De retour sur les écrans la fine équipe des Avengers, super-héros issus de l’univers des Comics Marvel, se révèle, sans grande surprise, d’une efficacité redoutable, tout autant que le manichéisme du scénario.

 

Il faut être au moins sexagénaire pour se souvenir de l’apparition aux étals des maisons de la presse de ces bandes dessinées de science fiction au graphisme révolutionnaire mettant en scène des personnages totalement nouveaux  : Strange.  Le titre Américain signifiant étrangmarvel-avengers-ere-ultrone, ne pouvait être plus explicite et annonçait la couleur. Ce qui relevait alors de la « littérature de gare » allait pourtant prendre auprès du jeune public une importance qui depuis ne s’est pas démentie. Il nous a fallu apprendre à vivre avec le docteur Strange, les 4 Fantastiques et le Surfer d’argent… entre autres. Ce monde curieux s’est donc, pour nous, scindé en deux parties, celle des héros et celle des supers vilains.

Que les choses soient claires, on ne s’embarrasse pas de nuances, la vision des auteurs est absolument manichéenne : ou bien on veut détruire le monde, ou bien on est là pour le sauver. Point !! Aussi depuis le 22 avril toute une tripotée de héros aux aptitudes les plus diverses se sont regroupés à nouveau pour s’opposer à « Ultron », intelligence artificielle cherchant à s’incarner et dont le but avoué est d’opérer une remise à zéro de l’humanité afin de la reconstruire après en avoir gommé les défauts… vaste programme !!

La chose la plus impressionnante de ce qu’il convient d’appeler un « blockbuster » est probablement la longueur du générique. Pendant près de 10 minutes, et à raison de 2 colonnes les noms des différents intervenants s’égrènent, citant les nombreux pays où se sont déroulés les tournages et les nombreux techniciens d’effets spéciaux qui ont contribué à faire de ce film une ode au non-cinéma. Soyons clair, pendant prés de 2 heure 20 minutes les scènes manifestement tournées sur fond vert se succèdent sans discontinuer soutenues par un niveau sonore qui pousse à envisager la surdité comme une forme de libération. Les amateurs d’action ne seront pas frustrés, cela bastonne à tous les coins de building. Afin de palier l’indigence du scénario, quelques citations scientifiques totalement hors de portée du grand public viennent émailler les dialogues comme pour asseoir une forme de crédibilité. Par rapport au numéro un qui bénéficiait d’un effet de surprise certain, cet Avengers 2 renouvelle l’éternelle mauvaise habitude américaine d’essorer jusqu’à l’ultime gouttelette une idée de sorte qu’elle soit « bankable » entendez par là qu’elle ramène un maximum de fric.

Soyons pourtant objectifs, ce qu’offre Avengers est exactement ce qu’on peut espérer de ce type de cinéma. Pas intello mais efficace. On pourrait entamer une longue réflexion philosophique mettant en évidence cette inquiétante fascination pour la violence et pour les armes, ce besoin pathologique d’être perçus comme les sauveurs et protecteurs du monde libre. Cela ne servirait pas à grand chose. Si l’on considère ces super-héros, ils ne sont pas autre chose que les éléments de la diaspora ayant abouti à cette population américaine multiraciale, multiculturelle et pourtant en relatif échec lorsqu’il s’agit de vivre ensembles. Alors Avengers serait une parabole dont le but est de démontrer qu’unis on est plus fort que le mal ? C’est peut-être donner à ce film une dimension que même les auteurs n’avaient pas envisagée. Les amateurs de science fiction, les mélancoliques des Strange, les fondus d’effets spéciaux et de ciné en 3D, voilà le public (et il est nombreux) qui accueillera favorablement ces productions un peu délirantes et très hollywoodiennes. marvel-avengers-ere-ultronNous avions choisi la formule 3D et si l’on excepte quelques passages pour lesquels cette technique apporte une vraie impression de profondeur, la plupart du temps on bénéficie d’un premier plan très clair et d’un second plan brouillé qui, à défaut d’être franchement désagréable finit par fatiguer un peu la vue. Les performances d’acteur sont quant à elles plutôt satisfaisantes, surtout dans le cas de Robert Doney Jr., alias « Iron man », personnage central de la saga, toujours égal à lui même, efficace et globalement sympathique. Chris Evans, en « Captain América » droit, vertueux, courageux et généreux incarne l’image de l’Amérique telle qu’elle voudrait apparaître aux yeux des autres nations. Mark Ruffalo en Hulk se passe de commentaires, Chris Hemsworth en divinité nordique « Thor » n’a pas besoin d’autre chose que de son physique pour plaire à la fraction féminine des fans. Enfin « Hawkeye » et « Black marvel-avengers-ere-ultronWidow », respectivement Jeremy Renner et Scarlett Johansson se fondent dans le décor et restent un peu en second plan.

Le box office Français annonce un résultat plutôt satisfaisant de 3 071 618 entrées pour un film qui aura quand même coûté 250 millions de dollars. Résultat pas vraiment étonnant. « Avengers, l’ère d’Ultron » est un film d’aventure survitaminé mais également bien construit, la palme en revient sans nul doute à Joss Whedon qui avait signé le premier opus. Que l’on aime ou pas ce type de cinéma grand public, on ne peut retirer d’autre impression que celle d’un travail bien fait, d’un exploit technique plutôt hors norme, pour ce qui concerne les effets spéciaux, en conclusion d’un divertissement populaire efficace et qui sera vite oublié jusqu’à la prochaine surenchère. Affaire à suivre !

Avengers, l’ère d’Ultron, film américain de Joss Whedon, Marvel Studios, 2015, 142 minutes, avec Robert Downey Jr., Scarlett Johansson, Chris Hemsworth, Jeremy Renner, Chris Evans… 

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Thierry Martin
thierry.martin [@] unidivers .fr

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