Il aura fallu 3 ans pour que le Brestois Christophe Miossec nous propose un nouvel album studio, son neuvième. Avec un rythme de sortie soutenu, doit-on craindre à une certaine routine de la part de l’auteur de « Boire » ? Si la maladie lui a fait arrêter l’alcool, la musique continue…

 

« C’est pas fini. On peut encore se raccrocher à la poésie » : les choses sont d’emblée fixées dans « On vient à peine de commencer ». Miossec n’est pas fini, loin de là. Le style reste épuré avec une guitare, un piano, une batterie légère. La voix est sussurante parfois, souvent presqu’un murmure malgré sa gravité. Miossec reprend  ses thèmes aimés : le couple, l’amour, la vie… « Le Coeur » en est l’illustration parfaite. La rythmique se fait parfois plus « rock vintage » comme dans « Samedi soir au Vauban » qui renforce l’aspect mélancolique. Il s’interroge sur « Qui nous aime », titre qui est à l’origine du titre de l’album « ici-bas, ici-même ». Cette « interrogation qui finit par tirailler la plupart de nos congénères lorsque la vie est plus derrière que devant. Beaucoup de questions et de constats sur la fragilité humaine : « Ce qui nous atteint », « nos morts ». Alors qu’il a joué avec sa vie, il parle de nos jeux avec nos morts, de la vanité de nos actes.

Miossec Ici bas Ici Même« Répondez par oui ou par non » est l’exemple de ces questions qui reviennent sans cesse et restent sans réponse avec une ligne de piano qui accentue l’aspect dramatique. C’est aussi le moment où l’on s’aperçoit qu’on a été « Bête, comme j’étais avant » (écrit avec Stephan Eicher). Le chanteur reste un poète amoureux, et la proximité avec le Gainsbourg de la première heure est flagrante, comme avec « A l’attaque ». Une déclaration de résistance devant et avec la vie, même gérée « en vrac ». Car s’il a côtoyé les poisons ( « Le plaisir, les poisons »), il n’a heureusement rien perdu de l’acidité de sa plume pour se pencher sur les rêves perdus comme les mirages que l’on suit.

Un album de lucidité ? Comme toujours, au final, mais les thèmes sont ici plus larges. Comment mieux conclure que par « Des Touristes » où il clame que « Tout baigne » ? Une voix et des chœurs féminins le rejoignent. Signe aussi que l’artiste n’est rien tout seul.

Ici-bas, ici-Même de Miossec chez PIAS, avril 2014, 16€

Composé, écrit par Christophe Miossec,
sauf « Répondez par oui ou par non », écrit par Sophie Calle et Grégoire Bouillier, et
« Bête, comme j’étais avant », composé par Stephan Eicher et Christophe Miossec.
Arrangé par Albin de la Simone.
Réalisé par Christophe Miossec, Albin de la Simone et Jean-Baptiste Brunhes.

Article précédentTerrorisme, opposition, libertés, il coupe ras Poutine
Article suivantNavigation Internet, un gigantesque pillage des données utilisateur
Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici