Rennes regorge d’illustrateurs et illustratrices aux univers multiples. Unidivers vous présente une série de portraits avec, aujourd’hui, Misst1guett. Fortement inspirée d’esthétisme mexicain, les murs de Rennes se voient fleurir des illustrations colorées de l’artiste. Entretien.

 

Mist1guett

Unidivers – Comment êtes-vous arrivée dans le domaine de l’illustration ?

Misst1guett – J’ai fait des études d’art appliqué à l’école Boule de Paris. Durant ces années de découverte, j’ai décidé de me tourner vers le monde du stylisme et du modélisme. Mes projets ont plutôt réussi par la suite, j’ai pu travailler avec de grandes marques, comme Paco Rabanne par exemple. Mais il y avait beaucoup de stress. Ce ne sont que des vêtements ! En parallèle, quand je rentrais dans le Finistère pour voir des amis, je me sentais loin des artifices, plus moi-même. Un jour j’ai décidé d’arrêter les paillettes pour me consacrer à l’illustration et au graphisme, à mon compte. Je réalisais beaucoup de costumes pour des clips, des courts métrages, etc. Je n’ai pas eu l’occasion de me replonger dans des projets autour du vêtement, mais ça m’intéresse toujours.

Unidivers – Pourquoi ce surnom de Misst1guett ?

Misst1guett – Lors de mes études, je dessinais un petit personnage filiforme qui me suivait partout. Comme un ami m’appelait toujours « Misstinguett », j’ai baptisé mon petit personnage ainsi. Ce dessin est devenu ma marque de fabrique et son nom est devenu mon surnom d’artiste !

Mist1guett

Unidivers – Vos illustrations font référence à la culture mexicaine, plus précisément à La fête des Morts. D’où vient cette inspiration ?

Misst1guett – En 2009 j’ai eu la chance d’aller au Mexique pour la première fois de ma vie pour le mariage de ma belle soeur. Cette période tombait pile au moment de la fête des Morts (octobre) célébrée dans la culture mexicaine. J’ai eu un véritable coup de coeur pour cette ambiance colorée, joyeuse. C’est une manière d’appréhender la mort qui est complètement différente de notre culture. Je me suis interrogée : pourquoi ces fêtes des Morts sont aussi colorées ? Le Mexique est un pays dangereux. Les gens doivent constamment faire attention à eux, la peur de la mort est présente en permanence. Les Mexicains l’appréhendent de façon à la dédramatiser, pour mieux l’accepter. L’esthétisme de cette fête mexicaine vient également des traditions aztèques, les squelettes y étaient très présents. Cet univers m’est resté. J’ai eu l’occasion d’y retourner plusieurs fois, j’y ai même réalisé une fresque avec mon ami Duek.

Mist1guett et Duek
Les artistes Misst1guett et Duek à l’ouvrage.

Unidivers – Quelles sont les réactions en France de ces épices mexicaines de mort colorée ?

Misst1guett – Parfois les gens ne comprennent pas. Au début, on m’a demandé si je me moquais de la mort. Les squelettes qui sourient, par exemple, c’est assez caricatural. Et, au contraire, lors de ma première exposition, à l’Orangerie du Thabor, un groupe d’amis est venu me remercier : ils venaient eux-mêmes de perdre un ami et auraient aimé faire le deuil d’une façon moins triste. La fête des Morts, c’est aussi se souvenir des bons moments passés avec la personne décédée.

Mist1guett
Détail de la fresque des Loups squelettes à l’impermanence galerie.

Unidivers – Graphisme, illustrations à la main ou numériques, fresques, sculptures… vous êtes polyvalente. Un support vous attire-t-il plus qu’un autre ?

Misst1guett – J’aime bouger et pouvoir toucher à tout. Le pinceau revient souvent, dans mes fresques par exemple, j’interviens à la bombe et au pinceau. Il faut s’adapter à la demande des clients tout en gardant son propre style, ce n’est pas toujours facile. Pour les fresques par exemple, je ne cesse d’apprendre à appréhender les différentes surfaces, les matières, la résistance à la peinture, etc.

Mist1guett

Unidivers – Comment avez-vous découvert l’art des fresques ? Est-il facile de passer du papier au mur ?

Misst1guett – Je me suis lancée dans le graff grâce à un ami et à ses parents. Ils m’ont invité au festival d’art urbain L’arène du graff, à Plozévet, l’idée m’a plu alors j’ai essayé de m’y mettre à coup de bombe et de pinceaux. J’ai eu de bons retours, ça m’a donné envie de continuer. Pour passer du papier au mur, ce n’est pas toujours évident. Je dessine d’abord mon illustration sur papier, que j’intègre à un quadrillage et qui me servira pour les proportions. Face au mur, j’ai juste à reproduire le quadrillage et à y intégrer mon illustration. C’est une technique d’agrandissement en art.

Mist1guett
Esquisse préparatoire avant la réalisation de la fresque.

Unidivers – Vous êtes intervenue dans plusieurs crèches et hôpitaux. Pourquoi ces lieux ?

Misst1guett – Il y a deux ans, mon fils est né avec une malformation cardiaque. Mon mari et moi nous nous sommes retrouvés régulièrement à la maison des parents (un espace d’hébergement parental) du CHU de Nantes. Pour redonner de la couleur au lieu, le CHU m’a proposé de réaliser une fresque. J’ai donc fait La jungle en m’inspirant de l’oeuvre du Douanier Rousseau. J’aime rendre ces espaces médicaux ou pour enfants davantage joyeux. On ne peut pas peindre de fresques en milieu médical, les émulsions de la peinture peuvent être dangereuses, la matière doit respecter des mesures d’hygiène. Je réalise donc une illustration, qui est ensuite imprimée sur du papier peint, puis celui-ci est collé sur les murs.

Mist1guett
La jungle

Unidivers – Des projets à venir ?

Misst1guett – J’aimerais réaliser une bande dessinée sur l’expérience que l’on a eue, mon mari, mon fils et moi. Le fait d’avoir un enfant, la naissance à risque, la découverte du milieu médical, la réaction de la famille, etc. Les fresques me prennent du temps (entre 4 et 5 jours en moyenne), mais je garde ce projet en tête, il me tient à cœur. J’ai aussi une expo sur la culture mexicaine qui traîne dans mes cartons. Et un projet de fresque à la crèche Pauline Kergomard, à Villejean. Les enfants, mais aussi les parents et les membres de la crèche seront invités à y participer.

Mist1guett

Vous pouvez retrouver Misst1guett et ses Loups-squelettes à l’Impermanence Galerie à Rennes, lors de la 2e édition de 35000 Baz’art jusqu’au 21 décembre, et lors du marché de noël organisé par le Jardin Moderne le 19 décembre prochain.

http://www.misst1guett.com

Misst1guett sur les réseaux sociaux :

Instagram

Facebook

Article précédentLA PLATEFORME MEDIA ICI RENNES REMPORTE LE GRAND PRIX 2019 CAP COM
Article suivantILLE ET VILAINE. QUELLES RÉALITÉS POUR LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES ?

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici