Les 15 plages françaises préférées des vacanciers en 2025 sont…

Chaque été, les plages françaises attirent des millions de visiteurs. Mais certaines parviennent à conquérir plus de cœurs que d’autres. Selon le classement Holidu 2025, la Bretagne s’impose comme la grande gagnante, raflant trois des cinq premières places. Du Finistère aux Caraïbes, en passant par la Normandie ou la Corse, voici les quinze plages les plus aimées de l’année, avec pour chacune une immersion sensible, une histoire locale… et le bon point GPS.

1. Plage des Blancs Sablons – Le Conquet, Finistère

Description : Cette anse majestueuse, orientée plein ouest, déroule ses 2,5 km de sable blond entre les falaises du pays d’Iroise et la presqu’île de Kermorvan. Battue par les vents, cernée de dunes protégées, elle offre un sentiment de liberté total. On y vient pour marcher face à la houle, contempler l’île de Béniguet ou s’essayer au surf dans des eaux d’un bleu métallique.

Le saviez-vous ? C’est ici que des passionnés ont organisé, dans les années 1980, les premières compétitions de surf breton sur des planches bricolées à la main. Une naissance officieuse du surf armoricain.

Adresse : Presqu’île de Kermorvan, 29217 Le Conquet

Plage des Blancs Sablons
Plage des Blancs Sablons – Le Conquet, Finistère

2. Plage de Pen Hat – Camaret-sur-Mer, Finistère

Description : Cachée entre les falaises de la presqu’île de Crozon, cette plage de sable brut est l’un des paysages les plus dramatiques de Bretagne. L’eau y est dangereuse, les courants violents, mais la beauté des lieux saisit immédiatement : c’est un théâtre naturel, fait pour les contemplatifs, les photographes, ou les marcheurs en quête de solitude.

Le saviez-vous ? La plage a servi de décor à plusieurs films d’auteur français, attirés par sa lumière minérale et ses airs de bout du monde.

Adresse : Route de Pen Hat, 29570 Camaret-sur-Mer

Plage de Pen Hat
Plage de Pen Hat

3. Plage des Grands Sables – Île de Groix, Morbihan

Description : Unique en Europe, cette plage est convexe : elle bombe vers la mer et se déplace lentement sous l’action des vents et des courants. Son sable blanc aux reflets rosés, son eau translucide et son cadre sauvage en font une perle rare. Idéale pour ceux qui veulent fuir les plages trop lisses et savourer l’étrangeté d’un site mouvant.

Le saviez-vous ? Selon les relevés géographiques, la plage s’est déplacée d’environ 30 mètres en dix ans, glissant doucement vers l’est comme un animal marin en migration.

Adresse : Sentier côtier, 56590 Île de Groix (accès par bateau depuis Lorient)

Plage des Grands Sables
Plage des Grands Sables – Île de Groix, Morbihan

4. Plage de Grande Anse – Deshaies, Guadeloupe

Description : Cette immense plage de sable blond ourlée de cocotiers est un classique de la côte ouest guadeloupéenne. Sa pente douce et ses eaux tièdes attirent familles, rêveurs et photographes. On y entend le ressac comme une respiration lente. À l’heure dorée, les couchers de soleil y sont dignes des plus belles cartes postales tropicales.

Le saviez-vous ? La série britannique « Meurtres au paradis », tournée à Deshaies, y a planté plusieurs de ses intrigues, immortalisant ses courbes et son atmosphère paisible.

Adresse : D14, 97126 Deshaies

5. Plage d’Étretat – Seine-Maritime, Normandie

Description : Galets gris, falaises blanches et arches sculptées par la mer : la plage d’Étretat est une icône. Ce lieu mythique fascine depuis le XIXe siècle peintres, poètes et promeneurs. Le panorama sur l’aiguille et la Manneporte, ces formations calcaires fantastiques, offre un spectacle changeant selon les marées et la lumière.

Le saviez-vous ? Maurice Leblanc y a situé l’un des plus grands secrets d’Arsène Lupin, caché dans « L’Aiguille creuse ». Depuis, les amateurs du gentleman cambrioleur s’y promènent en quête de mystère.

Adresse : Front de mer, 76790 Étretat

6. Omaha Beach – Colleville-sur-Mer, Calvados

Description : Étendue immense de sable beige, bordée de dunes, Omaha Beach n’est pas seulement une plage : c’est un mémorial à ciel ouvert. Le calme actuel contraste avec les images du Débarquement du 6 juin 1944. Chaque pas sur le sable semble chargé d’histoire. Aujourd’hui, les familles s’y baignent dans un silence respectueux.

Le saviez-vous ? Chaque année, des vétérans américains ou leurs descendants viennent s’y recueillir, drapeaux à la main, sur les traces du « D-Day ».

Adresse : Avenue de la Libération, 14710 Colleville-sur-Mer

7. Calanque de Port Pin – Cassis, Bouches-du-Rhône

Description : Nichée entre falaises et forêt, Port Pin est une calanque aux eaux vert turquoise bordée de pins d’Alep qui embaument l’air. Moins fréquentée que sa voisine d’En-Vau, elle se mérite après une randonnée de 30 minutes. On s’y baigne dans une crique cristalline, loin du tumulte, avec le chant des cigales en fond sonore.

Le saviez-vous ? Le nom « Port Pin » vient des nombreux pins qui surplombent la calanque et dont les racines s’agrippent au calcaire avec une ténacité poétique.

Adresse : Sentier du Petit Prince, 13260 Cassis

8. Plage de la Perle – Sainte-Rose, Guadeloupe

Description : Sauvage et peu aménagée, cette plage ourlée de raisiniers de bord de mer offre une vue dégagée sur l’Atlantique. Le sable y est ocre, les rouleaux puissants, et la tranquillité absolue. Parfaite pour lire à l’ombre ou marcher seul, entre deux mondes.

Le saviez-vous ? Parfois, à marée basse, on y trouve des fragments de coraux polis par les vagues, appelés « perles de mer » par les habitués.

Adresse : Route de la Plage, 97115 Sainte-Rose

9. Baie des Trépassés – Plogoff, Finistère

Description : Entre la Pointe du Raz et celle du Van, la baie semble hors du temps. Sable fin, vagues brutes, ciel mouvant. Les surfeurs s’y donnent rendez-vous, mais l’essentiel est ailleurs : dans l’énergie tellurique du lieu, où la terre s’achève dans un grand souffle minéral.

Le saviez-vous ? Son nom viendrait d’un culte celte : les âmes des morts y prenaient jadis la mer pour rejoindre l’Île d’Avalon.

Adresse : D7, 29770 Plogoff

10. Plage du Cap Blanc-Nez – Escalles, Pas-de-Calais

Description : Plage au pied de hautes falaises de craie, balayée par les vents et les grandes marées. Par temps clair, on aperçoit les côtes anglaises. Les couleurs oscillent entre le gris ardoise du ciel, le blanc éclatant des falaises et le vert tendre des prairies surplombantes.

Le saviez-vous ? Les parapentistes s’y élancent depuis le sommet pour voler au-dessus de la mer, à la verticale des bunkers recouverts d’herbe.

Adresse : Route du Cap, 62179 Escalles

11. Grande Plage – Saint-Lunaire, Ille-et-Vilaine

Description : Longue courbe de sable fin bordée de villas Belle Époque et d’un petit casino. L’ambiance y est à la fois chic, familiale et doucement nostalgique. La vue sur la baie de Saint-Malo est superbe au coucher du soleil, et les promeneurs y croisent les rêveurs au pied des rochers sculptés par les embruns.

Le saviez-vous ? Paul Valéry venait y écrire en villégiature dans les années 1920, fasciné par la lumière nordique de cette côte bretonne.

Adresse : Boulevard de la Mer, 35800 Saint-Lunaire

12. Plage de Saleccia – Santo-Pietro-di-Tenda, Haute-Corse

Description : Accessible uniquement à pied, en 4×4 ou en bateau, cette plage du désert des Agriates semble irréelle : eau translucide, sable blanc et silence total. Aucun bâtiment à l’horizon. On y a l’impression d’arriver au bout du monde, ou du moins en dehors du temps.

Le saviez-vous ? Elle fut choisie comme décor dans le film « Le Jour le plus long », pour représenter… une plage normande.

Adresse : Accès par Casta ou par navette maritime depuis Saint-Florent, 20246 Santo-Pietro-di-Tenda

13. Utah Beach – Sainte-Marie-du-Mont, Manche

Description : Une plage sobre, douce et chargée de mémoire. Moins spectaculaire qu’Omaha mais tout aussi marquée par l’histoire. Elle s’étend entre dunes et bocage, avec un musée du Débarquement très pédagogique à proximité.

Le saviez-vous ? Les troupes américaines y ont débarqué dès l’aube du 6 juin 1944, ouvrant la voie vers la libération de la France.

Adresse : Route de la Plage, 50480 Sainte-Marie-du-Mont

14. Plage des Salines – Sainte-Anne, Martinique

Description : Probablement la plus emblématique de Martinique. Des kilomètres de sable blanc, des cocotiers penchés, une mer bleu lagon. Très fréquentée mais jamais étouffante, elle évoque l’imaginaire pur de la plage caribéenne parfaite.

Le saviez-vous ? De nombreux couples antillais choisissent cet endroit pour leurs photos de mariage ou pour échanger leurs vœux pieds nus dans le sable.

Adresse : Route des Salines, 97227 Sainte-Anne

15. Plage de Tourony – Trégastel, Côtes-d’Armor

Description : Cernée de rochers en granit rose et face au château de Costaérès, cette petite plage protégée est un écrin poétique. L’eau y est calme, les enfants peuvent s’y baigner en toute sécurité, et les couchers de soleil y prennent une teinte d’aquarelle rose et or.

Le saviez-vous ? De nombreux peintres et illustrateurs bretons viennent y travailler en plein air, fascinés par la lumière changeante des roches et des marées.

Adresse : Rue de Tourony, 22730 Trégastel

Des criques confidentielles aux plages mythiques, la France offre un éventail d’émotions maritimes inégalé. Il ne vous reste qu’à choisir la vôtre.

Et si l’on savait enfin pourquoi on dort ? Le stress électrique…

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Il y a des questions que l’on se pose depuis toujours, sans vraiment y répondre. Pourquoi mange-t-on ? Facile. Pourquoi respire-t-on ? Évident. Mais pourquoi dort-on ? Voilà un mystère biologique que la science traîne depuis des décennies. En juillet 2025, une équipe de chercheurs de l’Université d’Oxford a publié dans Nature une découverte qui pourrait bien marquer un tournant. Le besoin de sommeil naîtrait d’un stress… électrique, au cœur même de nos cellules.

Des microcentrales sous tension

Le héros discret de cette histoire s’appelle la mitochondrie. Un organite minuscule, présent dans chacune de nos cellules, et chargé de produire l’énergie dont nous avons besoin. Mais cette centrale énergétique a un défaut : quand elle tourne à plein régime, elle perd des électrons. Ces électrons en fuite créent des molécules toxiques (les ROS, ou dérivés réactifs de l’oxygène) qui abîment la cellule si rien ne les arrête.

Et c’est là que le sommeil entre en jeu.

Quand le niveau de stress devient trop élevé dans certaines cellules nerveuses spécialisées – celles qui contrôlent le sommeil –, c’est comme si un disjoncteur biologique se déclenchait. Un signal est envoyé au cerveau : il est temps de dormir, pour éviter les dégâts.

« Il est crucial d’éviter que les mitochondries perdent trop d’électrons. Sinon, elles produisent des molécules qui détériorent les cellules », explique le Dr Raffaele Sarnataro, premier auteur de l’étude.

Des mouches pour percer le secret humain

Pour tester leur hypothèse, les scientifiques ont utilisé… des mouches. En modifiant l’activité électrique de leurs mitochondries, ils ont réussi à rallonger ou raccourcir leur temps de sommeil. Une preuve spectaculaire que c’est bien cette surcharge électrique qui déclenche l’envie irrépressible de dormir. Mais ce n’est pas qu’une histoire de mouches.

Un signal universel : quand le cerveau dit stop

Cette découverte change tout. Elle lie trois grandes fonctions de l’organisme :

  • le sommeil,
  • le métabolisme (la manière dont notre corps produit de l’énergie),
  • et le vieillissement cellulaire.

« Nous voulions comprendre à quoi sert le sommeil, et pourquoi nous le ressentons si fortement », raconte le Pr Gero Miesenböck, co-auteur de l’étude.
« Nos résultats montrent que la réponse pourrait se cacher dans le mécanisme même qui nous maintient en vie : la respiration cellulaire. »

Autrement dit, si l’on ne dormait pas, nos cellules brûleraient trop de carburant, trop vite. Et finiraient par s’abîmer. Dormir devient alors un acte de réparation, imposé par nos cellules elles-mêmes.

Dormir pour survivre

Ce lien profond entre mitochondries, stress métabolique et sommeil permet aussi d’expliquer pourquoi les maladies mitochondriales s’accompagnent souvent d’une fatigue chronique extrême. Les patients n’ont pas seulement sommeil… leur corps l’exige, pour limiter les dégâts.

Et si ce signal, ce « trop-plein électrique » des mitochondries, était la véritable horloge cachée derrière notre rythme de sommeil ? C’est l’hypothèse que les chercheurs commencent à explorer.

Cette étude répond peut-être, pour la première fois, à une question vieille comme l’humanité : et si l’on dormait pour que nos cellules puissent souffler un peu ?

Pour aller plus loin : d’autres théories complémentaires

Le dernier résultat de l’étude s41586‑025‑09261‑y offre une explication physique objective au besoin de dormir : nos mitochondries envoient un signal d’alerte quand le stress électrique atteint un seuil critique, ce qui déclenche l’endormissement pour protéger les cellules. Cela s’ajoute à d’autres hypothèses sur la réinitialisation neuronale, les cycles homéostatiques et le contexte évolutif humain. Ensemble, ces approches donnent un éclairage riche et multidimensionnel sur pourquoi l’humain ne peut pas se passer du sommeil.

D’autres recherches récentes fournissent des explications supplémentaires sur le besoin de dormir :

Réinitialiser le cerveau comme un ordinateur

Keith Hengen et collègues ont montré que le sommeil sert à restaurer la « puissance de calcul » optimale du cerveau : au fil de la journée, les circuits neuronaux s’éloignent d’un fonctionnement idéal, et le sommeil rétablit cet état en réinitialisant les réseaux

Régulation homéostatique et circadienne

Le besoin de dormir s’accumule (processus homéostatique) via des substances comme l’adénosine, tandis que l’horloge biologique synchronise notre sommeil à l’alternance jour‑nuit grâce à la mélatonine et à des gènes horloge (CLOCK, Per, Cry…)

Évolution et sécurité en groupe

Selon plusieurs experts, le sommeil profond chez l’humain a évolué chez des sociétés vivant en groupe, où la vigilance collective permettait de dormir plus efficacement en toute sécurité, contrairement à d’autres espèces vulnérables pendant leur sommeil

Rennes. Jean-Louis Coatrieux et Albert Bensoussan dialoguent dans un Duo solo

Dans Duo Solo – Dialogue, les Rennais Jean-Louis Coatrieux et Albert Bensoussan parlent du monde et la vie alors que celui-ci était en proie à une crise désarmante. Dans l’immatérialité d’une correspondance numérique, leur échange prend aujourd’hui la forme d’un livre, publié aux éditions Chemins de tr@verse, dans lequel le duo révèle une relation amicale authentique.

Jean-Louis Coatrieux est un homme de science – chercheur spécialisé dans l’imagerie médicale numérique ; Albert Bensoussan est homme de lettres – romancier et traducteur de l’écrivain péruvien (naturalisé espagnol) Mario Vargas Llosa, disparu le 13 avril 2025 -. Ces amis de longue date ont plus d’un point commun : ils ont tous deux été enseignants, le premier à l’université de Rennes 2, le second l’espagnol à l’université Rennes 2. « Toi à l’ouest, moi à l’est, toi dans l’effervescence et l’exubérance des gens de lettres, moi enfermé dans la tranquillité et le silence de sciences », écrit Jean-Louis Coatrieux (page 47). Mais l’un des plus forts est sans nul doute cette sensibilité commune pour l’écriture, les mots tout simplement. L’un comme l’autre ont plusieurs ouvrages à leur actif et cette capacité à faire naître des histoires dans la sincérité d’un ton qui leur est propre, souvent sur la base d’une réalité transformée en fiction qui atteint les lecteurs et lectrices avec émotion.

Ces deux âmes narratives coexistent aujourd’hui dans une correspondance épistolaire débutée au printemps 2020, dans l’isolement de la pandémie du coronavirus. Quand le pays sort de l’obscurité et respire de nouveau, leur échange se poursuit pendant quatre années, quatre années portées par la sincérité d’un lien et la liberté d’un ton. « On a commencé à écrire nos impressions à être enfermés chacun chez soi, et notre dialogue a pris forme dès l’instant », souligne Albert Bensoussan. « Nous avons rassemblé pendant 4 ans ces courriels, sans en changer un mot, et les avons publiés tels quels, en introduisant des titres pour aérer le texte suivant l’orientation qu’il prenait » Si Duo Solo est né dans l’immatériel du virtuel, la connexion entre eux est quant à elle bien palpable : avec la finesse qu’ont les intellectuels, l’érudition et la pédagogie qui les caractérisent tous deux, ils parlent du monde et de ses fractures, des lumières de l’enfance, du vertige du temps, des livres, des peurs, des renaissances.

« Nous avons trop de choses à nous dire pour avoir trop tardé à nous rencontrer. Comment se fait-il d’ailleurs, qu’arpentant les mêmes rues et souvent les mêmes trottoirs de Rennes, nous ne nous soyons pas croisées dans notre jeunesse ? » (Jean-Louis Coatrieux, page 47)

La forme épistolaire rappelle les grands ouvrages qui ont marqué le genre, et même la littérature : Les Liaisons dangereuses de Laclos, La Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau ou encore Lettres persanes de Montesquieu. « Il y a eu des quantités de livres fondés sur des échanges de lettres, l’un des plus célèbre étant les lettres de Madame de Sévigné. Mais nous n’avions pas cette ambition », exprime le romancier et traducteur. « Ce livre est une réflexion courante, ordinaire sur les mille et une choses de la vie quotidienne et les événements, souvent dramatiques ou tragiques qui défilaient devant nous (sur l’écran ou à la radio). »

Cet ouvrage est à l’image des deux hommes, modeste, mais riche d’un savoir qu’ils aiment partager. Quand on les connaît, on apprécie ces échanges riches qui cultive la curiosité, fasciné par cette connaissance qui semble infinie et dit beaucoup sur leurs passions pour l’humain et la culture ; on se nourrit de leurs réflexions pointues qui donnent à réfléchir sur le monde. Duo Solo, c’est au final Albert Bensoussan et Jean-Louis Coatrieux.

duo solo coatrieux bensoussan

On entre dans l’intimité de leur relation, dans la profondeur de deux protagonistes qui se connaissent, s’écoutent et se laissent librement parler. En publiant cet échange, les deux se mettent à découvert. Se livrer sur le monde et sa vie dans l’espace réduit d’un tête à tête amical, c’est une manière de se confier sans crainte sur ses peurs et ses espoirs. Ne pas avoir modifié le texte et avoir conservé cette spontanéité renforcent justement l’authenticité du lien. « Chacun évoque son vécu, son enfance, son exil, les avatars de la vie. Dans l’intimité de l’échange amical, il est certain que, sans artifice et sans fards, chacun se met à nu. Après coup, nous avons bien vu à quel point chacun était sincère, mais l’amitié n’est-elle pas fondée sur cette exigence ? »

Duo Solo – Dialogue de Jean-Louis Coatrieux et Albert Bensoussan. Éditions Chemins de traverse. 230 pages. 20€. Parution : 15/05/2025

Articles connexes :

Morbihan. Centre Bouddhique Drukpa Plouray : exposition exceptionnelle des Reliques Sacrées du Bouddha en août

Du 1er au 10 août 2025, le Centre Bouddhique Drukpa de Plouray, perché dans la verdure paisible du Morbihan, devient le théâtre d’une rencontre sacrée. À cette occasion, des Reliques Sacrées du Bouddha Shakyamuni, venues de la Grande Pagode de Vincennes, seront exceptionnellement exposées au public, sous la bénédiction de Sa Sainteté Gyalwang Drukpa. Une opportunité unique pour les pratiquants, les curieux, les passionnés de spiritualité et d’histoire de se recueillir, méditer, découvrir et recevoir les bénédictions de ces trésors millénaires.

Les Reliques : un pont entre histoire, foi et sagesse

Vénérées sous le nom de « shariras », ces reliques du Bouddha sont les restes cristallisés retrouvés après sa crémation.
Elles sont considérées, dans la tradition bouddhiste, comme le support physique de l’éveil, de la compassion et de la sagesse du Bouddha. Témoin matériel d’une présence spirituelle intemporelle, leur exposition est un acte rare, lourd de sens pour ceux qui cherchent une connexion intérieure, une paix, une inspiration.

Drukpa Plouray bouddha

« Ces Reliques ne sont pas des objets d’idolâtrie, mais des signes tangibles d’accomplissement spirituel. Elles suscitent la foi, la sagesse, et la paix. »
— Lopön Thrinlé Tenzin, co-président de l’Union Bouddhiste de France

Une histoire qui traverse les siècles

Les reliques exposées ont une trajectoire singulière.
Découvertes en 1898 dans le nord de l’Inde, près de Lumbini, dans un stupa oublié, par l’Anglais William Peppe, elles ont été authentifiées comme appartenant au Bouddha et à la famille Sakya.
L’empereur Ashoka, fervent bouddhiste, fit ériger ce stupa 150 ans après la mort du Bouddha pour les y accueillir.
Offertes en 1899 au roi bouddhiste de Siam (Thaïlande), elles furent installées dans le temple de la Montagne d’Or à Bangkok.
En 2009, 111 ans après leur arrivée à Bangkok, les patriarches thaïlandais décident de confier une partie de ces reliques à l’Occident, et choisissent la France, terre de diversité et de droits humains.
Elles sont aujourd’hui conservées à la Grande Pagode de Vincennes sous la garde de l’Union Bouddhiste de France.

Drukpa Plouray bouddha

Au programme : spiritualité vivante et partage culturel Dates :

Exposition du 1er au 10 août 2025
Cérémonie d’accueil : jeudi 31 juillet à 17h
Départ des Reliques : lundi 11 août en fin de matinée

Horaires :

Ouverture au public tous les jours de 10h à 18h

Activités proposées :

  • Exposition dans le temple principal
  • Visites guidées du parc, des statues, monuments, thangkas, objets rituels
  • Cérémonies traditionnelles et rituels quotidiens
  • Espace méditation en silence
  • Conférences publiques les dimanches 3 et 10 août à 15h :
    • « Le Bouddha et le Bouddhisme, sa vie et son enseignement »
    • « La voie du Bouddha : sagesse et compassion »
      Par Lopön Thrinlé Gyatso, premier moine occidental de la lignée Drukpa
  • Espace boutique : livres, artisanat sacré, encens, bols chantants
  • Cafétéria végétarienne : cuisine simple, bio et respectueuse
Drukpa Plouray bouddha

Témoignages et paroles des guides spirituels

« J’ai demandé que nous accueillions ces Reliques comme nous accueillerions le Bouddha lui-même. Chaque personne pourra créer un lien intime et silencieux avec l’activité éveillée du Bouddha. »
— Drubpon Ngawang Tenzin, directeur spirituel du Centre Drukpa Plouray

« Ces reliques sont des supports de transformation intérieure. Elles nous rappellent que chacun peut, dans sa vie, cultiver la sagesse et la compassion. »
— Lopön Thrinlé Tenzin

Drukpa Plouray bouddha
Portraits de Drubpon Ngawang Tenzin, directeur spirituel du centre Bouddhique et de Lopön Thrinlé Tenzin

Un centre ouvert sur le monde, enraciné dans la Bretagne

Le Centre Drukpa Plouray, fondé en 1980, est l’un des premiers centres bouddhiques tibétains en Europe. Niché au cœur d’une nature généreuse, il incarne l’alliance entre intériorité, enseignement, accueil et action.
Lieu de retraites, de formations et de cérémonies, il est un pont entre l’Orient et l’Occident, entre tradition et modernité.

