Depuis 2015, Pierre Jouan est connu comme co-fondateur et claviériste du collectif Catastrophe. Il y a deux ans, l’artiste parisien a également lancé une carrière parallèle en solo, qu’il développe aujourd’hui sous le nom de Maison Pierō. Après deux premiers EPs dont le plus récent La nuit blanche paru en mars dernier, il nous présente sa nouvelle création Études sur la lumière, sortie le 13 décembre 2024 sur le label Tom Sitruk.
Maison Pierō est le fruit d’une belle aventure artistique, celle de Pierre Jouan. Né en 1992, ce dernier développe dès l’enfance un véritable amour pour la chanson française, vibrant notamment au son des morceaux de Michel Fugain, Barbara ou encore Léo Ferré. C’est à 12 ans qu’un nouveau tournant survient : fasciné par le piano trônant dans le salon familial, il commence à en apprendre la pratique en autodidacte. Dès lors, il entretient une relation quasi privilégiée avec l’instrument, développant au fil du temps une passion musicale grandissante. Une éducation artistique qu’il enrichit pendant ses années collège de plusieurs autres influences, parmi lesquelles les œuvres de grands compositeurs du répertoire savant occidental comme Jean-Sébastien Bach.
En 2012, le jeune Pierre quitte la capitale et part s’installer à Londres, où il suit des cours de musicologie et de piano classique. Cette expérience riche et formatrice lui permet de perfectionner encore davantage sa pratique artistique. De retour à Paris, il suit de nouveaux chemins et entreprend un cursus à Sciences-Po, puis une licence de philosophie, avant de suivre des études de théâtre au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris.
Dès 2015, il fréquente les murs de L’Amour, squat d’artistes où il retrouve régulièrement son amie Blandine Rinkel, elle-même musicienne et écrivaine. En sa compagnie, il fonde la même année le projet Catastrophe, entité à géométrie variable qui s’agrandit rapidement avec l’arrivée de plusieurs nouveaux membres dont Arthur Navellou, Bastien Bonnefont et Carol Teillard d’Eyry. Adepte des formats et performances transversales, le collectif publie un essai-manifeste La nuit est encore jeune (2017) et enregistre deux EPs et deux albums, publiés entre 2016 et 2020. Ils bénéficient alors du soutien de l’artiste et producteur Bertrand Burgalat, le fondateur du label Tricatel, qu’ils ont rencontré quelques années plus tôt lors d’une émission de radio. En quelques années, le groupe donne plus de 200 concerts à travers toute la France, s’illustrant en outre par un passage remarqué aux Francofolies de la Rochelle, ainsi qu’au festival parisien We Love Green. L’ensemble est également amené à se produire à l’étranger, réalisant des créations inédites à Munich, Varsovie ou encore à Tokyo.
Tout en œuvrant au sein de Catastrophe, Pierre Jouan se consacre également à des projets parallèles et complémentaires. En 2022, il compose ainsi les morceaux de la comédie musicale Les amitiés furtives, aux textes signés Blandine Rinkel et diffusée le 19 décembre de la même année pendant l’émission 42ème rue de France Musique. A cette période, il ressent l’envie de donner libre cours à sa créativité, via un projet à la portée plus intime. C’est ainsi qu’il créé son propre alter ego nommé Pierō, dont le macron représente cette ligne d’équilibre qu’il recherche via sa pratique artistique. Une nouvelle aventure qui prend tout d’abord forme via de nombreuses reprises tirées du vaste répertoire de la chanson française, qu’il publie sur ses comptes Instagram et TikTok.
Encouragé par ses premiers retours, il dévoile plusieurs mini-chansons originales, puis publie un premier morceau achevé, intitulé « Sans le son », qui sort le 3 juin 2022 sur les plateformes. Y succède l’année suivante son premier EP YOLO, qu’il édite le 31 mars 2023 sur le label Tom Sitruk. Cet opus séminal connaît alors un bel écho auprès de la presse et des radios, suscitant l’attention des stations France Inter, Radio Nova et FIP. A cette même époque, il donne ses premiers concerts solo et entre en résidence artistique au 104 de la Maison de la Radio et de la Musique. Il donne ensuite plusieurs performances, dont un passage à la Cigale le 5 avril 2023 en première partie de November Ultra, ainsi qu’un spectacle à la Nouvelle-Eve le 27 mars 2024, entouré d’une pléiade d’invités.
