Avec sa BD Opération Copperhead Jean Harambat raconte une histoire incroyable de désinformation pendant la Seconde Guerre mondiale. Incroyable, mais vrai. Et jubilatoire !
« Copperhead » ? Il s’agit d’un serpent de « la famille des vipéridés. Il attire ses proies en agitant sa queue brillante et colorée ». On pourrait résumer en disant qu’il s’agit d’un leurre. On peut ajouter que l’opération Copperhead se situe en Angleterre en 1943 et intuitivement vous devinerez aussitôt qu’il s’agit d’une opération des services secrets pour tromper l’ennemi. Si l’on continue un peu la réflexion, on comprendra que ce nom évoque un leurre relatif au lieu du débarquement qui aura lieu finalement en Normandie. Opération « Fortitude » me direz vous ? Eh bien non. Dans sa BD Opération Copperhead Jean Harambat s’est attaché à une opération moins connue, et au final moins efficace, une opération qui consistera à créer un sosie du Général des Forces alliées, Montgomery, à le promener un peu partout en Afrique du Nord, pour convaincre les nazis d’un débarquement sur ce continent. Cette histoire loufoque et incroyable, le dessinateur Jean Harambat la raconte en s’appuyant pourtant sur les autobiographies réelles des trois protagonistes essentiels. Le premier est l’acteur David Niven à la nonchalance malicieuse et charmeuse qui décide de quitter Hollywood pour défendre son pays, « le seul acte dépourvu d’égoïsme que j’ai accompli dans ma vie ». Le second est Peter Ustinov, le futur Hercule Poirot de « Meurtres sur le Nil ». Le dernier est de nos jours moins connu : Clifton James, être désarmant de faiblesse, de sincérité qui à la demande de Dudley Clarke, chef de la désinformation, se verra confier par les deux acteurs le rôle de doublure de Montgomery à qui il ressemble parfaitement.
Une nouvelle fois la réalité se révèle plus invraisemblable qu’une possible fiction. Jean Harambat nous avait séduits avec « Ulysse, Les Chants du retour », BD dans laquelle il racontait le retour du Héros à Ithaque en introduisant dans le récit des interventions contemporaines d’historiens ou de philosophes. Il conserve dans l’« Opération Copperhead » le talent de raconter par bribes et par chapitres des situations complexes en évitant le pur récit chronologique. On retrouve ici aussi le talent du dessinateur qui avec quelques traits légers et fins donne des portraits magnifiques de Churchill plus vrai que nature ou d’un Montgomery au visage si caractéristique et aux oreilles inégalées. Ce trait est valorisé par une mise en couleurs sublime d’Isabelle Merlet qui par le jeu de contrastes met en lumière l’essentiel : l’humour, le caractère fanfaron d’une opération improbable et loufoque.
La légèreté prédomine et on se demande avec le dessinateur si quelqu’un se prend au sérieux dans cette histoire. Tout relève de la farce et l’on est sans cesse pris avec plaisir dans un jeu de miroirs, entre répétitions théâtrales, représentations cinématographiques, entre réalité et fiction, entre entraînement et mise en situation réelle. Après la guerre, tournant son histoire, le pauvre sosie de Montgomery a de quoi, comme le lecteur, être pris de vertige, lui « qui avait joué Monty, se jouait lui-même jouant Monty, et jouant en même temps l’homme qu’il avait incarné ». Clifton James méritait bien cette mise en lumière, qui n’épargne certes pas ses faiblesses, mais met en valeur le portrait des deux exceptionnels acteurs que furent Niven et Ustinov. Leurs noms figurent sur la couverture comme sur l’affiche d’un film et le talent indiscutable de Harambat et de les faire revivre. Impertinents, lucides sur eux-mêmes, ironiques sans être cyniques, ils commentent leur mission avec désinvolture et des propos dignes d’Audiard : « Tomber amoureux d’une femme pareille autant mettre son pénis sur une enclume » ou « Une femme de la tête aux pieds en passant par les deux hanches ».
On ne s’ennuie pas une seconde à la lecture de la BD Opération Copperhead de Jean Harambat qui réserve bien entendu quelques surprises dans les dernières pages…comme toute bonne histoire. L’humour est omniprésent, ce qui est bien normal pour des acteurs anglais. Il ne manque juste en sourdine que la musique de La Panthère Rose.
Une BD de Jean Harambat Opération Copperhead avec David Niven, Peter Ustinov, Vera Erikson, Winston Churchill, Clifton James et Dudley Clarke (excusez du peu), Éditions Glénat, 164 pages, septembre 2017, 20€.
Après le passage remarqué de la violoniste afro-américaine Tai Murray, l’opéra de Rennes accueillait, le 10 octobre, une violoniste franco-américaine en la personne de Elissa Cassini. Puisque ces dames d’outre-Atlantique étaient à l’honneur, l’Orchestre Symphonique de Bretagne avait été placé pour un soir sous la baguette de Laura Jackson, habituellement directrice musicale du philharmonique de Reno. (État du Nevada).
C’est Joseph Haydn qui inaugurera la soirée avec l’ouverture de « il mondo della luna », opéra-bouffe en trois actes sur un livret de Carlo Goldoni. Même si le rapport avec la Nuit américaine ne nous a pas sauté aux yeux, cela aura été, à tout le moins, l’occasion pour l’OSB de proposer une entame de soirée agréable, rafraîchissante, et pour Laura Jackson, de démontrer son aptitude à diriger ce bel ensemble. À travers une gestique, très académique, elle dirige ses pupitres avec sérieux et semble, en scrutant avec rigueur sa partition, ne vouloir à aucun moment perdre le contrôle.
L’œuvre suivante, Sinfonia for orbiting spheres, de Missy Mazzoli, dont la composition est récente, fut créée le 14 avril 2016 par le philharmonique de Los Angeles. C’est une œuvre très agréable, pleine de poésie et d’images cosmiques. Les sonorités longues, subissant parfois de paisibles distorsions nous entraînent dans des rêveries oniriques peuplées d’images spatiales. La présence d’un synthétiseur instille des sons inhabituels et cette œuvre surprenante étonne et charme le public. Lorsque l’on sait que la création européenne de Sinfonia for orbiting spheres date seulement de septembre 2017, il convient d’apprécier à sa juste valeur la chance qui est la nôtre. Pourtant le piège habilement tendu ne va pas tarder à se refermer.
C’est avec John Adams que nous allons être invités à secouer la poussière classique qui depuis trop longtemps, s’est déposée sur nos épaules. Cet Américain, très inspiré par Steve Reich va imposer une remise en cause plutôt drastique de nos opinions musicales. Issu d’un mouvement né dans les années 60, le minimalisme, John Adams, comme, La Monte Young, Steve Reich, Philip Glass et Terry Riley propose une musique dont un motif se répète de nombreuses fois avant de donner vie à une autre pulsation qui, elle-même, se répète à l’envi. Souvent qualifiée de répétitive, il faut surtout considérer la musique minimaliste comme l’émergence d’une musique à caractère spécifiquement américain, détachée de sa filiation européenne et, plus particulièrement, du sérialisme.
Reconnaissons-le…nous avons été secoués. La débauche d’énergie, la complexité d’écriture, les tempi entremêlés suivant les pupitres, tout a contribué à nous déstabiliser et nous n’avons pas été les seuls. La chef d’orchestre, perdant le calme des premiers instants, semble débordée par une formation hors de contrôle et son visage souriant quelques instants plus tôt apparaît crispé, comme ses gestes, peu évidents à comprendre. Dès le début du premier mouvement : « Mongrel airs » le ton est donné.
https://youtu.be/Tk6Cd93L7cM
Le tempo est marqué sans nuance par les percussions pendant que la clarinette semble se débattre pour être entendue au milieu des cuivres et des bois, omniprésents, à l’instar de violons qui bataillent pour affirmer leur présence. Plus calme sera le second mouvement « Aria whith walking bass ». Il se déroule sur le rythme d’une marche hébétée, ponctuée par les pizzicati des violons et la mélodie sinueuse du piccolo. Le dernier mouvement « road runner » revient à l’agitation initiale, mais progressivement. Le rythme est soutenu, la clarinette et les cordes semblent batailler et c’est le violon Naaman Sluchin, invité à la tête du pupitre des premiers violons pour cette soirée, qui tirera son épingle du jeu.
L’entracte fut donc plus que mérité, mais une agréable surprise nous attendait au retour dans les baignoires. Le concerto pour violon et orchestre n°2 « American four seasons » de Philip Glass fut interprété avec beaucoup de talent par Elissa Cassini. Puisque l’œuvre ne le permet pas : à aucun moment elle n’a pu ménager sa peine. L’écriture de Glass l’oblige à utiliser toutes les techniques violonistiques, à une vitesse et avec une fréquence qui forcent l’admiration. Si ce n’est cette performance de soliste, la musique de Glass peine souvent à convaincre le public français : le sentiment de n’être pas habitée par ce petit supplément d’âme qui vous emporte dans un autre univers, celui de l’imaginaire. Acceptons-en l’idée, mais peut-être que nos oreilles se montrent parfois rétives lorsqu’elles ne retrouvent pas les sons qui la flattent. Preuve que notre apprentissage n’est jamais terminé et qu’il faut être de bonne volonté.
PROGRAMME
Joseph Haydn Il mondo della luna, ouverture
Missy Mazzoli Sinfonia (for Orbiting Spheres) – création française
John Adams Chamber Symphony n°1
Philip Glass American Four Seasons, concerto pour violon n°2
Aimer ou être aimé, telle est la question. Incapable de s’aimer soi-même, l’homme a besoin du regard de l’autre pour exister. Mais l’Amour avec un grand A, cette passion qui attire deux êtres de manière réciproque, ces moments délicieux d’osmose parfaite peuvent-ils durer toujours ? Réponse avec François Szabowski pour qui l’amour est une maladie ordinaire…
Les histoires d’amour finissent mal, en général, François en est convaincu. Il aime Marie et depuis quelque temps, il sait qu’elle est aussi très amoureuse de lui. Leur amour est à son apogée.
J’ai alors réalisé que nous ne pourrions pas aller plus loin. Que nous étions arrivés au sommet. Qu’inexorablement, notre amour ne pourrait plus désormais que décliner. Et que je ne le supporterais pas.
S’il la quitte, elle ne l’aimera plus. S’il se suicide, elle le trouvera égoïste. Non, il veut voir à jamais l’amour dans ses yeux quand elle pensera à lui. François décide donc de se tuer en faisant croire à un accident. Qui, dans sa vie, n’a pas rêvé de disparaître subitement pour laisser un souvenir impérissable ?
Seulement, François n’est pas vraiment doué ou chanceux. Il se rate et se retrouve à l’hôpital. Toujours convaincu par sa théorie, il demande à son meilleur ami Didier, amnésique un peu paumé travaillant au Père-Lachaise d’aller annoncer sa mort à Marie en lui apportant une urne contenant ses cendres.
Puis François change d’apparence se déguisant en gothique, déménage, raie de sa vie certains quartiers de Paris, change de travail passant de serveur à rédacteur pour un journal gratuit.
Persuadé d’avoir l’amour éternel de Marie, François s’organise, s’amuse et tombe même amoureux de Morgane jusqu’à l’amour parfait qu’il ne veut pas voir s’étioler. Une fois de plus, il appelle le gentil Didier à la rescousse, sans se soucier des problèmes bien plus graves qui le taraudent, chargeant celui-ci de porter la mauvaise nouvelle et l’urne de cendres à sa dulcinée.
À chaque passion, craignant de perdre l’amour s’il le vit, François s’éloigne jusqu’à vivre seul, transparent, invisible au monde.
La sociabilité est comme un muscle, quand on ne s’en sert pas, elle s’atrophie.
Dans L’Amour est une maladie ordinaire, parce qu’il refuse que l’amour ne soit pas éternel, parce qu’il ne supporte plus les ruptures et les histoires qui partent en déroute, François se voit régulièrement obligé, la mort dans l’âme, d’organiser son décès auprès des femmes qu’il aime.
François, borné et égoïste, comprendra-t-il un jour que c’est justement parce que l’amour est mortel qu’il est précieux, que donner de l’amour vaut mieux que d’être obnubilé par celui qu’on se croit en droit de recevoir des autres.
Ce personnage que l’on ne voudrait ni comme amant ni comme ami parvient toutefois à nous séduire par son excentricité, sa légèreté, ses contradictions et sa plume qui fait d’un endroit sordide un lieu enchanteur
Il n’est guère étonnant qu’Amélie Nothomb ait adoré ce livre. François Szabovski construit une fable drôle, tendre et loufoque autour du sentiment amoureux. En poussant à son paroxysme les convictions simplistes de son personnage, l’auteur nous invite à réfléchir sur la vraie nature de l’amour dans un couple.
François Szabowski
L’amour est une maladie ordinaire François Szabowski, Le Tripode, août 2017, 280 pages, 17€. 9782370551238
François Szabowski est un écrivain né en 1977. Il a notamment publié aux éditions Les Forges de Vulcain : Les femmes n’aiment pas les hommes qui boivent ; Il n’y a pas de sparadraps pour les blessures du coeur ; Les majorettes, elles, savent parler d’amour ; Il faut croire en ses chances ; La famille est une peine de prison à perpétuité et autres proverbes.
Preuve de l’engouement suscité par l’art urbain : la multiplication ces dernières années des publications et expositions sur le street art et le graffiti. En 2008, la Tate Modern de Londres présentait une exposition sobrement intitulée « Street Art ». Un de ses organisateurs et commissaires, Rafael Schacter, n’est autre que l’auteur du présent ouvrage : L’Atlas du street art et du graffiti qu’il qualifie comme étant « le plus approfondi et le plus complet sur cette forme d’art contemporain ». Promesse tenue ?
Le souvenir de sorties nocturnes en 1968, rapporté par l’artiste américain John Fekner dans sa préface, souligne la naïveté avec laquelle cette génération peignait quelques mots en lettres blanches sur les murs, sans se douter que cela soit un jour érigé au rang d’œuvre d’art. Cette anecdote de jeunesse, outre le fait d’ouvrir le livre avec pertinence, esquisse les traits caractéristiques du street art et du graffiti. L’illégalité allant de pair avec l’excitation, mais aussi l’appropriation d’un territoire et la transformation de l’espace public en terrain de jeu.
Dans son introduction, Rafael Schacter rappelle à juste titre que « cette pratique [est] aussi ancienne que la culture humaine. Écrire et/ou dessiner sur des murs ou des parois sont des actes aussi élémentaires qu’universels, liés au désir primal de l’être humain de modeler ou de décorer son environnement matériel. »
L’Atlas du street art et du graffiti est d’abord une délectation visuelle. Son format pratique, l’équilibre textes-illustrations et les légendes rendent la lecture agréable et facile. Les photographies de qualité permettent d’apprécier les œuvres dans leur environnement, pas toujours facilement accessible, sous des angles originaux. Un souci de vulgarisation et de pédagogie également à mentionner avec la traduction des termes anglo-saxons, l’explication du vocabulaire inhérent à l’art urbain et un glossaire auquel se rapporter.
Avec la présentation de 113 artistes de 25 pays différents, l’ouvrage révèle l’envergure mondiale de l’art urbain. Une sélection judicieuse de la part de l’auteur d’artistes aux influences diverses et aux univers très personnels qui ne laissent pas indifférents. Des murs des grandes métropoles aux espaces plus reculés, ces artistes déploient un large éventail de pratiques : mosaïque, performance, installation…. Des œuvres qui, par leurs messages et leurs colorations, témoignent du contexte politique, économique, historique, social et culturel du pays et de l’environnement dans lesquels elles prennent place.
Les portraits des villes sont brossés par des spécialistes. La présentation synthétique et précise des artistes offre des points de repère – références biographiques, techniques utilisées, styles, thèmes et influences – et suscite la curiosité. Ce tour du monde de l’art urbain débute par son berceau de naissance : la côte Est des États-Unis. À la fin des années 60, les rues new-yorkaises voient se multiplier les noms ou pseudonymes avec un numéro (numéro de rue) : « TAKI 183 », « Stay High 149 » « Phase 2 »… Les rames de métro deviennent elles aussi rapidement le support où apposer son blaze (nom). 12 cartes créées par les artistes sont également présentées. Celle de MOMO, artiste de San Francisco, rappelle son exploit. Celui d’avoir réalisé le plus grand tag du monde : une coulée de peinture de 13 kilomètres de long dans les rues de Manhattan. Jouant du rapport d’échelle entre celui de la ville et celui de la carte, MOMO a reproduit le parcours effectué : le tracé reproduisant ainsi son nom.
Jurne avec son travail sur « l’écriture dans l’écriture » signe quant à lui la carte de San Francisco. KR (Krink, Craig Costello) est aussi à l’honneur. Utilisant sa marque de peinture maison (Krink : KR+ink), devenue un produit utilisé dans le monde entier, KR exploite les coulures et les gouttes de peinture faisant de ses œuvres des cascades de peinture où la couleur semble ruisseler. Los Angeles n’est pas en reste avec le travail de Shepard Fairey, auteur de la désormais célèbre affiche HOPE réalisée durant la campagne de Barack Obama en 2008. Shepard Fairey exploite les rouages de la communication politique en reprenant dans ses autocollants la figure d’André the Giant et le slogan OBEY.
Suivent ensuite les villes d’Amérique latine (Mexico, São Paulo, Buenos Aires) qui n’ont rien à envier à leurs voisines nord-américaines. L’art urbain y est marqué par les traditions locales à l’image du pixação (signifiant « écriture en goudron ») apparaissant dans les années 1950 à São Paulo et donnant naissance à une forme locale de graffiti. À São Paulo comme à Buenos Aires, l’art urbain va être un moyen de contestation sociale et politique durant la dictature militaire que vont connaître les deux villes. D’autres artistes vont, au contraire, essayer de se défaire de ces traditions. C’est le cas du travail de Dhear, originaire de Mexico. Ses paysages surréalistes peuplés de créatures imaginaires et fantastiques sont inspirés des bandes dessinées, films de science-fiction et dessins animés japonais.
Une section est consacrée aux métropoles européennes. Londres en tête avec le travail de Banksy mêlant à la fois humour et critiques acerbes. L’art urbain parisien est représenté avec le français Invader et ses personnages pixélisés empruntés au jeu d’arcade Space Invaders. Son œuvre a désormais conquis des sphères lointaines puisque grâce à la complicité de l’astronaute Samatha Cristoforetti, une de ses mosaïques a été installée à bord de la Station spatiale internationale. Le voyage n’aurait pu être complet sans évoquer Berlin et l’ « hacktivism » d’Aram Bartholl conjuguant art numérique et art public. Pour son projet Dead Drops, l’artiste a cimenté des clés USB dans les murs de la ville invitant le public à y déposer des données en se connectant avec un ordinateur.
À propos de l’Europe méridionale, Rafael Schacter décrit une esthétique plus « vivante et graphique ». Madrid voit émerger une contre-culture dans les années 80 amenant à un développement de l’art clandestin. SpY (Jacobo) appartient au collectif (crew) Los Reyes del Mambo. Son travail sur le détournement du mobilier urbain, notamment les équipements sportifs, invite à expérimenter la ville d’une autre manière. Plus à l’ouest, l’artiste portugais Vhils (Alexandre Farto) tire profit des différentes strates des murs afin de réaliser des portraits à partir de la soustraction de matière.
La dernière section, plus imprécise, est consacrée au reste du monde. Elle montre que les territoires conquis par le street art et le graffiti sont nombreux : l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Chine, le Japon…
L’Atlas du street art et du graffiti constitue une introduction très complète à l’art urbain qui séduira passionnés et curieux. Une forme artistique qui suscite les passions et qui continue d’alimenter les débats. L’art urbain gagne du terrain dans les rues pour le plus grand plaisir des flâneurs, alors levons les yeux….
Atlas du street art et du graffiti Rafael Schacter, éditions Flammarion, 400 pages, 300 illustrations, 2 septembre 2017, 39,90€
Auteurs : Rafael Schacter, John Fekner, Zosen Bandido, Jacob Kimvall, Ian Lynam, Lachlan MacDowall, Caleb Neelon, Rod Palmer, Elli Paxinou, Je Spurloser, Luciano Spinelli, Margarita Skeeta et Donald Blarney.
Norman Spinrad préside le jury de l’édition 2017 du festival Court Métrange. L’auteur américain peut aisément être qualifié de prolifique, ayant à son actif environ vingt-cinq romans et une centaine de nouvelles. Souvent qualifié d’écrivain de science-fiction, Spinrad abhorre cette catégorisation et chercher à affranchir son écriture des carcans que représentent les genres littéraires. Homme aux multiples casquettes, il a été critique littéraire, président de l’Association américaine des écrivains de science-fiction et de fantasy et scénariste de plusieurs œuvres, dont le mythique épisode The Doomsday Machine de la saga Star Trek. Auteur de plusieurs œuvres sujettes à scandales, il a une certaine expérience de la controverse… Entretien avec l’enfant terrible de la science-fiction.
Unidivers : Isaac Asimov vous a décrit comme quelqu’un qui : “a toujours le courage d’être différent”, et plusieurs de vos romans sont de véritables innovations. Sur ce point, Le Temps du Rêve, paru en 2012, est particulièrement emblématique, puisque vous l’avez rédigé intégralement à la seconde personne du singulier. Un défi stylistique qui vous a valu la défiance de nombreux éditeurs. Du 18 au 22 octobre, vous présiderez le jury du festival Court Métrange. Est-ce l’innovation que vous allez chercher parmi les productions candidates?
Norman Spinrad : Peut-être, mais pas nécessairement. Innovation n’est pas synonyme d’excellence. Je ne me force pas à être innovant pour être innovant. J’essaie de raconter l’histoire que je veux raconter, de dire ce que j’ai à dire, et si cela requiert des innovations, alors oui, j’innove. En tant que critique – rôle que j’endosserai au cours du festival – je pense que mon rôle est de m’assurer que les créateurs sont parvenus accomplir ce qu’ils souhaitaient. Pas de vérifier si l’œuvre correspond à ou non à mes attentes.
Unidivers : Votre travail a parfois été innovateur au point de faire scandale. Ainsi vous avez affronté plusieurs controverses: en 1969 pour Jack Barron et l’éternité, en 1972 avec Rêve de Fer, et en 2010 avec Oussama. Ces trois romans vous ont amené à franchir des limites que la plupart des auteurs préfèrent contourner. Faire progresser les mœurs, défier le scandale et la censure au nom de la littérature, est-ce là le devoir d’un auteur à vos yeux?