Informations pratiques

Lieu :
Centre Bouddhique Drukpa Plouray
Bel Avenir, 56770 Plouray – Morbihan, Bretagne
Accès, hébergement, et infos pratiques : www.drukpa.eu

Entrée libre
 Restauration végétarienne sur place

Contact :
officedrukpaplouray@gmail.com

Rennes M. Des aides pour aider les propriétaires à mieux gérer l’eau

Dans un contexte de dérèglement climatique marqué par des sécheresses estivales répétées, l’agglomération de Rennes propoose une aide financière destinée aux propriétaires souhaitant réduire leur consommation d’eau ou désimperméabiliser leurs sols. Objectif : préserver la ressource, limiter le ruissellement urbain et accompagner les citoyens vers une gestion plus durable de l’eau.

Un appel à manifestation d’intérêt pour inciter au changement

Ce dispositif s’inscrit dans un appel à manifestation d’intérêt (AMI) ouvert depuis l’été 2025. Il est lancé en partenariat avec l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne et la Collectivité Eau du Bassin Rennais, et concerne les 43 communes de Rennes Métropole.

Il s’adresse aux propriétaires de logements individuels ou collectifs qui souhaitent :

  • déconnecter les eaux pluviales de leur réseau public d’assainissement (via des systèmes végétalisés, par exemple),
  • et/ou réduire leur consommation d’eau potable, grâce à l’installation de dispositifs économes.

Quels types de travaux sont concernés ?

Les équipements et aménagements éligibles comprennent notamment :

  • la récupération des eaux de pluie (cuves, systèmes de filtration, etc.),
  • la désimperméabilisation des sols (jardins de pluie, noues végétalisées, revêtements perméables…),
  • l’installation de toilettes sèches ou de systèmes de chasse d’eau à faible débit,
  • l’arrosage raisonné ou l’irrigation goutte-à-goutte pour les jardins.

Ces solutions permettent de limiter l’usage de l’eau potable, de soulager les réseaux d’assainissement, et de réduire les risques d’inondation en ville en favorisant l’infiltration naturelle.

Montant de l’aide financière

Le soutien financier varie en fonction de l’évaluation environnementale et technique des projets :

  • Jusqu’à 80 % du coût TTC pour les projets sélectionnés comme « lauréats » par une commission (sur la base de critères environnementaux et techniques exigeants).
  • Jusqu’à 50 % du coût TTC, dans la limite de 4 675 € par opération, pour les projets non retenus comme lauréats, mais jugés techniquement pertinents (notamment en matière de déraccordement des eaux pluviales).

Les dossiers sont étudiés chaque mois, jusqu’à épuisement du budget alloué à cette opération.

Pourquoi maintenant ?

Ce dispositif local fait écho à des tensions hydriques nationales. Alors que plusieurs départements français subissent des restrictions d’usage de l’eau, comme dans le Lot où l’arrosage est interdit en journée, Rennes Métropole prend les devants.

En favorisant une meilleure gestion des eaux à la parcelle, la collectivité anticipe les risques liés au changement climatique, tout en impliquant les citoyens dans une transition hydrique indispensable.

Pour aller plus loin

Les propriétaires intéressés contacter directement les services de la collectivité pour connaître les modalités précises de candidature à l’AMI. La transition écologique passe aussi par les toitures, les gouttières… et un peu de pluie bien canalisée.

Renseignements et contacts
Direction de l’Assainissement : assainissement@rennesmetropole.fr

Rennes. Deux nouvelles tours validées à Maurepas, soit 119 logements

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Le Conseil d’État a rendu sa décision au mois de juillet 2025 : le projet de construction de deux tours totalisant 119 logements dans le quartier de Maurepas, au nord de Rennes, est officiellement validé. Cette décision judiciaire marque l’aboutissement d’un long parcours administratif et juridique, entamé en 2022, et met fin aux recours déposés par plusieurs riverains opposés au projet.

Un projet porté par la ZAC des Gayeulles

Le programme, baptisé Ecotones, est porté par la société Ecotones-Rennes, filiale de Pierre Promotion, dans le cadre de l’aménagement de la ZAC des Gayeulles. Il prévoit la construction de deux tours accolées de respectivement 11 et 15 étages (R+11 et R+15), face au parc des Gayeulles, boulevard Raymond-Poincaré. Le projet intègre des logements, des commerces en rez-de-chaussée et un parking souterrain. Estimé à environ 15 millions d’euros, ce programme immobilier vise à accompagner la densification progressive du nord-est rennais.

Des recours rejetés par la justice

Le permis de construire avait été délivré en juin 2022, puis modifié en avril 2024. Plusieurs riverains avaient engagé des recours devant le tribunal administratif de Rennes, contestant notamment la hauteur du bâti, la perte de lumière, l’impact sur les vues, ainsi que l’abattage d’arbres et la proximité avec un bâtiment patrimonial protégé, situé au 240 rue de Fougères. Le tribunal a rejeté ces arguments en juin 2024, estimant notamment que le quartier ne présentait « ni caractère particulier ni intérêt architectural notable » et que l’impact environnemental restait limité. Des plantations compensatrices ont été prévues pour les arbres supprimés, et l’ensemble des aspects réglementaires (accessibilité, stationnement vélo, gestion des eaux, etc.) ont été jugés conformes. Le Conseil d’État a confirmé cette décision en juillet.

Un projet dans un quartier en mutation

Situé en lisière du parc des Gayeulles – l’un des plus vastes espaces verts de la ville avec plus de 140 hectares – le site de construction bénéficie d’un cadre végétal important et d’un vaste espace non bâti en face, ce qui atténuerait son impact visuel. Le quartier Maurepas-Gayeulles, historiquement résidentiel, connaît par ailleurs une transformation profonde depuis l’arrivée de la ligne B du métro de Rennes, avec de nouveaux ensembles urbains et équipements publics en projet dans le cadre du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU).

Quelles suites pour le chantier ?

À ce jour, aucune date de démarrage officielle du chantier n’a été rendue publique par le promoteur. Selon les estimations habituelles pour des projets de cette ampleur, la durée des travaux pourrait s’étaler sur environ 24-30 mois, ce qui placerait une livraison probable en 2028, en phase avec la fin des aménagements de la ZAC.

Le projet Ecotones s’inscrit ainsi dans une dynamique plus large de renouvellement du tissu urbain rennais, entre densification, préservation d’espaces verts et diversification des formes d’habitat. Les prochaines étapes seront suivies de près, tant par les habitants que par les acteurs locaux de l’urbanisme. Il ne reste plus qu’à espérer que les matériaux employés par le constructeur soit de bonne qualité, car l’optimisation des marges sur les matériaux, autrement dit la baisse de qualité de ces derniers, devient préoccupante dans nombre de constructions nouvelles.

Nantes. La Poissonne Rit Nantaise pêchent des artistes français aux styles variés

Depuis octobre 2024 grâce à Sandrine Garnaud alias Sangdar, l’ancienne poissonnerie rue Voltaire à Nantes, en Loire-Atlantique, a été réaménagée en galerie d’art. La Poissonne Rit Nantaise vous invite à découvrir des styles variés et à admirer de belles œuvres tout en réfléchissant à des sujets tels que l’écologie, la question du genre et la tolérance.

Lorsqu’on se promène dans l’hyper centre de Nantes, entre musées, lieux culturels et galeries d’art, il y a beaucoup à voir. Pourtant, impossible de manquer ce lieu faisant partie du patrimoine classé : sa belle façade colorée en mosaïque de 1934 attire l’œil. Depuis octobre 2024, l’intérieur de poutres et de vielles pierres a été rénové et est devenu l’endroit idéal pour accueillir œuvres d’art. 

Sandrine Garnaud, alias Sangdar, sélectionne plusieurs artistes aux styles variés : elle en représente entre dix et quinze à l’année dans et hors ses murs pendant des salons et événements professionnels. Le principe est de suivre les artistes sur une durée suffisamment longue afin de faire découvrir au public l’ensemble de leur univers et l’évolution de leur art. Une sélection d’œuvres, régulièrement renouvelée, présente ainsi les différentes facettes artistiques des artistes. Le spectateur y découvre des œuvres de tailles et d’ambitions créatrices différentes, représentant globalement le travail de chacun.

La galerie accepte les candidatures, mais particulièrement celles d’artistes habitant en France et ayant un univers singulier et riche. La Poissonne Rit Nantaise s’intéresse à des techniques particulières, comme l’utilisation de matériaux de récupération et de recyclage. Elle aime représenter des artistes portant une réflexion sur des thématiques actuelles telles que l’écologie, la question du genre, l’inclusion. Le lieu souhaite toutefois garder une place pour la douceur et l’espoir avec des œuvres poétiques et féeriques.

La Poissonne Rit nantaise représente actuellement dix artistes : Isabelle Motte, Louison Labeau, Sylvain Arondel, Franck Quaireau, Aurélie Jarnet,Tata Spag, Mogwen Woodworks, Aamber Maryj, Sandgar et Osama El Hefny. On y trouve donc des sculptures en bois en pierre ou en métal, des dessins en noir et blanc ou en couleur, des peintures, des photographies etc. L’ensemble crée un lieu empli de rêve et de poésie. La galerie se présente comme un lieu de rencontre entre les artistes, leurs univers, mais également comme un lieu d’échange avec les spectateurs. La galerie est un incontournable lors de vos promenades à Nantes, conçu pour être redécouvert à chaque changement de sélection d’œuvres.

Infos pratiques :

23 Rue Voltaire, 44000 NANTES
La galerie est ouverte du mardi au samedi de 14 à 19h.

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Sérent. Venez rencontrer Faustine Maladry, créatrice de champignons lumineux

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À Sérent dans le Morbihan, Faustine Maladry façonne des sculptures lumineuses où verre et bois s’entrelacent pour créer des champignons féeriques. Le travail de cette artiste est dédié à la nature, à la poésie, au merveilleux et au vivant.

L’atelier de l’artiste onirique Faustine Maladry apte la beauté de la nature avec sa magie et ses créations lumineuses en verre et bois. Depuis un peu plus d’une année, elle imagine et sculpte des champignons aux chapeaux translucides, des réalisations poétiques issues tout droit de son imagination !  

Sensible à la nature, Faustine Maladry connaissait certains champignons naturellement luminescents comme : la panelle styptique que l’on trouve en France, la mycena lucentis, ou encore  le omphalotus nidiformis ! C’est en s’inspirant de leur beauté, que l’idée de créer dans son atelier des œuvres végétales  lumineuses, germe alors dans son esprit !

Les amanites, les tricholomes, les cèpes  deviennent un microcosme forestier et se transforment en lampes, Le choix des champignons n’étant pas anodin. Ils sont le symbole de la croissance, du mystère et de la résilience de la nature ! Pour Faustine Maladry, les champignons incarnent un univers merveilleux qui la fascine…

Faustine Maladry
Faustine Maladry

Chaque champignon est fabriqué à la main avec une grande attention aux détails. Les champignons sont modelés en pâte de verre. Certaines sculptures sont recouvertes de mousse végétale naturelle stabilisée ou de lichen ; le champignon s’illumine à l’aide de LED (une diode électroluminescente), équipé d’une batterie au lithium rechargeable via un câble USB C, qui leur confère une autonomie allant de huit à douze heures ; son système électrique rechargeable est discrètement intégré dans son support en bois. Le résultat en fait une lampe de chevet, une veilleuse, une lampe d’ambiance…

Biographie :

Originaire du Nord, Faustine Maladry, 41 ans aujourd’hui, est artisane en métier d’art. Son travail s’inscrit dans la rencontre de la nature et la lumière. Elle est diplômée de l’école des Beaux Arts de Lille, En 2016, elle quitte sa région natale du Nord et embarque sur un voilier en direction de la Bretagne, une région qui l’a toujours interpellée et fascinée par son caractère maritime et par le merveilleux de ses contes et de ses  légendes. 

Elle choisit de s’installer dans le Morbihan. Après une première escale sur l’île d’Arz, c’est en campagne morbihannaise, à Sérent, qu’elle décide de s’installer et de fonder son atelier ! La sérénité et les balades dans les sous-bois et les forêts environnantes offrent toute l’inspiration propice à sa production artistique. 

Les champignons de Faustine Maladry éclaire notre vision du monde naturel, tout en créant une ambiance propice à l’émerveillement et à la contemplation.

Ocre, brun, rosâtre, immaculé, brillant, velouté, transparent, lisse, strié, rond ou pointu, élancé, aérien ou jonchant la terre, la diversité des formes et des couleurs de tous ces champignons vont devenir des modèles exceptionnels à sculpter pour Faustine Maladry. Quant au bois servant de support à ses créations, il est ramassé au gré de ses promenades sur les îles et dans les forêts bretonnes, qu’il soit  fissuré, poli, troué, tortueux, lourd ou léger, clair ou sombre…

Faustine Maladry

Faustine Maladry est membre du groupe Artistes & Créateurs du Morbihan depuis le 7 septembre 2024. Au mois d’avril 2025, elle exposait ses champignons féeriques en verre à la chapelle des Carmélites de Ploërmel dans le cadre des Journées Européennes des Métiers d’Art.

Les prochains rendez-vous avec Faustine Maladry dans le Morbihan.

Dimanche 3 août 2025 : Marché Estival de Créateurs de Vannes

Samedi 13 et dimanche 14 septembre 2025 : Festival des Arts de l’imaginaire, Naïa Museum de Rochefort-en-Terre

Finistère. Née un 30 juillet, Berthe Savigny a marqué Quimper par ses statues de céramique

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La sculptrice et peintre finistérienne Berthe Savigny (1882-1958) a créé 118 modèles de bébés en différents matériaux. Statuettes en céramique aux couleurs variées, ils représentent pour le plus grand nombre des enfants en costumes bretons, de très jeunes enfants et surtout des bébés.

Berthe Savigny
Berthe Savigny

Berthe Savigny est née le 30 juillet 1882 à Quimper dans le Finistère. Azéma, son père est marchand de vins, mais il est aussi un peintre amateur éclairé, ami avec le peintre Paul Gauguin (1848-1903), et avec les poètes Guillaume Apollinaire (1880-1918) et Max Jacob (1876-1944). Berthe Savigny grandit dans un univers artistique. Sa mère Carmèle, née Bodet, peint également ; ses frères Pierre et Paul et sa belle-sœur Yvonne, née Delavallée, seront aussi artistes tous les trois.

Suite à un accident, Berthe Savigny est atteinte d’une surdité partielle, elle rompt avec l’isolement grâce à la pratique de l’art, en pure autodidacte ; elle ne se cantonne pas au modelage uniquement ; elle peint également.

Berthe Savigny rencontre le succès avec ses célèbres bébés en 1926. Grâce à cette création, elle entre en contact avec la faïencerie Henriot-Quimper dans le quartier de Locmaria de Quimper, qui depuis 1690 façonne et décore tous ses sujets à la main ! La Manufacture édite en série d’une vingtaine de modèles en faïence blanche ou polychrome, réalisés par Berthe Savigny, qui conserve cependant la propriété de ses œuvres. D’autre part, elle signe un contrat pour l’édition de deux bébés avec une faïencerie de Malicorne dans la Sarthe. Quant à la fonderie Susse Frères de Paris, elle diffuse quelques-unes des œuvres en terre cuite de Berthe Savigny. 

Berthe Savigny s’installe à Pont-Aven. Elle travaille aussi en partenariat avec son ami peintre postimpressionniste et poète Émile Bernard (1868-1941), figure de l’école de Pont-Aven. Une correspondance entre les deux artistes a laissé penser à une aventure amoureuse ! Les deux artistes se sont échangés leur propre tête en céramique, celle de Berthe Savigny a été réalisée par Emile Bernard, et celle d’Emile Bernard a été sculptée par Berthe Savigny ! Ils restent très proches jusqu’au décès d’Emile Bernard, survenu le 16 avril 1941 dans son atelier, quai de Bourbon à Paris.

Passionnée par la thématique des enfants, Berthe Savigny a même réalisé une tête de poupou seule en 1930 ; c’est un sujet fait en grès de treize centimètres de haut sur douze centimètres de long ; l’artiste a gravé sa signature sur le côté gauche du socle.

Si un grand nombre d’œuvres de Berthe Savigny représentent des enfants, elle ne néglige pas pour autant les paysages, les natures mortes et les scènes de la vie quotidienne. Son style est empreint d’une grande tendresse et d’une grande sensibilité…

Berthe Savigny a créé quelques peintures, qui rencontrent cependant un moindre succès, et sont moins connues. Elle a 76 ans, quand elle s’éteint le 14 novembre 1958 à Pont-Aven. Elle repose dans le cimetière de la commune. À Quimper, une rue porte son nom en sa mémoire. Après son décès en 1958, son neveu Paul Alexandre Savigny Trognée, céramiste et praticien, continue à perpétuer l’œuvre de sa tante dans son atelier parisien. Depuis 2001, la faïencerie d’art breton édite en collaboration avec la famille, quatre modèles de l’artiste.

Rappel : édité en 2000, le catalogue consacrée à Berthe Savigny par le Musée de la Faïence de Quimper est toujours disponible : https://bit.ly/2TaL47S

Que faire à Rennes ce weekend ? Idées de sorties !

Que réserve le weekend du 1 au 2 août 2025 aux Rennais ? Retrouvez la sélection hebdomadaire d’Unidivers ! Payant ou gratuit, pour petits et grands, en intérieur ou en extérieur, à vous de choisir ce qui vous plaira…

Du 1er au 3 août : Spectacle En jupe et torse nu, La Comédie de Rennes – 18/ 14 €

Julien Croquet (auteur) et Nicolas Diaz mettent en scène l’histoire de Julien, un homme ordinaire qui décide de se lancer dans l’écriture d’un one man show. Malheureusement, rien ne va se passer comme prévu. Accompagné de son inconscient : Jean Marc, et grâce à l’aide des spectateurs, ils vont traverser les souvenirs et les rêves de Julien, afin de chercher la recette du bonheur… « En jupe et torse nu » est une comédie originale, dynamique et moderne, idéale pour se détendre en fin de semaine ou en vacances.

Infos pratiques : Vendredi et samedi à 21h et dimanche à 17h30. 31 Rue Xavier Grall, 35700 Rennes, France –  Billetterie

Vendredi 1er août à 20h30 : Concert de Gaëtan Henrion et Nordine Houchat, restaurant Le Sablier – Prix libre

En duo avec Nordine Houchat (guitariste de Sinsémilia), Gaëtan Henrion partage ses réflexions sur diverses thématiques actuelles, dans des chansons notamment issues de son nouvel album On en est là, sorti le 4 juillet 2025. Son humour et sa musique mêlant Hip-Hop et Jazzy Swing animera votre soirée autour d’un verre et/ou d’un repas. 

Infos pratiques : Bar Le Sablier, 70 rue Jean Guéhenno, 35000 Rennes

https://youtu.be/54EWCnuHFRA?si=0lG4cz49A3P6flfR

Samedi 2 août, 15h – 23h : « Techno-Vélo », La Ferme de Quincé – Prix libre

La Ferme de Quincé se transforme en véritable circuit sonore pour les passionné·e·s de vitesse et de techno. Le Convoi vélo musical débute à 15h au Mail Mitterand (côté place de Bretagne) pour rejoindre la Ferme de Quincé en peloton festif. Les artistes Axirable, Pti Lü, Nicolooo, Fada et MARZ se chargent de la playlist pour animer le parcours avec leur musique électronique.

Infos pratiques : lieu dit, Le Haut Quincé, 35760 Rennes – Lunettes de vitesse obligatoires et vêtements à damier hautement recommandés

Samedi 2 août, 20h : concert de Badegna Foli, La Basse Cour – Prix libre

« Badegna » signifie les frères et « foli » la musique en bambara (langue parlée notamment au Mali), c’est un groupe composé en son cœur de deux musiciens mayennais. Ils ont ensuite été rejoints par le bassiste Sekou Bah (ayant œuvré avec Fatoumata Diawara, Oumou Sangaré, Matthieu Chedid), devenu le troisième « frère de musique » du groupe.

Ensemble, ils incarnent sur scène une musique énergique et paisible à la fois, riche d’influences mêlées, où les voix du trio résonnent en français comme en bambara pour tisser des liens entre eux et avec le public.

Infos pratiques : La Basse Cour, Chemin Robert de Boron, La Prévalaye, 35000 Rennes

BADEGNA FOLI - Nous sommes un Tout (Feat Cheick Tidiane Seck)

Dimanche 3 août, 15h – 18h : « Des gâteaux sur un plateau » rue Saint-Martin – Gratuit

Chaque premier dimanche du mois, rue Saint-Martin, l’association Ludiqueer organise un après-midi jeu de société ouvert à tous et toutes. Vous pouvez apporter, si vous le souhaitez, un gâteau ou des jeux de société à partager. C’est l’occasion de découvrir de nouveaux jeux ou de faire connaître les vôtres. Avec des boissons chaudes à disposition, cet après-midi ludique prévoit de belles rencontres, des rires et de la détente.

Infos pratiques : 6 rue Saint Martin, 35700 Rennes

Dimanche 3 août, 17h : Concert de Elvi, La Capitainerie du canal Saint-Martin – Prix libre

Les p’tits bateaux vous font découvrir l’artiste rennais Elvi. Entre slam et hip-hop, il vous entraîne dans un voyage singulier, porté par les mots. L’artiste aux inspirations musicales et émotions plurielles s’exprime en poésie. Cette dernière nous unit autour d’histoires de vie qui nous ramènent au vivre ensemble.

Infos pratiques : 48 Canal Saint-Martin, 35700 Rennes

Concert Elvi à la Capitainerie des P'tits bateaux Prairies St Martin - Capitainerie des P'tits Bateaux Rennes

Retrouvez tous les événements de Rennes sur notre agenda :

https://unidivers.fr/events/categorie/rennes

Bretagne. L’Auvergnat Michel Chabanolles a posé ses valises en Bretagne pour devenir auteur

Michel Chabanolles nourrissait deux projets depuis l’enfance : celui de quitter le département du Rhône pour s’installer en Bretagne, et celui de devenir écrivain. A la retraite ses rêves sont devenus réalité. Découvrez Le sacrifié de Kermeur, son dernier roman paru aux éditions Palémon en novembre 2024.

