Bretagne. L’Auvergnat Michel Chabanolles a posé ses valises en Bretagne pour devenir auteur

Michel Chabanolles nourrissait deux projets depuis l’enfance : celui de quitter le département du Rhône pour s’installer en Bretagne, et celui de devenir écrivain. A la retraite ses rêves sont devenus réalité. Découvrez Le sacrifié de Kermeur, son dernier roman paru aux éditions Palémon en novembre 2024.

Michel Chabanolles fait partie de ces écrivains inspirés par Le Finistère. Les 232 pages du roman policier racontent la vie de Erwan Pantec, un promoteur immobilier sérieux et apprécié de tous, mais qui hélas est retrouvé mort sur l’allée couverte de Kermeur, au bord du Bélon, dans le Sud-Finistère. Pauline de Saint-Martial, commandant de police au commissariat de Quimper, est chargée de l’affaire. Ses recherches vont rapidement la mener sur les sites mégalithiques du Morbihan. Assistée par son compagnon Jean, magnétiseur et alchimiste, et par Hubert, capitaine de police de Lorient, elle va découvrir le monde étrange du chamanisme. Grâce aux connaissances de Jean, Pauline de Saint-Martial sera guidée dans de nouvelles expériences énergétiques qui la conduiront aux portes de la vérité…

Michel Chabanolles

Biographie :

D’origine auvergnate, Michel Chabanolles s’était fait la promesse à lui-même, que le jour de sa retraite il réaliserait son rêve de gamin : celui de vivre en Bretagne même s’il n’y a aucune attache et qu’il ne connait personne. À l’âge de sept ans, il tombe sur une image dans un livre, qui représente un Pardon en Bretagne et dès lors le jeune Michel se met à espérer devenir curé en Bretagne à l’âge adulte. Cette image lui est restée en tête toute une vie qui a cependant commencé loin de l’Église.

Il commence sa vie professionnelle en qualité de militaire pendant trois. Il rejoint ensuite une grande banque pour laquelle il est programmateur informatique. Il est aussi responsable nautique de voile, pendant deux ans à Port Camargue dans le Gard, lui qui aime tant la mer…

Michel Chabanolles
Michel Chabanolles

Michel Chabanolles voyage partout dans le monde et pendant ses congés, en 1990, il part en vacances dans le Morbihan avec un ami. C’est au moment de son retour dans son quotidien qu’il décide de donner vie à son projet : aller vivre en Bretagne quand l’heure de la retraite aura sonné, car il a besoin de voir et de profiter de l’océan… Mais, exerçant au sein de la protection de l’enfance, en qualité de directeur dans plusieurs établissements dans le Rhône, il devra attendre 2023. Il pose ses valises à Beuzec-Cap-Sizun dans le Finistère, sur un terrain acheté trois ans plus tôt avec l’idée d’y construire une maison en bois dans le Cap. Comme on dit, chose promise, chose dûe.

Le 29 septembre 2018, le jour de la saint Michel, Michel Chabanolles se lance dans l’écriture de son premier roman et, bien-sûr, l’intrigue se déroule en Bretagne. Tiré à plus de 4 000 exemplaires, Le cercle de pierres, roman policier sorti aux éditions Palémon, commence sur le port d’Audierne : le corps d’un ancien marin-pêcheur est retrouvé décapité, près du cimetière de bateaux de  Port-Rhu à Douarnenez. À côté de la victime, on retrouve un dessin de l’Ankou, figure et messager de la mort dans les légendes bretonnes. Pauline de Saint-Martial, originaire et arrivée depuis peu de Haute-Loire, est nommée sur l’enquête ; capitaine de police, elle se fait aider par Jean, un Ouessantin, magnétiseur et alchimiste. Au cours de son enquête, la policière va découvrir des lieux mystiques comme Camaret, la chapelle Saint-Michel des monts d’Arrée, Brasparts, etc.

Le deuxième livre de Michel Chabanolles, L’affaire du Pré du loup, allie mystères, fantastique, ésotérisme ; le roman en scène à nouveau Pauline de Saint-Martial. L’enquête va la plonger dans l’univers de lieux chargés de mythes du Finistère, entre l’île d’Ouessant et Douarnenez, en passant par le Parc d’Armorique. Dans cette suite, un apiculteur est retrouvé assassiné dans les monts d’Arrée. Pauline va mener l’enquête avec son compagnon Jean. Ensemble, ils vont se rendre dans la maison de l’apiculteur et découvrir des choses étranges sur son passé…

Michel Chabanolles a à cœur de partager ses connaissances et de faire découvrir à ses lecteurs, les lieux bretons où l’énergie est palpable, et aussi de les rencontrer…

Parfaitement intégré à la vie des Bretons, et depuis une dizaine d’années Michel Chabanolles est aussi pilote à l’aéroclub de Quimper (29) ; depuis juin 2024, il a été élu trésorier du club.

Retrouvez la série des trois romans policiers de Michel Chamanolles aux éditions Palémon, sur sites internets et en librairies

Larmor Baden. Le Morbihan de Jean Frélaut du 2 au 14 août

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L’artiste figuratif Jean Frélaut (1879-1954), s’est inspiré des paysages du Morbihan pour ses peintures et gravures. La salle du Cairn de Larmor Baden, commune où il passait ses vacances, présente certaines œuvres du samedi 2 août au jeudi 14 août 2025.

Artiste représentatif du régionalisme breton, dont la notoriété dépasse largement les frontières de la Bretagne, Jean Frélaut est un peintre, graveur et illustrateur délicat à la touche précise. Il évoque à la perfection la vie simple et mélancolique de la campagne du Morbihan, qu’il connaissait parfaitement, sous tous ses aspects.

Dans les toiles de Jean Frélaut, le temps semble suspendu et le peintre entraîne le spectateur dans le rêve breton. Ses œuvres sont travaillées au crayon, à l’encre, au fusain. Elles sont brutes ou rehaussées d’un jus de brou de noix ou d’aquarelle. On sent dans le dessin un vif plaisir et une grande énergie à saisir la nature. Son trait a une très grande liberté…

Biographie :

Jean Frelaut est né à Grenoble (38) le 17 juillet 1879 au sein d’une famille bretonne originaire du Morbihan. Quand son père le général Auguste-Louis Frélaut est à la retraite, la famille revient s’installer dans la demeure familiale au village de La Haie, commune de Vannes (56). Après le lycée, Jean Frélaut se rend à Paris en 1897, et entre à l’École des Beaux Arts à l’âge de 18 ans, dans l’atelier du peintre de la France moderne : Fernand Cormon (1845-1924).

Il se lance dans la gravure en 1903. Après ses études, Jean Frélaut voyage en Afrique du Nord. Il est mobilisé au cours de la Première Guerre mondiale ; à son retour il est fait chevalier de la légion d’honneur en 1919. À partir de 1923, il rejoint le groupe de peintres et graveurs indépendants fondé par les peintres Jean-Émile Laboureur (1877-1945) et Raoul Dufy (1877-1953)

Jean Frélaut
Jean Frélaut

En 1926, Le peintre décide de retourner dans le Morbihan, où il aime sillonner la campagne autour de Vannes et de Larmor-Baden, à pied, à bicyclette et en moto, avec toujours des carnets dans ses poches pour dessiner tout le temps. L’été, chaque matin, il fait le tour de la pointe de Berchis qui se trouve face à l’île Radenec à Larmor Baden ! Il achète une chaumière en 1923 à Larmor Baden. 

Excellent graveur et auteur d’un large corpus, plus de 1500 planches, de 1926 à 1954, la Biennale de Venise récompense Jean Fréhaut du Prix de la gravure française à la Biennale de Venise en 1934 et trois ans plus tard, il est nommé conservateur du musée de Vannes. Il illustre de nombreux ouvrages, dont : Les fables de Jean de La Fontaine en 1941 et Le roman de Renard en 1950.

Jean Frélaut
gravure : la moisson : 1922

Grand travailleur, Jean Frélaut a réalisé outre les 1500 gravures, 500 tableaux et une douzaine de livres d’artistes. Il n’abandonne jamais le contact avec Paris ; il y vend ses œuvres aux galeries Sagot-Le Garrec et Barbazanges, en lien avec la galerie Turner à Londres. 

Jean Frélaut s’éteint le 23 décembre 1954 à Vannes, à l’âge de 75 ans.

 A la mort de l’épouse de Jean Frélaut en 1967 : Elizabeth née Pinasseau, qui lui avait donné neuf enfants, c’est la plus jeune fille du couple qui prend en main la valorisation de l’œuvre de son père, afin qu’elle ne tombe pas dans l’oubli ! Les collections de gravures de Jean Frélaut sont présentes au Musée de la Cohue de Vannes ; au Musée de Bretagne de Rennes (35) et au Musée départemental breton de Quimper (29).

Infos pratiques :

Exposition Le Morbihan de Jean Frélaut du 2 au 14 août 2025
Adresse : Salle du Cairn – 3, rue de Penn Lannic à Larmor-Baden (56)

Contact : 07 80 51 73 95

Entrée gratuite
Tous les jours de 11h à 18h

Un amour hors du temps : Carmen Yáñez ou la mémoire nue de l’exil amoureux

Par-delà le veuvage, l’exil et la clandestinité, une femme-poète ravive le feu sacré de l’amour et de la littérature. Un amour hors du temps n’est pas une autobiographie linéaire, ni même un simple récit d’amour ou de deuil. C’est un acte poétique de reconquête : reconquête de la voix après le silence, du souvenir après l’absence, et peut-être, en dernière instance, du temps lui-même, ce “hors du temps” qui donne son titre à l’ouvrage.

Une biographie amoureuse entrelaçant deux tragédies : politique et intime

Carmen Yáñez, figure méconnue du lectorat francophone, est bien plus qu’un nom accolé à celui de Luis Sepúlveda. C’est une poétesse de combat, une survivante. En retraçant leur double histoire – d’amour et de séparation, de jeunesse et de renaissance –, elle écrit contre l’effacement. Son récit prend naissance dans le tumulte des années 1970 chiliennes : la ferveur politique du jeune couple s’y mêle aux lectures fondatrices, aux nuits peuplées de Neruda et de Marx, puis à l’effondrement brutal sous la dictature de Pinochet.

Arrêtée, emprisonnée, torturée, Carmen disparaît un temps du monde de Luis. L’exil devient leur condition commune, mais séparée : deux lignes de fuite divergentes, en Europe, au Nicaragua, dans les Andes ou à Gijón. Leurs retrouvailles, à la quarantaine bien sonnée, n’ont rien de romanesque. Elles sont plutôt de l’ordre du miracle humain – ou de cette “justesse” mystérieuse qui unit parfois les êtres au-delà du temps biologique, des blessures et de la mémoire fracturée.

Écrire depuis l’absence : une archéologie du lien

Carmen Yáñez n’écrit pas pour embellir, mais pour ne pas trahir. Dès les premières pages, son style se distingue par une économie poignante. Tout excès est banni. La narration est discontinue, fragmentaire, à l’image des souvenirs qu’elle exhume : phrases brèves, paragraphes aérés, parfois aphoristiques. Ce choix n’est pas un tic d’auteur : il épouse la forme même de l’expérience traumatique et amoureuse. Comment raconter une vie interrompue à plusieurs reprises ? Comment dire l’amour quand l’autre n’est plus là pour répondre ?

Ce livre n’est pas un tombeau littéraire – il est un dialogue posthume, un ex-voto fragile adressé à celui qui fut mari, camarade, ami, père de leurs enfants, double poétique. Luis Sepúlveda n’est jamais idéalisé. Il est décrit avec son humour, sa colère, ses absences, sa générosité. L’humanité remplace l’hommage. C’est précisément ce qui rend sa figure bouleversante.

L’amour comme résistance politique

Il faut souligner l’intelligence éthique de ce récit : Un amour hors du temps ne se contente pas d’un lyrisme conjugal. Il inscrit le couple dans une géographie politique et littéraire mouvante. À travers Luis, c’est aussi tout un pan de la gauche sud-américaine que l’on voit défiler : l’Unité populaire, le sandinisme, les réseaux d’exilés chiliens en Europe. Mais ces faits ne sont jamais racontés comme des “faits” : ils se glissent dans des souvenirs de lectures, de conversations, d’un plat de poissons préparé à Santiago ou d’un poème récité en cachette.