Norman Spinrad : Oui et non. Pour ce qui est de Jack Barron et l’éternité, mon éditeur m’avait dit que je pouvais d’écrire sans craindre les tabous. Bien que cela se soit révélé faux, c’est ce que je fais depuis. Je ne suis pas particulièrement intéressé par la transgression des tabous, des limites, de la censure. Je les ignore, comme si ils n’existaient pas.
Unidivers : En 1969, votre roman Jack Barron et l’éternité fut qualifié de scandaleux en raison de l’usage de grossièretés, de la présence de scènes de sexe, et d’une description cynique et décomplexée du monde politique. Trois éléments qui sont présents dans de nombreuses œuvres littéraires aujourd’hui. En revanche, Rêve de Fer nous présente le travail d’un Adolf Hitler uchronique et reconverti dans la science-fiction. Quant à Oussama, il vous a valu d’être qualifié d’avocat du diable, le diable étant ici le personnage principal, un jeune djihadiste que vous dotez d’une personnalité attachante envers et contre tout. Le 3e Reich et le Djihad sont des lignes rouges pour beaucoup d’auteurs, mais pas pour vous. D’où cette question: avez vous seulement une limite?
Norman Spinrad : Même réponse que précédemment. Les seules limites que je puisse reconnaître, ce sont celles de mes capacités: par exemple, écrire une fiction en français. Et dans ce cas, j’essaie d’améliorer cette capacité. Mais ne vous attendez pas à me voir écrire en français de si tôt!
Unidivers : Les trois romans que nous avons évoqué ne sont pas les seules de vos œuvres à explorer des thèmes politiques. En 1967 par exemple vous publiez Le Chaos Final, un roman qui sera largement interprété comme un reflet de la guerre du Vietnam. Tous vos romans contiennent-ils un message politique? Ces thématiques sont-elles inhérentes au roman d’anticipation?
Norman Spinrad : Concrètement, si vous voulez écrire un roman d’anticipation digne de ce nom, si vous voulez créer une société imaginaire, vous ne pouvez ignorer l’aspect politique. En ce sens, oui, le politique est intrinsèquement lié à la science-fiction.
Unidivers : Vos romans explorent des sujets sérieux et votre œuvre est aujourd’hui renommée. Rêve de Fer a même remporté le Prix Apollo en 1974. Cependant, de manière générale, la littérature d’anticipation peine encore à gagner ses lettres de noblesse. Qu’avez vous à dire à ceux qui considèrent la science-fiction comme un sous-genre de la littérature, une simple sous-culture?
Norman Spinrad aux Utopiales 2015
Norman Spinrad : Je déteste le concept de genre littéraire, car, peu importe celui dont il s’agit, il se caractérisera toujours par un ensemble de restrictions et de prérequis. Et techniquement parlant, une fiction, qu’elle se déroule une réalité alternative ou un futur imaginé, constitue un genre au même titre qu’une fiction basée dans le présent ou l’Histoire…
Pour ce qui est de la qualité, c’est une autre histoire. Il y a de la littérature d’anticipation médiocre, géniale, en passant par tous les entre-deux. Comme pour tous les genres littéraires, d’ailleurs.
Unidivers : Vous êtes écrivain, mais également critique littéraire et vous vivez en France depuis plusieurs années. Que pensez-vous de la littérature française, de la science-fiction française plus particulièrement? Pourriez-vous nous recommander quelques auteurs Français?
Norman Spinrad : Eh bien, trois d’entre eux sont malheureusement morts : Roland Wagner, en particulier pour Rêves de Gloire, Maurice Dantec pour Les Racines du Mal, et surtout Ayerdhal… Il y a aussi Michel Houellebecq – du moins quand il écrit de l’anticipation – qui lui, est toujours en vie.
Du 11 octobre au 11 novembre 2017, le cultures Hip Hop Festival explore le Hip Hop sous toutes ses facettes – danse, graff, deejaying, rap, beatbox – à travers des animations durant un mois en Cornouaille : Quimper – Fouesnant – Concarneau – Rosporden – Briec – Douarnenez – Plozevet – Carhaix – Douardenez – Elliant – Ergué-Gabéric – Loctudy – Saint-Evarzec – Scäer – Rosporden. L’association Hip Hop New School donne vie à l’un des plus gros festival des cultures urbaines de Bretagne, en particulier lors de la finale du Battle New School au Pavillon de Quimper. Peace, love, unity and having fun !
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La remise du 26e Prix Bulles en fureur-André-Georges Hamon a eu lieu le samedi 14 octobre 2017, à partir de 9h30, au Théâtre de La Paillette de Rennes, en présence de Zanzim – auteur de BD et invité d’honneur de cette édition 2017 du Prix Bulles en fureur – de Nathalie Appéré, Maire de Rennes, de Florence Lianos, directrice adjointe de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et de Pierre Lungheretti, directeur de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image.
Le Prix 2017 Bulles en Fureur André-Georges Hamon sélection Ados, est décerné à Chloé Vollmer-Lo et Carole Maurel pour Apocalypse selon Magda aux éditions Delcourt ; le Prix 2017 Bulles en Fureur André-Georges Hamon sélection Pré-Ados est décerné à Marc Dubuisson et Régis Donsimoni pour Hector aux éditions Delcourt, collection Humour de Rire.
Le Prix Bulles en fureur, qui récompense deux auteurs de bande dessinée (catégories « Ados » et « Pré-ados »), est organisé par la PJJ et la Ville de Rennes en partenariat avec la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image.
Le Prix Bulles en fureur mobilise, sur une période de dix mois et dans toute la France, plus de 700 jeunes de la PJJ, du secteur associatif habilité, des quartiers mineurs, des centres éducatifs fermés, des Établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM) et des classes relais. Les Bibliothèques de Rennes participent activement à l’organisation de l’ensemble de la manifestation à travers leur présence au sein du comité de pilotage national et leur expertise dans le domaine du livre.
Une journée créative autour de la remise du prix
La remise du Prix Bulles en Fureur est l’occasion de rassembler à Rennes des jeunes en provenance de différentes régions autour d’une journée temps-fort consacrée à l’univers de la bande dessinée. Après la remise des prix aux lauréats, les jeunes sont invités à participer aux animations proposées par la PJJ, en lien avec les bibliothèques de Rennes autour de « La fabrique à bulles » : ateliers de dessin, de caricatures, de jeux vidéo, ainsi que des animations autour du manga, un espace lecture, des expositions, etc.
Cette journée est aussi l’occasion, pour les jeunes présents, de découvrir les bandes dessinées sélectionnées pour le Prix 2018 et de voter parmi elles pour désigner les six ouvrages qui feront ensuite l’objet d’un vote dans toute la France.
La dimension culturelle comme facteur d’insertion
Le Prix Bulles en fureur est l’occasion d’entraîner ces jeunes dans une aventure culturelle afin de leur donner confiance en eux en découvrant la lecture, la langue française, les sciences et les arts, qui ne se réduisent pas aux programmes scolaires dans lesquels ils ont parfois été en échec.
L’idée est d’inciter les jeunes à donner leur avis sur une œuvre, à le confronter à celui des autres, à développer leur sens critique mais également à faire un choix et à le soutenir par un vote, comme une première étape citoyenne.
Cette année, les jeunes ont échangé sur le thème des solidarités, en lien avec le Challenge Michelet (dont la 46e édition aura lieu à Rennes en mai 2018).
Le Prix 2017 Bulles en Fureur André-Georges Hamon sélection Ados, est décerné à Chloé Vollmer-Lo et Carole Maurel pour Apocalypse selon Magda, aux éditions Delcourt ; le Prix 2017 Bulles en Fureur André-Georges Hamon sélection Pré-Ados, est décerné à Marc Dubuisson et Régis Donsimoni pour Hector, aux éditions Delcourt, collection Humour de Rire.
Apocalypse selon Magda
Date de parution : 27/01/2016 / ISBN : 978-2-7560-6307-2
Scénariste : VOLLMER-LO Chloé
Dessinateur : MAUREL Carole
Coloriste : MAUREL Carole
Série : APOCALYPSE SELON MAGDA (L’)
Collection : HORS COLLECTION
Résumé
L’apocalypse annoncée il y a un an n’aura finalement pas lieu ! Tandis que l’humanité tout entière célèbre la nouvelle, Magda, 14 ans, est dévastée. Pourquoi ? Pour le comprendre, il faut revenir en arrière, à ce jour où Magda décide qu’elle mourra sans regrets. D’amours maladroites en paradis artificiels, sous le compte à rebours des saisons, la jeune fille se découvre à elle-même, dans un monde d’adultes dépassés par les événements.
Hector 01. Manigances et Coups tordus
Date de parution : 09/06/2015 / ISBN : 978-2-7560-6646-2
Scénariste : DUBUISSON Marc
Dessinateur : DONSIMONI Régis
Coloriste : ESTEBAN
Série : HECTOR
Collection : HUMOUR DE RIRE
Résumé
Pour Noël, Luce voulait une encyclopédie. À la place, ses parents lui ont offert un drôle d’animal doué de parole appelé Hector. Dès son arrivée, celui-ci a dévoilé ses objectifs : conquérir la planète et asservir l’humanité. Malheureusement, quand on mesure un mètre, qu’on ressemble à une peluche et qu’on est surtout doué pour d’hilarantes catastrophes, tout ne se passe pas toujours comme prévu…
L’expositionMes amis Manouches investit les murs de la Dame Blanche, la Péniche spectacle du quai Saint-Cyr à Rennes du 10 octobre au 29 janvier 2018. Au travers de ses clichés à la fois humanistes, intimistes et sensibles, le photographe Jean-Louis Mercier espère faire tomber le mur virtuel érigé entre nomades et sédentaires. Un projet qu’il développe depuis trente-sept ans.
Le cadre de l’exposition Mes amis Manouches est on ne peut plus cohérent. Les péniches rennaises abritaient autrefois des bateliers, population nomade « aussi mal vue » que les Manouches, commente Jean-Louis Mercier. Tout autour de lui figurent une douzaine de clichés en noir et blanc, donnant à voir plusieurs scènes de la vie quotidienne. Un baptême, une femme qui allaite son enfant, des funérailles, un homme et son cheval… « Certaines photos ont deux mois, tout au plus. D’autres datent de trente-sept ans ».
Trente-sept ans auparavant, Jean-Louis Mercier a fait le premier pas vers les Manouches du canal Saint-Martin. Lui qui était encore étudiant s’intéressait déjà à la photographie. Ses sujets de prédilections étaient toujours des individus en marge de la société : sans-abris, boat-people venus du Laos et du Vietnam et réfugiés dans des centres d’hébergement… Malgré tout, ses précédentes démarches l’avaient laissé insatisfait. C’est ainsi que lui est venue l’idée de photographier des Manouches.
Une population dont on entend parler souvent, que l’on croise parfois, mais que l’on connaît au final bien peu. Une journée d’hiver, il décide d’aller assouvir sa curiosité. « Il faisait froid », raconte-t-il, se remémorant cette journée fatidique. « Il y avait de la brume, et j’ai bien failli perdre courage… » Fort heureusement pour lui, il a attiré l’attention d’enfants manouches. Ravis de se faire tirer le portrait et de se voir offrir les clichés quelques jours plus tard, ils ont fait office d’ambassadeurs entre le jeune photographe et leur famille. « J’aurais pu être un flic, un indic… Ils les ont convaincus du contraire. »
Dans l’angle de la pièce figurent deux clichés d’une cérémonie funéraire. Comment un photographe peut-il être accepté par une famille au point d’être autorisé à capturer un instant si grave et si intime ? « J’ai été adopté », explique Jean-Louis Mercier. « J’ai rencontré un pasteur évangéliste, Tichlam, avec qui je me suis lié d’amitié. Il est même devenu une figure paternelle pour moi. Au fil du temps je suis passé de pote à ami puis à fils adoptif. Ces funérailles, ce sont celles de Gloria, l’épouse de Tichlam et ma mère adoptive. C’est à elle que je dédie l’exposition, car elle et Tichlam m’ont toujours accompagné aux vernissages. »
Intégré aux Manouches comme un fils peut l’être, Jean-Louis Mercier a beaucoup appris. « Ils m’ont apporté beaucoup. Quand tu es étudiant, tu apprends un métier, mais tu n’apprends pas la vie. La vie, je l’ai apprise avec eux. Ils m’ont enseigné l’humilité, la simplicité, l’hospitalité… J’ai toujours été invité à boire un café, à manger… Parfois, il n’y avait pas grand-chose, on n’était pas loin de la misère, mais ils insistaient quand même. »
Les conditions de vie des Manouches sont illustrées par certains clichés. Les photographies de Jean-Louis Mercier sont militantes sans vouloir l’être, presque par définition. Impossible de saisir des instants de la vie quotidienne sans capturer le dénuement des familles par la même occasion. Le photographe, qui côtoie ces familles depuis trente-sept ans, a même constaté une dégradation de leurs conditions de vie. En particulier en ce qui concerne la qualité alimentaire. « La malbouffe s’est installée parmi les familles », regrette-t-il. La raison à cela ? La disparition des petits boulots autrefois occupés par les Manouches : il n’y a plus, désormais, de vanneurs ni de ferrailleurs. L’action conjointe du RSA et de la télévision a fait le reste : les Manouches sont de plus en plus attirés par la société de consommation. « Ce qui n’est pas un mal en soi – s’empresse d’ajouter Jean-Louis Mercier –, mais c’est la petite vérole pour eux. »
Ce qui n’a pas évolué en revanche, c’est le nombre de terrains disposés à les accueillir. La « seconde loi Besson » du 5 juillet 2000 intime en effet aux communes de plus de 5000 habitants de disposer d’un « terrain des gens du voyage ». Or, nous serions en déficit. « Les communautés de communes affichent parfois un nombre assez important de terrains. Mais à y regarder de plus près, on constate qu’elles abritent plusieurs communes plus de 5000 habitants qui ne possèdent pas leur propre infrastructure. Au final, nous sommes largement en dessous du chiffre imposé par la loi. »
Il est vrai que les gens du voyage s’installent parfois sur ces terrains sans avoir obtenu l’accord de la municipalité. Mais « ils préviennent », précise Jean-Louis Mercier. Lorsque les Manouches se déplacent, souvent dans le cadre de missions évangélistes, ils prennent le temps de demander leur accord aux autorités concernées. « Mais si, comme souvent, ils n’obtiennent pas de réponse, ils viennent quand même. Ils sont hors-la-loi pour nous, mais pas pour eux. Ils ont prévenu. » Cette absence de dialogue envenime les relations entre les municipalités et les Manouches, et laisse la porte ouverte aux préjugés.
Jean-Louis Mercier, lui, espère faire le travail inverse. « Je veux faire tomber ce mur virtuel entre nomades et sédentaires », explique-t-il. Le pasteur Tichlam et son épouse Gloria, toujours présents lors des précédentes expositions, avaient une forte tendance à lui voler la vedette, et il s’en réjouissait. « Ils arrivaient là, sur leur trente-et-un, et moi je n’existais plus. Tichlam avait une présence incroyable. Tout le monde s’agglutinait autour d’eux tandis que je restais dans un coin de la pièce. J’étais satisfait : c’était le but. »
Pour faire « tomber le mur », le photographe mise également sur le noir et blanc, vecteur d’émotions par excellence. « Je pense que cela aide à la lecture de l’image », explique-t-il. « Les couleurs pourraient attirer le regard ici ou là et donc déconcentrer. Je préfère aller à l’essentiel, aller à l’émotion. » Cela explique également pourquoi ses photographies sont dépourvues du moindre texte, un ajout qu’ont lui a souvent sollicité. « Si on rentre dans l’image, on n’a pas besoin de texte. Chacun trouve son propre texte. »
Jean-Louis Mercier
Parce qu’il cherche à transmettre des émotions, Jean-Louis Mercier se montre intransigeant quant au tri de ses clichés. En plus de trente-sept ans de photographie, il n’en a accumulé qu’une grosse centaine. « C’est peu – reconnaît-il –, mais parfois une photo peut en résumer deux autres. Alors j’en supprime. Je n’ai pas besoin de montrer deux fois la même émotion. » Pour trier ses clichés, il préfère attendre deux ou trois mois, le temps d’effacer l’émotion primaire ressentie en appuyant sur le déclencheur. Ensuite, il montre ses prises de vues à des proches. Si l’émotion est là, il garde la photo. Sinon, elle disparaît. Cette démarche justifie le petit nombre de photographies exposées : une douzaine, pas plus. Si on regrette qu’elles ne soient pas plus nombreuses, on comprend le choix du photographe : tous les clichés exposés expriment une émotion particulière. Le pari de Jean-Louis Mercier a été tenu.
L’artiste, quant à lui, a bien du mal à déterminer quel est son cliché préféré. « Sans doute celui de la femme qui allaite » déclare-t-il au bout d’un moment. « Cette femme est la seule à ne jamais avoir reçu sa photo. Quand je suis revenu la voir après l’avoir développée, sa famille s’était brouillée avec les autres et avait quitté le terrain. » Il ne reverra cette femme que vingt-ans plus tard, par hasard, en tant que patiente. Ce professionnel de la santé – qui ne donnera pas davantage de détails concernant son métier – n’avait alors pas le cliché sous la main. « Je lui ai dit de revenir dans quelques jours pour le chercher. Elle n’est pas revenue. »
Exposition Mes amis Manouches par Jean-Louis Mercier, Péniche spectacle, quai Saint-Cyr, Rennes, 10 octobre 2017 – 29 janvier 2018, entrée gratuite.
D’où viennent ces étranges mouettes qui poussent leurs cris au parc du Thabor de Rennes ? Le collectif de plasticiens rennais Les Oeils a conçu un prototype de Mouettes qui s’est posé l’an passé aux Étangs d’Apigné. De quoi interroger les Rennais et titiller leur imagination. Les créations des Oeils sont présentes au fil de l’année pour des envols poétiques surprises et migratoires disséminés sous différents cieux de la Métropole. Nouveau rendez-vous visuel et sonore au Thabor du mercredi 11 au dimanche 29 octobre 2017.
Habitué des interventions plastiques, lumineuses, spatiales et des créations scénographiques dans les festivals et les événements publics, du « dôme » sur le mail François Mitterand à la structure « TSF » aux Étangs d’Apigné ou la mise en espace du Jardin du Thabor, le collectif LES ŒILS est devenu un partenaire scénographique privilégié des dernières éditions des Tombées de la Nuit. « Lorsque le premier envol de MOUETTES eut lieu aux Étangs d’Apigné, l’an passé, nous savions – explique Claude Guignard – que nous tenions un prototype poétique passionnant pour des interventions dans l’espace public. Il était bien dans l’ordre des choses qu’une création spécifique réunisse les plasticiens rennais et notre festival. »
Des mâts, des ailes blanches articulées par un mini - moteur, un mouvement, un envol symbolique, une sensation aérienne de légèreté et de liberté … La création de ce dispositif scénographique évolutif des ŒILS est comme toujours emprunt d’astuces et d’inventions, originales et décalées, propices à la rêverie et à l’immersion dans un univers parallèle. Ces MOUETTES voyageuses sont conçues pour la mobilité, pensées avec l’idée d’un vol migrant dans différents endroits. Elles seront dix ou vingt à investir le parc du Thabor de Rennes durant 18 jours.
Les Mouettes (ont pied) au Parc du Thabor, Place Saint-Melaine, Rennes, du mercredi 11 au dimanche 29 octobre 2017. Une proposition du collectif Les Oeils en partenariat avec les Tombées de la Nuit.
Les OEILS : Sous ce nom à faute d’orthographe se cache un collectif d’artistes et de techniciens préoccupés par l’« Organisation de l’Espace, l’Image, la Lumière, la Scénographie ». Ils sont ainsi présents sur divers événements (festivals, manifestations en tous genres, concerts, etc…) pour habiller et mettre en lumière les lieux grâce à leurs idées originales et décalées.
Les OEILS utilisent toutes les techniques du décor et de l’image : éclairages spéciaux, constructions, pyrotechnie, projections, créations originales, mobilier, impressions XXL… ou toute autre chose pour valoriser et « ambiancer », transformer les évènements auxquels ils participent et inviter le public à voyager dans un univers original et surprenant…
Les OEILS créent, selon votre besoin, une déco pour une soirée ou un festival, une ambiance sympa pour un bar, des éléments de décor pour un spectacle ou un groupe de musique, des systèmes d’éclairage particuliers (scènes, architectures, expos…).
LES MOUETTES (ONT PIED) AU PARC DU THABOR DE RENNES du mercredi 11 au dimanche 29 octobre 2017
Patrick Pécherot livre Une plaie ouverte. Et c’est de la belle ouvrage ! Un polar historique comme on aimerait en lire plus souvent. Une vision très vaste d’une époque tourmentée sur plusieurs latitudes et décennies, servie par une réelle érudition.
J’aimerai toujours le temps des cerises,
C’est de ce temps-là que je garde au coeur
Une plaie ouverte !
Marceau a vécu la Commune de Paris : on comprend qu’il était au plus près de l’agitation politique, fréquentant Louise Michel, Jules Vallès, Maxime Vuillaume et aussi des artistes, Courbet, Verlaine poursuivi par un jeune allumé Arthur Rimbaud et le Bataillon des Enfants perdus . Tout près de Marceau, il y a Manon, jolie modèle des peintres, peu farouche que Marceau désire mais elle lui préfère un certain Dana. Marceau attend, Marceau espère cela viendra plus tard mais le goût n’y sera plus. Non, ce que cherche Marceau c’est Dana, après toutes ces années ou le petit monde des communards survivants s’est dispersé à la surface de la Terre, pour ceux qui avaient été condamnés à autre chose que le peloton. On est à peu près vers l’Affaire Dreyfus, ce petit monde a retrouvé ses marques après l’amnistie générale de 1880, milite le plus souvent à gauche (Vuillaume) sans éviter l’antisémitisme de saison (Cluseret). On comprend que Dana se serait peut être enfui aux Etats Unis où il y aurait croisé une certaine Calamity Jane dans le Barnum d’un certain William Cody alias Buffalo Bill sur fond d’alcool, de poker et de pistolet. Sur l’injonction de Thomas Edison à la demande de son plus fidèle concurrent Charles Pathé, l’Agence Pinkerton, célèbre pour ses enquêteurs mais aussi ses briseurs de grève, délègue un de ses vieux limiers qui comprend qu’il s’agit là de sa dernière enquête et fait durer le plaisir de la traque. Marceau poursuit son obsession de retrouver Dana et est entraîné dans un jeu de l’oie mysticopolicier qui le laissera au bord de la démence. Qu’a voulu faire Dana ? Individu solitaire et séduisant, peut-être a-t-il voulu profiter du Maelstrom de la Semaine Sanglante pour s’emparer d’une belle somme d’argent que les Communards, dans leur naïveté, empruntaient fort poliment à la Banque de France ? Marceau et Dana ont ils assisté, participé à l’exécution des 50 otages de la rue d’Haxo ? Pourquoi une cinquante et unième victime est elle morte, victime qui tournait aussi autour de Manon et transportait ce jour là quelque ordre de banque… On a là le condensé d’une époque brûlante et magnifique. Le titre de l’ouvrage tire son nom du Temps des Cerises de Jean-Baptiste Clément écrit en 1866 et souvent associé à la Commune ou son auteur combattra au même titre qu’Eugène Pottier auteur de paroles internationales….
