La nostalgie, dans notre société occidentale consumériste, est devenue une valeur sure. Il suffit de regarder autour de nous : presque tout y renvoie. Et, en premier lieu, le commerce.

Du côté musique, reviennent à la mode tous les 20 ou 25 ans des artistes et mouvements musicaux. Les jeunes fans des années 80 ont maintenant 40-50 ans et des enfants. Avec ces enfants qui grandissent vient un sentiment de nostalgie de ces années passées, une envie de partager avec sa progéniture parfois et donc un marché juteux pour des producteurs de spectacles ou de disques. On ne compte plus les comebacks, les émissions sur le sujet.
Du côté cinéma, on l’observe avec les remakes ou les retours des héros du passé. Comptez le nombre d’années séparant les 2 versions et vous verrez qu’il est souvent un multiple de 20 ou de 25 ans. Les chipmunks ont réussi l’exploit de réapparaître 2 fois déjà. Disney a aussi tenté le coup en ressortant son Roi lion en 3D et en saupoudrant les sorties DVD et BlueRay de ses classiques pour capter les nostalgiques.
Internet évidemment fourmille d’exemple avec le plus flagrant : Facebook. Si le site parle d’amis, c’est souvent une personne croisée une fois ou deux qui enrichit le « portefeuille » d’amis d’un profil, comme si on voulait se souvenir de cette rencontre. Dérivé de cela, on recherche aussi ses amis d’enfance, comme sur Copain D’avant ou Photos de classe, 2 précurseurs des réseaux sociaux.
Coté High Tech, le rétro est aussi une valeur sure. Les derniers appareils photo singent les appareils vintage. On vend des coques de téléphone imitant la première gameboy ou une vieille cassette. Et les jeux à la mode sur smartphone reprennent souvent des recettes de rétrogaming avec des remakes à peine déguisés de premiers jeux d’arcade des années 80 devenus aujourd’hui des classiques. Logique : les propriétaires de smartphone sont aussi des quarantenaires ayant joué à ces jeux sur les Atari 2600 ou Nintendo NES.
La nostalgie est partout : même dans la mode qui réutilise le vintage, les images du passé, les réinvente. Ainsi a-t-on vu le retour des formes initiées par Courrèges ou Paco Rabanne et on ne va pas tarder à voir des recréations inspirés des modèles qui ont fait la gloire de Christian Lacroix. Dans le design, automobile par exemple, la nostalgie a sa place aussi avec l’exemple de la Fiat 500 ou de la New Beetle et toute la vague néo-rétro. Les exemples ne manquent pas et la question qui vient à l’esprit est : pourquoi ce besoin de nostalgie ?
Nous n’avons évidemment pas la prétention d’y répondre dans cet article. Cette notion n’est pas seulement occidentale puisqu’on la retrouve aussi dans d’autres sociétés avec, par exemple, d’étonnantes nostalgies du maoïsme ou du colonialisme. La nostalgie est provoquée principalement par la perte de quelque chose : l’innocence de l’enfance, l’indépendance, la liberté. Le passage à l’age adulte, aux responsabilités, à la famille, constituent des moments qui s’accompagnent de nostalgie. Le regret du monde insouciant de l’enfance se retrouve chez les quarantenaires, mais aussi chez certains retraités qui vivent mal le départ de la vie active.
Mais contrairement à d’autres manifestations psychologiques d’un mal-être au présent, la nostalgie n’est pas perçue comme une si mauvaise chose. À tel point que cette atmosphère de vie, ce climat décalé, à la fois dépression et anticyclone, cette  ‘consolation’, cette non-vertu ‘balsmaique’ et désormais acceptée et digérée par notre société par l’intermédiaire d’une industrialisation. Seuls les cas les plus graves de nostalgie sont aujourd’hui traités, car ils sont assimilés à de la dépression. Peut-être aura-t-on la nostalgie du début d’internet et des blogs, un jour…

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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