L’amour devient ici forme de résistance. Dans une société militarisée, où les corps sont traqués et les voix censurées, maintenir un lien affectif, entretenir une correspondance interrompue, retrouver un regard d’autrefois — c’est un acte de subversion. À rebours des logiques de la violence, Carmen Yáñez fait œuvre de pacification intime.

de la survivance à la transmission : un testament poétique

Mais Un amour hors du temps n’est pas uniquement écrit pour se souvenir. Il est écrit pour transmettre. Aux lecteurs, à leurs enfants, aux amours à venir. Yáñez, dans les dernières pages, évoque la mort de Luis emporté par la Covid-19, non sans douleur, mais avec une sorte d’éblouissement lucide. La mort n’efface rien. Elle “transfigure”. L’ultime séparation devient, paradoxalement, l’ultime union. Il ne reste plus qu’à parler, à écrire, pour que l’autre vive encore dans les phrases.

Ce livre s’inscrit ainsi dans la grande lignée des récits du veuvage amoureux – ceux de Roland Barthes, Joan Didion, Simone de Beauvoir ou Joyce Carol Oates. Mais avec une singularité propre : il est traversé par la langue poétique, la mémoire sud-américaine, le souffle de l’histoire violente. La beauté du texte est indissociable de sa gravité.

Un amour hors du temps est un petit livre par le format, mais immense par ce qu’il porte. C’est une œuvre de suture, où l’écriture tente de combler le trou laissé par l’histoire et la perte. Carmen Yáñez y incarne une rare alliance : la tendresse sans naïveté, la fidélité sans aveuglement, la poésie sans emphase.

  • Titre : Un amour hors du temps. Ma vie avec Luis Sepúlveda
  • Autrice : Carmen Yáñez
  • Éditeur : Métailié
  • Traducteur : Albert Bensoussan
  • Parution : 24 mars 2023
  • Genre : récit mémoriel, autobiographie littéraire
  • Pages : 176
  • Prix : 18 €
  • ISBN : 979-1022612924

Rennes : Jean-Pierre lance un appel à l’aide après avoir de nouveau tout perdu sous le pont Saint-Martin

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 « Je n’ai plus rien », répète Jean-Pierre, assis sur son matelas défraîchi, aux abords du canal Saint-Martin. Le 10 juillet 2025, ce sans-abri bien connu des passants rennais s’est retrouvé démuni de presque tous ses effets personnels après une opération de nettoyage menée par la Ville de Rennes et la police municipale. Grâce à la générosité des Rennais, il avait vite retrouvé de quoi se vêtir et se laver. Mais, bis repetita, le 25 juillet, un individu qui aspire – semble-t-il – à récupérer l’endroit où il gîte sous le pont Saint-Martin a mis le feu à toutes ses affaires, y compris une partie des carnets où il couche sa vision originale du monde. Si vous avez un habit (xl) ou un savon que vous n’utilisez pas, Jean-Pierre est preneur. Il vous attend chaque jour en face de la Poste République et vous remercie par avance de votre aide…

Un pont devenu refuge vidé en son absence

Chaque jour, Jean-Pierre quitte son campement de fortune pour rejoindre la place de la République avec sa fidèle chienne Nougatine où il échange avec les passants ou écrit des histoires dans de grands cahiers A4. C’est là qu’il tente d’échanger quelques mots, quelques sourires, parfois quelques euros (en moyenne moins de 15 euros par jour, nous a-t-il confié). Mais ce jeudi, en revenant sous le pont de la rue de Saint-Malo, il n’a retrouvé qu’un matelas et son chariot. Tout le reste avait disparu. Produits d’hygiène, vêtements, ustensiles, souvenirs : balayés. « Je n’ai même plus de quoi me laver ou me changer », confie-t-il, visiblement bouleversé. La Ville, de son côté, assure que seule une accumulation de déchets a été retirée pour des raisons de salubrité et de sécurité, évoquant la prolifération de rats et un risque d’incendie élevé dans cet espace confiné.

Un homme libre, mais vulnérable

Jean-Pierre vit dehors par choix dans un besoin d’indépendance farouche. Il refuse d’intégrer une structure d’hébergement ou d’assistance malgré les propositions récurrentes des services sociaux. Cette liberté, il y tient. Mais elle le rend aussi terriblement vulnérable face aux aléas – humains, climatiques ou institutionnels. Déjà en janvier 2025, lors des inondations qui ont touché Rennes, il avait tout perdu. Et cette fois encore, le vide. Pour lui, ce n’est pas qu’une question de matériel : « Ces objets, c’est ma vie, c’est mon quotidien, c’est ce qui me reste. »

Une demande d’aide urgente

Jean-Pierre lance aujourd’hui un appel aux Rennaises et aux Rennais. Il a besoin, en urgence :

  • De vêtements larges (taille XL), notamment des sweats à capuche ;
  • De produits d’hygiène : savon, gel douche, shampooing, papier toilette ;
  • Et, au-delà du matériel, d’un peu d’attention humaine.

Vous pouvez le retrouver tous les jours de 12h à 18h, place de la République à Rennes, près de la boutique Foot Locker.

jean-pierre sdf rennes
Jean-Pierre

Le cas de Jean-Pierre est emblématique. Il rappelle que derrière chaque silhouette en marge des trottoirs, il y a une histoire, des refus, des blessures et des choix de vie complexes ; dans le cas de Jean-Pierre, un terrible drame familial. La Ville de Rennes évoque une « pathologie d’accumulation », une sorte de syndrome de Diogène, et insiste sur le suivi social dont bénéficie Jean-Pierre depuis plusieurs années. L’explication officielle est tout à fait entendable. Quant au suivi social, il fonctionne globalement bien à Rennes, malgré les contraintes budgétaires.

Reste que c’est un homme en détresse qui s’exprime : « J’ai besoin d’aide, tout simplement », répète-t-il. À l’heure où l’été met à nu la misère des plus précaires, l’histoire de Jean-Pierre pose une question plus large : que faire pour ne pas laisser sombrer celles et ceux qui refusent les cadres classiques de l’aide sociale, mais qui ont besoin de la solidarité collective ? La réponse n’est pas aisée. Sans doute, la raison nous prescrit-elle de ne pas l’aider et laisser Jean-Pierre être lentement contraint à rentrer dans le cadre de la prise en charge collective. De l’autre, laisser tomber Jean-Pierre, ne pas répondre à la demande d’aide d’un homme nu, c’est un peu de notre humanité, de nous tous, dont nous nous détournons.

Rennes. La start-up Rainpath révolutionne les diagnostics de cancer grâce à l’intelligence artificielle

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Depuis février 2025, la start-up médicale rennaise Rainpath facilite les analyses de biopsie grâce à l’intelligence artificielle. Les cofondateurs Mel Landelle et Antoine Delpace soulignent la volonté de supprimer l’utilisation de produits chimiques afin de gagner du temps, mais aussi d’avoir un impact économique et environnemental positif.

Afin d’accélérer l’analyse de biopsies, Rainpath remplace les colorations chimiques par de l’intelligence artificielle. Cette initiative permet d’éviter les manipulations scientifiques chronophages et présentant des risques d’erreur manuelle. Elle évite également l’utilisation de produits chimiques coûteux et toxiques.

Accélération des diagnostics 

Rainpath utilise la méthode de coloration virtuelle (Virtual Staining) : c’est une méthode utilisant l’intelligence artificielle pour modifier des images médicales. Elle permet de transformer des images colorées d’une certaine manière (comme avec la coloration H&E) en un autre type de coloration (comme l’IHC), sans avoir besoin de refaire une nouvelle analyse en laboratoire. Cet outil agit comme un filtre sur une photo faisant ressortir certains détails plus que d’autres. Avec l’intelligence artificielle, on peut changer de “filtre” sans avoir à retoucher le tissu humain. Cela permet ainsi de gagner du temps et d’éviter d’abîmer les échantillons de tissu.

La start-up souhaite également créer la « Rainbow coloration »: il s’agirait d’une présentation des tissus où chaque couleur correspondrait à une information diagnostique spécifique. Le but est de devenir le nouveau standard mondial de présentation du tissu humain avec un système plus clair pour les pathologistes.

Rainpath
Comparaison des processus de coloration des tissus

Une start-up au service de la planète et du système de santé

La start-up rennaise suit une stratégie Climat Santé. L’utilisation de Rainpath implique moins de substances chimiques. Le système de coloration traditionnel utilise plusieurs colorants chimiques, parfois toxiques : utiliser davantage de modifications visuelles numériques permettrait de réduire l’impact environnemental des laboratoires. Cela a aussi un avantage économique, car certains produits chimiques sont particulièrement coûteux pour le système de santé actuel.

Rainpath souhaite par ailleurs créer une dizaine d’emplois hautement qualifiés : l’organisation demande des développeurs, des “data scientists”, des experts en intelligence artificielle,etc. Pour être en capacité de recruter, la start-up a réalisé une levée de fonds de 2,5 millions d’euros, fin juin 2025. Elle a été permise par Teampact Ventures et le fonds régional Xplore by Epopée Gestion, suivie par The Quest, ADVANS Lab, Sharpstone et avec le soutien de BPI France.

L’objectif de Rainpath est de s’affirmer sur le marché européen puis américain : les cofondateurs Mel Landelle et Antoine Delplace souhaite obtenir les certifications médicales dans les dix-huit prochains mois afin de commercialiser la solution et d’équiper les laboratoires d’Europe de cette technologie.

Site internet

Film Nosferatu (2024) : La platitude du néant derrière des ombres lisses

Il est des œuvres qui meurent de leur ambition. D’autres, plus sournoisement, s’éteignent dans l’indifférence, comme une chandelle oubliée sur le bord d’un cercueil trop poli. Nosferatu, le remake 2024 de Robert Eggers, appartient tristement à cette seconde catégorie : un film d’épouvante qui n’effraie jamais, un hommage qui n’a ni la révérence ni la réinvention, un monument de platitude dont l’esthétique vaguement froide dissimule mal le vide créatif et un traitement petit-bourgeois.

L’avis d’Unidivers : ★★☆☆☆

Robert Eggers, que l’on savait virtuose du malaise organique dans The Witch ou The Lighthouse, s’attaque ici au mythe fondé par Murnau, en tentant d’y insuffler une gravité gothique teintée de lyrisme macabre. Hélas, ce Nosferatu s’épuise dans une posture trop calculée ; si tout semble pensé pour faire tableau, rien ne vibre. L’angoisse ne surgit jamais. La mise en scène se contente de citations appuyées, de clins d’œil codés sans jamais parvenir à convoquer l’horreur primale ou l’angoisse métaphysique qui font du vampire une figure aussi obsédante.

NOSFERATU - Bande annonce officielle VOST [Au cinéma le 25 décembre 2024]

Cette version de Nosferatu semble frappé d’une étrange neutralisation de ses propres forces. Là où l’on attendait du trouble, de la distorsion, de l’aberration formelle, on reçoit un académisme peureux au service d’un récit déroulé sans tension. Chaque séquence semble conçue pour figurer dans un making-of ou un portfolio de directeur artistique plutôt que pour faire frissonner. Le clair-obscur tant vanté se révèle pauvre, plat, privé de souffle. On ne sent jamais le froid des Carpates, ni la suffocation d’une présence spectrale. Le vampire est là, mais le vertige, non.

Le casting prestigieux, lui non plus, ne parvient pas à sauver la mise. Lily-Rose Depp, pourtant photogénique et étrange malgré un visage sans grande originalité, oscille entre l’hébétude élégante et le murmure affecté. Bill Skarsgård en Nosferatu, maquillé comme une créature sortie d’un parc à thème gothique, ne trouve jamais la justesse : il surjoue l’inquiétant. La terreur ne passe pas. Willem Dafoe, quant à lui, cabotine dans une partition mineure bien loin de ses fulgurances passées ; la dernière scène où il met le feu à la tombe du serviteur qui voulait être roi des rats (lourde référence à Peter Pettigrow dans Harry Potter) frise le ridicule.