Ce polar historique à la recherche d’un personnage fugace échappé du chaudron de l’Histoire n’est pas sans rappeler une histoire bien vraie celle là. Un certain Ret Marut qui serait né Hermann Albert Otto Max Feige en 1882, agitateur anarchiste allemand et comédien, participa à l ‘éphémère « République des Conseils de Bavière » qui dura du 7 avril au 3 mai 1919 et subit une répression sanglante de la part des corps francs. Echappant de peu à l’exécution, il devint un paria international, se réfugia au Mexique ou il entretint une opacité totale sur son identité. Il publia divers livres dont certains sont devenus des best sellers sous le nom d’auteur de B.Traven : Le Trésor de la Sierra Madre – Le Vaisseau des morts – la Révolte des Pendus – Dans l’Etat le plus libre du Monde etc etc…
Il usa de divers pseudonymes Traven Torsvan ou Berick Torsvan né prétendument à San Francisco. John Huston voulut le rencontrer avant de réaliser le célèbre film Le Trésor de la Sierra Madre ce qui fut totalement impossible. On ne peut d’ailleurs s’empêcher de remarquer une certaine ressemblance entre Bogart et Ret Marut selon une photo de l’époque. Il resta ainsi dans dans une relative clandestinité, la soeur du président mexicain Mateos fut sa secrétaire. Il se faisait représenter par un agent qui n’était autre que lui même. Un mois après sa mort en 1969, sa veuve qu’il avait épousé sous le nom de Croves annonça qu’il était en réalité Ret Marut. Ses cendres ont été dispersées dans le Chiapas, terre de révolte.
PATRICK PÉCHEROT, Une plaie ouverte, première parution en 2015
Collection Folio policier (n° 834), 7,20 €.
Le Temps des Cerises : célèbre chanson de Jean-Baptiste Clément datant de 1866, dédiée par l’auteur à une infirmière morte lors de la Semaine sanglante, longtemps après la rédaction de la chanson.
Quinze ans, deux membres en moins… Et pourtant ils tournent ! Et ils ne sont pas près de s’arrêter. SANTA CRUZ reprend la route pour son nouvel album NOW & HERE. L’aventure commence dans un petit village au fin fond du Morbihan ; sans doute le dernier endroit sur terre où l’on s’attend à rencontrer un groupe de rock. Reportage à Rochefort-en-Terre, dans les coulisses du quintet rennais.
La brume matinale qui enveloppe les rues d’un voile mystérieux s’évapore peu à peu à la chaleur des premiers rayons de soleil. Les premiers touristes font leur apparition. Entre deux maisons à colombages, une ancienne salle paroissiale résonne d’une musique aux accents anglo-saxons. La musique s’arrête, puis recommence. « – Quelqu’un s’est planté ?! – C’est pas moi ! » Tant pis, on reprend. Les enceintes crachent du son et la lumière qui transperce les fenêtres fait danser la poussière dans ses rayons. Sur le sol, des câbles recouvrent les tapis persans. Ils ne sont plus que cinq, et seulement trois de la formation originale. Pierre-Vital Gérard, chanteur, compositeur et guitariste, assis sur une chaise de bar, les yeux rivés sur la table basse. Quarante-sept ans, cheveux grisonnants et barbe de trois jours, mais toujours un look d’ado. Jacques Auvergne à la basse, l’aîné du groupe, chemise rouge à carreaux, ne tient pas en place. Et Thomas Schaettel, boucle d’oreille et bagouses, au clavier. Alex Tual, le batteur et le cadet du groupe, et Vassili Caillosse à la guitare ont rejoint le groupe un peu plus tard. Le groupe, c’est Santa Cruz. Le morceau, « Uneasy money ». Un cri du cœur ?
« On vit pas ça comme une galère parce qu’on maîtrise un peu ce qu’on fait, affirme Pierre-Vital Gérard. On est un groupe qui a toujours tout fait lui-même quasiment. On a créé notre label et on produit nos disques. C’est un principe qu’on s’est mis dès le départ. » Tout a commencé le 21 octobre 2002. Bruno Green, ex-leader du groupe, évincé suite à des tensions internes, organise une séance d’enregistrement qui aboutit à leur premier album : Welcome to the red barn. Santa Cruz est né. « Je ne me souviens plus comment nous est venu le nom, avoue Pierre-Vital. Mais ça n’a rien de religieux. On est tous athées, athées militants même. »
Militants, ils le sont, moins par leurs textes que par leur style de vie. Libre et indépendant. Des contraintes, il y en a, financières surtout, « Santa Cruz ne suffit pas à faire vivre un groupe en entier. C’est pour ça qu’ils sont obligés de jouer dans d’autres groupes pour vivre de la musique. Moi j’ai jamais été intermittent. J’ai un boulot à côté, un magasin de vêtements, mais je suis le seul dans le groupe. » Mais pour Pierre-Vital, les avantages compensent largement les inconvénients. « Des avantages, il y en a beaucoup. Si tu fais ça, tu n’es pas là par hasard. C’est forcément un métier que t’as choisi. Quand tu fais un métier qui te plaît, qui est en plus une passion au départ, tu peux accepter les inconvénients. »
« Une passion », « une aventure humaine », « un couple », « une maîtresse » … À les entendre, jouer dans un groupe, c’est presque mener une double vie : celle de musicien et celle de père de famille. Les deux sont-ils compatibles ? Plus qu’on ne voudrait le croire, glisse Thomas Schaettel, en ce qu’il offre une rare liberté : « C’est un luxe que plein de gens n’ont pas. Donc, c’est vrai : il y a des moments t’es très absent, mais tu peux aussi faire le choix par moments d’être totalement présent. C’est vraiment toi qui décides. » Une carrière hors-norme qu’il revendique fièrement, même si la norme tend, d’après lui, à devenir obsolète. « Décider d’être un musicien, c’est vraiment un choix de vie, c’est un engagement par rapport à une société où on te demande toujours de rentrer dans le cadre du salariat ou de l’entrepreneuriat. T’es censé avoir, sinon des revenus fixes et réguliers, une activité qui est toujours la même. Donc quand tu fais ce choix-là, tu sais très bien que t’auras pas une carrière rectiligne. Et en même temps, plus personne n’est dans une logique où tu commences un boulot à vingt ans et t’en sortiras à soixante pour ta retraite. Donc finalement c’est pas beaucoup plus délirant que de commencer une carrière de plombier. »
Six albums, un titre, « Game of pool », reprit par les Anglais d’Archive… Santa Cruz vit-il une « success story » à l’américaine ? « On n’a pas autant de succès que les gens pensent, admet Pierre-Vital. Oui, il y a une notoriété. Effectivement, on fait pas mal de concerts, mais ça reste une niche. En tout cas le public reste assez limité. Je pense qu’on peut atteindre vachement plus de personnes avec nos chansons. C’est pas de la musique expérimentale, c’est de la musique assez facilement accessible. On n’a pas eu la chanson qui va un peu ouvrir les portes et agrandir l’audience au-delà de ce qu’on a aujourd’hui. On est contents de ce qui se passe déjà, mais ça pourrait être plus. » De la frustration, mais un « désir », toujours là, « de continuer à être libre. »
Contact Tour : La Station Service
Site : http://www.santacruz.fr/
Contact: ben@lastationservice.org
Dates 2017
RENNES / UBU / 12/10/2017
BREST / Le vauban/ 26/10/2017
ORLEANS / L’Astrolabe / 02/11/2017
ALENCON / Chapel Mel / 03/11/2017
LYON / Le Kraspek / 09/11/2017
MONACO / Mediathèque / 10/11/2017
ROCHEFORT en TERRE / L’étang Moderne / 24/11/2017
TREDREZ-LOCQUEMEAU / Le Café Théodore / 25/11/2017
Dans Luanda-Kinshasa, l’artiste, photographe et cinéaste canadien Stan Douglas invite à plonger dans la reconstitution du célèbre studio d’enregistrement de la Columbia Records à New York à travers un véritable métissage musical. Pour les Champs Libres, l’exposition – qui débute le 10 octobre 2017 et se termine le 7 janvier 2018 – s’inscrit dans une année à la programmation riche (voir notre article). Venez danser aux Champs libres…
Immersion dans l’obscurité au cœur de la salle Anita Conti des Champs libres. Le son et la lumière viennent uniquement de la projection d’un film contre l’un des murs : la reconstitution d’un enregistrement de 6 heures au sein du mythique studio de la Columbia Records, apprécié par tant de musiciens des années 70 : Leonard Bernstein, Johnny Cash, Aretha Franklin, Miles Davis… Cet enregistrement a été coordonné et mis en scène par l’artiste canadien Stan Douglas, internationalement reconnu pour ses installations vidéo autour des utopies du 20e siècle. Et il donne sacrément envie de bouger sur place !
De fait, dans Luanda-Kinshasa, le public est en prise avec un montage d’une durée de 6 heures. Une séquence qui se combine et se recombine afin d’offrir de nouvelles alternances musicales. Pour ce faire, l’artiste a fait appel à des artistes de la scène actuelle, choisis par le pianiste et compositeur de jazz Jason Moran. Les producteurs Christopher Martini et Trivium Films, le producteur et arrangeur Scotty Hard, le chef opérateur Sam Chase et la décoratrice Kelly McGehee ont également contribué à rendre le tout convaincant : tout y est, l’espace, les costumes, les accessoires… Il faut saluer l’effort de reconstitution de la part du photographe qui n’hésite pas à combiner différentes variations musicales comme le jazz, le funk ou la soul. Les morceaux s’enchaînent et le spectateur se retrouve immergé dans un enregistrement sans début ni fin. On s’imagine assister à l’enregistrement d’un album de Miles Davis, compositeur et trompettiste de jazz américain, qui, dans les années 70, s’amusait à mélanger les genres, notamment le jazz et le son électrique.
Luanda-Kinshasa s’inscrit également dans la volonté de Stan Douglas de porter un regard sur l’effondrement des grandes utopies du 20e siècle, en mettant en relation deux éléments distincts. Le nom de l’exposition est d’ailleurs assez révélateur, Luanda, capitale de l’Angola, ayant proclamé en 1975 son indépendance alors que Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, est, dans les mêmes années, sous le régime dictatorial de la seconde République de Mutubu.
L’exposition Luanda-Kinshasa jette également un coup de projecteur sur une représentation de la musique noire à une époque où elle était considérée comme moins digne que la musique blanche. Elle fait appel à des influences musicales étrangères, notamment africaines, une thématique qui tient à cœur à l’artiste.
Ce « installation-exposition-reportage » suggère au spectateur de mettre en relation des faits de différentes périodes (comme par exemple le mouvement de protestation du monde du sport états-unien contre les violences raciales ou les mouvements anti-ségrégationniste). Pour Stan Douglas, une situation passée fait souvent écho à des situations plus actuelles…
Luanda-Kinshasa, une installation de Stan Douglas, du 10 octobre 2017 au 7 janvier 2018, Salle Anita Conti aux Champs Libres, Rennes. Entrée gratuite.
Court Métrange, le festival international du court métrage insolite et fantastique, s’intéresse à l’Intelligence Artificielle, une thématique qui envahit le monde du cinéma et de la littérature. Le festival invite les Rennais à l’Hôtel Pasteur de Rennes, du 11 octobre au 26 octobre 2017, à l’exposition Être ou ne pas être artificiel. Au cœur du monde mystérieux et extraordinaire de la créature artificielle – qu’elle soit robotique, génétique ou dotée de conscience – venez confronter votre propre sensibilité et intelligence à des œuvres artistiques accompagnées des citations de films. Objectif de l’exposition : inviter les spectateurs à s’interroger sur la place et les implications de la technologie dans notre société.
En partenariat avec le Naia Museum (Musée d’art fantastique de Rochefort-en-Terre), le parcours Court Métrange, exposé à l’Hotel Pasteur, met en évidence dix artistes aux parcours multiples : Yann Minh, Sophie Herniou, Juha Arvid Helminem, Martial Levaillant, Benoît Polvèche, Thomas Dubief, Matthew Clift, Harald l.Shlude, Patrice « Pit » Hubert et Manu Van.H. Tous en commun de s’approprier la relation entre l’artificialité et l’humanité au travers de sculptures, photographies, vidéo, etc.
Le visiteur se promène au sein d’une pièce, conçue comme un cabinet de curiosité uchronique, où se mêlent statues colorées, robots ou masques. Les œuvres contemporaines s’entrelacent avec des instruments fantastiques qui font écho au XIXe siècle – un siècle marqué par l’apparition du conte fantastique, par la révolution industrielle, le progrès technique, mais également par l’invention du monstre de Frankenstein par Mary Shelley…
Chaque artiste possède sa propre vision de ce qui relève de l’artificiel. Sophie Herniou préfère les structures colorées, Yann Minh s’intéresse davantage à la réalité augmentée, en intégrant les nouvelles technologies dans ses œuvres comme le smartphone. Martial Levaillant travaille le métal en sculptant des robots et Harald l.Schlude explore le fantastique avec le graphisme et la photographie en noir et blanc. Des univers très différents.
Pour Manu Van.H, également directrice du Naia Museum, l’imaginaire n’a pas de limites, tout est permis. La culture populaire des thèmes fantastiques est nourrie pas l’imaginaire commun : il s’agit alors de perpétrer cette culture et le savoir-faire des artistes. L’artificiel est déclinable dans plusieurs domaines : notre façon de montrer nos sentiments, le paraître, notre tenue vestimentaire (les costumes constituent une manière de devenir quelqu’un d’autre). En outre, notre imaginaire est de plus en plus sollicité au cinéma et dans les jeux vidéos par le cinéma (androïdes, mutations, clones et autres créatures robotiques inspirent de nombreux réalisateurs).
Pour les visiteurs, c’est aussi une invitation à se questionner sur le désir prométhéen de recréer une conscience grâce à l’Intelligence artificielle ainsi que sa fascination pour la machine. Une raison de plus pour stimuler notre imaginaire et, qui sait, entrer dans un nouveau monde.
Exposition Être ou ne pas être artificiel, du 11 octobre au 26 octobre 2017 à l’Hotel Pasteur de Rennes. Ouverture du lundi au dimanche, de 12h30 à 18h30. Entrée libre.
Éclairage public Jour de la nuit : extinction symbolique des lumières le samedi 14 octobre 2017 en Bretagne (Rennes, Quimper, Nantes, Lorient, Vannes, Saint-Nazaire, La Couyère, Forêt de Brocéliande, Saint-Nolff, Kernascléden, La Méaugon, Abbaye de Beauport, Pleumeur-Bodou, Plourin les Morlaix, Saint-Renan…) et dans toute la France. Le Jour de la nuit est une opération nationale de sensibilisation à la pollution lumineuse, à la protection de la biodiversité nocturne et du ciel étoilé. Programme.
Au cours du week-end, la Ville de Rennes prend part à cette action par l’extinction de l’éclairage permanent d’une trentaine de sites : monuments, places, rues et parcs. Au programme : balades nocturnes ; observations des étoiles ; sorties nature ; extinctions des lumières.
Les sites dont l’extinction des lumières est programmable seront éteints le samedi soir, pendant toute la nuit. Les sites dont l’extinction des lumières n’est pas programmable seront éteints dès le vendredi soir : les lumières resteront éteintes les vendredi 13, samedi 14 et dimanche 15 octobre au soir pendant toute la nuit.
Sites et bâtiments à Rennes dont les éclairages publics seront éteints durant la nuit du 14 au 15 octobre :
place de la communauté (les grands mâts et les projecteurs) ;
square Hyacinthe Lorette (les projecteurs) ;
place du Champ Jacquet (les projecteurs) ;
place du Parlement de Bretagne (les projecteurs) ;
place Jeanne D’Arc (les projecteurs) ;
place de la République (les bibliothèques végétales, les bancs et les bacs à arbres) ;
place Georges Bernanos (les projecteurs) ;
les Colonnes Beauregard (éclairage) ;
place Albert Bayet (les projecteurs) ;
pont de la mission (les projecteurs).
l’hôtel de Ville ;
l’opéra ;
le palais Saint Georges ;
l’église Notre Dame ;
la halle Martenot ;
la maison de Suède ;
la maison verte ;
le pôle associatif de la Marbaudais.
Sites à Rennes dont les éclairages publics seront éteints durant les nuits du 13 au 14 et du 14 au 15 octobre :
esplanade Général de Gaulle (les projecteurs scéniques) ;
la maison de Suède (la partie raccordée sur l’éclairage public) ;
la maison verte (la partie raccordée sur l’éclairage public) ;
abords du pôle associatif de la Marbaudais ;
illumination de la tour Sarah Bernhardt.
Animations : observation astronomique et débat, conférence
Diaporamas, expositions photo, visite de l’observatoire et observations astronomiques
Organisateur : Cassiopée Astronomie Bruz Chavagne
Horaires : 20:30 – 23:30
Adresse
rue Raymond Hermer
35170 Bruz
Qui contacter sur place
Le Berder Nicolas
Courriel : cassiopee.astro.bruz.chavagne@gmail.com
Téléphone : 0675195106
Animations : observation astronomique et débat, conférence
Dans le cadre de la 9ème édition du Jour de la Nuit, éteignons les lumières, rallumons les étoiles ! La SAR vous accueillera le vendredi 13 octobre à partir de 20h30 au Cadran à Beauregard (Rennes) et le samedi 14 octobre à partir de20h30 au Centre d’Astronomie de La Couyère (CALC), près de Janzé. Cet événement national sera pour vous l’occasion de découvrir l’astronomie avec les membres passionnés de notre association. Au programme, séances de planétarium numérique, diaporamas et vidéoprojections, observations contemplatives avec de multiples instruments (grande galaxie d’Andromède et bien d’autres merveilles du ciel profond).
Organisateur : Société d’Astronomie de Rennes
Horaires : 20:30 – 01:00
Adresse
Centre d’Astronomie, La Ville d’Abas
35320 La Couyère
Qui contacter sur place
SAR
Courriel : sarinfo@astro-rennes.com
Animations : sortie nature et observation astronomique
Le village étoilé de Concoret vous accueillera pour vous faire découvrir les merveilles nocturnes. Partez avec un animateur et un naturaliste explorer le monde sauvage de la nuit. Après une petite collation, la balade se poursuivra avec des passionnés d’astronomie pour voyager parmi les étoiles.
Organisateur : CPIE Forêt de Brocéliande
Horaires : 20:00 – 23:30
Adresse
26 place du Pâtis Vert
56430 Concoret
Inscription obligatoire
Qui contacter sur place
Benoît LE BARBIER
Courriel : benoit.lebarbier-cpie@orange.fr
Téléphone : 0297227462
Extinctions : extinction totale des rues
MARSAC SUR DON
Extinction de l’éclairage public dans le centre bourg de la commune.
Horaires : 19:00 – 06:00
Qui contacter sur place
DUVAL
Courriel : info@mairie-marsacsurdon.fr
Téléphone : 0240875477
Extinction totale des monuments, parcs, places et rues
MISSIRIAC Nous allons éteindre toutes les lumières du bourg, observer les étoiles et écouter un naturaliste parler des effets de la pollution lumineuse sur la biodiversité. Un courrier aura invité les habitants à ne pas allumer leurs lumières extérieures. Cette animation fait partie de la fête de la science sur le thème de l’astronomie qui a lieu entre le 10 et le 14 octobre. Horaires : 20:00 – 22:00
Qui contacter sur place
Boussion
Courriel : bibliotheque-missiriac@orange.fr
Téléphone : 0297737624
Animation : observation astronomique
La commune en partenariat avec l’association Vannes astronomie vous propose une observation des étoiles
Organisateur : Commune de Saint-Nolff
Horaires : 20:30 – 23:30
Adresse
Le Guern
56250 Saint-Nolff
Qui contacter sur place
Couedon Gwenaelle
Courriel : agenda21@saint-nolff.fr
Téléphone : 0297454759
Animations : observation astronomique, débat, conférence et autres
Le jour de la nuit
Samedi 14 octobre de 14h à 18h et 19h30 à 23h
Lieu : à Lorient la base au K3
Entrée gratuite
La rue de la découverte (A l’intérieur duK3) :
– Ateliers/points infos
– Comment observerles planètes – Sterenn
– Chauve-souris qui est-tu ? – Amikiro – Maison de la Chauve-souris
– L’eau et la lumière – Laboratoire FOTON/CNRS
– La biodiversité ; le jour ; la nuit – Bretagne Vivante
– Les oiseaux migrateurs – LPO
– Le schéma directeur d’aménagement lumière – Direction de l’espace publique, des études et de la mobilité – ville de Lorient
Sur le toit duK3 :visites guidées (1h) par groupe – limité à 25 personnes
– 14h – 15h-16h : Les goélands de Lorient : visites de l’observatoire des goélands – Bretagne Vivante
– 14h10 – 15h10 -16h10 : Observation du soleil – Sterenn
Espace rencontre (niveau 1) :
– 19h30 : Contes et légendes du ciel et de la terre – Il était une fois
– 21h : Film/débat « Chronique du plancton » : présenté par Pierre MOLLO de l’observatoire du plancton
Salle des accus – Café/concert :
– 20h Jazz vocal avec le groupe « Les Whoops »
– 21h musique brésilienne avec le groupe« Casa Torna »
Terre-plein sous-marin Papin
– de 20h à 23h : Observation du fond de ciel – Sterenn
Rue Ingénieur Romazotti
– de 20h à 23h : La nuit, tous les papillons ne sont pas gris : à la recherche de Papillons de nuit – Bretagne Vivante
Podium (parking à l’entrée du K3) :
– 15h : Dansestraditionnelles et initiation avec le Cercle de Brizeux.
