La chorégraphe Maud Le Pladec devenait revenir au Triangle – Cité de la danse mercredi 26 janvier 2022 pour présenter sa création Counting stars with you. Le directrice du CCN d’Orléans continue son exploration dans les relations entre danse et musique et écrit un nouvelle histoire de la musique à travers la création féminine. En raison de cas positifs au sein des interprètes, le spectacle est malheureusement annulé…

Un compagnonnage de longue date relie le Triangle et la directrice du centre chorégraphique national d’Orléans (CCNO), Maud Le Pladec. C’est à Rennes, à la Cité de la danse, que la chorégraphe bretonne créa sa première pièce Professor, premier volet de son diptyque autour de la musique de Fausto Romitelli, en 2010. En 2013, elle y présenta également Concrète dans le cadre du festival Mettre en scène.

En ce début de nouvelle année, elle revient dans ce cocon qu’est ce bâtiment rouge dans le cadre du festival Waterproof, plongez dans la danse (du 26 janvier
au 6 février 2022). Mercredi 26 janvier 2022, la scène conventionnée d’intérêt national accueillera sa dernière création, Counting stars with you (musiques Femmes) dans laquelle la chorégraphe poursuit son exploration des relations entre corps et musiques. Avec six performeur.se.s et chanteur.se.s au plateau, elle convoque cette fois les femmes compositrices d’hier à aujourd’hui et interroge l’histoire de la musique…

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Maud le Pladec, chorégraphe et directrice du Centre chorégraphique national d’Orléans © Nicolas Despis

Quand la danse et la musique ne font qu’un

Après avoir suivi une formation au centre chorégraphique national de Montpellier, Maud Le Pladec a fait ses débuts dans l’art de la danse en étant d’abord interprète pour plusieurs chorégraphes français et étrangers tels Guillermo Bothello en Autriche, Takiko Iwabuchi, Georges Appaix, Loïc Touzé, Mathilde Monnier, Mette Ingvartsen ou encore Boris Charmatz et Emmanuelle Vo-Dinh. Ces années en tant que danseuse ont nourri son expérience jusqu’à la création de sa propre compagnie, en 2010. Depuis ce jour, ses créations n’ont eu de cesse de questionner les relations entre la danse et la musique, et les différents rapports entre un corps et une musique. Au-delà du lien entre culture musicale et écriture chorégraphique, elle cherche à comprendre ce qui se noue entre ce que l’on entend et ce que l’on voit.

Ses réflexions débutent avec sa première création, Professor (2010). Dans le premier volet de son diptyque autour de la musique rock minimaliste du compositeur italien Fausto Romitelli, elle choisit de traduire au plateau, soit physiquement, tout ce que l’on entend de la partition Professor Bad Trip, inspirée des expériences hallucinatoires du poète et peintre Henri Michaux. Suit le spectacle Poetry, second volet réalisé en 2011, dans lequel elle traite de la notion de rythme en danse et en musique pour mieux parler de la relation qu’entretiennent les deux médiums.

Lauréate du programme « Hors les Murs » de l’Institut français en 2013, Maud Le Pladec effectue une recherche à New York sur le courant de la musique post-minimaliste américaine, particulièrement sur l’œuvre musicale du compositeur américain Michael Gordon, fondateur du collectif Bang on a can. Elle donnera naissance avec l’Ensemble TaCtuS à Democracy, une œuvre chorégraphique entre chaos et équilibre, précision et débordement vital. Puis, en 2015, à Concrete avec l’Ensemble Ictus, forme hybride entre chorégraphie, lightshow et opéra contemporain. Ses recherches prennent une dimension nouvelle quand elle accompagne ses représentations de prestations live, notamment avec l’Ensemble Ictus.

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Concret, Maud Le Pladec, 2015 © Konstantin Lipatov

La création Hunted, en collaboration avec la performeuse new-yorkaise Okwui Okpokwasili, signe l’émergence d’un nouveau cycle autour de la parole donnée aux femmes. Invoquant les figures de sorcières – Médée, les sorcières de Mac Beth, Mary Wigman, Valeska Gert, Tatsumi Hijikata, les agitatrices telles Nanny ou les membres du collectif W.I.T.C.H, le spectacle se révèle à mi-chemin entre une storytelling et rituel neo-paganiste. La danseuse américaine incarne un vocabulaire qui puise sa source dans le folklore et la parole politique, entre réel et superstition, et qui fait corps avec la musique de Kalevi Aho.