Tout sonne faux. Ou plutôt : tout sonne vide. Le film échoue à créer une réelle tension dramatique, comme s’il avait confondu lenteur et langueur, stylisation et maniérisme. Le rythme est atone, les dialogues attendus, et les rares moments de violence sont si codifiés qu’ils perdent toute capacité de saisissement. Ce Nosferatu se regarde comme une succession d’arrêts sur image qui bien vite ennuie.

Le paradoxe le plus cruel, c’est que Nosferatu 2024 échoue à être à la hauteur même de ses aînés. Ni la sauvagerie silencieuse de Murnau (1922), ni la sensualité mortifère de Herzog (1979), ni le baroque flamboyant de Coppola (Dracula, 1992) ne trouvent ici un écho. Eggers semblait pourtant le mieux placé pour en proposer une nouvelle grammaire. Au lieu de cela, il se perd dans une surproduction propre et sans âme comme si Netflix avait financé une reconstitution muséale en haute définition.

On attendait des ombres mouvantes, des vitraux sanglants, une transe visuelle, une ESTHÉTIQUE ! On reçoit un film léché, vidé de ses sucs, qui empile les motifs gothiques sans y croire et les déconstruit sans les comprendre. Même la musique, pourtant signée par le talentueux Robin Carolan (The Northman) reste illustrative en soulignant des affects absents.

Pourquoi refaire Nosferatu ? La question n’est pas rhétorique. Quand un remake ne propose ni relecture, ni vision nouvelle, ni frisson d’aujourd’hui, alors il n’est qu’un produit de plus dans le cycle stérile des grands recyclages culturels. Ce film Nosferatu ne dialogue avec rien : ni avec le cinéma expressionniste, ni avec notre époque, ni même avec la psyché du spectateur contemporain. Un simulacre d’effroi, une coquille gothique pleine de vide, un linceul sans cadavre. Le vampire n’est pas mort ; mais, ici, il ne vit pas non plus.

Informations générales

  • Titre original : Nosferatu
  • Réalisation et scénario : Robert Eggers
  • Musique : Robin Carolan
  • Photographie : Jarin Blaschke
  • Montage : Louise Ford
  • Direction artistique : Craig Lathrop
  • Costumes : Linda Muir

Distribution principale

  • Bill Skarsgård : Comte Orlok / Nosferatu
  • Nicholas Hoult : Thomas Hutter
  • Lily-Rose Depp : Ellen Hutter
  • Aaron Taylor-Johnson : Friedrich Harding
  • Emma Corrin : Anna Harding
  • Willem Dafoe : Professeur von Franz
  • Simon McBurney : Herr Knock
  • Ralph Ineson : Dr. Sievers

Sociétés et production

  • Sociétés de production : Maiden Voyage Pictures, Studio 8, Birch Hill Road Entertainment
  • Distributeurs : Focus Features (États-Unis), Universal Pictures (international)

Dates de sortie

  • Première mondiale : 2 décembre 2024 (Berlinale)
  • Sortie en salles : 25 décembre 2024 (États-Unis et international)
  • Sortie vidéo / VOD : 21 janvier 2025
  • Sortie Blu-ray / Director’s cut : 18 février 2025

Durée et format

  • Durée version cinéma : 132 minutes
  • Version longue : 136 minutes
  • Format visuel : Couleur, ratio 1.66:1
  • Format sonore : Dolby Atmos

Budget et recettes

  • Budget estimé : 50 millions de dollars
  • Box-office mondial : Environ 181,3 millions de dollars
    • Dont 95,6 millions aux États-Unis / Canada
    • Et 85,7 millions à l’international

Distinctions

  • Oscars 2025 : nominations pour la photographie, les décors, les costumes, et le maquillage
  • Autres prix : plusieurs prix techniques (art direction, costume, musique) dans des festivals internationaux et sociétés professionnelles

Passeurs de luxe : la nouvelle frontière du trafic de migrants

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Alors que l’attention médiatique se porte sur les canots pneumatiques surchargés qui franchissent la Manche à leurs risques et périls, une autre forme de passage illégal se développe dans l’ombre. Celle d’un trafic élitiste, silencieux, souvent organisé à bord de yachts et voiliers privés. Enquête sur les coulisses d’une migration clandestine qui prend des allures de croisière.

Dimanche 20 juillet 2025, au large de l’île de Wight, les garde-côtes britanniques interceptent un voilier monocoqueimmatriculé au Havre. À son bord : deux Ukrainiens à la barre, cinq migrants – quatre Albanais et un Vietnamien – et un calme presque suspect. Loin des embarcations de fortune gonflées à bloc, l’opération intrigue les enquêteurs de la National Crime Agency (NCA). Ce voilier avait quitté discrètement les côtes françaises après avoir payé ses droits de port, sans éveiller l’attention. Du moins en surface.

Dans les jours suivants, la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lille confirme ce que la gendarmerie maritime soupçonnait depuis plusieurs mois : un réseau international de passeurs utilise des navires de plaisance pour faire passer, au compte-goutte, des migrants vers le Royaume-Uni. Une route discrète, ciblée, et beaucoup plus rentableque celle des « small boats ».

De la masse à la sélection : la genèse d’un modèle plus discret

Le phénomène n’est pas totalement nouveau. En 2022, un procès à Lille avait déjà révélé les rouages d’un vaste réseau kurde responsable de plus de 30 000 traversées illégales. Mais ces opérations se faisaient majoritairement à bord de canots semi-rigides, surchargés, parfois sans pilote, laissés à la dérive.

En réaction aux naufrages, à la surveillance accrue des drones et radars, mais aussi à la pression politique sur les plages du Nord, certains réseaux se sont adaptés. Leur cible : une clientèle plus aisée, souvent mieux connectée, capable de débourser 10 000 à 25 000 € pour une traversée « propre » à bord d’un yacht, d’un voilier ou d’un bateau de pêche.

Un rapport confidentiel d’Europol, révélé en 2024, décrivait déjà cette évolution :

« L’utilisation de moyens nautiques non conventionnels et enregistrés officiellement dans des ports européens se développe. Le profil des migrants transportés tend à se professionnaliser, avec des passeurs qui maîtrisent les codes du nautisme et les règles portuaires. »

Cas concrets : le luxe comme camouflage

● Le yacht des 21 migrants (2024)

Au large du Kent, un petit yacht blanc de six couchages est arraisonné. Il transportait 21 migrants, majoritairement albanais, dans des conditions pourtant relativement confortables. L’opération, vendue comme « sûre et rapide », avait été orchestrée depuis l’Allemagne par un homme utilisant Telegram et des intermédiaires polonais.

● Les fausses croisières via les Baléares

En Espagne, des réseaux ont utilisé des catamarans de charter au départ de Palma de Majorque, proposant des trajets via Gibraltar jusqu’à Portsmouth, avec des arrêts fictifs pour simuler un voyage touristique. Plusieurs migrants d’origine syrienne et égyptienne ont été découverts en possession de faux visas Schengen « rachetés » à des touristes en fin de séjour.

● La filière grecque via les yachts chypriotes

Un réseau démantelé à Rhodes en 2023 utilisait des yachts battant pavillon chypriote pour relier discrètement la Crète à l’Italie. Les passeurs étaient souvent eux-mêmes des migrants régularisés, ayant appris la navigation pendant leur demande d’asile.

Des réseaux professionnels, bien au-delà des clichés

Cette nouvelle génération de passeurs n’est pas constituée d’individus marginaux et violents. Ce sont des logisticiens, souvent polyglottes, maîtrisant le droit maritime et les subtilités des ports européens. Certains recrutent même des skippers sur des forums nautiques, sous couvert de convoyages privés.

Leur modèle est simple :

  • Louer ou acheter un voilier d’occasion, parfois immatriculé à l’Est de l’Europe.
  • Le faire stationner dans un port sans antécédent migratoire, comme Le Havre, Cherbourg, Concarneau ou Anvers.
  • Organiser le passage de 4 à 6 personnes, dans un laps de 24 à 36 heures.
  • Prévoir un récit de couverture (tourisme, convoyage, régate) en cas de contrôle.

L’arsenal judiciaire : à la traîne ?

En France, la JIRS de Lille comme celle de Marseille ont renforcé leur action contre ces filières maritimes. Mais l’arsenal judiciaire reste complexe à mobiliser, surtout quand les migrants ne sont pas en danger immédiat, comme c’est le cas sur les voiliers.

Les peines peuvent pourtant atteindre :

  • 20 ans de prison pour aide au séjour en bande organisée,
  • amendes allant jusqu’à 3 millions d’euros,
  • et parfois interdiction définitive du territoire français.

Mais les procédures sont longues, et la coopération avec le Royaume-Uni s’est complexifiée depuis le Brexit, malgré les accords bilatéraux de 2023.

Une frontière sociale autant que géographique

Cette mutation des passages illégaux vers l’Angleterre raconte aussi une transformation sociale : celle d’une migration à deux vitesses.

  • Les plus pauvres prennent le Zodiac, au péril de leur vie.
  • Les plus riches prennent le yacht, en toute discrétion.

Dans les deux cas, les motivations sont les mêmes : fuir, espérer, recommencer ailleurs. Mais les moyens, eux, reflètent les inégalités de capital, d’accès, et de protection. Le bateau devient un symbole : frêle esquif pour les uns, passerelle de velours pour les autres.

Derrière les traversées de luxe se cache une réalité plus vaste : celle d’une migration globale qui se recompose sous l’effet des politiques de fermeture. Les voiliers de fortune, immatriculés à Malte ou en Lettonie, ne sont que les avant-postes d’un monde qui glisse lentement de la clandestinité de masse à la discrétion sur-mesure. Un monde où, même dans l’illégalité, tout peut s’acheter — y compris le confort du silence.

Au Mans l’art dans la rue : une épopée de 60 ans de création urbaine à la Collégiale Saint-Pierre-la-Cour

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Du 7 juin au 7 septembre 2025, la Collégiale Saint-Pierre-la-Cour du Mans se mue en sanctuaire de l’art urbain. Dans le cadre du festival Plein Champ, l’exposition gratuite « L’art dans la rue, 60 ans d’art urbain » retrace six décennies de créations insurgées, engagées, parfois poétiques, souvent politiques, toujours saisissantes. Conçue par Nicolas Laugero Lasserre – éminent commissaire, collectionneur et directeur artistique de Fluctuart – et soutenue par Lefranc Bourgeois, cette exposition exceptionnelle convoque trente figures majeures du street art mondial, de Banksy à Miss Tic, de JR à Invader, de Shepard Fairey à Ernest Pignon-Ernest.

Une histoire de la rue comme territoire d’expression

L’exposition s’articule autour d’un fil narratif aussi didactique que sensible : l’histoire de l’art urbain, de ses pionniers des années 1960 à ses formes contemporaines les plus hybrides. Depuis les affiches lacérées de Jacques Villeglé jusqu’aux mosaïques pixelisées d’Invader, en passant par les silhouettes évanescentes de Jef Aérosol ou les aphorismes féminins de Miss Tic, chaque œuvre est replacée dans un continuum de lutte symbolique, d’ironie politique ou de quête existentielle.

Il s’agit ici de faire dialoguer l’œuvre in situ avec l’œuvre d’atelier, le cri des murs avec la trace durable, le geste éphémère avec la mémoire plastique. Cette dualité entre l’art de rue et la production artistique en galerie est explorée à travers des pièces rares, parfois inédites, qui mettent en lumière la complexité et la pluralité de cette scène créative devenue, selon le mot même du dossier de presse, « le plus grand mouvement artistique du XXIe siècle ».