Michel Chabanolles fait partie de ces écrivains inspirés par Le Finistère. Les 232 pages du roman policier racontent la vie de Erwan Pantec, un promoteur immobilier sérieux et apprécié de tous, mais qui hélas est retrouvé mort sur l’allée couverte de Kermeur, au bord du Bélon, dans le Sud-Finistère. Pauline de Saint-Martial, commandant de police au commissariat de Quimper, est chargée de l’affaire. Ses recherches vont rapidement la mener sur les sites mégalithiques du Morbihan. Assistée par son compagnon Jean, magnétiseur et alchimiste, et par Hubert, capitaine de police de Lorient, elle va découvrir le monde étrange du chamanisme. Grâce aux connaissances de Jean, Pauline de Saint-Martial sera guidée dans de nouvelles expériences énergétiques qui la conduiront aux portes de la vérité…

Michel Chabanolles

Biographie :

D’origine auvergnate, Michel Chabanolles s’était fait la promesse à lui-même, que le jour de sa retraite il réaliserait son rêve de gamin : celui de vivre en Bretagne même s’il n’y a aucune attache et qu’il ne connait personne. À l’âge de sept ans, il tombe sur une image dans un livre, qui représente un Pardon en Bretagne et dès lors le jeune Michel se met à espérer devenir curé en Bretagne à l’âge adulte. Cette image lui est restée en tête toute une vie qui a cependant commencé loin de l’Église.

Il commence sa vie professionnelle en qualité de militaire pendant trois. Il rejoint ensuite une grande banque pour laquelle il est programmateur informatique. Il est aussi responsable nautique de voile, pendant deux ans à Port Camargue dans le Gard, lui qui aime tant la mer…

Michel Chabanolles
Michel Chabanolles

Michel Chabanolles voyage partout dans le monde et pendant ses congés, en 1990, il part en vacances dans le Morbihan avec un ami. C’est au moment de son retour dans son quotidien qu’il décide de donner vie à son projet : aller vivre en Bretagne quand l’heure de la retraite aura sonné, car il a besoin de voir et de profiter de l’océan… Mais, exerçant au sein de la protection de l’enfance, en qualité de directeur dans plusieurs établissements dans le Rhône, il devra attendre 2023. Il pose ses valises à Beuzec-Cap-Sizun dans le Finistère, sur un terrain acheté trois ans plus tôt avec l’idée d’y construire une maison en bois dans le Cap. Comme on dit, chose promise, chose dûe.

Le 29 septembre 2018, le jour de la saint Michel, Michel Chabanolles se lance dans l’écriture de son premier roman et, bien-sûr, l’intrigue se déroule en Bretagne. Tiré à plus de 4 000 exemplaires, Le cercle de pierres, roman policier sorti aux éditions Palémon, commence sur le port d’Audierne : le corps d’un ancien marin-pêcheur est retrouvé décapité, près du cimetière de bateaux de  Port-Rhu à Douarnenez. À côté de la victime, on retrouve un dessin de l’Ankou, figure et messager de la mort dans les légendes bretonnes. Pauline de Saint-Martial, originaire et arrivée depuis peu de Haute-Loire, est nommée sur l’enquête ; capitaine de police, elle se fait aider par Jean, un Ouessantin, magnétiseur et alchimiste. Au cours de son enquête, la policière va découvrir des lieux mystiques comme Camaret, la chapelle Saint-Michel des monts d’Arrée, Brasparts, etc.

Le deuxième livre de Michel Chabanolles, L’affaire du Pré du loup, allie mystères, fantastique, ésotérisme ; le roman en scène à nouveau Pauline de Saint-Martial. L’enquête va la plonger dans l’univers de lieux chargés de mythes du Finistère, entre l’île d’Ouessant et Douarnenez, en passant par le Parc d’Armorique. Dans cette suite, un apiculteur est retrouvé assassiné dans les monts d’Arrée. Pauline va mener l’enquête avec son compagnon Jean. Ensemble, ils vont se rendre dans la maison de l’apiculteur et découvrir des choses étranges sur son passé…

Michel Chabanolles a à cœur de partager ses connaissances et de faire découvrir à ses lecteurs, les lieux bretons où l’énergie est palpable, et aussi de les rencontrer…

Parfaitement intégré à la vie des Bretons, et depuis une dizaine d’années Michel Chabanolles est aussi pilote à l’aéroclub de Quimper (29) ; depuis juin 2024, il a été élu trésorier du club.

Retrouvez la série des trois romans policiers de Michel Chamanolles aux éditions Palémon, sur sites internets et en librairies

Larmor Baden. Le Morbihan de Jean Frélaut du 2 au 14 août

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L’artiste figuratif Jean Frélaut (1879-1954), s’est inspiré des paysages du Morbihan pour ses peintures et gravures. La salle du Cairn de Larmor Baden, commune où il passait ses vacances, présente certaines œuvres du samedi 2 août au jeudi 14 août 2025.

Artiste représentatif du régionalisme breton, dont la notoriété dépasse largement les frontières de la Bretagne, Jean Frélaut est un peintre, graveur et illustrateur délicat à la touche précise. Il évoque à la perfection la vie simple et mélancolique de la campagne du Morbihan, qu’il connaissait parfaitement, sous tous ses aspects.

Dans les toiles de Jean Frélaut, le temps semble suspendu et le peintre entraîne le spectateur dans le rêve breton. Ses œuvres sont travaillées au crayon, à l’encre, au fusain. Elles sont brutes ou rehaussées d’un jus de brou de noix ou d’aquarelle. On sent dans le dessin un vif plaisir et une grande énergie à saisir la nature. Son trait a une très grande liberté…

Biographie :

Jean Frelaut est né à Grenoble (38) le 17 juillet 1879 au sein d’une famille bretonne originaire du Morbihan. Quand son père le général Auguste-Louis Frélaut est à la retraite, la famille revient s’installer dans la demeure familiale au village de La Haie, commune de Vannes (56). Après le lycée, Jean Frélaut se rend à Paris en 1897, et entre à l’École des Beaux Arts à l’âge de 18 ans, dans l’atelier du peintre de la France moderne : Fernand Cormon (1845-1924).

Il se lance dans la gravure en 1903. Après ses études, Jean Frélaut voyage en Afrique du Nord. Il est mobilisé au cours de la Première Guerre mondiale ; à son retour il est fait chevalier de la légion d’honneur en 1919. À partir de 1923, il rejoint le groupe de peintres et graveurs indépendants fondé par les peintres Jean-Émile Laboureur (1877-1945) et Raoul Dufy (1877-1953)

Jean Frélaut
Jean Frélaut

En 1926, Le peintre décide de retourner dans le Morbihan, où il aime sillonner la campagne autour de Vannes et de Larmor-Baden, à pied, à bicyclette et en moto, avec toujours des carnets dans ses poches pour dessiner tout le temps. L’été, chaque matin, il fait le tour de la pointe de Berchis qui se trouve face à l’île Radenec à Larmor Baden ! Il achète une chaumière en 1923 à Larmor Baden. 

Excellent graveur et auteur d’un large corpus, plus de 1500 planches, de 1926 à 1954, la Biennale de Venise récompense Jean Fréhaut du Prix de la gravure française à la Biennale de Venise en 1934 et trois ans plus tard, il est nommé conservateur du musée de Vannes. Il illustre de nombreux ouvrages, dont : Les fables de Jean de La Fontaine en 1941 et Le roman de Renard en 1950.

Jean Frélaut
gravure : la moisson : 1922

Grand travailleur, Jean Frélaut a réalisé outre les 1500 gravures, 500 tableaux et une douzaine de livres d’artistes. Il n’abandonne jamais le contact avec Paris ; il y vend ses œuvres aux galeries Sagot-Le Garrec et Barbazanges, en lien avec la galerie Turner à Londres. 

Jean Frélaut s’éteint le 23 décembre 1954 à Vannes, à l’âge de 75 ans.

 A la mort de l’épouse de Jean Frélaut en 1967 : Elizabeth née Pinasseau, qui lui avait donné neuf enfants, c’est la plus jeune fille du couple qui prend en main la valorisation de l’œuvre de son père, afin qu’elle ne tombe pas dans l’oubli ! Les collections de gravures de Jean Frélaut sont présentes au Musée de la Cohue de Vannes ; au Musée de Bretagne de Rennes (35) et au Musée départemental breton de Quimper (29).

Infos pratiques :

Exposition Le Morbihan de Jean Frélaut du 2 au 14 août 2025
Adresse : Salle du Cairn – 3, rue de Penn Lannic à Larmor-Baden (56)

Contact : 07 80 51 73 95

Entrée gratuite
Tous les jours de 11h à 18h

Un amour hors du temps : Carmen Yáñez ou la mémoire nue de l’exil amoureux

Par-delà le veuvage, l’exil et la clandestinité, une femme-poète ravive le feu sacré de l’amour et de la littérature. Un amour hors du temps n’est pas une autobiographie linéaire, ni même un simple récit d’amour ou de deuil. C’est un acte poétique de reconquête : reconquête de la voix après le silence, du souvenir après l’absence, et peut-être, en dernière instance, du temps lui-même, ce “hors du temps” qui donne son titre à l’ouvrage.

Une biographie amoureuse entrelaçant deux tragédies : politique et intime

Carmen Yáñez, figure méconnue du lectorat francophone, est bien plus qu’un nom accolé à celui de Luis Sepúlveda. C’est une poétesse de combat, une survivante. En retraçant leur double histoire – d’amour et de séparation, de jeunesse et de renaissance –, elle écrit contre l’effacement. Son récit prend naissance dans le tumulte des années 1970 chiliennes : la ferveur politique du jeune couple s’y mêle aux lectures fondatrices, aux nuits peuplées de Neruda et de Marx, puis à l’effondrement brutal sous la dictature de Pinochet.

Arrêtée, emprisonnée, torturée, Carmen disparaît un temps du monde de Luis. L’exil devient leur condition commune, mais séparée : deux lignes de fuite divergentes, en Europe, au Nicaragua, dans les Andes ou à Gijón. Leurs retrouvailles, à la quarantaine bien sonnée, n’ont rien de romanesque. Elles sont plutôt de l’ordre du miracle humain – ou de cette “justesse” mystérieuse qui unit parfois les êtres au-delà du temps biologique, des blessures et de la mémoire fracturée.

Écrire depuis l’absence : une archéologie du lien

Carmen Yáñez n’écrit pas pour embellir, mais pour ne pas trahir. Dès les premières pages, son style se distingue par une économie poignante. Tout excès est banni. La narration est discontinue, fragmentaire, à l’image des souvenirs qu’elle exhume : phrases brèves, paragraphes aérés, parfois aphoristiques. Ce choix n’est pas un tic d’auteur : il épouse la forme même de l’expérience traumatique et amoureuse. Comment raconter une vie interrompue à plusieurs reprises ? Comment dire l’amour quand l’autre n’est plus là pour répondre ?

Ce livre n’est pas un tombeau littéraire – il est un dialogue posthume, un ex-voto fragile adressé à celui qui fut mari, camarade, ami, père de leurs enfants, double poétique. Luis Sepúlveda n’est jamais idéalisé. Il est décrit avec son humour, sa colère, ses absences, sa générosité. L’humanité remplace l’hommage. C’est précisément ce qui rend sa figure bouleversante.

L’amour comme résistance politique

Il faut souligner l’intelligence éthique de ce récit : Un amour hors du temps ne se contente pas d’un lyrisme conjugal. Il inscrit le couple dans une géographie politique et littéraire mouvante. À travers Luis, c’est aussi tout un pan de la gauche sud-américaine que l’on voit défiler : l’Unité populaire, le sandinisme, les réseaux d’exilés chiliens en Europe. Mais ces faits ne sont jamais racontés comme des “faits” : ils se glissent dans des souvenirs de lectures, de conversations, d’un plat de poissons préparé à Santiago ou d’un poème récité en cachette.

L’amour devient ici forme de résistance. Dans une société militarisée, où les corps sont traqués et les voix censurées, maintenir un lien affectif, entretenir une correspondance interrompue, retrouver un regard d’autrefois — c’est un acte de subversion. À rebours des logiques de la violence, Carmen Yáñez fait œuvre de pacification intime.

de la survivance à la transmission : un testament poétique

Mais Un amour hors du temps n’est pas uniquement écrit pour se souvenir. Il est écrit pour transmettre. Aux lecteurs, à leurs enfants, aux amours à venir. Yáñez, dans les dernières pages, évoque la mort de Luis emporté par la Covid-19, non sans douleur, mais avec une sorte d’éblouissement lucide. La mort n’efface rien. Elle “transfigure”. L’ultime séparation devient, paradoxalement, l’ultime union. Il ne reste plus qu’à parler, à écrire, pour que l’autre vive encore dans les phrases.

Ce livre s’inscrit ainsi dans la grande lignée des récits du veuvage amoureux – ceux de Roland Barthes, Joan Didion, Simone de Beauvoir ou Joyce Carol Oates. Mais avec une singularité propre : il est traversé par la langue poétique, la mémoire sud-américaine, le souffle de l’histoire violente. La beauté du texte est indissociable de sa gravité.

Un amour hors du temps est un petit livre par le format, mais immense par ce qu’il porte. C’est une œuvre de suture, où l’écriture tente de combler le trou laissé par l’histoire et la perte. Carmen Yáñez y incarne une rare alliance : la tendresse sans naïveté, la fidélité sans aveuglement, la poésie sans emphase.

  • Titre : Un amour hors du temps. Ma vie avec Luis Sepúlveda
  • Autrice : Carmen Yáñez
  • Éditeur : Métailié
  • Traducteur : Albert Bensoussan
  • Parution : 24 mars 2023
  • Genre : récit mémoriel, autobiographie littéraire
  • Pages : 176
  • Prix : 18 €
  • ISBN : 979-1022612924

Rennes : Jean-Pierre lance un appel à l’aide après avoir de nouveau tout perdu sous le pont Saint-Martin

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 « Je n’ai plus rien », répète Jean-Pierre, assis sur son matelas défraîchi, aux abords du canal Saint-Martin. Le 10 juillet 2025, ce sans-abri bien connu des passants rennais s’est retrouvé démuni de presque tous ses effets personnels après une opération de nettoyage menée par la Ville de Rennes et la police municipale. Grâce à la générosité des Rennais, il avait vite retrouvé de quoi se vêtir et se laver. Mais, bis repetita, le 25 juillet, un individu qui aspire – semble-t-il – à récupérer l’endroit où il gîte sous le pont Saint-Martin a mis le feu à toutes ses affaires, y compris une partie des carnets où il couche sa vision originale du monde. Si vous avez un habit (xl) ou un savon que vous n’utilisez pas, Jean-Pierre est preneur. Il vous attend chaque jour en face de la Poste République et vous remercie par avance de votre aide…

Un pont devenu refuge vidé en son absence

Chaque jour, Jean-Pierre quitte son campement de fortune pour rejoindre la place de la République avec sa fidèle chienne Nougatine où il échange avec les passants ou écrit des histoires dans de grands cahiers A4. C’est là qu’il tente d’échanger quelques mots, quelques sourires, parfois quelques euros (en moyenne moins de 15 euros par jour, nous a-t-il confié). Mais ce jeudi, en revenant sous le pont de la rue de Saint-Malo, il n’a retrouvé qu’un matelas et son chariot. Tout le reste avait disparu. Produits d’hygiène, vêtements, ustensiles, souvenirs : balayés. « Je n’ai même plus de quoi me laver ou me changer », confie-t-il, visiblement bouleversé. La Ville, de son côté, assure que seule une accumulation de déchets a été retirée pour des raisons de salubrité et de sécurité, évoquant la prolifération de rats et un risque d’incendie élevé dans cet espace confiné.

Un homme libre, mais vulnérable

Jean-Pierre vit dehors par choix dans un besoin d’indépendance farouche. Il refuse d’intégrer une structure d’hébergement ou d’assistance malgré les propositions récurrentes des services sociaux. Cette liberté, il y tient. Mais elle le rend aussi terriblement vulnérable face aux aléas – humains, climatiques ou institutionnels. Déjà en janvier 2025, lors des inondations qui ont touché Rennes, il avait tout perdu. Et cette fois encore, le vide. Pour lui, ce n’est pas qu’une question de matériel : « Ces objets, c’est ma vie, c’est mon quotidien, c’est ce qui me reste. »

Une demande d’aide urgente

Jean-Pierre lance aujourd’hui un appel aux Rennaises et aux Rennais. Il a besoin, en urgence :

  • De vêtements larges (taille XL), notamment des sweats à capuche ;
  • De produits d’hygiène : savon, gel douche, shampooing, papier toilette ;
  • Et, au-delà du matériel, d’un peu d’attention humaine.

Vous pouvez le retrouver tous les jours de 12h à 18h, place de la République à Rennes, près de la boutique Foot Locker.

jean-pierre sdf rennes
Jean-Pierre

Le cas de Jean-Pierre est emblématique. Il rappelle que derrière chaque silhouette en marge des trottoirs, il y a une histoire, des refus, des blessures et des choix de vie complexes ; dans le cas de Jean-Pierre, un terrible drame familial. La Ville de Rennes évoque une « pathologie d’accumulation », une sorte de syndrome de Diogène, et insiste sur le suivi social dont bénéficie Jean-Pierre depuis plusieurs années. L’explication officielle est tout à fait entendable. Quant au suivi social, il fonctionne globalement bien à Rennes, malgré les contraintes budgétaires.

Reste que c’est un homme en détresse qui s’exprime : « J’ai besoin d’aide, tout simplement », répète-t-il. À l’heure où l’été met à nu la misère des plus précaires, l’histoire de Jean-Pierre pose une question plus large : que faire pour ne pas laisser sombrer celles et ceux qui refusent les cadres classiques de l’aide sociale, mais qui ont besoin de la solidarité collective ? La réponse n’est pas aisée. Sans doute, la raison nous prescrit-elle de ne pas l’aider et laisser Jean-Pierre être lentement contraint à rentrer dans le cadre de la prise en charge collective. De l’autre, laisser tomber Jean-Pierre, ne pas répondre à la demande d’aide d’un homme nu, c’est un peu de notre humanité, de nous tous, dont nous nous détournons.

Rennes. La start-up Rainpath révolutionne les diagnostics de cancer grâce à l’intelligence artificielle

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Depuis février 2025, la start-up médicale rennaise Rainpath facilite les analyses de biopsie grâce à l’intelligence artificielle. Les cofondateurs Mel Landelle et Antoine Delpace soulignent la volonté de supprimer l’utilisation de produits chimiques afin de gagner du temps, mais aussi d’avoir un impact économique et environnemental positif.

Afin d’accélérer l’analyse de biopsies, Rainpath remplace les colorations chimiques par de l’intelligence artificielle. Cette initiative permet d’éviter les manipulations scientifiques chronophages et présentant des risques d’erreur manuelle. Elle évite également l’utilisation de produits chimiques coûteux et toxiques.

Accélération des diagnostics 

Rainpath utilise la méthode de coloration virtuelle (Virtual Staining) : c’est une méthode utilisant l’intelligence artificielle pour modifier des images médicales. Elle permet de transformer des images colorées d’une certaine manière (comme avec la coloration H&E) en un autre type de coloration (comme l’IHC), sans avoir besoin de refaire une nouvelle analyse en laboratoire. Cet outil agit comme un filtre sur une photo faisant ressortir certains détails plus que d’autres. Avec l’intelligence artificielle, on peut changer de “filtre” sans avoir à retoucher le tissu humain. Cela permet ainsi de gagner du temps et d’éviter d’abîmer les échantillons de tissu.

La start-up souhaite également créer la « Rainbow coloration »: il s’agirait d’une présentation des tissus où chaque couleur correspondrait à une information diagnostique spécifique. Le but est de devenir le nouveau standard mondial de présentation du tissu humain avec un système plus clair pour les pathologistes.

Rainpath
Comparaison des processus de coloration des tissus

Une start-up au service de la planète et du système de santé

La start-up rennaise suit une stratégie Climat Santé. L’utilisation de Rainpath implique moins de substances chimiques. Le système de coloration traditionnel utilise plusieurs colorants chimiques, parfois toxiques : utiliser davantage de modifications visuelles numériques permettrait de réduire l’impact environnemental des laboratoires. Cela a aussi un avantage économique, car certains produits chimiques sont particulièrement coûteux pour le système de santé actuel.

Rainpath souhaite par ailleurs créer une dizaine d’emplois hautement qualifiés : l’organisation demande des développeurs, des “data scientists”, des experts en intelligence artificielle,etc. Pour être en capacité de recruter, la start-up a réalisé une levée de fonds de 2,5 millions d’euros, fin juin 2025. Elle a été permise par Teampact Ventures et le fonds régional Xplore by Epopée Gestion, suivie par The Quest, ADVANS Lab, Sharpstone et avec le soutien de BPI France.

L’objectif de Rainpath est de s’affirmer sur le marché européen puis américain : les cofondateurs Mel Landelle et Antoine Delplace souhaite obtenir les certifications médicales dans les dix-huit prochains mois afin de commercialiser la solution et d’équiper les laboratoires d’Europe de cette technologie.

Site internet

Film Nosferatu (2024) : La platitude du néant derrière des ombres lisses

Il est des œuvres qui meurent de leur ambition. D’autres, plus sournoisement, s’éteignent dans l’indifférence, comme une chandelle oubliée sur le bord d’un cercueil trop poli. Nosferatu, le remake 2024 de Robert Eggers, appartient tristement à cette seconde catégorie : un film d’épouvante qui n’effraie jamais, un hommage qui n’a ni la révérence ni la réinvention, un monument de platitude dont l’esthétique vaguement froide dissimule mal le vide créatif et un traitement petit-bourgeois.

L’avis d’Unidivers : ★★☆☆☆

Robert Eggers, que l’on savait virtuose du malaise organique dans The Witch ou The Lighthouse, s’attaque ici au mythe fondé par Murnau, en tentant d’y insuffler une gravité gothique teintée de lyrisme macabre. Hélas, ce Nosferatu s’épuise dans une posture trop calculée ; si tout semble pensé pour faire tableau, rien ne vibre. L’angoisse ne surgit jamais. La mise en scène se contente de citations appuyées, de clins d’œil codés sans jamais parvenir à convoquer l’horreur primale ou l’angoisse métaphysique qui font du vampire une figure aussi obsédante.

NOSFERATU - Bande annonce officielle VOST [Au cinéma le 25 décembre 2024]

Cette version de Nosferatu semble frappé d’une étrange neutralisation de ses propres forces. Là où l’on attendait du trouble, de la distorsion, de l’aberration formelle, on reçoit un académisme peureux au service d’un récit déroulé sans tension. Chaque séquence semble conçue pour figurer dans un making-of ou un portfolio de directeur artistique plutôt que pour faire frissonner. Le clair-obscur tant vanté se révèle pauvre, plat, privé de souffle. On ne sent jamais le froid des Carpates, ni la suffocation d’une présence spectrale. Le vampire est là, mais le vertige, non.

Le casting prestigieux, lui non plus, ne parvient pas à sauver la mise. Lily-Rose Depp, pourtant photogénique et étrange malgré un visage sans grande originalité, oscille entre l’hébétude élégante et le murmure affecté. Bill Skarsgård en Nosferatu, maquillé comme une créature sortie d’un parc à thème gothique, ne trouve jamais la justesse : il surjoue l’inquiétant. La terreur ne passe pas. Willem Dafoe, quant à lui, cabotine dans une partition mineure bien loin de ses fulgurances passées ; la dernière scène où il met le feu à la tombe du serviteur qui voulait être roi des rats (lourde référence à Peter Pettigrow dans Harry Potter) frise le ridicule.

