Révolution au campus de Beaulieu. Deux navettes électriques et sans conducteur vont être testées sur un parcours de 1,3 km de l’administration au restaurant universitaire. Il ne s’agit que d’expérimentation. Si le projet est impressionnant, beaucoup d’éléments méritent d’être améliorer…

Navette autonome
Les navettes sans conducteur peuvent accueillir jusqu’à 15 personnes.

Gros dispositif à Rennes 1. Un grand dôme, deux bus soigneusement présentés et infographies aux murs. Il faut dire que c’est la première fois en France qu’une navette autonome est testée sur un tracé avec de la circulation aux alentours. La ligne 100 accueille une quinzaine de personnes et relie l’administration du campus de Beaulieu au restaurant universitaire. À son bord, juste un opérateur qui contrôle le petit bus, à l’aide d’une manette de jeu vidéo « au cas où ». Elle n’est pas très rapide, juste 15 km/h au maximum. Mais cela suffit pour démarrer une expérimentation qui durera 9 mois, du lundi au vendredi de 7 h 30 à 19 h.

Navette autonome
David Alis (au centre), Emmanuel Couet (deuxième en partant de la droite), et Laurent Sénigout (tout à droite), dévoilant les navettes autonomes.

« C’est une révolution qui démarre aujourd’hui. Nous voulons faire de Rennes un laboratoire pour ce genre d’expérimentation », indique fièrement Emmanuel Couet, président de la métropole. Et quoi d’autre que le campus de Beaulieu, qui abrite un pôle technique important, pour tester cette navette autonome ? « C’est important que nos étudiants voient cette innovation en dehors de nos murs », insiste David Alis, président de l’université Rennes 1. « Ce n’est qu’une expérimentation, mais nous nous projetons déjà vers l’avenir ».

Laurent Sénigout de Keolis : « La prochaine étape sera d’agrandir le parcours »

Navette autonome
Les opérateurs restent dans la navette pour assurer le contrôle à l’aide d’une manette de console de jeu.

Emmanuel Couet et David Alis sont bien conscients qu’il ne s’agit que d’un essai : « Ça ne remplacera jamais le bus », répètent-ils. Pour Laurent Sénigout, directeur général de Keolis-Rennes, qui gère ces navettes, c’est une aubaine pour tester ses deux véhicules. « Nous sommes sur un pôle technologique. Nous aurons l’œil des experts. De plus, c’est une route avec de la circulation, mais pas suffisamment pour qu’elle soit dangereuse ». Alors on a testé.

Ceinture obligatoire sinon danger !

Une fois à l’intérieur on se sent rapidement à l’étroit. Il n’y a que 11 places assises et le reste de la navette est très petit. Le bus s’allume, avance 5 m et percute un trottoir. Rassurant. « C’est parce qu’il n’est pas sur sa trajectoire d’origine », explique Laurent Sénigout. L’opérateur reprend alors les commandes. Le véhicule autonome se dévoile. Elle est étonnante quand elle roule seule, elle est impressionnante quand elle détecte les passages piétons, elle est bluffante quand elle klaxonne d’elle-même pour avertir d’un danger.

Navette autonome

Mais on arrive rapidement au défaut principal : son freinage. Au moindre danger, de la voiture empiétant un peu sur le passage piéton au tracteur coupant la route, la navette pile brusquement. On comprend alors la ceinture obligatoire. Le moindre arrêt projette le passager en avant. « Il y aura beaucoup d’incidents à gérer », avance Laurent Sénigout. Mais alors quid de la sécurité des étudiants qui prendront régulièrement ce bus ? « Ce n’est pas fait pour une utilisation quotidienne », rappelle Emmanuel Couet.

Cette navette fonctionne grâce aux multiples capteurs disposés en haut, à l’arrière et à l’avant du véhicule. Ils analysent à l’aide des caméras à 360° qui anticipent les éventuels obstacles. Il y a également une partie qui contrôle la vitesse et qui l’adapte en conséquence.

Navette Autonome
Le poste de commande au cas où.

Une navette appréciée des étudiants

Retour au campus une semaine après son inauguration et loin du schmilblick installé. Les étudiants observent d’un regard interrogatif cette navette. Mais à l’intérieur, les opérateurs observent déjà les premiers habitués. « J’effectue très souvent le trajet. Ça permet d’éviter la marche et d’être dans le froid », explique Guillaume, étudiant à Rennes 1. Si le trajet à pied est plus court, il est évidemment plus confortable, et ce malgré les freinages très brusques. « On finit par s’y habituer », sourit-il.

L’opérateur à deux étudiants : « Accrochez-vous le freinage peut être brusque. Enfin, vous connaissez vous êtes déjà venus ! »

En réalité, il s’agit bien plus d’une navette semi-autonome. L’opérateur doit régulièrement reprendre les commandes pour éviter une voiture mal garée par exemple. « Elle ne sait pas encore se dédoubler », explique-t-il. « Elle a le temps de s’améliorer », observe Guillaume. Mais pas de gros risques à venir et une satisfaction globale est ressentie auprès des premiers usagers. « Si elle marche, c’est que des ingénieurs on fait en sorte que ça ne soit pas dangereux à priori » explique l’un d’eux.

Depuis sa mise en service, Keolis revendique 250 voyageurs par jour.

Navette autonome
La navette est électrique, a une autonomie de 100 km et se recharge en 6 h.
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