Un lieu sacré pour un art subversif

L’image est saisissante : Banksy, JR, Obey, Miss Tic, Seth ou Invader, ces figures mondialement célèbres de l’art urbain, investissent les voûtes gothiques d’un ancien édifice religieux du XIIIe siècle. La pierre millénaire accueille ici les coulures, les pochoirs et les collages du plus grand mouvement artistique contemporain. À l’instar des fresques du Moyen Âge, les murs deviennent surface d’élévation — mais cette fois au service de la révolte, de la poésie ou de la dérision.

Ce choc esthétique entre sacralité patrimoniale et subversion populaire donne à l’exposition une portée symbolique puissante : l’art urbain n’est plus relégué à la marge. Il entre ici par la grande porte du patrimoine, sans rien perdre de son tranchant.

Un panorama inédit de la création urbaine

Commissariée par Nicolas Laugero Lasserre et portée par Plein Champ avec le mécénat de Lefranc BourgeoisL’art dans la rue – 60 ans d’art urbain rassemble 30 artistes majeurs de la scène internationale. Cette exposition gratuite déploie un parcours dense et immersif, des racines du graffiti new-yorkais à ses expressions les plus contemporaines — numériques, participatives, hybrides.

Banksy, maître de l’ironie visuelle, y côtoie Shepard Fairey (Obey) et son iconique Hope de Barack Obama ; JR et ses visages monumentaux ancrés dans l’humanité ; Miss Tic, pionnière poétique de la scène parisienne ; Invader, avec ses mosaïques pixelisées devenues planétaires ; ou encore Ernest Pignon-ErnestSpeedy GraphitoZlotykamienBruskDranJef AérosolMadameRoaSwoonTania MouraudCletMonkeyBirdBaultMoskoVLPZevs… Tous réinventent les murs, les codes, et parfois le regard.

Des œuvres puissantes, des artistes à contre-courant

La sélection opérée est à la fois savante et percutante. On y retrouve le cynisme visuel de Banksy, l’engagement écologique de Swoon, la poésie brutale de Brusk, la géométrie réplicative d’Ërell, ou encore l’ironie sémantique de RERO. Les œuvres ne sont pas là pour plaire : elles sont là pour heurter, interroger, fissurer les habitudes visuelles.

Certaines sont devenues iconiques, comme le « Crayon » de Brusk, hommage poignant aux victimes de Charlie Hebdo, ou encore les invraisemblables collages anamorphiques de JR, qui troublent notre perception des lieux publics. D’autres puisent dans l’intimité : les figures d’enfants sans visage de Seth, les maximes ironiques de Madame, les chimères urbaines de Kraken.

C’est toute une humanité fragile, résistante, marginale, qui s’exprime sur bois, sur toile ou sur panneaux de signalisation – une humanité que la ville tente souvent d’étouffer, et que l’art urbain exhume.

Une exposition dans une collégiale : le choc des sacralités

L’un des paris esthétiques les plus forts de cette exposition réside dans son lieu même. Faire résonner l’art de la rue – historiquement transgressif, parfois clandestin – avec les voûtes gothiques de la Collégiale Saint-Pierre-la-Cour est un geste fort. Le sacré y prend d’autres visages : celui des icônes urbaines, des slogans détournés, des silhouettes fantômes.

Dans ce contexte, les œuvres acquièrent une solennité nouvelle. Le silence de la pierre accentue la violence feutrée des collages, la douceur menaçante des pochoirs, la densité symbolique des installations. Ce déplacement spatial – de la rue vers le sanctuaire – interroge nos modes de réception artistique et rappelle que la rue aussi peut être un lieu de mémoire et de rituel.

Une exposition pédagogique, engagée, gratuite

L’exposition se veut accessible, dans tous les sens du terme. Gratuite pour le public, pensée dans une optique de médiation, elle présente des cartels clairs, un parcours explicatif, et des points d’entrée multiples : esthétique, politique, historique ou émotionnel.

Elle est aussi l’illustration d’une pédagogie par l’art. Ici, la rue n’est pas un simple décor mais un espace de dialogue, un laboratoire social. Elle devient, par l’intermédiaire de ces œuvres, une interface entre le citoyen et le monde, entre l’individu et le collectif.

L’art urbain : dernier bastion de la subversion esthétique ?

En cette ère d’hyper-muséalisation, où le street art est parfois absorbé par les logiques de marché qu’il dénonçait, l’exposition rappelle que l’essence de ce mouvement réside dans la tension. Tension entre visible et invisible, entre éphémère et archive, entre protestation et institutionnalisation.

En accueillant les œuvres de ceux qui, naguère, agissaient dans l’ombre ou la marginalité, la ville du Mans – par le biais de Plein Champ – signe un pacte : reconnaître dans l’art urbain un miroir du présent. Un miroir souvent déformant, parfois rugueux, mais indispensable.

« L’art dans la rue, 60 ans d’art urbain » est bien plus qu’une rétrospective. C’est une tentative de cartographier le tumulte d’un monde en mutation, à travers les gestes dissidents de ses artistes. Une exposition coup-de-poing, mais aussi coup de cœur, à voir absolument cet été au Mans.

Pourquoi faut-il voir cette exposition ?

  • Parce qu’elle offre le premier panorama muséal complet du street art, de 1965 à 2025
  • Parce qu’on y voit des œuvres rarement visibles en galerie ou en musée
  • Parce qu’elle est gratuite tout l’été 2025
  • Parce qu’elle transforme un monument historique en manifeste visuel
  • Parce qu’elle propose une expérience accessible et inoubliable, à la croisée de l’histoire de l’art et de la culture populaire
  • Parce qu’elle est, tout simplement, l’un des grands événements culturels de l’année en France

Un manifeste d’époque

À l’heure où les murs s’uniformisent, où les villes sont domptées par les algorithmes, cette exposition rappelle que peindre dans la rue reste un acte fondamentalement libre. Elle fait résonner, dans l’ombre des vitraux, les cris d’encre, les silhouettes sans visage, les slogans détournés. Elle parle du monde tel qu’il est — et tel qu’on voudrait qu’il soit. En 2025, Le Mans devient la capitale française de l’art urbain. Mais au fond, c’est peut-être le monde entier qui, à travers ces œuvres, se donne rendez-vous au pied des voûtes.

Informations pratiques

  • Dates : du 7 juin au 7 septembre 2025
  • Lieu : Collégiale Saint-Pierre-la-Cour, Rue des Fossés-Saint-Pierre, 72000 Le Mans
  • Entrée : gratuite
  • Commissariat : Nicolas Laugero Lasserre
  • Production : Plein Champ, avec le mécénat de Lefranc Bourgeois

Retrouvez chaque semaine l’horoscope qui unit votre diversité

Horoscope du 14 au 21 juillet 2025. Bon signe, bon oeil, pour celles et ceux qui savent que le ciel n’est pas qu’un plafondCe que le ciel murmure à celles et ceux qui ont cessé de simuler l’indifférence.

BÉLIER
Vous avez l’impression qu’on vous demande d’être calme alors que vous êtes né avec un lance-flammes à la place du plexus solaire. Le monde entier vous paraît figé, alors que vous êtes déjà au prochain chapitre. Et pourtant, ralentir, ce ne serait pas mourir : ce serait rencontrer quelqu’un. Vous-même, peut-être ? Cette semaine, vous pourriez avoir un éclair de lucidité en lavant une poêle ou en disant « non » sans crier. Un coup de foudre vous guette… pour un silence.


TAUREAU
On ne parle pas assez de la fatigue existentielle des Taureaux qui doivent écouter des gens instables leur dire comment vivre. Cette semaine, vous aurez envie de dire : « et si on arrêtait deux secondes de tout questionner et qu’on mangeait une pêche en regardant les arbres ? »
Et vous aurez raison. Car ce n’est pas vous qui résistez au changement, c’est le monde qui court trop vite vers rien. Une surprise douce (si vous la laissez entrer) pourrait venir d’un être lent, sincère, ou d’un animal qui vous regarde trop longtemps.


GÉMEAUX
Vous êtes cet enfant intérieur qui parle à trop de gens en même temps à l’intérieur de votre tête. Et cette semaine, vous en perdez un ou deux. Ce n’est pas grave. Vous avez toujours votre sens de la formule, mais vos mots ont faim de chair. D’un vrai contact. D’un vrai risque.
Un flirt pourrait se transformer en confession, ou en fugue. Un ex peut ressurgir pour vous parler d’un futur alternatif. Conseil cosmique : ne soyez pas ironique. Soyez inexplicablement sincère, juste pour voir ce que ça vous fait.


CANCER
On vous prend pour un coussin, alors que vous êtes une mer vivante. Cette semaine, on va essayer de se blottir contre vous sans vous demander comment vous allez. Spoiler : vous avez le droit de dire « non », ou « pas maintenant ».
Un souvenir pourrait vous bouleverser sans prévenir : photo oubliée, chanson idiote, odeur de chlore. C’est le passé qui réclame une mise à jour. Acceptez l’émotion, puis dites-lui : « merci, mais je vis ici maintenant ». L’amour rôde, mais il voudra du courage tendre, pas de la dépendance travestie en dévouement.


LION
Oui, vous brillez. Oui, les gens vous regardent. Non, ce n’est pas suffisant.
Cette semaine, vous aurez envie de faire tomber le costume doré, juste pour vérifier qu’on vous aime aussi quand vous êtes à plat, quand vous doutez, quand vous mangez seul des pâtes froides à 23h. Bonne nouvelle : quelqu’un vous voit. Vraiment. Mauvaise nouvelle : il faudra vous laisser approcher. Le pouvoir, c’est aussi savoir s’asseoir dans l’ombre et laisser quelqu’un d’autre allumer la lumière.


VIERGE
Vous avez fait des listes de vos listes et pourtant : tout est flou. Tout vous échappe, surtout vous-même. Cette semaine, Neptune vient dissoudre vos jolis plans et vos conclusions provisoires. Vous pourriez perdre vos clés, vos repères, ou votre masque. Ce sera une bénédiction.
Quelqu’un vous surprendra par sa maladresse touchante. N’en faites pas un cas, faites-en un espace. Parfois, le désordre, c’est une offrande. Et parfois, vous avez le droit d’avoir tort sans faire un rapport de 12 pages dessus.


BALANCE
On dit que vous hésitez. Mais cette semaine, c’est le monde qui vous force à trancher dans du mou. Vos envies sont nettes, vos désirs flous, vos options absurdes. Et vous devez choisir quand même.
Vénus vous rend séduisant, mais aussi allergique aux demi-vérités. Vous aurez envie de crier à quelqu’un « arrête de faire semblant ». Peut-être que ce quelqu’un, c’est vous ? La beauté vous guette dans un lieu inattendu : dans un raté, dans une chute, dans un regard que vous n’attendiez plus.


SCORPION
Vous êtes à fleur de nerf, à nu sous la peau, à vif sous les sourires. Mais vous souriez quand même, et ça impressionne les foules. Cette semaine, vous sentirez que quelque chose en vous veut éclater : une vérité, une colère, un désir.
Vous pouvez canaliser tout ça en créant quelque chose — un texte, un baiser, un silence assourdissant. Mais ne vous oubliez pas dans le rôle du sphinx. Parlez. Même si c’est moche. Même si ça tremble. Quelqu’un mérite votre chaos sincère, pas votre maîtrise froide.


SAGITTAIRE
Vous avez besoin d’espace mais vous vous cognez à tout. Aux murs, aux attentes, à vos propres contradictions. Vous avez soif d’un ailleurs qui vous échappe — et cette semaine, vous apprendrez peut-être que l’ailleurs n’est pas géographique mais temporel. Il est là. Maintenant.
Un projet peut renaître si vous cessez de vouloir le contrôler. Un amour peut fleurir si vous arrêtez de faire des blagues à chaque émotion. Vous avez le droit de pleurer devant quelqu’un. Même vous.


CAPRICORNE
Vous avez tout tenu. Le cap, les autres, vos engagements. Et là, vous êtes fatigué comme une montagne qui n’a pas dormi depuis 1 000 ans. Cette semaine, vous serez tenté de faire semblant que tout va bien. Ne le faites pas. Vous n’êtes pas un barrage. Vous êtes un humain.
Saturne vous rappelle que la solidité, ce n’est pas ne jamais plier. C’est savoir quand il faut poser ses outils. Quelqu’un pourrait vous tendre la main. Prenez-la. Même si ce n’est pas « utile ».


