Dans le cadre de l’année croisée France-Russie consacrée à la littérature, l’Institut français organise un tour de France des écrivains russes, dans ce contexte, Les Ateliers du Vent ont eu le plaisir d’accueillir le 15 juin en résidence pour une semaine l’écrivain pétersbourgeois Nicolaï Kononov. Romancier, poète, éditeur de Proust et Genet, il est également critique d’art. Les Funérailles d’une sauterelle de Nicolaï Kononov est paru au Cherche Midi en 2003. Quant à Christiane Veschambre, elle est notamment l’auteure de Robert et Joséphine et les Mots pauvres aux éditions Cheyne et de Passagères aux éditions le Préau des collines.

Vendredi dernier, rue Alexandre Duval comme partout à Rennes, il y en avait en veux tu en voilà du vent. Pluie, vent, au mois de juin, même pour d’aguerris Bretons il y avait de quoi se rentrer au chaud. Et tant qu’à faire : s’abriter de la médiocrité en écoutant échanger deux écrivains et poètes, l’un russe, l’autre française. Dialogue autour de leurs travaux : autant de l’air du temps que de l’intime qui les inspire.

Nikolaï Kononov ouvre le dialogue. Malheureusement peu connu en France puisque seul son premier roman Les Funéraille d’une sauterelle y est traduit. Avec élégance, il accepte de remonter pour nous quinze ans en arrière et parle avec subtilité de son approche. Lui le poète, le critique littéraire à la lecture aiguisée, les spécialistes de l’art ne pensaient pas un jour s’exprimer par le biais de la forme romanesque. Son récit est  toutefois un précis d’entomologiste des sensations. Le héros accompagne le décès de sa grand-mère et le manque qui succède à la disparition d’une existence dont on n’avait pas su alors, goûter toute la saveur. « La littérature doit se servir des détails, pas les fuir » explique l’auteur ; et ce, même face à la mort. « La mort n’est pas une frontière », insiste-t-il, elle existe. Dans les mots, quelque chose la dépasse, néanmoins.

Christiane Veschambre témoignera aussi dans ce sens de sa lecture du roman de Kononov. Avec des accents et des références très personnelles. Celle dont l’oeuvre est vaillamment protéiforme et d’une belle singularité polymorphe détaillera avec justesse la « force d’évocation intime » de l’écriture. Cette écriture qui selon elle « détruit la banalité »…

Des échanges, justes, émouvants, singuliers donc. Dommage que le public fut si « clairsemé ».  Autre regret : le caractère un peu « coincé » et « académique » des animations autour de cet échange. Nous aurions été aux Champs libres, d’accord. Là, aux Ateliers du Vent, nous aurions pu nous attendre à un petit « vent » de folie supplémentaire ! Tant pis… Demeure le courage d’avoir proposé ce bel échange. Une découverte de deux écritures vivantes et intimistes.

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Thierry Jolif
La culture est une guerre contre le nivellement universel que représente la mort (P. Florensky) Journaliste, essayiste, musicien, a entre autres collaboré avec Alan Stivell à l'ouvrage "Sur la route des plus belles légendes celtes" (Arthaud, 2013) thierry.jolif [@] unidivers .fr

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