Transat en ville 2024. Atr!um, un groupe qui mène la révolte avec poésie

Le groupe rennais Atr!um (Atrium) se produira au parc de Villejean (erratum) à Rennes, dans le cadre du festival Transat en ville, le 11 juillet 2024. Unidivers a rencontré Jeanne Imbert et Sadbh Tapie, chanteuses lead du groupe. Sur des instrumentales rock et folk progressive, elles chantent leur colère et leur révolte.

C’est autour d’un café, sur une terrasse ensoleillée, que nous avons rencontré Jeanne Imbert et Sadbh Tapie. Les deux chanteuses se sont rencontrées au lycée Bréquigny où étudiait également Elie, leur futur bassiste. Le trio s’est formé au cœur des blocus, rapproché à la fois par le militantisme et la musique. Marie et Alexis, respectivement guitariste et batteur, les ont rejoints par la suite.

atr!um rennes
Jeanne Imbert et Sadbh Tapie au centre de la photographie © Orlane Quintin

Depuis 2022, les cinq membres forment le groupe Atr!um. « Atr!um, c’est la pièce centrale des maisons de la Rome antique. Il y a cette idée de tout ce qui se passe au centre, de choses qui circulent à l’intérieur de fondations fortes. » Ils se sont réunis autour des textes de Brid Ni Chonghaile, poétesse irlandaise et mère de Sadbh : « c’est le fil rouge de notre musique ». Elle  vient d’une famille irlandaise traditionnelle dans laquelle la transmission orale est essentielle. Brid Ni Chonghaile écrit sur des histoires personnelles et familiales. « Ça devient des mémoires avec un message politique. Elle brode ses histoires avec beaucoup de métaphores liées à des histoires médiatiques. » Ses écrits défendent des valeurs comme les droits des minorités, des personnes queer et de tous ceux qui ne rentrent pas dans les cases. « Ça se concentre autour du fait qu’il y a beaucoup de personnalités qui ont énormément de pouvoir et ne sont jamais punies. Elles sont libres et ont le droit de tout faire parce qu’elles ont du pouvoir et de l’argent », ajoute Jeanne.

Leur single Operation Scumbag, déjà disponible sur les plateformes d’écoute, aborde sans détour le sujet des violences sexuelles. Plutôt que de traiter le sujet de manière globale, Brid Ni Chonghaile le fait au travers du scandale liant le prince Andrew au trafic sexuel orchestré par Jeffrey Epstein. Un prisme que l’on retrouve dans le morceau « Air », qui évoque les violences policières en partant du drame de la mort de George Floyd : « ma mère a été très touchée par cette info-là ». En tant que musiciennes blanches, Jeanne et Sadbh précisent qu’elles ne veulent pas s’approprier la voix des personnes racisées. Elles expliquent que cette chanson est toujours précédée d’une introduction musicale en concert pour en informer leur public.


« Quand tu montes sur scène, t’as une place, t’as une audience, et je trouve ça dommage de ne pas dire certaines choses quand on en a les moyens ».

Jeanne

Pour Atr!um, la scène est un moyen de poursuivre le militantisme qui les a unis. Leur engagement leur permet aussi de jouer sur des scènes qu’ils chérissent particulièrement, comme celle de la Marche des fiertés de Brest il y a deux semaines. « On s’est retrouvés à jouer devant des gens qui étaient à fond avec nous, y’avait une connexion de dingue. » Cette énergie, ils la transmettent à leur public en leur offrant une expérience où tout est permis, tant que cela reste respectueux. « Notre concert, c’est un espace safe où on peut tout ressentir, les gens peuvent danser et crier si ils veulent. »

Côté musique, le groupe a du mal à se définir. « C’est un gros sujet, pour l’instant on se qualifie de groupe de rock folk prog. » La base rock des morceaux correspond à la volonté affichée d’Atr!um que ça “tabasse” un peu. Malgré tout, ils tiennent au terme “folk” pour l’aspect brut, sans effet et engagé de leur musique. « On en est arrivés à la conclusion qu’en fait on a pas de référence. On a une espèce de symbiose entre nous cinq, on se retrouve tous sur de la musique qui nous fait plaisir à jouer. » Il faut dire que là où Jeanne, Elie et Sadbh viennent de la new wave indé, Marie évolue davantage dans la musique pop et Alexis dans le métal. Sadbh cite tout de même le groupe Shai no Shai, qui n’existe plus depuis les années 2000. « En fait ça n’a rien à voir avec ce qu’on fait, mais c’est marrant parce que ma mère avait un groupe de musique dans les années 2000 et un jour un journaliste a mentionné ce groupe comme référence de son projet. Elle a écouté et elle a adoré, et effectivement y avait des ressemblances. Récemment, on nous a fait exactement la même remarque, ça nous a beaucoup touché. » Preuve que la transmission est au cœur de leur mission. Leur rêve ? Que le public finisse un jour par connaître les paroles et chanter leur rage avec eux.

En attendant la sortie de leur album prévu pour 2025, vous pouvez retrouver Atr!um en concert dans le cadre du festival Transat en ville le  jeudi 11 juillet à 20h au parc de Villejean.

Lien d’écoute
Paroles des chansons

Prochaines dates : 

11/07 – Transat en Ville (Rennes, 35)
12/07 – Festival Chène de Vie (Savigny sur Braye, 41)
25/08 – OFF Festival Roi Arthur (Bréal sous Montfort, 35)
14/09 – I’M FROM RENNES (Rennes, 35)

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