grand nombre de burn-out, voire pire…

L’idée est de faire parler les gens pour que les autres personnes touchées voient que certaines ont eu le courage de discuter de leurs problèmes pour se faire aider. En discuter est primordial pour moi et je ne comprends pas vraiment que ce soit si difficile dans notre société. J’essaie de me mettre à leur place et de me dire : qu’est-ce qui va faire qu’une personne en difficulté va oser venir et parler de ses problèmes.

BURN OUT

Unidivers : Vous organisez ces événements toute seule, comment ça se passe ?

Marie-Astrid : Je fais tout toute seule, jusqu’aux cartons d’invitations que je crée via une application. L’événement s’organise beaucoup via mon réseau. Quand j’ai commencé à m’approcher de l’association Rebond 35, je me suis rendu compte qu’un ami (Sébastien) avait écrit un article sur elle. Je l’ai appelé et il m’a raconté son expérience. « Banco », c’était exactement ce qu’il me fallait. C’est comme ça que je me suis lancée à fond dans le projet. J’ai laissé un message sur Facebook au Président de l’association, on s’est appelé et on a organisé tranquillement l’événement.

À chaque fois tout se planifie presque tout seul, ce qui me conforte dans mon idée. Du moment que je trouve l’association, le lieu, la date… tout se fait naturellement. Si c’est aussi simple, c’est sûrement que c’est nécessaire.

AFTERWORK BEHIND

Unidivers : Qui sont les invités, comment procédez-vous ?

Marie-Astrid : Pour la première édition, j’ai eu le temps de choisir, d’envoyer des invitations et de réfléchir à qui pourrait être intéressé. Maintenant je ne sélectionne plus, je n’ai plus le temps. Je balance l’information sur les réseaux sociaux. Sur Linkedin, j’ai surtout eu des réponses de chefs d’entreprises qui pour la plupart connaissaient déjà l’association ou son président. Sur Facebook j’ai eu de tout : des gens qui me connaissent, d’autres qui viennent sans savoir, pour voir et ceux qui peuvent se rendre compte que leur chef est en difficulté, qui voudraient apprendre à gérer cela… ce sujet touche pas mal de monde.

J’ai fait appel à Sébastien parce qu’il a connu cette situation et s’en est sorti. Il est aujourd’hui très à l’aise avec ça et son témoignage sera très intéressant. D’autant qu’un témoignage c’est vivant, ça attise l’intérêt des personnes présentes.

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Unidivers : En pratique, comment ça se déroule ?

Marie-Astrid : J’accueille un peu tout le monde. On prend le temps de se détendre et boire un coup, car chacun sort d’une journée de boulot. Après je rebriefe sur Behind et comment va s’organiser l’afterwork.

Je présente l’association et les personnes qui vont s’exprimer et je passe la main. Plus tard il y aura une interaction, les gens vont poser leurs questions… La dernière fois, on s’est assis et on a mangé ensemble. Ceux qui étaient là avaient besoin de parler de leur activité ou d’autre chose. Une personne avait par exemple besoin de créer un site internet pour sa boîte… mais c’est le but aussi, toutes ces rencontres !

Unidivers : Est-ce votre seule activité ? Quelle évolution envisagez-vous ?

Marie-Astrid : Je suis maman de quatre enfants et travaille maintenant dans un cabinet d’assurance. Ce que j’aime, c’est la communication et comme ça me manquait dans mon travail, j’ai créé Behind. C’est un événement qui n’a pas de statut pour le moment. Je ne me rémunère pas du tout et je ne reçois pas de subventions. Le but consiste vraiment à mettre en avant ces associations et ces personnes qui font des choses extraordinaires. Il y a pour moi un besoin de voir les gens, de les faire se rencontrer.

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J’ignore ce que Behind deviendra, mais ça a le mérite d’exister. Pour l’association La Cravate solidaire, l’événement a eu un fort impact. Quand une idée fonctionne de cette manière c’est génial. Il y a forcément un chef d’entreprise qui ne sait plus comment faire, qui a monté sa boîte hier ou il y a dix ans, qui se dit qu’il va devoir mettre la clef sous la porte ou qui ne va pas bien… Il suffit qu’il en entende parler par d’autres, qu’il reçoive des conseils, un soutien ou qu’il rencontre les bonnes personnes pour retrouver pied ! Les témoignages peuvent aider. C’est mon côté mère Thérésa (rires).

Unidivers : La place des réseaux est très importante dans votre démarche…

Marie-Astrid : Oui. Behind n’existerait pas sans les réseaux sociaux. Poster une annonce dans Ouest-France et distribuer des flyers à la sortie de Leclerc… ça n’aurait jamais marché (rires). Facebook a été un relais obligatoire, car c’est un réseau plus simple que Linkedin, où il est difficile de déboulonner les gens. Déjà qu’à la moindre faute d’orthographe on reçoit dix messages (rires). Mais je voulais que ça reste un événement sérieux. Les afterworks auxquels j’ai participé sur Rennes n’apportaient pas grand-chose à mon goût… je voulais vraiment créer un événement qui ait du sens. Que les gens sortent de là avec quelque chose de nouveau.

Prochain événement « Behind » au Café des Champs libres le 21 novembre 2018 avec l’association Rebond35.

Entretien et article par Emmanuelle Volage et Bastien Michel.

MARC HUMBERT NOUS ENTRAÎNE VERS UNE CIVILISATION DE CONVIVIALITÉ

Marc Humbert, professeur d’économie à l’Université de Rennes 1, a fait paraître en 2013 un court essai intitulé : « Vers une civilisation de convivialité : travailler ensemble pour la vie, en prenant soin l’un de l’autre et de la nature », paru aux éditions Goater. Ce texte, véritable manifeste « convivialiste », nous renvoie, par son titre et son contenu, à un livre paru en 1972, « La Convivialité », du philosophe autrichien Ivan Illich, disparu en 2002, dont Marc Humbert apparaît ici comme un héritier.

Ce que nous voulons tous, c’est donner la priorité à la convivialité et non à la performance technique (Marc Humbert).

Le progrès humain, développé en particulier au moment de la révolution industrielle du XIXè siècle, a réussi à dominer et asservir la nature : « La nature est labourée, creusée, bousculée, remodelée, épuisée et sert de déchetterie à une énorme usine de transformation ». La recherche de la performance technique est aussi devenue au fil des décennies le but ultime de l’homo sapiens qui, à ce jour, « a achevé la colonisation de la terre entière », Nous vivons aux XXè et XXIè siècles le triomphe de la « méga-machine technico-économique » (Serge Latouche) qui laisse de côté des bataillons d’exclus, de chômeurs et de pauvres. Ivan Illich le disait déjà : « Le système industriel est organisé en vue d’une croissance indéfinie et de la création illimitée de besoins nouveaux […] qui accentue les écarts sociaux » (in : La Convivialité).

IVAN ILLICH

Nous sommes à la croisée de deux chemins, nous dit Marc Humbert. L’un veut nous conduire à tout prix à l’excellence technique et économique incessante supportée « par l’efficacité de la compétition entre les individus, compétition stimulée par la poursuite de l’enrichissement individuel et la promesse d’une croissance économique sans limites ». C’est l’axe choisi, dans des formes démocratiques, par les USA, le Japon, l’Europe. La Chine et l’Inde, dans des formes autoritaires, tendent vers le même objectif.

La seconde voie nous mène, selon Marc Humbert, à la « transition sociétale d’une grande civilisation de convivialité » et nous oriente vers une « volonté de travailler ensemble pour la vie en prenant soin l’un de l’autre et de la nature ». Cette volonté de vivre ensemble, cette attention à l’autre n’est pas nouvelle, elle remonte jusqu’à cette période où l’homme a manifesté les premiers signes de respect dû aux défunts et instauré les premières inhumations, il y a 120 000 ans. Les religions ont créé ensuite des communautés et relié les hommes entre eux. L’attention aux autres a pu ainsi conduire à « l’attention au Vivant […] et au Monde : à la Nature dont procède toute vie et dont nous sommes » . Du respect et du dialogue des hommes entre eux découle le respect de la nature, traduite dans une économie raisonnée et durable, une exploitation énergétique des réserves terrestres sans danger ni artifice, une ressource agricole et alimentaire naturelle et proche des hommes, une économie équitable et solidaire, et des techniques de production douces et maîtrisées…Voilà tout ce qui constitue « un idéal convivialiste ».

Cet idéal est aussi éminemment politique. « Il se peut que, terrorisés par l’évidence croissante de la surpopulation, de l’amenuisement des ressources et de l’organisation insensée de la vie quotidienne, les gens remettent de leur plein gré leurs destinées entre les mains d’un Grand Frère et de ses agents anonymes. [Mais] l’installation du fascisme technobureaucratique n’est pas inscrite dans les astres. » (Ivan Illich). C’est pour cela que l’idéal de convivialité doit être indissolublement lié à un authentique idéal de démocratie et de terrain. « La mise en œuvre de la subsidiarité et l’importance accordée aux échelons de base de l’organisation collective doivent aider à éviter ces excès de la concentration-centralisation des pouvoirs » (Marc Humbert). C’est la clé d’une nouvelle pratique politique, disait déjà Ivan Illich. Et la vraie manière pour les citoyens de reprendre la maîtrise de leur destin, individuel et collectif, et sauvegarder le bien commun, la Terre.

Vers une civilisation de convivialité, Travailler ensemble pour la vie en prenant soin l’un de l’autre et de la nature de Marc Humbert aux Editions Goater. Date de publication 2014. Collection Essai. 64 pages. 10 €.

Marc Humbert. Publications du même auteur :
Alain Caillé, Marc Humbert, Serge Latouche, Patrick Viveret, De la convivialité. Dialogues sur la société conviviale à venir.

Réalisation CREA – service communication / Université Rennes 2
Images Marina Mershchart et Gwendal Le Goff
Montage Gwendal Le Goff

© Université Rennes 2 – 2015

PRIX BAYEUX 2018, LES REPORTAGES DES CORRESPONDANTS DE GUERRE

Le Prix Bayeux des correspondants de guerre propose un autre regard sur le monde. Au total, 55 reportages photo, vidéos, radios ou écrits sont en lice pour dix récompenses dans chaque média. Elles seront décernées samedi soir à 18h30 place Gauquelin-Despallières à Bayeux. En attendant, de nombreuses expositions, rencontres et avant-premières sont ouvertes au public jusqu’à dimanche.

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Ali Arkady est l’auteur du cliché choisi pour l’affiche.

Un rendez-vous hors du commun, mais nécessaire. La 25e édition du Prix Bayeux s’est lancée lundi 8 octobre pour se terminer dimanche 14 octobre. C’est l’occasion de percevoir autrement les conflits actuels et de récompenser les journalistes qui sont sur place pour être le témoin des horreurs de la guerre. « C’est un métier qui véhicule à la fois de la fascination, de la répulsion, car l’éthique est souvent mise en jeu, et du scepticisme au vu de l’authenticité de certains reportages », explique Adrien Jaulmes, grand reporter au Figaro.

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Un camion blindé ayant participé à la guerre de Yougoslavie devant la cathédrale de Bayeux.

Il est aussi le commissaire de l’exposition exceptionnelle à l’hôtel Doyen de Bayeux. Elle retrace l’histoire du reporter de guerre de 1853 à aujourd’hui et séparé en sept grands chapitres. « C’est une commande du Prix-Bayeux. Cette exposition raconte à la fois une histoire et des histoires », décrit Adrien Jaulmes. On y découvre ou redécouvre des portraits des journalistes comme Ernest Hemingway, Nick Ut ou plus récemment la famille Chauvel, dont la passion du reporter de guerre s’est transmise de père en fils. Le matériel de Patrick Chauvel, jury de cette 25e édition, est d’ailleurs visible à l’hôtel Doyen.

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Une caméra datant de 1932 entouré des appareils photos d’époque dans l’exposition, raconter la guerre.

« Grâce au soutien de l’ECPAD, la branche audiovisuelle de l’armée, nous avons pu avoir accès à des archives monumentales. Des chercheurs, des documentalistes et des journalistes nous ont prêté du vieux matériel », se félicite Raeshel Isolda, documentaliste de l’exposition. Parmi les autres pièces remarquables, on y trouve un jeu d’échecs fabriqué avec de l’emballage de fromage et un coupe-ongle par le journaliste Édouard Elias et Didier François alors qu’ils étaient retenus en otage en Syrie.

Car le Prix-Bayeux, ce sont aussi des expositions photo et vidéos sur les conflits actuels pris par des reporters de guerre parfois au péril de leur vie. C’est le cas du journaliste de l’AFP Shah Marai à qui le musée de la Bataille de Normandie lui consacre une exposition. Des clichés saisissants, poignants, mais terriblement descriptifs de la situation en Afghanistan. Un mur de messages est affiché à côté de ses plus belles photos. Selon RSF, plus de 30 journalistes ont été tués dans le monde en 2018. Une stèle pour leur rendre hommage sera inaugurée jeudi à 17h30 en présence de quelques familles de victimes.

D’autres expositions sont nichés dans le cœur de la ville. C’est le cas pour l’exposition « Please Slow Freedom » de l’agence photo NOOR, qui propose de revenir sur les quinze ans du conflit irakien. À travers une balade dans le centre calme de Bayeux, surgissent des clichés très sombres sur la guerre irakienne et ses conséquences. Une prise de conscience immédiate, tout comme la crise des réfugiés congolais et l’exposition des photos de Colin Delfosse et Michel Sibiloni, consacrée aux camps installés à la frontière congolaise au Musée d’Art et d’Histoire Baron Gérard. Enfin, l’exposition « Yémen, la guerre loin des yeux » à la tapisserie de Bayeux, revient sur trois ans de conflit avec l’Arabie Saoudite et sa coalition, peu couverte par les médias. Là encore des images intenses et choquantes. Cette exposition sur le Yémen s’accompagne d’une soirée au Pavillon central le vendredi à 21h, animée par Jean-Philippe Rémy, journaliste au quotidien Le Monde.

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L’exposition Noor au cœur de la ville de Bayeux.

Parmi les reportages sélectionnés, aucun conflit n’est épargné. La lutte contre Daech et le Yémen bien sûr, mais aussi le Vénézuéla, Le Mexique, le Soudan, la Somalie, la crise des Rohingyas… la liste des guerres couvertes s’avère plus diverse que l’an passé. La remise des prix de samedi à 18h30 place Gauquelin-Despaillères et rendra compte de la situation pour chacun de ces conflits. L’intégralité des documentaires et des photos sélectionnés est consultable à l’espace Saint-Patrice de Bayeux. Un jury composé de 47 journalistes et présidé par Christiane Amanpour, cheffe du service international de CNN, départagera les candidats.

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L’exposition sur les réfugiés congolais au MHB avec les photos de Colin Delfosse et Michele Sibiloni

En plus des expositions et de la remise des prix, plusieurs rencontres sont proposées à l’issue des soirées cinémas. Notamment une projection du film « Libye, Anatomie d’un crime » suivi d’un échange avec Cécile Allegra, la réalisatrice, et Céline Bardet, juriste spécialisée dans les crimes de guerre. Diffusion en avant-première ce mercredi 10 octobre. Ce film raconte le témoignage victime de viol. En Libye, ce sont surtout les hommes qui sont touchés.

« On se retrouve vraiment de l’autre côté du miroir »

Enfin, un salon du livre et des échanges avec les auteurs sera ouvert le samedi 13 octobre. Le dimanche quatre documentaires seront projetés au Pavillon de 10h à 18h. En plus du lauréat décerné la veille, des films au cœur de Daech et sur l’instabilité politique et économique du Congo seront aussi projetés. Ces films seront suivis par des questions avec les réalisateurs. Cette semaine bien chargée se conclura par un documentaire sur la journaliste Marie Colvin, tuée en Syrie après un bombardement. Elle était entrée avec le photographe Paul Conroy qui donnera une conférence à l’issue de la projection.

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L’exposition Noor au cœur de la ville de Bayeux.

La première récompense de la semaine a d’ores et déjà été décernée. Il s’agit du prix des lycéens qui ont élu, lundi, la photo de Franck Fife sur Kylian Mbappé après sa victoire à la Coupe du Monde.

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Le cliché de Franck Fife élu photo AFP de l’année par un jury de collégiens.

L’après Daech récompensé

Au terme d’une soirée de plus de 2 heures, les prix ont été remis à des journalistes correspondants de guerre après concertation du jury ou par un vote du public ou des Bayeusains. Presque tous les conflits du monde ont été récompensés, preuve que à nouveau, aucun n’a été oublié.

Nicolas Bertrand (France 2) : « Il faut continuer à parler des Rohingyas. Le conflit n’est pas terminé, loin de là ».

A noter que sur les dix prix remis « seulement » trois ont été attribué à un ou une journaliste ayant couvert la guerre en Syrie. Parmi eux, deux traitent de l’après Daech. C’est à dire le retour des femmes des soldats de Daech ou les enfants enrôlés de force ou volontairement. « On ne sait toujours pas comment on va prendre en charge ces gens là quand ils rentreront en Europe » indique la journaliste Stéphanie Pérez auteure du reportage « Les lionceaux du califat, une bombe à retardement ? » et lauréate du prix télévision des lycéens lors de la remise du trophée.

Prix Bayeux, les résultats :

Photo :

Trophée photo : Mahmud Hams (AFP) « Clashes on Gaza’s border », Palestine

Jeune reporter : Mushfiqul Alam (journaliste freelance) « The Great Exodus », Bangladesh.

Prix du public : Paula Bronstein (Getty Image) « The Rohingyas Crisis a harrowing Journey » , Bangladesh.

PRIX BAYEUX 2018
L’une des photos élue Prix Bayeux 2018 de Mahmud Hams (AFP).

Télévision :

Trophée Télévision : Nima Elbagir, Alex Platt, Raja Razek (CNN) « Une vente aux enchères d’esclaves en Libye », Libye.

Prix des lycéens : Stéphanie Pérez, Nicolas Auer et Laetitia Niro (France 2) « Les lionceaux du Califat : des bombes à retardement ? », Irak.

Prix de l’image vidéo : Darren Conway (BBC) « La guerre des drogues au Mexique », Mexique.

Prix Télévision grand format : Nicolas Bertrand et Thomas Donzel (France 2) « Rohingyas: les damnés de la Birmanie », Bangladesh.

