MONSTROMERY c’est un détaché, un condensé du quintet Montgomery. Le duo formé par Benjamin Ledauphin (chant/guitare) et Yoann Buffeteau (batterie) affine et affermit la présence sonique du monstrueux. Baudelairiens en diable, ils tentent de capter partout dans la stridence les graines de beauté. Extraire et reconnaître du bruit les mélodies semble être la tâche du Monstromery…

MONSTROMERYAvec l’envie d’aiguiller et d’aiguillonner leur pratique musicale vers de neufs horizons Benjamin Ledauphin et Yoann Buffeteau ont resserré les rangs et extrait du projet Montgomery un duo taillé à leur mesure. Noisy et subrepticement mélodique, le premier album de Monstromery réalisé en décembre 2106 offre un panoptique exaltant sur les possibles rugissements du duo guitare/batterie. Repoussant les limites d’un math rock qui n’en peut plus de jouer les malins, Monstromery se fait, et nous fait plaisir, en mêlant intelligemment les styles et en déplaçant humblement les frontières. Sonorités rageuses, voire ogresques, circonvolutions aux géométries allègrement métronomiques composent un ensemble dont l’atmosphère globale oscille entre surréalisme noise et kraut-rock plus attachant qu’intrigant. Révélateur, le nom japonais de l’album 怪物たちの音楽 (enregistré par Thomas Poli, autre ex Montgomery, expérimentateur de talent auprès de Dominique A et bien d’autres) restera pour la plupart d’entre nous imprononçable. Pourtant, Kaibutsu-tachi no ongaku signifie « tout simplement » : Monstres de la musique.

MONSTROMERYDepuis Frank Zappa, le questionnement de la condition freak (monstrueuse) de la musique moderne, ou de la modernité en musique ne cesse d’être questionnée et illustrée. Assimilé et pourtant toujours « à côté », le rock dans tous ses états offrirait une échappatoire à la monstruosité du monde par l’exacerbation des monstruosités. Avec une sauvage et inflexible dextérité à manier les sonorités abrasives, voix torturées s’évadant en mélodies pop au-dessus d’un rigoureux canevas rythmique aux relents volcaniques, MONSTROMERY explose autant qu’il exploite les clichés explicites. Mention spéciale pour l’étonnant et langoureux Caïman, qui conclut contradictoirement l’album par un texte français suavement posé sur une composition langoureusement hypnotique. Douceur de lave en fusion, crissements mélodiques de supernova Kaibutsu-tachi no ongaku est tout irrigué d’une tendre monstruosité dont l’originalité rafraîchissante fait envisager un doux périple au sein d’une contrée pop-rock aux paysages joyeusement et volontairement défigurés. Dix titres, dix stations d’un pays ténébreux se fracassant pour se réinventer entre trépidation et méditation.

MONSTROMERY sera en concert le samedi 4 février 2017 à Rennes, chapelle de l’Hôtel-Dieu, 21 h, 6 € avec Thomas Poli et le collectif de projectionnistes Vitrine en cours

Détails et réservations : ici 

L’album 怪物たちの音楽, de Monstromery, 9 titres, Patchrok/Impersonal Freedom, 2016 est disponible ici  

 

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Thierry Jolif
La culture est une guerre contre le nivellement universel que représente la mort (P. Florensky) Journaliste, essayiste, musicien, a entre autres collaboré avec Alan Stivell à l'ouvrage "Sur la route des plus belles légendes celtes" (Arthaud, 2013) thierry.jolif [@] unidivers .fr

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