VERSEAU
Vous rêvez d’utopie mais vous avez oublié votre chargeur. Tout part dans tous les sens. Idées géniales, élans ridicules, plans sur 12 dimensions. Et au milieu, vous, pas certain de savoir si vous riez ou si vous vous effondrez.
Cette semaine, un moment de douceur pure vous attend. Une présence, une caresse, un rire simple. Ne cherchez pas à le comprendre. Vivez-le. Vous n’avez pas besoin d’inventer le monde ce soir. Juste d’y être, un peu plus vivant.


POISSONS
Vous êtes tout. L’éponge. La mer. La brume. Cette semaine, vous absorbez le monde comme si c’était votre métier. Et vous vous oubliez dedans. C’est beau, mais c’est épuisant. Il est temps de filtrer.
Ne répondez pas à tous les messages. Ne dites pas « je comprends » quand vous êtes brisé. Quelqu’un pourrait avoir besoin de votre lumière. Gardez-en une partie pour vous. C’est ça aussi, aimer : s’inclure dans le cercle de sa propre tendresse.

À Angers, l’arnaque à l’irlandaise refait surface : le récit d’un piège bien huilé

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ANGERS, quartier de la gare. Il est midi passé. Une femme d’une cinquantaine d’années s’apprête à remonter dans sa voiture lorsqu’un homme au fort accent britannique l’aborde, visiblement paniqué. Chemise froissée, sac à dos au pied, il désigne son téléphone éteint. « Excuse me, madam… my family is stuck. No more money, no phone… can you help me, please? »

La scène paraît presque banale dans une ville touristique. Mais cette fois, ce n’est pas une vraie détresse : c’est une arnaque rodée, dite “à l’irlandaise”, qui refait surface dans les rues d’Angers. Depuis plusieurs semaines, la police du Maine-et-Loire a reçu plusieurs signalements. La méthode n’est pas nouvelle, mais elle gagne en précision. Et en victimes.

Une mise en scène millimétrée

« Ils sont bons comédiens, très convaincants », explique un agent du commissariat central. « Ils se présentent comme des touristes en galère, souvent avec des enfants ou une femme pour renforcer la crédibilité. Ils pleurent, s’agenouillent parfois. Ils demandent un peu d’argent, parfois jusqu’à 900 €, avec la promesse d’un virement dans l’heure. »

Sur les parkings de supermarchés, les ronds-points, à la sortie du périphérique ou même à proximité des hôtels Ibis ou Campanile, des binômes tournent en quête de naïveté bienveillante. Les escrocs parlent un anglais parfait, arborent parfois un drapeau irlandais sur leur voiture immatriculée à l’étranger — souvent louée. « Ils agissent toujours très vite, profitent d’un moment d’hésitation ou de générosité », poursuit le policier.

Des victimes qui ne portent pas toujours plainte

Marc, 42 ans, en a fait les frais le week-end dernier, sur le parking du centre commercial Saint-Serge. « Ils avaient deux enfants avec eux. J’ai eu un doute, mais j’ai donné 200 euros. Ils m’ont même laissé une carte de visite, avec un numéro de compte bancaire. Le virement n’est jamais arrivé. » Marc n’a pas osé porter plainte, « honteux » d’avoir été dupé. Il n’est pas le seul. « C’est exactement ce que cherchent ces individus, explique une psychologue du service d’aide aux victimes. Ils jouent sur l’émotion, la peur de l’indifférence. Et quand la supercherie éclate, la victime se sent idiote. Elle préfère oublier plutôt que de témoigner. »

Un phénomène national et cyclique

Ce type d’arnaque n’est pas propre à Angers. Déjà repérée à Toulouse, Lyon ou sur les aires d’autoroute entre Narbonne et Lyon, l’arnaque à l’irlandaise a refait surface chaque été depuis une dizaine d’années. « Ce sont souvent les mêmes réseaux, explique un officier de la BRI. Des escrocs itinérants, parfois de nationalité irlandaise ou britannique, qui opèrent sur plusieurs pays d’Europe, et rentrent au bercail une fois la saison achevée. »

Des réseaux structurés, difficilement interpellables

À Lyon, en mai 2025, deux suspects ont été arrêtés en flagrant délit. Ils possédaient plusieurs milliers d’euros en liquide, des dizaines de reçus manuscrits signés de victimes et… des cartes d’identité falsifiées. « Leur véhicule change de plaques régulièrement. Ils sont très mobiles. Une fois repérés dans une ville, ils disparaissent. On dirait des fantômes », soupire un policier.

La police appelle à la vigilance

Le parquet d’Angers invite les victimes à ne pas rester silencieuses. Une campagne d’affichage est en cours dans les parkings et stations-services du département. Elle rappelle : « Ne donnez jamais d’argent liquide à un inconnu. Même avec des enfants. Même s’il parle bien. Appelez la police. »

La police appelle également les citoyens à faire preuve de prudence, sans basculer dans la paranoïa. « La compassion ne doit pas devenir une faiblesse. Si quelqu’un est vraiment en détresse, il accepte qu’on appelle les secours. Les escrocs, eux, refusent toujours. »

Au-delà de l’arnaque : un miroir social

Derrière cette escroquerie, une mécanique subtile : celle qui fait appel à nos élans d’humanité dans un monde dur et désincarné. Ces faussaires de la misère instrumentalisent ce qui reste de solidarité spontanée. Et forcent chacun, à chaque interaction, à se demander : est-ce que j’aide ou est-ce que je me fais avoir ?

À Angers, cet été, nombreux sont ceux qui ont préféré aider. Et certains, malheureusement, qui s’en mordent encore les doigts.

Pour toute suspicion d’arnaque, contactez le 17 ou signalez l’incident sur https://www.service-public.fr.

Culture en panne, démocratie en question : repenser l’idéal culturel français à l’heure du doute et de la sclérose

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Le 9 juillet 2025, l’Observatoire des politiques culturelles (OPC) a rendu publics les résultats de son Baromètre annuel des budgets culturels des collectivités territoriales. Le constat est sans appel : 49 % des collectivités françaises (régions, départements, communes, intercommunalités, métropoles) ont diminué leurs budgets culturels entre 2024 et 2025. Seules 22 % les ont augmentés. L’érosion est nette, transpartisane, multiforme. Comment en sommes-nous arrivés là ? A qui la faute ?

Dans le détail :

  • 65 % des départements ont baissé leur budget culture.
  • Les coupes atteignent jusqu’à 35 % dans le spectacle vivant36 % pour les festivals, et 42 % pour les aides aux associations.
  • L’éducation artistique et culturelle (EAC), pilier théorique du lien entre culture et citoyenneté, subit un recul de 31 % en moyenne.

Signe du climat ambiant : le Projet de Loi de Finances 2026 prévoit une baisse de 200 millions d’euros pour la mission Culture (-5,4 % par rapport à la LFI 2025). L’État comme les collectivités semblent entériner une tendance de fond : la culture n’est plus une priorité politique.

Mais de quelle crise parlons-nous, vraiment ?

Ce tableau budgétaire dramatique n’est pas seulement le fruit d’une conjoncture défavorable. Il est le reflet d’un basculement profond : une perte progressive de sens, de légitimité et de désir autour de la culture comme bien commun. Alors que le doxa institutionnelle qui invoque l’excellence, l’émancipation ou l’accès, ne produit plus depuis des années d’adhésion collective sinon dans des cercles déjà convaincus, rien ne change. La conception actuelle de la culture et de son administration parle-t-elle encore à la société tout entière ou uniquement à ceux qui en maîtrisent déjà les codes ? A l’évidence, à un pourcentage de plus en plus restreint.

La promesse non tenue de l’émancipation par la culture

Depuis les années 2000, l’Éducation artistique et culturelle (EAC) a été promue comme la clef de voûte du lien entre école, art et citoyenneté. Sur le papier : un idéal, un formidable objectif. Dans les faits : une politique trop souvent normative, bureaucratique et hors-sol.

Exemple global par excellence : nous sommes beaucoup à constater l’écart croissant entre les pratiques culturelles réelles des jeunes (jeux vidéo, streaming, création numérique, rap, autofiction) et l’offre scolaire institutionnelle qui demeure parfois figée ou méprisante vis-à-vis des cultures populaires car incapable d’y faire face, de la réfléchir et de prendre des décisions fortes. D’où, une perte de confiance. Un sentiment de surplomb. Et parfois même, un basculement inverse : des jeunes se radicalisent et/ou rejettent le discours culturel public car ils s’y sentent niés.

Toujours pour les jeunes, comme pour les moins jeunes, autre exemple. Dans des bibliothèques, certains bibliothécaires refusent de mettre en rayon des ouvrages d’auteurs réputés de droite (Michel Houellebecq, Alain Finkielkraut, François-Xavier Bellamy ou Eugénie Bastié) ou des magazines comme Valeurs actuelles au nom d’un « devoir éthique » autoproclamé et unilatéralement imposé. Ces décisions antipluralistes alimentent alors chez certains lecteurs un sentiment de censure idéologique et contribuent, contre-productivement, à leur basculement vers des formes de convictions anti-système, voire de droite dure, au nom de la « vérité interdite ».

Dans différents centres culturels ou MJC, des ateliers de débat ou de création participative ont été annulés ou vidés de leur substance, non pas par censure gouvernementale, mais par autocensure militante : la peur d’« offenser », de « mal représenter », de « prendre la parole à la place de » a conduit à un assèchement de la parole, du débat et de la transmission, là même où l’on devait émanciper. Le résultat : du silence ou du malaise, là où il devait y avoir échange.

Les exemples sont pléthore. Et tous pointent dans une même direction : une culture publique qui, faute de réflexion critique sur elle-même et d’ouverture à tous, s’éloigne des publics qu’elle prétend servir et court le risque de devenir l’un des vecteurs non plus de l’émancipation mais de la fracturation.

Le pluralisme culturel en trompe-l’œil : clientélisme, baronnies et pressions politiques

En fait, derrière la façade d’un service public culturel neutre et universel se cache une réalité moins reluisante : une instrumentalisation politique des subventions et des projets culturels.

  • Que dire du morcellement institutionnel français, avec ses multiples échelons de pouvoir (communes, agglos, départements, régions), dont certains n’hésitent pas à subventionner prioritairement les associations qui leur sont politiquement proches afin de créer et soutenir de véritables relais culturels partisans souvent dissimulés sous des discours participatifs, culturels et artistiques ?
  • Que dire de la direction des médias au ministère de la Culture, qui, sous couvert de modernisation ou de rationalisation, a concentré l’essentiel de ses aides à la presse sur quelques grands groupes privés capitalistiques en marginalisant ainsi de fait les éditeurs de presse associatifs, indépendants, voire engagés localement ?

Selon les chiffres du dernier rapport de la DGMIC, en 2024, près de 70 % des aides directes à la presse ont été attribuées à moins de dix titres nationaux, tous détenus par de puissants groupes industriels ou bancaires. Résultat : un sentiment de plus en plus largement partagé chez les Français d’un pluralisme politique artificiel, théâtralisé autour de quelques acteurs autorisés et promus.

Dans cette veine, on peut légitimement redouter que, d’ici dix à quinze ans, l’ensemble des grands quotidiens ait été racheté par un magnat américain. Celui-ci concentrera alors le pouvoir médiatique ou, plus vraisemblablement encore, fera disparaître les titres acquis au profit de ses propres réseaux sociaux. Ces plateformes traiteront l’information non plus selon une logique universelle et critique, mais en fonction des biais auto-affectifs des internautes.

Or, le seul véritable garde-fou contre cet avenir obscur consisterait précisément à consolider un vaste tissu territorial d’éditeurs de presse associatifs de taille moyenne — des structures qui, par nature et par choix, résisteraient à un mouvement de rachat global. Et pourtant, la République française s’emploie à les faire disparaître. Incompréhensible.