Tout sonne faux. Ou plutôt : tout sonne vide. Le film échoue à créer une réelle tension dramatique, comme s’il avait confondu lenteur et langueur, stylisation et maniérisme. Le rythme est atone, les dialogues attendus, et les rares moments de violence sont si codifiés qu’ils perdent toute capacité de saisissement. Ce Nosferatu se regarde comme une succession d’arrêts sur image qui bien vite ennuie.

Le paradoxe le plus cruel, c’est que Nosferatu 2024 échoue à être à la hauteur même de ses aînés. Ni la sauvagerie silencieuse de Murnau (1922), ni la sensualité mortifère de Herzog (1979), ni le baroque flamboyant de Coppola (Dracula, 1992) ne trouvent ici un écho. Eggers semblait pourtant le mieux placé pour en proposer une nouvelle grammaire. Au lieu de cela, il se perd dans une surproduction propre et sans âme comme si Netflix avait financé une reconstitution muséale en haute définition.

On attendait des ombres mouvantes, des vitraux sanglants, une transe visuelle, une ESTHÉTIQUE ! On reçoit un film léché, vidé de ses sucs, qui empile les motifs gothiques sans y croire et les déconstruit sans les comprendre. Même la musique, pourtant signée par le talentueux Robin Carolan (The Northman) reste illustrative en soulignant des affects absents.

Pourquoi refaire Nosferatu ? La question n’est pas rhétorique. Quand un remake ne propose ni relecture, ni vision nouvelle, ni frisson d’aujourd’hui, alors il n’est qu’un produit de plus dans le cycle stérile des grands recyclages culturels. Ce film Nosferatu ne dialogue avec rien : ni avec le cinéma expressionniste, ni avec notre époque, ni même avec la psyché du spectateur contemporain. Un simulacre d’effroi, une coquille gothique pleine de vide, un linceul sans cadavre. Le vampire n’est pas mort ; mais, ici, il ne vit pas non plus.

Informations générales

  • Titre original : Nosferatu
  • Réalisation et scénario : Robert Eggers
  • Musique : Robin Carolan
  • Photographie : Jarin Blaschke
  • Montage : Louise Ford
  • Direction artistique : Craig Lathrop
  • Costumes : Linda Muir

Distribution principale

  • Bill Skarsgård : Comte Orlok / Nosferatu
  • Nicholas Hoult : Thomas Hutter
  • Lily-Rose Depp : Ellen Hutter
  • Aaron Taylor-Johnson : Friedrich Harding
  • Emma Corrin : Anna Harding
  • Willem Dafoe : Professeur von Franz
  • Simon McBurney : Herr Knock
  • Ralph Ineson : Dr. Sievers

Sociétés et production

  • Sociétés de production : Maiden Voyage Pictures, Studio 8, Birch Hill Road Entertainment
  • Distributeurs : Focus Features (États-Unis), Universal Pictures (international)

Dates de sortie

  • Première mondiale : 2 décembre 2024 (Berlinale)
  • Sortie en salles : 25 décembre 2024 (États-Unis et international)
  • Sortie vidéo / VOD : 21 janvier 2025
  • Sortie Blu-ray / Director’s cut : 18 février 2025

Durée et format

  • Durée version cinéma : 132 minutes
  • Version longue : 136 minutes
  • Format visuel : Couleur, ratio 1.66:1
  • Format sonore : Dolby Atmos

Budget et recettes

  • Budget estimé : 50 millions de dollars
  • Box-office mondial : Environ 181,3 millions de dollars
    • Dont 95,6 millions aux États-Unis / Canada
    • Et 85,7 millions à l’international

Distinctions

  • Oscars 2025 : nominations pour la photographie, les décors, les costumes, et le maquillage
  • Autres prix : plusieurs prix techniques (art direction, costume, musique) dans des festivals internationaux et sociétés professionnelles

Passeurs de luxe : la nouvelle frontière du trafic de migrants

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Alors que l’attention médiatique se porte sur les canots pneumatiques surchargés qui franchissent la Manche à leurs risques et périls, une autre forme de passage illégal se développe dans l’ombre. Celle d’un trafic élitiste, silencieux, souvent organisé à bord de yachts et voiliers privés. Enquête sur les coulisses d’une migration clandestine qui prend des allures de croisière.

Dimanche 20 juillet 2025, au large de l’île de Wight, les garde-côtes britanniques interceptent un voilier monocoqueimmatriculé au Havre. À son bord : deux Ukrainiens à la barre, cinq migrants – quatre Albanais et un Vietnamien – et un calme presque suspect. Loin des embarcations de fortune gonflées à bloc, l’opération intrigue les enquêteurs de la National Crime Agency (NCA). Ce voilier avait quitté discrètement les côtes françaises après avoir payé ses droits de port, sans éveiller l’attention. Du moins en surface.

Dans les jours suivants, la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lille confirme ce que la gendarmerie maritime soupçonnait depuis plusieurs mois : un réseau international de passeurs utilise des navires de plaisance pour faire passer, au compte-goutte, des migrants vers le Royaume-Uni. Une route discrète, ciblée, et beaucoup plus rentableque celle des « small boats ».

De la masse à la sélection : la genèse d’un modèle plus discret

Le phénomène n’est pas totalement nouveau. En 2022, un procès à Lille avait déjà révélé les rouages d’un vaste réseau kurde responsable de plus de 30 000 traversées illégales. Mais ces opérations se faisaient majoritairement à bord de canots semi-rigides, surchargés, parfois sans pilote, laissés à la dérive.

En réaction aux naufrages, à la surveillance accrue des drones et radars, mais aussi à la pression politique sur les plages du Nord, certains réseaux se sont adaptés. Leur cible : une clientèle plus aisée, souvent mieux connectée, capable de débourser 10 000 à 25 000 € pour une traversée « propre » à bord d’un yacht, d’un voilier ou d’un bateau de pêche.

Un rapport confidentiel d’Europol, révélé en 2024, décrivait déjà cette évolution :

« L’utilisation de moyens nautiques non conventionnels et enregistrés officiellement dans des ports européens se développe. Le profil des migrants transportés tend à se professionnaliser, avec des passeurs qui maîtrisent les codes du nautisme et les règles portuaires. »

Cas concrets : le luxe comme camouflage

● Le yacht des 21 migrants (2024)

Au large du Kent, un petit yacht blanc de six couchages est arraisonné. Il transportait 21 migrants, majoritairement albanais, dans des conditions pourtant relativement confortables. L’opération, vendue comme « sûre et rapide », avait été orchestrée depuis l’Allemagne par un homme utilisant Telegram et des intermédiaires polonais.

● Les fausses croisières via les Baléares

En Espagne, des réseaux ont utilisé des catamarans de charter au départ de Palma de Majorque, proposant des trajets via Gibraltar jusqu’à Portsmouth, avec des arrêts fictifs pour simuler un voyage touristique. Plusieurs migrants d’origine syrienne et égyptienne ont été découverts en possession de faux visas Schengen « rachetés » à des touristes en fin de séjour.

● La filière grecque via les yachts chypriotes

Un réseau démantelé à Rhodes en 2023 utilisait des yachts battant pavillon chypriote pour relier discrètement la Crète à l’Italie. Les passeurs étaient souvent eux-mêmes des migrants régularisés, ayant appris la navigation pendant leur demande d’asile.

Des réseaux professionnels, bien au-delà des clichés

Cette nouvelle génération de passeurs n’est pas constituée d’individus marginaux et violents. Ce sont des logisticiens, souvent polyglottes, maîtrisant le droit maritime et les subtilités des ports européens. Certains recrutent même des skippers sur des forums nautiques, sous couvert de convoyages privés.

Leur modèle est simple :

  • Louer ou acheter un voilier d’occasion, parfois immatriculé à l’Est de l’Europe.
  • Le faire stationner dans un port sans antécédent migratoire, comme Le Havre, Cherbourg, Concarneau ou Anvers.
  • Organiser le passage de 4 à 6 personnes, dans un laps de 24 à 36 heures.
  • Prévoir un récit de couverture (tourisme, convoyage, régate) en cas de contrôle.

L’arsenal judiciaire : à la traîne ?

En France, la JIRS de Lille comme celle de Marseille ont renforcé leur action contre ces filières maritimes. Mais l’arsenal judiciaire reste complexe à mobiliser, surtout quand les migrants ne sont pas en danger immédiat, comme c’est le cas sur les voiliers.

Les peines peuvent pourtant atteindre :

  • 20 ans de prison pour aide au séjour en bande organisée,
  • amendes allant jusqu’à 3 millions d’euros,
  • et parfois interdiction définitive du territoire français.

Mais les procédures sont longues, et la coopération avec le Royaume-Uni s’est complexifiée depuis le Brexit, malgré les accords bilatéraux de 2023.

Une frontière sociale autant que géographique

Cette mutation des passages illégaux vers l’Angleterre raconte aussi une transformation sociale : celle d’une migration à deux vitesses.

  • Les plus pauvres prennent le Zodiac, au péril de leur vie.
  • Les plus riches prennent le yacht, en toute discrétion.

Dans les deux cas, les motivations sont les mêmes : fuir, espérer, recommencer ailleurs. Mais les moyens, eux, reflètent les inégalités de capital, d’accès, et de protection. Le bateau devient un symbole : frêle esquif pour les uns, passerelle de velours pour les autres.

Derrière les traversées de luxe se cache une réalité plus vaste : celle d’une migration globale qui se recompose sous l’effet des politiques de fermeture. Les voiliers de fortune, immatriculés à Malte ou en Lettonie, ne sont que les avant-postes d’un monde qui glisse lentement de la clandestinité de masse à la discrétion sur-mesure. Un monde où, même dans l’illégalité, tout peut s’acheter — y compris le confort du silence.

Au Mans l’art dans la rue : une épopée de 60 ans de création urbaine à la Collégiale Saint-Pierre-la-Cour

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Du 7 juin au 7 septembre 2025, la Collégiale Saint-Pierre-la-Cour du Mans se mue en sanctuaire de l’art urbain. Dans le cadre du festival Plein Champ, l’exposition gratuite « L’art dans la rue, 60 ans d’art urbain » retrace six décennies de créations insurgées, engagées, parfois poétiques, souvent politiques, toujours saisissantes. Conçue par Nicolas Laugero Lasserre – éminent commissaire, collectionneur et directeur artistique de Fluctuart – et soutenue par Lefranc Bourgeois, cette exposition exceptionnelle convoque trente figures majeures du street art mondial, de Banksy à Miss Tic, de JR à Invader, de Shepard Fairey à Ernest Pignon-Ernest.

Une histoire de la rue comme territoire d’expression

L’exposition s’articule autour d’un fil narratif aussi didactique que sensible : l’histoire de l’art urbain, de ses pionniers des années 1960 à ses formes contemporaines les plus hybrides. Depuis les affiches lacérées de Jacques Villeglé jusqu’aux mosaïques pixelisées d’Invader, en passant par les silhouettes évanescentes de Jef Aérosol ou les aphorismes féminins de Miss Tic, chaque œuvre est replacée dans un continuum de lutte symbolique, d’ironie politique ou de quête existentielle.

Il s’agit ici de faire dialoguer l’œuvre in situ avec l’œuvre d’atelier, le cri des murs avec la trace durable, le geste éphémère avec la mémoire plastique. Cette dualité entre l’art de rue et la production artistique en galerie est explorée à travers des pièces rares, parfois inédites, qui mettent en lumière la complexité et la pluralité de cette scène créative devenue, selon le mot même du dossier de presse, « le plus grand mouvement artistique du XXIe siècle ».

Un lieu sacré pour un art subversif

L’image est saisissante : Banksy, JR, Obey, Miss Tic, Seth ou Invader, ces figures mondialement célèbres de l’art urbain, investissent les voûtes gothiques d’un ancien édifice religieux du XIIIe siècle. La pierre millénaire accueille ici les coulures, les pochoirs et les collages du plus grand mouvement artistique contemporain. À l’instar des fresques du Moyen Âge, les murs deviennent surface d’élévation — mais cette fois au service de la révolte, de la poésie ou de la dérision.

Ce choc esthétique entre sacralité patrimoniale et subversion populaire donne à l’exposition une portée symbolique puissante : l’art urbain n’est plus relégué à la marge. Il entre ici par la grande porte du patrimoine, sans rien perdre de son tranchant.

Un panorama inédit de la création urbaine

Commissariée par Nicolas Laugero Lasserre et portée par Plein Champ avec le mécénat de Lefranc BourgeoisL’art dans la rue – 60 ans d’art urbain rassemble 30 artistes majeurs de la scène internationale. Cette exposition gratuite déploie un parcours dense et immersif, des racines du graffiti new-yorkais à ses expressions les plus contemporaines — numériques, participatives, hybrides.

Banksy, maître de l’ironie visuelle, y côtoie Shepard Fairey (Obey) et son iconique Hope de Barack Obama ; JR et ses visages monumentaux ancrés dans l’humanité ; Miss Tic, pionnière poétique de la scène parisienne ; Invader, avec ses mosaïques pixelisées devenues planétaires ; ou encore Ernest Pignon-ErnestSpeedy GraphitoZlotykamienBruskDranJef AérosolMadameRoaSwoonTania MouraudCletMonkeyBirdBaultMoskoVLPZevs… Tous réinventent les murs, les codes, et parfois le regard.

Des œuvres puissantes, des artistes à contre-courant

La sélection opérée est à la fois savante et percutante. On y retrouve le cynisme visuel de Banksy, l’engagement écologique de Swoon, la poésie brutale de Brusk, la géométrie réplicative d’Ërell, ou encore l’ironie sémantique de RERO. Les œuvres ne sont pas là pour plaire : elles sont là pour heurter, interroger, fissurer les habitudes visuelles.

Certaines sont devenues iconiques, comme le « Crayon » de Brusk, hommage poignant aux victimes de Charlie Hebdo, ou encore les invraisemblables collages anamorphiques de JR, qui troublent notre perception des lieux publics. D’autres puisent dans l’intimité : les figures d’enfants sans visage de Seth, les maximes ironiques de Madame, les chimères urbaines de Kraken.

C’est toute une humanité fragile, résistante, marginale, qui s’exprime sur bois, sur toile ou sur panneaux de signalisation – une humanité que la ville tente souvent d’étouffer, et que l’art urbain exhume.

Une exposition dans une collégiale : le choc des sacralités

L’un des paris esthétiques les plus forts de cette exposition réside dans son lieu même. Faire résonner l’art de la rue – historiquement transgressif, parfois clandestin – avec les voûtes gothiques de la Collégiale Saint-Pierre-la-Cour est un geste fort. Le sacré y prend d’autres visages : celui des icônes urbaines, des slogans détournés, des silhouettes fantômes.

Dans ce contexte, les œuvres acquièrent une solennité nouvelle. Le silence de la pierre accentue la violence feutrée des collages, la douceur menaçante des pochoirs, la densité symbolique des installations. Ce déplacement spatial – de la rue vers le sanctuaire – interroge nos modes de réception artistique et rappelle que la rue aussi peut être un lieu de mémoire et de rituel.

Une exposition pédagogique, engagée, gratuite

L’exposition se veut accessible, dans tous les sens du terme. Gratuite pour le public, pensée dans une optique de médiation, elle présente des cartels clairs, un parcours explicatif, et des points d’entrée multiples : esthétique, politique, historique ou émotionnel.

Elle est aussi l’illustration d’une pédagogie par l’art. Ici, la rue n’est pas un simple décor mais un espace de dialogue, un laboratoire social. Elle devient, par l’intermédiaire de ces œuvres, une interface entre le citoyen et le monde, entre l’individu et le collectif.

L’art urbain : dernier bastion de la subversion esthétique ?

En cette ère d’hyper-muséalisation, où le street art est parfois absorbé par les logiques de marché qu’il dénonçait, l’exposition rappelle que l’essence de ce mouvement réside dans la tension. Tension entre visible et invisible, entre éphémère et archive, entre protestation et institutionnalisation.

En accueillant les œuvres de ceux qui, naguère, agissaient dans l’ombre ou la marginalité, la ville du Mans – par le biais de Plein Champ – signe un pacte : reconnaître dans l’art urbain un miroir du présent. Un miroir souvent déformant, parfois rugueux, mais indispensable.

« L’art dans la rue, 60 ans d’art urbain » est bien plus qu’une rétrospective. C’est une tentative de cartographier le tumulte d’un monde en mutation, à travers les gestes dissidents de ses artistes. Une exposition coup-de-poing, mais aussi coup de cœur, à voir absolument cet été au Mans.

Pourquoi faut-il voir cette exposition ?

  • Parce qu’elle offre le premier panorama muséal complet du street art, de 1965 à 2025
  • Parce qu’on y voit des œuvres rarement visibles en galerie ou en musée
  • Parce qu’elle est gratuite tout l’été 2025
  • Parce qu’elle transforme un monument historique en manifeste visuel
  • Parce qu’elle propose une expérience accessible et inoubliable, à la croisée de l’histoire de l’art et de la culture populaire
  • Parce qu’elle est, tout simplement, l’un des grands événements culturels de l’année en France

Un manifeste d’époque

À l’heure où les murs s’uniformisent, où les villes sont domptées par les algorithmes, cette exposition rappelle que peindre dans la rue reste un acte fondamentalement libre. Elle fait résonner, dans l’ombre des vitraux, les cris d’encre, les silhouettes sans visage, les slogans détournés. Elle parle du monde tel qu’il est — et tel qu’on voudrait qu’il soit. En 2025, Le Mans devient la capitale française de l’art urbain. Mais au fond, c’est peut-être le monde entier qui, à travers ces œuvres, se donne rendez-vous au pied des voûtes.

Informations pratiques

  • Dates : du 7 juin au 7 septembre 2025
  • Lieu : Collégiale Saint-Pierre-la-Cour, Rue des Fossés-Saint-Pierre, 72000 Le Mans
  • Entrée : gratuite
  • Commissariat : Nicolas Laugero Lasserre
  • Production : Plein Champ, avec le mécénat de Lefranc Bourgeois

Retrouvez chaque semaine l’horoscope qui unit votre diversité

Horoscope du 14 au 21 juillet 2025. Bon signe, bon oeil, pour celles et ceux qui savent que le ciel n’est pas qu’un plafondCe que le ciel murmure à celles et ceux qui ont cessé de simuler l’indifférence.

BÉLIER
Vous avez l’impression qu’on vous demande d’être calme alors que vous êtes né avec un lance-flammes à la place du plexus solaire. Le monde entier vous paraît figé, alors que vous êtes déjà au prochain chapitre. Et pourtant, ralentir, ce ne serait pas mourir : ce serait rencontrer quelqu’un. Vous-même, peut-être ? Cette semaine, vous pourriez avoir un éclair de lucidité en lavant une poêle ou en disant « non » sans crier. Un coup de foudre vous guette… pour un silence.


TAUREAU
On ne parle pas assez de la fatigue existentielle des Taureaux qui doivent écouter des gens instables leur dire comment vivre. Cette semaine, vous aurez envie de dire : « et si on arrêtait deux secondes de tout questionner et qu’on mangeait une pêche en regardant les arbres ? »
Et vous aurez raison. Car ce n’est pas vous qui résistez au changement, c’est le monde qui court trop vite vers rien. Une surprise douce (si vous la laissez entrer) pourrait venir d’un être lent, sincère, ou d’un animal qui vous regarde trop longtemps.


GÉMEAUX
Vous êtes cet enfant intérieur qui parle à trop de gens en même temps à l’intérieur de votre tête. Et cette semaine, vous en perdez un ou deux. Ce n’est pas grave. Vous avez toujours votre sens de la formule, mais vos mots ont faim de chair. D’un vrai contact. D’un vrai risque.
Un flirt pourrait se transformer en confession, ou en fugue. Un ex peut ressurgir pour vous parler d’un futur alternatif. Conseil cosmique : ne soyez pas ironique. Soyez inexplicablement sincère, juste pour voir ce que ça vous fait.


CANCER
On vous prend pour un coussin, alors que vous êtes une mer vivante. Cette semaine, on va essayer de se blottir contre vous sans vous demander comment vous allez. Spoiler : vous avez le droit de dire « non », ou « pas maintenant ».
Un souvenir pourrait vous bouleverser sans prévenir : photo oubliée, chanson idiote, odeur de chlore. C’est le passé qui réclame une mise à jour. Acceptez l’émotion, puis dites-lui : « merci, mais je vis ici maintenant ». L’amour rôde, mais il voudra du courage tendre, pas de la dépendance travestie en dévouement.


LION
Oui, vous brillez. Oui, les gens vous regardent. Non, ce n’est pas suffisant.
Cette semaine, vous aurez envie de faire tomber le costume doré, juste pour vérifier qu’on vous aime aussi quand vous êtes à plat, quand vous doutez, quand vous mangez seul des pâtes froides à 23h. Bonne nouvelle : quelqu’un vous voit. Vraiment. Mauvaise nouvelle : il faudra vous laisser approcher. Le pouvoir, c’est aussi savoir s’asseoir dans l’ombre et laisser quelqu’un d’autre allumer la lumière.


VIERGE
Vous avez fait des listes de vos listes et pourtant : tout est flou. Tout vous échappe, surtout vous-même. Cette semaine, Neptune vient dissoudre vos jolis plans et vos conclusions provisoires. Vous pourriez perdre vos clés, vos repères, ou votre masque. Ce sera une bénédiction.
Quelqu’un vous surprendra par sa maladresse touchante. N’en faites pas un cas, faites-en un espace. Parfois, le désordre, c’est une offrande. Et parfois, vous avez le droit d’avoir tort sans faire un rapport de 12 pages dessus.


BALANCE
On dit que vous hésitez. Mais cette semaine, c’est le monde qui vous force à trancher dans du mou. Vos envies sont nettes, vos désirs flous, vos options absurdes. Et vous devez choisir quand même.
Vénus vous rend séduisant, mais aussi allergique aux demi-vérités. Vous aurez envie de crier à quelqu’un « arrête de faire semblant ». Peut-être que ce quelqu’un, c’est vous ? La beauté vous guette dans un lieu inattendu : dans un raté, dans une chute, dans un regard que vous n’attendiez plus.


SCORPION
Vous êtes à fleur de nerf, à nu sous la peau, à vif sous les sourires. Mais vous souriez quand même, et ça impressionne les foules. Cette semaine, vous sentirez que quelque chose en vous veut éclater : une vérité, une colère, un désir.
Vous pouvez canaliser tout ça en créant quelque chose — un texte, un baiser, un silence assourdissant. Mais ne vous oubliez pas dans le rôle du sphinx. Parlez. Même si c’est moche. Même si ça tremble. Quelqu’un mérite votre chaos sincère, pas votre maîtrise froide.


SAGITTAIRE
Vous avez besoin d’espace mais vous vous cognez à tout. Aux murs, aux attentes, à vos propres contradictions. Vous avez soif d’un ailleurs qui vous échappe — et cette semaine, vous apprendrez peut-être que l’ailleurs n’est pas géographique mais temporel. Il est là. Maintenant.
Un projet peut renaître si vous cessez de vouloir le contrôler. Un amour peut fleurir si vous arrêtez de faire des blagues à chaque émotion. Vous avez le droit de pleurer devant quelqu’un. Même vous.


CAPRICORNE
Vous avez tout tenu. Le cap, les autres, vos engagements. Et là, vous êtes fatigué comme une montagne qui n’a pas dormi depuis 1 000 ans. Cette semaine, vous serez tenté de faire semblant que tout va bien. Ne le faites pas. Vous n’êtes pas un barrage. Vous êtes un humain.
Saturne vous rappelle que la solidité, ce n’est pas ne jamais plier. C’est savoir quand il faut poser ses outils. Quelqu’un pourrait vous tendre la main. Prenez-la. Même si ce n’est pas « utile ».