Presse écrite : 
Trophée Presse écrite : Kenneth R. Rosen (The Atavist Magazine) « Mercenaires du diable », Irak
Prix Jean Marin : Jean-Philippe Rémy (Le Monde) « Le Yémen en Guerre », Le Monde.
Radio :
Trophée Radio : Gwendoline Debono (Europe 1) « Ni prisonnières, ni réfugiées : femmes djihadistes en Syrie », Syrie.

Expositions à Bayeux du 8 octobre au 4 novembre (entrées libres) :

Raconter la guerre : Hôtel Doyen (de 10 à 12h30 et de 14h à 18h); Yémen, la guerre loin des yeux : Tapisserie de Bayeux (de 10h à 12h30 et de 14h à 18h); Vénézuéla : la chute d’un rêve : Espace d’art actuel Le Radar. (De 14h30 à 18h30); République Démocratique du Congo : la crise de l’ombre : MAHB (de 10h à 12h30 et de 14hà 18h); Afghan Lives : Musée Mémorial de la Bataille de Normandie. (de 10 à 12h30 et de 14h à 18h); Afghanistan : Au royaume des insoumis : Espace Culturel E.Leclerc. (de 9h à 20h)

Attention, certaines expositions peuvent troubler les personnes sensibles.

Séances cinéma (Pavillon, place Gauquelin-Despaillères, entrées libres) :

Libye Anatomie d’un crime : jeudi 11 octobre à 20h; lauréat de la catégorie grand format : dimanche 14 octobre à 10h; Daech dans le cerveau d’un monstre : dimanche 14 octobre à 10h45, This is Congo : dimanche 14 octobre à14h; Under the Wire :dimanche 14 octobre à 16h.

Table ronde et soirées débats (entrées libres) :

Rohingyas, aux racines de la crise : espace Saint-Patrice, organisée par Amnesty International, 18h; Le Yémen, une guerre à huis clos : pavillon Gauquelin-Despallières, animée par Eric Valmir (France Inter), Jean-Philippe Rémy (Le Monde), François-Xavier Trégan (France Culture), Linda Al Obahi, Laurent Bonnefoy (politologues); Lutte contre la désinformation sur la Syrie : Auditorium, animée par Derek Thomson (France 24).

Autres événements (entrées libres) :

Inauguration de la nouvelle stèle au Mémorial des reporters 2017/2018 : mémorial des reporters (boulevard Fabian Ware), jeudi 11 octobre à 17h.

Émission de France Inter en direct et en public de Un jour dans le monde et Le téléphone sonne présentée par Fabienne Sintes, jeudi 11 octobre de 18h15 à 20h à l’Hôtel Doyen.

Enregistrement de l’émission de France Culture en public de « Grands reportages » présentée par Aurélie Kieffer de 14h à 15h et diffusée à partir de 17h.

L’intégralité des événements du Prix-Bayeux est à retrouver sur le site prixbayeux.org.

UN PORT DE PLAISANCE EN PROJET A RENNES QUAI SAINT-CYR

Un port de plaisance pour péniches situé sur le quai Saint-Cyr est actuellement à l’étude par la Métropole de Rennes et la région Bretagne. Il devrait voir le jour avant 2030. Premières infos…

Comment réguler le trafic des péniches sur les eaux rennaises ? Mais aussi, comment attirer les touristes et leurs embarcations à s’arrêter sur les quais de Rennes afin d’y séjourner 1, 2 ou 3 jours, autrement dit d’y consommer… Une solution fait depuis plusieurs mois l’objet d’une étude détaillée. Il s’agit d’un port de plaisance situé quai Saint-Cyr à Rennes. Il est au coeur du projet intitulé « Schéma directeur pour la valorisation des voies navigables, l’animation des bords d’eau et le stationnement des bateaux à Rennes ».

quai saint cyr

Comme son nom complet l’indique, il s’inscrit dans l’animation des voies fluviales projetée par Rennes 2030. Mais aussi pour contrôler l’arrivée et le départ des péniches afin de favoriser une rotation plus fréquente. Une capitainerie avec une station de carburants pourrait être disponible au service d’un nombre d’anneaux qui serait augmenté eu égard à l’existant. “C’est un projet prématuré et en cours d’étude. Il encore trop tôt pour l’évoquer et en dire plus” conclut-on à la communication de la région Bretagne. Côté Rennes Métropole, la réserve est tout autant de rigueur. À suivre, au fil de l’eau…

ATELIER 7 ET CIE, STUDIO PHOTO ET GALERIE EXPO A RENNES

À la fois studio photo et espace d’exposition, l’Atelier 7 & Cie conçu par Clotilde Audroing-Philippe vient d’ouvrir à Rennes au 7 rue des Fossés. L’Atelier 7 & Cie invite les Rennais à une première exposition intitulée Jahkarlo Saint-Louis du Sénégal. Dépaysement haut en couleur. Entrez en notre compagnie dans ce nouvel atelier-concept artistique. Sa particularité : être disponible à la location pour les photographes, amateurs ou confirmés.

Les adeptes rennais de l’art photographique s’étaient donné rendez-vous rue des Fossés vendredi 5 octobre afin d’y découvrir l’Atelier 7 & Cie de la photographe Clotilde Audroing-Philippe. « On ne sait jamais combien de personnes vont être présentes », explique Clotilde, dont les craintes ont été vite dissipées par la foule qui a convergé dès 18h vers le joli espace de 30 m2 sis rue des Fossés.

atelier 7 cie rennes

Un espace d’exposition et un studio photographique à des tarifs tout doux

Passionnée de photographie, cette ancienne responsable administrative financière s’est un jour jetée à l’eau afin de se consacrer à plein temps au 8e art. « Cette reconversion professionnelle est arrivée à un âge où l’on a envie de penser à soi et de consacrer son énergie à une activité qui nous plaît réellement ». Une activité encore jeune, mais qui a déjà porté ses fruits dans le secteur de la photographie d’entreprise. « Je dois avoir une bonne étoile, des clients m’ont tout de suite fait confiance et m’ont fait travailler ».

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L’Atelier 7 & Cie est situé 7, rue des Fossés

Avec des cimaises à l’éclairage adapté, une hauteur sous plafond de 3m et un accrochage a minima de 25 photographies (format 40*50 cm), l’ancienne boutique à la devanture grise est devenue un espace d’exposition et un studio photographique disponible à la location pour les photographes professionnels et amateurs. « J’ai pu constater qu’il y a bien peu de lieux d’exposition dans le pays rennais à destination des photographes, tous genres confondus. »

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Au lieu d’exposer dans des bars, restaurants ou lieux publics (comme les maisons de quartiers) – dont les horaires peuvent être contraignants –, Clotilde Audroing-Philippe propose aux artistes amateurs et confirmés un espace de 30 m2 avec une grille tarifaire de lancement des plus attractives : 30€ TTC une semaine de location (au lieu de 40€ TTC), 40€ les deux semaines !

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La singularité du concept répond bien à la dynamique artistique de Rennes. « Connaissant ce manque d’espace disponible pour les expositions photo, j’ai également pensé à un lieu qui ressemblerait à un local de coworking. D’autant que j’ai à disposition du matériel photo que je n’utilise que rarement, notamment du matériel de studio. Pourquoi pas le proposer aux autres photographes qui recherchent souvent des endroits pour pratiquer la photo ? ». Tous les après-midi du mercredi au samedi, l’espace sera réservé aux expositions et les autres jours dédiés à la location du studio photographique (plutôt adapté pour des séances « portrait » ou du packshot). Sa location, par tranche de 2 heures, est facturée seulement… 60€ (soit 30€/h). (À savoir, le studio est loué équipé de spots Bowens 500R et de fonds.)

atelier 7 & cie rennes

« L’idée est de privilégier la photographie et de varier les exposants de façon à ce que l’atelier se renouvelle constamment ». Animaux, paysages, rues, voyages ou photoreportages, l’Atelier 7 & Cie alternera les photographes et les sujets afin de faire connaître les différents genres photographiques et proposera également quelques expositions issues d’autres médiums (peinture, infographie, dessins…).

senegal expo photo

Une première exposition personnelle éclatante de couleurs !

Pour l’inauguration, les murs gris anthracite et blanc de l’Atelier 7 & Cie ont accueilli une série conçue par la photographe herself. « Cette galerie sert aussi de vitrine à mon travail. Cette première exposition est proposée dans le cadre des Photomnales de la Société Photographique de Rennes et se poursuit jusqu’à fin octobre ». Une première série dont la petite sœur (qui se concentre sur une autre partie de son voyage, la Mauritanie) sera exposée au mois de décembre à la Maison Internationale de Rennes.

Clotilde Audroing-Philippe

Après avoir vécu cinq ans au Sénégal il y a près de trente ans, Clotilde Audroing-Philippe est retournée en 2018 sur les traces de son passé. Elle propose avec Jahkarlo Saint-Louis du Sénégal le nouveau regard qu’elle porte sur le pays africain trois décennies plus tard. « La maîtrise des techniques de la photographie peu à peu acquise, j’ai décidé de réaliser un travail à la fois personnel et artistique. Beaucoup de gens m’ont conseillé et soutenu dans ce projet qui est un aboutissement. »

Des pêcheurs sur un bateau, un graff sous un ciel bleu éclatant, des portes et fenêtres d’habitations aux murs parfois défraîchis… Quel que soit le sujet ou le point de vue, une explosion de couleurs retient l’œil dés l’entrée de galerie. « J’ai beaucoup de mal à travailler le noir et blanc, je suis passionnée par les couleurs. Elles sont au service de la vie – résume-t-elle entre deux salutations le jour de l’inauguration. »

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En somme, la couleur illumine le cliché, dévoile la vie et la beauté cachée derrière la pauvreté apparente. « Il faut toujours chercher la beauté, l’espoir et les forces de vie » conclue-t-elle un sourire radieux aux lèvres.

atelier7 & cie rennes

Les prochaines expositions de l’Atelier 7 & Cie sont déjà bouclées jusqu’à mi-2019 (voir le programme plus bas). Mais la suite de cette histoire de l’Atelier 7 & Cie reste à écrire. Lecteurs férus de photo, n’hésitez pas à y participer… C’est ainsi en bonne compagnie !

Tarifs :

  • Tarifs de lancement pour toute réservation réalisée avant le 30/10/18 : 30 euros TTC pour une semaine (soit 4 après-midi) au lieu de 40 euros TTC (tarif normal), et 40 euros TTC les 2 semaines consécutives (soit 8 après-midi maximum) au lieu de 60 euros TTC (tarif normal), comprenant une permanence sur place obligatoire de l’auteur sur 2 après-midi / semaine.
  • Possibilité de location en soirée (vernissage, exposition nocturne…) : 25 euros TTC au lieu de 35 euros TTC (tarif normal) pour une tranche horaire de 19h à 22h.

Infos pratiques :

Horaires d’ouverture des expositions : mercredi, jeudi, vendredi et samedi de 14h30 à 19h (possibilité d’horaires complémentaires selon disponibilités du lieu – À voir au moment de la location)

Clotilde Audroing
Atelier 7 & Cie
7 rue des Fossés
Rennes

Contact et réservation : atelier7etcie@gmail.com
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– Du 1er au 27 octobre, les murs accueilleront « Jahkarlo St Louis du Sénégal », expo proposée par Clotilde Audroing-Philippe (Clo colours photo).

– Du 28 octobre au 10 novembre, plongée dans l’ambiance d’un des évènements les plus marquants de cet été avec la série « Liesse » de Jean-Pascal Charbonnier (DjiPicharb Charb).

– Du 11 au 17 novembre, Virginie de Forville (VirgilledDe Brétillie) et Sabine Dubus (Bine Blogde) transporteront les Rennais dans un monde onirique avec leur série photographique « Urbex fabula ».

– Du 18 novembre au 1er décembre, l’Atelier accueillera, le travail tout en jeu de reflets et de transparence sur les Jardins du Thabor, « La forme du regard » de Jacques Beun.

– Puis du 2 au 15 décembre, Didier Gautier Photographe nous proposera sa série photographique « Métro, boulot, Photo ».

atelier 7 rennes
Clotilde Audroin-Philippe vous ouvre les portes de l’Atelier 7 & Cie

– L’année se terminera par une vente éphémère d’œuvres proposées par 4 artistes féminines du 16 au 24 décembre pour finaliser les cadeaux…

 

ISABELLE DESESQUELLES L’ART DE CONJUGUER L’AMOUR ET L’ABSENCE

Clémence est une petite fille qui semble s’épanouir au sein de ses parents. La petite fille idéale, calme, gentille, en totale fusion avec son père, bonne copine avec sa maman. Même si on brocarde parfois sa rousseur, elle s’en moque, elle vit son enfance à l’aise avec des parents un peu fantaisistes qui s’entendent bien et qui l’aiment d’un amour simple, mais profond. Clémence est un peu rêveuse, mais elle goûte son innocence jusqu’au bout de ce qu’autorise le temps trop court de l’enfance, Mais tout à coup …

« Leur mensonge préféré aux parents, ils viennent le soir vous dire au revoir, on est à moitié endormi et eux vous murmurent je serai toujours là, mon délice, mon ange de la joie douce, merveille de l’amour enchanté, ils caressent votre front, que ça rentre bien dans votre tête. Ce doit être pour cela que ça fait si mal le jour où ce n’est plus vrai, où la main d’un père ou d’une mère ne se posera plus sur le front d’un enfant que l’on n’est plus depuis longtemps. Et si cela arrive vraiment trop tôt, on est fauché net. On peut mourir et vivre longtemps. »

… ce bonheur qui semble constant se trouve entaché. À jamais. Que s’est-il donc passé dans l’enfance de cette gamine attachante pour que son destin et du coup celui de ses parents bascule ? Le pire semble toujours à venir… Peut-être… Certainement.

Desesquelles

Avec une poésie constante, au cœur même d’un drame qui touche plus d’une famille autour de chacun d’entre nous, Isabelle Desesquelles nous emmène visiter les vaisseaux du cœur de ces trois-là, de ces trois personnes attachantes, des parents, leur enfant. Unique. Page après page, on prend conscience combien le Bonheur est parfois illusoire, combien les liens qui unissent sont fragiles et forts à la fois. Combien le souvenir est important et fort même quand tout vacille, même quand on pense que tout est perdu.
Par son omniprésence, Clémence tient ses parents debout, vivants, quand on les devinerait totalement à terre.

Et si la vie triomphait parfois de la mort ? Je voudrais que la nuit me prenne est un roman d’une force tellurique, qui bouleverse par la puissance des émotions qu’il dégage.

Je voudrais que la nuit me prenne un roman d’Isabelle Desesquelles. Éditions Belfond. 205 pages. Parution : août 2018. 18,00 €

Couverture : © Anton Lenoir – Image de couverture © Julia Margaret Cameron
Photo Isabelle Desesquelles © DR

https://www.youtube.com/watch?v=lOWtNo0GtW8

 

GLOBAL GRIOT D’ERIC BIBB, PASSEUR ET CITOYEN DU MONDE

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Né en 1951 à New York, Eric Bibb poursuit une carrière musicale qui dure maintenant depuis près de 50 ans. À travers plusieurs albums, dont de nombreux parus sur les labels Stony Plain Records et DixieFrog, il s’est mis un point d’honneur à exploiter les traditions du blues et de la musique folk. Cela ne l’a pas empêché de réaliser des collaborations à l’international, ce qu’il fit notamment en 2012 avec l’album Brothers in Bamako, en compagnie du musicien malien Habib Koité. C’est dans la continuité de cette démarche qu’il nous propose Global Griot, dont la sortie est prévue le 26 octobre prochain.

ERIC BIBB, GLOBAL GRIOT
Photo : source Twitter

Le chanteur et guitariste américain Eric Bibb est ce qu’on peut appeler un enfant de la balle. Fils de Leon Bibb, musicien et chanteur de folk renommé durant les années 60, il reçut sa première guitare à l’âge de 7 ans. C’est vers 11 ans qu’il commença à travailler son style, recevant au passage les conseils d’un ami de sa famille qui allait devenir la figure de proue du revival folk : Bob Dylan. Si sa carrière discographique commença en 1972, c’est en 1994 qu’il se fera connaître du grand public avec son premier album, Spirit and The Blues, suivi en 1997 de Good Stuff.

Même s’il est surtout connu comme chanteur de blues, la démarche d’Eric Bibb ne saurait pourtant se réduire à l’étiquette habituelle qui colle à la peau des bluesmen généralement dépeints comme mélancoliques, désespérés ou fatalistes. En effet, Eric Bibb exprime généralement un caractère placide qu’on peut également retrouver chez certaines personnalités comme Big Ron Hunter, lequel est considéré comme « le bluesman le plus gai du monde ». Il démontre surtout une philanthropie qui l’incite à aller à la rencontre d’autres cultures musicales. Cette démarche, qu’il décrit lui-même comme héritée du célèbre bluesman Taj Mahal, l’a ainsi mené à collaborer avec le musicien malien Habib Koité, qu’il a rencontré lors d’un de ses concerts à Calgary à la fin des années 90. Avec lui, il publia en 2012 un album commun, Brothers in Bamako. Lui réitérant l’invitation, il a également décidé d’aller plus loin et de partager sa musique avec celle de griots et de musiciens venus d’Afrique de l’Ouest. Ainsi fut le point de départ de son dernier album, qui est sans doute l’un des plus collectifs qu’il ait réalisé : Global Griot.

 

Le titre même de cet opus en dit long sur la manière avec laquelle Eric Bibb considère son art. Le terme « griot » renvoie effectivement à des musiciens et des interprètes d’Afrique de l’Ouest dont le répertoire, constitué en grande partie de contes et de chants traditionnels, est transmis de façon orale de génération en génération. À sa manière, la démarche d’Eric Bibb apparaît comme étant semblable à celle des griots, à travers sa réinterprétation personnelle des esthétiques du blues, des spirituals, des work songs et des musiques folk, constitutives du folklore américain. On ressent effectivement l’influence très forte de ces répertoires dans la composition de certaines chansons de cet album.

