En France, les problèmes migratoires sont plus que jamais au cœur de l’actualité. En cette période de crise, les polémiques autour des Roms comme le cas Leonarda Dibrani occupent toutes les ondes. Pendant ce temps, un habitant des îles Tuvalu dans le Pacifique a demandé l’asile à la Nouvelle-Zélande pour des motifs écologiques. Au regard de l’explosion démographique et des échanges mondiaux, les migrations ne sont pas prêtes de s’arrêter.

Au lieu de chercher des solutions d’ensemble à moyen et long terme entre pôles et bassins civilisationnels et économiques, la France semble bloquer dans son habituelle configuration idéologique stérile : une gauche qui lave toujours plus transparent de vieux concepts éculés en niant le monde réel ; une droite dont l’inculture comme le pragmatisme irréfléchi est là le moindre de ses défauts. Après une instrumentalisation de la question de l’immigration à des fins électoralistes par la gauche et la droite durant des années, il serait temps de la réinscrire dans un véritable débat politique, économique, mais aussi historique, culturel et anthropologique.

On n’en prend guère le chemin. Que dire du président de la République qui pensait « faire la synthèse » en proposant à une jeune fille de 15 ans de poursuivre ses études à l’école en France, mais sans ses parents ?  Hegel doit se retourner dans sa tombe ! Que dire de François Bayrou qui se repose sur le droit actuel en oubliant toute la dimension humaniste et morale du centrisme français ? Que dire de Jean-Luc Mélenchon qui s’étonne que des marchandises en provenance de pays étrangers entrent en France, mais que des étrangers soient repoussés –  à part que le leader populiste fait fonctionner son fonds de commerce avec des équations paresseuses et des raccourcis simplistes ?

Le problème est à la base pourtant simple : une personne qui vit dans des pays à la réalité sociale difficile souhaite naturellement rejoindre une terre meilleure, une terre clémente, voire l’eldorado aux mille objets de consommation qui scintille dans toutes les télévisions satellitaires. Première solution : un équilibrage des richesses et des biens à l’échelle planétaire. Solution illusoire au regard des égoïsmes humains, locaux, naturels ou non.

Reste que les famines, les guerres, les répressions et, désormais, le réchauffement climatique provoquent des migrations de population. En première approche, nous serions tentés de dire que les responsables de ces migrations n’ont qu’à accueillir lesdits migrants. Mais quel pays et quelle multinationale voudront bien reconnaître qu’ils sont à l’origine d’un conflit armé ou d’un épuisement volontaire de l’agriculture ?  Ni la droite pas plus que la gauche, une fois au pouvoir, ne s’embarrasse du fait que la France soit le 3e pays producteur et marchand d’armes mondial. Monsanto n’a cure que des milliers d’Indiens se suicident alors qu’ils se retrouvent ruinés par une agriculture OGM conditionnée par d’incessantes actualisations payantes. Et qui, parmi nous autres nantis occidentaux, reconnait la nécessité réelle et non seulement théorique de modifier radicalement nos modes de vie qui ont provoqué la montée des océans au Tuvalu et aux Maldives ?

Voilà la problématique : comment doit se manifester la responsabilité de chaque pays dans la prise en charge de ces millions d’habitants qui devront trouver à l’avenir d’autres terres pour vivre ? Selon quel mode de partage ? Si décider de la gestion de ces flux de populations à l’échelle mondiale, autrement dit des compensations et aides économiques à leur apporter, peut sonner comme un nouveau Yalta opéré par des instances internationales, quelles autres solutions réalistes ? On estime désormais le nombre de migrants annuel à 240 millions. Un chiffre en constante augmentation.

Bref, ce n’est là qu’une piste de réflexion. Ce n’est pas à Unidivers d’apporter des solutions, seulement de contribuer à leur émergence dans le cadre d’une réflexion nationale et internationale. Reste qu’il y a une chose qui sera toujours une vérité : une femme qui vole pour son plaisir dans un magasin doit être punie ; une mère qui vole pour donner à manger à son enfant ne peut être punie. C’est à nous tous d’inventer de nouvelles formes de vie sociale, économique et légale.

En attendant, la découverte récente d’un crâne fossile vieux de 1,8 million d’années vient de remettre en cause les théories sur nos origines. Nous serions bien ainsi tous « frères ». Qu’elle paraît loin cette fraternité désormais avec ces murs, frontières, grillages et miradors sur cette planète pourtant ouverte aux quatre vents que nous devons partager avec plantes et animaux ! Qu’il semble loin ce mot de fraternité qui est soi-disant le fondement chrétien des démocraties occidentales. Il sert aujourd’hui de cache-sexe à un effondrement général de la classe politique française et un déclassement patent du monde intellectuel et spirituel hexagonal.

Nicolas Roberti et Didier Ackherman

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