VERSEAU
Vous rêvez d’utopie mais vous avez oublié votre chargeur. Tout part dans tous les sens. Idées géniales, élans ridicules, plans sur 12 dimensions. Et au milieu, vous, pas certain de savoir si vous riez ou si vous vous effondrez.
Cette semaine, un moment de douceur pure vous attend. Une présence, une caresse, un rire simple. Ne cherchez pas à le comprendre. Vivez-le. Vous n’avez pas besoin d’inventer le monde ce soir. Juste d’y être, un peu plus vivant.


POISSONS
Vous êtes tout. L’éponge. La mer. La brume. Cette semaine, vous absorbez le monde comme si c’était votre métier. Et vous vous oubliez dedans. C’est beau, mais c’est épuisant. Il est temps de filtrer.
Ne répondez pas à tous les messages. Ne dites pas « je comprends » quand vous êtes brisé. Quelqu’un pourrait avoir besoin de votre lumière. Gardez-en une partie pour vous. C’est ça aussi, aimer : s’inclure dans le cercle de sa propre tendresse.

À Angers, l’arnaque à l’irlandaise refait surface : le récit d’un piège bien huilé

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ANGERS, quartier de la gare. Il est midi passé. Une femme d’une cinquantaine d’années s’apprête à remonter dans sa voiture lorsqu’un homme au fort accent britannique l’aborde, visiblement paniqué. Chemise froissée, sac à dos au pied, il désigne son téléphone éteint. « Excuse me, madam… my family is stuck. No more money, no phone… can you help me, please? »

La scène paraît presque banale dans une ville touristique. Mais cette fois, ce n’est pas une vraie détresse : c’est une arnaque rodée, dite “à l’irlandaise”, qui refait surface dans les rues d’Angers. Depuis plusieurs semaines, la police du Maine-et-Loire a reçu plusieurs signalements. La méthode n’est pas nouvelle, mais elle gagne en précision. Et en victimes.

Une mise en scène millimétrée

« Ils sont bons comédiens, très convaincants », explique un agent du commissariat central. « Ils se présentent comme des touristes en galère, souvent avec des enfants ou une femme pour renforcer la crédibilité. Ils pleurent, s’agenouillent parfois. Ils demandent un peu d’argent, parfois jusqu’à 900 €, avec la promesse d’un virement dans l’heure. »

Sur les parkings de supermarchés, les ronds-points, à la sortie du périphérique ou même à proximité des hôtels Ibis ou Campanile, des binômes tournent en quête de naïveté bienveillante. Les escrocs parlent un anglais parfait, arborent parfois un drapeau irlandais sur leur voiture immatriculée à l’étranger — souvent louée. « Ils agissent toujours très vite, profitent d’un moment d’hésitation ou de générosité », poursuit le policier.

Des victimes qui ne portent pas toujours plainte

Marc, 42 ans, en a fait les frais le week-end dernier, sur le parking du centre commercial Saint-Serge. « Ils avaient deux enfants avec eux. J’ai eu un doute, mais j’ai donné 200 euros. Ils m’ont même laissé une carte de visite, avec un numéro de compte bancaire. Le virement n’est jamais arrivé. » Marc n’a pas osé porter plainte, « honteux » d’avoir été dupé. Il n’est pas le seul. « C’est exactement ce que cherchent ces individus, explique une psychologue du service d’aide aux victimes. Ils jouent sur l’émotion, la peur de l’indifférence. Et quand la supercherie éclate, la victime se sent idiote. Elle préfère oublier plutôt que de témoigner. »

Un phénomène national et cyclique

Ce type d’arnaque n’est pas propre à Angers. Déjà repérée à Toulouse, Lyon ou sur les aires d’autoroute entre Narbonne et Lyon, l’arnaque à l’irlandaise a refait surface chaque été depuis une dizaine d’années. « Ce sont souvent les mêmes réseaux, explique un officier de la BRI. Des escrocs itinérants, parfois de nationalité irlandaise ou britannique, qui opèrent sur plusieurs pays d’Europe, et rentrent au bercail une fois la saison achevée. »

Des réseaux structurés, difficilement interpellables

À Lyon, en mai 2025, deux suspects ont été arrêtés en flagrant délit. Ils possédaient plusieurs milliers d’euros en liquide, des dizaines de reçus manuscrits signés de victimes et… des cartes d’identité falsifiées. « Leur véhicule change de plaques régulièrement. Ils sont très mobiles. Une fois repérés dans une ville, ils disparaissent. On dirait des fantômes », soupire un policier.

La police appelle à la vigilance

Le parquet d’Angers invite les victimes à ne pas rester silencieuses. Une campagne d’affichage est en cours dans les parkings et stations-services du département. Elle rappelle : « Ne donnez jamais d’argent liquide à un inconnu. Même avec des enfants. Même s’il parle bien. Appelez la police. »

La police appelle également les citoyens à faire preuve de prudence, sans basculer dans la paranoïa. « La compassion ne doit pas devenir une faiblesse. Si quelqu’un est vraiment en détresse, il accepte qu’on appelle les secours. Les escrocs, eux, refusent toujours. »

Au-delà de l’arnaque : un miroir social

Derrière cette escroquerie, une mécanique subtile : celle qui fait appel à nos élans d’humanité dans un monde dur et désincarné. Ces faussaires de la misère instrumentalisent ce qui reste de solidarité spontanée. Et forcent chacun, à chaque interaction, à se demander : est-ce que j’aide ou est-ce que je me fais avoir ?

À Angers, cet été, nombreux sont ceux qui ont préféré aider. Et certains, malheureusement, qui s’en mordent encore les doigts.

Pour toute suspicion d’arnaque, contactez le 17 ou signalez l’incident sur https://www.service-public.fr.

Culture en panne, démocratie en question : repenser l’idéal culturel français à l’heure du doute et de la sclérose

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Le 9 juillet 2025, l’Observatoire des politiques culturelles (OPC) a rendu publics les résultats de son Baromètre annuel des budgets culturels des collectivités territoriales. Le constat est sans appel : 49 % des collectivités françaises (régions, départements, communes, intercommunalités, métropoles) ont diminué leurs budgets culturels entre 2024 et 2025. Seules 22 % les ont augmentés. L’érosion est nette, transpartisane, multiforme. Comment en sommes-nous arrivés là ? A qui la faute ?

Dans le détail :

  • 65 % des départements ont baissé leur budget culture.
  • Les coupes atteignent jusqu’à 35 % dans le spectacle vivant36 % pour les festivals, et 42 % pour les aides aux associations.
  • L’éducation artistique et culturelle (EAC), pilier théorique du lien entre culture et citoyenneté, subit un recul de 31 % en moyenne.

Signe du climat ambiant : le Projet de Loi de Finances 2026 prévoit une baisse de 200 millions d’euros pour la mission Culture (-5,4 % par rapport à la LFI 2025). L’État comme les collectivités semblent entériner une tendance de fond : la culture n’est plus une priorité politique.

Mais de quelle crise parlons-nous, vraiment ?

Ce tableau budgétaire dramatique n’est pas seulement le fruit d’une conjoncture défavorable. Il est le reflet d’un basculement profond : une perte progressive de sens, de légitimité et de désir autour de la culture comme bien commun. Alors que le doxa institutionnelle qui invoque l’excellence, l’émancipation ou l’accès, ne produit plus depuis des années d’adhésion collective sinon dans des cercles déjà convaincus, rien ne change. La conception actuelle de la culture et de son administration parle-t-elle encore à la société tout entière ou uniquement à ceux qui en maîtrisent déjà les codes ? A l’évidence, à un pourcentage de plus en plus restreint.

La promesse non tenue de l’émancipation par la culture

Depuis les années 2000, l’Éducation artistique et culturelle (EAC) a été promue comme la clef de voûte du lien entre école, art et citoyenneté. Sur le papier : un idéal, un formidable objectif. Dans les faits : une politique trop souvent normative, bureaucratique et hors-sol.

Exemple global par excellence : nous sommes beaucoup à constater l’écart croissant entre les pratiques culturelles réelles des jeunes (jeux vidéo, streaming, création numérique, rap, autofiction) et l’offre scolaire institutionnelle qui demeure parfois figée ou méprisante vis-à-vis des cultures populaires car incapable d’y faire face, de la réfléchir et de prendre des décisions fortes. D’où, une perte de confiance. Un sentiment de surplomb. Et parfois même, un basculement inverse : des jeunes se radicalisent et/ou rejettent le discours culturel public car ils s’y sentent niés.

Toujours pour les jeunes, comme pour les moins jeunes, autre exemple. Dans des bibliothèques, certains bibliothécaires refusent de mettre en rayon des ouvrages d’auteurs réputés de droite (Michel Houellebecq, Alain Finkielkraut, François-Xavier Bellamy ou Eugénie Bastié) ou des magazines comme Valeurs actuelles au nom d’un « devoir éthique » autoproclamé et unilatéralement imposé. Ces décisions antipluralistes alimentent alors chez certains lecteurs un sentiment de censure idéologique et contribuent, contre-productivement, à leur basculement vers des formes de convictions anti-système, voire de droite dure, au nom de la « vérité interdite ».

Dans différents centres culturels ou MJC, des ateliers de débat ou de création participative ont été annulés ou vidés de leur substance, non pas par censure gouvernementale, mais par autocensure militante : la peur d’« offenser », de « mal représenter », de « prendre la parole à la place de » a conduit à un assèchement de la parole, du débat et de la transmission, là même où l’on devait émanciper. Le résultat : du silence ou du malaise, là où il devait y avoir échange.

Les exemples sont pléthore. Et tous pointent dans une même direction : une culture publique qui, faute de réflexion critique sur elle-même et d’ouverture à tous, s’éloigne des publics qu’elle prétend servir et court le risque de devenir l’un des vecteurs non plus de l’émancipation mais de la fracturation.

Le pluralisme culturel en trompe-l’œil : clientélisme, baronnies et pressions politiques

En fait, derrière la façade d’un service public culturel neutre et universel se cache une réalité moins reluisante : une instrumentalisation politique des subventions et des projets culturels.

  • Que dire du morcellement institutionnel français, avec ses multiples échelons de pouvoir (communes, agglos, départements, régions), dont certains n’hésitent pas à subventionner prioritairement les associations qui leur sont politiquement proches afin de créer et soutenir de véritables relais culturels partisans souvent dissimulés sous des discours participatifs, culturels et artistiques ?
  • Que dire de la direction des médias au ministère de la Culture, qui, sous couvert de modernisation ou de rationalisation, a concentré l’essentiel de ses aides à la presse sur quelques grands groupes privés capitalistiques en marginalisant ainsi de fait les éditeurs de presse associatifs, indépendants, voire engagés localement ?

Selon les chiffres du dernier rapport de la DGMIC, en 2024, près de 70 % des aides directes à la presse ont été attribuées à moins de dix titres nationaux, tous détenus par de puissants groupes industriels ou bancaires. Résultat : un sentiment de plus en plus largement partagé chez les Français d’un pluralisme politique artificiel, théâtralisé autour de quelques acteurs autorisés et promus.

Dans cette veine, on peut légitimement redouter que, d’ici dix à quinze ans, l’ensemble des grands quotidiens ait été racheté par un magnat américain. Celui-ci concentrera alors le pouvoir médiatique ou, plus vraisemblablement encore, fera disparaître les titres acquis au profit de ses propres réseaux sociaux. Ces plateformes traiteront l’information non plus selon une logique universelle et critique, mais en fonction des biais auto-affectifs des internautes.

Or, le seul véritable garde-fou contre cet avenir obscur consisterait précisément à consolider un vaste tissu territorial d’éditeurs de presse associatifs de taille moyenne — des structures qui, par nature et par choix, résisteraient à un mouvement de rachat global. Et pourtant, la République française s’emploie à les faire disparaître. Incompréhensible.

Le modèle de la culture « à la française » : un écosystème clos sur lui-même et une hypocrisie structurelle

La culture en France, c’est aussi un écosystème global fermé composé d’écosystèmes locaux eux-mêmes verrouillés. Un système qui a lentement mais sûrement dérivé vers le copinage, l’entrisme, une économie circulaire peu perméable, où l’ensemble des acteurs (institutions, réseaux, experts) reste largement aligné sur une doxa héritée des années 1980, de l’ère Lang-Mitterrand, qui n’a pas su ni voulu se renouveler et s’est enfermé dans un mode de gestion vertical d’Ancien régime.

Résultat : une répétition des mêmes schémas esthétiques et idéologiques, des discours figés, des narrations usées, un oubli progressif de la pluralité réelle de la société française, de ses imaginaires, de sa jeunesse bigarrée, vive, numérique, intuitive, hors cadre. Loin d’un conservatoire du passé, la culture devrait être un miroir éclaté du présent.

Car un autre tabou traverse silencieusement le monde culturel français : sa composition sociale et raciale ultra-homogène. Les postes de direction dans les grandes institutions (théâtres nationaux, opéras, musées, écoles supérieures, agences publiques) sont occupés très majoritairement par des hommes blancs, issus des classes supérieures. Quelques femmes blanches occupent des postes de responsabilité. Quant aux personnes issues de la diversité — immigrations postcoloniales, Outre-mer, asiatiques, milieux populaires — elles sont quasiment absentes des sphères de gouvernance.

Et pourtant, ce sont ces mêmes institutions qui, sur scène, dans leurs discours publics, leurs projets de communication ou leurs appels à projets, se posent en championnes de l’inclusion, de la diversité, de la lutte contre les discriminations. Il y a là une hypocrisie française profonde : on parle de la défense des immigrés, au nom des immigrés, sans eux ; on parle de la promotion des cultures populaires au nom du petit peuple de France, mais en le dénaturant. On programme la diversité comme thème, mais jamais comme objectif concret.

Cet écart entre l’affichage et la structure réelle du pouvoir culturel alimente un ressentiment diffus mais croissant : sentiment d’exclusion, désaffiliation, perte de confiance aussi bien de jeunes issus de l’immigration que de jeunes originaires de la France populaire. La gestion institutionnelle du fait culturel en France fragilise la légitimité même du service public culturel. Incompréhensible.

Refaire culture commune : un chantier de reconquête démocratique

Il ne s’agit pas de jeter la culture publique avec l’eau du soupçon. Il s’agit de la réinventer radicalement, de l’ouvrir, de la déranger.

Cela suppose :

  • un pluralisme réel et assumé, y compris dans les expositions et théâtre officiels (pas amateurs), les bibliothèques, les subventions et les commandes publiques ;
  • une transparence totale sur les aides culturelles (à qui, pour quoi, selon quels critères ?) ;
  • un décloisonnement des pratiques et des esthétiques qui ne hiérarchise plus de manière implicite entre culture « légitime » et culture « populaire » ;
  • une décentration politique afin que la culture ne soit plus l’apanage d’un camp, mais le terrain commun d’un peuple en débat.

Pour une culture de la dissidence partagée non de l’entre-soi conforté

La culture ne doit pas conforter ceux qui détiennent déjà les codes : elle doit inquiéter, convoquer, déplacer, y compris ceux qui la promeuvent.

Mais dans les faits, y compris les thématiques les plus radicales — identités, colonialisme, sexualités, écologie, déconstruction — sont souvent abordées dans les lieux culturels (notamment les théâtres) à travers des constructions codifiées, intellectualisées, ritualisées, qui rassurent leur public cible. On joue la subversion, mais dans un cadre esthétiquement attendu, voire embourgeoisé, balisé, quasi inoffensif.

C’est une transgression sans risque, un langage qui tourne en boucle dans le même milieu, pour les mêmes spectateurs, avec la même grammaire critique. Et ce faisant, on en vient à exclure d’autres formes de radicalité, d’autres sensibilités politiques ou culturelles, jugées trop brutales, trop populaires, trop déviantes — alors même que la culture devrait précisément être le lieu du conflit symbolique, du choc des mondes, de la coexistence inconfortable.

À cette domestication du radical s’ajoute une autre forme d’angle mort : l’invisibilisation de la question spirituelle et du fait religieux dans la culture institutionnelle française. Les enjeux religieux — qu’ils soient d’ordre personnel, sociologique ou géopolitique — traversent profondément la société française et le monde et intéressent une large partie de la population (28% des Français croient en Dieu tel qu’il est décrit dans la Bible, le Coran, la Torah, 19% croient dans une Puissance supérieure, 37% ne croient ni en l’Un ni en l’Autre, 16% ne se prononcent pas). Pourtant, ces enjeux sont largement tenus à l’écart des programmations culturelles et éducatives, comme si la laïcité à la Française signifiait évitement ou tabou. Ce refoulement participe d’une forme de censure athéiste diamat qui appauvrit la compréhension du monde contemporain et empêche de penser ce qui, pour beaucoup de ses participants, interroge, voire fait sens.

Plus largement, un décalage s’installe entre les dynamiques réelles de la société et les représentations figées proposées par les institutions. Il suffit de regarder les cours de lycée, les universités, les milieux artistiques émergents, pour constater une mixité sociale et raciale bien plus forte que celle que l’on retrouve dans les rangs de l’administration, des grandes structures culturelles ou des organes de décision publique. Cette France jeune, métissée, inventive, ouverte à des formes de culture, d’engagements, d’actions politiques et de spiritualité nouvelles ou recomposées, peine à se reconnaître dans des institutions qui lui parlent de diversité sans l’incarner réellement, que ce soit sur scène, dans les médias, les partis politiques, les conseils d’administration ou les grilles de recrutement. Le fossé entre l’énergie réelle du pays et la lenteur conformiste de ses élites culturelles ne cesse de se creuser.

Aussi la crise que nous traversons n’est-elle pas seulement budgétaire. Elle est anthropologique et politique. Voulons-nous une culture qui enseigne ou une culture qui débat ? Une culture qui reproduit ou une culture qui libère ? Une culture idéologique ou un culture démocratique ? Une culture de cour ou une culture du commun ?

C’est cette question, centrale, qui devrait être, et depuis longtemps, au cœur des choix publics. Sinon, la culture institutionnelle continuera de mourir en France — non d’asphyxie budgétaire, mais de désamour démocratique.

Quel choix en période de restriction budgétaire ?

En période de restriction budgétaire, les collectivités locales ont tendance à réduire les subventions accordées aux petites associations culturelles (et sportives) de quartier afin de préserver la tenue — et souvent l’image — des grands établissements labellisés. Ce choix, apparemment rationnel, obéit à une logique de prestige et de conservation de l’existant. Mais est-ce vraiment un bon calcul à moyen terme ?

Car en sacrifiant les lieux de création décentralisés, les structures de proximité, les initiatives associatives ancrées dans le tissu local où se trouve une vraie participation citoyenne et civique, c’est l’accès même à la nourriture culturellr pour une large part de la population qui est mis en péril. Le risque est de glisser insensiblement vers une société où la vie culturelle aidée — c’est-à-dire financée, visible, institutionnalisée — serait réservée à une minorité fermée sur elle-même, dotée du capital culturel adéquat, convaincue de son bon goût et persuadée d’incarner la norme universelle…

Ce scénario n’est pas une fiction. Il est déjà en germe dans bien des territoires, notamment la Région Pays de la Loire : les grandes scènes urbaines continuent d’être subventionnées tandis que les centres culturels de quartier, les festivals indépendants, les ateliers intergénérationnels, les petites associations locales ou les tiers-lieux ferment les uns après les autres, privés de moyens. Et pourtant, c’est là, dans cette microculture du quotidien que se cultive le liant social et s’inventent des formes audacieuses, ouvertes, vivantes. Préserver uniquement le sommet de la pyramide culturelle tout en sabrant sa base, c’est menacer l’ensemble de l’édifice. Et, ce faisant, creuser le fossé entre la culture « offerte » et les aspirations culturelles réelles des citoyens.

Une société où l’on cloisonne les espaces du savoir, de la création et du dialogue critique est une société qui s’achemine vers la dislocation de son contrat symbolique.

Une des clefs : un désarrimage partiel entre culture et politique

Depuis soixante ans, depuis les regrettés De Gaulle et Malraux, la politique culturelle française s’est définie par son adossement étroit à l’État et aux collectivités publiques. Cela a permis des avancées considérables : démocratisation de l’accès, reconnaissance des artistes, aménagement du territoire, soutien à la création. Mais aujourd’hui, ce lien est devenu ambivalent.

Le pouvoir politique, en concentrant la culture dans ses mains, a accaparé sa direction symbolique, son financement, et parfois même sa parole. À force de chercher à « piloter » la culture, il en a figé les formes, les récits et les légitimités. il l’a parfois, et de plus en plus souvent, utilisée comme levier de distinction partisane, d’affichage progressiste et de clientélisme territorial, au détriment de son souffle propre.

Sans doute est-il temps de reconsidérer ce lien. Sans rompre le soutien public — qui reste indispensable — il faudrait imaginer un « désarrimage partiel » entre culture et pouvoir politique, afin de :

  • redonner de l’autonomie aux artistes et aux structures par rapport aux agendas institutionnels ;
  • permettre aux formes alternatives, communautaires, vernaculaires, dissidentes, de coexister avec les esthétiques établies ;
  • ouvrir l’espace culturel à un pluralisme réel, y compris politique, sans soupçon ni récupération.

Ce désarrimage pourrait aussi s’inspirer de modèles étrangers. Au Québec, en Espagne ou en Suisse, certaines politiques culturelles intègrent des formes participatives plus directes, une décentralisation réelle des choix artistiques et une évaluation citoyenne des institutions. Pourquoi ne pas mettre en place en France des comités citoyens intégrés à la gouvernance des établissements culturels ? Ou encore un revenu culturel d’autonomie pour les jeunes artistes indépendants qui permettrait à une nouvelle génération de créer hors des logiques de subvention conditionnée ou de validation institutionnelle ?

Ces pistes de transformation promettent de recueillir l’assentiment verbal d’une large part des 567 222 élus locaux et nationaux qui administrent le pays, mais hélas ! pas leur engagement réel. En France, on cultive l’art de l’immobilisme avec ferveur — même quand tout s’écroule autour de nous.

Au demeurant, la culture ne peut jouer son rôle dans la démocratie que si elle cesse d’être l’organe symbolique d’un seul camp. Elle doit redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : un territoire en friction, en friction féconde, où peuvent cohabiter la mémoire et la rage, la douceur et la critique, l’expérimentation et l’héritage.

« La culture est ce qui subsiste quand on a oublié tout ce qu’on a appris »

Ellen Key, pédagogue et essayiste, in revue Verdandi, 1891, p. 97, article intitulé « On tue l’esprit dans les écoles »…

Reconnaître la Palestine : un tournant géopolitique pour la France, entre morale, droit et réponse à l’annexion

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Par un geste hautement symbolique, Emmanuel Macron vient d’annoncer que la France reconnaîtra officiellement l’État de Palestine en septembre 2025. Cette décision marque un tournant majeur dans la politique étrangère française au cœur d’un contexte mondial fragmenté, d’un Proche-Orient à feu et à sang et d’une Union européenne en quête d’une voix diplomatique cohérente.