Le modèle de la culture « à la française » : un écosystème clos sur lui-même et une hypocrisie structurelle

La culture en France, c’est aussi un écosystème global fermé composé d’écosystèmes locaux eux-mêmes verrouillés. Un système qui a lentement mais sûrement dérivé vers le copinage, l’entrisme, une économie circulaire peu perméable, où l’ensemble des acteurs (institutions, réseaux, experts) reste largement aligné sur une doxa héritée des années 1980, de l’ère Lang-Mitterrand, qui n’a pas su ni voulu se renouveler et s’est enfermé dans un mode de gestion vertical d’Ancien régime.

Résultat : une répétition des mêmes schémas esthétiques et idéologiques, des discours figés, des narrations usées, un oubli progressif de la pluralité réelle de la société française, de ses imaginaires, de sa jeunesse bigarrée, vive, numérique, intuitive, hors cadre. Loin d’un conservatoire du passé, la culture devrait être un miroir éclaté du présent.

Car un autre tabou traverse silencieusement le monde culturel français : sa composition sociale et raciale ultra-homogène. Les postes de direction dans les grandes institutions (théâtres nationaux, opéras, musées, écoles supérieures, agences publiques) sont occupés très majoritairement par des hommes blancs, issus des classes supérieures. Quelques femmes blanches occupent des postes de responsabilité. Quant aux personnes issues de la diversité — immigrations postcoloniales, Outre-mer, asiatiques, milieux populaires — elles sont quasiment absentes des sphères de gouvernance.

Et pourtant, ce sont ces mêmes institutions qui, sur scène, dans leurs discours publics, leurs projets de communication ou leurs appels à projets, se posent en championnes de l’inclusion, de la diversité, de la lutte contre les discriminations. Il y a là une hypocrisie française profonde : on parle de la défense des immigrés, au nom des immigrés, sans eux ; on parle de la promotion des cultures populaires au nom du petit peuple de France, mais en le dévaluant. On programme la diversité comme thème, mais jamais comme objectif concret.

Cet écart entre l’affichage et la structure réelle du pouvoir culturel alimente un ressentiment diffus mais croissant : sentiment d’exclusion, désaffiliation, perte de confiance aussi bien de jeunes issus de l’immigration que de jeunes originaires de la France populaire. La gestion institutionnelle du fait culturel en France fragilise la légitimité même du service public culturel. Incompréhensible.

Refaire culture commune : un chantier de reconquête démocratique

Il ne s’agit pas de jeter la culture publique avec l’eau du soupçon. Il s’agit de la réinventer radicalement, de l’ouvrir, de la déranger.

Cela suppose :

  • un pluralisme réel et assumé, y compris dans les expositions et théâtre officiels (pas amateurs), les bibliothèques, les subventions et les commandes publiques ;
  • une transparence totale sur les aides culturelles (à qui, pour quoi, selon quels critères ?) ;
  • un décloisonnement des pratiques et des esthétiques qui ne hiérarchise plus de manière implicite entre culture « légitime » et culture « populaire » ;
  • une décentration politique afin que la culture ne soit plus l’apanage d’un camp, mais le terrain commun d’un peuple en débat.

Pour une culture de la dissidence partagée non de l’entre-soi conforté

La culture ne doit pas conforter ceux qui détiennent déjà les codes : elle doit inquiéter, convoquer, déplacer, y compris ceux qui la promeuvent.

Mais dans les faits, y compris les thématiques les plus radicales — identités, colonialisme, sexualités, écologie, déconstruction — sont souvent abordées dans les lieux culturels (notamment les théâtres) à travers des constructions codifiées, intellectualisées, ritualisées, qui rassurent leur public cible. On joue la subversion, mais dans un cadre esthétiquement attendu, voire embourgeoisé, balisé, quasi inoffensif.

C’est une transgression sans risque, un langage qui tourne en boucle dans le même milieu, pour les mêmes spectateurs, avec la même grammaire critique. Et ce faisant, on en vient à exclure d’autres formes de radicalité, d’autres sensibilités politiques ou culturelles, jugées trop brutales, trop populaires, trop déviantes — alors même que la culture devrait précisément être le lieu du conflit symbolique, du choc des mondes, de la coexistence inconfortable.

À cette domestication du radical s’ajoute une autre forme d’angle mort : l’invisibilisation de la question spirituelle et du fait religieux dans la culture institutionnelle française. Les enjeux religieux — qu’ils soient d’ordre personnel, sociologique ou géopolitique — traversent profondément la société française et le monde et intéressent une large partie de la population (28% des Français croient en Dieu tel qu’il est décrit dans la Bible, le Coran, la Torah, 19% croient dans une Puissance supérieure, 37% ne croient ni en l’Un ni en l’Autre, 16% ne se prononcent pas). Pourtant, ces enjeux sont largement tenus à l’écart des programmations culturelles et éducatives, comme si la laïcité à la Française signifiait évitement ou tabou. Ce refoulement participe d’une forme de censure athéiste diamat qui appauvrit la compréhension du monde contemporain et empêche de penser ce qui, pour beaucoup de ses participants, interroge, voire fait sens.

Plus largement, un décalage s’installe entre les dynamiques réelles de la société et les représentations figées proposées par les institutions. Il suffit de regarder les cours de lycée, les universités, les milieux artistiques émergents, pour constater une mixité sociale et raciale bien plus forte que celle que l’on retrouve dans les rangs de l’administration, des grandes structures culturelles ou des organes de décision publique. Cette France jeune, métissée, inventive, ouverte à des formes de culture, d’engagements, d’actions politiques et de spiritualité nouvelles ou recomposées, peine à se reconnaître dans des institutions qui lui parlent de diversité sans l’incarner réellement, que ce soit sur scène, dans les médias, les partis politiques, les conseils d’administration ou les grilles de recrutement. Le fossé entre l’énergie réelle du pays et la lenteur conformiste de ses élites culturelles ne cesse de se creuser.

Aussi la crise que nous traversons n’est-elle pas seulement budgétaire. Elle est anthropologique et politique. Voulons-nous une culture qui enseigne ou une culture qui débat ? Une culture qui reproduit ou une culture qui libère ? Une culture idéologique ou un culture démocratique ? Une culture de cour ou une culture du commun ?

C’est cette question, centrale, qui devrait être, et depuis longtemps, au cœur des choix publics. Sinon, la culture institutionnelle continuera de mourir en France — non d’asphyxie budgétaire, mais de désamour démocratique.

Quel choix en période de restriction budgétaire ?

En période de restriction budgétaire, les collectivités locales ont tendance à réduire les subventions accordées aux petites associations culturelles (et sportives) de quartier afin de préserver la tenue — et souvent l’image — des grands établissements labellisés. Ce choix, apparemment rationnel, obéit à une logique de prestige et de conservation de l’existant. Mais est-ce vraiment un bon calcul à moyen terme ?

Car en sacrifiant les lieux de création décentralisés, les structures de proximité, les initiatives associatives ancrées dans le tissu local où se trouve une vraie participation citoyenne et civique, c’est l’accès même à la nourriture culturellr pour une large part de la population qui est mis en péril. Le risque est de glisser insensiblement vers une société où la vie culturelle aidée — c’est-à-dire financée, visible, institutionnalisée — serait réservée à une minorité fermée sur elle-même, dotée du capital culturel adéquat, convaincue de son bon goût et persuadée d’incarner la norme universelle…

Ce scénario n’est pas une fiction. Il est déjà en germe dans bien des territoires, notamment la Région Pays de la Loire : les grandes scènes urbaines continuent d’être subventionnées tandis que les centres culturels de quartier, les festivals indépendants, les ateliers intergénérationnels, les petites associations locales ou les tiers-lieux ferment les uns après les autres, privés de moyens. Et pourtant, c’est là, dans cette microculture du quotidien que se cultive le liant social et s’inventent des formes audacieuses, ouvertes, vivantes. Préserver uniquement le sommet de la pyramide culturelle tout en sabrant sa base, c’est menacer l’ensemble de l’édifice. Et, ce faisant, creuser le fossé entre la culture « offerte » et les aspirations culturelles réelles des citoyens.

Une société où l’on cloisonne les espaces du savoir, de la création et du dialogue critique est une société qui s’achemine vers la dislocation de son contrat symbolique.

Une des clefs : un désarrimage partiel entre culture et politique

Depuis soixante ans, depuis les regrettés De Gaulle et Malraux, la politique culturelle française s’est définie par son adossement étroit à l’État et aux collectivités publiques. Cela a permis des avancées considérables : démocratisation de l’accès, reconnaissance des artistes, aménagement du territoire, soutien à la création. Mais aujourd’hui, ce lien est devenu ambivalent.

Le pouvoir politique, en concentrant la culture dans ses mains, a accaparé sa direction symbolique, son financement, et parfois même sa parole. À force de chercher à « piloter » la culture, il en a figé les formes, les récits et les légitimités. il l’a parfois, et de plus en plus souvent, utilisée comme levier de distinction partisane, d’affichage progressiste et de clientélisme territorial, au détriment de son souffle propre.

Sans doute est-il temps de reconsidérer ce lien. Sans rompre le soutien public — qui reste indispensable — il faudrait imaginer un « désarrimage partiel » entre culture et pouvoir politique, afin de :

  • redonner de l’autonomie aux artistes et aux structures par rapport aux agendas institutionnels ;
  • permettre aux formes alternatives, communautaires, vernaculaires, dissidentes, de coexister avec les esthétiques établies ;
  • ouvrir l’espace culturel à un pluralisme réel, y compris politique, sans soupçon ni récupération.

Ce désarrimage pourrait aussi s’inspirer de modèles étrangers. Au Québec, en Espagne ou en Suisse, certaines politiques culturelles intègrent des formes participatives plus directes, une décentralisation réelle des choix artistiques et une évaluation citoyenne des institutions. Pourquoi ne pas mettre en place en France des comités citoyens intégrés à la gouvernance des établissements culturels ? Ou encore un revenu culturel d’autonomie pour les jeunes artistes indépendants qui permettrait à une nouvelle génération de créer hors des logiques de subvention conditionnée ou de validation institutionnelle ?

Ces pistes de transformation promettent de recueillir l’assentiment verbal d’une large part des 567 222 élus locaux et nationaux qui administrent le pays, mais hélas ! pas leur engagement réel. En France, on cultive l’art de l’immobilisme avec ferveur — même quand tout s’écroule autour de nous.

Au demeurant, la culture ne peut jouer son rôle dans la démocratie que si elle cesse d’être l’organe symbolique d’un seul camp. Elle doit redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : un territoire en friction, en friction féconde, où peuvent cohabiter la mémoire et la rage, la douceur et la critique, l’expérimentation et l’héritage.

« La culture est ce qui subsiste quand on a oublié tout ce qu’on a appris »

Ellen Key, pédagogue et essayiste, in revue Verdandi, 1891, p. 97, article intitulé « On tue l’esprit dans les écoles »…

Reconnaître la Palestine : un tournant géopolitique pour la France, entre morale, droit et réponse à l’annexion

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Par un geste hautement symbolique, Emmanuel Macron vient d’annoncer que la France reconnaîtra officiellement l’État de Palestine en septembre 2025. Cette décision marque un tournant majeur dans la politique étrangère française au cœur d’un contexte mondial fragmenté, d’un Proche-Orient à feu et à sang et d’une Union européenne en quête d’une voix diplomatique cohérente.

La France n’a jamais nié le « droit des Palestiniens à un État ». Mais depuis la déclaration d’Alger de 1988, où l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) proclamait symboliquement l’État de Palestine, Paris avait choisi l’attentisme diplomatique, en préférant inscrire cette reconnaissance dans le cadre d’un règlement négocié avec Israël. Cette position, partagée avec d’autres puissances occidentales, reposait sur une double prudence : ne pas entériner un statu quo illégitime, mais ne pas isoler Israël non plus. Or, depuis plusieurs mois, cette ligne s’effondre. Les insoutenables massacres à Gaza, l’impasse du processus de paix, la radicalisation du gouvernement israélien et la reconnaissance déjà actée par l’Espagne, l’Irlande, la Norvège ou la Slovénie ont fait de la prudence française un anachronisme.

