Pour penser à l’endroit est une petite maison d’édition qui publie des livres pour enfants sur des thèmes humanitaires et environnementaux. « Rien de nouveau sous le soleil ! » direz-vous. Pas si sûr…

 

Depuis le milieu des années 80, Aline de Pétigny, maman choletaise de quatre enfants, écrit et illustre des livres pour enfants. Elle est l’auteure, notamment, des albums Camille à destination des 3-6 ans, publiés chez Hemma et traduit dans une vingtaine de langues. Elle se sent, cependant, un peu  « à l’étroit »  dans  le « moule » que lui imposent certains éditeurs.

En 1999, elle crée trois contes philosophiques : La princesse et la bergère sur la notion de bonheur, La robe invisible sur la mort et Victor, le petit ours qui pensait à l’envers à propos de la confiance en soi. Aucun éditeur ne veut les publier. Elle décide alors de s’autoéditer. Et en quelques mois, un millier de livres sont vendus. En 2002, l’écrivaine et illustratrice continue sur sa lancée et écrit Tout est possible, l’histoire d’une petite fille qui apprend à devenir une fée. Pour publier ce livre, elle crée sa maison d’édition intitulée Pour penser à l’endroit, en référence à Victor l’ourson qui n’ose rien commencer de peur de tout rater. Son frère, Albert, la rejoint dans cette aventure pour la partie commerciale.

La maison d’édition compte aujourd’hui une trentaine d’auteurs : Jennifer Couëlle, Peggy Nille, Katia Belsito, Fred M. Romain, Dimitri Lecoussis… Elle veille à construire une relation durable avec ces derniers. La maison d’édition ne commande jamais un livre sur un thème, c’est l’auteur qui propose son point de vue, sa sensibilité. Aline et Albert de Pétigny font leur choix des textes tout à fait subjectivement et non en fonction de ce qui se vend. Elle privilégie des histoires avec des sujets intemporels comme  le bonheur, le rêve, la peur, le regard de l’autre, les différences,  la confiance, la pensée positive, la petite voix intérieure, la quête amoureuse, l’adoption, la maladie, la mort…Ces contes philosophiques font réfléchir et parler : ils créent le débat, questionnent,  libèrent la parole entre l’enfant et ses parents.

Résultat : une soixantaine de titres au format carré avec de superbes illustrations colorées pour les enfants à partir de 2/3 ans. Pour penser à l’endroit se démarque des autres non seulement par l’originalité des thèmes abordés mais surtout par la cohérence entre le contenu des livres et leurs méthodes de travail. Là où les géants de la diffusion traitent d’écologie et de moralité alors qu’ils impriment en grand format très loin sans se questionner sur l’impact, la petite maison d’édition affiche et respecte des engagements environnementaux et sociaux. Quatre personnes y travaillent à plein temps même si l’entreprise ne dispose pas de bureaux. Il n’y a donc pas de trajet pour aller au travail et pas de pièces à chauffer.

Les livres sont conçus pour avoir une faible empreinte écologique : ils sont de petite taille, leur couverture est souple, sans cartonnage, leur poids est réduit. Aucun livre ne va au pilon car ils sont tirés en fonction des ventes alors que la plupart des éditeurs chiffre leur tirage selon la mise en place. On estime qu’il y a entre 100 et 110 millions de livres détruits chaque année et  ce chiffre est en constante évolution. Pour penser à l’endroit imprime sur du papier labellisé ou recyclé et les encres sont sur bases végétales.  L’éditeur travaille avec des imprimeurs imprim’vert certifiés et proche des lieux de stockage ou de livraison (moins de 200 km). Afin d’optimiser les tirages, les espaces libres sont utilisés pour faire des marque-pages, partager des informations…

Les feuilles de passes ou macules, c’est-à-dire les premières feuilles imprimées présentant quelques défauts, sont  soit proposés comme matière première à des créatrices, soit utilisées pour faire des pochettes ou du papier cadeau, soit en dernier recours recyclées. Aline et Albert de Pétigny sont d’ailleurs à l’origine, avec d’autres éditeurs français, d’une charte des éditeurs écolo-compatibles L’intégralité des bénéfices est réinvestie dans des nouveaux projets éditoriaux.

Les éditions Pour penser à l’endroit  sont présentes depuis leur début dans les magasins bio. Elles ont multiplié ensuite les canaux de diffusion. On retrouve désormais leurs livres dans les librairies mais aussi sous format numérique afin de séduire les lecteurs qui ne les connaissent pas encore. L’éditeur ne cherche  pas à susciter l’achat d’impulsion prôné par le marketing et la publicité, il incite le lecteur à se poser  des questions sur le sens de l’achat d’un livre.

Les contingences économiques rattrapent, malgré tout, la maison d’édition. Chaque année, la fin du premier semestre est difficile. Le première trimestre 2012 a été très mauvais de manière générale pour le commerce, a fortiori dans le domaine du livre à cause de la  hausse de la TVA. Afin de passer ce mauvais cap, Pour penser à l’endroit a besoin d’un petit coup de pouce : pour les aider, il faut commander, dès aujourd’hui, un livre sur leur site.  De cette façon, l’éditeur pourra, dès septembre, proposer de nouveaux titres.  Par cette démarche, le lecteur prend conscience qu’en achetant un livre, il soutient un auteur et une maison d’édition. Il contribue ainsi à la biodiversité culturelle face au rouleau compresseur de la globalisation.

                                                                                                         V.L.

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