En premier lieu, on retrouve dans certaines chansons certains des éléments les plus emblématiques des esthétiques du blues rural : des motifs en ostinato lancinants et un jeu en slide, réalisé dans la chanson Human river par Staffan Astner, ou encore un rythme syncopé, très marqué par Eric Bibb à la guitare dans Brazos River Blues. De même, la construction des parties vocales d’Eric Bibb, dans sa gestion des montées et des descentes mélodiques, évoque immédiatement celles des bluesmen. Cet album contient, en outre, une reprise passionnée de la chanson de Big Bill Broonzy Black, Brown & White, qu’Eric Bibb interprète avec le bluesman canadien Harrison Kennedy. Contrairement à la version acoustique originale, les deux musiciens la revisitent dans le style du blues urbain, autrefois popularisé par John Lee Hooker et Muddy Waters et porté ici par une ligne de basse boogie woogie accentuée. Dénonçant à l’origine le racisme engendré par la ségrégation raciale, c’est l’une des chansons qui expriment le mieux certaines inquiétudes qui agitent Eric Bibb. Il les exprime également dans ses compositions Wherza Money At, au titre on ne peut plus explicite, et What’s He Gonna Say Today, pamphlet désignant clairement le président américain. Citons également le jeu à la guitare électrique de Staffan Astner, dont les subtiles interventions mélodiques peuvent parfois évoquer celles de Tony Joe White ou encore Mark Knopfler.

D’autres éléments exploités par Eric Bibb témoignent d’une influence certaine des spirituals et des esthétiques folk. Sa vocalité même, généralement apaisée, au timbre doux et au beau vibrato, évoque celle des chanteurs de spirituals et de gospel. C’est notamment ce qu’on remarque dans des chansons comme Send Me Your Jesus ou dans New Friends, qu’il chante en duo avec Linda Tillery, fondatrice du Cultural Heritage Choir. Il exploite également un jeu très maîtrisé de fingerpicking, procédé incontournable dans le jeu de guitare folk, qui apparaît notamment dans sa reprise du spiritual Michael, Row Da Boat Ashore. Cette chanson, écrite pendant la Guerre de Sécession, fut notamment réinterprétée pendant les années 60 par Pete Seeger et Harry Belafonte.

ERIC BIBB, GLOBAL GRIOT
Habib Koité et Eric Bibb (photo : Michel Debock)

Si les esthétiques du folklore américain furent déterminantes dans son éducation musicale, la production d’Eric Bibb ne saurait se réduire à ces seuls répertoires. En effet, d’autres éléments intégrés à ses chansons sont directement issus des pratiques musicales des griots ouest-africains qui ont partagé les sessions d’enregistrement avec lui. Cette association donne d’ailleurs lieu à des accompagnements instrumentaux qui font preuve d’une assez grande variété de timbres, même si elle est dominée en bonne partie par les instruments à cordes. En outre, l’association du son de la kora du griot Sekou Cissokho avec celui des guitares acoustiques d’Eric Bibb s’avère très harmonieuse, et ce dès la première chanson de l’album, Gathering of The Tribes. Quant aux rythmes intégrés à ces instrumentations, elles semblent présenter parfois des moments de polyrythmie, soit une interprétation simultanée de plusieurs rythmes d’accentuation différente. Il s’agit d’un élément qui occupe une place importante dans la plupart des traditions musicales ouest-africaines. Cet album inclut également la reprise de la chanson traditionnelle Mami Wata, à laquelle Eric Bibb a habilement mêlé l’un de ses propres morceaux, l’instrumental Sebastian’s Tune.

https://youtu.be/kLfAejjSqc4

De même, l’instrumentation de la chanson Grateful comporte des éléments qui se rapportent directement aux esthétiques du reggae : des skanks en contretemps marqués par Dalton Browne à la guitare électrique, appuyés par les interventions de Stephen Stewart à l’orgue et au piano. On retrouve les mêmes éléments dans Mole In The Ground, reprise d’une chanson folk dans laquelle Eric Bibb partage le micro avec Ken Boothe, interprète jamaïcain de reggae renommé. De plus, on retrouve également une certaine résonance de la musique funk, à travers le jeu en contretemps de Kwame Yeboah (aux solos économes, mais efficaces) à la guitare électrique et le jeu très mélodique à la basse par Glen Scott sur Wherza Money At.

ERIC BIBB, GLOBAL GRIOT
Source : Facebook

Avec Global Griot, Eric Bibb semble démontrer que ces réinterprétations du folklore américain et la pratique musicale des griots ouest-africains ont en commun le sens de la transmission et maintiennent des traditions anciennes qui restent aujourd’hui cohérentes. De même, les textes des chansons de l’artiste américain, pour la plupart co-composées par ses invités ou ses propres musiciens, résonnent comme autant d’invitations à la fraternité et aux échanges culturels, des valeurs toujours précieuses. Les manifestations de bonne humeur furent vraisemblablement indissociables de ces sessions de studio et témoignent de l’osmose qui a réuni Eric Bibb et ses invités. Preuve en est : la dernière chanson Needed Time, autre reprise d’une chanson folk américaine, se conclut par le rire bienveillant de Sekou Cissokho vraisemblablement adressé à Eric Bibb. De même, ce dernier a également pu compter sur son épouse Ulrika, également chanteuse, qui officiait comme choriste sur certains titres. La synthèse de tout cela : des bonnes vibrations et de l’amour avant toute chose…

ERIC BIBB, GLOBAL GRIOT
Artwork: Jean-Paul Pagnon

Le nouvel album d’Eric Bibb, « Global Griot » (DixieFrog) sortira le 26 octobre. Sa tournée européenne passera notamment à La Bouche D’Air de Nantes le 12 mars 2019.

JEU EPIQUE. LA HYPE FORTNITE EST TOUJOURS LA

Non ce n’est pas qu’une mode de passage. Plus d’un an après la sortie du jeu Fortnite, la sixième saison s’est ouverte depuis le 27 septembre. Son éditeur, Epic Games, a recensé aujourd’hui plus de 125 millions de joueurs dans le monde. Des équipes françaises sont constituées et une coupe du monde se prépare.

Vous en avez forcément entendu parler. Quelques jours suivant la sortie de sa sixième mise à jour signifiant la 6e saison, Fortnite compte toujours autant de fidèles. Ce qui aurait pu n’être qu’un phénomène de mode de quelques mois est en passe de devenir un jeu vidéo ancré dans l’histoire, s’adaptant parfaitement aux compétitions de sports sur console, autrement appelé, eSport.

Fortnite est un jeu de type Battle Royale. Ça ne vous dit rien ? Un jeu de tir où vous devez survivre à 100 autres joueurs sur une très grande carte afin d’être le dernier survivant. Vous ne possédez avec vous au départ qu’une pioche pour couper des arbres et détruire des maisons qui vous donneront des matériaux avec lesquelles vous pourrez construire des abris en cas d’attaque d’autres joueurs. Pour trouver de quoi vous défendre et vous soigner, il faut fouiller la carte, les maisons, les bunkers, les forêts…  » Ce jeu a la capacité de regrouper différents modes de jeux. Cela à un effet boule de neige, pour attirer un plus large public », explique Alexandre, joueur depuis plus d’un an.

FORTNITE BATTLE ROYALE

Martin, 13 ans : « Mes parents acceptent, car il n’y a pas de sang malgré les armes et surtout c’est un jeu gratuit.

Comme on peut le voir dans la bande-annonce de la saison 6, l’ambiance est cartoonesque. On est loin des caractéristiques sombres proposées par d’autres jeux de tir. Ce côté fun est revendiqué par l’éditeur lui-même qui souhaite attirer tous types de public. C’est pour cela que le jeu est très prisé des enfants; pas de sang, des danses amusantes, un bus volant pour lancer la partie, des armes classées, facilement reconnaissables et expliquées, etc. Si bien que le vocabulaire Fortnite est entré dans les conversations dans les cours de récré. « On s’échange nos techniques, on se prévoit des parties, on revient sur nos jeux… », décrit Martin, 13 ans.

FORTNITE
La popularité de ce jeu est aussi due à la multiplicité de ces supports (PS4, XBox One, PC, Switch, Mobile). Les joueurs ne possédant pas les mêmes consoles peuvent tout de même se retrouver en ligne.

François-Xavier : « Ce jeu apprend à persévérer, car il est très dur de gagner ».

Mais alors comment Epic Games a fait pour ne pas tomber dans un phénomène de mode éphémère ? En plus d’être gratuit, une des autres explications vient de la proximité avec sa communauté. L’éditeur fait très régulièrement des mises à jour pour augmenter la possibilité des armes et la carte. C’est la sixième grosse évolution en 14 mois; avec une histoire autour de cet univers si particulier : une météorite qui s’abat sur le monde, des villes qui se créent, qui se détruisent, chaque mise à jour relance la carte à certains endroits.

FORTNITE

Sa gratuité est aussi un fait rare dans le monde du jeu vidéo. « Nous ne proposerons pas à la vente d’objets qui offriront un avantage compétitif », indique Epic Games dans sa foire aux questions. Les seuls achats possibles sont des costumes pour le personnage et des goodies pour se mettre en avant par rapport aux autres joueurs. Des quêtes supplémentaires aident aussi le joueur à progresser plus vite dans les niveaux.

Mais étant donné que chaque niveau et chaque goodies reviennent à zéro chaque saison, le joueur se sent obligé d’acheter plus vite sinon il perd définitivement la possibilité d’avoir ces objets. Et ça marche ! Fortnite est le jeu le plus rentable du mois d’août 2018 sur console avec plus d’un milliard de dollars générés en un an.

Et le jeu a encore de belles heures devant elle. Car outre la capacité de la carte à constamment évoluer, une compétition mondiale est sur le point de débarquer.

Très attendue depuis de nombreux mois, une coupe du monde se jouera en 2019. Des séances de qualification ont déjà commencé en juillet 2018. La France est bien représentée avec la Team Vitality constituée le 31 août dernier. Si c’est l’une des équipes francophones les plus fortes, c’est surtout la plus populaire avec des joueurs comme Mikalow, Robi ou Gotaga. Ce dernier est d’ailleurs LA star du jeu Fortnite en France avec près de 2.7 millions d’abonnés sur YouTube. Cette coupe du monde est très attendue par ces joueurs professionnels, mais aussi par son public étant donné que les gains répartis pour ce tournoi sont considérables : 100 millions d’euros de prix. Rien que ça.

FORTNITE
Gotaga, alias Corentin Hussein, concourra avec Vitality lors de la coupe du monde en 2019.

C’est aussi ça la force de Fortnite : une rare capacité de liaison entre le joueur professionnel et le joueur amateur. Dans un jeu classique, il faut plusieurs heures de jeu pour monter de niveau et débloquer des armes bien plus fortes, déséquilibrant les parties entre le joueur régulier et le joueur occasionnel. « Chacun se projette à cette idée : il peut le faire, pourquoi pas moi ? », analyse Alexandre.

C’est par le réseau Twitch (plateforme de vidéo diffusant des parties en direct) que Fortnite trouve également son succès. « Avec la diffusion que propose le streaming, l’effet est démultiplié, car un novice peut voir ce qu’un pro peut faire », décrit Alexandre. En mars dernier, 100.000 viewers s’étaient rassemblés en direct devant une partie de Ninja, un des numéros 1 mondiaux du jeu. Une vrai hype, qui ne s’est pas démodé et qui, avec l’arrivée de la coupe du monde, ne se démodera pas de sitôt.

Fortnite, la saison 6, disponible sur PC, PS4, Xbox One, Nintendo Switch, Apple Store et Google Play.

MARINA DEDEYAN IMAGINE UNE BRETAGNE INDEPENDANTE DANS LES ANNEES 40

Au cœur de la Seconde Guerre mondiale, Marina Dédéyan raconte l’autre résistance, celle des indépendantistes bretons, à travers le regard de trois frères et une jeune Russe. Tant que se dresseront les pierres

MARINA DEDEYAN
1942. La Bretagne gronde. Et si l’indépendance devenait possible ?

Et si la Bretagne retrouvait son indépendance en 1944 ? Au départ de cette question uchronique, Marina Dédéyan décrit l’histoire de Véra Ostrovskaïa dans son nouveau roman Tant que se dresseront les pierres paru le 16 mai 2018. Elle arrive dans la demeure de la famille De Kermor afin de s’occuper du père, malade, en compagnie des trois frères : Henri, Denez et Goulven. Venue de Saint-Pétersbourg et Paris, elle va découvrir trois orientations autour de la revendication bretonne. Du plus indépendantiste au plus modéré, elle fait face à trois discours politiques différents qui va conduire Véra au cœur de la résistance bretonne.

Tant que se dresseront les pierres alterne entre éléments de fiction et éléments historiques. Les personnages et les groupes emblématiques de la résistance bretonne sont bien présents dans le roman comme le député et résistant Jean Quénette, dont les décisions sont au centre des discussions des trois frères De Kermor. De même, les mouvements de l’armée allemande sont bien réels et impactent véritablement l’histoire. Comme si l’histoire pouvait être réécrite.

Jean Quénette a été député de Bretagne sous Vichy et a activement contribué à la résistance française. Il a été longtemps recherché par la Gestapo.

Le roman Tant que se dresseront les pierres nous transporte au cœur du conflit avec un sentiment revanchard et indépendant. Le personnage russe de Véra s’imbrique parfaitement dans l’histoire. Bien qu’un peu long à se mettre en place, le roman va progressivement de rebondissement en rebondissement avant un final grandiose et inattendu. Pour les Bretons, les passionnés d’histoire et les autres curieux de la Seconde Guerre mondiale.

Si nous avions pu proclamer l’indépendance de la Bretagne en 1940, nous serions aujourd’hui un pays libre, préservé d’un conflit qui ne nous regarde pas.

MARINA DEDEYAN

Ce n’est pas la première fois que Marina Dédéyan utilise pour décor de ses romans la Bretagne. Née à Saint-Malo, elle a toujours lié histoire et Bretagne, à travers notamment deux ouvrages parallèles De tempête et d’espoir, Saint-Malo et De tempête et d’espoir, Pondichéry.

Marina Dédéyan Tant que se dresseront les pierres. Édition Plon. 557 pages. 21,90€.

LE FADA DE BOUSIEYAS, SIMPLE D’ESPRIT OU SIMPLEMENT DIFFERENT ?

Simple d’esprit… D’aucuns pourraient penser hâtivement que c’est un petit roman sympa, régional, qui se lit tranquillement sur le coin d’une table, un verre d’eau fraîche et gazeuse à portée de main, le chapeau de paille sur la tête en cette fin d’été… Que nenni ! Derrière Le Fada de Bousiéyas se cache un grand et beau roman comme on n’en a pas lu depuis des lustres.

Les gens ne sont pas gentils, ils n’aiment pas que l’on soit différent ni que l’on ne pense pas comme eux. Toi tu es différent, plus doux et tes idées dans ta tête ne suivent pas le même chemin, alors ils ne peuvent pas comprendre.

Un roman qui n’est pas sans rappeler la force d’auteurs, tels Giono, Clavel et l’immense Pagnol. On pourrait même penser parfois à quelques pages des Trois contes de Flaubert. Non ce n’est en rien exagéré, car Jean-Claude Lefebvre écrit avec une humanité à vous laisser le cul par terre, à vous laisser monter des émotions… C’est un roman qui fait du bien, c’est un roman qui transporte, c’est un roman qui change la vie, un roman dans lequel on communie sans cesse avec la nature. Et cela en l’espace de quelque 150 pages… On est ailleurs, au pays du réel comme de l’onirisme. Quel voyage, merci Monsieur !

FADA DES BOUSIEYAS

Jean-Noël, le fada de Bousiéyas, vient au monde chez des paysans de l’arrière-pays niçois, là-haut dans les montagnes où l’on parle encore le patois provençal. On est entre les deux guerres et le quotidien est rude, rythmé par les travaux agricoles, les saisons, les exigences des bêtes, la nature aussi belle que rugueuse. Jean-Noël n’est pas tout à fait comme les autres, un peu simplet peut-être, mais au grand cœur. Un cœur simple (Pour reprendre un titre de Flaubert). Un bon gars, un bon gaillard, grand musclé… Et qui subit les quolibets des autres gosses, toujours en quête de proies, chacun sait combien les minots peuvent être cruels, les filles venimeuses parfois. Mais heureusement, Jean-Noël est entouré de parents aimants, taiseux, mais aimants, d’une famille soudée, d’un parrain hors pair… d’un cousin complice…

simple d'esprit le fada

Au fil du temps, le garçon va se construire ainsi, entre l’amour des siens et les méchancetés des autres. Mais même s’il se montre timide, il s’élève au cœur de la nature, sensible à tous les éléments et aux animaux, dont Néan, son âne, son meilleur compagnon.

Avec son père, Jean, il apprend le métier de muletier ; avec son oncle et parrain, il apprend celui de charpentier ; celui de bûcheron, avec sa mère, il apprend la douceur, la tendresse. Devenu un homme, il va découvrir aussi les premiers émois, l’amour en la personne de Marie, une ébréchée de l’existence tout comme lui. Ils vont se rapprocher, se découvrir, se comprendre et s’aimer, à la folie. Pas du tout ??? Mais si si parce que, que vaudrait la vie sans amour ? Et puis il y aura le temps, le temps qui use, le temps avec son lot d’épreuves, de désillusions, de pardons, le temps des disparitions, le temps des chagrins, de ceux dont on met du temps à se relever… Quand on s’en relève…

Un roman bouleversant !

Simple d’esprit, le fada de Bousiéyas de Jean-Claude Lefebvre. Éditions La Trace. 160 pages. 18,00 €. Mai 2018.

Couverture : © La Trace – Photo auteur © DR

L’auteur : Jean-Claude LEFEBVRE

Après Barnabé, Le vieux fou, Insomnies et Ils m’appelaient Doctor John, Jean-Claude Lefebvre revient dans ses montagnes pour se mettre dans la peau de Simple d’esprit, le Fada de Bousiéyas dont les idées frissonnent dans la tête comme les petites pensées sauvages au vent des alpages.

Jean-Claude Lefebvre est aussi médecin à la retraite, pas toujours à la retraite… avec des missions pour MSF en Syrie, en Libye et en Afrique.

RENNES STREET-ART. SEMA LAO COLORE LES MURS DE VILLEJEAN

Jusqu’au jeudi 11 octobre 2018, riverains et promeneurs pourront admirer la street-artist Sêma Lao à l’œuvre dans le quartier de Villejean à Rennes. Elle recouvrira de ses compositions les halls 10 à 22 de la rue du Bourbonnais. Les grands portraits de la Corrézienne sont destinés à mettre de la couleur dans un quartier à l’image terne et à égayer le passage des habitants des immeubles. Un projet enthousiasmant. Des créations permanentes qu’Unidivers vous présente en article et en vidéo.

