C’est reparti ! Après deux mois de pause, les éditeurs remettent en route les publications avant la folie automnale. Petite sélection des parutions de septembre 2021.

Pour se remettre dans le bain, rien de tel que du solide, du connu, du réputé : le tome 6 de Undertaker, « Salvaje », fera l’affaire (1). Dans ce deuxième opus, suite de L’Indien blanc, le croque-mort bien connu poursuit son périple en terres indiennes. Il était chargé par Sid Beauchamp, travaillant pour le compte de Joséphine Barclay de retrouver la dépouille de son fils, Caleb, réduit en esclavage par les Apaches et enterré au cœur des terres interdites d’Arizona. De retour avec le cadavre de Caleb, Salvaje et Chato, l’enfant né de leur union, Beauchamp savoure son triomphe. Il va enfin pouvoir épouser Joséphine, la femme la plus riche de Tucson. Sauf si Jonas Crow dévoile à la veuve que Sid a lui même empoisonné Caleb. Connaissant notre homme au chapeau haut de forme, et son sens de l’honneur, des doutes sont permis. La couverture nous promet une mise en images magnifiques pour un scénario éprouvé lors du tome précédent. Incontournable pour les amateurs de westerns et les autres.

Puisque nous sommes dans les valeurs sûres aucun risque avec ce nouveau roman graphique signé Catel et Bocquet consacré à Alice Guy (2). Moins connue que Kiki de Montparnasse, Olympe de Gouges ou Joséphine Baker auxquelles furent consacrés leurs précédents romans graphiques, réédités d’ailleurs ce mois-ci, le scénariste et la dessinatrice se sont attachés à la vie de la « première réalisatrice de l’histoire du cinéma ».

Cet été 1896, ce n’est pas seulement le premier film d’Alice Guy qui vient d’être réalisé, mais le premier film de fiction de l’histoire du cinéma.

En 1896, Alice Guy, 23 ans, réalise La Fée aux choux pour Léon Gaumont. Elle dirigera ensuite plus de 300 films en France. En 1907, elle part conquérir l’Amérique. Première femme à créer sa propre maison de production, elle construit un studio dans le New Jersey et fait fortune. Mais un mariage malheureux lui fait tout perdre. Femme libre et indépendante, témoin de la naissance du monde moderne, elle aura côtoyé les pionniers de l’époque : Gustave Eiffel, Louis et Auguste Lumière, ou encore Georges Méliès, Charlie Chaplin et Buster Keaton. Elle meurt en 1968, avec la légion d’honneur, mais sans avoir revu aucun de ses films – perdus et oubliés.

Autre album attendu conçu à quatre mains, Ténébreuse (3) de Hubert et Mallié dont le synopsis rappelle le diptyque L’âge d’or de Pedrosa et Moreil : un chevalier déchu et une princesse aux sombres pouvoirs s’allient pour échapper au sort que d’autres ont déterminé pour eux. Arzhur ne se doute pas de ce qui l’attend quand il accepte le marché de trois inquiétantes vieilles femmes qui lui promettent fortune et gloire en échange d’une princesse à délivrer. Mais certaines filles de roi ont de bonnes raisons de vivre retirées du monde. Une épopée féministe contemporaine qui utilise les codes du conte.

tenebreuse mallie hubert

L’histoire de Bob Denard (4) n’a elle, rien à voir avec un conte. Celui que l’on a appelé « Le corsaire de la république » mènera toute sa vie au service d’une France en pleine décolonisation et qui aura besoin d’agents aux mains sales pour faire le travail. Bob Denard sera un de ceux là et probablement le plus célèbre. En maniant un humour caustique et un dessin allégorique étonnant, Olivier Jouvray et Lilas Cognet livrent un album hors norme, détonnant, bien dans l’esprit de celui qui a toujours eu la bougeotte et voulu découvrir le monde, servir son pays et peut être aussi se servir lui même. À découvrir.

bob denard le dernier mercenaire

Moins exotique, mais de grande actualité est la BD Mes mauvaises filles (5) de Zelba qui traite de l’euthanasie. On avait découvert l’autrice avec son album touchant et tendre Dans le même bateau. Cette fois-ci, après 13 ans d’introspection, elle évoque deux sœurs qui aident leur mère à mourir. L’éditeur nous précise qu’avec cet album « Zelba signe un roman graphique bouleversant et lumineux sur cet acte vertigineux. Elle évoque le moment, à la fois intime et universel, de la perte d’un être cher ». On devine la part autobiographique dans cette histoire qui mêle les souvenirs de l’autrice et de sa sœur, et nous interroge toutes et tous sur cette question sociétale essentielle.

