Dans la Chine impériale du XIXe siècle, Fleur de Lis et Fleur de Neige naissant au même instant. Cette coïncidence et sa grande beauté permettent à Fleur de Lis, malgré son extraction modeste, de devenir l’âme-sœur, la laotong, de Fleur de Neige, fille de la haute noblesse. La grande amitié qui lie les jeunes femmes se brise quand Fleur de Lis découvre que son amie l’a trahie… Une histoire d’amitié et de fascination réciproque qui explore avec lyrisme et émotion l’une des plus mystérieuses relations humaines : l’amitié féminine.

Une plongée réussie dans la Chine du XIXe siècle à travers l’histoire à la fois dure et belle d’une amitié féminine qui durera toute une vie

Fleur de Neige et Fleur de Lis sont deux fillettes nées en 1823. Elles ne se connaissent pas, mais leurs destins vont s’unir de la façon la plus étroite, car, dès leur septième année, elles deviennent laotong, autrement dit des âmes soeurs. L’amour qu’elles se porteront sera bien au-delà d’un quelconque amour filial ou marital. Plus que des amies ou des soeurs, leurs coeurs vont battre ensemble, si bien qu’elles se réjouiront ou souffriront l’une avec l’autre. Et de la souffrance, elles en connaîtront ; car être une femme dans la campagne chinoise de cette époque n’est pas une mince affaire. Leur naissance n’est pas attendue comme celle d’un garçon, elles ne sont qu’une source de dépenses et surtout, elles n’ont aucun droit.

Fleur de Lis, notre narratrice, naît dans une famille pauvre. Sa seule façon de s’en sortir est d’avoir les plus petits et les plus beaux lis dorés. Que se cache-t-il derrière ce nom poétique ? Une pratique atroce : les fillettes, dès leurs six ou sept ans, se font bander les pieds à l’extrême, jusqu’à ce que leurs os se brisent et se modèlent de la plus parfaite des manières. Une souffrance indicible, très bien rendue dans ce roman.
Fleur de Neige se voit aussi subir ce cruel rituel, bien qu’issue d’une famille plus aisée. Souvent en visite chez sa laotong, elle n’a de cesse de lui apprendre le nu shu ; l’écriture secrète des femmes ; tandis que Fleur de Lis l’initie aux tâches ménagères.
Après l’enfance, suit l’adolescence où les jeunes filles vont découvrir leur corps et leur potentiel, puis viendront le mariage et la vie de mère. Pendant que l’une contracte une union au-delà de toute espérance, l’autre baisse de la pire des façons dans l’échelle sociale. Leur amitié surmontera-t-elle les difficultés ? La vie finira-t-elle par les séparer ?
Derrière cette saga dramatique, le contexte culturel de la Chine du XIXe siècle a une place primordiale. On y comprend la difficulté de naître femme, la complexité des rapports avec les hommes, de même que l’instinct maternel qui n’est pas censé exister puisqu’un enfant n’est jamais sûr de passer sa cinquième année. On y côtoie également les rébellions qui éclatent ou les épidémies de maladies mortelles qui déciment la population.

Concernant les personnages, Fleur de Lis qu’à Fleur de Neige, elles sont complémentaires, se soutiennent mutuellement lorsque l’une ou l’autre est au plus mal. Elles sont fortes parfois, et si fragiles à d’autres moments. Le lien qui les unit est d’une force insoupçonnable, si bien que comme dans une histoire d’amour, la jalousie fera aussi partie de leur vie. Les quitter une fois le livre refermé pourra être difficile pour le lecteur.

Marylin Millon

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Flammarion, avril 2006, 404 pages, 20€
L’auteure : l’arrière-grand-père de Lira See quitta son village chinois au début du siècle dernier pour devenir le parrain du Chinatown de Los Angeles. Née à Paris, Lisa See est notamment l’auteur de La Mort Scarabée (Calmann-Lévy, 1998), et de On Gold Mountain, mémoires de sa famille salués par la critique. C’est durant sa convalescence d’une grave maladie qu’est née en elle l’histoire de Fleur de Neige. Après l’immense succès de ce livre traduit dans 23 pays, Lisa See travaille à un nouveau roman dans la même veine. Elle vit à Los Angeles.

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