Autonome de A à Z

« Tous les passants nous demandent si c’est la mairie qui chapeaute ça », remarque Sêma Lao, avant que Cécile Magois ne nous explique la genèse du projet. Cécile Magois est gestionnaire de copropriété pour LMH, une société syndic de copropriété à qui le Conseil Syndical [C.S] de l’immeuble confie la gestion du bâtiment. En clair, Cécile est en charge des parties communes de l’immeuble (ménage, poubelles, chauffage, ascenseur, etc.). Lorsque le C.S – composé de propriétaires de l’immeuble – a émis l’idée de repeindre les murs des halls, Cécile s’est mise en chasse de l’artiste qui ferait l’affaire.

sêma lao street art villejean

« Ils voulaient essayer d’égayer les halls. Nettoyer et repeindre n’était pas suffisant. L’idée est venue de faire des graffitis. » C’est alors que Cécile rencontre la jeune street-artist Sêma Lao au Circuit des Têtes de l’Art, rendez-vous automnal rennais. Elle fait immédiatement le lien avec la demande du Conseil Syndical de la rue du Bourbonnais et leur présente l’artiste via son site internet. Le C.S ne boude pas son envie de collaborer. Sema leur fait une proposition financière. Elle est acceptée. Cécile nous confie sa joie face à un tel projet « C’est la première fois en 8 ans que je fais ça. Ça donnera peut-être des idées à d’autres immeubles ». Six halls de l’immeuble sur sept sont concernés par cette action, avec trois murs à remplir dans chacun d’eux, soit 18 œuvres au total à réaliser en 10 jours. Pas de quoi impressionner Sema, force tranquille.

sema lao street art

« Ce qui a déclenché la mise en place du projet, c’est son univers »

« J’aime beaucoup peindre dans les quartiers, même sensibles. Ici les gens sont réceptifs à l’art. Ça transforme leur quartier, ils en sont heureux » raconte l’artiste, qui n’en est pas à son coup d’essai. Et pour cause de ce bon accueil, il faut admettre que ses graffitis ont cette capacité de bouleverser la géométrie d’un lieu. Ses grands portraits aux couleurs vives, ses visages de femmes, d’enfants, d’animaux majestueux confèrent un pouvoir fascinant aux murs habituellement gris ou couverts de quelques mornes tags. De quoi voyager un peu. Les réactions ne se font pas attendre, chacun à sa façon. Le facteur répond du tac au tac : « C’est juste magnifique ». Awen, étudiant locataire au-dessus du hall n° 14 lance simplement : « C’est stylé. ». L’artiste travaille vite, à raison de deux ou trois portraits par jour. De quoi faire perdre leurs repères à certains habitants, quittant un hall gris dans la matinée, le retrouvant le soir même orné d’un grand faciès de lion multicolore. Sema en sourit : « Les voisins sont très curieux. Ils viennent me demander : qu’est-ce qu’on va avoir chez nous ? »

Sema Lao

Par delà la performance artistique remarquable, cette action soulève des constats et des questionnements. Tout d’abord elle interroge le pouvoir de chacun d’influer sur son environnement et sur le quotidien d’un lieu. La possibilité laissée (ou non) à une communauté de personnes de définir elle-même l’aspect de son chez-soi, lorsqu’il est partagé. Pour un propriétaire, ce n’est pas tant comme une dépense qu’une telle action pourrait être vue, mais comme un véritable investissement. Car un jardin partagé, un hall propre et coloré ou encore un lieu de vie commun pour les habitants, au-delà d’offrir un confort de vie à ces derniers, sont autant de manières d’apporter une plus-value au bien immobilier, qu’il soit à habiter, à louer ou à vendre.

sêma lao street art rennes

Cette action questionne aussi le degré d’impact de l’environnement sur l’individu. Les réactions chaleureuses des habitants permettent l’optimisme, mais passée la période d’acclimatation, y a-t-il un réel effet positif sur la vie du quartier ? C’est ce qu’il faudra suivre. Car comme le clame le slameur-écrivain Abd Al Malik au sujet des HLM, « Ce n’est pas repeindre les murs qu’il faut, mais mettre la lumière dans les êtres ». Pour l’heure, c’est l’aboutissement d’une belle collaboration autonome, au résultat vibrant.

Sêma Lao présente ses oeuvres jusqu’au 11 octobre 2018. 10 au 22 rue du Bourbonnais, Villejean à Rennes.

#lesmursdubourbonnais

#lmhimmobilier

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MOBILISATION NATIONALE POUR SAUVER L’AQUARIUS ET LE SAUVETAGE EN MER

Un appel à mobilisation citoyenne pour « sauver l’Aquarius et le sauvetage en mer » le samedi 6 octobre à 14h30.

> Paris : Place de la République
> Marseille : Vieux-Port – Place Gabriel Péri
> Nantes : Square Jean-Baptiste Daviais
> Montpellier : Place de la Comédie
> Brest : Place de la Liberté
> Bordeaux : Place Pey Berland
> Quimper : Place Terre aux Ducs
> Morlaix : Place des Otages
> Concarneau : Place du 8 mai 1945
> Lyon : Place de la République
> Toulouse : Place Saint-Pierre
> Grenoble : Esplanade Alain Le Rey
> Saint Etienne : Place Jean-Jaurès
> Rennes : Place de la République
> Mouans-Sartoux : Cinéma La Strada

Mais aussi des rassemblements organisés par d’autres associations ou collectifs : > Amiens : Place de la Maison de la Culture à 14h30
> Biarritz : Devant la grande plage à 14h30
> Lille : Place de la République à 14h30
> Saint-Nazaire : à venir à 16h
> Mende : Marches de la cathédrale, Place Urbain V. à 10h30
> Nyons : Place de la Libération à 14h30

> Nîmes : à venir à 14h30
> Vignan (30) : à venir à 10h30
> Auxerre : Place de l’Hôtel de Ville à 15h
> Orléans : Place du Martroi à 14h30
> Ajaccio : devant la Préfecture à 18h

Contexte de cet appel : attaques sur l’Aquarius et le sauvetage en mer
– Criminalisation des ONG de sauvetage depuis l’été 2017 : saisie du navire allemand Jugend Rettet en Italie, poursuites sur des ONG ; en 2018 : saisie du navire Lifeline et de SeaWatch 3 à Malte, poursuites contre ProActiva en Italie…
– SOS MED : fermeture des ports italiens à l’Aquarius depuis le 10 juin 2018, attaques sur le pavillon en août par Gibraltar puis en septembre par Panama. L’Aquarius risque de se voir radier du registre du pavillon de Panama lorsqu’il sera à quai (tant qu’il est en mer, il bat toujours pavillon panaméen).
– Aspects politiques de ces attaques ont été confirmés par les autorités de Panama qui ont évoqué par écrit les pressions émanant des autorités italiennes.
– SOS MED est un mouvement citoyen, appelle les États européens à prendre leurs responsabilités d’États
– Notre légitimité = en appeler aux citoyens qui ont créé SOS MED pour sauver l’Aquarius et le sauvetage en mer.

L’appel à mobilisation : une pétition et un appel à manifester
– L’Aquarius était le seul navire de sauvetage qui restait présent en Méditerranée, il faut qu’il reparte exercer sa mission le plus vite possible. Des milliers de vies sont en jeu.
– L’appel à mobilisation de SOS MED passe par une pétition européenne et un appel au
rassemblement citoyen, ce samedi 6 octobre dans toute la France et en Europe. Les messages en sont simples : « Sauvons l’Aquarius et le sauvetage en mer ».

LA PÉTITION
– Vendredi dernier, SOS MÉDITERRANÉE a lancé une pétition « Sauvons l’Aquarius et le sauvetage en mer », qui a déjà recueilli plus de 100.000 signatures. Cette pétition est la preuve que beaucoup de citoyens se retrouvent derrière le message simple de SOS MED : « on ne peut pas laisser une personne se noyer sans lui tendre la main. Le devoir d’assistance est un impératif légal et moral ».
À travers cette pétition, nous demandons aux États européens :
1. De prendre toutes les mesures pour permettre à l’Aquarius de reprendre sa mission de sauvetage le plus rapidement possible ; notamment en permettant à l’Aquarius de retrouver un pavillon, en faisant pression sur Panama, en offrant un pavillon européen ou en faisant en sorte qu’il puisse obtenir le pavillon d’un autre pays

2. De faire respecter le devoir d’assistance aux personnes en détresse en mer; notamment en dénonçant les manœuvres visant à criminaliser les sauveteurs et travailleurs humanitaires, et en faisant stopper ces pratiques
3. D’assumer leurs responsabilités étatiques en établissant un véritable modèle de sauvetage en Méditerranée. Pour sauver des vies, il faut mettre en place une flotte de sauvetage adéquate et suffisante pour faire face aux besoins, mais il faut aussi établir un mécanisme européen prévisible et pérenne, pour le débarquement des rescapés dans un port sûr.

L’APPEL A MANIFESTER
– SOS MÉDITERRANÉE appelle à des rassemblements citoyens Samedi 6 octobre en
Europe et dans toute la France pour porter ces messages.
Nous invitons les citoyens, où qu’ils soient, à former une vague citoyenne orange, aux couleurs des gilets, des bouées de sauvetage et de l’Aquarius, afin de soutenir les valeurs d’humanité portées par SOS MÉDITERRANÉE et MSF.
– QUI ?
Absolument tout le monde ! Nous appelons tous les citoyens, marins, humanitaires, secouristes, artistes, intellectuels, associations, entreprises, mouvements religieux, syndicats et les collectivités publiques à rejoindre les rassemblements pacifiques et apolitiques qui sont organisés à l’initiative de SOS MÉDITERRANÉE ou d’autres organisations, dans plus de 20 villes en France – le détail dans vos dossiers de presse.
– QUELS SONT LES MESSAGES ?
SOS MED appelle les citoyens à nous rejoindre autour des messages portés dans la pétition : sauvons l’Aquarius ! sauvons le sauvetage en mer ! sauvons l’obligation d’assistance !
– Nous sommes très attachés à l’indépendance de notre mouvement et à notre caractère apolitique. Pour préserver cette indépendance, nous appelons à défiler sans bannières, avec comme seuls mots d’ordre les messages de la pétition, et comme seul signe distinctif un vêtement orange, symbole de l’action de sauvetage et de l’Aquarius.
– Notre mission, c’est le sauvetage, la protection des rescapés, le témoignage, pas la politique politicienne. Nous portons un message universel, autour des valeurs d’humanité et de solidarité, du respect de la vie, de la dignité humaine, des droits humains, du droit maritime international. Nous nous dissocions par avance de toute tentative de récupération politique de notre mouvement, quelle qu’elle soit. La priorité de SOS MED a toujours été, et doit rester, de répondre à cette tragédie humanitaire sans précédent en Méditerranée.
– OU ?
SOS MÉDITERRANÉE organise des rassemblements citoyens ou des défilés dans plusieurs villes d’Europe en Allemagne (Berlin), Italie (Palerme), Belgique (Bruxelles) et dans plus de 25 villes de France : Paris, Marseille, Lyon, Nantes, Montpellier, Toulouse, Brest, Bordeaux, Grenoble, Saint-Étienne, Quimper, Concarneau, Mouans-Sartoux…D’autres associations et collectifs organisent également des rassemblements en soutien à notre message, dans des villes où nous n’avons pas de représentation, comme par exemple Lille, Amiens, Orléans, Ajaccio, Saint Nazaire…

Point de situation sur les opérations depuis lundi 24 sept
Lundi 24/09 :
Appel de SOS MED/MSF à la France pour débarquer à Marseille avec les 58 rescapés à titre exceptionnel, suite aux réponses négatives de l’Italie et de Malte pour offrir un port sûr aux rescapés.
Mardi 25/09 : annonce du 1er ministre maltais qu’un accord européen a été trouvé (suite à une initiative franco-maltaise) pour que les 58 rescapés débarquent à Malte – 4 pays se coordonnant pour leur répartition par la suite (France, Allemagne, Espagne, Portugal). SOS MED et MSF accueillent très favorablement cette solution qui est la meilleure pour les rescapés (respecte la notion de port le plus proche, solution coordonnée à l’échelle européenne).
Suite à de très mauvaises conditions météo en Méditerranée, le transbordement vers un navire maltais, dans les eaux internationales n’a pu être effectué que le dimanche 30 septembre.
Dimanche 30 sept : une fois les 58 rescapés transférés, l’Aquarius a repris sa navigation vers Marseille, où il est attendu jeudi dans la matinée pour trouver une solution à la question du pavillon.

Le pavillon :
SOS MÉDITERRANÉE (qui affrète l’Aquarius) a fait appel à l’ensemble des pays
européens le 24 sept dernier pour
1) faire pression sur Panama afin qu’il revienne sur son intention de radier l’Aquarius de son registre
ou 2) lui permettre d’obtenir un pavillon d’un pays européen ou de tout autre pays du monde.
SOS MÉDITERRANÉE examine plusieurs pistes en lien avec l’armateur qui seul, pourra décider d’une nouvelle immatriculation. Une décision qui se fera au regard de nombreux critères, techniques, économiques, politiques.

Différents mouvements portés par des citoyens européens ont initié des demandes d’immatriculation auprès des pavillons suisse, portugais, luxembourgeois… Toutes ces possibilités si elles aboutissent seront examinées.

aquarius

LES HISTOIRES D’AMOUR FINISSENT MAL …EN GÉNÉRAL …

Plaisir des sens, plaisir d’essence… C’est assuré avec le roman de Claire Renaud, Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères… Encore que ! Et pourtant si !

CLAIRE RENAUD

Dans un roman construit comme le chat qui joue avec la souris sans cesse, le lecteur est en droit souvent de se demander qui est le chat, qui est la souris ? Car la donne change régulièrement pour ne pas dire à chaque chapitre. Il n’y a ni proie ni prédateur quand il y a et la proie et le prédateur. Et prédateur ou proie n’est pas toujours celui ou celle qu’on attend, qu’on devine, qu’on espère, qu’on craint. Tout dépend du point de vue du narrateur. Et comme le narrateur change à chaque chapitre, il faudra épouser ou pas le point de vue de celui-ci, de celle-ci.

Trois temps importants dans ce roman en forme de huis clos : celui de l’approche, temps de la séduction, celui du passage à l’acte, la concrétisation d’une relation, celui de l’après, quand les habitudes peuvent faire des ravages et créer l’envie de la fuite, l’envie d’ailleurs, l’envie de recouvrer une liberté qu’on a le sentiment de perdre dès lors qu’on croit appartenir désormais à l’autre. Je ne suis pas celle de l’autre pas plus que celui d’une autre.

CLAIRE RENAUD

Raphaëlle et Philippe. Philippe et Raphaëlle. C’est son histoire à elle. C’est son histoire à lui. C’est leur histoire à eux deux. Tour à tour, le lecteur, spectateur, assiste à leur rencontre, à leur découverte, à leur amour, à leurs attentes, à leurs désillusions, à leur ennui, à leur fuite. Entre accords et désaccords. Entre harmonie et disharmonie. Si l’affaire peut sembler assez classique, l’auteur réussit à les rendre tant attachants qu’angoissants et singuliers souvent parce qu’ils sont aussi le miroir de nos amours personnelles, d’amours que l’on nous a parfois narrées, dans la vraie vie comme dans le romanesque, au détour d’un livre, d’un film, d’une chanson, d’une peinture.

Quant au plaisir des sens, il est présent à chaque page (ou presque). Claire Renaud réussit le tour de force d’en appeler à notre imagination, visuelle, olfactive, tactile. Ces deux-là, on a la conviction de les connaître alors que pas du tout. Ces deux-là, c’est nous, c’est les autres. C’est universel tout autant que sacrément ancré dans une époque où les couples sont presque éphémères. Ou les couples deviennent de plus en plus virtuels. Ou les couples se forment parfois même via le simple fantasme. Ou la notion de relations ne participe plus depuis longtemps à la notion de couple. Est-ce qu’un couple c’est deux en un seul ? Est-ce qu’un couple reste deux entités bien distinctes ?

« Elle lui invente la vie pleine que sa beauté appelle et mérite. Et ses yeux cernés, sa peau grise, sa barbe de trois jours, ses cheveux en bataille sont autant d’aveux de nuits arrosées, d’errances et de turpitudes. À l’opposé de la sienne, vide et sans attraits. Elle le pare de tout ce qu’elle ne vit pas, l’exclut de son existence morne dans son petit deux-pièces du nord de Paris, coquet et rangé, l’éloigne de son ennui, du domestique, du routinier. De cette petite bulle qu’elle s’est soufflée, à l’abri des hommes et de leur désir aveugle, des mots qu’elle a attendus d’eux en vain, des abandons qu’ils ont distribués. Elle n’en est pas pour autant aigrie. Ou lassée. Ni amazone ni nonne. Précautionneusement, elle se roule et se protège. Elle attend sans rien espérer. »

Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères un roman de Claire Renaud aux Éditions Les Escales. 204 pages. 16,90 €. Parution : novembre 2017.

Couverture : © Hokus Pokus Créations – Photo auteur Claire RENAUD © Les Escales

Claire Renaud
Claire Renaud vit et travaille à Paris. Elle écrit notamment pour la jeunesse. Après Déboutonnage (Stock, 2010), Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères est son deuxième roman.

CXXI – La Mort des Amants

Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d’étranges fleurs sur des étagères,
Écloses pour nous sous des cieux plus beaux.

Usant à l’envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.

Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d’adieux ;

Et plus tard un Ange, entr’ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.