– 17h : Gospel avec le chœur « Esprit Gospel » de l’école de musique et de danse de Lorient dirigé par Bertrand Dauneau.
– 21h : Concert avec les Ateliers Jazz de Lorient
Vous pourrez également vous restaurer sur place au « Food truck MultiSaveurs »
Organisateur : Ville de Lorient
Horaires : 14:00 – 23:00
Adresse
Lorient la base au K3
56100 Lorient
Qui contacter sur place
DESMAUX
Courriel : pdesmaux@mairie-lorirent.fr
Téléphone : 0612041340
Animations : sortie nature et exposition
Rendez-vous avec un spécialiste des chauves-souris, il vous expliquera la biologie de ces petits mammifères nocturnes très utiles à la biodiversité. Une visite guidée au travers d’un musée intégralement dédié à la chauve-souris et suivi d’une séance d’écoute au détecteur à ultrasons!
Organisateur : Musée de la chauve-souris
Horaires : 20:30 – 23:00
Adresse
place de l’église
56540 Kernascléden
Inscription obligatoire
Qui contacter sur place
Matthieu Ménage
Courriel : matthieu.amikiro@gmail.com
Téléphone : 0967381859
Animations : observation astronomique et autres
Terraindes Sports de La Méaugon,
Après le coucher du Soleil vers 19h30, en même temps que Jupiter et Mercure, impossible de les voir.
L’animation commencera à21 heures et nous pourrons observer, avant son coucher vers 22h15, Saturne dans Ophiuchus, entre Sagittaire et Scorpion au-dessus de l’horizon… La lumière de la Lune ne nous gênera pas, car, deux jours après son Dernier Quartier, elle ne se lèvera que vers 03h00.
Une heure après le coucher dusoleil, pendant le crépuscule, écoute des bruits de la nature qui s’endort avec par exemple des chants d’oiseaux diurnes et nocturnes, ou qui s’éveille en essayant de voir des vols de chauve-souris. Après le coucher de Saturne, découverte du ciel, des constellations du ciel d’été et celles d’hiver, qui se lèvent. Ces astérismes sont un reflet d’un véritable patrimoine culturel qui devrait être reconnu comme tel. Nous expliquerons les bons et mauvais éclairages, démontrerons que certaines lampes ne sont pas bonnes pour nos yeux et la faune. Montrerons, avec une maquette, ce qu’est un bon éclairage, tout en détaillant les halos lumineux des villes et zones d’activités et commerciales alentour.
Organisateur : Astronomie en Baie d’Armor (ABA)
Horaires : 21:00 – 01:00
Adresse
Terrain des Sports
22440 La Méaugon
Qui contacter sur place
Le Gué Alain
Courriel : alain.legue@wanadoo.fr
Téléphone : 0296944361
Animations : cinéma et autres
Pour le Jour de la Nuit, nous éteignons les lumières et vous proposons de découvrir l’abbaye de Beauport les sens en éveil. Au programme : des ateliers et une visite sur les animaux fantastiques, une projection jeune public, des siestes sonores et un cabinet de curiosités sur la biodiversité nocturne.
Retrouvez la programmation détaillée sur abbayebeauport.com
Organisateur : Abbaye de Beauport
Horaires : 17:00 – 22:00
Adresse
Kérity
22500 Paimpol
Qui contacter sur place
Adeline Cuiec
Courriel : reservation@abbayebeauport.com
Téléphone : 0296551855
Animation : observation astronomique
Le Planétarium de Bretagne organise pour le Jour de la Nuit, une observation du ciel nocturne en extérieur avec la participation du Club Astro du Trégor. Devant l’entrée.
Organisateur : PLANÉTARIUM DE BRETAGNE
Horaires : 20:30 – 00:00
Adresse
Parc du Radôme
22560 Pleumeur-Bodou
Qui contacter sur place
Maxime Piquel
Courriel : contact@planetarium-bretagne.fr
Téléphone : 0296158030
Animation : sortie nature
Profitant d’une extinction partielle de l’éclairage public assurée par les services techniques de la mairie de Plourin les Morlaix, le CPIE Pays de Morlaix propose une balade nocturne à la recherche des animaux nocturnes (chauves souris, rapaces…). Les problèmes de la pollution lumineuse et la promotion des économies d’énergie liée à l’éclairage seront également abordés. Une animation familiale accessible à tous.
Venez bien couverts et bien chaussés muni d’une lampe en cas de besoin
Rendez-vous sur le parking de l’espace aquatique de Plourin les Morlaix.
Organisateur : Ulamir CPIE
Horaires : 20:00 – 22:30
Adresse
carrefour de la vieille roche
29600 Plourin les Morlaix
Inscription obligatoire
Qui contacter sur place
Gabillet Géraldine
Courriel : ressources@paysmorlaixenvironnement.info
Téléphone : 02 98 67 51 54
Animation : observation astronomique
Si la météo le permet, observation publique des planètes et du ciel d’automne à l’œil nu (constellations, Voie Lactée) et aux instruments (amas d’étoiles, nébuleuses, galaxies), à l’écart de l’éclairage des villes. Annulé en cas de ciel trop nuageux
Organisateur : Association Alnitak
Horaires : 20:30 – 23:30
Adresse
route de Ty-Croas (RD35) près de l’aire de collecte des végétaux
29800 LA MARTYRE
Qui contacter sur place
Yannick LAMOUR
Courriel : alnitak_29@yahoo.fr
Téléphone : 0666375566
Animation : observation astronomique
Soirée d’observation avec une conférence réalisée par un membre du club.
Organisateur : PEGASE
Horaires : 20:30 – 23:30
Adresse
Observatoire du Collège de Kerzouar
29290 Saint-Renan
Qui contacter sur place
Perrot Ronan
Courriel : ronan.perrot@gmail.com
Téléphone : 0298843636
Animation : observation astronomique
Découverte du ciel à l’œil nu et aux instruments
Sur les bords de l’Odet, les astronomes amateurs de Loargannvous proposeront une ballade autour des constellations d’automne à partir de 20h.
Dès le crépuscule nous apercevrons Saturne et ses anneaux.
À la nuit tombée, la Voie lactée déroulera son chemin étoilé et nous pourrons déchiffrer la carte du ciel, nous promener autour des constellations. Les télescopes mis à la disposition du public devraient permettre l’observation d’objets remarquables du ciel profond, l’anneau de la Lyre, La galaxie d’Andromède ainsi que des nébuleuses et amas d’étoiles.
Les animateurs de LOAR GANN seront là également pour répondre aux questions suscitées par le ciel, ses merveilles, ses mystères.
Organisateur : Association d’Astronomie de Cornouaille LOARGANN
Horaires : 20:00 – 23:30
Adresse
Stade du Corniguel, avenue du Corniguel
29000 QUIMPER
Qui contacter sur place
ASSOCIATION D’ASTRONOMIE DE CORNOUAILLE LOAR GANN
Courriel : contact@loargann.info
Animation : observation astronomique
Observation du ciel étoilé au Tumulus de Dissignac
Organisateur : Association Nazairienne d’Astronomie
Horaires : 20:30 – 23:55
Adresse
Tumulus de Dissignac
44600 St Nazaire
Qui contacter sur place
E Illiaquer
Courriel : club.astro.saint.nazaire@laposte.net
Téléphone : 06 64 19 48 26
Animations : observation astronomique et autres
Pendant les observations, informations au grand public sur ce qu’est la pollution lumineuse et ses conséquences.
Organisateur : ORION ADACV
Horaires : 21:30 – 23:30
Adresse
skate park
44320 SAINT-VIAUD
Qui contacter sur place
PORCHER
Courriel : orion@orion-adacv.com
Téléphone : 0676871947
Animations : sortie nature, observation astronomique et débat, conférence
Animations en lien avec la LPO Loire Atlantique sur notre terrain de Mouline :
Observation du ciel
Mini conférences
Découverte de la faune nocturne
Renseignements : http://www.le-cocher.org
Organisateur : Le Cocher
Horaires : 20:30 – 00:00
Adresse
Rue de la Table Ronde – Mouline
44240 La Chapelle-sur-Erdre
Qui contacter sur place
Pascal SAMUEL
Courriel : le_cocher@orange.fr
Téléphone : 0678487032
Extinctions : extinction partielle des monuments, parcs, places et rues
LE CELLIER
Extinction des rues principales de l’agglomération bourg et des villages de Vandel, La Vinalière, Les Thébaudières, Launay, de 20h à 08h.
Horaires : 20:00 – 08:00
Qui contacter sur place
DAVID
Courriel : michaeldavid@lecellier.fr
Téléphone : 0661367045
Extinctions : extinction totale des rues
Haute Goulaine
Extinction de l’ensemble de l’éclairage public dans le bourg
Horaires : 00:00 – 00:00
Qui contacter sur place
Patrick CONVERT
Courriel : dst@hautegoulaine.fr
Téléphone : 0240549250
Extinctions : extinction partielle des monuments, places, rues et autres
LES PONTS-DE-CE
La ville propose l’extinction totale du quartier de l’Ile du Chateau (quartier autour de la Mairie et du Château).
La ville propose déjà l’extinction partielle de l’éclairage d’une partie des quartiers de la ville dans la nuit à partir de 23h hormis les axes principaux de circulation et l’Ile au Bourg (centre-ville).
La Ville de Rennes vise une réduction de la consommation d’énergie de 20 % d’ici à 2020
Dans le cadre du Sdal (Schéma directeur d’aménagement lumière), la Ville de Rennes s’est engagée à réduire ses consommations d’énergie de 20 %, dont celle de l’éclairage public.
L’extinction est une réponse rapide pour la réalisation d’économie d’énergie avec le matériel existant, mais la trame noire augure de nouvelles possibilités avec les luminaires LED installés sur la ville depuis 2015.
Le concept de trame noire
Conçu par l’agence Concepto pour le Sdal de la Ville de Rennes en 2012, le concept de trame noire s’appuie sur le principe des trames vertes et bleues. Il s’agit de (re)constituer un réseau écologique à l’échelle d’un territoire. L’usager est associé à la définition des zones à éclairer, à la temporalité et à la couleur de l’éclairage. L’application de ces principes est une vraie alternative à l’extinction et vise à conserver un bon niveau de service pour les usagers tout en protégeant l’environnement urbain.
Exemples concrets d’économie d’énergie
Depuis 2013, une phase d’expérimentation d’extinction de l’éclairage public au cœur de la nuit est menée dans des zones d’activités (ZA) et industrielles (ZI).
En 2014, les élus municipaux ont souhaité étendre l’expérimentation aux secteurs résidentiels, en commençant par le quartier de la Bellangerais. Cette extinction, qui intervient de 1 h à 5 h (du dimanche soir au jeudi matin) et de 2 h à 5 h (du jeudi soir au dimanche matin), sera progressivement mise en place jusqu’en 2018 sur les ilots constitués d’habitats individuels ou de petits collectifs.
Depuis 2015, la Ville de Rennes a pris la décision d’installer des luminaires à faible consommation de type LED. L’utilisation de ces produits permet d’avoir une lumière dirigée de façon précise sur l’espace public et évite d’envoyer la lumière dans les jardins. L’économie réalisée par rapport à l’existant est de l’ordre de 60 % en moyenne.
Sur les axes éclairés, l’action est portée sur le niveau d’éclairement qui se définit en fonction de la vitesse des automobiles, des conflits entre usagers et de la difficulté de navigation. Au milieu de la nuit, ces différents facteurs diminuent. Il est ainsi possible de réduire le niveau d’éclairement (grande souplesse de l’éclairage LED sur le niveau d’éclairement) et ainsi réaliser des économies importantes et maintenir un niveau de service de qualité.
Dans les cheminements piétons, un travail a été mené sur la détection automatique. Ce dispositif permet de mettre l’éclairage en veille en temps normal (de l’ordre de 20 %) ce qui donne un balisage et monte à 100 % lorsqu’il y a une détection. Ce dispositif est notamment installé parc du Berry, allée Alfred Jarry, promenade Marc Elder, et bientôt dans le quartier de Villejean.
D’autres actions privilégient le respect de la biodiversité : un balisage réalisé en couleur chaude (plus orangée) permet de mieux respecter le vivant et lorsque la détection intervient l’éclairage en blanc chaud permet de retrouver le confort de circulation. Dans ces espaces l’usage de projecteurs vers le ciel est proscrit, les luminaires devront être choisi avec un ULOR de 0 (Upward Light Output Ratio) ce qui aura pour conséquence que le pourcentage de flux lumineux émis par la source du luminaire au-dessus de l’horizontal sera nul et limitera la pollution lumineuse vers le ciel.
LE JOUR DE LA NUIT : EXTINCTION DES LUMIÈRES LE 14 OCTOBRE 2017 EN FRANCE
Margiela, les années Hermès, ce sont les années 1990. Mouvement de l’Antifashion. Au royaume de la mode, les modernistes et les minimalistes s’imposent. Déclaration d’une ère nouvelle. Sophistication, exubérance et provocation laissent place à une esthétique résolument épurée, décontractée, conceptuelle. La création est au coeur de cette révolution. Les plus grandes Maisons de Couture parisiennes ne se sont pas laissées surprendre. Elles adaptent leur stratégie marketing au mouvement en marche. Les logos s’effacent, les grands noms se voient voler la vedette par les jeunes étoiles montantes de la mode venues des quatre coins du monde.
1995, Hubert de Givenchy lègue son empire à Alexander McQueen. 1996, John Galliano, enfant terrible de la mode, entre chez Christian Dior. 1998, Marc Jacobs fait ses premiers pas chez Louis Vuitton. Mais la nomination la plus remarquable est sûrement celle de Martin Margiela pour la maison Hermès, alors présidée par Jean-Louis Dumas.
Le très discret créateur belge a fait ses armes à la célèbre Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers, se révélant d’abord au sein des “Six d’Anvers” puis aux côtés de l’anticonformiste Jean-Paul Gaultier. En 1988, il débarque à Paris avec Maison Margiela, créé en collaboration avec Jenny Meirens. On parlera de la “Maison du fil lâche et des étiquettes cousues avec quatre larges points de fil blanc” en référence à sa politique d’anonymat. La touche Margiela ? Une ambiguïté des genres, une déconstruction des coupes, une redéfinition des silhouettes. Un regard insoumis sur la mode de son époque, une vision poétique mariant à la fois conceptualisme artistique et élégance confortable. Un avant-gardisme qui détonne entre les murs du traditionnel et conservateur Hermès.
Le pari était risqué, les critiques sont pourtant unanimes. Margiela, Les années Hermès est un éloge du travail du créateur. Les témoignages l’encensent tant en fondateur de Maison Margiela (1988) qu’en directeur artistique d’Hermès (1997-2003).
Le tandem Margiela-Hermès est devenu un véritable symbole de l’Antifashion. Connu pour son art du mystère, cet iconoclaste se tient loin des célébrités, des interviews. C’est peut-être cette capacité à rester dans l’ombre, pour laisser s’exprimer le produit sans phare, qui séduisa JL Dumas.
Malgré le monument que représente Hermès, Margiela ne dérogea pas à ses principes. Sous son crayon, la femme Hermès se veut plus mouvante, décontractée, toujours raffinée et élégante vêtue de cuirs nobles et d’épais tissus aux coloris neutres.
Notre première préoccupation commune est le vêtement et la femme qui le porte, pas l’écho qu’en donneront les médias.
1998. Sa première collection Automne-Hiver au sein de la Maison familiale donne le ton. Bien loin des grandes productions, du tapage et du sensationnalisme, le défilé prend place dans le magasin du Faubourg-Saint-Honoré. Margiela étonne encore en recrutant ses mannequins parmi les anciennes, des femmes mûres, et en lançant des castings sauvages dans la rue. L’heure est à l’authenticité.
Martin Margiela ne destinait pas ses collections à de très jeunes mannequins. Pour ses défilés, il choisissait des femmes à la maturité rayonnante et d’âges différents, de vingt jusqu’à soixante ans, ce qui est très inhabituel dans l’univers de la mode qui considère la jeunesse comme le fétiche ultime. Parmi ses mannequins, il y avait certes des ex-mannequins, mais aussi d’authentiques femmes de caractère.
Le style épuré est poussé à l’extrême. L’iconique carré de soie se réinvente en un losange uni. Le logo devient discret, la lettre H se dessinant dans le bouton à six trous. L’originalité des coupes s’impose par des pièces uniques comme le trikini ou le bracelet double-tour qui connaîtra un énorme succès commercial. Il décline une garde-robe évolutive. Ses vêtements se veulent superposables, réversibles, intemporels.
La femme Hermès était donc invitée à jouer le jeu d’un dressing à choix multiple, à pratiquer l’art de s’habiller à la carte, de combiner et d’associer ses tenues comme bon lui semblait, et par conséquent d’en prolonger le plaisir.
Margiela, Les Années Hermès s’établit comme une référence pour tous les passionnés d’histoire de Mode, retraçant à merveille l’exposition du MoMu d’Anvers ayant pris place du 31 mars au 27 août 2017. Et l’on redécouvrira l’art d’un des plus grands créateurs du XXe siècle dans une rétrospective annoncée pour 2018 au Palais Galliera, le musée de la mode de la ville de Paris.
Margiela, les années Hermès. Actes Sud. Beaux Arts. Collectif Hors collection. Avril 2017. 256 pages. 45€.
Après le succès de Kingsman Services Secrets sorti en en 2015, Matthew Vaughn revient avec une suite survoltée, mais sans réelle surprise. Servi par un casting de stars (notamment Jeff Bridges, Channing Tatum, Halle Berry et Colin Firth), le film Kingsman 2 Le Cercle d’Or reconnecte avec Eggsy (Taron Egerton), Merlin (Mark Strong) et les autres Kingsmen alors qu’ils font face à une nouvelle super méchante interprétée par Julianne Moore.
https://youtu.be/CLMoaX2img4
« Difficile d’être original deux fois de suite », c’est ce que déclarait le réalisateur Matthew Vaughn dans une récente interview. En 2015, Matthew Vaughn – à qui l’on doit également Kick Ass, X-Men First Class ou, encore, le sous-estimé Stardust – nous introduisait dans le monde loufoque d’une agence de renseignements pour gentlemen avec Kingsman : Services Secrets. Dans ce premier volet, les spectateurs suivaient les aventures de Gary « Eggsy », un jeune de la banlieue londonienne, tandis qu’il se formait à devenir un « Kingsman » – un espion nouvelle génération – sous les yeux observateurs de Galahad (Colin Firth) et de Merlin (Mark Strong).
Ce nouveau volet intitulé Le Cercle d’Or plonge à nouveau les spectateurs dans l’univers de l’Agence Kingsman et dans celui de ses alliés. En effet, après la destruction de leur quartier général, Eggsy et Merlin rencontrent les « Statesmen », leurs homologues américains. Les deux Agences vont devoir collaborer afin d’affronter une nouvelle ennemie nommée Poppy Adams (Julianne Moore) : une dealeuse qui détient le monopole mondial de la drogue.
Alors que Matthew Vaughn n’avait jamais réalisé de suite à ses films (il a laissé la réalisation de Kick Ass 2 à Jeff Wadlow, le réalisateur de Never Back Down, et la suite de X-Men à Bryan Singer) a-t-il réalisé son pari de faire de Kingsman le Cercle d’Or une suite digne du premier tout en se renouvelant ?
Un scénario divertissant, assez crédible, mais sans grande ambition
Le Cercle d’Or ? Une association de méchants très méchants qui déboule dans le scénario, comme un peu sortie de nulle part… Cela permet à ce Kingsman 2 de réutiliser facilement les thèmes du premier film autour de l’axe principal : la place du sacrifice (un Kingsman est prêt à sauver le monde). Dans ce but, le scénariste fait table rase du premier volet en détruisant les Kingsmen et tout ce qui les rattache au sol britannique afin d’introduire leurs équivalents américains dont la couverture est une joyeuse distillerie (loin des tailleurs anglais…). Bref, le scénariste a repris les mêmes et recommence l’histoire sur un autre continent. L’arrivée des agents Tequila, Whiskey ou encore Champagne, est l’occasion d’expliquer le passé des deux agences et leur connexion. À la clé : de nouveaux gadgets, un nouveau mode de fonctionnement et donc, une nouvelle intrigue.
Ici, il ne s’agit plus d’un milliardaire effrayé par la peur du sang et de la violence, mais d’une dealeuse détenant le monopole mondial de la drogue. Matthew Vaughn utilise ces grands méchants gaillards du Cercle d’Or pour construire une critique (approfondie ?) de la société. Alors que Kingsman 1 s’axait sur les nouvelles technologies, Kingsman 2 se concentre sur la société de consommation, de l’alcool à la drogue. Vaughn émet également de loin en loin une dénonciation de la politique américaine menée par le président des États-Unis nouvellement élu. Mais cette critique pourra paraitre un tantinet légère…
Question violence, Kingsman 2 en regorge à l’image du premier. Mais le tout est voilé par des points de vue assez audacieux. Très peu de sang, plutôt un arc-en-ciel de bleu et d’orange (on se souvient des feux d’artifice dans le premier volet). La couleur permet à Vaughn de minimiser, voire de détourner le regard du spectateur de la violence, et d’apporter une touche de fantaisie à son film. Il est bien aidé par la photographie de Georges Richmond fort agréable à regarder ; les scènes de bagarres sont réussies, notamment la scène de la course poursuite du début scandée par la musique d’Henry Jackman (et accessoirement celle d’Elton John).
Enfin, Kingsman 2 fonctionne avant tout sur l’humour – avec des blagues et des jeux de mots qui fusent à tout-va – et des retournements de situations qui s’enchaînent – certains plus surprenants que d’autres…
Les suites fonctionnent grâce à leurs personnages…
Le public aime suivre les aventures des personnages auxquels il s’est attaché et découvrir leurs passés et leurs actualités. Ce que Matthew Vaughn expliquait au site américain Deadline : « ce sont les personnages qui rendent une franchise unique ».
Ce deuxième opus remplit avec succès ce rôle. Kingsman 2 permet à Taron Egerton d’améliorer son jeu en incarnant un Eggsy amoureux et respecté, bien différent du garçon que les spectateurs avaient connu dans Kingsman, Services Secrets. En tant que digne héritier d’Harry (Colin Firth), Eggsy devient un point de référence dans l’Agence de renseignements britannique, mais également de l’autre côté de l’Atlantique. Son histoire d’amour, un peu envahissante, lui donne une dimension plus humaine et se distingue des films d’espionnage classiques où le héros souvent ne connaît que d’éphémères aventures. C’est un pivot intéressant du film : de quelle manière l’évolution d’Eggsy conduit-elle l’Agence Kingsman à se remettre en question ?
