À l’entrée du ghetto de Prague se dresse une statue que ni les nazis ni les Soviétiques n’ont osé détruire : celle de rabbi Lœw, le MaHaRraL, celui qui, tel Dieu, insuffla la vie à un être de boue. C’est à ce personnage, prestigieux représentant de la Kabbale, que s’est attaché Marek Halter pour revisiter la légende du Golem.

Plus qu’un auteur, Marek Halter est un conteur. Dans ce roman, comme dans La reine de Saba, c’est flagrant. Les recherches qu’il a effectuées nourrissent intelligemment le conte. Et le glossaire en fin d’ouvrage ouvre le lecteur aux secrets de la foi judaïque.

Le Kabbaliste de Prague est un roman biographique (sur David Gans), théologique (la Kabbale et le judaïsme), d’amour (filiale, religieux et romantique), historique (Renaissance, conflits entre chrétiens et juifs, siècle des découvertes sur l’Univers) ainsi qu’un roman sur les légendes urbaines (le Golem). Et tout cela se trouve condensé dans un roman de 280 pages (éd. Robert Laffont).

Fin du XVIe siècle, David Gans, un jeune homme au début du roman, devient un disciple du MaHaRaL de Prague : un rabbin, enseignant de la Kabbale et lié à la légende du Golem, cette « créature humanoïde d’argile ».  David est un philosophe, mathématicien et astronome qui se retrouve avoir toute la confiance de son Maître. Notamment, en ce qui concerne la vie privée de ce dernier. Dans le récit, on suit également les enfants du MaHaRaL ainsi que sa petite-fille Éva. Les relations entre tous les personnages font de ce récit un roman passionnel, plein d’émotions et d’érudition. David Gans est conduit à éduquer Éva, laquelle devient une femme très instruite au regard de cette époque et qui va également voyagé afin de trouver des scientifiques, des idées nouvelles à ramener à Prague pour l’empereur Rodolphe.

Le personnage de David Gans qu’a recréé Marek Halter est particulièrement aimable. Il est entier, érudit, dévoué à la Kabbale et à son Maître. Il est aussi un homme. Avec ses faiblesses qu’il reconnaît et tente de combattre. Et d’une grande sensibilité. Les personnages de Jacob et Isaac, ses amis et parents du grand MaHaRaL, représentent plutôt les religieux ancrés dans leur foi. Ils étudient sans vraiment faire évoluer leurs idées.

À noter que tous les personnages du roman ont réellement existé. Ils participent chacun à l’histoire de la religion juive. Une explication en est donnée dans l’épilogue du roman, les recherches sur Internet abondent en compléments. Reste que la légende du Golem est peut-être la partie la moins attachante de l’ouvrage. Son traitement peu sembler par trop fantaisiste, indépendamment de sa place dans la culture juive.

À propos, ce livre est un bel élan d’amour pour le judaïsme. Les conflits historiques entre chrétiens et juifs sont bien retranscrits dans le roman, dans toute leur cruauté d’ailleurs. Mais il n’y a aucune volonté de dénigrer la religion chrétienne. En outre, la plongée dans la période de la Renaissance avec la flopée d’illustres penseurs qui ont vécu à cette époque est fascinante. David Gans côtoie Tycho Brahé, Kepler, et rencontre Galilée lors d’un voyage en Italie. Le Galilée qui a soutenu Copernic et ses travaux.

Un roman appréciable et apprécié. Le lecteur y apprendra plein de choses en peu de pages.

Marylin Millon

281 pages, Robert Laffont, 15 avril 2010, 21 €
« Et pourtant elle tourne » Galilée face au tribunal de l’Inquisition Catholique Romain peint au XIXe siècle par Joseph-Nicolas Robert-Fleury.

 

 

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