Charles BaudelaireLes Fleurs du Mal

BIENNALE RENNES 2018, EXPOSITION À CRIS OUVERTS

Jusqu’au 2 décembre 2018, À cris ouverts ! 6e édition des Ateliers de Rennes – Biennale d’art contemporain – présente le travail de 33 artistes de nationalités et générations différentes. Au total, 10 lieux en Bretagne participent. 8 à Rennes – La Courrouze, le FRAC, le Musée des Beaux-Arts, 40mcube, la Galerie Art&Essai, Lendroit et le Phakt, – en sus de la galerie Raymond Hains à Saint-Brieuc et de la Passerelle Centre d’art Contemporain à Brest. D’emblée, on notera que cette Biennale est marquée par un retour en force de la vidéo. Souvent aveux de faiblesse de la part des commissaires d’exposition quand ils y recourent par défaut, les vidéos ici exposées présentent toutes un intérêt (à différents degrés cependant). Où aller ? Devant quelle création s’arrêter ? Cheminez dans la diversité des propositions avec le guide unidiversien des œuvres et des artistes à ne pas manquer durant cette Biennale de Rennes. Vidéo en appui :

La Halle de la Courrouze

biennale rennes

Ancien arsenal militaire du XIXe siècle, la Halle de Courrouze est une nouvelle fois le théâtre des expositions des Ateliers de Rennes – Biennale d’art contemporain. Qu’en est-il de cette édition 2018 ? Si, à l’entrée du lieu, la scénographie accuse une conception maladroite du parcours, une fois arrivé au fond de la Halle, le visiteur trouve le point d’équilibre et la juste perspective en se retournant vers l’ensemble. Il découvre une large palette de nationalités, générations et travaux à travers les dix artistes invités à la Halle de la Courrouze. Sur sa gauche, il est saisi par…

Eve on psylocibin
Eve on psylocibin, Kudzanai-Violet Hwami, 2018. Huile et acrylique sur toile

… le travail pictural de la plus jeune des artistes de cette sixième édition, Kudzanai-Violet Hwami. Qu’il soit celui d’un adulte ou d’un enfant, habillé ou nu, le corps occupe le cœur de sa démarche aux multiples références. Portraits de familles transposés dans un univers aux couleurs et motifs pop, le corps s’élabore en fonction du sujet et du contexte : entre état vulnérable et posture sans complexe. Accroché à un mur blanc sans aucun artifice, le tableau Eve on psylocibin saisit par sa puissance picturale. Une possible version afropunk aux consonances pop de L’origine du monde (1866) de Gustave Courbet et de Marcel Duchamp dans Étant donnés (1946-1966).

À côté de cette beauté picturale, le visiteur découvre l’énigmatique installation de l’artiste brésilien Kenzi Shiokava ; elle conjugue une série d’œuvres réalisées entre 1990 et 2000. Aux côtés d’objets votifs et d’éléments minéraux et végétaux, un univers se construit autour de Mickey Mouse et autres poupées en plastiques étrangement disposés et classés dans des boites en bois. Un autel où se confrontent la nature et la société de consommation dans un assemblage d’objets trouvés, cassés, et d’éléments naturels récupérés dans son jardin au moment où les plantes commencent à… mourir.

biennale rennes
Kenzi shiokava

Non loin, un couloir conduit à une vaste pièce où le visiteur découvre une vidéo de John Akomfrah qui constitue sans doute l’œuvre la plus remarquable de cette Biennale. Intitulée Mnemosyne et sous-titrée The Nine Muses, elle donne à voir durant 45 minutes – à travers un prisme aussi réaliste que fantasmatique – les turbulences sociales, humaines et esthétiques que connaît une île comme l’Angleterre quand des populations noires et indiennes y immigrent dans les années 60. À travers une invocation des 9 muses, une évocation du Cantique des Cantiques, sur fond d’un improbable retour d’Ulysse de l’Alaska à Ithaque, John Akomfrah en coryphée déroule une narration scripturaire, visuelle et auditive, très léchée et d’une puissante cohérence évocatoire.

Galerie Art et Essai, Paul Maheke

Ambiance fantasmagorique garantie avec la première exposition de Paul Maheke dans un centre d’art en France. La lumière filtrée et l’invasion de l’espace par une multitude de rideaux blancs jettent immédiatement une aura surnaturelle dans la galerie de l’Université Rennes 2. Ici et là des aquariums où subsistent des flaques d’eau et des objets abstraits réalisés à partir d’éléments récupérés. Ajoutons à ces objets du quotidien, une fresque murale de la planète Jupiter et des structures en fer forgé au sol pour compléter le tableau poétique et cosmologique de l’artiste.

biennale rennes

Derrière un rideau ou bien accoudés à un mur se cachent… des fantômes qui se réveilleront à deux reprises durant cette Biennale pour interpréter une performance chorégraphique. Dommage qu’elle ne soit donnée que deux fois en tout et pour tout, et non chaque jour afin d’animer ce lieu mystique…

Paul Maheke

FRAC Bretagne

Plus que le manque de fil directeur, le défaut majeur de cette Biennale 2018 de Rennes est sans doute d’exposer plusieurs créations inachevées, en cours de composition, voire simplement esquissées. C’est patent au FRAC. Toutefois, le visiteur se réjouit devant…

Kudzanai-Violet Hwami
Épilogue [Returning to the Garden], Kudzanai-Violet Hwami. Huile et acrylique sur toile
… la douceur consolatrice, qui accompagne la fin de la nostalgie, émise par le tableau Épilogue (Returning to the Garden) de Kudzanai-Violet Hwami (l’artiste déjà rencontrée  Halle de la Courrouze). Dans cette apparente scène du quotidien où un frère et une sœur jumeaux dorment l’un en face de l’autre en position fœtale, les couleurs mondriennes du fond exaucent la tradition du pays d’origine de l’artiste (Zimbabwe).

Enrico David

Les sculptures et aquarelles de l’artiste italien Enrico David peuplent la plus petite salle d’exposition du FRAC Bretagne et absorbent le public dans un tourbillon d’interrogations. Les corps et figures semblent inachevés, en perpétuelle mutation. À cheval entre abstraction et figuration, les couleurs pastel et innocentes en apparence se confrontent aux expressions déformées et irréelles des visages et suscitent une inquiétante familiarité. Das Unheimliche

Plus loin, une silhouette – non sans lien avec les formes longilignes d’Alberto Giacometti – repose de manière indécise sur le mur aux côtés de bas-reliefs. Les traits du visage sont figuratifs, le corps une coulée de métal abstraite, comme si une nouvelle fois le processus était en suspens. Et la sculpture courbée Room for a small head (Nadia) (2013) propose un corps dans ce qu’il a de plus minimal.

Enrico David
Enrico David

Le parcours finit sur une touche spirituelle. Le visiteur se perd entre poésie et réalisme auprès de la vidéo Water ritual #1 : an urban rite of purification de Barbara McCullough (1979). Courte projection qui se distingue par la simplicité de son dispositif et l’accessibilité de l’œuvre. Son équilibre réside à mi-chemin entre le romanesque – celui des cuivres envoûtants et des images en noir et blanc, au ralenti – et la crudité de la misère matérielle, incarnée par une femme noire esseulée dans son décor de ruines. Une vidéo-balade curieusement touchante.

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Musée des Beaux-Arts de Rennes

Être accueilli dans le patio par le travail de l’artiste brésilien Kenzi Shiokava (déjà aperçu aux Halles de la Courrouze) retient l’attention du visiteur. La technique traditionnelle de la sculpture sur bois est exposée dans son aspiration à la splendeur et confrontée à des matériaux industriels – traverses de chemin de fer et autres poteaux téléphoniques. Aussi bien en bois qu’en macramé habillé de coquillages, ces figures silencieuses rendent hommage à la vie, à la mort, mais aussi à l’hybridité culturelle, la spiritualité et la renaissance. Tel un jardin de formes aux allures anthropomorphes et totémiques, le visiteur prendra la mesure de chaque détail en tournant autour.

biennale rennes

Une tenture murale pour décor, des costumes en papier mâché et des sculptures-instruments pour l’orchestre… composent l’installation Dead pan ham (2018) de Madison Bycroft. Mise en scène étrange et colorée en attente d’être activée. Réalisée pour le Musée des Beaux-Arts de Rennes par l’artiste, elle propose de s’installer sur un tapis circulaire au centre de son œuvre, devenant à la fois spectateur et acteur de l’installation.

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40mcube Pauline Boudry / Renate Lorenz, I WANT

Le visiteur se repose nonchalamment sur les coussins de la galerie 40mcube transformée en camera obscura afin d’y recevoir l’œuvre de Pauline Boudry et Renate Lorenz. Dans cette double installation vidéo, la performeuse Sharon Hayes nous adresse un message politique autour des identités. Voilée par ses lunettes fumées, elle interprète tour à tour des poèmes punk de Kathy Acker et des déclarations du lanceur d’alerte Bradley Manning, devenu(e) Chelsea Manning après avoir changé de sexe. Une identité volontairement indécise, au contraire d’un visage et d’une voix éclatante, à l’assaut de la question de la norme, au travers du temps et des êtres. Pas si confortables, les coussins…

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La Criée, centre d’art contemporain Meriem Bennani, SIHAM & HAFIDA

Avec son film Siham & Hafida (2017), l’artiste en réseau Meriem Bennani s’intéresse à la place des femmes au Maghreb et au détournement des traditions musicales. Au sein de ce docu-fiction, deux générations s’opposent : d’un côté Hafida, une chickha consacrée, chanteuse populaire qui s’inscrit dans la tradition orale de l’aïta ; de l’autre Siham, jeune chanteuse dont les performances sont largement plébiscitées sur les réseaux sociaux.

Meriem Bennani
Meriem Bennani

Dans l’espace restreint de la Criée (devenue boite noire pour l’occasion) le long-métrage se divise en de multiples projections sur divers supports, fragmentant la narration dans une surabondance d’images. Le choc des générations se faisant, les avis s’opposent et divergent entre tradition et nouveaux moyens de transmission. La jeune artiste s’amuse alors à distordre l’image, modifier les voix et ponctuer les scènes d’apparitions de papillons, de crabes et autres effets d’animations ludiques. C’est dans son genre plutôt réussi, notamment quand l’artiste applique à une danseuse traditionnelle au corps plantureux des effets de distorsion qui la fantômise, forme spectrale qui fait écho à l’imaginaire des entités magiques plus ou moins invisibles de l’Islam africain.

Siham Hafida Meriem Bennani
Siham & Hafida âr Meriem Bennani

Lendroit Éditions
Le visiteur est invité à découvrir les facettes de l’identité graphique qui préside à la communication de la Biennale. Elle contraste heureusement avec le visuel de la Biennale 2016 (un visuel raté qui a desservi une exposition de qualité, mais sans doute trop pointue). Jean-Marie Ballée a conçu cette identité 2018 à travers une série de plusieurs visuels qui ponctuent les différentes étapes d’A cris ouverts. Ce lexique composé de lexèmes graphiques, mobiles spatiaux noirs, décline des variations formelles d’une belle puissance vibratoire. Cette série de Jean-Marc Ballée s’invite dans l’espace public de la ville de Rennes où il promeut efficacement cette 6e Biennale.

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PHAKT – Centre culturel Colombier Katia Kameli, STREAM OF STORIES

‘Exploration du parcours des origines orientales des Fables de La Fontaine .” Katia Kameli met au centre de sa réflexion l’intertextualité et l’impact de la traduction dans le déplacement spatio-temporel des œuvres et des idées. En inversant le système de valeurs généralement appliqué à la littérature, elle établit un regard nouveau sur la hiérarchisation entre l’artiste et le traducteur. Sous la forme d’une vidéo projetée, elle propose d’envisager le traducteur à la fois comme un voyageur-transplanteur qui s’attaque aux limites de la langue et du savoir ; et comme un artiste à part entière, à la créativité propre. Agrémenté d’archives et d’iconographies retraçant le parcours jusqu’aux fameuses Fables, le PHAKT propose la redécouverte d’un classique des classiques. Bien que le projet soit passionnant, sa traduction pourra paraître trop cérébrale…

biennale rennes

Trois expositions sont payantes à Rennes : Halle de la Courrouze, Musée des beaux-arts de Rennes et Frac Bretagne.

Détails des tarifs réduits et gratuités (sur présentation de justificatifs)

Cartes
(illimitée, illimitée jeunes et 3 lieux)
Tarif réduit : Enseignants en activité, titulaires d’une carte d’invalidité ou personnes en situation de handicap, membres des Amis des Musées de Bretagne, titulaires de la carte Cezam (comités d’entreprises).
Gratuit :
Moins de 18 ans, bénéficiaires des minima sociaux, titulaires de la Carte Sortir, AGESSA ou de la Maison des Artistes, d’une carte de presse, Membres de l’ICOM, de l’AICA, des Amis du Frac et des Amis du Musée des Beaux-Arts ou de l’association Commissaires d’Exposition Associés (C-E-A), accompagnateurs d’une personne en situation de handicap.

Billets
(entrées simples uniquement vendues sur place)

Halle de la Courrouze
Tarif réduit : Enseignants en activité, Titulaires d’une carte d’invalidité ou personnes en situation de handicap, jeunes de 18 à 26 ans, étudiants, titulaires de la carte Cezam (comités d’entreprises).
Gratuit : Enfants et jeunes de moins de 18 ans, Bénéficiaires des minima sociaux, titulaires de la Carte Sortir, titulaires de l’AGESSA ou de la Maison des Artistes, membres de l’ICOM, membres de l’AICA, détenteurs d’une carte de presse, membres des Amis du Frac et des Amis du Musée des Beaux-Arts, membres de l’association Commissaires d’Exposition Associés (C-E-A), Accompagnateurs de personnes en situation de handicap.
Tous les 1ers dimanche du mois.

Musée des beaux arts de Rennes
Tarif réduit : Enseignants en activité, titulaires d’une carte d’invalidité ou personnes en situation de handicap, jeunes de moins de 26 ans, étudiants de plus de 26 ans, titulaires de la carte Cezam (comités d’entreprises). Groupe libre à partir de 10 personnes.
Gratuit : Enfants et jeunes de moins de 18 ans, bénéficiaires des minima sociaux, titulaires de la Carte Sortir, titulaires de l’AGESSA ou de la Maison des Artistes, membres de l’ICOM, membres de l’AICA, détenteurs d’une carte de presse, membres des Amis du Frac et des Amis du Musée des Beaux-Arts, membres de l’association Commissaires d’Exposition Associés (C-E-A), accompagnateurs de personnes en situation de handicap, Amis du Louvre, ayant droits CASDEC, cartes de comités d’entreprises, membres OPAR.
Tous les 1er dimanche du mois.

Frac Bretagne
Tarif réduit : Enseignants en activité, titulaires d’une carte d’invalidité ou personnes en situation de handicap, abonnés au réseau STAR porteurs de la carte Korrigo, membres de l’association Vivre à Beauregard, titulaires de la carte Cezam (comités d’entreprises).
Gratuit : Jeunes de moins de 26 ans, demandeurs d’emploi, bénéficiaires des minima sociaux, titulaires de la carte Sortir, titulaires de l’AGESSA ou de la Maison des Artistes, titulaires de la carte Culture et de la carte de l’ICOM, membres de l’association Commissaires d’Exposition Associés (C-E-A), membres de l’AICA, détenteurs d’une carte de presse, membres des Amis du Frac et des Amis du Musée des Beaux-Arts, éducateurs de jeunes enfants, mécènes, détenteurs d’une carte KorriGo du réseau STAR qui bénéficient déjà d’un tarif réduit, familles nouvellement arrivées dans une commune de la métropole rennaise et munies du coupon du carnet cadeau, accompagnateurs des personnes en situation de handicap, titulaires d’un abonnement annuel donnant droit à un accès illimité au Frac et à ses activités (tarif plein 15 €, tarif réduit 10 €).
Tous les 1ers dimanche du mois.

Visite commentée
Gratuite sur présentation du billet d’entrée (dans la limite des places disponibles).
Pour les visites accompagnées de groupe, voir les modalités sur la page Visites et médiation.
La publication L’Abandon au profit d’Éva Barto, relative au financement de la biennale, est disponible aux billetteries de la Halle de la Courrouze, du Musée des beaux-arts de Rennes ainsi que du Frac Bretagne sur présentation d’une carte 3 lieux ou d’une carte illimitée.

biennale tarifs

Un article d’Emmanuelle Volage, Bastien Michel et Nicolas Roberti

CHRISTELLE ROIGNANT COMMUNIQUE SON METIER A RENNES

Christelle Roignant est l’invitée du Carré VIP (VieillePie), l’émission de radio dédiée aux femmes de plus de 50 ans (mais pas exclusivement !). Codiffusée par RCF Radio Alpha et Unidivers.fr, retrouvez Marie-Christine Biet et ses invitées deux fois par mois à la radio et sur le web.

Carré VIP ou vieilles pies – prononcez comme vous voulez – est une émission dédiée aux femmes, les dé ménagers de plus de 50 ans. Leur temps de cerveau disponible est plus consacré aux autres, à l’art, aux affaires, à la littérature, à la politique… qu’au plumeau, au brushing et à la fashion. Importantes pour les leurs, dans leur quartier, dans la ville ou au-delà, elles viennent bavarder au Carré V.I.P. avec leurs deux invitées.

Christelle Roignant a été élevée en Bretagne Nord à Port blanc (entre Perros Guirec et Tréguier) au bord de l’eau (il y avait un phare dans le jardin familial !). La voile et la mer ont été très présentes dans sa vie : « mon père avait mis des roues sur notre optimist à ma sœur et moi pour que l’on soit autonomes ».

Après avoir été monitrice de voile à l’école du Port Blanc, Christelle Roignant a eu plusieurs vies professionnelles : maitre auxiliaire en français (Morlaix), puis journaliste au Figaro pendant 15 ans (rubrique, déco, sports, infos générales et mutimédia high tech). Ne s’amusant plus au niveau professionnel, elle cède à l’appel de la mer et revient en Bretagne en 2003. À la Trinité sur mer. Avec l’idée de reprendre une entreprise dans la communication. N’en trouvant pas, elle crée son agence et « fait son métier à l’envers » : les relations presse (Cité de la Voile Eric Tabarly, Morbihan Tourisme, Nestadio Capital), communication  et levée de fonds pour une quarantaine de startups dont des Rennaises (Blacknut, Mobility TechGreen, etc…). Il y a un peu plus d’un an, Christelle Roignant rejoint OXYGEN RP, groupe de communication (agences en France, à San Francisco et à Shanghai et un réseau de quinze agences en Europe et au Moyen-Orient) qui la charge d’ouvrir une agence à Rennes. « Idée excitante, car Rennes est vraiment la ville de France où il faut être en ce moment ! On travaille désormais pour Digitaleo, Blacknut, Entreprendre dans l’Ouest, le plan gouvernemental de Lutte contre les algues vertes, et aussi pour des entreprises de Normandie ».

