C’est sous le signe du jumelage qui existe depuis 1967 entre Rennes et Sendäi que se plaçait le concert qui a eu lieu hier soir à l’Opéra.

 Darrell Ang, chef de l’orchestre de Bretagne, avait pour l’occasion préparé un programme assez déroutant mais également très passionnant. En effet, cette rencontre entre des pièces résolument contemporaines et des œuvres classiques peut causer un choc à un public plus accoutumé aux formes traditionnelles de la musique, toutefois le directeur musical se place parfaitement dans son rôle en étant une sorte de pédagogue et se doit de proposer des esthétiques nouvelles…ce fut le cas !

 Yoko Kikuchi Crédit : M. Borggreve

Yoko Kikuchi Crédit : M. Borggreve

Dès les premières notes de la méditation, « to the victims of tsunami », c’est un véritable univers qui s’ouvre à nous. Entamée par des sons très graves où les timbales se mêlent aux pizzicati des contrebasses, bientôt suivis par les lamentations des cordes, l’œuvre de Toshio Hosokawa se développe et nous fait pénétrer un monde de douleur, de souffrance. Nul ne saurait en sortir indemne et même les plus imperméables à ce qu’il convient de qualifier de « musique contemporaine » sont touchés par cette plainte ponctuée d’étranges sonorités qui évoquent le théâtre No.

Le pupitre des percussions, rudement sollicité, s’en sort avec brio et compétence.

Crée le 23 mars 2013, cette œuvre est une véritable méditation, elle évoque le déchaînement des éléments tels qu’il se produisit le 3 septembre 2011.

À peine remis de nos émotions, c’est par le charme de la pianiste Japonaise Yoko  Kikushi que nous sommes saisis. Bien sur, une question se pose, « quid » du choix du 27e concerto de Mozart, quand la notoriété et la stupéfiante beauté des 21e ou 23e eussent été le gage d’une réussite incontestable. Lors de la rencontre qui a suivi ce concert, Darrell Ang a lui-même fourni l’explication. Le 27e concerto est le dernier que le maître de Salzbourg ait écrit, il est une sorte d’adieu, et par sa perfection de forme une œuvre particulièrement aboutie, il est donc en parfaite adéquation avec l’esprit de la soirée. (Sic)

Après un entracte bien mérité, nous sommes à nouveau confrontés à des sonorités inhabituelles par « Lotus sous le clair de lune  hommage à Mozart », concerto pour piano également composé par Toshio Hosokawa et créé le 7 avril 2006 à Hambourg.

Cette parabole évoque la croissance d’une fleur de lotus, capable d’une grande pureté alors même qu’elle s’épanouit sur les immondices. Le symbole est important dans l’imaginaire japonais, le parallèle évident pour ceux qui connaissent la vie de Mozart.

La symphonie Haffner en ré majeur  K385 ponctuera de façon plus classique cette enrichissante soirée.

ll faut reconnaître à Darrel Ang une véritable rigueur dans l’exécution des œuvres présentées, ce chef dirige avec précision un orchestre dont l’une des constantes est d’être toujours appliqué, aussi comment s’étonner de l’excellence du résultat. Détail amusant, il réussit même à domestiquer son public en lui indiquant par sa gestuelle le moment où il convient d’applaudir. Ce pourrait être anecdotique si cela n’avait pour conséquence de restituer au silence la place essentielle qu’il occupe dans la musique, voilà une nouvelle occasion d’établir un parallèle avec Mozart.

Ce fut donc une bonne soirée musicale et suivre l’OSB cette année encore nous réserve d’excellentes surprises…nous vous y attendons !

Thierry Martin

  • jeudi 10 octobre
  • Mozart au Japon de 20h00 à 22h00
    Rennes – Opéra
  • vendredi 11 octobre
  • Mozart au Japon de 20h30 à 22h30
    Ploërmel – Salle des Fêtes
  • samedi 12 octobre
  • Concert Piccolo – Mozart au Japon de 15h00 à 16h00
    Rennes –

Programme

Wolfgang Amadeus Mozart, Concerto pour piano et orchestre n°27 en si bémol majeur, K 595 (1791)
Toshio Hosokawa, Meditation – To the victims of tsunami 3.11 (2012)
Toshio Hosakawa, Lotus under the Moonlight : Homage to Mozart (2006)
Wolfgang Amadeus Mozart, Symphonie n°35 « Haffner » en ré majeur, K 385 (1776)

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Thierry Martin
thierry.martin [@] unidivers .fr

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