La France n’a jamais nié le « droit des Palestiniens à un État ». Mais depuis la déclaration d’Alger de 1988, où l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) proclamait symboliquement l’État de Palestine, Paris avait choisi l’attentisme diplomatique, en préférant inscrire cette reconnaissance dans le cadre d’un règlement négocié avec Israël. Cette position, partagée avec d’autres puissances occidentales, reposait sur une double prudence : ne pas entériner un statu quo illégitime, mais ne pas isoler Israël non plus. Or, depuis plusieurs mois, cette ligne s’effondre. Les insoutenables massacres à Gaza, l’impasse du processus de paix, la radicalisation du gouvernement israélien et la reconnaissance déjà actée par l’Espagne, l’Irlande, la Norvège ou la Slovénie ont fait de la prudence française un anachronisme.

Un gouvernement israélien en rupture avec le droit

La reconnaissance par la France s’inscrit dans un contexte inédit : le gouvernement israélien dirigé par Benyamin Netanyahou n’obéit plus à aucun garde-fou international. Soutenu par une coalition d’extrême droite et de partis ultra-religieux, Netanyahou mène une politique assumée d’annexion rampante des territoires palestiniens. La colonisation s’est intensifiée de manière sans précédent en Cisjordanie, les exactions des colons se multiplient dans l’impunité, et l’éradication physique et institutionnelle de Gaza depuis octobre 2023 montre un projet de disparition de la Palestine, non plus tacite mais délibéré. Dans ce contexte, la reconnaissance de la Palestine par des États tiers devient la seule manière de s’opposer par le droit à ce projet d’effacement. Ce n’est plus un geste diplomatique de convenance : c’est un acte de résistance politique à un pouvoir hubrique qui outrepasse les normes internationales.

Une France en quête de voix géopolitique

Emmanuel Macron ne se contente donc pas d’un acte moral. Il cherche à repositionner la France comme puissance d’équilibre, face à l’unilatéralisme américain, au silence de l’OTAN, à l’enlisement de l’ONU. En se ralliant à une solution à deux États — aujourd’hui mise à mort par les faits —, Paris tente de raviver le droit en réponse à la force immodérée et de restaurer une forme d’autorité normative. C’est aussi un signal envoyé au monde arabe. Depuis la guerre de Gaza, la France a été perçue comme ambiguë, soutenant initialement le droit d’Israël à se défendre, tout en minimisant les crimes de guerre. Ce retournement tardif est aussi un geste de réparation diplomatique pour ne pas hypothéquer durablement ses relations avec le Maghreb, le Liban, l’Égypte ou les pays du Golfe.

Encore faut-il préciser combien les dirigeants de ces pays ont pu être lent et ambigus dans leur soutien à la cause palestinienne et aux Gazaouis en préférant souvent la prudence stratégique à l’indignation morale, pris entre la solidarité panarabe et leurs propres intérêts sécuritaires, énergétiques ou diplomatiques avec les États-Unis ou Israël. En ce sens, la reconnaissance française agit aussi comme une interpellation silencieuse de ces régimes en les invitant à sortir d’une neutralité de façade. Elle rappelle que la défense de la souveraineté palestinienne ne saurait être laissée aux seuls peuples, aux ONG ou aux chancelleries périphériques, mais qu’elle engage directement les grandes puissances régionales, si elles veulent encore prétendre à une stature politique crédible.

Ce geste de Paris peut donc être lu comme un pari sur un réveil diplomatique collectif, une tentative de reconstruire un axe de stabilité par le droit, et d’arracher la cause palestinienne à l’enlisement cynique dans lequel l’ont confinée tant d’années de compromis avortés, d’occasions manquées, et de réalpolitik feutrée.

Quels effets concrets ?

Au plan du droit international, la reconnaissance française de la Palestine n’a pas d’effet contraignant pour Israël, mais elle légitime les démarches palestiniennes auprès des juridictions internationales. Elle pourrait aussi renforcer l’isolement diplomatique de Tel-Aviv au sein des instances multilatérales et stimuler des mesures de rétorsion conditionnées à la fin de la colonisation. Elle réactive aussi la possibilité d’une politique européenne coordonnée. La France devient le neuvième pays de l’UE à reconnaître la Palestine. Si d’autres suivent (Belgique, Portugal, Italie ?), c’est un début de rééquilibrage diplomatique, qui redonnerait sens au droit international devant la force brute et brutale.

Mais cette décision divise profondément la société française. La gauche, les écologistes, une grande partie du centre (gauche et droite) applaudissent un « geste juste, même tardif ». À droite et à l’extrême-droite, on fustige un « cadeau au Hamas », un « signal dangereux », voire un acte irresponsable vis-à-vis de la communauté juive de France.

Cette reconnaissance, sans accompagnement pédagogique républicain, pourrait intensifier les tensions communautaires. Pour autant, ces tensions sont déjà exacerbées et le conflit israélo-palestinien est trop souvent instrumentalisé comme miroir des fractures françaises. La responsabilité de l’État est ici d’autant plus grande : il devra articuler le geste extérieur avec une politique intérieure de concorde.

Et après ?

Israël d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec l’État pionnier, travailliste et laïque des décennies fondatrices. Il y a quarante ans encore, le paysage politique israélien était structuré autour d’un centre-gauche sioniste, porté par des figures universalistes issues du mouvement ouvrier, héritiers des kibboutz et de la laïcité juive européenne. C’était l’époque de Golda Meir, de Yitzhak Rabin, du Parti travailliste dominant, et d’un débat public encore perméable aux idéaux de coexistence.

Aujourd’hui, le cœur du pouvoir israélien s’est déplacé vers une droite nationaliste, identitaire et religieuse, incarnée par Benyamin Netanyahou et ses alliés ultraorthodoxes ou suprémacistes. L’extrême droite messianique façon Itamar Ben Gvir, naguère marginale, structure désormais la coalition gouvernementale, tandis que l’opposition laïque est fragmentée et en recul.

Cette mutation profonde reflète des évolutions démographiques, sociales et idéologiques internes, où les élites progressistes d’hier cèdent la place à une société plus conservatrice, plus religieuse, et plus méfiante à l’égard des normes internationales. Israël n’est plus l’ »île démocratique » dans la région qu’elle prétendait être, mais une puissance armée retranchée dans un récit de force et de légitimité divine, au détriment de la paix et du droit.

Dans un monde où Israël, sous Netanyahou, ne reconnaît plus ni l’ONU ni la Cour pénale internationale, et agit en rupture ouverte avec les normes du droit international, la reconnaissance de l’État de Palestine par la France s’impose comme un geste ultime afin d’empêcher l’effacement programmé d’un peuple. Ce n’est plus un pari diplomatique : c’est un acte d’interposition morale, un rempart de papier face aux bulldozers, mais peut-être le dernier possible.

La reconnaissance de la Palestine n’est pas un chèque en blanc. L’Autorité palestinienne reste fragile, fragmentée, sans légitimité élective depuis 2006, minée par la corruption et la défiance populaire. La France devra accompagner son geste d’une stratégie claire :

  • conditionner son aide à un retour à la démocratie palestinienne,
  • encourager une réunification entre Gaza et la Cisjordanie sous gouvernance civile,
  • et faire pression sur Israël pour cesser toute politique d’annexion ou de punition collective.

L’honneur du geste ne suffira pas. Seule une constance politique, une diplomatie déterminée et un soutien effectif aux forces démocratiques palestiniennes permettront d’en faire un levier de paix, et non un acte d’archives.

Le CycloTour des Tiers-lieux Bretagne revient en octobre 2025

Du 2 au 5 octobre 2025, la 2e édition du CycloTour des Tiers-lieux, 100 % finistérienne, entraînera des cyclistes curieux et engagés de Quimper à Brest, à la découverte de dynamiques collectives territoriales.

En 2023, une quarantaine de participants avaient partagé une belle aventure collective entre Lorient et Redon. Cette année, des contributeurs ont conçu un itinéraire de 170 km jalonné de découvertes et de rencontres inspirantes. Ouvert à tous, même aux non-sportifs.

Une dizaine de dynamiques collectives et alternatives seront visitées : cafés associatifs, tiers-lieux nourriciers ou culturels en milieu rural, associations de sensibilisation à la mer et au littoral, structures d’insertion… Autant de lieux où des collectifs et des individus « refont le monde » en repensant l’alimentation, l’habitat, le travail, la création ou encore le lien social. À chaque étape, les participants rencontreront les porteurs de projets et découvriront leurs territoires d’action. Chaque initiative devient une source d’inspiration concrète.

Les participant·es, venu·es de toute la Bretagne et d’ailleurs, se retrouveront d’abord à Quimper, au tiers-lieu inclusif et apprenant Flux. Ils visiteront ensuite un écolieu avant de faire halte à la Pointe Emmaüs au Cap Sizun, un lieu mêlant hébergement social et touristique, restauration et ressourcerie. Le lendemain, ils rejoindront les Ateliers Jean Moulin à Audierne pour rencontrer des artisans, puis découvriront à Douarnenez un centre social et l’association Ystopia, engagée dans la sensibilisation au littoral et à la mer. En soirée, un moment festif est prévu avec un bal folk à l’Île au Vent, lieu dédié à la permaculture et à l’agroécologie, à Ploeven (29).

Le lendemain, cap sur le tiers-lieu culturel rural RunArPuns à Châteaulin (29), où les participant·es prépareront un repas collectif avec les bénévoles, avant de visiter le tiers-lieu nourricier La Ferme de Kervilavel. Le dernier jour sera consacré à la rencontre avec la communauté de travail de La Serre à Plougastel, et à un bilan sensible de cette expérience collective, à Brest.

La convivialité étant au cœur du CycloTour, les repas sont préparés collectivement ou par des artisans locaux, à partir de produits bio et de saison. Seul·e, en famille, entre amis ou collègues, chacun·e est bienvenu·e dans ce groupe ouvert et chaleureux. Le parcours à vélo est encadré par un guide à l’avant et un serre-file à l’arrière, tandis que des « flèches » s’arrêtent aux intersections pour assurer la fluidité du groupe. Trois formules tarifaires sont proposées : hébergement sous tente, en dur, ou tarif réduit.

Pour en savoir plus : www.apluscestmieux.org/cyclotour-bzh

Crédits photos : CléaMosaïque

Love Island USA ou la comédie romantique terminale : miroir brillant et crétin de notre époque

PREVIOUSLY ON LOVE ISLAND USA : ils sont beaux, gainés, tatoués, parfois brillants, souvent clichés, toujours ultra conscients des caméras. Ils s’appellent Huda, Nic, Olandria, Bryan ou Cierra, et ils ont été enfermés dans une villa sponsorisée par la dépression hédoniste pour “trouver l’amour”… sous le regard addictif d’une société qui ne croit plus à l’amour, mais reste accrochée à son fantasme.

Love Island USA” n’est pas juste la téléréalité la plus regardée des États-Unis : c’est la plus scrutée, commentée, mimée, et, surtout, vécue par procuration. Chaque épisode est une tranche d’“intimité stratégique”, chaque relation une négociation entre libido, image publique, et stratégie d’écran.

Et c’est là que ça devient fascinant : Love Island, ce n’est pas de l’amour, c’est de la gamification relationnelle. On “matche”, on “recouple”, on vote, on rejette — comme on swipe sur Tinder, sauf que là, on est en HD 4K et qu’on porte des maillots de bain pensés pour maximiser le temps de cerveau disponible. Chaque geste est une mise en scène de soi, chaque flirt un pari sur sa durée de visibilité. Le show a atteint un tel degré de méta que les candidats eux-mêmes parlent ouvertement de leur « edit », de leur stratégie de popularité, ou de leur rencontre avec le psy du show après un échec amoureux – comme si l’émotion elle-même devenait un script à ajuster.

LOVE ISLAND USA

Pourquoi sommes-nous captivés ? (Spoiler : ce n’est pas l’amour !…)

On regarde Love Island USA non pas pour croire en l’amour, mais pour s’assurer que l’amour est devenu impossible. Et cette certitude est, paradoxalement, rassurante. Parce que la série nous offre une esthétique du naufrage affectif : on se regarde dans ce miroir en riant, en jugeant, en analysant. Et parfois, on se surprend à ressentir — une forme d’empathie post-ironie.

Derrière les “recouplings” et les bisous de circonstance, il y a l’angoisse contemporaine de ne plus savoir comment aimer sans performance. On regarde Love Island USA comme on regarderait Black Mirror version piscine à débordement : ce qui nous fascine, c’est la possibilité que plus personne ne sache ce qu’est une émotion non monétisée.

Les Millennials avaient “Friends”, les Gen Z ont “les Villain edits”

Ce qui différencie fondamentalement Love Island USA des émissions de rencontre des années 2000, c’est la conscience méta des participants. Ils parlent en langage TikTok, pensent en likes, vivent sous forme de mèmes. Ils savent qu’ils doivent pleurer pour exister à l’écran, mais pas trop pour ne pas paraître faibles. Ils connaissent les codes : être “The People’s Princess” (Amaya), éviter le “villain edit” (Cierra), capitaliser sur la vulnérabilité calibrée (Huda et son histoire familiale poignante révélée en confessionnal).

Ce n’est plus de la télévision, c’est de la gestion de marque personnelle sur fond de baisers chorégraphiés. Et cela nous dit quelque chose d’essentiel : nous vivons dans une époque où tout lien intime est potentiellement monétisable, où le couple est une startup érotique évaluable en “engagement metrics”.

The most INSANE season of Reality TV…Love Island USA Season 7

Une clinique des affects contemporains

On pourrait croire que cette série est creuse. Elle est au contraire une archéologie de nos failles collectives. L’obsession de l’image, la peur de l’oubli, la quête désespérée d’authenticité dans un monde saturé de filtres.

On voit des gens jouer à être amoureux, comme on joue à être “safe”, “woke”, “deep”, mais jamais “trop”. Trop intense ? Tu fais peur. Pas assez impliqué ? Tu es toxique. Les émotions sont régulées comme des flux de données. Et c’est ici que la psychanalyse s’invite en catimini : Love Island USA rejoue en boucle le trauma du regard – que suis-je quand je ne suis pas regardé ? L’amour devient un outil de validation. Le désir, un contrat.

Est-ce grave, docteur ?

Pas nécessairement. Car derrière le sarcasme et les paillettes, Love Island USA est peut-être la tragédie douce-amère la plus fidèle à notre époque. Ce n’est pas une satire de l’amour, c’est un testament de ce qu’il en reste.

Et si on regarde cette émission en se moquant, c’est peut-être aussi parce qu’on a peur. Peur que nos propres relations soient devenues des îles — artificielles, jolies, mais désertées de sens. Et que, pour paraphraser The Cut, nous aussi, parfois, on n’attende qu’une chose : être libérés de la villa.

Aimer à l’ère du streaming

Love Island USA, c’est un peu comme un test de Rorschach émotionnel : certains y voient un divertissement kitsch, d’autres une dystopie affective, d’autres encore une forme de vérité tordue sur les nouvelles écritures de l’intime.

Et si, au fond, on continuait à regarder non pas malgré sa superficialité, mais grâce à elle ? Parce qu’en 2025, dans un monde saturé d’angoisse, parfois, la plus grande sincérité est celle qui se cache derrière un faux baiser au bord d’une piscine.

The Love Island USA Finale Was Actually Reality TV GOLD - Love Island USA Season 7 Finale Recap

Rennes. Le groupe Samsic s’installera à EuroRennes fin 2027

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Mardi 8 juillet 2025, la première pierre du futur siège social du groupe Samsic a été symboliquement posée rue de l’Alma, au cœur du quartier EuroRennes, à proximité immédiate de la gare. Ce bâtiment d’envergure, conçu pour accueillir 750 collaborateurs, sera livré fin 2027.

Cette maison en briques rouges, bien connue des Rennais, semble presque oubliée au milieu des constructions modernes d’EuroRennes. Pourtant, c’est à proximité de l’Octroi, qu’un nouveau chapitre urbain s’ouvre avec la construction du siège de Samsic.

Bien que les travaux aient débuté en décembre 2024, la cérémonie du 8 juillet marque le lancement officiel du programme immobilier Blériot-Féval, en présence de l’aménageur Bati Armor, du pôle immobilier For Immo, du groupe Blot et de Rennes Métropole.

Le groupe Samsic, entreprise bretonne de services aux entreprises, emploie aujourd’hui 140 000 personnes dans le monde.

« Nous avions besoin de nous agrandir pour accueillir les 750 personnes qui travaillent à Cesson-Sévigné. Et nous serons bien dans ce quartier, à proximité de la gare et à 1h30 de Paris », a précisé Christian Rouleau, fondateur du groupe.

Plus de la moitié de l’activité de Samsic se déploie désormais à l’international. Le choix d’EuroRennes s’impose donc pour sa connectivité, la qualité de ses transports en commun, et l’intégration aux mobilités douces (pistes cyclables, métro, bus).

Le programme Blériot-Féval : une ville mixte, accessible et durable

Le nouveau siège social s’inscrit dans un projet urbain plus vaste, pensé autour de la gare et piloté depuis une quinzaine d’années par Rennes Métropole.

« Ce quartier, c’est un concentré de ce que nous voulons comme ville : attractive, accessible et ouverte à toutes et tous », a rappelé Nathalie Appéré, maire de Rennes et présidente de Rennes Métropole.

samsic rennes

Blériot Nord – Siège du groupe Samsic

  • Deux bâtiments de huit étages
  • Reliés par un gradin de toitures-terrasses végétalisées
  • L’Octroi, maison patrimoniale du site, sera conservée et restaurée pour accueillir des bureaux annexes

Ilot Féval – Une tour d’habitation emblématique

  • Immeuble de 17 étages (50 mètres)
  • 180 logements, des bureaux et commerces en pied d’immeuble
  • Respect des normes environnementales RE2020 seuil 25
  • Usage de béton bas carbone et espaces extérieurs privatifs pour chaque logement

Blériot Sud – Logements en accession solidaire

  • 32 logements accessibles grâce au bail réel solidaire (BRS)
  • Ce dispositif dissocie le foncier du bâti, permettant de réduire significativement le coût d’acquisition pour les futurs propriétaires

Un nouveau visage pour EuroRennes

Ce projet immobilier participe à la transformation du quartier EuroRennes en un pôle mixte et durable, mêlant logements, emplois, commerces et services. Il reflète aussi l’ambition métropolitaine : faire de Rennes une ville connectée et inclusive, tournée vers l’avenir.

Livraison prévue : fin 2027
Nombre de salariés accueillis : 750

Photo : Arnaud Loubry, Rennes Ville et Métropole

DANGEROUS ANIMALS de Sean Byrne ou quand les mâchoires s’ouvrent sur la psyché humaine

Présenté à la Quinzaine des Cinéastes du Festival de Cannes 2025, Dangerous Animals n’est ni un énième « shark movie » ni un simple slasher estival, mais une proposition dérangeante, hybride, où la violence de la nature se fond dans les abysses de la perversion humaine. Sean Byrne, cinéaste australien révélé avec The Loved Ones (2009) et The Devil’s Candy (2015), signe ici son œuvre la plus aboutie, fusionnant deux mythologies de la peur : celle du requin et celle du serial killer.

Note avis : ★★★★☆

Un thriller aquatique entre deux monstres : le squale et l’homme

La Gold Coast australienne, réputée pour ses plages de rêve et ses spots de surf, devient le théâtre d’un huis clos maritime suffocant. Zephyr (interprétée par la magnétique Aisha Dee), jeune surfeuse marginale en rupture de ban avec la société et ses conventions, est kidnappée par Tucker (Jai Courtney, glaçant de retenue), opérateur de plongée en cage… et sociopathe. Ce dernier, dans un rituel baroque, immerge ses proies dans une danse macabre où l’eau salée devient le tombeau liquide de ses pulsions.

Loin des clichés du film de requins — jump scares, morsures numériques, héros musclés —, Dangerous Animals joue une partition plus retorse. Le requin y est moins le tueur que le témoin, le complice passif d’un sadisme anthropocentrique. C’est l’homme qui devient ici le véritable prédateur apex.

Une mise en scène clinique de la cruauté

Byrne fait preuve d’un sens du cadre chirurgical. Le bateau de Tucker, réduit à quelques mètres carrés, devient un théâtre d’oppression à ciel ouvert. L’élément liquide, omniprésent, n’offre aucun refuge. Loin d’être un simple décor, l’océan agit comme un révélateur des psychés : vaste, profond, indifférent.

Le montage, nerveux mais jamais hystérique, alterne temps suspendu et éclats de violence, jouant sur la tension plus que sur l’horreur graphique. Le film préfère la suggestion à l’explicite : un plan prolongé sur un hublot embué, des cris étouffés, des reflets d’eau rouge.

Mention spéciale à la bande sonore, aux confins du sound design et de la musique industrielle, qui fait du ressac une plainte continue. La mer n’est plus romantique : elle est menaçante, amniotique, primale.

Dangerous Animals (2025) - Bande annonce HD VOST

Un sous-texte féministe et politique

Zephyr n’est pas une victime passive. Le scénario évite avec intelligence le trope de la final girl traditionnelle. Sa résistance n’est pas une performance de survie musclée, mais une guerre des nerfs, une reconquête mentale de son intégrité. En cela, Dangerous Animals rejoint des films comme Hard Candy ou Revenge, où l’horreur devient l’outil d’une émancipation.

Au-delà du féminisme, Byrne tisse une critique amère du tourisme de sensations fortes, de l’objectivation des corps (humains ou animaux), et de la virilité toxique. Tucker, figure d’un capitalisme morbide, exploite à la fois la peur des requins et l’attrait qu’ils suscitent. Sa cage de plongée est une métaphore limpide : celle de l’humanité qui croit contrôler la nature tout en s’y enfermant elle-même.

Héritages et renouvellements : une esthétique du contre-pied

La réussite du film tient aussi à sa capacité à dialoguer avec ses prédécesseurs sans s’y soumettre. Il détourne Jaws (1975) de Spielberg en inversant les forces : ici, la menace ne vient pas du large, mais du pont du bateau. Il évoque The Shallows(2016) tout en s’en écartant narrativement, préférant l’affrontement psychologique au combat physique. L’humour noir à la Silence of the Lambs affleure même parfois, dans les monologues glaçants de Tucker sur l’écologie et le darwinisme marin.

Dangerous Animals n’est pas un film parfait — certains dialogues sont appuyés, la dernière séquence frôle le symbolisme lourd — mais il ose. Il ose brouiller les pistes, fusionner les genres, injecter de la pensée dans le sang. Sean Byrne signe ici un thriller sensoriel et psychanalytique, où le requin n’est plus un monstre, mais le miroir d’un monde où la sauvagerie a changé de camp.

Un film pour les amateurs de genre, certes. Mais aussi, surtout, pour celles et ceux qui veulent voir ce que l’horreur dit de nous — et du monde que nous avons créé.