La déclaration de Christelle Roignant va à Laurence Titeux qui tient la maison de la Presse – tabac de la rue Paul Bert. « C’est la première personne que j’ai rencontrée en arrivant à Rennes. Elle est hyper chaleureuse et touchante. On s’est tutoyée quasiment tout de suite, comme une évidence. Laurence ferme tard et je passe souvent la voir en rentrant de l’agence après 20h. Il faut dire qu’elle est comme moi, passionnée de vin ; elle vend des sélections de petits producteurs à prix doux. Je suis devenue peu à peu une des goûteuses ! On parle de ses trouvailles, de nos enfants, de la vie, des petits riens… J’aime beaucoup sa générosité et sa bienveillance ».

Le coup de cœur de Christelle Roignant va à Isabelle Pierre qui a fondé Biscuits and Co avec son mari à Vignoc. De délicieux macarons, petits sablés faits maison, en vente en épiceries fines et sur le marché des Lices le samedi. Isabelle est une femme engagée qui défend l’artisanat, l’entrepreneuriat – particulièrement au féminin. Elle est vice-présidente de la Chambre des métiers et de l’artisanat du 35, élue de la chambre régionale et l’une des organisatrices (COPIL) du salon Entreprendre dans l’Ouest, à Rennes dans une semaine – c’est le 4e salon de l’entrepreneuriat en France.

Les choix musicaux de Christelle Roignant : Burning down the house par Talking Heads ; la bassiste Tina Weymouth est une cousine « à la mode de Bretagne ». Sa mère, Bretonne était petite fille d’Anatole Le Braz ! ; Bro gozh ma zadoù,chanté a capellapar Nolwen Leroy au stade de France avant la finale Rennes-Guingamp en 2014) (« ça me fait pleurer ! ») ; Glenn Gould/ BachThe Goldberg Variations, BMV 998

Christelle Roignant
Christelle Roignant

PARIS. L’ASIE REVEE D’YVES SAINT-LAURENT, EXPO EN HAUTE COUTURE

Inauguré en octobre 2017, le musée Yves Saint-Laurent Paris présente sa première exposition temporaire thématique du 2 octobre 2018 au 27 janvier 2019 : L’Asie rêvée d’Yves Saint-Laurent. Une cinquantaine de créations originales et d’objets d’art asiatiques apportent un regard inédit sur le travail d’un des plus grands couturiers français. Présentation d’un voyage – à mi-chemin entre la tradition et la mode – dans les mondes extraordinaires d’Yves Saint-Laurent.

expo yves saint laurent paris

Soies somptueuses et tissus d’Orient ont fasciné l’Occident depuis des siècles et le couturier français Yves Saint-Laurent n’a pas échappé à cette idéalisation dorée de ces contrées asiatiques. Il a confirmé cette passion à de multiples reprises et ce, de la première collection printemps-été en 1962 à la dernière en 2002. Les costumes traditionnels indiens, chinois et japonais ont été une de ses premières sources d’inspiration et le folklore de ces pays n’a cessé de ponctuer son œuvre.

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Avec L’Asie rêvée d’Yves Saint-Laurent présentée du 2 octobre 2018 au 27 janvier 2019, le musée Yves Saint-Laurent Paris revient sur cette inspiration majeure dans le travail du couturier et embarque le public dans une virée extraordinaire – une vision à la fois littérale et imaginaire de l’Asie – peuplée de traditions et de modernité. Cinquante modèles originaux sont présentés en écho avec des objets d’art asiatiques d’exceptions prêtés par le musée national des arts asiatiques – Guimet et des collectionneurs privés. Tantôt souvenirs d’un voyage, tantôt idéalisation d’un continent jamais visité, l’exposition révèle au fil des salles l’œuvre chimérique du couturier et une partie de son processus de création.

« J’ai abordé tous les pays par le rêve »

De la revisite des manteaux des souverains d’Inde à la transformation des costumes de la Chine impériale (collection de l’automne-hiver 1977), en passant par la personnalisation du kimono japonais, l’heure est à la contemplation et au voyage. Avec cette exposition évènement, plongez au cœur des coutumes locales, explorez le folklore et découvrez une représentation sublimée et personnalisée des traditions vestimentaires.

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Cap sur l’Asie du Sud, en Inde

« Il me suffit de regarder un très beau livre sur l’Inde pour dessiner comme si j’y avais été. C’est le rôle de l’imagination » Yves Saint-Laurent.

Dès la première collection de printemps-été 1962, Yves Saint-Laurent a réinterprété les somptueux manteaux des souverains d’Inde du Nord et intégré les soieries précieuses brochées d’or et les broderies métalliques en relief qu’il affectionnait tant à des créations innovantes. Des costumes de la garde impériale et du manteau traditionnel indien sont nés des vêtements féminins et modernes – à l’image du génie qu’était le couturier – comme en témoignent les créations aux tons délicatement dorés de la collection printemps-été 1982.

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L’Inde, et son exotisme vestimentaire, l’a suivie jusqu’à sa dernière collection en 2002. Il s’inspirera des fondamentaux du sari – tenue traditionnelle de l’Inde du Sud – dans la réalisation de plusieurs robes drapées dont le tissu transparent effleure les courbes du corps sans pour autant le dévoiler.

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Correspondance en Chine

« Pékin […] reste un souvenir éblouissant. Cette Chine, que j’avais si souvent interprétée dans mes créations, je l’ai trouvé exactement telle que je l’avais imaginé » Yves Saint-Laurent.

La Chine est entrée dans les créations d’Yves Saint-Laurent par le biais de vêtements amples dés la collection automne-hiver 1970. Les motifs floraux aux couleurs vives des robes bianfues (vêtements de loisirs) ont orné les tuniques fluides aux manches en T et les blouses longues dessinées par le couturier. Du vert, du violet ou du bleu… les motifs brodés d’ensembles du soir parlent de soi.

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Pour sa collection automne-hiver 1977, il a su extraire les principales caractéristiques des habits chinois – coupe droite, volume, manches larges – sur une construction technique à l’Occidental. Plus qu’une retranscription d’un vêtement authentique et historique, le couturier a privilégié l’effet esthétique.

Le dialogue entre les tenues haute-couture et les robes et vestes à motifs dragons révèle une image théâtrale et transformée du pays. Une vision sans cesse renouvelée des tenues traditionnelles chinoises, des imprimés et des motifs, à l’image du vase à couvercle antique de Chine, de la dynastie Han.

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Terminus au Japon

« Très tôt je suis allé à la rencontre du Japon et tout de suite j’ai été fasciné par ce pays ancien et moderne et j’ai, depuis, à diverses reprises subi son influence » Yves Saint-Laurent

Au-delà de l’inspiration que lui suscite le Japon, Yves Saint-Laurent était passionné par ce pays et particulièrement l’époque d’Edo (1600-1868). Le vêtement traditionnel et raffiné qu’est le kimono n’a de ce fait pu être ignoré du couturier.

S’inspirant du théâtre Kabuki, ses créations – tantôt dans les tons noirs et dorés, tantôt dans un assemblage de vert anis et lilas – sont un véritable hommage aux courtisanes qui déambulent dans les rues de Gion et un reflet de l’essence du Japon et son raffinement délicat. La fluidité des tissus bien qu’épais révèlent une facilité de mouvement, contrairement au kimono d’origine. Une beauté visuelle difficilement égalable. expo yves saint laurent paris

Créations originales, costumes de kabuki de type uchikake et estampes avec courtisanes témoignent de cette admiration. De la même manière, la gaieté et les couleurs des iris ont été source d’inspiration. Son emblématique veste brodée réalisée en 1988 est par exemple une référence au fameux tableau Iris de Vincent Van Gogh (1889).

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Au final, que nous apprend cette remontée dans le temps dans l’univers d’un des plus grands couturiers français si ce n’est qu’avec son talent il a révolutionné la mode et modernisé les tenues traditionnelles en respectant les codes de ses vêtements ? Si nous avions encore un doute, l’exposition est une belle confirmation scénographiée avec délicatesse à l’image de l’œuvre d’Yves Saint-Laurent.

AUTOUR DE L’EXPOSITION

Catalogue de l’exposition : L’Asie rêvée d’Yves Saint-Laurent, Éditions Gallimard. 32 €. 220 pages

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L’Asie rêvée d’Yves Saint-Laurent du 2 octobre 2018 au 27 janvier 2019.

Accès

Musée Yves Saint-Laurent Paris
5 Avenue Marceau
75116 Paris-France
+33 (0)1 44 31 64 00
contact@museeyslparis.com
Métro ligne 9, station Alma-Marceau
RER C, station Pont de l’Alma
Bus lignes 42, 63, 72, 80, 92, arrêt Alma-Marceau

Horaires
Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h (dernière entrée à 17h15)
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h (dernière entrée à 20h15)
Fermé le lundi ainsi que le 1er janvier, 1er mai et 25 décembre
Fermeture anticipée à 16h30 les 24 et 31 décembre

Tarifs
Plein tarif 10 €
Tarif réduit 10-18 ans, enseignants et étudiants (sur présentation d’un justificatif) 7 €
Gratuité : Enfants de moins de 10 ans, étudiants en histoire de l’art et étudiants en école de mode, demandeurs d’emploi, personnes en situation de handicap et leur accompagnateur, détenteurs d’une Carte d’Identité des Journalistes professionnels, de l’ICOM-ICOMOS, ou de l’Association des Amis du de la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent ou de la Fondation Jardin Majorelle, d’une Carte professionnelle de guide-conférencier (sur présentation d’un justificatif en cours de validité)

OPERA DE RENNES. CONCERTS DE MIDI POUR SOIREE BAROQUE

Samedi 29 septembre 2018, l’opéra de Rennes a ouvert en grand ses portes pour accueillir le public qui avait répondu en force présent à l’invitation du contre-ténor rennais Damien Guillon. L’organisation de cette soirée revient à l’association Les concerts de midi et à Olivier Légeret, lequel, promeut des manifestations musicales aux horaires atypiques : des concerts classiques « autrement » durant la pause de midi. En général sis à l’auditorium du Centre culturel américain, les concerts de midi se déplacent de temps en temps aux champs libres, au musée de Bretagne, ou, comme ce fut le cas samedi, à l’opéra.

C’était l’occasion de retrouver un ensemble dont nous avions déjà apprécié le travail l’an dernier, le très fameux « Banquet céleste » et son chef et chanteur Damien Guillon. C’était, pour être plus précis, le mardi 3 octobre 2017. L’ensemble baroque nous avait donné à entendre une belle interprétation du « Maddalena ai piedi di Cristo » de Antonio Caldara ». Cet Oratorio fut véritablement un temps fort de la saison musicale passée et l’enregistrement « live » réalisé ce jour-là, vient de se concrétiser sous la forme d’un nouveau disque désormais disponible chez les disquaires. À peine quelques mois après la sortie d’un remarquable travail sur Frescobaldi, on peut dire que notre contre-ténor breton et ses musiciens ne chôment pas.

Le programme en partie dédié au Cantor de Leipzig propose La cantate BWV 170 «Vergnügte ruh, beliebte seenlust ». Destinée à un chanteur solo, cette première œuvre est basée sur un texte poétique, puis un choral de Martin Luther. Damien Guillon nous en délivrera une interprétation pleine d’émotion et de retenue. S’en suivra un bel intermède musical mettant en scène un concerto pour deux hautbois et basson de Georg Freidrich Telemann exécuté de mains de maître par les solistes du Banquet céleste. Le concert continuera avec une nouvelle cantate, BWV 169 « Gott soll allein, mein herzen haben » au cours de laquelle Damien Guillon s’illustrera à nouveau par la dimension intérieure qu’il sait apporter à ces cantates religieuses. Ce sera l’occasion pour la chorale « résonance », dirigée par Olivier Légeret de lui apporter un soutien de qualité.

Le succès de ce bon concert est non seulement mérité, mais il est en plus un sujet de satisfaction. Impossible de ne pas remarquer que ce résultat est directement lié à la réunion de ce que les forces musicales de Rennes comptent de plus dynamique…le banquet céleste, les concerts du midi, l’opéra. Il n’y a pas de mystère, passion, dévouement et talent ont présidé à la réussite de ce travail et le public ne s’y est pas trompé.

De la belle ouvrage !

concerts de midi

Le Banquet Céleste, en résidence à l’Opéra de Rennes, vous invite à lancer sa dixième saison avec la musique de Johann Sebastian Bach !
Bach naît le 21 mars 1685 à Eisenach, dans le Land de Thuringe. En mai 1723, Bach s’établit à Leipzig, où il composera la part la plus monumentale de son œuvre avant d’y mourir, le 28 juillet 1750. C’est à Leipzig que Bach compose en 1726 les cantates religieuses BWV 169 et 170. Destinées à un chanteur alto soliste, elles comportent toutes deux une partie d’orgue obligé. La première est fondée sur un texte d’un poète inconnu et sur un choral de Martin Luther chanté par un chœur ; le texte de la seconde est tiré des Gottgefälliges Kirchen-Opffer du poète allemand Georg Christian Lehms.

KHALIL, PARCOURS RADICAL D’UN JEUNE MUSULMAN DE MOLENBEEK

Khalil, un roman éprouvant mais probablement nécessaire. Cette fois, Yasmina Khadra revient sur les attentats de 2015 en s’attachant plus particulièrement à la période de l’automne de cette année meurtrière.

KHALIL KAHDRA

Khalil, jeune Marocain, qui vit à Molenbeek, tombe sous la coupe d’islamistes radicaux et participe à l’attaque du Stade de France. Il part donc ceinturé d’explosifs pour faire sauter un des métros de Paris en kamikaze. Mais voilà, son déclencheur est défectueux et son acte est manqué. Il se retrouve donc en cavale et erre dans un premier temps de planques en planques dans la banlieue de Bruxelles.

MOLENBEEK

Le jeune homme de 25 ans est issu d’une famille modeste, mais de musulmans tranquilles. Certes, le père est alcoolique, mais sa mère et ses sœurs sont plutôt des personnes aimantes, surtout sa jumelle, Zahra. Dans ses amis, il compte également des garçons plutôt modérés, mais voilà, il y a aussi son pote Driss qui, lui, s’est déjà radicalisé. Et qui va l’entraîner vers le pire. Khalil n’a pas réussi ses études comme son camarade Rayan, devenu ingénieur en informatique, et tout son ressentiment va se concentrer dans l’envie d’en découdre avec une société occidentale qu’il rend responsable de ses échecs.

Les djihadistes vont trouver en lui le candidat idoine au terrorisme et lui laver le cerveau pour en faire un disciple de leur cause fanatique.

À travers ce récit totalement angoissant, Yasmina Khadra nous retrace le parcours dramatique de jeunes gens qui glissent vers l’horreur entraînant dans la mort des innocents. C’est aussi une peinture de sociétés qui peinent à donner du sens alors que d’autres pensent que l’avenir est dans le chaos, promettant à leurs jeunes recrues le paradis et des actes nécessaires et salutaires pour faire payer à l’Occident tous les crimes que le radicalisme religieux leur attribue.

Même trois ans après les attentats qui ont endeuillé la France et l’Europe, à la lecture de ces quelque 260 pages, on ne peut chasser les images qui ont tourné dans nos médias et l’angoisse présente au début du roman se renforce jusqu’au dénouement tragique comme on pourrait s’en douter. Et pourtant, habilement, Yasmina Khadra nous permet souvent de croire à une sorte de rédemption, comme si Khalil allait faire marcher arrière et fuir ses propres démons. Mais l’espoir n’est pas à l’ordre du jour de ce livre « apocalyptique ».

Khalil, Yasmina Khadra. Éditions Julliard. 265 pages. Parution : août 2018. 19,00 €

Couverture : © Ouchene Amine – Photo auteur Yasmina KHADRA © DR

Yasmina Khadra est l’auteur de la trilogie Les Hirondelles de Kaboul, L’Attentat et Les Sirènes de Bagdad. La plupart de ses romans sont traduits dans une cinquantaine de pays. L’Attentat (prix des Libraires 2006) et Ce que le jour doit à la nuit (meilleur livre 2008 pour le magazine Lire) ont déjà été portés à l’écran et une adaptation des Hirondelles de Kaboul en film d’animation sortira en salles courant 2018.

https://youtu.be/jo0fJycz3QA

Non loin du centre prospère de Bruxelles, Molenbeek, deuxième commune la plus pauvre de Belgique, avec un taux de chômage qui atteint 45 % pour les moins de 25 ans, a vu grandir ou passer nombre des auteurs d’attentats islamistes qui ont marqué l’actualité depuis trente ans. Mais c’est au lendemain des attaques du 13 novembre 2015, dont quatre des responsables étaient des enfants du quartier, que celui-ci est devenu mondialement célèbre comme un berceau du djihadisme européen. Le tournage de ce documentaire a commencé peu après, et ses auteurs étaient sur place quand Salah Abdeslam a été arrêté, le 18 mars 2016, et, quatre jours plus tard, quand de nouveaux attentats ont ensanglanté Bruxelles.

À la rencontre d’habitants et de travailleurs sociaux, ils tentent de comprendre pourquoi Molenbeek a ainsi nourri le djihadisme, mais aussi comment leurs interlocuteurs vivent les événements et s’organisent pour y faire face. Jeunes et vieux, parents meurtris et écoliers, imam ou curé, travailleurs sociaux et artistes, sans oublier un slameur en herbe, ils composent un portrait de groupe sensible, riche de visages et de questions, et rappellent combien la stigmatisation collective induite par des médias avides de simplification relève de l’absurde.

THÉÂTRE. OUI À SAINT-GILLES, DES NOCES PLUS VRAIES QUE NATURE

Le mot noce vient du latin nubere et signifie « voiler ». Mais que cache donc cette singulière cérémonie ?… La Caravane Compagnie vous propose un examen approfondi de la question avec Oui ! variation autour d’une journée de noces les 6 et 7 octobre 2018 au théâtre du Sabot d’Or de Saint-Gilles (35). Original, enthousiasmant, intelligent.