Le choc entre deux générations, illustrées par la relation qu’entretiennent Harry et Eggsy, prend alors tout son sens. Dans Kingsman Le Cercle d’Or, le rôle de chacun est redéfini. Harry, de retour (comme l’avait révélé la promo du film), devient l’élève et Eggsy le maître alors que ce dernier doit aider son mentor dans la quête de son ancienne identité. Ils apprennent beaucoup l’un de l’autre. Le public était en droit d’être dubitatif quant au rôle que Colin Firth pouvait tenir dans ce deuxième volet, mais Vaughn parvient à fournir une histoire correcte sur son retour et sur son utilité.
Dans un autre contexte, le personnage de Merlin obtient enfin un statut à sa hauteur. Lui qui, dès le premier film, menait de façon adroite le lien entre Kingsmen et technologie ; son tandem avec Halle Berry est plaisant à suivre. A contrario, les autres personnages sont peu mis en avant, ce qui est dommage. Il est indéniable que Julianne Moore s’éclate en super vilaine (à l’image de Samuel L. Jackson dans le premier film), mais le traitement de Poppy Adams reste malgré tout superficiel et son personnage devient trop rapidement unidimensionnel. Même constat pour les Statesmen : alliés de taille pour nos héros, ils restent néanmoins dans l’ombre et on apprend peu de choses sur eux. Le seul qui tire réellement son épingle du jeu est Pedro Pascal (il interprète l’agent Whiskey). À noter également la présence d’Elton John, complètement déjanté dans un rôle qui lui sied à merveille. De quoi satisfaire les fans du chanteur et compositeur britannique !
Kingsman, Le Cercle d’Or est un bon film de divertissement, dans la veine décalo-déjantée du premier volet. L’histoire est entrainante et la réalisation soignée. Mais reste une impression d’inachèvement. (Si un troisième volet Kingsman voit le jour, il se concentrera certainement l’histoire des Américains). Matthew Vaughn a-t-il réussi son pari ? À voir…
https://unidivers.fr/horaires-cinema-rennes-film/
Titre original : Kingsman The Golden Circle
Titre français et québécois : Kingsman Le Cercle d’or
Réalisation : Matthew Vaughn
Scénario : Jane Goldman et Matthew Vaughn, d’après les personnages du comic book
Kingsman : Services secrets de Dave Gibbons et Mark Millar édité par Icon Comics
Directeur artistique : Grant Armstrong
Décors : Darren Gilford
Montage : Eddie Hamilton
Musique : Henry Jackman et Matthew Margeson
Production : Matthew Vaughn, Adam Bohling et David Reid
Sociétés de production : Marv Films et Cloudy Productions ; 20th Century Fox (coproduction)
Société de distribution : 20th Century Fox
Budget : 104 000 000 de dollars
Pays d’origine : États-Unis / Royaume-Uni
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : comédie d’espionnage
Durée : 141 minutes
Dates de sortie : États-Unis, Royaume-Uni : 22 septembre 2017
France : 11 octobre 2017
Distribution
Colin Firth (VF : Christian Gonon ; VQ : Jean-Luc Montminy) : Harry « Galahad » Hart
Julianne Moore (VF : Ivana Coppola ; VQ : Marie-Andrée Corneille) : Poppy Adams
Taron Egerton (VF : François Deblock ; VQ : Louis-Philippe Berthiaume) : Gary « Eggsy » Unwin, alias « Galahad »
Mark Strong (VF : Eric Herson-Macarel ; VQ : Marc-André Bélanger) : Merlin
Halle Berry (VF : Annie Millon ; VQ : Isabelle Leyrolles) : Ginger Ale
Pedro Pascal (VF : Loïc Houdré ; VQ : Christian Perrault) : agent Whiskey
Channing Tatum (VF : Axel Kiener ; VQ : Frédérik Zacharek) : agent Tequila
Jeff Bridges (VF : Patrick Béthune ; VQ : Guy Nadon) : agent Champagne
Elton John (VF : Philippe Ariotti ; VQ : Thiéry Dubé) : lui-même
Bruce Greenwood (VF : Bernard Lanneau ; VQ : Mario Desmarais) : le Président des États-Unis
Emily Watson (VQ : Chantal Baril) : Fox, le chef de cabinet de la Maison-Blanche
Edward Holcroft (VF : Donald Reignoux ; VQ : Renaud Paradis) : Charlie Hesketh
Hanna Alström (VF : Ruth Vega Fernandez ; VQ : Eloisa Cervantes) : la princesse Tilde
Sophie Cookson (VF : Capucine Delaby ; VQ : Sarah-Jeanne Labrosse) : Roxanne « Roxy » Morton, alias « Lancelot »
Michael Gambon (VQ : Hubert Fielden) : Arthur
Poppy Delevingne (VF : Valérie Decobert ; VQ : Catherine Brunet) : Clara von Gluckfberg
Björn Granath (VQ : Frédéric Desager) : le roi de Suède
Samantha Womack : Michelle Unwin, la mère d’Eggsy
Après un premier single en octobre 2015, suivi d’un EP en février 2016, le duo Sea Offs formé par les Américains Olivia Price et Rashmit Arora présente son premier album, intitulé « What’s the point ? » Un premier album qui confirme l’ancrage de Sea Offs dans l’univers embué du dream-folk et qui n’a pas à rougir de ses liens de parenté avec le groupe britannique Daughter. À la fois sombres et poétiques, les huit titres de l’album What’s The Point ? nous entraînent dans l’esprit solitaire et perdu d’une personne souffrant de dépression. Cathartique.
2014, Université d’État de Pennsylvanie. Le club des auteurs-compositeurs du campus a organisé une nouvelle réunion. Olivia Price y interprète un morceau composé avec un ami. Dès que le spectacle s’achève, Rashmit Arora l’aborde. La musique de Price ne l’a pas laissé indifférent : il souhaite travailler avec elle. Après quelques mois passés à se produire ensemble dans les rues de Philadelphie, il s’avère que leur rencontre tenait de l’évidence. Arora et Price ont en commun bien plus qu’un amour de la musique. Ils partagent les mêmes idoles et la même vision du monde.
« Nous sommes tous les deux vegans, écologistes, opposés à la violence et à l’accès aux armes », explique Olivia Price avant d’ajouter non sans humour : « Vous avec le droit de nous traiter de hippies, si cela vous fait plaisir. » Intimement convaincus que de leurs actions individuelles dépendent bien du plus grand nombre, Arora et Price mettent un point d’honneur à surveiller leur mode de vie, leur consommation, jusqu’aux mots qu’ils emploient.
Outre leur croyance en un modèle social durable et solidaire, le duo Sea Offs possède un référentiel musical commun. Leurs fondamentaux ? Coldplay B-sides, Gregory and the Hawk, Andy Shauf, Half Moon Rud, Alexi Murdoch, The Staves… Mais surtout Elena Tonra et les deux premiers EP de Daughter. Une influence majeure qui plane aujourd’hui encore au-dessus de leurs productions. La critique du titre Unfound, septième piste de leur album, par le site américain The Revue parle d’elle-même : « Doté de la sombre élégance et de l’obscurité époustouflante de Daughter, Unfound est une introduction spectaculaire à Sea Offs. »
WHAT’S THE POINT SEA OFFS
De Daughter, Sea Offs a conservé les accents ainsi que l’indépendance des premiers jours. Qu’ils s’agisse de leur premier single Colliding, de leur EP Sea the Blind ou de leur premier album What’s the point ?, toutes les productions du duo ont été enregistrées et produites dans l’indépendance la plus totale. Un choix artistique grandement facilité par les infrastructures mises à leur disposition par l’université de Penn State. « L’ingénierie du son était la mineure de Rashmit à l’université », explique Olivia Price. « Cela lui permettait donc de s’améliorer. D’autre part, nous bénéficiions d’un accès illimité et gratuit au studio du campus, ce qui nous permettait de contrôler entièrement la production et le mixage de nos titres. Et pour ne rien gâcher, l’université mettait à la disposition des élèves n’importe quel instrument, même les plus incongrus. »
C’est ainsi qu’ont été créés les huit titres constituant leur premier album, What’s the point ? Philadelphie, ville qui a vu naître Joan Jett et The Roots entre autres artistes, confirme sa réputation de pépinière de talents. What’s the point ? incarne parfaitement l’idéal musical partagé par ses créateurs, qui perçoivent avant tout la musique comme vectrice d’émotion. « Nous pouvons discuter des heures durant de la manière dont un titre peut parler à notre âme », déclarent-ils.
Un pari réussi. What’s the point? parle d’autant plus à l’âme de son public qu’il aborde un sujet auquel beaucoup sont confrontés: la dépression. Derrière la voix éthérée de Price et l’acoustique épurée, onirique, du duo percent des accents mélancoliques, traînants et obscurs, et des paroles lourdes de sens. De quoi donner une toute nouvelle signification au titre de l’album que l’on pourrait traduire par « À quoi bon ? ».
Rashmit Arora et Olivia Price ne se sont pas attaqués à un sujet qu’ils ne connaissent pas. Si l’album est aussi lourdement chargé en émotions, c’est parce qu’il prend racine dans l’expérience de Price elle-même. « J’ai touché le fond après avoir reçu mon diplôme », déclare-t-elle, « et je me suis retrouvée dans une très mauvaise passe. Dans le même temps, j’étais engagée dans une relation sérieuse, dans laquelle je me sentais complètement perdue : j’avais le sentiment de ne rien avoir à donner à mon partenaire. »
Malgré le sujet très lourd dont il s’inspire, What’s the point ? n’englue pas son public dans des réflexions noires. Il a quelque chose de purificateur, de cathartique : Freud parlerait sans doute de sublimation. « Les titres parlent de la dépression en général, mais aussi, plus spécifiquement, de la violente révélation qui a été la mienne : il est impossible d’aimer quelqu’un d’autre si on ne s’aime pas déjà soi-même », déclare Olivia Price.
Une prise de conscience difficile, mais essentielle, qui permet de se tourner vers l’avenir. Malgré le succès critique de What’s the point ? les membres de Sea Offs souhaitent ralentir la cadence et réfléchir à l’évolution de leur musique. Les deux auteurs n’ont cependant pas cessé d’écrire, et s’attaquent désormais à un nouveau challenge: rédiger leurs textes ensemble et non plus indépendamment l’un de l’autre. Entre quelques concerts, ils espèrent avoir le temps de produire un EP pour 2018. Toujours dans la même veine; celle du folk, un style musical qui ne les quittera jamais même s’ils comptent bien en explorer les limites.
Jean Rochefort est né le 29 avril 1930 à Paris où il y est mort le 9 octobre 2017 à l’hôpital de la Salpêtrière à l’âge de 87 ans.
Un éléphant, convenablement beurré, tombera, quoi qu’il arrive, sur vos pieds côté éléphant.
Comme ses amis de la « bande du Conservatoire » de Jean-Pierre Marielle et Philippe Noiret, Jean Rochefort s’est peu à peu imposé comme une figure du cinéma français dès les années 1960. Reconnaissable à sa voix chaude et à sa moustache, il a joué dans cent treize films (cent cinquante en comptant les téléfilms).
Jean Rochefort
D’abord voué aux seconds rôles, notamment aux côtés de Jean-Paul Belmondo dans Cartouche, Les Tribulations d’un Chinois en Chine ou L’Héritier, Jean Rochefort devient un acteur de premier plan à partir de 1972 dans Les Feux de la Chandeleur, aux côtés d’Annie Girardot et Claude Jade.
Il s’installe ensuite au sommet de l’affiche de nombreux films français notables, parmi lesquels Le Grand Blond avec une chaussure noire avec Pierre Richard, L’Horloger de Saint-Paul avec Philippe Noiret, Que la fête commence, Un éléphant ça trompe énormément et sa suite, Nous irons tous au paradis, Le Crabe-tambour, Le Moustachu, Tandem, Le Mari de la coiffeuse, Ridicule, ou encore Le Placard. Alternant des rôles dans des films grand public et des films d’auteurs, Jean Rochefort est devenu une figure emblématique du cinéma français.
Plusieurs fois récompensé, Jean Rochefort remporte notamment le César du meilleur acteur dans un second rôle pour Que la fête commence en 1976 et le César du meilleur acteur pour Le Crabe-tambour en 1978, puis reçoit un César d’honneur en 1999, couronnant l’ensemble de sa carrière.
https://youtu.be/P95UaMJtEBA
Jean Rochefort est mort le 9 octobre 2017 à l’hôpital de la Salpêtrière à l’âge de 87 ans.
La première édition du prix Facile à lire Bretagne a choisi de distinguer l’écrivaine Françoise Legendre le 22 septembre 2017. Organisé conjointement par l’établissement public Livre et lecture en Bretagne et par l’association Les Chemins de lecture, en partenariat avec Unidivers, le prix récompense l’auteure pour son roman La nappe blanche publié aux éditions Thierry Magnier. Un roman accessible à de nombreux publics dans l’optique de la démocratisation culturelle.
FRANÇOISE LEGENDRE
Développée avec et pour les personnes en situation de handicap intellectuel, la démarche du « Facile à lire » a pour objectif global de faciliter la compréhension de la communication écrite et audiovisuelle. Le concept vient tout droit des pays du nord de l’Europe et du Canada où il est plus connu sous le nom de « Easy to read squares ». Le terme désigne alors des espaces dédiés au sein des bibliothèques qui mettent à la disposition du public des livres et documents présentés comme « faciles à lire ».
Le prix Facile à lire Bretagne cherche à poursuivre cet héritage. Les treize communes bretonnes partenaires du prix ont organisé au cours de l’année divers temps de discussion autour des huit ouvrages sélectionnés. Après délibération des jurés – un public plutôt éloigné du milieu littéraire –, le prix est venu distinguer l’ouvrage de Françoise Legendre La nappe blanche. Pourtant, selon ses propres mots, l’auteure n’a jamais cherché à écrire son livre dans un français facile à lire. En revanche, elle met un point d’honneur à utiliser un style aussi clair et précis que possible : « Je traque les mots inutiles qui sont en fait des facilités, des traces de “laisser-aller” : cela contribue sans doute à rendre la langue fluide, simple, et, je l’espère dense et forte… »
La nappe blanche n’est pas le premier roman de Françoise Legendre. L’auteure a déjà derrière elle une bibliographie respectable. Sa carrière d’auteure commence en 2006 avec la publication de « Jo la pêche » aux éditions Flammarion. Par la suite, les ouvrages se multiplient. Qu’il s’agisse d’albums illustrés ou de romans, tous sont destinés à la jeunesse. « Ce choix de la littérature jeunesse n’en est pas vraiment un – confie l’auteure – il s’est imposé : il semble que je me sente mieux dans des formes d’écriture et d’histoire qui rencontrent des publics d’enfants ou de jeunes… Même si des adultes et parfois des personnes âgées m’ont assez souvent dit apprécier tel ou tel livre qui les avait beaucoup touchés. »
À la lecture de ses livres, on comprend mieux pourquoi. Françoise Legendre explore dans ses ouvrages des thèmes qui parleront à tous les publics. Ses deux romans « Le petit bol de porcelaine bleue » et « La nappe blanche » dessinent avec beaucoup de délicatesse l’histoire complexe de deux familles dont la mémoire est matérialisée par un bol, par une nappe, etc. « Je suis très touchée par la vie des choses : certains objets accompagnent des vies ou des périodes de la vie, matérialisent un souvenir, concentrent la force d’un sentiment… La mémoire m’intéresse beaucoup, mémoire individuelle, familiale, collective et un objet permet de mieux comprendre, transmettre, “voir” cette mémoire… »
La mémoire « familiale » est également au cœur de l’album « Mon papa roulait les R » publié en 2008. L’histoire est directement inspirée de la vie de l’auteure, de sa propre famille. Car le père de Françoise Legendre était roumain et roulait les r. Ces origines transnationales ont eu une influence décisive sur son amour des mots et des langues. « Avoir un bout de famille dans un autre pays, entendre des accents différents à la maison, passer par l’écriture de lettres pour correspondre avec mes grands-parents roumains qui, pendant longtemps, ne pouvaient pas sortir de leur pays : oui, cela a beaucoup compté dans mon itinéraire et dans ma relation avec les mots et les langues étrangères aussi. »
C’est ainsi que, dès l’enfance, elle se passionne pour la lecture. Aujourd’hui encore, les titres de son enfance sont gravés en sa mémoire : « Caroline », « Isabelle et les géants », et « Bouzou » son livre de lecture de CP. Tous ont participé à développer une inclination pour la littérature qui ne fera que s’accroître avec le temps. À l’adolescence, l’écriture prendra le pas ; elle exercera son style au travers de courts textes et d’un journal intime. L’âge adulte ne la séparera pas de sa passion : après des études de langue, elle deviendra conservatrice de bibliothèque. Elle dirigera ainsi des réseaux de lecture publique à Rouen, au Havre, ainsi que des établissements départementaux dans la Marne et la Seine-Maritime. Un métier qui correspond à son goût pour la littérature, mais également à sa conviction profonde : l’accès au savoir et aux arts est essentiel à la démocratie.
À ce titre, elle porte un regarde bienveillant sur la démarche « Facile à lire » : « Je trouve la démarche Facile à lire très intéressante, bienvenue : il s’agit de prendre en compte des publics d’âges divers qui, pour toutes sortes de raisons, peuvent rencontrer des difficultés de lecture, mais peuvent apprécier textes et histoires à condition qu’ils soient accessibles. Proposer des sélections de livres allant dans ce sens, les mettre en valeur, faciliter le chemin vers ces livres est vraiment utile : c’est une question de prise en compte de ces lecteurs et donc de démocratie culturelle. »
Une mission d’une importance particulière que le réseau Facile à lire en Bretagne a bien l’intention de poursuivre dans les années à venir. À suivre…
Le très remarqué Our Pop Song Will Never Be Popular avait été suivi de TYJ qui reçu le prix du Public et le troisième prix du Jury d’artistes du concours Danse élargie au Théâtre de la Ville à Paris. Les 11 et 12 octobre, les Pilot Fishes présentent au Triangle leur toute dernière création solos :almanac & C’est confidentiel. À noter sur votre almanach et à partager d’une manière pas du tout confidentielle.
Les Rennais connaissent bien les Pilot Fishes composés des deux danseuses chorégraphes Alina Bilokon et Léa Rault. Encore étudiantes, elles se rencontrent à Lisbonne au début des années 2010. Bientôt elles élaborent des pièces et leurs personnalités très différentes émergent immédiatement. Cette disparité est leur marque de fabrique : elles tirent un malin plaisir à trouver une multitude de points de jonction là où tout devrait les séparer. Elles jouent à conjuguer leur corporéité et leurs gestuelles dissemblables et définissent ainsi une danse singulière.
Dans Our Pop Song Will Never Be Popular, elles créent des danses fondées sur des phénomènes optiques, hypnotiques qui captivent, envoûtent ; leur différence ajoute une strate dans la synchronicité afin de l’intensifier. Avec TYJ, le texte et la musique prennent une place encore plus importante que dans la première création. Le musicien Jérémy Rouault est intégré à la chorégraphie et le texte y est plus emphatique qui emprunte à la mythologie. Les deux danseuses inscrivent les corps dans cet univers imaginaire collectif qu’elles confrontent avec une musique actuelle, électrique, rock.
Alina Bilokon et Léa Rault se confrontent avec leur dernière création solos : almanach & C’est confidentieldirectement à notre rapport au temps sous le prisme de l’intime. Chaque danseuse déploie un univers personnel au cours de son solo. Elles ont toutes deux des origines différentes. Alina Bilokon est originaire d’Ukraine (et du Portugal) et s’appuie sur l’imaginaire collectif rapporté de son enfance, des légendes, des croyances et superstitions, mais aussi de pratiques domestiques qui s’inscrivent dans la régularité et qui sont autant de jalons émotionnels, des rythmes à ressentir. Léa Rault est Rennaise et prend comme support pour son solo l’imaginaire qu’elle a créé elle-même dans son enfance : une mythologie intime faite de luttes subversives, d’utopies, à laquelle elle a même donné comme nom a fight that smiles.
Les rituels traversés dans l’enfance sont vécus comme des repères sentimentaux qui perdurent encore aujourd’hui. Les deux artistes ont parcouru le monde et confronté ces rêveries à la réalité. Leur travail chorégraphique s’élabore entre l’enracinement dans le passé d’une communauté ou dans celui d’un passé plus individuel et notre présent envahi de mondialisation. Les caractéristiques de ces passés sont par essence enracinées dans un territoire délimité, partagé à l’échelle d’une communauté ou restreint à celle d’une personne unique. Tous ces traits sont confrontés au temps présent, plus universels, mais aussi toujours plus mécaniques. Alina Bilokon et Léa Rault décrivent le corps biologique et social coupé d’une horloge biologique devenue illisible ; un corps qui a perdu une sensibilité autrefois vitale, un corps dépossédé de son temps et qui ressent ce manque.
Les gestes que les deux danseuses déposent dans cette perspective sont à découvrir au Triangle de Rennes dans une pièce poétique et élaborée avec les pertinentes compositions musicales de Jérémy Rouault. solos : almanac & C’est confidentiel. mercredi 11 et jeudi 12 octobre 2017 Rennes Le Triangle – cité de la danse tarif : de 2 à 16€.
Almanac — Alina Bilokon Un solo en forme d’almanach, avec les quatre saisons et leurs particularités, fondé sur des sagesses populaires, superstitions et symboles ethniques imprégnés d’images gothiques. création, interprétation, textes, musique Alina Bilokon / scénographie Lucie Le Guen / conseil musical Jérémy Rouault
C’est confidentiel. — Léa Rault Une performance sur différentes notions de résistances et de luttes étranges. Une danse en forme de défilé de petites révolutions. création, interprétation, textes Léa Rault / musique Léa Rault & Jérémy Rouault / lumières Thibaut Galmiche.
Pour les deux solos – Conseil artistique Radouan Mriziga / son Jérémy Rouault / costumes Anna Le Reun – Under the bridge
Jeudi 5 octobre 2017, le TNB de Rennes débutait le programme de sa saison 2017/2018 (voir notre article) par la première représentation de la pièce de théâtreJulius Caesar (Jules César) de Shakespearemise en scène par Arthur Nauzycielhimself. Le nouveau directeur du TNB et metteur en scène a décidé de mettre la barre haut avec ce (quasi) grand moment de théâtre dialectique, symbolique et crépusculaire qui annonce une année de qualité. Alea jacta est !