Un gouvernement israélien en rupture avec le droit

La reconnaissance par la France s’inscrit dans un contexte inédit : le gouvernement israélien dirigé par Benyamin Netanyahou n’obéit plus à aucun garde-fou international. Soutenu par une coalition d’extrême droite et de partis ultra-religieux, Netanyahou mène une politique assumée d’annexion rampante des territoires palestiniens. La colonisation s’est intensifiée de manière sans précédent en Cisjordanie, les exactions des colons se multiplient dans l’impunité, et l’éradication physique et institutionnelle de Gaza depuis octobre 2023 montre un projet de disparition de la Palestine, non plus tacite mais délibéré. Dans ce contexte, la reconnaissance de la Palestine par des États tiers devient la seule manière de s’opposer par le droit à ce projet d’effacement. Ce n’est plus un geste diplomatique de convenance : c’est un acte de résistance politique à un pouvoir hubrique qui outrepasse les normes internationales.

Une France en quête de voix géopolitique

Emmanuel Macron ne se contente donc pas d’un acte moral. Il cherche à repositionner la France comme puissance d’équilibre, face à l’unilatéralisme américain, au silence de l’OTAN, à l’enlisement de l’ONU. En se ralliant à une solution à deux États — aujourd’hui mise à mort par les faits —, Paris tente de raviver le droit en réponse à la force immodérée et de restaurer une forme d’autorité normative. C’est aussi un signal envoyé au monde arabe. Depuis la guerre de Gaza, la France a été perçue comme ambiguë, soutenant initialement le droit d’Israël à se défendre, tout en minimisant les crimes de guerre. Ce retournement tardif est aussi un geste de réparation diplomatique pour ne pas hypothéquer durablement ses relations avec le Maghreb, le Liban, l’Égypte ou les pays du Golfe.

Encore faut-il préciser combien les dirigeants de ces pays ont pu être lent et ambigus dans leur soutien à la cause palestinienne et aux Gazaouis en préférant souvent la prudence stratégique à l’indignation morale, pris entre la solidarité panarabe et leurs propres intérêts sécuritaires, énergétiques ou diplomatiques avec les États-Unis ou Israël. En ce sens, la reconnaissance française agit aussi comme une interpellation silencieuse de ces régimes en les invitant à sortir d’une neutralité de façade. Elle rappelle que la défense de la souveraineté palestinienne ne saurait être laissée aux seuls peuples, aux ONG ou aux chancelleries périphériques, mais qu’elle engage directement les grandes puissances régionales, si elles veulent encore prétendre à une stature politique crédible.

Ce geste de Paris peut donc être lu comme un pari sur un réveil diplomatique collectif, une tentative de reconstruire un axe de stabilité par le droit, et d’arracher la cause palestinienne à l’enlisement cynique dans lequel l’ont confinée tant d’années de compromis avortés, d’occasions manquées, et de réalpolitik feutrée.

Quels effets concrets ?

Au plan du droit international, la reconnaissance française de la Palestine n’a pas d’effet contraignant pour Israël, mais elle légitime les démarches palestiniennes auprès des juridictions internationales. Elle pourrait aussi renforcer l’isolement diplomatique de Tel-Aviv au sein des instances multilatérales et stimuler des mesures de rétorsion conditionnées à la fin de la colonisation. Elle réactive aussi la possibilité d’une politique européenne coordonnée. La France devient le neuvième pays de l’UE à reconnaître la Palestine. Si d’autres suivent (Belgique, Portugal, Italie ?), c’est un début de rééquilibrage diplomatique, qui redonnerait sens au droit international devant la force brute et brutale.

Mais cette décision divise profondément la société française. La gauche, les écologistes, une grande partie du centre (gauche et droite) applaudissent un « geste juste, même tardif ». À droite et à l’extrême-droite, on fustige un « cadeau au Hamas », un « signal dangereux », voire un acte irresponsable vis-à-vis de la communauté juive de France.

Cette reconnaissance, sans accompagnement pédagogique républicain, pourrait intensifier les tensions communautaires. Pour autant, ces tensions sont déjà exacerbées et le conflit israélo-palestinien est trop souvent instrumentalisé comme miroir des fractures françaises. La responsabilité de l’État est ici d’autant plus grande : il devra articuler le geste extérieur avec une politique intérieure de concorde.

Et après ?

Israël d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec l’État pionnier, travailliste et laïque des décennies fondatrices. Il y a quarante ans encore, le paysage politique israélien était structuré autour d’un centre-gauche sioniste, porté par des figures universalistes issues du mouvement ouvrier, héritiers des kibboutz et de la laïcité juive européenne. C’était l’époque de Golda Meir, de Yitzhak Rabin, du Parti travailliste dominant, et d’un débat public encore perméable aux idéaux de coexistence.

Aujourd’hui, le cœur du pouvoir israélien s’est déplacé vers une droite nationaliste, identitaire et religieuse, incarnée par Benyamin Netanyahou et ses alliés ultraorthodoxes ou suprémacistes. L’extrême droite messianique façon Itamar Ben Gvir, naguère marginale, structure désormais la coalition gouvernementale, tandis que l’opposition laïque est fragmentée et en recul.

Cette mutation profonde reflète des évolutions démographiques, sociales et idéologiques internes, où les élites progressistes d’hier cèdent la place à une société plus conservatrice, plus religieuse, et plus méfiante à l’égard des normes internationales. Israël n’est plus l’ »île démocratique » dans la région qu’elle prétendait être, mais une puissance armée retranchée dans un récit de force et de légitimité divine, au détriment de la paix et du droit.

Dans un monde où Israël, sous Netanyahou, ne reconnaît plus ni l’ONU ni la Cour pénale internationale, et agit en rupture ouverte avec les normes du droit international, la reconnaissance de l’État de Palestine par la France s’impose comme un geste ultime afin d’empêcher l’effacement programmé d’un peuple. Ce n’est plus un pari diplomatique : c’est un acte d’interposition morale, un rempart de papier face aux bulldozers, mais peut-être le dernier possible.

La reconnaissance de la Palestine n’est pas un chèque en blanc. L’Autorité palestinienne reste fragile, fragmentée, sans légitimité élective depuis 2006, minée par la corruption et la défiance populaire. La France devra accompagner son geste d’une stratégie claire :

  • conditionner son aide à un retour à la démocratie palestinienne,
  • encourager une réunification entre Gaza et la Cisjordanie sous gouvernance civile,
  • et faire pression sur Israël pour cesser toute politique d’annexion ou de punition collective.

L’honneur du geste ne suffira pas. Seule une constance politique, une diplomatie déterminée et un soutien effectif aux forces démocratiques palestiniennes permettront d’en faire un levier de paix, et non un acte d’archives.

Le CycloTour des Tiers-lieux Bretagne revient en octobre 2025

Du 2 au 5 octobre 2025, la 2e édition du CycloTour des Tiers-lieux, 100 % finistérienne, entraînera des cyclistes curieux et engagés de Quimper à Brest, à la découverte de dynamiques collectives territoriales.

En 2023, une quarantaine de participants avaient partagé une belle aventure collective entre Lorient et Redon. Cette année, des contributeurs ont conçu un itinéraire de 170 km jalonné de découvertes et de rencontres inspirantes. Ouvert à tous, même aux non-sportifs.

Une dizaine de dynamiques collectives et alternatives seront visitées : cafés associatifs, tiers-lieux nourriciers ou culturels en milieu rural, associations de sensibilisation à la mer et au littoral, structures d’insertion… Autant de lieux où des collectifs et des individus « refont le monde » en repensant l’alimentation, l’habitat, le travail, la création ou encore le lien social. À chaque étape, les participants rencontreront les porteurs de projets et découvriront leurs territoires d’action. Chaque initiative devient une source d’inspiration concrète.

Les participant·es, venu·es de toute la Bretagne et d’ailleurs, se retrouveront d’abord à Quimper, au tiers-lieu inclusif et apprenant Flux. Ils visiteront ensuite un écolieu avant de faire halte à la Pointe Emmaüs au Cap Sizun, un lieu mêlant hébergement social et touristique, restauration et ressourcerie. Le lendemain, ils rejoindront les Ateliers Jean Moulin à Audierne pour rencontrer des artisans, puis découvriront à Douarnenez un centre social et l’association Ystopia, engagée dans la sensibilisation au littoral et à la mer. En soirée, un moment festif est prévu avec un bal folk à l’Île au Vent, lieu dédié à la permaculture et à l’agroécologie, à Ploeven (29).

Le lendemain, cap sur le tiers-lieu culturel rural RunArPuns à Châteaulin (29), où les participant·es prépareront un repas collectif avec les bénévoles, avant de visiter le tiers-lieu nourricier La Ferme de Kervilavel. Le dernier jour sera consacré à la rencontre avec la communauté de travail de La Serre à Plougastel, et à un bilan sensible de cette expérience collective, à Brest.

La convivialité étant au cœur du CycloTour, les repas sont préparés collectivement ou par des artisans locaux, à partir de produits bio et de saison. Seul·e, en famille, entre amis ou collègues, chacun·e est bienvenu·e dans ce groupe ouvert et chaleureux. Le parcours à vélo est encadré par un guide à l’avant et un serre-file à l’arrière, tandis que des « flèches » s’arrêtent aux intersections pour assurer la fluidité du groupe. Trois formules tarifaires sont proposées : hébergement sous tente, en dur, ou tarif réduit.

Pour en savoir plus : www.apluscestmieux.org/cyclotour-bzh

Crédits photos : CléaMosaïque

Love Island USA ou la comédie romantique terminale : miroir brillant et crétin de notre époque

PREVIOUSLY ON LOVE ISLAND USA : ils sont beaux, gainés, tatoués, parfois brillants, souvent clichés, toujours ultra conscients des caméras. Ils s’appellent Huda, Nic, Olandria, Bryan ou Cierra, et ils ont été enfermés dans une villa sponsorisée par la dépression hédoniste pour “trouver l’amour”… sous le regard addictif d’une société qui ne croit plus à l’amour, mais reste accrochée à son fantasme.

Love Island USA” n’est pas juste la téléréalité la plus regardée des États-Unis : c’est la plus scrutée, commentée, mimée, et, surtout, vécue par procuration. Chaque épisode est une tranche d’“intimité stratégique”, chaque relation une négociation entre libido, image publique, et stratégie d’écran.

Et c’est là que ça devient fascinant : Love Island, ce n’est pas de l’amour, c’est de la gamification relationnelle. On “matche”, on “recouple”, on vote, on rejette — comme on swipe sur Tinder, sauf que là, on est en HD 4K et qu’on porte des maillots de bain pensés pour maximiser le temps de cerveau disponible. Chaque geste est une mise en scène de soi, chaque flirt un pari sur sa durée de visibilité. Le show a atteint un tel degré de méta que les candidats eux-mêmes parlent ouvertement de leur « edit », de leur stratégie de popularité, ou de leur rencontre avec le psy du show après un échec amoureux – comme si l’émotion elle-même devenait un script à ajuster.

LOVE ISLAND USA

Pourquoi sommes-nous captivés ? (Spoiler : ce n’est pas l’amour !…)

On regarde Love Island USA non pas pour croire en l’amour, mais pour s’assurer que l’amour est devenu impossible. Et cette certitude est, paradoxalement, rassurante. Parce que la série nous offre une esthétique du naufrage affectif : on se regarde dans ce miroir en riant, en jugeant, en analysant. Et parfois, on se surprend à ressentir — une forme d’empathie post-ironie.

Derrière les “recouplings” et les bisous de circonstance, il y a l’angoisse contemporaine de ne plus savoir comment aimer sans performance. On regarde Love Island USA comme on regarderait Black Mirror version piscine à débordement : ce qui nous fascine, c’est la possibilité que plus personne ne sache ce qu’est une émotion non monétisée.