« C’est le grand jour, la famille s’apprête à sortir de la mairie. Jusqu’au bal, les spectateurs sont invités à participer à cette folle journée de noces. Comme souvent, rien ne se passera tout à fait comme prévu. Alors, revêtez vos plus beaux atours, préparez un bon plat à partager au “buffet-auberge espagnole” de noces et rendez-vous à la mairie pour vivre une journée pas comme les autres ! »

Le collectif propose au public d’assister à une journée de noce comme s’il y était invité… Lors de ce spectacle immersif grandeur nature, le traditionnel rituel familial pourrait bien tourner au vinaigre… donnant au spectateur l’occasion d’étudier les mécanismes relationnels qui régissent nos vies de groupe. Avec Gaël Le Guillou-Castel, metteur en scène de « Oui ! », nous cherchons à comprendre le pourquoi du comment de ce spectacle atypique.

Vive les mariés !

Que diriez-vous de vous rendre à la célébration de l’union d’inconnus ? Aucun faire-part ne vous sera demandé, juste un ticket d’entrée. Une expérience de théâtre insolite, en immersion dans un faux-événement dont vous serez l’un des invités. « Ce n’est pas forcément participatif, en fait les gens restent là où ils veulent », précise Gaël, soulignant que dans cette pièce déambulatoire — où l’on traverse des lieux publics — le spectateur est maître de choisir sa place et son intrusion (ou sa non-intrusion) dans la représentation. « Ceux qui veulent aller aux toilettes y vont, ceux qui veulent parler aux acteurs le peuvent, ceux qui sont fatigués s’assoient ou mangent. ». Liberté de mouvement et liberté d’appréciation.

« Ça ne se vit pas comme un spectacle classique » ajoute-t-il. Et pour cause, 5 heures sur scène, malgré les décors extérieurs, ce n’est pas classique ni facile à endurer pour tout le monde. « Une de nos recherches était d’étudier comment les gens pourraient éprouver cette durée, avec parfois des moments où tout s’accélère et d’autres qui s’étirent », et de remarquer, après la première en mai dernier dans les décors extérieurs de Vitré, que les spectateurs ont vécu la chose inégalement. Si certains ont trouvé le temps long, d’autres « ont su accepter et apprécier la durée pour ce qu’elle a de réaliste et de participant au travail d’immersion du spectateur ». Autre variante des noces classiques : chaque spectateur-invité est prié d’apporter son plat (repas partagé).

Oui Caravane Compagnie

Genèse et intention

Depuis sa création en 2006, la Caravane Compagnie se penche incessamment sur la question des relations entre l’individu et le collectif, le collectif et l’individu. « Oui ! » vient clôturer un cycle lancé en 2011 sur le thème de la famille, choix logique quand on la sait être le premier groupe d’appartenance et donc d’influence sociale. En Famille interroge « les filiations, les alliances, ce que la famille laisse en nous, ce dont on se charge, ce qu’on y abandonne ».

Pourquoi le choix de la journée de noce ? Gaël nous donne son point de vue d’artiste éclairé par les sciences humaines : « Je trouve cela étrange qu’on ait recours à des rituels qui vont chercher des notions telles que celle du plus beau jour de la vie. Cette injonction à mettre en représentation un amour parfait, une famille parfaite, cohérente, soudée, cette injonction à la fête. » Et d’ajouter : « Je m’interroge aussi sur le rapport à l’argent. Car même, et surtout si l’on vient d’un milieu très modeste, on va chercher à faire étalage d’un argent qu’on n’a pas, parfois jusqu’à l’endettement, donc se mettre en représentation de quelque chose que l’on n’est pas. Quel est là le système social structurel qui vient faire pression sur des individus pour qu’ils se mettent dans ces situations là ? » Déjouer la mise en représentation machinale du soi en la représentant sciemment dans une œuvre… comment réaliser ce tour de force ?

Oui saint-gilles

Théâtre docu-fiction

La compagnie se saisit de son sujet à la fois par la fiction et le documentaire. Engagée dans une démarche d’ancrage dans un territoire et de rencontre avec le monde, la création de « Oui ! » commence par l’accumulation de témoignages sur le mariage. Près de 40 entretiens auprès de locaux : « mariés, célibataires, romantiques, déçus du mariage, mais aussi professionnels en lien avec le mariage traditionnel : photographes, traiteurs, avocats, notaires… » ont permis de développer des points de vue divers, un panorama de l’expérience maritale. « L’expertise des gens me passionne peut-être plus que les penseurs à cet endroit-là. » Cette base documentaire vient agrémenter le travail purement créatif de la compagnie, de manière à « s’éloigner d’un prêt à penser » en restant « ouvert à tous les points de vue ». Cette méthode vient illustrer le maître mot de la Compagnie, la rencontre.
Une base scientifique a également servi de guide, notamment celle des travaux de Florence Maillochon, sociologue ayant dédié ses recherches aux noces, avec par exemple des constats sur « la reproduction des inégalités sociales qu’on retrouve dans les listes d’invités… »

Oui spectacle

L’illusion et le réel

« Je ne souhaite pas faire des spectacles qui peuvent se rapprocher de la morale, du prêt à penser. Je me garde d’être injonctif sur ce que les gens peuvent prendre dans ce spectacle » affirme Gaël. « Ce que je souhaite, c’est montrer ces mécanismes présents entre l’individu et le collectif, en jouant sur le frottement du spectateur avec le réel. ». Acquérir donc, par l’immersion et le faux-semblant, une illusion de réalité dans le but de créer un climat de jeu et de confiance avec le spectateur. Sous couvert de cette fausse intimité, « glisser vers quelque chose d’autre » et parvenir en fin de représentation à « montrer des textes contemporains très exigeants, y compris à des gens qui n’iraient jamais voir un spectacle de théâtre contemporain. Mais parce qu’on a fait un parcours avec eux, ça devient possible… »

Gael Le Guillou caravane compagnie

Par un habile tango illusionniste faisant disparaître les frontières entre fiction et réalité, entre l’humain et l’œuvre, la pièce amènerait donc le spectateur à s’ouvrir à tous les possibles artistiques et à se sensibiliser de manière aiguë à ce qu’on lui propose… sans toutefois ne rien imposer au spectateur quant à la réception de cette œuvre. Gaël l’affirme : « Un de mes rêves de théâtre serait que la représentation ne soit pas un rapport de force entre les acteurs et les spectateurs, mais un lieu de vie partagé, un endroit commun où chacun vit sa vie. »  Rêve ou réalité ? Réponse le 6 et 7 octobre à Saint-Gilles.

SABOT D’OR SAINT GILLES OUI ! VARIATION AUTOUR D’UNE JOUR DE NOCE, 6 et 7 octobre 2018.
À partir de 10 ans – 5 h dont le repas partagé.
LE SABOT D’OR , LE PONT HAZARD 35590 ST GILLES
Début du spectacle devant la mairie (vous pouvez déposer vos plats avant le spectacle au Sabot d’Or)
Samedi 6 octobre 2018 : 17H.
Dimanche 7 octobre 2018 : 11H30
Tarif plein 10€ . Abonnés 8€. Carte Sortir ! 4€
Renseignements au 02 99 64 63 27.
Billetterie à la mairie de Saint-Gilles et à destination Rennes

AU TRIANGLE DE RENNES 50 SPECTACLES EN 2018/2019 !

Cinquante spectacles pour la saison 2018-2019 ! Voilà ce qui attend le public en cette nouvelle rentrée du Triangle, la cité de la Danse de Rennes. Scène conventionnée d’intérêt national « Art et création » pour les années 2019 à 2021, le Triangle a conçu une programmation pour le plus grand nombre. Des artistes qui récidivent (certains pour la dernière fois : Latifa Labissi, Blosne mode d’emploi) aux nouveaux arrivants, le directeur du Triangle Charles-Édouard Fichet nous livre les facettes d’une programmation 100 % danse. Découvrez l’entretien à la suite du programme.

le triangle cité de la danse programmation 2018-2019

« La saison ne peut mieux s’expliquer que par les mots récit et sensible »

Unidivers : Pour cette nouvelle saison, le Triangle réactualise son projet pour les trois années à venir en conservant les formes artistiques : danse, littérature et arts plastiques. Comment cela se traduit-il dans la programmation ?

Charles-Édouard Fichet : Le Triangle est scène conventionnée danse depuis la fin des années 90 par section de trois ans. Dans les faits, le ministère de la Culture conventionne un projet qui est porté par le directeur de la structure. Officiellement, nous allons agréger la question de la littérature et d’arts plastiques avec les singularités qui les porte. La littérature doit servir de support à d’autres formes artistiques. D’autant que dans l’objet-livre en tant que tel dévoile quelque chose qui est à plat. Nous sommes sur un aplat qui est certes beau, mais qui ne révèle rien tant que nous ne l’avons pas sorti de son volume – soit par l’imaginaire, soit par la mise en scène, la lecture publique, la chorégraphie, etc. Cela signifie pour moi que nous n’avons pas vocation à éditer ou distribuer les livres, mais plutôt à faire vivre la littérature, à lui donner un sens autant politique que vital, avec toujours cette idée de croiser la littérature, les arts plastiques et la danse. L’engagement du Triangle se trouve réellement dans la danse avec une sensibilité particulière pour la danse contemporaine.

le triangle cité de la danse programmation 2018-2019

Unidivers : Un fil conducteur qui se lit-il dans la programmation de cette nouvelle saison ?

Charles-Édouard Fichet : Pas réellement. La programmation n’est qu’un outil et non une finalité. Elle organise les choses, fixe des dates et des rendez-vous où nous plaçons des artistes avec qui nous avons une histoire. L’idée de récit me plaît particulièrement : quelque chose d’ininterrompu qui prend sa source au plus lointain de la danse ou d’autres formes artistiques, mais aussi au plus lointain de l’existence d’un lieu. Une histoire se raconte. Cette image est importante, car elle raconte également comment monter une programmation. Si nous étions des programmateurs stratèges avec comme seul but de faire venir du public ou de gérer une entreprise artistique, nous ferions de la programmation pure et simple. Des rencontres avec des artistes se font sur plusieurs années au Triangle. Elles aboutiront ensuite à une création, des sensations, des rencontres, des formes et des ateliers. Ce processus vient se placer naturellement dans un programme.

Il y a également des impératifs comme celui des formes artistiques différentes à exploiter : arts urbains, Hip Hop, l’envie de faire du grand art familial avec les ballets. Le Triangle essaie de tenir compte de tout cela dans sa réflexion. Nous soutenons également des œuvres et des artistes. Nos nombreuses discussions et rencontres nous amènent à composer une saison. Une fois que toutes les idées ont été mises bout à bout, nous pouvons nous rendre compte des manques ce qui va nous mener à de nouvelles recherches jusqu’à aboutir à une programmation équilibrée, pour tous, à l’image que l’on se fait des formes artistiques et de l’esthétique.

« La programmation prend en compte un niveau de culture que l’on a envie de transmettre et de partager, qui correspond aux créations d’un Art régional afin que les artistes bretons trouvent une place dans le lieu »

Tout ce questionnement engendre un récit. À partir du moment où il est possible de raconter une histoire, nous nous trouvons dans une forme évolutive, jamais en arrêt. C’est un cheminement. Nous avons par exemple rencontré un artiste aujourd’hui qui propose un nouveau projet et viendra en octobre de l’année prochaine si tout se passe bien.

Unidivers : Quelle place pour le jeune public dans cette programmation ?

Charles-Édouard Fichet : La proposition d’événements au jeune public fait parti des impératifs d’une programmation. Nous ne pouvons proposer au jeune public les mêmes propositions qu’aux adultes. Nos efforts se concentrent alors dans la recherche de compagnies qui s’adressent justement à ce public avec le niveau que l’on attend. Un niveau qui correspond à l’idée que l’on se fait des formes artistiques transmissibles. Nous avons par exemple accueilli Gilles Rousseau l’année dernière pendant quinze jours dans le cadre de la construction de l’arbre à Pixels.

le triangle cité de la danse programmation 2018-2019

Le Triangle a également proposé un partenariat avec la Compagnie a.a.O dans le cadre du festival Marmaille (19 et 20 octobre 2018) ou la Compagnie La Libentère pour les + de 2 ans (mercredi 19 et jeudi 20 décembre 2018).

Unidivers : Les Transmusicales, le TNB… quels sont les partenaires – anciens et nouveaux – de cette année ?

Charles-Édouard Fichet : Afin de mieux répondre, je vais commencer par parler du festival Agitato. Il a traditionnellement lieu en juin, mais quand les professionnels rencontraient les artistes après la fermeture du mois de juin, le bouclage de la saison était déjà terminé. Ils ne pouvaient donc plus accueillir les nouveaux artistes et les nouvelles œuvres que le Triangle proposait. Afin de faciliter la visibilité et la diffusion via les différents réseaux de ces créations et des invitations faites à destination d’un public de professionnels a été avancé en février. Pour cette première partie nous serons en partenariat avec Danse à tous les étages pour le tremplin jeunes artistes et avec le collectif Réservoir danse au Garage. À cela s’ajoute, le nouvel événement la Tablée Fantastique (le 15 juin 2019) qui accueille des artistes sur un rendez-vous plus festif en lien avec le quartier. Les deux étaient auparavant réunis, dorénavant ce sera différent. Ce qui ne signifie pas que le festival Agitato n’est pas convivial pour autant. Il y a toujours un piège à dire que la programmation est pour tous, qu’un spectacle est plus convivial qu’un autre.

« Tout le monde est en capacité de voir, d’entendre et de bien vivre ce qui est proposé au Triangle »

Tout dépend ensuite des dispositions que l’on a. Un ancien président de la République avait par exemple dénoncé le livre la Princesse de Clèves de Mme la Fayette comme le livre le plus ennuyeux de la Terre. Pour lui peut-être, mais ce n’est qu’une question de point de vue. Nous insistons sur le fait de proposer une activité pour tous, il faut cependant vaincre des timidités, des inhibitions et des idées préconçues.

Un partenariat avec le festival Travelling a également été mis en place, car le festival se déroule sur les mêmes dates. Nous avons rencontré l’association afin de voir ce que nous pouvons proposer sur le film et la danse. Nous sommes tombés d’accord sur de la danse filmée en 360°, une proposition assez originale.

Des partenariats anciens comme le TNB sont bien entendu présents. Ce qui était à la base une occupation de l’espace est devenu un véritable partenariat. Mettre en scène s’appelle dorénavant le festival du TNB. Le Triangle reçoit trois spectacles dans ce cadre : Amala Dianor (du 15 au 17 novembre 2018), Marlène Monteiro Freitas (jeudi 22 et vendredi 23 novembre 2018) et Germaine Acogny (le 3 et 4 avril 2019). Ce partenariat permet de conjuguer un public plus étendu, un événement fort et rend la danse visible. D’une manière désintéressée, nous soutenons la danse dans cet échange de compétences. Germaine Acogny est une danseuse sénégalaise de 74 ans, une grande figure de la danse au Sénégal.

La réflexion du récit est une nouvelle fois présente ici. Dans la partie dont je m’occupe au Triangle, j’ai toujours abordé la question de la relation avec la danse d’Afrique, particulièrement avec le Cameroun ces dernières années. À chaque fois que j’ai rencontré des danseurs au Niger, au Cameroun, au Burkina, le nom de Germaine Acogny et de son école – l’école de Sables au Sud de Dakar – revenaient. C’est à cet endroit que tout semblait se jouer. Certains l’appelaient même « maman Germaine », son école représente en quelque sorte la Mecque de la danse en Afrique. Tout cet engouement autour de cette personne m’a poussé à la rencontrer, une fois à la Villette à Paris et une seconde fois à Dakar. Par la suite, des conventions entre l’école des Sables et le Triangle ont été établies. L’inviter à la Cité de la Danse s’est imposé, mais composer avec une histoire de 50 ans de danse – voire plus – n’est pas une mince affaire. Tout est réuni dans ses spectacles : danse, vidéo, son, texte… une véritable armée. Le partenariat avec le TNB permet ce genre d’invitation, ce serait compliqué pour le Triangle seul, mais le directeur du TNB Arthur Nauziciel a accepté tout de suite.

le triangle cité de la danse programmation 2018-2019

Le partenariat avec les Transmusicales est également une tradition. Tous les ans, pendant les jours du festival, nous accueillons des spectacles de Hip Hop de très grande qualité. La chorégraphe Bianca Li sera présente les 7 et 8 décembre pour un spectacle de danse électro.

Unidivers : Quelles sont les formes artistiques qui s’intégreront aux changements urbains que va subir le quartier du Blosne cette année ?

Charles-Édouard Fichet : Être conventionné signifie nouveau projet et en ce moment même, je me penche sur la rédaction de ce nouveau projet qui va traiter de la question du sensible. C’est-à-dire une réflexion qui constamment relie, s’approprie et change, comme une vitalité permanente entre ce qui est dehors et dedans. Quand nous définissons l’espace, nous nous demandons si la salle de théâtre est le seul endroit où une expérience du sensible se passe alors qu’au final, il se trouve partout. Quand l’esplanade de la Rambla sera investie le 15 juin, elle ne sera pas seulement investie par la danse, mais également par les arts plastiques. La Cabane devant est une forme plastique et les fresques que l’on va apposer au sol également.

L’espace sera envahi de choses visibles, durables, mais des textes seront également lus, on va y danser et exploiter tout l’espace. Se faisant, on va amener l’art dans l’espace urbain et l’espace urbain va également nous renvoyer quelque chose. C’est ce que j’appelle le don et contre don bien que ce soit une formule employée à l’école de commerce. Pendant des années, nous avons pensé que le cœur battant d’un lieu culturel comme le Triangle était la salle de spectacle.