Il fut ainsi percé de vingt-trois coups : au premier seulement, il poussa un gémissement, sans dire une parole. Toutefois, quelques écrivains rapportent que, voyant s’avancer contre lui Marcus Brutus, il dit en grec : Et toi aussi, mon fils ! (Suétone)
Créée en 1599 pour l’ouverture du Globe Theatre à Londres, Julius Caesar (Jules César) est la première d’une série de grandes tragédies. Shakespeare l’écrit à un moment décisif de l’histoire de l’Angleterre : la révolte d’Essex contre Elizabeth 1re. Le thème en est la déposition d’un souverain autocrate en voie d’apothéose. Tandis que Jules César œuvre avec son entourage à être couronné roi par le Sénat, il devient une menace pour la République (c’est la thèse historique de Plutarque et Suétone). L’assassinat politique par de nobles romains est à leurs propres yeux justifiés par le motif d’empêcher Rome et la République d’être définitivement assujetties au pouvoir absolu du grand César. Mais la prise en main de la destinée du corps politique par ces hommes s’inscrit dans la grande histoire, autrement appelée destin (fatum), et met en place un ensemble de motifs psychologiques et rhétoriques. Maîtrise, destin, responsabilité et droit d’agir au regard du cours du monde – autant d’axes mis ici en lumière et en mouvement par Shakespeare avec éloquence.
Jeudi 5 octobre 2017, le TNB était plutôt bien rempli pour assister à la première de Julius Caesar mis en scène par Arthur Nauzyciel en version originale. La langue tragédienne de Shakespeare – traducteur sagace de l’âme humaine en proie à ses passions et destinées – à la fois précise et riche, abrupte et souple – était doublée d’un sous-titrage à l’attention du public non anglophone. Un dispositif qui aura dérouté certains spectateurs au long des quelque 3 heures que dure la représentation.
Le décor conçu par Riccardo Hernandez – habilement servi par Scott Zielinski à la lumière – est un écrin pour la chorégraphie de Damien Jalet. La scène devient à la fois un théâtre (fermeture panoramique), un huis clos (sartrien), une arène (post-romaine). Les artifices techniques sont à la fois économes et inventifs. L’ensemble de la mise en scène constitue un ensemble texte-jeu-images (verbe-expression-icônes) dialectique, cohérent, efficace. Mention spéciale.
Le jeu des acteurs est égal, et dans l’ensemble plutôt très bon malgré de loin en loin un manque de souplesse dans le statisme des corps et de pénétration dans le verbe. César (joué par Dylan Kussman*) est très bien campé : divin général autocrate qu’on imagine de tout temps : passé, présent et futur.
Quant à Brutus (joué par James Waterston*), aimé de César comme un fils, son élocution et son jeu excellent lors du rendez-vous vespéral des conjurés ; malheureusement, ils faiblissent un peu par la suite. Si le comédien qui interprète Brutus incarne une figure de la pureté révolutionnaire, il y a une différence d’expression, fine, mais bien réelle, entre être enflammé par des idéaux de liberté et être transporté par des exaltations adolescentes.
Marc-Antoine (Daniel Pettrow*) présente un jeu constant et pénétré auquel manque un soupçon d’intensité. Intensité qu’il atteint lors de la présentation de la dépouille de César au peuple de Rome. Ce fameux passage est servi par une mise en scène à l’avenant : le manteau de César figurant sa dépouille, Brutus fait face à Marc-Antoine qui harangue à l’aide d’un micro de speaker les spectateurs du TNB et, en arrière-scène (où s’étire le poster d’un théâtre éclairé, mais vide), le peuple romain dont on perçoit l’indignation montante. Après le discours de Brutus fondé sur l’idéal républicain, l’orateur Marc-Antoine recourt à une rhétorique sentimentale pour dresser la foule. Difficile de ne pas penser à l’analyse des médias par McLuhan : médias froids et médias chauds, expansion immodérée des motifs émotionnels dans le discours (politique), rhétorique sophistique et sentimentale.
La lecture symbolique est un élément constituant de la mise en scène de ce Julius Caesar par Arthur Nauzyciel. L’arrière-scène prolonge et clos le théâtre par un grand poster représentant une salle de théâtre vide dont tous les fauteuils ont leurs assises rabattues sauf l’un d’eux : ce fauteuil aux deux tiers déplié, mais vide peut faire écho aussi bien à la présence et à la disparition des spectateurs, acteurs et auteur, au caractère transhistorique de la tragédie, à la figure de l’éternel témoin de l’histoire. Témoin du drame de l’histoire qui se retrouve dans la plupart des scènes incarnées par un comédien muet et souvent immobile. Quant à la réunion des conjurés chez Brutus, elle est fortement ritualisée à travers des gestes, signes et dé-placements. On sent planer l’esprit des Carbonari. Par contre, il est affirmé à la fin de la pièce que César aurait été poignardé de 33 coups de couteau – faisant ainsi de lui une bien surprenante figure préchristique ; la tradition rapportée s’accorde en fait sur 23 coups (voire 24 si l’on additionne le dernier porté par Brutus).
Bref, tout concourt à une première partie (1h50) exceptionnelle, jusqu’à l’intervention de musiques bien adaptées – ou bien en arrière-fond durant certaines scènes ou en direct par un trio de jazz installé à l’avant-gauche de la scène – qui viennent accompagner et ponctuer en contrepoint la charge dramatique. Malheureusement, une fois l’adresse à la foule de Marc-Antoine passée, l’intensité décroît et la seconde partie (1h10) s’avère moins captivante. Sorte de conclusion étirée de la première partie, elle accuse une carence de ressort et de dynamisme.
Cet inattendu affaiblissement interroge autant la pertinence du moment choisi pour la coupure de l’entracte (voire de sa durée) qu’un recours supérieur à des ressorts et artifices (musicaux, scéniques, chorégraphiques…). Cela étant, il est possible qu’Arthur Nauzyciel ait eu pour intention de féconder une atmosphère et une dimension crépusculaires dans cette seconde partie (afin de brouiller les limites du passé et du présent, de la fiction et du réel). Mais les conditions n’étaient pas toutes réunies pour que la chouette de Minerve s’envole à la nuit tombée…
Ces quelques bémols peuvent sans doute être mis au compte du redémarrage de cette pièce (après 9 ans de relâche) et ne sauraient gâcher la mise en scène dialectique, symbolique et crépusculaire d’Arthur Nauzyciel qui sert avec puissance et pertinence la tragédie de Shakespeare.
Et, certes, un problème demeure : Robespierre ou Saint-Just ? Le premier croit à la pureté et se veut pur. Le second se veut pur aussi, mais sans y croire. Et ce n’est pas, durant les heures qui précèdent leur mort, la fierté ou l’orgueil de leur commun silence qui fond l’un dans l’autre ces deux hommes. On peut pénétrer dans le stoïcisme de Robespierre, on ne le peut pas dans celui de Saint-Just. Étendu sur la table qui lui sert de civière, raidi dans la misérable souffrance de sa mâchoire brisée, il est donné au premier de mesurer enfin son utopie. Faire tenir ensemble une volonté de puissance et un idéal de pureté, éternel sacrilège. Robespierre se tait parce qu’il s’est trompé. Sa mort l’éclaire, mais elle trahit sa vie. Rien de tel chez Saint-Just. Sa mort le confirme à lui-même. Il la reconnaît, telle qu’il l’a regardée en face depuis toujours, banalement présente à chaque instant d’une vie dont il n’a jamais rien attendu d’autre que les surprises du jeu. (Abellio, La fosse de Babel)
JEUDI 05 OCTOBRE 20h00, VENDREDI 06 OCTOBRE 20h00, SAMED, 07 OCTOBRE 20h00, LUNDI 09 OCTOBRE 20h00, MARDI 10 OCTOBRE 20h00, MERCREDI 11 OCTOBRE 20h00, JEUDI 12 OCTOBRE 19h30, VENDREDI 13 OCTOBRE 20h00, SAMEDI 14 OCTOBRE 20h00, TNB salle Vilar, Durée 3h20, avec entracte, Spectacle en anglais, surtitré en français.
* Si le site du TNB cite en file indienne le nom de comédiens, nulle indication précise qui joue qui… Regrettable omission. Merci à Simon Fesselier d’avoir posté un commentaire à la fin de cet article avec les trois principaux rôles : Jules César : Dylan Kussman, Brutus : James Waterston, Marc-Antoine : Daniel Pettrow.
Texte WILLIAM SHAKESPEARE
Mise en scène
ARTHUR NAUZYCIEL
Décor
RICCARDO HERNANDEZ
Lumière
SCOTT ZIELINSKI
Costumes
JAMES SCHUETTE
Son
DAVID REMEDIOS
Chorégraphie
DAMIEN JALET
Avec SARA KATHRYN BAKKER DAVID BARLOW LUCA CARBONI JARED CRAIG ROY FAUDREE ISMA’IL IBN CONNER ISAAC JOSEPHTHAL MICHAEL LAURENCE RUDY MUNGARAY DANIEL PETTROW TIMOTHY SEKK JIM TRUE-FROST JAMES WATERSTON et le trio de Jazz MARIANNE SOLIVAN chant ERIC HOFBAUER guitare DMITRY ISHENKO contrebasse
La biennale de photographie l’Image Publique, organisée par l’association Photo à l’ouest investit à nouveau Rennes et sa métropole. Le festival, qui dure du 2 au 25 octobre 2017, propose de nombreuses expositions, mais également divers ateliers, conférences et projections. Explorant cette année le genre de la photo de rue, le Festival Image Publique invite à considérer les artères urbaines d’un autre œil. Celui de l’artiste, pour qui ces lieux de passage et de vie regorgent de clichés potentiels…
Le photographe flâne dans la rue, son appareil à la main. Il cherche à capturer l’humain dans son environnement, sinon naturel, du moins quotidien. Les images sont prises sur le vif, la vie urbaine et les réalités sociales qu’elle abrite sont immortalisées. Bien souvent, la photographie de rue évoque la photographie sociale ou le portrait. Mais le genre est loin d’être étriqué et, au travers de ce festival, l’association Photo à l’ouest en sonde justement la diversité. Plus de dix-huit artistes sont mis à l’honneur au cours du festival l’Image publique 2017 qui développent chacun une approche personnelle de la photographie de rue.
Parmi ces artistes, en tête d’affiche, figure l’Américaine Vivian Maier, dont une quarantaine de clichés exclusifs sont exposés à l’Orangerie du Thabor. Rivalisant de talent avec les plus grands noms de la photographie de rue américaine, tels que Gary Winogrand ou Helen Levitt, Vivian Maier mena néanmoins une existence discrète – à tel point que son œuvre ne fut découverte qu’après sa mort. Aujourd’hui considérée comme une remarquable référence, Vivian Maier mérite sa place au sein du festival Image publique qui vous invite à découvrir le regard qu’elle portait sur les rues new-yorkaises et sur les vallées françaises du Champsaur.
Vivian Maier
Outre Vivian Maier, des photographes contemporains ont également été sélectionnés pour cette dixième édition. Accueillant plus de six artistes au total, la petite galerie de l’Hôtel Pasteur est le point névralgique du festival. Mais neuf autres expositions sont encore à découvrir. En proposant aux visiteurs plus de seize artistes, dix-sept temps forts, et pas moins de vingt-deux lieux différents, le festival prend des allures d’immense jeu de piste. Pour découvrir la totalité des œuvres, il faut suivre un parcours s’étirant de Villejean-Université à Italie. Sans compter les quatre photographes exposés dans les villes de Thorigné-Fouillard, Acigné, et Saint-Jacques-de-la-Lande.
L’amateur qui souhaite apprécier le festival dans son ensemble devra arpenter les rues dont il est justement question. Ou attendre le 14 octobre pour profiter d’un parcours en autobus, organisé par l’association, et reliant chacun des lieux d’exposition. En attendant, les artistes n’ayant pas eu la chance d’être exposés en centre-ville devront faire avec une moindre affluence. Il sera sans doute difficile d’attirer les spectateurs d’une certaine tranche d’âge et classe sociale vers des lieux excentrés tels que l’université de Rennes 2 ou le centre social Carrefour 18. Mais il faut reconnaître au festival le désir de présenter la photographie de rue à l’ensemble de la métropole et de ses habitants.
La dixième édition du festival l’Image Publique se démarque également par la grande diversité des œuvres exposées. Souhaitant « montrer que d’autres approches de la photographie de rue sont possibles », les organisateurs du festival tiennent leur pari. Les partis-pris artistiques des photographes se complètent, se répondent, mais ne se ressemblent jamais. La photographie de rue ne se limite pas au portrait, ou à la photographie sociale. Elle peut tout à fait étudier la mise en scène, l’insolite, privilégier l’environnement urbain, transformé et déserté par l’homme. À ce titre, l’Hôpital Pasteur fait la part belle au street art, en offrant une de ses salles au photographe Swan et au plasticien Deux Ben, et en accueillant à la dernière minute l’artiste Christophe Desprez, et ses clichés issus de trois ans de chasse à l’art urbain dans les rues de Rennes.
Riche en événements, contraignant le visiteur à parcourir les rues de Rennes, la 10e édition du festival l’Image Publique a donc toutes les chances de remplir son contrat, et d’attirer les amateurs de photographie vers le vaste genre de la photo de rue.
Claire Pathiaux est l’invitée du Carré VIP (VieillePie), l’émission de radio dédiée aux femmes de plus de 50 ans (mais pas exclusivement !). Codiffusée par RCF Radio Alpha et Unidivers.fr, retrouvez Marie-Christine Biet et ses invitées deux fois par mois à la radio et sur le web.
La VIP du 4 octobre est Claire Pathiaux. Un parcours de vingt-cinq ans dans la communication à Paris et Rennes a aiguisé son sens de la formule et son instinct pour le beau et le communicant. Elle se pense volontiers “artisane de la com”, mêlant aux plaisirs de la conception ceux de la fabrication et de la gestion de projets. En 2011, elle entre chez Spectaculaires, la société bretonne connue pour ses spectacles et ses projections sur le patrimoine. « J’y ai découvert les métiers de la lumière, et ai rencontré Nathalie Sinquin, médiatrice culturelle et patrimoniale avec qui j’ai eu envie de me lancer dans la grande aventure de l’entrepreneuriat, en créant la Fabrique d’Étincelles, agence de communication en valorisation du patrimoine. « Cette aventure me permet de regrouper toutes mes passions et mes envies : l’histoire, l’art, le patrimoine, la conception, la lecture, l’écriture, les nouvelles technologies, l’apprentissage, la transmission, l’éducation, le jeu… et le bonheur au quotidien de faire ce que j’aime ! »
Sa déclaration va donc à Nathalie Sinquin, co-fondatrice de la Fabrique d’étincelles. Elles travaillent (entre autres) sur des projets de visites nocturnes dans la ville de Rennes et sur le motion design.
Son coup de cœur est adressé à Anne Hoyau Berry, archéologue sous-marin. Elle travaille avec l’association Adramar qui ne se contente pas de fouiller les épaves sous-marines mais aussi de valoriser ce patrimoine et de recenser les pêcheries côtières.
Son coup de gueule : la place faite au handicap intellectuel dans la société.
Son truc pour rester en forme, son « trio gagnant : l’amour, la danse et… le citron ! »
La bande-son de Claire Pathiaux illustre sa combativité (Brigitte : Battez-vous), son goût pour la danse et la comédie musicale (avec Nathalie, elles n’hésitent pas à s’y adonner pour libérer le stress au boulot (Fame, I sing the body electric). Claire a tenu aussi à nous faire (ré)écouter Five Minutes, du groupe rennais Her, dont le chanteur et bassiste Simon Carpentier est malheureusement disparu en août dernier.
Nathalie Sinquin et Claire Pathiaux, co-fondatrices de la Fabrique d’étincelles
Mardi 3 octobre 2017, l’opéra de Rennes inaugurait sa saison lyrique 2017-2018 (voir la présentation générale) avec le concours de l’ensemble « Le banquet céleste », sous la direction de Damien Guillon. C’est avec un oratorio en deux parties du Vénitien Antonio Caldara, sur un livret de Lodovico Forni, que le groupe de musiciens et de chanteurs allait avoir l’occasion de faire montre de son talent, ce qu’il n’a pas manqué de faire pendant les presque deux heures et demie que dure le spectacle.
Caldara, à cheval sur les XVIIe et XVIIIe siècles, est considéré comme le plus grand musicien italien de son époque. Son œuvre aurait même influencé Jean-Sébastien Bach. Particulièrement prolixe, son catalogue compte près de trois mille œuvres répertoriées, au sein desquelles pas moins de trente deux oratorios. Le mot est lancé ! qu’est-ce exactement qu’un oratorio ? Il s’agit d’une œuvre lyrique dramatique représentée sans costumes ni décors. Généralement bâti sur un thème religieux, l’oratorio peut cependant être profane et mettre en scène, par exemple, un héros mythologique. De célèbres références placent pourtant en tète la première catégorie : oratorio de Noël par J.S. Bach, Messie de G.F. Haendel, enfance du Christ d’Hector Berlioz ou Jeanne au bûcher d’Arthur Honegger. L’étymologie du mot oratorio, basée sur le verbe latin « orare », qui signifie prier, y est peut-être pour quelque chose.
L’œuvre proposée « Maddalena ai piedi di Cristo » a ceci d’un peu déstabilisant qu’elle n’a que peu de rapport avec ce que l’on aurait pu attendre, une sorte de déploration proche d’un Stabat Mater classique. Rien à voir avec cette construction. On est plutôt en présence d’une joute entre deux personnages qui se disputent l’âme de Marie Madeleine sous la forme d’un dialogue qui relève plus de l’amour courtois que de la controverse religieuse. En réalité, nous sommes confrontés à des représentations du Bien et du Mal. Les deux personnages en question sont, d’un côté, l’amour céleste, interprété par le contre-ténor Damien Guillon, de l’autre l’amour terrestre par Benedetta Mazzucato. Les deux tireront adroitement leur épingle du jeu, mais notre petit coup de cœur de la soirée ira vers Emmanuelle de Negri, en très émouvante Marie Madeleine dont l’interprétation habitée et la belle diction emporteront nos suffrages. Les autres chanteurs ne seront pas en reste et Maïlys de Villoutreys proposera une Marthe (sœur de Marie et de Lazare) très convaincante. Au chapitre des hommes, même satisfaction. Le personnage du pharisien, permettra à Riccardo Novaro de mettre en valeur sa belle voix grave et sa prestance pleine d’autorité, alors que le ténor Belge Reinoud Van Mechelen, dans le rôle du Christ, donnera corps à un personnage sensible, apaisant, mais emprunt d’une autorité certaine. Détail amusant, entre chanteurs et musiciens, pas moins de trois anciens membres de la maîtrise de Bretagne à laquelle nous avions consacré un article en forme de portrait au mois de juin; Damien Guillon, bien sûr, Maïlys de Villoutreys et au second violon, Fiona-Émilie Poupard. Encore un sujet de satisfaction pour le chef de chœur, Jean-Michel Noël !
Les musiciens de l’ensemble Le banquet céleste méritent également une reconnaissance particulière. Caroline Bayet au pupitre des premiers violons a fait merveille, même remarque pour les deux violoncellistes Julien Barre et Cyril Poulet, tenant entre leurs jambes, à la manière ancienne, leurs instruments, et faisant sonner avec talent leurs cordes faites de boyaux. Il serait juste de citer également Diego Salamanca au théorbe, comme François Guerrier au clavecin et Kévin Manent à l’orgue positif. En fait, tous méritent des compliments et ont activement contribué à faire de l’ouverture de cette saison lyrique rennaise un événement de grande qualité. Pour ceux qui n’auront pas eu la chance d’assister à cette belle inauguration, la présence de micro à tous les pupitres annonce l’édition d’un disque, il leur faudra faire preuve d’un peu de patience jusqu’en septembre 2018.
Prochain opéra, le médecin malgré lui de Charles Gounod, à partir du mardi 21 novembre. Les réservations vont bon train aussi ne perdez pas de temps si vous souhaitez assister à cet amusant spectacle mis en scène par Vincent Tavernier.
En visite à Las Vegas après la tuerie du 4 octobre (dernier bilan 59 morts et plus de 500 blessés), Donald Trump a fait son job de Président. Il a eu des paroles de compassion envers les victimes, a salué les policiers, les médecins et les secouristes et les a qualifiés de « héros » du pays. Il a conclu par un « God bless our great Country » traditionnel. Mais le Président a refusé de répondre à une question d’un journaliste sur la vente des armes aux États-Unis. On l’aura compris : après la tuerie de Las Vegas, une loi plus restrictive sur la vente des armes aux États-Unis ? Trump, point du tout tendu comme une arbalète, répond : « On verra ça après ! »
Il faut savoir que la modification de la législation concernant la vente d’armes à feu aux particuliers est un véritable serpent de mer de la politique intérieure américaine. Chaque tuerie de masse par arme à feu est l’occasion pour le pouvoir fédéral de profiter de l’émotion du pays pour faire passer une loi modifiant sensiblement cette législation. Rappelons que la possession d’une arme à feu – quelle qu’elle soit – est garantie par le deuxième amendement de la Constitution.
La fusillade de Columbine (1999) n’a abouti à aucune restriction de la vente d’armes et en 2004, la loi de 1994 qui interdisait la vente de fusils d’assaut pour une durée de dix ans n’a même pas été renouvelée. C’est la tuerie d’Orlando en 2016 (49 morts) qui fournit l’occasion au Président Obama de proposer deux restrictions sur la vente des armes : interdiction de posséder une arme à feu pour les individus soupçonnés de terrorisme (nos fichés « S ») et pour les personnes ayant des antécédents criminels ou psychiatriques. Le Congrès à majorité républicaine refuse ce toilettage du 2e amendement.
Donald Trump, alors candidat à la présidentielle, avait proposé de « transformer l’Amérique en forteresse ». La NRA (National Rifle Association) le très puissant lobby des armes à feu et soutien fidèle du candidat Trump, avait alors applaudi des deux mains : pour Trump il n’était bien sûr pas question de restreindre la vente d’armes, mais au contraire de l’encourager…
Notons toutefois que les démocrates ne sont pas en reste. Après la fusillade de Sandy Hook en 2012 le Président Obama avait déjà proposé une nouvelle loi restrictive. Ce sont les sénateurs démocrates qui ont refusé… La position de Bernie Sanders sur ce sujet est restée très ambiguë. Il faut dire que l’élection présidentielle peut se jouer sur l’électorat des zones rurales qui est très attaché à la liberté de posséder une arme à feu.
