Maxime de Jean-Claude Le Chevère fait suite à Une Singulière trinité

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Maxime de Jean-Claude Le Chevère fait suite à Une Singulière trinité, paru en 2022 chez le même éditeur. Disons d’emblée qu’il est indispensable d’avoir lu le premier pour apprécier le second, faute de quoi le lecteur pourra légitimement s’interroger ici ou là, même si l’auteur réintroduit des éléments de compréhension. Mais puisque le titre du roman y invite, ne boudons pas notre plaisir d’exploiter sa polysémie et disons qu’il ne sert à rien de courir avec Maxime, il faut partir à point avec Une Singulière trinité !

Sept années se sont écoulées, et dès l’abord, on retrouve Thomas et Catherine installés à Paris. Après Saint-Brieuc, ville de perdition, Rennes-Cesson lieu de l’émancipation, la capitale se pose comme l’espace de la libération. Thomas et Catherine tiennent, dans le 14ème, « Le Petit liseron », une librairie de quartier où, à force de patience et d’efforts, ils trouvent leur place. Maxime, 4 ans, est venu ajouter à leur bonheur simple d’être là, dans ce morceau d’arrondissement, et on connaît le goût de Jean-Claude Le Chevère pour montrer et faire vivre des communautés humaines dans leurs riches routines. Celle-ci a pour voie principale la rue Raymond-Losserand qui attire tant de monde avec ses commerces, ses restaurants venus d’ailleurs, et ses bistrots d’habitués. Le cadre est fixé, ce quartier accueillant, ce petit Maxime qui fréquente l’école maternelle jouxtant la librairie, les clients, les amis, et puis…

Et puis, brusquement, Maxime se hisse sous les feux de la rampe. Ce jeune enfant qui commence à lire seul et se gave des aventures lues dans les bandes dessinées de la librairie parentale devient le personnage central d’une nouvelle aventure puisque, dès le chapitre 1, il est enlevé à la sortie de l’école de la rue Antoine-Chantin. Disparition a priori inexplicable. Vraiment inexplicable ? Dans l’univers romanesque de J-C. Le Chevère, rien ne l’est jamais totalement : l’auteur rappelle au lecteur la situation finale d’Une singulière trinité, avec l’arrestation d’un certain Baron, puis sa détention en attendant son procès. Quant à Joséphine, mère de Baron et Thomas, les demi-frères, elle est admise en soins psychiatriques à Rennes, histoire d’apaiser son conflit avec le Saint-Esprit.

En 7 années, il s’est passé bien des choses, mais voici que reviennent des personnages familiers dont un, l’inspecteur Dugast, devenu entre-temps détective privé, va être le régulateur central de l’histoire.

Évasions, filatures, vols, meurtres, poursuites, dissimulations, déguisements, les éléments de la perturbation romanesque sont réunis. L’auteur nous impose un rythme d’enfer, ce qui est bien normal puisque c’est le Baron du Mal qui mène le bal. Ce Baron que ronge l’inextinguible besoin d’éliminer son demi-frère, coupable selon lui de lui avoir volé sa mère. Derrière le feu de l’action qui emporte le lecteur, sourd un lourd drame familial où d’anciennes relations adultérines en font émerger d’autres, plus inattendues, voire incestueuses…

Si Une Singulière trinité donnait notamment à voir le tableau d’une gueuserie organisée à Cesson et déployée dans Rennes, Maxime concentre l’intérêt sur Baron assisté d’Isabelle Dussaut, sa demi-sœur, ancienne policière. Ici, finies les grosses entreprises malveillantes, et même si, au passage, le récit s’enrichit de quelques méfaits, Baron joue son va-tout.

Le rythme est trépidant et Jean-Claude Le Chevère le distille avec l’art du rebond des feuilletonistes, chaque épisode ouvrant des portes pour mieux préparer le destin.

Nous ne révélerons point ici comment s’achève cette folle saga familiale, mais sachez en raccourci que la voiture de Baron, une fois repêchée dans la Vilaine, s’avère vide… Jean-Claude Lechevère n’aurait-il pas créé avec Baron, ce génie du Mal, son Moriarty, le Napoléon du crime ?

Une Sainte trinité s’achevait par cette formule qui excite tant les lecteurs : « À suivre ». Rien de tel à la fin de cet opus, mais hasardons une ultime « maxime » : jamais deux sans trois !

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