FICHE TECHNIQUE

  • Titre original : Dangerous Animals
  • Réalisateur : Sean Byrne
  • Scénario : Sean Byrne, Alice Bell
  • Production : Causeway Films (Australie), Pathé Films (distribution internationale)
  • Durée : 1h47
  • Genre : Thriller / Horreur / Survival
  • Pays : Australie
  • Langue originale : Anglais
  • Date de sortie (France) : 2 juillet 2025
  • Musique : Jed Palmer
  • Photographie : Germain McMicking
  • Montage : Jack Hutchings
  • Effets spéciaux (requins) : Un mélange d’effets pratiques et de CGI supervisé par la société australo-néo-zélandaise Rising Sun Pictures
  • Tournage : intégralement réalisé en décors naturels au large de la Gold Coast, Queensland (Australie)

DISTRIBUTION PRINCIPALE

  • Aisha Dee : Zephyr, la surfeuse
  • Jai Courtney : Tucker, le tueur en série obsédé par les requins
  • Ryan Corr : Moses, ex-petit ami de Zephyr, lanceur d’alerte
  • Ursula Yovich : la mère de Zephyr, activiste aborigène
  • Thomas Weatherall : Kai, jeune plongeur embarqué dans la traque

PALMARÈS & FESTIVALS

  • Quinzaine des Cinéastes – Festival de Cannes 2025 : standing ovation et mentions critiques unanimement positives
  • Prix du Meilleur Réalisateur – Sydney Fantastic Fest
  • Sélection officielle – Karlovy Vary (section Midnight Movies)
  • Pré-nomination aux AACTA Awards 2025 pour meilleure actrice (Aisha Dee) et effets visuels

Naissances en recul, décès en hausse : la France au bord du silence démographique

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Un frisson discret traverse les chiffres. 651 000 morts, 650 000 naissances. Ce n’est presque rien, mille voix d’écart à l’échelle d’un pays. Mais ce murmure statistique, publié sans fanfare par l’Insee, scelle un basculement inédit : pour la première fois depuis la Libération, la France compte plus de cercueils que de berceaux. Un solde naturel négatif, discret mais lourd. Une bascule démographique qui n’est pas un effondrement, mais un avertissement — et peut-être le symptôme d’un trouble plus profond.

Une rupture feutrée, mais décisive

À Saint-Dié, dans les Vosges, la maternité a fermé en 2024, faute de naissances suffisantes. À quelques kilomètres de là, la maison de retraite affiche complet, et le maire évoque « une ville qui s’endort sur elle-même ». Ces réalités locales rejoignent aujourd’hui le tableau national.

Jusqu’ici, la France faisait figure de rempart dans une Europe en déclin. Le pays aux bébés pleins les bras, encore dopé par son image des années 2000, résistait à l’hiver démographique. Mais cette époque est révolue. Le solde naturel — différence entre naissances et décès — est passé sous zéro. Ce n’est pas une simple statistique. C’est un tournant civilisationnel.

Pourquoi les berceaux se vident ?

Un désir d’enfant devenu incertain

Les raisons sont nombreuses. Mais il faut commencer par l’essentiel : le désir d’enfant vacille. Pas chez toutes et tous. Mais assez pour que la courbe fléchisse.

Sarah, 33 ans, cadre à Toulouse, confie : « J’aimerais un enfant, mais entre mon CDD, le loyer à 950 euros et l’hôpital à 45 minutes… je repousse. Et parfois je me demande : pourquoi le mettre au monde, ce bébé ? » C’est une phrase qu’on entend de plus en plus. Pas un rejet, mais une fatigue. Une peur. Un trop-plein d’incertitudes.

Le taux de fécondité s’effrite, lentement mais sûrement. À 1,68 enfant par femme, il ne garantit plus le renouvellement des générations. Et derrière les chiffres, il y a un basculement intime, presque silencieux, dans les esprits.

La grande panne de confiance

Faire un enfant, c’est un pari sur l’avenir. Mais dans une société qui doute de demain, les paris se font rares. Crise climatique, anxiété économique, isolement, travail fragmenté : les jeunes générations sont moins portées par l’idée d’héritage et plus préoccupées par l’idée de tenir.

Autrefois, un enfant était une évidence. Aujourd’hui, il devient une question : aurai-je les moyens ? le temps ? l’énergie ? et lui, quel monde va-t-il habiter ?

Le contre-choc du vieillissement

En parallèle, la France entre dans l’ère du papy-boom. Les générations du baby-boom (1946-1973) atteignent des âges avancés. Les décès se multiplient. Dans les salons de l’Ehpad de Périgueux ou les chambres silencieuses d’Albi, la fin de vie s’étire. La démographie, ici, n’est plus une croissance, mais une mémoire en train de s’effacer.

Qu’est-ce que cela change ? Tout. Ou presque.

L’économie des vivants

Ce ne sont pas que des chiffres. Chaque berceau vide, c’est une école qui ferme, une nounou au chômage, un village qui se tait. Chaque décès, c’est une transmission qui s’arrête, un métier qui disparaît, une histoire qu’on n’écrira pas.

Moins de jeunes, c’est moins de travailleursmoins de cotisantsmoins de dynamisme entrepreneurial. Une population qui stagne ou décline, c’est aussi une économie qui respire moins vite.

Une France vieillissante, plus lente, plus fragile ?

Les cartes sont déjà en train de se redessiner : dans la Sarthe, la Corrèze, l’Aude, des villages deviennent des maisons de retraite à ciel ouvert. Les écoles ferment, les pharmacies tiennent à peine. Une France grise remplace la France verte.

Et cette France vieillit sans toujours être soignée. Car le système de santé rural s’effondre. Et les métiers du soin — aides-soignantes, infirmiers — manquent, partout.

Un pacte social à réécrire

Nos modèles sociaux sont bâtis sur la croissance. Retraites, sécurité sociale, services publics… tout suppose un équilibre démographique. Ce n’est plus le cas.

On ne pourra pas faire comme si de rien n’était. Il faudra choisir : travailler plus longtemps ? cotiser davantage ? ouvrir davantage les frontières ? réduire certaines prestations ? Ou inventer autre chose — un pacte intergénérationnel repensé, moins comptable, plus humain ?

Quelles issues possibles ?

Plutôt que d’agiter la peur, il faut ouvrir des chemins. Voici quelques pistes, parmi d’autres :

Refaire société avec les jeunes adultes

On parle toujours de la natalité en chiffres. Mais la natalité, c’est le fruit d’un écosystème : confiance, logement, éducation, dignité au travail. Il ne suffit pas d’augmenter les allocations. Il faut reconstruire un horizon vivable pour les trentenaires.

Assumer un récit migratoire positif

La croissance démographique de demain, si elle a lieu, viendra de l’immigration. La France devra choisir : se recroqueviller, ou organiser ce mouvement avec intelligence, respect, exigence. Faire de l’accueil une politique, pas un tabou.

Redonner sens au temps long

Dans une société où tout va vite, le soin, l’éducation, la transmission doivent devenir les nouveaux piliers. Moins d’enfants ? Alors mieux les élever. Moins de jeunesse ? Alors lui donner plus de pouvoir. Plus de personnes âgées ? Alors les faire entrer dans la vie commune, et non les reléguer.

Accepter une France à taille humaine

Et si nous étions trop nombreux pour les limites de la planète, et trop dispersés pour l’intensité du lien ? Peut-on imaginer une France de 65 ou 64 millions d’habitants, sobre, dense, juste, équitable, heureuse ? Ce n’est pas un scénario catastrophe. C’est peut-être un futur désirable.

La France de 2025 respire moins vite. Elle entre dans un âge adulte, peut-être mélancolique, mais pas nécessairement triste. Ce basculement démographique est un miroir. Il ne dit pas seulement combien nous sommes. Il dit qui nous devenons.

Le monde change, lentement. Les générations passent. Mais la question demeure : quelle mémoire voulons-nous honorer et quel avenir sommes-nous prêts à rêver, ensemble ?

Le Conservatoire du littoral à la croisée des chemins : protéger le rivage malgré les vents contraires

Depuis 50 ans, le Conservatoire du littoral incarne en France une mission unique : protéger les rivages contre la bétonisation, restaurer les équilibres écologiques, et garantir aux générations futures l’accès à un patrimoine naturel irremplaçable. Mais à l’heure des restrictions budgétaires et des réformes de l’État, cette institution discrète mais essentielle fait face à des incertitudes préoccupantes.

Le Conservatoire du littoral, un outil public exemplaire… mais fragile

Créé en 1975 sur le modèle du National Trust britannique, le Conservatoire du littoral acquiert, par voie amiable, des terrains menacés le long des côtes françaises. Il en assure ensuite la restauration et la mise en valeur écologique, en partenariat avec les collectivités locales. Il protège aujourd’hui plus de 215 000 hectares, soit près de 20 % du linéaire côtier métropolitain, ainsi que des sites ultramarins remarquables.

Au fil des décennies, son action a permis de sauver des marais, des dunes, des falaises et des mangroves de l’urbanisation irréversible. Il a aussi favorisé la biodiversité, soutenu la résilience des milieux au changement climatique, et maintenu l’accès libre à des milliers de kilomètres de sentiers et de plages.

Mais derrière cette réussite se cache une structure légère, à l’équilibre précaire : environ 200 agents seulement, un budget plafonné à 40 millions d’euros par an, et une dépendance croissante aux cofinancements européens ou régionaux pour l’entretien et l’aménagement des sites.

Des alertes nombreuses, des réformes à surveiller

En juillet 2025, une tribune signée par de nombreuses personnalités du monde de l’environnement, relayée dans Le Monde, a tiré la sonnette d’alarme : selon ses auteurs, les discussions en cours autour de la rationalisation des opérateurs publics feraient peser un risque de dilution, de fusion ou de suppression du Conservatoire, au nom d’une simplification administrative. Ce danger est jugé incompatible avec les enjeux écologiques croissants du littoral.

Ces craintes s’appuient sur plusieurs éléments concrets :

  • Une commission sénatoriale s’est penchée en 2025 sur la réduction du nombre d’agences publiques. Elle a évoqué la possibilité de regrouper les opérateurs du ministère de la Transition écologique, parmi lesquels figure le Conservatoire.
  • Le budget d’acquisition foncière est plafonné malgré la hausse continue du prix du foncier côtier. En 2023, seules 1 800 hectares ont pu être acquis, loin des objectifs initiaux.
  • Le rapport de la Cour des comptes de mars 2024 souligne un affaiblissement de ses capacités d’entretien et d’aménagement, en raison du manque d’autofinancement.
  • La mission foncière du Conservatoire pourrait être concurrencée ou affaiblie si elle était absorbée par un organisme plus large, comme l’Office français de la biodiversité (OFB), dont les priorités sont différentes.

Cependant, aucune réforme officielle n’a pour l’instant été annoncée. Le ministère de la Transition écologique continue de défendre le Conservatoire comme un “outil stratégique” dans la lutte contre l’artificialisation des sols et pour l’adaptation au changement climatique. Plusieurs parlementaires de tous bords ont également exprimé leur attachement à cette institution unique.

Ce qui est en jeu

Derrière ces tensions budgétaires et administratives se pose une question de fond : quelle vision la France souhaite-t-elle adopter pour ses rivages à l’horizon 2050 ?

À l’heure où l’érosion côtière s’accélère, où les tempêtes gagnent en intensité et où les pressions immobilières demeurent fortes, le Conservatoire reste l’un des rares outils publics capable d’agir à la source, en acquérant des terrains pour mieux laisser la nature faire son œuvre. Il ne remplace ni la loi littoral ni les documents d’urbanisme : il les complète par une action concrète, souple, non coercitive.

Sa disparition ou son affaiblissement signifierait une perte de capacité d’intervention foncière directe. Et, peut-être, une renonciation implicite à une vision de long terme, sobre et généreuse, du rapport entre l’humain et le littoral.

Le Conservatoire du littoral n’est pas une relique technocratique. C’est une forme d’intelligence territoriale, à la fois écologique, foncière, paysagère et démocratique. Sa survie, son renforcement ou son affaiblissement dépendront des arbitrages politiques des prochains mois.

Les citoyens, les élus locaux et les associations ont un rôle à jouer dans ce débat. Il ne s’agit pas seulement de défendre une institution. Il s’agit de choisir, collectivement, le futur visage de nos rivages.

Une pétition a été lancée sur change.org

Nostalgia-Nostalghia de Martone-Tarkovski : deux regards sur l’exil et la mémoire

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Par-delà les quatre décennies qui les séparent, l’exceptionnel film italien de Mario Martone (2022) et le chef-d’œuvre italo-soviétique d’Andreï Tarkovski (1983) tissent un dialogue troublant. Non seulement par la parenté de leur titre, mais par leur manière d’interroger la mémoire, le retour, la perte, et cet élancement de l’âme que des médecins suisses nommèrent nostalgie en 1688. Pourtant, ces deux œuvres paraissent éloignées dans leur grammaire cinématographique. L’une s’inscrit dans un réalisme charnel et politique ; l’autre dans une liturgie de l’invisible. Mais dans cette distension survient et se dérobe une puissance invisible et paradoxalement consolatrice.

Dans Nostalgia, Mario Martone filme le retour d’un homme à Naples après quarante ans d’absence. Felice, expatrié au Caire, converti à l’Islam, retrouve sa mère mourante et entreprend de renouer les fils d’un passé interrompu. Ce passé a un nom, un visage : Oreste, son ancien ami d’enfance, désormais chef camorriste du quartier. Avec lui, adolescents, ils ont fait les 400 coups, jusqu’à l’irréparable… Le retour n’est pas un apaisement mais une collision entre mémoire intime et réalité violente.

NOSTALGIA I Bande-annonce

Chez Tarkovski, dans Nostalghia, un poète russe en Italie, voire le poète russe, est traversé par le mal de l’exil – un état diffus, mystique. Il erre dans une Toscane figée, contemplative où le paysage devient prolongement diffracté du moi. Là aussi, il y a une figure miroir, Domenico. Ce fou mystique qui réclame un geste de foi pour sauver le monde (mais n’est-ce pas là le sens même du cinéma de Tarkovsky ?…). Le retour, ici, n’est pas géographique. Il est intérieur, spirituel. Ulysse veut le retour à Ithaque et la créature dans le sein de son Créateur.

Nostalghia – Andrei Tarkovsky – 4K Re-Release Trailer

Martone convoque la nostalgie comme affrontement avec le passé social ; Tarkovski l’èlève au rang de rituel métaphysique. Pour ce faire, les deux incarnent – et incarnent l’histoire à travers un mode : celui des corps en ruines, des villes en deuil.

Naples, dans Nostalgia, est une ville vivante, mais gangrenée. Elle suinte la chaleur, la poussière, les non-dits, la peur et la joie à l’avenant – la guerre désespérement radicale entre le Mal et le Bien. Martone la filme comme un organisme urbain vivant, contradictoire, où le sacré côtoie le crime, où les souvenirs ne sauraient être jamais pleinement doux car toujours troublés, percutés. La caméra se glisse dans les ruelles comme dans un corps blessé ; les coups de couteaux, les marques de tirs, les motos brulées ponctuent la ville autant que les images pieuses. Le film adopte ainsi un réalisme charnel, quasi documentaire, où la ville est personnage organique à part entière.

Tarkovski, lui, filme l’Italie comme une terre étrangère désincarnée, peuplée de ruines, d’églises vides, de sources stagnantes, comme on filme l’histoire quand on la conçoit au passé. Il y a peu de corps vivants, mais beaucoup de matières : l’eau, la pierre, le feu, la brume. C’est un cinéma du signe, pas du contexte. Les paysages ne décrivent pas un monde, ils traduisent un état d’âme, des incarnations désincarnés, du moins spiritualisés, des icônes d’états d’être. Que certains non sans raison, mais hâtivement, réduiront au syntagme figée d’ « âme russe ».

Là où Martone observe, Tarkovski médite. L’un expose une ville en crise ; l’autre élève le lieu au rang de contexte-fonction-symbole. Deux géographisations de la foi, l’absurde et la mémoire.

Alors, tous deux mettent en scène des figures sacerdotales. Un prêtre dans Nostalgia tente de sauver la jeunesse napolitaine ; un prophète dans Nostalghia demande qu’un cierge soit porté à travers un bassin vidé d’eau comme acte de foi ultime. Ces figures sont les vecteurs d’un salut possible toujours recommencé, mais aussi du doute à l’égard du monde qui est l’autre face propédeutique du tragique.

Felice est venu à la rencontre de son destin et meurt en homme de bonne volonté dans l’incompréhension d’un ordre mafieux qui broie les élans affectifs. Andreï meurt dans une résonance cosmique, une recomposition de la Russie dans une église en ruine. Les deux morts sont tragiques, mais l’une est politique, l’autre sacerdotale. Certes, côté russe, politique et sacerdoce sont la double face de la tentation césaro-papiste d’une idée-peuple qui se sera cru et se croit encore (mais désormais en doutant) le Monde et l’Humanité.

Martone regarde le réel, dans son implacable brutalité ; Tarkovski regarde l’invisible, dans son insoutenable beauté. Martone voit Satan tomber comme l’éclair ; Tarkovsky réfléchit les illusions miroitantes de Lucifer. Et le pas de Lucifer est lent quand celui de Satan est d’une violence dérobée. Ils sont deux épreuves du temps, chacun faisant temporalité.

Ainsi, les deux films partagent un rythme lent, mais en font des usages radicalement différents. Chez Martone, la lenteur est pleine de tension contenue. Elle creuse l’attente d’un drame inévitable. Le récit est lisible, structuré, psychologiquement tendu. Chez Tarkovski, la lenteur est suspendue en hypnose, en alpha astral. Les plans-séquences ne construisent pas une progression, mais ouvrent des abîmes. Le récit devient méditation. Chaque image est un temps vécu, une prière visuelle. La lenteur chez Martone sert l’émotion ; chez Tarkovski, elle interroge la nature du regard lui-même. C’est ainsi que la nostalgie s’avère ligne de fracture, autrement dit ce qui divise l’intime.

Nostalgia et Nostalghia forment un diptyque puissamment complémentaire. L’un s’enracine dans le sol instable de Naples, l’autre plane dans l’éther de l’Italie métaphysiquement rêvée. L’un parle du poids des souvenirs dans un corps vivant, l’autre de la transcendance qui immane du monde. Deux films qui font l’épreuve du retour – mais pour l’un, le retour est une guerre contre le présent ; pour l’autre, une tentative d’habiter la lumière après la chute. L’un est exil de Satan, l’autre de Lucifer.

En somme, deux conceptions du cinéma : l’une néoréaliste et affectif, l’autre mystique où le monde est sémiologie théologique. Et dans cette opposition convergente émerge la question : que peut-on encore sauver du passé en soi et dans le monde ? Et faut-il sauver le passé pour sauver le présent ?

Ce tremblement intérieur que les deux films suscitent

Il y a 30 ans quand j’avais dévoré la rétrospective Tarkovky au cinéma Saint-André des Arts et, hier soir, en regardant le film de Martone sur Arte, j’ai eu l’impression d’habiter, dans les deux cas, un même lieu intérieur, un même état d’âme, un même frisson suspendu. Je viens d’en exposer les raisons… contradictoires. J’ajouterai qu’en leur coeur et leur creux, ces deux œuvres épousent une forme de nostalgie ontologique plus qu’émotionnelle : une nostalgie de ce qui n’a peut-être jamais existé ou de ce que nous avons laissé mourir sans le comprendre. Ce n’est pas tant un lieu ou un temps que nous pleurons, mais une vérité silencieuse que nous avons désertée – une mère, une foi, une pureté, l’amitié, l’humanité, une possibilité, l’éternité (moins un jour).

Martone filme Naples comme Tarkovski filme la Toscane : non pour les représenter, mais pour y chercher quelque chose de perdu, d’effacé, d’enfoui. Et cette quête confère aux deux films une semblable texture de deuil, une densité grave, cette même lumière terne qui fait jaillir comme un éclat chaque visage, geste, silence et parole.

« Ainsi, celui qui pénètre dans l’intensité du silence, qui en explore les multiples bruitages que sont ces clignotements infinitésimaux, accède alors – écrivait Vladimir Jankélévitch – à ses murmures : le raffinement d’une parole, d’un message, d’un chuchotement de la vie qui sont les contraires du néant. »

La parenté ressentie n’est donc pas narrative, ni même formelle, elle est vibratoire. Les deux films forcent à ralentir, à écouter autrement, à accepter l’imperceptible. Ils ont déposé en moi un poids doux et durable, une émotion impalpable mais insistante, comme une prière que je n’aurais pas entendue mais dont le souffle m’aurait traversé.

Peut-être est-ce cela, justement, la nostalgie : non la douleur de l’impossible révolution vers l’origine, mais le trouble causé par sa persistance muette dans le présent. Ce tremblement intérieur. Cette brûlure lente. Cette fatigue métaphysique. Fatigue universelle de la mémoire. Fatigue de l’Occident.

Paris. Frédéric Noy à l’Espace Frans Krajcberg : un regard photographique sur le sanctuaire oublié d’Udzungwa

Du 10 septembre au 10 octobre 2025, l’Espace Frans Krajcberg, Centre d’Art contemporain Art et Nature, présente l’exposition « Le monde perdu d’Udzungwa », fruit du travail immersif du photojournaliste Frédéric Noy. Ce projet constitue la troisième escale des Rendez-vous photographiques initiés par la controversée Fondation Yves Rocher dans le cadre de sa campagne internationale « Au nom de la biodiversité ».

Une immersion dans un sanctuaire méconnu

Le parc national d’Udzungwa, situé dans le centre de la Tanzanie, est l’un des joyaux les plus secrets de la biodiversité africaine. Sur seulement 2 000 km², ce territoire escarpé, brumeux et luxuriant, abrite un exceptionnel taux d’endémisme, notamment parmi les primates, comme le très rare Kipunji, découvert au début des années 2000. Délaissé par les circuits touristiques classiques, ce sanctuaire naturel souffre pourtant de multiples menaces : déforestation domestique, expansion agricole centrée sur la monoculture, pression démographique et recul progressif des corridors écologiques.

C’est ce monde fragile que Frédéric Noy a exploré et documenté pendant plusieurs mois. Son objectif ? Rendre visible ce qui ne l’est plus, en révélant non seulement les merveilles biologiques du site, mais aussi les dynamiques humaines et les tensions socio-environnementales à l’œuvre. Loin de tout sensationnalisme, ses images s’attachent aux marges de l’actualité et privilégient la durée, le récit, la complexité.

Frédéric Noy photo

Frédéric Noy, une démarche de témoignage

Né en 1965, Frédéric Noy est un photographe documentaire reconnu pour ses travaux au long cours menés en Afrique, en Asie centrale et au Moyen-Orient. Qu’il s’agisse de minorités stigmatisées, de territoires en mutation ou de conflits oubliés, ses récits photographiques cherchent à décentrer le regard, en évitant les filtres ethnocentriques. Cette exposition sur Udzungwa s’inscrit dans cette lignée : elle donne à voir une nature en sursis, mais aussi les initiatives locales de résilience — comme les programmes agroforestiers portés par des ONG tanzaniennes.

En se plaçant dans la filiation de Frans Krajcberg — artiste brésilien d’origine polonaise ayant fait de l’art un outil de dénonciation écologique dès les années 1960 —, Frédéric Noy poursuit une œuvre de témoignage et d’alerte. Il ne s’agit pas ici de « sublimer » la nature pour la consommer en images, mais de susciter un éveil face aux processus invisibles de destruction lente.

Frédéric Noy photo

L’Espace Frans Krajcberg, un lieu d’engagement

Installé au cœur du 15e arrondissement de Paris, l’Espace Frans Krajcberg est à la fois un centre d’art, un laboratoire de réflexion et un lieu de mémoire. On y découvre les œuvres du sculpteur et photographe Frans Krajcberg, réalisées à partir de bois calcinés, de racines arrachées et de matériaux récupérés dans les forêts brésiliennes dévastées. À travers lui, l’art devient cri — cri de rage, cri d’espoir.