Son administrateur étant New-Yorkais, pas de quoi s’étonner que l’Orchestre symphonique de Bretagne (OSB) mette en avant le Nouveau Monde lors de ces premiers concerts de la saison 2017-2018. Savamment concocté avec le chef Grant Llewellyn, le programme de la soirée du 30 septembre à l’opéra de Rennes a permis d’esquisser un paysage assez varié de ce que produisent les compositeurs américains ou inspirés par l’Amérique. Tout un Nouveau Monde avec Tai Murray, Marthe Vassallo, Jennifer Higdon et William Grant Still…
Le début du programme est surprenant. « Machine », puisque c’est ainsi qu’il s’intitule, est une pièce pour orchestre d’un saisissant dynamisme. Du début à la fin le rythme semble s’accélérer inexorablement jusqu’à atteindre un paroxysme immédiatement interrompu par la fin du morceau. On n’en reste confondu. Seulement trois minutes de frénésie et le brusque silence qui suit cette œuvre de Jennifer Higdon produit un sentiment de totale surprise non dénuée d’un peu de frustration. L’interprète commente cette création ainsi : « rendre hommage à des compositeurs comme Mozart et Tchaïkovski qui ont pu composer tant de notes et tant de musiques, au point qu’ils semblaient être des machines ». Curieux hommage s’il en fut… Enfin, c’est l’intention qui compte !
Marthe Vassallo, la chanteuse bretonne (voir notre article), viendra interpréter quelques extraits de « Avel Viz », complaintes du Vent d’Est, une composition de Frédérique Lory, avec la voix pleine de mystère et d’émotion qu’on lui connaît. Annaig ar glas, air de la fille perdue, Katoig ar Troadec, la fille morte d’envie de se marier, pas gai tout cela ! Dans la mesure où l’opéra de Rennes est équipé des appareils idoines, une traduction simultanée eut été commode pour le public, pas forcément bretonnant… Aussi est-il passé à côté des histoires belles et tragiques que la chanteuse conte pourtant avec sincérité. Autre interrogation : y avait-il une absolue nécessité d’amplifier la voix de Marthe Vassallo au regard de la petite taille de l’opéra de Rennes et des réelles capacités vocales de la chanteuse ? On peut en douter.
C’est le moment qu’a choisi Tai Murray, la belle violoniste américaine, pour nous charmer de son talent et de ses éblouissantes qualités techniques. Élégante dans sa robe anthracite pailletée d’argent, elle se lance avec conviction dans l’interprétation du Concerto pour violon n° 4 de Samuel Barber que beaucoup connaissent surtout pour son célébrissime Adagio. Même si son très beau violon du XVIIIe siècle, œuvre du Mantouan Tommaso Balestrieri n’a pas une grande puissance, elle sait en tirer des accents sincères et très vivants. En symbiose avec son instrument, elle est tantôt grinçante tantôt élégiaque avant de devenir l’instant suivant véhémente et tragique. Elle terminera sa prestation de façon magistrale dans un dialogue échevelé avec l’orchestre. Une belle leçon de violon que le public de Rennes a reçu avec une admiration méritée.
https://youtu.be/r3QR62ScNtE
Nous poursuivons notre voyage outre-Atlantique avec une agréable surprise en la personne de William Grant Still, compositeur afro-américain d’un talent pas assez reconnu. Malheureusement, il n’avait pas, dans une Amérique des années 20, la peau suffisamment claire pour que ses sept opéras, ses cinq symphonies et bien d’autres œuvres étonnantes, soient plébiscités. C’est profondément regrettable ! Et cette transcription d’un mouvement de la suite pour piano et violon « Mother and child » est une authentique découverte. Quelle distinction et quel beau langage musical ! Le blues et la musique traditionnelle américaine y pointent leur corne et contribuent à notre dépaysement. Même s’il a dirigé quelques grands ensembles américains, comme le philharmonique de Los Angeles ou celui de La Nouvelle-Orléans, ses compositions de musiques de film ne lui valurent pas d’être cité au générique. Il est également l’auteur de « In Mémoriam of the Colored Soldiers who died for Democracy ». Hommage lui est rendu.
C’est avec la Symphonie du Nouveau Monde d’Antonin Dvorak que nous clôturerons la soirée. L’Orchestre symphonique de Bretagne aura l’occasion de s’en donner à cœur joie. L’interprétation dynamique qu’il en propose fait briller spécialement les bois et les cuivres, contribuant en cela à donner un éclat particulier. Toutefois, il y a de quoi s’interroger sur l’idée de Nouveau Monde, car, à l’audition, on est clairement proche des sonorités du créateur de l’école tchèque Bedrich Smetana, et si l’on veut bien se souvenir de la nationalité d’Antonin Dvorak (Tchèque), on serait en droit de se demander si cette symphonie célèbre une naissance ou si elle exprime une forme de nostalgie. Peu importe, c’est beau et bien joué, que demander de plus !
https://youtu.be/MrG5GOmQ0iI
// PROGRAMME //
Jennifer Higdon
Machine
Frédérique Lory
Avel viz, complaintes du vent d’est
Samuel Barber
Concerto pour violon, op.14
William Grant Still
Mother and Child
Antonin Dvorak
Symphonie n° 9 en mi mineur, « Du Nouveau Monde » op.95
Croissance du chiffre d’affaires et hausse des prix : la vente de créations d’art contemporain aux enchères repart à la hausse et entraîne le marché mondial de l’art. La toile Untitled de Jean-Michel Basquiat, cédé en mai pour un montant record de plus de 110 millions de dollars en fournit un fort indice.
L’Art Contemporain mène la reprise générale du marché : +5%
Les ventes aux enchères atteignent 6,9Mrd$ sur le 1er semestre 2017
Le prix des œuvres contemporaines progresse de +9,6%
Les USA – 2,2Mrd$ – reviennent à hauteur de la Chine – 2Mrd$
Le Royaume-Uni – +13% – et la France – +7% – prennent part à la reprise
L’Art Contemporain pèse 15% du CA mondial, contre 3% en 2000
Une œuvre de Jean-Michel Basquiat (né en 1960) s’est vendue 110,5m$
Gustav Klimt Bauerngarten
La toile Nu couché, considérée comme une des œuvres majeures du peintre italien Modigliani, a été adjugée pour 170,4 millions de dollars en 2015. Nurse de l’Américain Roy Lichtenstein a été acquise pour 95,4 millions de dollars, la même année. Et No.10 de Mark Rothko a été vendue pour 81,9 millions de dollars. Le premier semestre 2017 a été marqué par un boom de 14% du produit global des ventes alors qu’il avait connu un repli de 10% sur l’ensemble de l’année 2016, selon une étude d’Artprice.
Constantin Brancusi La muse endormie
Sur l’exercice juillet 2016-juin 2017, le chiffre d’affaires des ventes d’art contemporain (artistes nés après 1945) est en hausse de 3,2% à 1,58 milliard de dollars. Cette évolution s’accompagne d’une autre progression notable: celle des prix. Le niveau moyen pour une œuvre contemporaine (peinture, sculpture, dessin, photographie, estampe, installation) atteint 27.000 dollars contre 26.160 dollars lors de l’exercice précédent.
Cy Twombly Leda and the Swan
Une concentration forte
Quatre places – New York, Londres, Hong Kong et Pékin – captent à elles seules 83% des recettes mondiales des enchères d’art contemporain. Si les États-Unis caracolent en tête avec 43,8% du marché, la Chine est en deuxième position (23,5%), suivie par la Grande-Bretagne (22,1%). La France conserve la quatrième position (2,4%) devant l’Allemagne (1%).
Huang Binhong Yellow mountain
Du côté des grandes maisons de vente, l’Américain Sotheby’s domine le marché de l’art contemporain international. La performance de Sotheby’s doit beaucoup aux 110,5 millions de dollars déboursés le 18 mai 2017 pour une toile de Jean-Michel Basquiat, Untitled , par un collectionneur japonais, Yusaku Maezawa.
Francis Bacon Three Studies for a Portrait of George Dyer
La compétition entre les trois plus grandes puissances s’observe également dans les performances de leurs artistes: le Britannique Peter Doig et l’Américain Christopher Wool complètent le trio de tête, mais « les artistes contemporains chinois occupent néanmoins 162 places du Top 500 cette année, contre 139 Européens et 97 Américains », note le rapport d’Artprice.
Max Beckmann Holle der vogel
Autre tendance notable, quatre signatures issues du Street Art – Keith Haring, Shepard Fairey, Banksy et Kaws – figurent parmi les dix artistes les plus vendus au monde et consacre ce secteur comme l’un des plus dynamiques du marché de l’art actuel.
Chen Rong Six dragons
Artiste
Œuvre
Prix (USD)
Date
Maison de ventes
1
Jean-Michel BASQUIAT (1960-1988)
Untitled (1982)
110 487 500 $
18/05/2017
Sotheby’s New York
2
Gustav KLIMT (1862-1918)
Bauerngarten (1907)
59 004 638 $
01/03/2017
Sotheby’s London
3
Constantin BRANCUSI (1876-1957)
La muse endormie (1913)
57 367 500 $
15/05/2017
Christie’s New York
4
Cy TWOMBLY (1928-2011)
Leda and the Swan (1962)
52 887 500 $
17/05/2017
Christie’s New York
5
Francis BACON (1909-1992)
Three Studies for a Portrait of George Dyer (1963)
Arielle Dombasle et Nicolas Ker présentent en tournée dans toute la France leur album commun La Rivière Atlantique. Une union musicale inédite ! Une rencontre qui a déjà une histoire. Une rencontre qui raconte une histoire… plus mélancolique… (Attention : concert annulé jeudi 26 octobre à Rennes).
https://youtu.be/Hms1G5F1SPw
Celle des douleurs de l’exil, envers de cette liberté, de ces attaches flottantes. Sur un paquebot fendant les mers, une mère, Francion-Lise Garreau-Dombasle, pose une éternelle question à son enfant. « Tu préfères la France ou l’Amérique ? », et Arielle de répondre : « Je préfère le bateau ». Une mère convalescente : elle traverse les océans, pour consulter les médecins, sa fille l’accompagne toujours. C’est la mort qui attend son heure, plus ou moins pressante, pour enlever les visages aimés au regard des vivants, aux enfants qui devront alors s’aventurer seuls, en des territoires où l’absence est une tristesse qui accompagne partout, et que l’art seul peut conjurer. Non pour occulter l’absence, mais pour la faire vibrer, la ramener à la présence.
https://youtu.be/PyrRLamZM9c
Des chansons qui pourront être sombres, mais jamais désespérées – le désespoir n’est pas au répertoire – d’enfants désormais adultes, c’est-à-dire sommés de prendre en charge à la fois les terreurs et les beautés de ce monde. Deux voix aux timbres mêlées : l’une grave et mélancolique, l’autre aérienne et subtile, unis pour chanter selon des humeurs tantôt épiques – « I’m not here anymore », tantôt intimiste – « Carthagena » -, mais toujours depuis une sensibilité commune.
https://youtu.be/-NLLS0P_MY0
La délimitation de ce territoire-là, qui recouvre aussi bien le romantisme solaire du Bono de « With or Without you », au tragique amoureux du Liebestod de Wagner. Cordes heurtées des guitares électriques ou caressées de l’archet d’Henri Graetz, violoniste prodige accompagnant nos deux capitaines, fracas des cymbales orchestrés par Marc Ker, ensemble emporté par des orgues gothiques, période The Cure – Funeral Party. « La Rivière Atlantique » est ce mouvement, entre ivresse déambulante et ligne tracée, mélancolie et joie d’amour. La destination est arrêtée – la mort -, mais nombreux peuvent être les détours amoureux.
Un mot à la fois pour décrire la synthèse des contraires et « La Rivière Atlantique » : romantisme.
Entre 1991 et 1994, Hugo Pratt, le créateur de la bande dessinée initiatique, illustra d’aquarelles des textes rares d’Arthur Rimbaud, Rudyard Kipling et Giorgio Baffo. Ces recueils quasi introuvables ont été rassemblés dans le coffret Hugo PrattVoyages avec Rimbaud, Kipling, Baffo édité par les éditions du Tripode. Accompagnés de préfaces par Dominique Petitfaux, l’ensemble présente une mise en page complètement renouvelée. Le rapport texte/image, l’équilibre des volumes, la qualité d’impression et de fabrication sont au service d’un objet-livre d’une belle cohérence qui ravira aussi bien les aficionados d’Hugo Pratt que tout lecteur épris d’aventures et de liberté. Le premier tome (et voyage) de ce coffret Hugo Pratt est consacré à la dernière partie de la vie d’Arthur Rimbaud alors qu’il cherche – sans succès – à faire fortune entre le Yémen, la Somalie et l’Éthiopie.
Le recueil Lettres d’Afrique trouve son origine dans les nombreuses célébrations du centenaire, en 1991, de la mort de Rimbaud. Alain Borer publie dans la collection Découvertes Gallimard Rimbaud, l’heure de la fuite. Il connait l’intérêt de Hugo Pratt pour Rimbaud et cette région du monde et lui demande des illustrations pour son ouvrage. Le livre parait en février 1991 avec huit aquarelles inédites. Enrichi de deux autres aquarelles, ce recueil de vingt lettres est publié en version bilingue en octobre 1991 à Milan aux Edizioni Nuages. En 1992, les éditions Vertige Graphic décidèrent de reprendre l’ouvrage uniquement en version française.
La particularité de cette vingtaine de lettres est d’être écrites non par le Rimbaud poète, mais le Rimbaud négociant, à Aden entre août 1880 et avril 1891. L’Éthiopie, une terre objet de convoitise de tous et moyen d’enrichissement pour peu, sur fond de grand jeu : de rivalités géopolitiques entre l’Italie, l’Angleterre, la France, la Hollande, l’Allemagne, les rois et potentats locaux. Un négociant sans grand talent ni situation stable qui enchaîne les semi-échecs dans des terres peu fertiles qu’il prise autant qu’il les déteste. Et pourtant, à travers ses lettres déceptives, le lecteur perçoit au détour du rapport que fait Rimbaud d’un énième voyage son tropisme pour l’aventure : les jours passés à pied et à cheval sous un grand soleil cru sidérant de lumière et de promesses.
L’ensemble de ce recueil de Lettres d’Afrique est constitué de quatre rapports qui s’entrelacent sans cesse : le rapport de Pratt à son enfance passé entre 1937 et 1942 en Éthiopie, pays où il retourne par 3 fois (notamment à la recherche de la tombe de son père et des traces de Rimbaud) ; le rapport général de Pratt à l’aventure et à la liberté ; le rapport général de Rimbaud à l’aventure et à la liberté ; le rapport d’amour-détestation de Rimbaud à l’Afrique (à ses habitants, “les nègres”) et à l’Europe (à ses habitants, “les Assis”). La dynamique de ces quatre rapports accouche et se conclut par : la mort de Rimbaud le 10 novembre 1891 alors qu’il venait de rentrer en France après dix ans d’une vie marquée par l’échec de ses ambitions ; la parution progressive, à partir de 1972, des 4 histoires de la BD culte de Pratt intitulée Les Ethiopiques.
Il y a deux choses fort différentes qui m’ont séduit chez Rimbaud. En premier lieu, ses poésies, bien sûr, mais aussi, et au moins autant, sa personnalité, l’étrangeté de sa vie : à 20 ans, il cesse d’écrire de la poésie et commence une vie d’aventures, qui l’amènera entre autres a organisé un trafic d’armes en Éthiopie. Évidemment, ce qu’il raconte dans ses lettres sur sa vie là-bas me passionne. (Hugo Pratt)
Depuis ce très lointain 1943, l’année de mon retour en Italie, c’est presque avec maniaquerie que j’ai recherché ce qui pouvait me rappeler mon adolescence abyssine. Au fond, je crois que mon envie de dessiner mes histoires africaines n’a jamais obéi qu’à la nécessité de ne pas me détacher définitivement de mes souvenirs. (Hugo Pratt, préface au livre de Marc Gouvernain Retour en Éthiopie, Actes Sud, 1990)
L’aspiration à l’aventure et l’attachement à l’Éthiopie relient Pratt et Rimbaud. Leurs dessins et les textes respectifs traduisent une très intime convergence doublée d’une infinie divergence. Si les 12 aquarelles d’Hugo Pratt dessinent un onirisme pétri de fierté ethnique et de volupté des corps, les recueils des lettres de Rimbaud montre l’homme aux semelles de vent devenu un négociant sans génie passer son temps à se démener dans un couloir d’adversité avec l’espoir d’atteindre au bout le soleil de la réussite. Pratt présente un recueil ethnologique fantasmé teinté d’amour nostalgique pour un lieu unique ; Rimbaud mine son corps et sa vie intérieure de promesses avortés dans une terre où son point d’ancrage se dérobe sans cesse.
1880. Rimbaud, assis à droite, à l’Hôtel de l’Univers, Aden, Yémen. Une photo découverte par Jacques Desse et Alban Causse.
Il est possible que les Anglais occupent prochainement le Harar ; et il se peut que j’y retourne. On pourrait faire là un petit commerce ; je pourrais peut-être y acheter des jardins et quelques plantations et essayer d’y vivre ainsi. Car les climats du Harar et de l’Abyssine sont excellents, meilleurs que ceux de l’Europe, dont ils n’ont pas les hivers rigoureux ; et la vie y est pour rien, la nourriture bonne et l’air délicieux; tandis que le séjour sur les côtes de la mer Rouge énerve les gens les plus robustes ; et une année là veillait les gens comme quatre ans ailleurs. Ma vie ici est donc un réel cauchemar. Ne vous figurez pas que je la passe belle. Loin de là : j’ai même toujours vu qu’il est impossible de vivre plus péniblement que moi. […] Je suis comme prisonnier ici… Aden est le lieu le plus ennuyeux du monde, après toutefois celui que vous habitez.
Comme l’écorché atteint de bipolarisme, Rimbaud est balloté entre déceptions et exaltations :
Je me fais très vieux, très vite, dans ces métiers idiots, et ces compagnies de sauvages et d’imbéciles […] Si j’avais le moyen de voyager sans être forcé de séjourner pour travailler et gagner l’existence, on ne me verrait pas deux mois à la même place. Le monde est très grand et plain de contrées magnifiques que l’existence de mille hommes ne suffirait pas à visiter […] Figurez-vous comment on doit se porter, après des exploits du genre des suivants : traversées de mer et voyages de terre à cheval, en barque, sans vêtements, sans vivres, sans eau, etc., etc. Je suis excessivement fatigué. Je n’ai pas d’emploi à présent. J’ai peu de perdre le peu que j’ai. Figurez-vous que je porte continuellement dans ma ceinture seize mille et quelque cent francs d’or : ça pèse une huitaine de kilos et ça me flanque la dysenterie. Pourtant, je ne puis aller en Europe, pour bien des raisons : d’abord je mourrais en hiver : ensuite, je suis trop habitué à la vie errante et gratuite ; enfin, je n’ai pas de position. Je dois donc passer le reste de mes jours errant dans les fatigues et les privations, avec l’unique perspective de mourir à la peine.
L’échec de ses commerces le rappelle faute de mieux à une vie conventionnelle dont l’hypothèse en réalité le dégoûte :
Hélas ! À quoi servent ces allées et venues, et ces fatigues et ces aventures chez des races étranges, et ces langues dont on se remplit la mémoire, et ces peines sans nom, si je ne dois pas un jour, après quelques années, pourvoir me reposer dans un endroit qui me plaise à peu près et trouver une famille, et avoir au moins un fils que je passe le reste de ma vie à élever à mon idée, à orner et à arme de l’instruction la plus complète qu’on puisse atteindre à cette époque, et que je voie devenir un ingénieur renommé, un homme puisant et riche par la science ? Mais qui sait combien peuvent durer mes jours dans ces montagnes-ci ? Et je puis disparaître, au milieu de ces peuplades, sans que la nouvelle n’en ressorte jamais. […] Chères mère et soeur, je reçois votre lettre du 21 janvier 1980. Ne vous étonnez pas que je ne vous écrive guère : le principal motif serait que je ne trouve jamais rien d’intéressant à dire. Car, lorsqu’on est dans des pays comme ceux-ci, on a plus à demander qu’à dire ! Des déserts peuplés de nègres stupides, sans routes, sans courriers, sans voyageurs : que voulez-vous qu’on vous écrive de là ? Qu’on s’ennuie, qu’on s’embête, qu’on s’abrutit, qu’on en a assez, mais qu’on ne peut pas en finir, etc., etc. ! […] Les gens du Harar en sont ni plus bêtes, ni plus canailles que les nègres blancs des pays dits civilisés ; ce n’est pas du même ordre, voilà tout.
Je fis fabriquer une civière recouverte d’une toile, et c’est là dessus que je viens de faire, en douze jours, les 300 kilomètres de désert qui séparent les monts du Harar du port de Zeilah. Inutile de vous dire quelles horribles souffrances j’ai subies en route.
Et Rimbaud de conclure :
Je crois qu’on doit avoir l’air excessivement baroque après un long séjour dans des pays comme ceux-ci.
Coffret Hugo Pratt de trois volumes Voyages avec Rimbaud, Kipling et Baffo, Éditions du Tripode, 296 pages, 5 octobre 2017, 45,00 €
Biche, Oh my biche, aurait pu chanter Frank Goëlo en parlant de Rennes ! Ce n’est un secret pour personne : ceux qui tiennent les rênes de la Ville ont à cœur que les Rennais bichent le mail François Mitterrand. Le moyen : créer de l’animation afin que cette artère devienne autre chose que l’hôtel des courants d’air. L’ouverture de quelques restaurants agrémentés de terrasses commence à donner vie à cet espace. Unidivers s’est penché sur les fonts baptismaux d’un nouveau lieu plein de promesses le restaurant coffee shop Oh my biche.
À sa tête, deux gastronomes dynamiques qui n’ont pas encore atteint les trente ans ! Ladies first : Julie Blondeau, forte de douze années de service en restauration, se dédie à la communication de l’établissement, ce qu’elle fait avec un indiscutable talent. Au masculin, c’est Francis Rocul, plus expérimenté en service de bar et qui a pris en charge le fonctionnement quotidien de l’établissement. Leur objectif : créer un lieu de rencontre et de convivialité, ouvert sur une très large plage horaire et proposant aux clients des mets inhabituels cuisinés avec des produits de qualité.