« Aujourd’hui, nous évoluons vers des directions différentes, on passe certes par la salle de spectacle, mais c’est plus l’endroit majeur. Tout doit vivre : ce qui se dit, ce qui se crée et ce qui se pratique »

Le public n’est pas le même non plus donc l’approche est différente. Il vient étape par étape. Toute occasion est saisie pour que la culture change et se partage. En même temps, quand des scènes ouvertes se produisent – comme sur cette Rambla – enfants et adultes surgissent avec une grande envie d’être devant le public. Le Triangle leur offre l’espace afin qu’ils nous montrent ce qu’ils ont à donner. Et parfois, même souvent, ils nous éblouissent.

le triangle cité de la danse programmation 2018-2019

On découvre alors de nouvelles choses qui nous donnent envie de travailler dessus et d’en discuter. Une artiste est installée dans cette dynamique, ce qui permet de faire bouger les formes. C’est un peu de cette manière que l’on vit l’espace dans lequel on est implanté. Derrière le Triangle se trouve par exemple une halle, un immense hangar. Des fontaines et un bassin vide s’y trouvaient, on a donc créé un practice en les recouvrant d’un plancher. Des jeunes viennent tous les jours spontanément danser à cet emplacement. Trois ou quatre groupes cohabitent, les musiques sont différentes, mais curieusement chacun entend la sienne. Parmi eux, des personnes vont être repérées pour venir danser, certains iront sur la scène. Nous sommes une nouvelle fois dans ce cheminement de programmation. Des événements se fixent et construisent le programme. Par exemple, Michael Phelippeau interprétera Just Heddy jeudi 25 avril 2019 proposé aux plus de six ans. Il s’agit d’un travail extrêmement sensible autour du corps avec une forte inspiration pour la danse.

Le projet Blosne Mode d’emploi rentre également dans sa quatrième et dernière année avec l’auteur Oliver Rohe qui viendra en résidence de janvier à mars. Par la suite, un livre sera édité en 2021 avec une lecture à Mettre debout.

Unidivers : Le lancement de la saison a lieu mardi 18 septembre. Quel est le programme par rapport aux années précédentes ?

Certaines années, le lancement se déroulait sur scène, d’autres fois nous déambulions dans le lieu, nous avons également proclamé la saison ouverte dans le hall… Cette année, nous innovons. Nous avons une salle qui s’appelle l’Archipel qui permet un intérieur-extérieur simple. La présentation sera assez intimiste pour que les gens soient à l’écoute dans la salle, avec des vidéos, le film d’une chorégraphe. Des artistes seront présentés, mais aucun déroulé au sens strict du terme. Personne ne retient. Par contre, des espaces seront créés dans la soirée et les gens pourront entrer dans une salle où quelqu’un de spécifique leur expliquera comment cela fonctionne et leur proposera un spectacle. Ils pourront ensuite aller boire un verre, écouter… C’est l’esprit Garden Party : joyeux, formidable, extraordinaire. Il n’y a pas de mots.

le triangle cité de la danse programmation 2018-2019

« C’est ouvert au public et même recommandé par le médecin. Cet événement est bon pour la santé, pour être bien ensemble et pour être dans un contexte totalement ouvert ».

À chaque fois que de nouvelles têtes arrivent, c’est une victoire. Nous sommes tellement soucieux du bien-être de nos invités que nous cherchons des formes nouvelles tous les ans. Nous tentons d’y insérer quelque chose de festif qui va toucher les gens.

PICOULY 90 SECONDES, ERUPTION DU MONT PELEE EN MARTINIQUE

Quatre-vingt-dix secondes : ce roman de Daniel Picouly est captivant. Il redonne vie à l’éruption de la montagne Pelée à Saint-Pierre de la Martinique qui a eu lieu le 8 mai 1902 et a fait quelque 30 000 morts. Il était 7 h 52 ce matin-là ! Le tout en quatre-vingt-dix secondes !

PICOULY 90 SECONDES

Le diable a bu du rhum. On a souillé les églises, déterré les cadavres. Saint-Pierre doit se repentir. Tandis que je crache de la boue et du feu, que je ravage les champs, les bêtes et les hommes, ils battent des mains comme des enfants à Carnaval. Ils oublient de redevenir des animaux sages, de faire confiance à leur instinct. Fuyez ! Je suis la montagne Pelée, dans trois heures, je vais raser la ville. Trente mille morts en quatre-vingt-dix secondes.

 

Mais l’histoire narrée d’une plume d’or va au-delà de ce terrible cataclysme. L’écrivain entretient le suspens de la première à la dernière page en s’attachant à nous raconter l’histoire de plusieurs personnages au caractère fort, leurs derniers moments, leurs préoccupations de l’instant, comment ils pressentent ou ignorent ce qui se prépare, ce qui les menace.

PICOULY 90 SECONDES
Credit: Tempest Anderson Photographic Archive York Museums Trust.

Et Picouly de balayer la société de Saint-Pierre en ce début de XXe siècle. Il y a celles et ceux qui ont le sentiment de « faire » la Martinique de l’époque ; il y a celles et ceux qui subissent ces animaux politiques prêts à tout pour garder leur force hégémonique sur les populations locales ; il y a celles et ceux qui ambitionnent un avenir sombre pour l’île de la Caraïbes ; il y a celles et ceux qui – excités par le profit permanent – ne cesse de piller, d’essorer les ressources de ce rocher volcanique.

PICOULY 90 SECONDES

Un roman serait-il un roman sans sentiments, qu’ils s’avèrent haineux ou amoureux ? Et bien Picouly, là encore, n’a pas omis les ingrédients : on trouve dans ces pages les affrontements de certains et puis on rencontre la force de l’amour qui unit Louise à Othello (ne pas louper l’allusion à Shakespeare), ces deux-là, on serait triste qu’il leur arrive malheur. Mais force est de constater que le personnage principal de cette histoire demeure La Pelée, cette montagne-volcan qui décide de tout. De la vie comme de la mort. Qui fait le temps calme et la tempête, au-delà de la volonté des hommes. Et c’est pour notre plus grand bonheur, pour la plus grande leçon létale de certains.

PICOULY 90 SECONDES

Quatre-vingt-dix secondes se dévore quasiment dans le même temps, au rythme de cette coulée de lave qui gronde et ne demande qu’à se répandre à flancs de montagne dans des voiles noirs, dans des nuages de cendre ou à engloutir une ville tout entière, enfermant à tout jamais ses secrets les plus inavouables.
Un roman à ne pas manquer tellement la force de l’écrit emporte et passionne.

PICOULY 90 SECONDES

« il y a des volcans qui se meurent
il y a des volcans qui demeurent
il y a des volcans qui ne sont là que pour le vent
il y a des volcans fous
il y a des volcans ivres à la dérive
il a des volcans qui vivent en meutes et patrouillent
il y a des volcans dont la gueule émerge de temps en temps véritables chiens de la mer »
Aimé Césaire, extrait de « Dorsale bossale » in Moi, laminaire…

Quatre-vingt-dix secondes un roman de Daniel Picouly. Éditions Albin Michel. 270 pages 19,50 €. Parution : août 2018.

Couverture : © Narcisse – Image de couverture © Andy Warhol, Vésuve 1985
Photo Daniel Picouly © DR

RÉALISATION : Audrey Gordon
PRODUCTION : Cinétévé
DURÉE 52′
Texte dit par Daniel Picouly

Avec la participation du Centre national du cinéma et de l’image animée du Ministère des Outre-mer de la Collectivité territoriale de Martinique et de France Télévisions.

AUTEURS : Daniel Picouly et Audrey Gordon

ÉQUIPE TECHNIQUE

Image et son : Benjamin Hoffman

Image additionnelle: Léo Gotainer

ÉLÉMENTS ARTISTIQUES

Musique originale : Julien Besins

Animation et Dessins : Joël Cimarron

UNE VIE COMME UN ETE, UNE BD ETOILEE

Gerda Wendt fut une astrophysicienne allemande qui consacra sa vie aux étoiles. La BD Une vie comme un été, tout en douceur et subtilité, nous raconte par courtes séquences cette existence placée sous le signe de la voute céleste. Sans pathos, mais avec poésie.

Une vie comme un été

C’est une vieille dame appuyée sur un déambulateur. Elle regarde les frondaisons d’un arbre. Juste au-dessus de sa tête. Dans l’ombre des branches, de petites taches scintillent. On dirait des étoiles. Ce sont bien des étoiles, ces éléments qui sont morts depuis longtemps, mais qui continuent de briller et de vivre pour nous, car

Tout ce que l’on voit là c’est déjà fini.

Une vie comme un été

Cette BD raconte ainsi ce qui est fini. Les étoiles, mais aussi cette vieille dame, qui s’appelle Gerda Wendt. Elle est seule comme elle l’a été une grande partie de sa vie qu’elle va consacrer aux chiffres et au ciel, s’éloignant de la vie réelle et des « besoins humains fondamentaux ». Des besoins comme la compagnie des hommes, et même celle de son mari pour qui elle renoncera pourtant, un moment, à un poste de professeure assistante à Cambridge. Devant son déambulateur, elle vit ses derniers jours, dans une maison de retraite, seule et oubliée. Alors elle se remémore son histoire par épisodes brefs et marquants, dans des aller-retour où souvent le sens des phrases combine histoire personnelle et principes de sciences.

La collision de deux comètes est hautement invraisemblable. Mais si ça arrive, même si elles sont petites, leur collision provoque une série d’explosions spectaculaires, leur luminosité est même des siècles plus tard visible depuis la Terre.

Un énoncé scientifique qui raconte en voix off la rencontre vouée à l’échec de Gerda et de Peter. Cet amour inconcevable pour une jeune fille totalement transparente, accaparée par les chiffres et les étoiles qui « sont là même si on ne les voit pas », ne peut rien face à l’immensité céleste et ses mystères insondables. Des décennies plus tard, c’est devant des fenêtres ouvertes qu’elle poursuit sa quête de souvenirs, morts eux aussi, mais pourtant toujours présents. L’album alterne ainsi, avec une rare tendresse, entre passé et présent, entre passion et dégradation du corps et de l’esprit.

Une vie comme un été

Le talent des auteurs met en valeur la vie et l’immensité du cosmos, le savoir et l’ignorance. Et surtout la douceur et la pudeur. La fin de vie est rude pourtant, décrite sans faux-semblant, mais le regard du lecteur ne perd jamais de vue l’immensité du ciel, superbe contre point intemporel à l’existence terrestre.

Le scénario magnifique de Thomas von Steinaecker, romancier connu outre-Rhin, plein de trouvailles stylistiques évite le récit chronologique et s’attache aux détails qui éclairent une existence de passion et d’incompréhension. Barbara Yelin, lauréate du prix Artemisia 2015 en France et multiprimée en Allemagne pour son dessin, montre sans démontrer, gardant une distance nécessaire entre le réel et l’imaginaire. Ses couleurs illuminent ce bel été qui fut et qui n’est plus. Alors elle assombrit parfois son dessin pour dire la souffrance et faire ressurgir le passé.

C’est la vie d’une scientifique que raconte cette BD, une scientifique amoureuse des chiffres, mais surtout de la vie, de la beauté et de ces champs colorés qui demeurent le dernier souvenir avant de rejoindre définitivement les étoiles.

Une vie comme un été de Thomas von Steinaecker (récit) et Barbara Melin (dessins). Éditions Delcourt. 80 pages. EAN : 978-2-4130-1043-2. 15,95€.

MURIEL ROBIN LANCE UNE PETITION CONTRE LES VIOLENCES CONJUGALES

Le téléfilm Jacqueline Sauvage prend pour sujet l’affaire qui a sensibilisé de nombreux Français entre 2012 et 2016. Diffusé sur TF1 le lundi 1er octobre, il a offert à Muriel Robin, actrice principale du téléfilm, de lancer une pétition. Son objet ? La protection des femmes et des hommes victimes de violences conjugales. Une marche est organisée à Paris le 6 octobre devant le Palais de justice.

Jacqueline Sauvage, c’était lui ou moi, est un téléfilm poignant. Mais terriblement réaliste. Jacqueline Sauvage, interprétée par Muriel Robin et réalisé par Yves Rénier, revient sur l’affaire de la sexagénaire, jugée aux Assises à partir de 2012 pour avoir tué son mari qui la battait et abusait d’elle et ses enfants sexuellement.

En 2014, selon le rapport de l’Observatoire national de la violence faite aux femmes, 118 femmes ont été tuées sous les coups de leur conjoint. Parmi les plus de 150 personnes, on compte aussi 25 hommes et 36 enfants. Mais au total ce sont environ 223 000 femmes qui sont victimes de violences conjugales. On estime à environ 84 000 femmes victimes de viols ou de tentatives de viols pour seulement 765 hommes et 6 femmes condamnées pour ces faits.

Il faut dire que 14 % des victimes qui portent plainte ont, pour la plupart, peur des possibles représailles. « Les victimes se rendent moins souvent à la gendarmerie ou au commissariat lorsqu’elles vivent toujours avec leur conjoint : c’est le cas de deux femmes sur dix contre cinq sur dix lorsqu’elles ne vivent plus avec l’auteur des faits », indique le rapport de l’observatoire national de la violence faite aux femmes.

MURIEL ROBIN
L’actrice s’est félicitée du succès de la pétition trois jours après son lancement.

Ces chiffres alarmants sont tombés entre les mains de Muriel Robin. Contrainte de jouer les situations terribles endurées par Jacqueline Sauvage et de nombreuses autres femmes, elle a lancé une pétition le 24 septembre, pour sensibiliser Emmanuel Macron. Trois jours plus tard 100 000 signatures. Elle réclame plus de moyens à la police et à la gendarmerie pour permettre une meilleure protection des victimes. « Il faut donner les moyens d’agir à ceux qui prennent en charge les femmes victimes et les hommes auteurs de ces violences ».

 » Cette pétition est pour leur dire qu’elles ne sont plus seules et que nous allons y arriver. C’est aussi une façon de les prendre dans nos bras ».

De plus, elle souhaite mettre en place plusieurs actions afin de mieux protéger les victimes. « Nous demandons une formation O.BLI.GA.TOI.RE nationale de tous les métiers de loi (police, gendarmerie, juges, magistrats) et un plan d’urgence pour l’hébergement des femmes », indique-t-elle dans la pétition. Cette pétition a été retranscrite sous forme de tribune parue dans le Journal du Dimanche du 23 septembre. Elle a été signée par une liste de 88 personnalités.

En outre, elle propose aussi un rassemblement à Paris devant le Palais de Justice le 6 octobre. « Montrons à ces femmes que nous leur tendons la main, et que viendra un jour où elles ne seront plus seules », explique Muriel Robin pour conclure la tribune. Elle précise vouloir initier un rassemblement en province. Pour l’heure, rien n’est organisé à Rennes.

Le téléfilm a obtenu un large succès puisque 7,6 millions de téléspectateurs regardaient TF1 lundi soir. Il est disponible en replay. Ce qui a impacté la pétition qui contient désormais plus de 235 000 signatures dont 20 000 rien que le lendemain matin de la diffusion.

LE DERNIER LAPON, UNE BD GLACANTE

Les premiers froids arrivent. La BD Le dernier Lapon, sous la forme d’un passionnant polar, entraîne le lecteur par moins 17°, dans le grand Nord. Au pays d’éleveurs qui coupent les oreilles des rennes, mais parfois aussi des hommes… Frissons garantis.

Si vous avez peur de la nuit, la BD Le dernier Lapon n’est pas pour vous. Si les mots « polar ethnologique » vous effraient, passez votre chemin. Mais si vous désirez passer quelques jours dans les territoires sauvages du grand nord, alors que la Laponie est plongée dans la nuit depuis quarante jours, n’hésitez pas, Le dernier Lapon est pour vous ! Vous allez pouvoir monter sur un scooter des neiges, après avoir enfilé une doudoune épaisse et vous lancez à la chasse de rennes, mais aussi, très rapidement, à la recherche d’un assassin d’un éleveur à qui on a coupé les deux oreilles. Il vous faudra remonter à 1693 pour essayer de résoudre ce terrible assassinat peut être causé par le vol d’un tambour de chaman. Démarrant lentement, il faut camper les personnages et la situation, la BD Le dernier Lapon va rapidement s’emballer et le lecteur prend alors plaisir à suivre les traces suspectes de pas sur la neige d’une communauté marquée par le racisme à l’égard des lapons et de leurs descendants,  de la part d’une extrême droite symbolisée par un élu municipal odieux.

bd dernier lapon

Les situations résonnent vrai comme dans le roman policier multiprimé d’Olivier Truc (prix des lecteurs Quai du Polar, Prix Mystère de la critique notamment) d’où est tirée cette BD, confiée aux espagnols Javier Cosnava pour le scénario et Toni Carbos aux dessins. Les deux auteurs ont su restituer le climat lourd et malsain que décrivait dans son polar le correspondant du Monde à Stockholm. Les conflits ancestraux, les légendes laponnes, les enjeux économiques liés aux richesses du sol, la présence d’un seul policier Lapon au commissariat, Klemett, qui va mener l’enquête avec Nina, une policière venue du sud du pays, et qui n’hésitera pas à se rendre à Paris pour rencontrer un vieil explorateur, créent un climat lourd et réaliste qui ausculte au plus près une société divisée et violente sous le signe de la nuit qui cache tout.

bd dernier lapon

Sans démonstration explicite mais par la fluidité d’un récit remarquablement mis en page grâce à de très réussis gaufriers qui, à la manière de paragraphes, mènent l’intrigue avec efficacité, on s’éloigne d’une vision idyllique d’un pays de Père Noël. Là comme ailleurs, le rejet de l’autre, la peur du voisin et de sa culture différente, l’appât du gain, fracassent des traditions ancestrales remises en cause en l’espace de quelques années et d’une modernité accélérée. A des milliers de kilomètres de Paris, les préjugés des hommes semblent identiques. La force des auteurs est de savoir reconstituer, dans une BD néanmoins haletante et prenante, cette violence sourde,  dissimulée par des paysages immaculés où la blancheur n’est qu’un trompe l’oeil.

bd dernier lapon

Toni Carbos relève le défi de dessiner la nuit. Il utilise des couleurs froides, bleutées, gris-clair, qui collent parfaitement à la noirceur du récit, agité de protagonistes haineux et violents. La qualité remarquable de l’objet et du papier rendent un bel hommage au travail du dessinateur soucieux de privilégier la clarté du récit à une vision idyllique des paysages peu en rapport avec les relations humaines.

bd dernier lapon

Il faudra attendre la dernière page pour que s’ouvre «  la période la plus extraordinaire de l’année, celle qui porte en elle tous les espoirs (…) Très bientôt l’hiver va finir, le soleil renaitra, redonnant à nos montagnes, leur relief et leur superbe. ». Avec le retour du soleil, on peut espérer que la lumière éclairera cette affaire passionnante et instructive. Et que l’assassin sera démasqué.

Le Dernier Lapon de Javier Cosnava et Toni Carbos d’après le roman de Olivier Truc Editions Métailé). Editions Sarbacane. Dos rond toilé et marquage à chaud. 160 pages. 25 €.