A l’opéra de Rennes Lohengrin c’est une promesse de légende ! De fait, il y a dans la mythologie allemande quelque chose d’élevé, de transcendant. Une forme d’exemplarité qui devrait inciter les modestes créatures que nous sommes à agir en suivant le chemin tracé par des êtres oscillant entre humanité et divinité.
Lohengrin, le légendaire « chevalier au cygne », est l’incarnation même de ces êtres d’exception et c’est son histoire qui vous sera racontée à partir du samedi 31 janvier à 18h à l’opéra de Rennes. En substance quelle est-elle ?
Peu de temps après la mort du duc de Brabant, Friedrich de Teralmund, membre de sa famille, prétend avoir reçu le titre de protecteur des enfants survivants : Gottfried et Elsa. Bien entendu ses intentions ne sont pas pures mais bien guidées par l’appât de la richesse et du pouvoir. À l’issue d’une promenade en forêt, Gottfried disparaît et Friedrich s’empresse d’accuser Elsa d’être la meurtrière de son frère. C’est la raison pour laquelle il renonce à l’épouser et lui préfère Ortrud, magicienne maléfique. Elsa se défend âprement d’une telle accusation et en appelle au jugement de Dieu afin que soit démontrée son innocence.
Son champion sera le chevalier qu’elle a entrevu dans ses rêves ; elle s’engage solennellement à l’épouser et à partager le trône avec lui. C’est alors que, sorti du néant, survient Lohengrin, apparaissant dans une embarcation tirée par un cygne (ce qui lui vaudra son surnom). Il déclare qu’il est venu pour faire éclater au grand jour l’innocence d’une jeune fille injustement accusée. Elle devra toutefois lui faire la promesse de ne jamais demander qui il est, d’où il vient, pas plus que sa race ou son nom. Le tournoi voit l’éclatante victoire de Lohengrin, Elsa et lui sont portés en triomphe.
Malheureusement, le dépit et la haine du couple déchu, Friedrich et Ortrud, va poursuivre nos deux héros. Ils sont persuadés que leur défaite est due à la magie et que l’unique façon de retrouver leur puissance est d’arracher son pouvoir au chevalier. Pour ce faire, une seule manière : instiller dans le cœur d’Elsa le poison du doute, la manipuler et obtenir d’elle qu’elle oblige Lohengrin à répondre aux questions interdites.
Ortrud, revenue en grâce par la compassion d’Elsa provoque un émoi le jour de la cérémonie des noces, en exigeant que celle-ci s’incline devant elle, puisqu’elle est l’épouse d’un homme aux origines élevées, alors qu’Elsa n’est que la fiancée d’un chevalier dont on ne sait rien… Diabolique habileté, perfidie sans égal…
Friedrich lui vient en aide en prétendant que la victoire lors du jugement de Dieu lui a été ravie par ruse et magie afin d’acculer de plus en plus Elsa à demander à son chevalier de révéler ses secrets. Elle est d’ailleurs la seule à pouvoir le faire.
La cérémonie commence par un « air des fiancés » – bien familier à nos oreilles, au début de chaque mariage – comme un nom moins fameux air de Félix Mendelssohn ponctue les sorties d’église. Lohengrin, alors qu’ils se trouvent dans la chambre nuptiale, prononce le nom d’Elsa : « Qu’il est doux mon nom qui s’échappe de tes lèvres. Ne connaîtrais-je pas le doux son du tien ?? » Malgré les paroles insistantes de Lohengrin l’enjoignant de renoncer à pénétrer ce secret, Elsa, torturée par le doute, rompt son serment et précipite l’aveu fatal de Lohengrin.
Il se présente donc comme un serviteur du Graal, coupe du Christ conservée au sein du château de Montsalvat. Malheureusement pour Elsa, « La bénédiction du Graal est d’une si sublime nature que voilée elle doit fuir le regard des profanes ». Ayant été reconnu comme tel, le chevalier est dans l’obligation de se retirer. Ecoutez maintenant la réponse à la question interdite !
PAR LE GRAAL JE FUS ENVOYE A VOUS
MON PÈRE PARSIFAL EN PORTE LA COURONNE
SON CHEVALIER JE SUIS ET J’AI NOM LOHENGRIN.
Elsa est anéantie et Ortrud reconnaît que c’est elle qui a transformé Gottfried en cygne. Le roi prophétise le retour de celui-ci et annonce qu’il remettra à sa sœur une épée, un cor, et un anneau. Le prince réapparaît effectivement, retrouvant sa forme de beau jeune homme et puisqu’il est héritier du trône de son père devient à sa place le nouveau duc de Brabant.
Cette histoire digne d’un conte de fées est servie par une musique d’une inégalable beauté. Même ceux qui se font une religion d’exécrer Richard Wagner au nom d’opinions fallacieuses sont obligés de reconnaître que, dés l’ouverture, l’auditeur est émerveillé par la simplicité de la musique et son aspiration à l’absolu.
Comme pour l’éblouissante Walkyrie, donnée en février 2013 à l’opéra de Rennes (voir notre article), c’est la version de Cobourg qui sera retenue en janvier 2015. Pour rappel, il s’agit d’une exécution de l’œuvre avec des effectifs réduits. Les dimensions de l’opéra de Rennes sont d’ailleurs quasi équivalentes à celle du théâtre de Cobourg.
La première étant le 31 janvier il est indispensable de réserver rapidement vos places si vous souhaitez assister à ce qui sera probablement l’un des évènements lyriques majeurs de la saison 2015.
Opéra de Rennes Lohengrin
Janvier Samedi 31, 18h Février Lundi 2, 19h/ Mercredi 4, 19h / Vendredi 6, 19h
Opéra romantique en trois actes
Livret de Richard Wagner (1850)
Spectacle chanté en allemand, surtitré en français
Toute la programmation de l’Opéra de Rennes
DIRECTION MUSICALE RUDOLF PIEHLMAYER
MISE EN SCENE CARLOS WAGNER
DECORS RIFAIL AJDARPASIC
COSTUMES CHRISTOF CREMER
LUMIERES CHRISTOPHE PITOISET
ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE BRETAGNE
CHŒUR DE L’OPERA DE RENNES, DIRECTION GILDAS PUNGIER
HEINRICH DER VOGLER GREGORY FRANK
LOHENGRIN CHRISTIAN VOIGT
ELSA VON BRABANT KIRSTEN CHAMBERS
FRIEDRICH VON TELRAMUND ANTON KEREMIDTCHIEV
ORTRUD CATHERINE HUNOLD
DER HEERUFER DES KÖNIGS NICKOLA EFREMOV