Beaucoup plus légère est la parution du tome 15 de Lady S (6), intitulé Dans la gueule du tigre. Van Hamme au scénario, Philippe Aymond au dessin, insufflent à cette série un rythme tonitruant et font de cette Lady un pendant féminin du célèbre XIII, le tout dans un contexte géopolitique réaliste. Un classique en cours.

Pinard de guerre (7) de Pelaez et Porcel dit tout dans son titre. La guerre c’est celle de 14-18. Le pinard c’est celui vendu par un entrepreneur véreux qui fournit du vin frelaté aux armées. Une BD solidement documentée et qui renvoie une nouvelle fois le lecteur dans ses tranchées, sujet éternel de BD historiques, mais traité cette fois-ci par une histoire quotidienne qui n’est pas sans rappeler le thème du roman de Pierre Lemaitre Au revoir là-haut.

Voltaire et Newton

Terminons cette chronique par deux BD qui mettent en scène des animaux prenant avantageusement la place des humains. Voltaire et Newton (8), cela vous dit quelque chose? Certainement, mais Mitch et Bauduret ont fait du philosophe un héron et de Newton un cocker anglais. Même si ces deux génies ne se sont jamais rencontrés dans la vraie vie, leur confrontation sous la plume des deux auteurs risque d’être savoureuse. Prévu comme un triptyque ce premier tome confronte les personnages à l’inauguration d’une machine à explorer l’espace. Un rêve inimaginable bien entendu.

Est-il utile encore de présenter un chat détective, vêtu d’un imperméable aux couleurs mastic, séducteur et conducteur de belles limousines? Blacksad (9), bien entendu nous revient enfin avec ce Alors tout tombe premier tome d’un dyptique . Cette fois ci, John Blacksad est chargé de protéger le président d’un syndicat infiltré par la mafia à New York. Un album qui détaille la découverte du quotidien des travailleurs chargés de la construction du métro dans les entrailles de la ville, mais également la pègre et le milieu du théâtre, contraste absolu entre l’ombre et la lumière, le monde d’en bas et celui d’en haut incarné par l’ambitieux Solomon, maître bâtisseur de New York. Un univers qui rappelle le Giant de Mikael.

Il vous reste à faire votre choix. Bonnes visites chez votre libraire et bonnes lectures.

(1) Undertaker, « Salvaje », Éditions Dargaud. Dessins : Ralph Meyer. Scénario : Xavier Dorison. Couleurs : Caroline Delabie. 64 pages. 15€. (Lire un extrait)

(2) Alice Guy, Éditions Casterman. 400 pages. Parution le 22 septembre. 24,95€.

(3) Ténébreuse, Éditions Dupuis. Parution le 24 septembre. (Lire un extrait)

(4) Bob Denard, le dernier mercenaire. Éditions Glénat.

(5) Mes Mauvaises filles, Éditions Futuropolis. Parution le 8 septembre. (Feuilleter le livre)

(6) Lady S, Éditions Dupuis. Parution le 3 septembre. (Feuilleter le livre)

(7) Pinard de guerre, Éditions Grand Angle. Tome 1.

(8) Voltaire et Newton, Éditions Delcourt. Tome 1. Parution le 8 septembre. (Lire un extrait)

(9) Blacksad, Éditions Dargaud. Parution le 1er octobre. (Lire un extrait)

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Eric Rubert
Le duel Anquetil Poulidor sur les pentes du Puy-de-Dôme en 1964, les photos de Gilles Caron dans le Quartier latin en Mai 68, la peur des images des Sept boules de cristal de Hergé, les Nus bleus de Matisse sur un timbre poste, Voyage au bout de la Nuit de Céline ont façonné mon enfance et mon amour du vélo, de la peinture, de la littérature, de la BD et de la photographie. Toutes ces passions furent réunies, pendant douze années, dans le cadre d’un poste de rédacteur puis rédacteur en chef de la revue de la Fédération française de Cyclotourisme.

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