Presque entièrement en terrasse, l’établissement dispose de 6 places à l’intérieur, de 16 sous-abri et 48 sous un important barnum chauffé qui assure aux clients confort et chaleur, y compris durant les mois d’hiver. Un vieil adage latin dit que la fortune sourit aux audacieux ; de l’audace, Julie et Francis n’en ont pas manqué en créant dès l’ouverture quatre emplois. Celui de Chloé, armée d’une expérience de dix années de service et de cuisine ; du breton Jérémy, fort de cinq années de cuisine (trois au Bateau ivre), du très expérimenté Nicolas de Roscoff, avec ses huit ans comme chef de partie dans un restaurant étoilé, et enfin de Thibault, le « chti », très performant dans la confection de cocktails. En résumé, un personnel jeune, motivé, et compétent.
Nous évoquions plus avant la large plage horaire d’ouverture, en l’état actuel elle se définit ainsi : 7 jours sur 7 de 9h à 23h. Afin d’accorder quelques heures de repos à l’équipe, la fermeture du dimanche s’effectue à 16h.
Le café restaurant Oh my biche est de toute manière en permanente évolution. Julie et Francis observent leur marché, constatent les spécificités de leur lieu d’implantation et règlent leur organisation en fonction des réalités. La formule actuelle est simple : un plat du jour pour varier le menu des personnels de bureau avoisinants, un dessert maison chaque jour, mais pas de brunch de week-end, pas de buffet.
Pour autant, le samedi et dimanche, le menu évolue avec l’ajout de plats à consonance anglo-saxonne ou méditerranéenne. Un dimanche de brocante, j’ai testé le shasksuka (comme ça se prononce) : tomates, poivrons, ail, oignons, épices, feta, coriandre et pignons de pin. Un pur délice servi dans une poêle à frire, bien chaude, et présenté en quantité satisfaisante. En dessert, car pas question de faire l’impasse, j’ai dégusté une mousse de fromage blanc allégé et citronné sur un biscuit spéculoos. Excellent et quasi diététique. Sinon, j’aurais pu me régaler de pancakes au caramel beurre salé, agrémentés de framboises fraîches ou de myrtilles en fonction du marché. Plutôt engageant, non ?
En tout cas, la clientèle présente semblait satisfaite tant des plats consommés que des prix très raisonnables ; autrement dit, du concept « Oh my biche ». Faites en l’expérience : il se pourrait que cela vous plaise ; et ne soyez pas surpris si Julie ou Francis prennent le temps de venir bavarder avec vous quelques instants – chez eux le sourire fait partie du menu.
Des bébés sur mesure ? Le 25 juillet 1978 naissait le premier enfant issu d’une fécondation in vitro, l’Anglaise Louise Brown. Ce qui était alors considéré comme une prouesse scientifique, voire même comme une atteinte à l’éthique, s’est banalisé aujourd’hui : 350 000 bébés éprouvette naissent chaque année dans le monde. Dans les pays occidentaux, cela correspond à 3 % des naissances. La fécondation in vitro n’a plus rien d’un défi scientifique, et les frontières de l’éthique médicale ont été repoussées. Mais jusqu’où irons-nous ? Est-il acceptable de trier des embryons en fonction de leur génome ? De choisir le sexe et la couleur des yeux de son futur enfant ? De supprimer tout porteur d’anomalie et de mutation ? Non, nous ne sommes pas dans Bienvenue à Gattaca, mais le parallèle est trop évident pour ne pas être tissé. Avec lucidité, le documentaire de Thierry Robert Bébés sur mesure nous alerte : et si, dans notre quête de l’enfant parfait, nous nous étions aventurés sur la pente de l’eugénisme ?
Procréation médicalement assistée : une offre, une demande, un marché
Le recours à l’aide à la procréation s’est largement normalisé depuis les années quatre-vingt. À l’époque, la procédure ne concernait que les couples stériles, et bien évidemment hétérosexuels. Quant aux embryons formés in vitro, ils n’étaient pas triés avant implantation, la technologie ne le permettant pas encore. Mais les progrès de la science et des mœurs ont permis à d’autres offres d’émerger. Avec l’arrivée du don de gamètes, la fécondation in vitro est désormais accessible aux couples homosexuels et aux familles monoparentales. Attention, ce n’est pas sur une définition de la famille que porte le débat, mais bel et bien sur les dérives de la science. Ici, le problème éthique porte sur les catalogues de donneurs établis par les banques de gamètes. La plus grande banque de sperme au monde, la danoise Cryos, vous propose de choisir le donneur parfait en fonction de son poids, de sa taille, d’une photo d’enfance… Et de son origine ethnique. En fonction du profil, la valeur des gamètes peut varier de 40 à 1000 euros. Comptez bien sûr un supplément pour sélectionner le sexe ou la couleur des yeux de votre bébé. Le kit d’insémination peut être acheminé jusque chez vous par la poste, embryon et mode d’emploi compris. Pour les familles aisées, le bébé à la carte est donc déjà une réalité.
La quête du bébé parfait
Parce que l’on n’arrête pas le progrès, d’autres recherches sont en cours. Ceux qui découvriront le gène de l’obésité ou du quotient intellectuel seront les futurs leaders sur le marché de l’aide à la procréation. Une banque de sperme surnommée la « banque des génies » a même brièvement existé aux États-Unis, entre 1980 et 1999. Le docteur Robert Klark Graham, directeur de l’établissement, avait sélectionné les donneurs de gamètes en fonction de leur quotient intellectuel, qui se devait d’être supérieur à 130. Le tout reposait sur des bases scientifiques fragiles : le concept même de quotient intellectuel est sujet à débat. Reste que 218 bébés sont nés de ce projet. Et l’ambition du docteur Graham, « ajouter un maximum de gènes performants au génome humain » est une parfaite définition du terme « eugénisme ». L’objectif n’est plus de faire naître un simple bébé, mais de veiller à ce dernier soit parfait. Ce qui passe également par le dépistage des anomalies génétiques. Aujourd’hui, les embryons formés in vitro peuvent être soumis à un diagnostic préimplantatoire permettant de repérer les éventuelles pathologies. En France, 120 maladies génétiques peuvent ainsi être dépistées. En Angleterre, la liste est cinq fois plus longue et ne s’arrête pas aux pathologies lourdes. Elle comprend également des défauts esthétiques tels que le strabisme. Les hommes du futur seront donc des hommes parfaits. Pour le meilleur ou pour le pire ?
Utopie ou dystopie ?
« On est en train de réaliser bien plus rapidement qu’on ne le soupçonnait le Gattaca. Les utopies que l’on pressentait au Xxe siècle se réalisent sous nos yeux » déclare le Dr Laurent Alexandre, urologue. Certes, l’homme se débarrasse des nourrissons atteints d’un handicap depuis l’antiquité, mais les technologies modernes ont fait de lui un démiurge. Les progrès de la science sont tels qu’on pourrait croire à la fiction, mais il n’en est rien. En 2015, le Parlement britannique a légalisé la thérapie des trois ADN, qui permet à un enfant de porter trois héritages génétiques différents, et ainsi d’échapper aux maladies mitochondriales. Et la porte vers les bébés « génétiquement modifiés » a été ouverte par la technologie du « ciseau à ADN », ou CRISPR-Cas9, développée par Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna. Le principe : couper et remplacer des fragments d’ADN ciblés. Élaboré dans un objectif de thérapie génétique, CRISPR-CAS9 n’a jamais eu pour ambition d’être appliquée sur des embryons humains. Emmanuelle Charpentier elle-même le certifie. Cependant, ne serait-il pas tentant de franchir la ligne rouge, et de libérer les générations futures de la souffrance engendrée par les maladies génétiques ? C’est bien le nœud du problème. La limite est parfois floue entre handicap et simple particularité. Et quid des mutations, pourtant essentielles à l’adaptation d’une espèce ? Bébés sur mesure tire la sonnette d’alarme : à force de vouloir améliorer le patrimoine génétique de l’humanité, nous risquons fort de l’appauvrir. D’où l’urgence d’un vaste débat de société.
Documentaire Bébés sur mesureThierry Robert (France, 2017, 1h30mn). À découvrir mardi 10 octobre à 20h50 ou vendredi 13 octobre à 9h25, sur Arte. La diffusion du 10 octobre sera suivie d’un entretien à 22h20.
La 1ere FIV (fécondation in vitro) a eu lieu en 1978 en Angleterre, donnant naissance à Louise Brown, le premier bébé éprouvette au monde. En 1982, Amandine naît, elle est le premier bébé éprouvette français, le 20e au monde. Aujourd’hui, environ 350 000 enfants naissent ainsi chaque année dans le monde. Cela représente 3 % de toutes les naissances dans les pays occidentaux, 3 pour mille dans le reste du monde. Un marché de 20 milliards de dollars à l’horizon 2020 !
En moyenne, il faut 4 tentatives de fécondation in vitro pour parvenir à la naissance d’un enfant. Début 2015, pour la première fois au monde, le parlement anglais a franchi le pas et autorisé le protocole du bébé à 3 parents !
Octobre : la rentrée est passée. Les éditeurs de bandes-dessinées lâchent l’artillerie lourde. Auteurs connus, séries majeures en cours, concentration de succès garantie. Sélection non exhaustive pour un mois riche en parutions BD.
En toute subjectivité, on débute cette chronique par notre coup de cœur : la sortie attendue du tome 4 de Matteo (1), cette parution de Gibrat qui fait désormais l’événement comme toute publication du dessinateur depuis la publication de l’inégalé Le Sursis. Cette fois-ci notre « Joli Cœur » se retrouve à Barcelone dans la confusion totale d’une guerre civile où il faut choisir rapidement son camp. Le trait spécifique de Gibrat devient à chaque album un peu plus une référence et rarement un dessinateur aura aussi bien saisi la sensualité des femmes et la lourdeur pataude des hommes dans des contextes historiques agités. Un album à ranger déjà dans la catégorie des classiques.
Octobre pourrait être le mois des seconds albums. Par exemple, cinq mois à peine après la parution et le succès important du western « Marshal Bass » (2), sort déjà la deuxième aventure de ce marshal Afro-Américain confronté cette fois-ci à des meurtriers qui pratiquent leur activité répréhensible en famille.
Nouvel opus également d’un diptyque entamé en 2015, celui de Jazz Maynard (3) qui clôture l’aventure du célèbre cambrioleur, entamée en 2015 dans lequel notre héros a quitté sa chaude Barcelone pour la froide Reykjavik. Une manière agréable de fêter les 10 ans de ce gentleman.
L’Étoile du Désert termine aussi son second cycle sous le dessin de Labiano qui a remplacé l’année dernière Marini pour relancer cette série en sommeil depuis 20 ans. Le commissaire aux affaires indiennes devrait passer un sale quart d’heure (4).
Est-il encore nécessaire de présenter deux BD, adaptées au cinéma ou à la télévision qui dépassent désormais les 20 albums ? Vingt et unième album pour Largo Winch (5), ce jeune héritier milliardaire…
…et le vingt-huitième pour Walking Dead (6), avec ses personnages cherchant à survivre face à des morts vivants.
On avait découvert l’an dernier avec plaisir la BD Facteur pour femmes de Sébastien Morice et Didier Quellat-Guyot. Devant le succès rencontré, nos deux auteurs récidivent cette fois-ci avec L’île aux remords (7) dans lequel un fils revient chez lui 25 ans après s’être engagé dans l’armée au Viet-Nam. Une couverture douce et sensible rappelle parfaitement l’atmosphère de la BD précédente.
Dans la même édition débute la collection L’eau des collines avec le premier tome Jean de Florette (8) qui sera suivi de Manon des sources, albums directement tirés des textes de Marcel Pagnol. À réserver aux nostalgiques d’un passé aux accents provençaux.
Toujours chez Aire Libre, qui fait fort en ce mois d’octobre, un joli titre, Plus près de toi (9) de Fournier et Kris pour une première partie racontant l’histoire d’un jeune séminariste franco sénégalais qui va devoir affronter les débuts de la seconde guerre mondiale et rencontrer l’amour; un album très attendu.
Unidivers ne peut passer sous silence la parution d’une BD à caractère régional : Mémoires d’un Paysan Bas-Breton édité chez Soleil, dans la collection Contes de Bretagne, collection qui gagne à être explorée. Cette fois-ci un paysan breton se découvre, à la suite d’un accident, la vocation de découvrir le monde.
Actes Sud n’est pas qu’une magnifique maison d’éditions de romans, elle publie également à l’occasion des BD remarquables comme celles de Camille Jourdy Juliette (la trilogie Rosalie Blum ayant connu un franc succès) ou de Jean Harambat, Ulysse : les chants du retour. Nul doute que Short (11) qui regroupe de courtes histoires de la BD arabe sera du même niveau.
Toujours dans l’univers littéraire est attendue (12) adaptation en BD du roman publié en 2001 de Dai Sijie qui raconte la dangerosité de lire Balzac pendant la révolution culturelle chinoise.
Parutions originales, celles des éditions Petit à Petit qui publient trois BD documentaires et historiques consacrées à trois villes au passé chargé : Bruxelles, Nantes, Rouen (3ème volet) (13) succèdent ainsi au Havre. Apprendre en se distrayant est l’objectif majeur de ses parutions à vocation surtout régional.
Des intégrales, des rééditions d’ouvrage majeur sont aussi pléthores quand approchent les mois des cadeaux. Dans le désordre : Les chevaux du Vent (Futuropolis), Persepolis (L’Association), Blast (Dargaud), Millenium (Dupuis), Bouncer (Humanoïdes Associés) vous sont proposés en intégrales ou en version de luxe avec coffret. Une occasion de découvrir de grands classiques ou de les faire connaître à vos amis avec un beau ruban autour.
Bonne lecture à tous dans les derniers chauds rayons du soleil ou devant les premières lueurs des feux dans la cheminée !
(1) Mattéo tome 4. Éditions Futuropolis. Parution le 12/10/2017. Comme pour toutes les BD importantes, à noter une édition de luxe grand format limité à 600 exemplaires avec un tiré à part signé par Gibrat. L’exceptionnel a un prix : 165€.
(2) Marshal Bass 2 . Éditions Delcourt. Collection Neopolis. Parution 4 octobre.
(3) Jazz Maynard: trois corbeaux tome 6 de la série. Éditions Dargaud. Parution le 20/10/2017.
(4) Étoile du désert Tome 4. Éditions Dargaud. Parution le 27/10/2017
(5) Largo Winch. L’Étoile du Matin. Éditions Dupuis. Parution le 06/10/2017
(6) Walking Dead, Vainqueurs. Éditions Delcourt. Parution le 04/10/2017
(7) Collection Grand Angle. Parution le 04/10/2017.
(8) Collection Grand Angle. Parution le 04/10/2017
(9) Collection Grand Angle . Parution le 06/10/2017.
(10) Parution le 11/10/2017.
(11) Mohamed Shennawy. 240 pages. Parution le 4 octobre.
(12) Nadolny Poustockine. Éditions Futuropolis. Parution le 12/10/2017.
(13) Parution le 06/10/2017.
Avant de vous ruer sur les Prix Littéraires dont les lauréats seront connus du 26 octobre au 9 novembre 2017, laissez-vous guider sur quelques parutions intéressantes en ce mois d’octobre 2017.
Comme la palette des couleurs d’automne, ce panorama littéraire se veut varié pour que chacun y trouve sa lecture. Commençons justement par l’actualité de deux auteurs qui ont reçu le Prix Nobel de Littérature.
Patrick Modiano (Prix Nobel de Littérature en 2014) propose de nous confier ses Souvenirs Dormants (Gallimard, 26 octobre 2017), dans un roman d’apprentissage avec la mémoire d’autres détails de sa vie et des personnes qu’il souhaitait oublier. L’auteur publie aussi une pièce de théâtre, Nos débuts dans la vie (Gallimard, 26 octobre 2017).
Jean-Marie Gustave Le Clézio (Prix Nobel de Littérature en 2008) nous emmène sur l’île Maurice à la rencontre de Jérémie Felsen de retour sur Alma, ancien domaine de sa famille, en quête d’un oiseau rare et de Dominique, alias Dodo, un hobo né pour faire rire. Leurs histoires croisées tissent une belle enquête familiale, intitulée Alma (Gallimard, 5 octobre 2017)
À la frontière de la littérature française et étrangère, je vous propose le nouveau roman de Lydie Salvayre, auteure française d’origine espagnole. Dans Tout homme est une nuit (Seuil, 5 octobre 2017), l’auteure montre comment un intrus déstabilise la population d’un paisible village. Une vision caustique et jubilatoire d’un thème intemporel et actuel maîtrisé par Lydie Salvayre.
Linda Lê est une autre auteure qui maîtrise les douleurs de l’immigration. Dans Héroïnes (Christian Bourgois), une photographe et un étudiant amoureux de la littérature de Kafka, deux Vietnamiens nés en Europe, entretiennent une correspondance sans jamais s’être rencontrés et se racontent les histoires de trois femmes qui incarnent le Vietnam en exil.
Octobre est aussi le retour de Audur Ava Olafsdottir, une formidable auteure islandaise qui sera en France du 20 au 25 novembre pour Les Boréales (Festival dédié à la culture nordique qui aura lieu à Caen du 16 au 26 novembre 2017) avec Ör (Éditions Zulma, 5 octobre 2017), un roman poétique et profond, drôle, délicat, d’un homme qui s’en va, en quête de réparation.
Tobie Nathan, ethno-psychiatre et professeur des universités, a passé de nombreuses années de sa vie auprès des migrants. En 2014, l’État lui avait confié le suivi d’une cinquantaine de jeunes radicalisés. Il en produit un rapport puis un livre, Les âmes errantes (Éditions de l’Iconoclaste, 4 octobre 2017). Cet essai est un regard unique, loin des clichés, sur la jeunesse radicalisée, basé sur un examen clinique.
Côté Poches, il faut noter la sortie du dernier roman de Richard Flanagan, La route étroite vers le Nord lointain (Babel/Actes Sud, 11 octobre 2017), l’histoire d’une passion incandescente sur fond de guerre et de captivité, épisode inoubliable dans la vie d’un médecin militaire affecté à la construction de la « Voie ferrée de la Mort » (la ligne Siam-Birmanie, 1943) et devenu héros de guerre malgré lui.
Chez Folio, notons la sortie du roman qui a obtenu le grand Prix de l’Académie française en 2015, Les prépondérants de Hedi Kaddour. L’auteur entraîne son lecteur dans une collision de cultures lors du tournage d’un film américain au Maghreb en 1922.
Terminons sur la parution d’une adaptation d’un roman culte en bande dessinée: Balzac et la petite tailleuse chinoise, roman de Dai Sijie paru en 2000 chez Gallimard. Deux adolescents envoyés à la campagne pour être éduqués pendant la révolution culturelle en Chine dans les années 70 découvrent une valise de livres interdits qui va changer leur vie et celle de la fille d’un tailleur chinois dont ils tombent amoureux. Loin de la présentation classique, les dessins de Freddy Nadolny Poustochkine s’inscrivent dans des bulles irrégulières et sont précis et expressifs.
Le célèbre lapin en smoking est orphelin. Son fondateur, l’américain Hugh Hefner, est décédé mercredi 27 septembre dans sa propriété de Beverly Hills, la fameuse Playboy Mansion à l’âge de 91 ans. Connu pour sa philosophie hédoniste, l’homme incarnait à la fois la liberté de parole et la domination masculine. Retour sur un personnage transgressif.
Paru le 1er décembre 1953, dans une Amérique encore pudibonde et marquée par les valeurs WASP, le premier numéro de Playboy annonce la couleur du magazine : « Pour la première fois en couleurs dans la presse, les fameux nus de Marilyn Monroe. » Le message est clair : Playboy sera transgressif ou ne sera pas. Et bien qu’allant à l’encontre des mœurs officielles, le numéro rencontre un succès immédiat. Plus de 50 000 exemplaires seront vendus en l’espace de quelques semaines. Par la suite, le magazine de « divertissement pour hommes » affirme sa réussite et sa marque de fabrique : des photos de playmates – de femmes nues – affichées sur les pages centrales. Par ce choix éditorial, Hugh Hefner assume dès les années cinquante une posture favorable à la révolution sexuelle et à la liberté des mœurs. Un véritable paradoxe, pour peu que l’on considère son enfance. Car Hefner est né en 1926 dans une famille de protestants conservateurs : « J’ai été élevé dans une configuration où le sexe était fait pour procréer et le reste était du péché. C’est abominable » confie-t-il à la Soma Review.
Hugh Hefner se construit donc en opposition aux valeurs traditionnelles, à la « moralité » stricte découlant de l’éducation chrétienne protestante puritaine qui imprègne encore l’Amérique de l’époque. Playboy est ainsi le premier magazine à publier des photos de femmes entièrement nues et non semi-couvertes comme l’étaient nombre de pin-up. À ce titre, le fameux lapin en costume, dessiné par Arthur Paul, est bien plus qu’un simple logo. Il représente le modèle masculin que Hugh Hefner défend et incarne : le gentleman à la fois insolent et éduqué, célibataire et libertin, hédoniste et consommateur. Difficile de s’éloigner davantage de l’image du « bon père de famille », marié, fidèle, correct, et qui laisse à son épouse les plaisirs décadents de la consommation.
Malgré son apparence volontairement trublionne et charnelle, Playboy ne se contentait pas de vendre de la peau nue. D’autres thématiques subversives ont été abordées par la revue. Ainsi, en août 1955, le mensuel publie la nouvelle de Charles Beaumont, The Crooked Man, (l’homme tordu), préalablement rejetée par le magazine Esquire. La nouvelle présentait un univers alternatif où l’homosexualité était la norme et dans lequel les hétérosexuels étaient persécutés. À son lectorat outré, Hugh Hefner répondit : « S’il est inapproprié de persécuter un homme hétérosexuel dans une société homosexuelle, alors il est également inapproprié de persécuter un homosexuel dans notre société ». Le magazine se démarquera de nouveau en 1965 et 1966, années durant lesquels l’auteur Alexander Haley réalisera un entretien avec les leaders du mouvement des droits civiques, Malcom X et Martin Luther King, mais aussi une interview virulente de George Lincoln Rockwell, le fondateur du parti nazi américain. Il serait donc erroné de résumer le mensuel aux mots « sexe » et « consumérisme ».
Mais personne n’est imperméable à la critique. Hugh Hefner tout comme son magazine peuvent être perçus sous deux angles. Le premier nous présente un pionnier de la révolution sexuelle et de la liberté d’expression ; l’autre, un apôtre de la domination masculine qui a bâti son empire sur la marchandisation du corps des femmes. Car l’hédonisme et le libertinage défendus par Hefner présentaient un défaut… celui d’être réservé à la gent masculine.