S’en suit son travail à l’Opéra national de Paris sur l’opéra Eliogabalo avec le metteur en scène Thomas Jolly et sous la direction musicale de Leonardo Garcia Alarcon en 2016. Et en janvier 2017, sa nomination à la direction du Centre chorégraphique national d’Orléans.

Toute sa carrière durant, la chorégraphe a accordé autant de place à la musique qu’à la danse. Et parallèlement à son poste de directrice, elle poursuit son exploration et crée Borderline avec le metteur en scène Guy Cassiers, le solo Moto-Cross, Je n’ai jamais eu envie de disparaître avec l’auteur Pierre Ducrozet et Twenty-seven perspectives pour le Festival Montpellier Danse 2018. En décembre 2020, elle a présenté à huis clos une nouvelle création avec le CCN — Ballet de Lorraine : Static shot, oeuvre pensée comme un « bloc » de corps, d’images et de sons, sans ni début, ni milieu, ni fin.

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Static Shot, Maud Le Pladec – CCN d’Orélans © CCN – Ballet de Lorraine / Laurent Philippe

Counting stars with you : Une histoire de la musique féminine

Toutes ses pérégrinations dans les relations entre musique et danse ouvre son oeuvre chorégraphique aux textes et aux arts visuels, mais également à l’histoire de la musique, des corps et des gestes. Elles l’incitent à questionner la manière dont ces derniers s’inscrivent dans les représentations intimes et collectives.

À l’instar des femmes dans l’histoire de l’art, Maud Le Pladec se heurte à l’invisibilisation des femmes dans le milieu musical. Et si les musiques classique et contemporaine étaient-elles sexiste ? Pas de cheffes d’orchestres prestigieux, peu de compositrices, peu de grandes solistes internationales, etc. N’ont-elles pas existé ou n’ont-elles eu aucune reconnaissance ?

Counting stars with you (musiques femmes) naît de cette volonté de réhabiliter ces femmes compositrices oubliées. Puisant dans un matrimoine musical allant du Moyen-Age aux musiques actuelles, elle crée, avec Tom Pauwels de l’Ensemble Ictus, un corpus d’œuvres représentatives et questionne le devenir féministe dans l’histoire de la musique. Faisant écho à la création Hunter (2015), la chorégraphe cherche à faire entendre ces voix restées dans l’ombre au profit des grands noms masculins.

Les œuvres de Kassia de Constantinople, d’Hildegarde von Bingen, de Barbara Strozzi, de Clara Schumann ou d’Ethel Smyth, entre autres, écrivent ainsi une nouvelle histoire de la musique à travers la création féminine. Une histoire qui est longtemps restée ignorée, secrète, mais que Maud le Pladec réveille, impulsée peut-être par la révolte générale, tous milieux confondus, contre le patriarcat, qui a exclu une partie de cet héritage.

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Counting stars with you, Maud Le Pladec, 2021 © Alexandre Haefeli

Avec une puissance autant vocale que corporelle, six performeur.se.s et chanteur.se.s se déploient sur scène pour un show vocal et un langage corporel qui s’articule autour de la voix, du souffle, du chant, des sons. Un dialogue se crée naturellement entre la chorégraphie et les œuvres des compositrices, car comme l’a souligné Maud Le Pladec lors d’un entretien : « la danse est de nature musicale ».

Counting stars with you (Musiques Femmes), Maud Le PladecCCN d’Orléans, Le Triangle, mercredi 26 janvier 2022, 21 h. Durée : 1 h

Conception, direction artistique & chorégraphie : Maud Le Pladec

Dramaturgie musicale : Maud Le Pladec & Tom Pauwels de l’Ensemble Ictus

Musique composée, arrangée, interprétée & produite par : Chloé Thévenin

Travail vocal & assistante à la dramaturgie musicale : Dalila Khatir

Danseur·euses & chanteur·euses : Régis Badel, Chandra Grangean, Pere Jou, Andréa Moufounda, Aure Wachter, Solène Wachter

Conception & création costumes : Christelle Kocher, assistée de Carles Urraca Serra — KOCHÉ Création lumières& scénographie : Éric Soyer

Collaboration dramaturgique : Baudouin Woehl

Billetterie

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