Les panneaux publicitaires entre désastres éco-psycho-energétiques et sources de revenus importants, le débat prend de l’ampleur à Rennes après une décision adoptée par les élus de la ville de Nantes. Unidivers vous éclaire…

À l’ère de la transition écologique et des restrictions d’électricité (sans parler de l’appel à la sobriété énergétique du président Macron), on les voit toujours tels des phares dans les noires nuits de France… les panneaux publicitaires. 

À Nantes, à la suite d’un débat citoyen qui interrogeait les Nantais au sujet de la place de la publicité dans leur ville, un texte voté à l’unanimité en juin 2022 a vu sa première application dans la nuit du 4 au 5 janvier 2023. 120 panneaux publicitaires ont disparu en toute légalité retirés par les services de la Ville. D’autres suppressions sont à prévoir dans les mois à venir. Cette décision municipale en accord avec la politique de sobriété et de restriction de l’énergie reste pourtant isolée. Elle relance fort à propos un débat de longue date. 

À Rennes, choquée par la contradiction entre les conseils vestimentaires du gouvernement et le maintien desdites enseignes publicitaires énergivores, l’association Alternatiba en appelle à la désobéissance civile ! Rien de moins… Armés de pinceaux, pots de colle ou peintures et d’affiches, les membres de l’association placardent les panneaux incriminés. 

Les membres de l’association dénoncent non sans argument l’impact qu’ils n’hésitent pas à taxer de « désastre écologique« . Selon l’ADEM, Agence De l’Environnement et de la Maitrise de l’énergie, un panneau publicitaire allumé produit plus de 245kg de CO2 par an. Mais aussi énergétique : l’ADEM estime à 20 477kWh la dépense énergétique d’un panneau publicitaire en 10 ans ; un simple panneau publicitaire de 2m2 consomme 2000kWh par an, lors même qu’un foyer sans chauffage ou eau chaude consomme… 2700kWh. 

Ces panneaux ont pour principal objectif d’inciter les usagers à consommer ; et ce, dans une période où le discours ambiant invite à moins consommer, voire à une sobriété heureuse… À l’heure où l’énergie est distribuée à la baisse dans les lieux publics comme les piscines ou les écoles, mais aussi chez soi, maintenir ses gouffres lumineux constitue une contradiction que s’emploie à mettre en lumière Alternatiba. Mais ces panneaux publicitaires ne font pas que des mécontents, d’où le débat en cours. 

Si certains constatent que ces panneaux sont énergivores et les accusent d’offrir à la population un pauvre imaginaire commun déjà prémâché par de grandes enseignes commerciales et autres agences publicitaires, d’autres gardent à l’esprit les bénéfices générés. Ils sont notamment de deux types. Le premier, privé, regarde la manne générée par la location de ces panneaux par des entreprises. À l’échelle locale, les entreprises en question craignent une baisse de leur attractivité et, conséquemment, un manque à gagner en matière de vente.

Le second intéresse le versant municipal. La ville de Rennes est émaillée par les publicités gérées par la société Clear Channel, branche d’un géant audiovisuel américain. Clear Channel et la ville de Rennes ont fixé en 2009 la redevance annuelle à 2 millions d’euros. Une manne non négligeable pour les finances publiques. 

Reste que la majorité des usagers et des consommateurs souhaite si ce n’est un changement de logiciel une mise en cohérence de la situation épineuse que notre société connait. Reste que se passer de cette source non négligeable d’argent frais n’est pas chose aisée pour Rennes qui pâtit comme tant d’autres villes de la crise énergétique. Les élus locaux trouveront-ils une synthèse pertinente ? Affaire à suivre. En attendant… mettons des pulls !

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