Cette année 2024, le jeune artiste redéfinit les contours de son projet, qu’il souhaite désormais voir incarné sous une nouvelle entité. Celle-ci prend le nouveau nom de Maison Pierō, symbole d’un lieu créatif dans lequel l’auteur-compositeur-interprète articule son œuvre sous un nouveau rythme. Le principe est le suivant : il publiera deux EPs par an, au rythme des saisons, à la manière des confections de la haute couture. Ce faisant, il conçoit tout d’abord une première collection printemps-été, via l’EP La Nuit Blanche, publié le 20 mars dernier et placé sous le signe de l’insomnie. En continuité de cette démarche, il prépare une nouvelle collection automne-hiver, nommée Études sur la lumière et sortie aujourd’hui vendredi 13 décembre 2024.
Cette nouvelle collection de Maison Pierō a été conçue en compagnie de quelques invités artistes et musiciens, dont certains figurent parmi ses plus proches amis. En premier lieu, le trentenaire retrouve trois de ses camarades de Catastrophe : Blandine Rinkel et Arthur Navellou assurent ainsi les choeurs de ces nouvelles chansons, au rythme de la batterie percutante de Carol Teillard d’Eyry. Sur plusieurs autres titres, résonnent les parties de violoncelle de l’instrumentiste et compositeur-arrangeur Jérémie Arcache. Elles subliment notamment le morceau « Feuillage », dont le texte est signé par la poétesse Laura Vazquez, lauréate en 2023 du Prix Goncourt de la poésie.
Comme annoncé dans le titre de son EP, Maison Pierō s’attache à y retranscrire différentes couleurs et nuances de luminosité, qui se reflètent en partie dans le style instrumental de ses chansons. Cette esthétique fait alors la synthèse des ses diverses passions musicales, développant la démarche initiée dans les opus précédents. Sur la plupart de ces morceaux, l’artiste allie la sonorité organique et chaleureuse du piano aux textures électroniques des synthétiseurs. Tous ces éléments, ainsi agencés, forment un style des plus enveloppants et réconfortants, qui renferme un beau foisonnement de sonorités et un contrepoint aussi dense que ciselé.
Dans la même dynamique, Maison Pierō modèle également les mots, leurs rythmes et leurs sonorités comme une matière créative à part entière. A cet effet, il déploie une vocalité au timbre doux et parfois au bord du murmure, qui peut parfois rappeler des artistes comme Da Silva. Par moments, elle démontre un certain lyrisme plus intense et vibrant, souligné en outre par un léger vibrato. Elle délivre ainsi une expressivité que l’artiste vient poser sur des textes à la poésie délicate et à l’approche très visuelle. Un prisme qui lui permet d’aborder, parfois avec un soupçon de surréalisme, des thématiques aussi intimes qu’universelles: la dimension cyclique de nos existences humaines (« Tout tourne tout le temps »), ses propres moments de joie intérieure, ou encore son attachement pour les passions et les oeuvres qui continuent de guider sa vie, contre vents et marées (« Par coeur »).
Dans un registre différent, d’autres morceaux de Maison Pierō témoigne d’influences extérieures. Celles-ci sont puisées en partie dans la soul classique et la neo soul, d’une manière similaire à des artistes comme la canadienne Charlotte Day Wilson, ou Oscar Emch en France. Une inspiration qu’on perçoit à l’écoute du titre « Par coeur », dont le jeune auteur-compositeur-interprète nous dévoilait une première version le 11 mars dernier sur ses réseaux sociaux. Articulé autour d’une lente rythmique marquée, il fait aussi entendre les lignes de basses mouvantes de Louis Sommer, moitié du duo électro-funk Venice Club.
A travers ces Études sur la lumière, Maison Pierō parvient donc à raffiner encore davantage son orientation artistique, tout en préservant les bases de son style à la singularité et au charme indéniable. A cet égard, ces six morceaux s’appuient sur une écriture fine, dotée en partie d’un sens mélodique et harmonique du plus bel effet. Autant d’éléments qui lui confèrent une aura envoûtante et une délicatesse très souvent réconfortante, qui tombe à point nommé pour égayer l’hiver qui arrive.
La nouvelle collection automne-hiver Études sur la lumière de Maison Pierō est sortie ce vendredi 13 décembre 2024 sur le label Tom Sitruk.
Disponible à l’écoute sur les plateformes :
Création également dévoilée en format vidéo, à retrouver ICI