C’est dans cette perspective que le partenariat avec la Fondation Yves Rocher a pris tout son sens. Depuis 2023, trois photo-reporters sont accueillis à leur retour de mission pour une exposition et un partage avec le public. Udzungwa vient clore ce cycle entamé avec le Pantanal et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Frédéric Noy photo

La Fondation Yves Rocher, entre action et controverses

Créée en 1991 par Jacques Rocher, la Fondation Yves Rocher revendique une action directe pour la nature, avec des programmes tels que Plant for Life (120 millions d’arbres plantés à ce jour) ou Terre de Femmes qui soutient les initiatives écologiques portées par des femmes. L’exposition de Frédéric Noy entre ainsi dans le cadre d’une campagne de sensibilisation internationale par la photographie.

Cependant, cette mobilisation de la Fondation s’accompagne de critiques récurrentes visant la maison-mère Yves Rocher. Plusieurs enquêtes et articles soulignent une profonde dissonance entre les actions de mécénat et les pratiques industrielles de la marque de cosmétique. Absence de transparence sur l’impact environnemental réel, recours à des ingrédients contestés, emballages peu vertueux… Le terme de greenwashing revient fort souvent dans les analyses critiques. Le contraste entre l’image véhiculée par la Fondation et les réalités de l’entreprise soulève une question centrale : jusqu’où la communication écologique peut-elle masquer les contradictions structurelles d’un modèle industriel mondialisé qui aimerait se faire croire vertueux ?

Frédéric Noy photo

Une invitation à regarder autrement

Malgré ces regrettables ambiguïtés, l’exposition de Frédéric Noy ne s’enferme pas dans un discours institutionnel. Elle convoque le spectateur au-delà du spectaculaire en l’invitant à porter attention aux nuances, aux tensions, aux respirations d’un territoire que l’on pourrait croire perdu, mais dont les visages, les plantes, les gestes du quotidien dessinent encore une ligne de résistance.

Frédéric Noy photo

INFORMATIONS PRATIQUES
Frédéric Noy, « Le monde perdu d’Udzungwa »
Espace Frans Krajcberg – 21 avenue du Maine, Paris 15e
Du 10 septembre au 10 octobre 2025
Du mardi au samedi, 14h–18h (nocturne mercredi jusqu’à 20h)
Entrée libre – www.espacekrajcberg.fr

Grand-Champ. L’association Chercheurs d’images expose ses Instants d’année 2025

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L’association Chercheurs d’images de Grand-Champ dans le Morbihan a mis en place au sein du parc Ty Kreiz Ker une exposition grand format en plein air : Instants d’année 2025. C’est aussi à Grand-Champ qu’aura lieu le Festival photos Regards de voyageurs, au mois d’octobre 2025

L’association Chercheurs d’images, , présidée par Pierrette Le Gal, a pour but de favoriser les rencontres amicales entre photographes amateurs. Elle compte une trentaine de photographes de Grand-Champ et des communes environnantes dont la plupart d’entre eux a participé à ce nouveau projet d’exposition photographique.

expo Grand-Champ
les membres de l’association Chercheurs d’images de Grand-Champ

L’exposition Instants d’année 2025 se compose de 39 photographies qui donnent l’occasion de découvrir le travail diversifié des photographes de l’association au cours de l’année, ainsi que leur expression artistique dans des thèmes très différents : paysages ; animaux ; oiseaux ; lieux emblématiques parfois méconnus ; manifestations sportives et culturelles.

Les techniques photographiques sont variées et souvent surprenantes. L’exposition se présente sous forme de déambulation à l’ombre des grands arbres du parc…

C’est une seconde exposition pour cet été 2025, que l’association des photographes de l’association Chercheurs d’images offre au public avec Instants d’année 2025, depuis le 28 juin 2025 ; en effet une première exposition, baptisée Pêle Mêle, avait déjà permis de découvrir la cinquantaine de clichés installés dans la véranda du jardin d’hiver du Ti Kreiz Ker, et restée visible jusqu’au samedi 5 juillet dernier.

expo Grand-Champ

L’ensemble des deux expositions présente une sélection de 90 photographies qui témoignent de la curiosité et de la créativité des membres de l’association. Elles ont été extraites de la sélection de photographies présentées tout au long de 2024 et 2025 ; elles devraient être exposées ensuite dans les médiathèques des communes environnantes…

La commune de Grand-Champ profite de l’occasion pour annoncer le 6e Festival photos Regards de voyageurs, les vendredi 24, samedi 25 et dimanche 26 octobre 2025.

expo Grand-Champ
Isabelle Serro

L’invitée d’honneur du festival sera Isabelle Serro, reporter-photographe professionnelle. Diplômée d’un Master en Commerce à l’International, Isabelle Serro arpente depuis plus de 20 ans les zones dites sensibles à travers le monde. À travers son objectif, elle donne une voix aux populations souvent oubliées, et documente les enjeux vitaux qui les touchent. Titulaire d’un Master en Journalisme multimédia, elle crée, en 2018, sa société de production audio-visuelle : Isabelle Serro Production – ISP.  Isabelle Serro présentera deux reportages suivis d’une rencontre, avec l’objectif de sensibiliser le public :

– le premier portera sur les habitants d’une île de l’archipel des San Blas au large du Panama et qui est menacée par la montée des eaux. 
– le second sera une conférence sur l’empreinte écologique de la fast fashion, cette mode à petits prix qui pousse à  la consommation. 

expo Grand-Champ

L’association Chercheurs d’images organise un concours réservé aux jeunes photographes de moins de 25 ans. Le gagnant du concours se verra offrir le tirage d’une douzaine de photos et une place d’exposant au festival. Le comité de sélection jugera sur la qualité des clichés, la cohérence dans le thème, l’originalité ou le point de vue. Le concours est organisé avec le soutien du spécialiste des impressions photos Pix in the city de Auray (56)

Le dossier est à télécharger sur www.chercheursdimages.com. 

Infos pratiques

 Exposition Instants d’année 2025, jusqu’au samedi 15 novembre 2025.
Adresse : Parc Ty Kreiz Ker à Grand-Champ (56)
Contact : chercheursdimages@gmail.com 

Rennes. Odacité : Espacil revient à Maurepas pour construire le siège d’une ambition durable

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Avec Odacité, le groupe Espacil inaugure un nouveau chapitre de son histoire là où tout a commencé : dans le quartier Maurepas-Gayeulles. Ce siège social ouvert, innovant et ancré dans son territoire symbolise un double engagement : celui de bâtir des lieux de vie durables et de participer activement à la transformation des quartiers populaires de la métropole rennaise.

« Odacité incarne notre ambition collective : construire des lieux de vie durables, ouverts et ancrés dans les territoires », explique Julia Lagadec, directrice générale d’Espacil.

Un ancrage historique qui fait sens

C’est ici, à Maurepas, qu’Espacil a livré en 1958 sa toute première résidence, Le Pierrefonds (114 logements). Ce quartier a vu naître les valeurs sociales et coopératives du groupe. Trécesson (1960) et Balleroy (1962) viendront prolonger cette implantation pionnière. Près de 70 ans plus tard, Espacil y installe son nouveau siège social, dans un territoire en profonde mutation, marqué par les dynamiques de renouvellement urbain portées par le NPNRU, la Ville de Rennes et la métropole.

Un projet mixte au cœur du quartier

Situé rue Guy RopartzOdacité accueille désormais 230 collaborateurs d’Espacil dans un bâtiment à la silhouette audacieuse de 17 étages, mêlant bureaux, logements et commerces de proximité.

Pensé par l’agence forma6 et réalisé en collaboration avec Korus Group, le programme réunit :

  • Le siège social d’Espacil : 6 000 m² de bureaux sur 3 niveaux autour d’un patio central
  • L’agence locative Rennes Nord d’Espacil Habitat (4 168 logements gérés)
  • 107 logements dont :
    • 73 en accession (accession maîtrisée, accession coopérative, Pinel)
    • 34 logements sociaux en Prêt Locatif Social (dont 3 adaptés pour personnes âgées)

Un lieu de travail moderne, ouvert et certifié

Le siège social a été conçu pour favoriser collaboration, confort et sobriété environnementale, selon les normes CERTIVEA HQE – niveau ExcellentEffinergie+, et les préconisations WELL (qualité de l’air, lumière, acoustique…).

« Odacité n’est pas un simple immeuble de bureaux, c’est une manière d’habiter la ville et d’y travailler autrement », souligne Catherine Dumas, architecte du projet.

rennes espacil

Une offre résidentielle adaptée et accessible

73 logements en accession

Situés dans la tour principale (plot 1), les logements proposent une diversité de formules :

  • 37 logements en accession maîtrisée (T3 à partir de 176 000 €, 2 900-3 000 €/m²)
  • 18 logements en accession coopérative (T2 dès 180 500 €, 4 500-4 700 €/m²)
  • 18 logements Pinel (studio à partir de 135 500 €, 4 500-4 800 €/m²)

34 logements sociaux en PLS

Répartis dans les plots 2 et 3, ces logements présentent des loyers accessibles :

  • T2 (≈ 54 m²) : 527 €/mois
  • T3 (≈ 63 m²) : 656 €/mois
  • T4 (≈ 84 m²) : 750 €/mois
  • T5 (≈ 103 m²) : 987 €/mois

Ces logements intègrent des terrasses partagéesune serre commune et des espaces collectifs propices à la convivialité.

Une architecture vivante et durable

La façade ouest, imaginée par l’artiste Susan Khöl, évoque un canevas urbain contemporain grâce à sa maille perforée. En cœur d’îlot, jardins partagésaires de jeux et terrasses végétalisées façonnent un paysage social vivant et respirant.

Saint-Nazaire : Rendez-vous au Grand Café avec Lou Masduraud

Du 27 juin au 26 octobre 2025, le Grand Café de Saint-Nazaire accueille une exposition aussi singulière qu’organique : Ta crème immunitaire, une création in situ de l’artiste Lou Masduraud. Pensée comme une réponse sculpturale aux strates du bâtiment, cette exposition dialogue subtilement avec l’histoire, les matières et les corps.

Lou Masduraud : sculpter les flux, dérégler les normes

Née en 1990 et aujourd’hui installée à Genève, Lou Masduraud s’est imposée au fil de la dernière décennie comme une figure montante de la scène artistique européenne. Diplômée de l’École des Beaux-Arts de Lyon et de la HEAD – Genève, elle développe une pratique sculpturale singulière, à la croisée du politique, du sensuel et de l’organique. Représentée par la galerie Ada à Rome, elle a récemment exposé au Kunsthaus Langenthal, au CRAC Alsace, à l’Institut français de Berlin ou encore au MAMCO de Genève, et a reçu le prestigieux Swiss Art Award en 2024.

Ses œuvres, souvent in situ, prennent la forme d’interventions spatiales complexes, entre installations monumentales et micro-sculptures, objets ambigus ou bijoux portés. Ce sont des pièces poreuses, ouvertes à leur contexte, travaillées comme des membranes, traversées de flux – biologiques, sociaux, affectifs, institutionnels. Refusant toute hiérarchie entre matériaux, échelles ou statuts des objets, Lou Masduraud invente des formes où le décor devient critique, et la matière politique.

Au cœur de ce geste : une question sur les corps. Le bâtiment devient métaphore d’un organisme à la fois singulier et traversé de relations, à l’image de chaque corps humain dans sa dimension politique, sensuelle, chimique. Le titre, Ta crème immunitaire, joue de ce double régime : le soin intime et cosmétique, et la défense immunitaire, faite de reconnaissance et de discrimination du soi et du non-soi. Une interrogation que prolonge la lecture de Donna Haraway : « Pourquoi nos corps devraient-ils s’arrêter à la peau ? »

Lou Masduraud
Lou Masduraud

Lou Masduraud convoque également les sciences dures : lors d’une résidence récente au CERN, elle a exploré la corrosion, la tension, les transferts atomiques dans les matériaux. Ces phénomènes deviennent ici autant de métaphores de notre condition humaine : nous résistons, nous nous oxydons, nous échangeons. Et ses œuvres en cuivre, ses rigoles incrustées, ses fontaines intimes ou ses cabinets de contorsion en sont l’exact prolongement plastique.

L’exposition ne se contente pas de montrer : elle trouble, elle dérègle, elle infiltre. Le mobilier est déplacé, les fonctions sont renversées. Des sculptures-bijoux migrent sur les mains du personnel, des dentelles métalliques habillent des plaies murales, un lampadaire se plie comme une colonne vertébrale. Le Grand Café devient alors un corps collectif, un palimpseste sensoriel et politique, où l’on expérimente la porosité des êtres et des lieux.

Horaires et accès

  • Ouverture : du mardi au dimanche, de 14h à 19h
  • Jours fériés : ouverture assurée, y compris le 15 août
  • Entrée libre et gratuite

Autour de l’exposition : une programmation gratuite

L’exposition de Lou Masduraud ne se limite pas à une expérience visuelle : elle s’accompagne d’un ensemble de rendez-vous ouverts à toutes et tous, petits et grands.

Visites commentées du samedi

Chaque samedi à 16h00 (sauf le 18 octobre)
Durée : 1h à 1h30

En compagnie d’un·e médiateur·ice, découvrez les œuvres et les intentions artistiques à l’origine de Ta crème immunitaire.

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Visites-ateliers « Sculpture miniature »

Mercredi 30 juillet à 11h00
Mercredi 13 août à 11h00
Durée : 1h30 – Tout public à partir de 5 ans – Sur réservation

Inspirez-vous des œuvres de l’artiste pour créer, vous aussi, une sculpture de poche ! En famille ou entre ami·es, un moment ludique à partager.

Visite fantôme

Vendredi 26 septembre à 18h30
Durée : 1h30 – À partir de 12 ans – Sur réservation

Avec Éric Gouret, partez à la rencontre des fantômes du Grand Café. Anecdotes et souvenirs jalonneront cette déambulation sensible à travers les traces d’œuvres et d’artistes passés.

 Visites-ateliers scientifiques – Fête de la science

Samedi 4 octobre à 10h00 et 11h15
Durée : 1h30 – À partir de 8 ans – Sur réservation

En partenariat avec les Petits Débrouillards : après une visite flash de l’exposition, expérimentez les phénomènes d’oxydation et de corrosion à travers des expériences scientifiques.

Rencontre avec Lou Masduraud

Samedi 18 octobre à 16h00
Durée : 1h30

L’artiste échangera avec Géraldine Gourbe, autrice et commissaire d’exposition. Un moment rare pour comprendre l’œuvre de l’intérieur. Entrée libre sans réservation

 Visite-atelier en famille

Samedi 25 octobre à 11h00
Durée : 1h30 – À partir de 5 ans – Sur réservation

Dans le cadre du temps fort « Saut-de-mouton » organisé par Le Théâtre, cette visite-atelier propose une approche sensible et collective de l’exposition.

Informations pratiques et réservations

Tous les rendez-vous sont gratuits, sur réservation pour les ateliers et les visites spécifiques :
 publicsgrandcafe@saintnazaire.fr
02 51 76 67 01

 Adresse :
Le Grand Café – Centre d’art contemporain
2 place des Quatre Z’Horloges, 44600 Saint-Nazaire
www.grandcafe-saintnazaire.fr

Accès en transports en commun :
Ligne U2 ou ligne Hélyce – arrêt Quatre Z’Horloges / Rue de la Paix
Parking à proximité

Gaza : la faim comme arme de guerre et symptôme d’une faillite morale universelle

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Par-delà les clivages idéologiques, la stratégie israélienne de famine organisée à Gaza suscite une condamnation croissante. Plus d’une centaine d’ONG, des agences onusiennes et des voix critiques venues d’Israël même dénoncent une situation de « famine de masse » orchestrée. Plus d’une centaine d’ONG, dont Médecins sans frontières, Médecins du monde et Oxfam, dénonce d’une même voix ce mercredi la “famine de masse qui se propage dans la bande de Gaza”. Devant cette spirale tragique, une question résonne : que reste-t-il de notre conscience collective ?

La faim comme levier de guerre

Depuis le début de l’offensive israélienne à Gaza en octobre 2023, un fait s’est lentement mais inexorablement imposé : la faim n’est pas une conséquence collatérale du conflit, elle en est devenue un outil stratégique. Plusieurs documents accablants, dont un rapport du Lancet et de multiples alertes d’Amnesty International, font état d’une famine induite, planifiée, et aggravée par une politique de blocus total des ressources alimentaires et humanitaires.

Le coordinateur humanitaire de l’ONU pour Gaza a lui-même déclaré en juin 2025 que « les civils sont affamés de manière délibérée », insistant sur le caractère systémique du siège : entraves aux convois de nourriture, attaques contre les stocks, destruction des infrastructures agricoles et hydriques. En juillet, le seuil a été franchi. On ne parle plus d’insécurité alimentaire, mais de famine — un terme réservé par le droit international aux situations les plus extrêmes, et défini par des seuils de mortalité et de sous-nutrition massifs.

Selon le dernier rapport du Cadre Intégré de Classification de la sécurité alimentaire (IPC), 470 000 personnes à Gaza sont confrontées à des conditions de famine (phase 5 de l’IPC) et l’ensemble de la population souffre d’une insécurité alimentaire aiguë.

Une arme illégale au regard du droit international

Utiliser la faim comme méthode de guerre constitue une violation flagrante des Conventions de Genève et un crime de guerre selon le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (article 8(2)(b)(xxv)). Le Bureau du Procureur de la CPI, qui a délivré un mandat d’arrêt contre des membres du Hamas en mai 2025, a également ouvert des investigations visant des responsables israéliens.

Dans un rapport du 3 juillet, Amnesty va plus loin : l’organisation estime que le recours systématique à la faim entre dans le cadre du crime de génocide, en tant que tentative « d’infliger délibérément à un groupe des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique ». Le mot, lourd d’histoire, n’est plus réservé aux pamphlets militants : il émane aujourd’hui de juristes internationaux, de chercheurs en droit humanitaire, et de diplomaties jusque-là prudentes.

Le chantage au départ : mourir ou fuir

Affamer pour faire fuir : tel semble être le double objectif de la stratégie israélienne. Depuis des mois, les civils palestiniens sont poussés au déplacement, dans un mécanisme de “clear and hold” inspiré des stratégies contre-insurrectionnelles. Les bombardements massifs du nord de Gaza ont été suivis par des injonctions à l’évacuation vers le sud. Mais ce sud n’offre ni refuge, ni sécurité, ni accès aux denrées de base. La famine s’étend à Rafah, à Khan Younès, aux “zones humanitaires” elles-mêmes.

Il ne s’agit pas seulement de détruire le Hamas — dont les réseaux, certes, subsistent en souterrain — mais de rendre invivable la continuité d’un peuple sur son propre territoire. De cette lecture, beaucoup en Israël commencent eux-mêmes à s’alarmer. Le quotidien Haaretz a publié des tribunes appelant à cesser cette politique du désespoir. L’ancien chef d’état-major israélien Moshe Yaalon a dénoncé publiquement la stratégie d’affamement comme « moralement intenable et juridiquement suicidaire ».

Le silence complice de la communauté internationale

La responsabilité de cette catastrophe ne repose pas uniquement sur l’État hébreu. Elle pèse aussi sur les États qui, en se murant dans des équilibres diplomatiques cyniques, laissent faire. L’Union européenne, divisée, peine à adopter une position unifiée ; les États-Unis bloquent encore toute résolution contraignante au Conseil de sécurité. Pendant ce temps, plus de 111 Palestiniens sont officiellement morts de faim — des nourrissons, des vieillards, des humanitaires, dans un territoire où 95 % de la population ne mange plus à sa faim.

Des voix se lèvent pourtant. Plus de 109 ONG — dont Médecins Sans Frontières, Save the Children, Oxfam, Action contre la Faim — alertent sur le seuil critique dépassé. En Australie, en Espagne, en Irlande, des parlements dénoncent un « nettoyage ethnique par privation ». Même en Israël, les manifestations contre la guerre prennent une tournure nouvelle : on y brandit des photos d’enfants décharnés, on y refuse de « vaincre sur les cadavres ».

Mémoire brisée : le paradoxe historique d’un État-nation né de la faim

Il y a dans le drame qui se joue à Gaza une dissonance historique qui frappe au cœur de la conscience universelle : l’État d’Israël, dont l’existence moderne fut en partie rendue indiscutable par l’horreur de la Shoah — famine dans les ghettos, extermination systématique, effondrement moral de l’Europe — applique aujourd’hui, contre un autre peuple, des procédés qui rappellent les plus sombres chapitres de son histoire collective. Certes, les situations ne sont pas identiques. Mais la méthode du blocus alimentaire, la désignation globale d’un ennemi ethnique, le refus d’accès humanitaire, les files de mères affamées implorant de quoi nourrir leurs enfants : tout cela évoque des images que l’humanité jurait de ne plus jamais revoir.

Cette contradiction n’est pas seulement éthique. Elle est existentielle. Car si un peuple ayant tant souffert peut aujourd’hui infliger à d’autres une souffrance volontaire, alors c’est le principe même du « plus jamais ça » qui vacille. Yeshayahu Leibowitz, figure prophétique du judaïsme critique, alertait dès 1968 sur le danger pour Israël de « se transformer en dominateur colonial et en porteur d’oppression ». Aujourd’hui, des survivants de la Shoah, des Israéliens, des Juifs du monde entier s’élèvent contre ce reniement. Ce n’est pas en les accusant de trahison, mais en les écoutant, qu’on peut restaurer une parole morale qui refuse de sacrifier l’Autre, quel qu’il soit, sur l’autel d’une sécurité qui sert à l’évidence d’autre dessein politique et hégémoniques.

Faim et vérité : une épreuve morale pour l’humanité

Si l’histoire devait juger cette guerre, ce ne serait peut-être pas tant par le nombre de morts que par la méthode utilisée pour tuer à distance : la privation, la lenteur, l’oubli. Mourir de faim dans un monde saturé de ressources, sous l’œil des satellites et des caméras, constitue un scandale absolu de notre modernité. Le philosophe Avishai Margalit disait que « la mémoire morale d’une société se mesure à ce qu’elle refuse d’accepter comme normal ». Nous sommes à ce carrefour. La normalisation du siège, le relativisme médiatique, l’ensauvagement progressif du droit de la guerre pourraient faire école. Laisser faire aujourd’hui, c’est autoriser demain d’autres régimes — en Afrique, en Asie, en Europe — à affamer sans sanction.

Il est urgent de réaffirmer une ligne rouge, claire, non négociable : la faim ne peut être un outil politique. Ni pour punir un peuple, ni pour forcer son déplacement, ni pour imposer la paix. Affamer, c’est abolir toute commune humanité. C’est frapper au cœur ce que les civilisations ont toujours considéré comme inviolable : le droit de l’enfant à manger, le droit du vieillard à boire, le droit du civil à survivre.

Gaza, cimetière de l’humanisme occidental

À Gaza, ce ne sont pas seulement des enfants qui meurent, ce n’est pas seulement un peuple qu’on affame. Ce qui se délite jour après jour, dans le silence ou l’impuissance des grandes puissances, c’est une certaine idée de l’homme.

Ce qui meurt, c’est la pensée humaniste occidentale. Celle qui se croyait née d’Athènes et de Jérusalem, de la raison critique et de la compassion prophétique. Celle qui avait posé, dans la Déclaration universelle de 1948, que toute vie humaine mérite respect, dignité, pain et liberté. Celle qui, après Auschwitz, avait juré de ne plus détourner les yeux.

Aujourd’hui, ce legs vacille. Car si nous tolérons l’affamement méthodique d’un peuple à la vue de tous, alors l’universalisme des droits n’est plus qu’un mot creux. Si Jérusalem trahit Jérusalem, si Athènes renonce à Athènes, il ne nous reste qu’un champ de ruines morales dans lequel l’histoire balbutie des horreurs déjà vues.