Les Millennials avaient “Friends”, les Gen Z ont “les Villain edits”

Ce qui différencie fondamentalement Love Island USA des émissions de rencontre des années 2000, c’est la conscience méta des participants. Ils parlent en langage TikTok, pensent en likes, vivent sous forme de mèmes. Ils savent qu’ils doivent pleurer pour exister à l’écran, mais pas trop pour ne pas paraître faibles. Ils connaissent les codes : être “The People’s Princess” (Amaya), éviter le “villain edit” (Cierra), capitaliser sur la vulnérabilité calibrée (Huda et son histoire familiale poignante révélée en confessionnal).

Ce n’est plus de la télévision, c’est de la gestion de marque personnelle sur fond de baisers chorégraphiés. Et cela nous dit quelque chose d’essentiel : nous vivons dans une époque où tout lien intime est potentiellement monétisable, où le couple est une startup érotique évaluable en “engagement metrics”.

The most INSANE season of Reality TV…Love Island USA Season 7

Une clinique des affects contemporains

On pourrait croire que cette série est creuse. Elle est au contraire une archéologie de nos failles collectives. L’obsession de l’image, la peur de l’oubli, la quête désespérée d’authenticité dans un monde saturé de filtres.

On voit des gens jouer à être amoureux, comme on joue à être “safe”, “woke”, “deep”, mais jamais “trop”. Trop intense ? Tu fais peur. Pas assez impliqué ? Tu es toxique. Les émotions sont régulées comme des flux de données. Et c’est ici que la psychanalyse s’invite en catimini : Love Island USA rejoue en boucle le trauma du regard – que suis-je quand je ne suis pas regardé ? L’amour devient un outil de validation. Le désir, un contrat.

Est-ce grave, docteur ?

Pas nécessairement. Car derrière le sarcasme et les paillettes, Love Island USA est peut-être la tragédie douce-amère la plus fidèle à notre époque. Ce n’est pas une satire de l’amour, c’est un testament de ce qu’il en reste.

Et si on regarde cette émission en se moquant, c’est peut-être aussi parce qu’on a peur. Peur que nos propres relations soient devenues des îles — artificielles, jolies, mais désertées de sens. Et que, pour paraphraser The Cut, nous aussi, parfois, on n’attende qu’une chose : être libérés de la villa.

Aimer à l’ère du streaming

Love Island USA, c’est un peu comme un test de Rorschach émotionnel : certains y voient un divertissement kitsch, d’autres une dystopie affective, d’autres encore une forme de vérité tordue sur les nouvelles écritures de l’intime.

Et si, au fond, on continuait à regarder non pas malgré sa superficialité, mais grâce à elle ? Parce qu’en 2025, dans un monde saturé d’angoisse, parfois, la plus grande sincérité est celle qui se cache derrière un faux baiser au bord d’une piscine.

The Love Island USA Finale Was Actually Reality TV GOLD - Love Island USA Season 7 Finale Recap

Rennes. Le groupe Samsic s’installera à EuroRennes fin 2027

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Mardi 8 juillet 2025, la première pierre du futur siège social du groupe Samsic a été symboliquement posée rue de l’Alma, au cœur du quartier EuroRennes, à proximité immédiate de la gare. Ce bâtiment d’envergure, conçu pour accueillir 750 collaborateurs, sera livré fin 2027.

Cette maison en briques rouges, bien connue des Rennais, semble presque oubliée au milieu des constructions modernes d’EuroRennes. Pourtant, c’est à proximité de l’Octroi, qu’un nouveau chapitre urbain s’ouvre avec la construction du siège de Samsic.

Bien que les travaux aient débuté en décembre 2024, la cérémonie du 8 juillet marque le lancement officiel du programme immobilier Blériot-Féval, en présence de l’aménageur Bati Armor, du pôle immobilier For Immo, du groupe Blot et de Rennes Métropole.

Le groupe Samsic, entreprise bretonne de services aux entreprises, emploie aujourd’hui 140 000 personnes dans le monde.

« Nous avions besoin de nous agrandir pour accueillir les 750 personnes qui travaillent à Cesson-Sévigné. Et nous serons bien dans ce quartier, à proximité de la gare et à 1h30 de Paris », a précisé Christian Rouleau, fondateur du groupe.

Plus de la moitié de l’activité de Samsic se déploie désormais à l’international. Le choix d’EuroRennes s’impose donc pour sa connectivité, la qualité de ses transports en commun, et l’intégration aux mobilités douces (pistes cyclables, métro, bus).

Le programme Blériot-Féval : une ville mixte, accessible et durable

Le nouveau siège social s’inscrit dans un projet urbain plus vaste, pensé autour de la gare et piloté depuis une quinzaine d’années par Rennes Métropole.

« Ce quartier, c’est un concentré de ce que nous voulons comme ville : attractive, accessible et ouverte à toutes et tous », a rappelé Nathalie Appéré, maire de Rennes et présidente de Rennes Métropole.

samsic rennes

Blériot Nord – Siège du groupe Samsic

  • Deux bâtiments de huit étages
  • Reliés par un gradin de toitures-terrasses végétalisées
  • L’Octroi, maison patrimoniale du site, sera conservée et restaurée pour accueillir des bureaux annexes

Ilot Féval – Une tour d’habitation emblématique

  • Immeuble de 17 étages (50 mètres)
  • 180 logements, des bureaux et commerces en pied d’immeuble
  • Respect des normes environnementales RE2020 seuil 25
  • Usage de béton bas carbone et espaces extérieurs privatifs pour chaque logement

Blériot Sud – Logements en accession solidaire

  • 32 logements accessibles grâce au bail réel solidaire (BRS)
  • Ce dispositif dissocie le foncier du bâti, permettant de réduire significativement le coût d’acquisition pour les futurs propriétaires

Un nouveau visage pour EuroRennes

Ce projet immobilier participe à la transformation du quartier EuroRennes en un pôle mixte et durable, mêlant logements, emplois, commerces et services. Il reflète aussi l’ambition métropolitaine : faire de Rennes une ville connectée et inclusive, tournée vers l’avenir.

Livraison prévue : fin 2027
Nombre de salariés accueillis : 750

Photo : Arnaud Loubry, Rennes Ville et Métropole

DANGEROUS ANIMALS de Sean Byrne ou quand les mâchoires s’ouvrent sur la psyché humaine

Présenté à la Quinzaine des Cinéastes du Festival de Cannes 2025, Dangerous Animals n’est ni un énième « shark movie » ni un simple slasher estival, mais une proposition dérangeante, hybride, où la violence de la nature se fond dans les abysses de la perversion humaine. Sean Byrne, cinéaste australien révélé avec The Loved Ones (2009) et The Devil’s Candy (2015), signe ici son œuvre la plus aboutie, fusionnant deux mythologies de la peur : celle du requin et celle du serial killer.

Note avis : ★★★★☆

Un thriller aquatique entre deux monstres : le squale et l’homme

La Gold Coast australienne, réputée pour ses plages de rêve et ses spots de surf, devient le théâtre d’un huis clos maritime suffocant. Zephyr (interprétée par la magnétique Aisha Dee), jeune surfeuse marginale en rupture de ban avec la société et ses conventions, est kidnappée par Tucker (Jai Courtney, glaçant de retenue), opérateur de plongée en cage… et sociopathe. Ce dernier, dans un rituel baroque, immerge ses proies dans une danse macabre où l’eau salée devient le tombeau liquide de ses pulsions.

Loin des clichés du film de requins — jump scares, morsures numériques, héros musclés —, Dangerous Animals joue une partition plus retorse. Le requin y est moins le tueur que le témoin, le complice passif d’un sadisme anthropocentrique. C’est l’homme qui devient ici le véritable prédateur apex.

Une mise en scène clinique de la cruauté

Byrne fait preuve d’un sens du cadre chirurgical. Le bateau de Tucker, réduit à quelques mètres carrés, devient un théâtre d’oppression à ciel ouvert. L’élément liquide, omniprésent, n’offre aucun refuge. Loin d’être un simple décor, l’océan agit comme un révélateur des psychés : vaste, profond, indifférent.

Le montage, nerveux mais jamais hystérique, alterne temps suspendu et éclats de violence, jouant sur la tension plus que sur l’horreur graphique. Le film préfère la suggestion à l’explicite : un plan prolongé sur un hublot embué, des cris étouffés, des reflets d’eau rouge.

Mention spéciale à la bande sonore, aux confins du sound design et de la musique industrielle, qui fait du ressac une plainte continue. La mer n’est plus romantique : elle est menaçante, amniotique, primale.

Dangerous Animals (2025) - Bande annonce HD VOST

Un sous-texte féministe et politique

Zephyr n’est pas une victime passive. Le scénario évite avec intelligence le trope de la final girl traditionnelle. Sa résistance n’est pas une performance de survie musclée, mais une guerre des nerfs, une reconquête mentale de son intégrité. En cela, Dangerous Animals rejoint des films comme Hard Candy ou Revenge, où l’horreur devient l’outil d’une émancipation.

Au-delà du féminisme, Byrne tisse une critique amère du tourisme de sensations fortes, de l’objectivation des corps (humains ou animaux), et de la virilité toxique. Tucker, figure d’un capitalisme morbide, exploite à la fois la peur des requins et l’attrait qu’ils suscitent. Sa cage de plongée est une métaphore limpide : celle de l’humanité qui croit contrôler la nature tout en s’y enfermant elle-même.

Héritages et renouvellements : une esthétique du contre-pied

La réussite du film tient aussi à sa capacité à dialoguer avec ses prédécesseurs sans s’y soumettre. Il détourne Jaws (1975) de Spielberg en inversant les forces : ici, la menace ne vient pas du large, mais du pont du bateau. Il évoque The Shallows(2016) tout en s’en écartant narrativement, préférant l’affrontement psychologique au combat physique. L’humour noir à la Silence of the Lambs affleure même parfois, dans les monologues glaçants de Tucker sur l’écologie et le darwinisme marin.

Dangerous Animals n’est pas un film parfait — certains dialogues sont appuyés, la dernière séquence frôle le symbolisme lourd — mais il ose. Il ose brouiller les pistes, fusionner les genres, injecter de la pensée dans le sang. Sean Byrne signe ici un thriller sensoriel et psychanalytique, où le requin n’est plus un monstre, mais le miroir d’un monde où la sauvagerie a changé de camp.

Un film pour les amateurs de genre, certes. Mais aussi, surtout, pour celles et ceux qui veulent voir ce que l’horreur dit de nous — et du monde que nous avons créé.

FICHE TECHNIQUE

  • Titre original : Dangerous Animals
  • Réalisateur : Sean Byrne
  • Scénario : Sean Byrne, Alice Bell
  • Production : Causeway Films (Australie), Pathé Films (distribution internationale)
  • Durée : 1h47
  • Genre : Thriller / Horreur / Survival
  • Pays : Australie
  • Langue originale : Anglais
  • Date de sortie (France) : 2 juillet 2025
  • Musique : Jed Palmer
  • Photographie : Germain McMicking
  • Montage : Jack Hutchings
  • Effets spéciaux (requins) : Un mélange d’effets pratiques et de CGI supervisé par la société australo-néo-zélandaise Rising Sun Pictures
  • Tournage : intégralement réalisé en décors naturels au large de la Gold Coast, Queensland (Australie)

DISTRIBUTION PRINCIPALE

  • Aisha Dee : Zephyr, la surfeuse
  • Jai Courtney : Tucker, le tueur en série obsédé par les requins
  • Ryan Corr : Moses, ex-petit ami de Zephyr, lanceur d’alerte
  • Ursula Yovich : la mère de Zephyr, activiste aborigène
  • Thomas Weatherall : Kai, jeune plongeur embarqué dans la traque

PALMARÈS & FESTIVALS

  • Quinzaine des Cinéastes – Festival de Cannes 2025 : standing ovation et mentions critiques unanimement positives
  • Prix du Meilleur Réalisateur – Sydney Fantastic Fest
  • Sélection officielle – Karlovy Vary (section Midnight Movies)
  • Pré-nomination aux AACTA Awards 2025 pour meilleure actrice (Aisha Dee) et effets visuels

Naissances en recul, décès en hausse : la France au bord du silence démographique

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Un frisson discret traverse les chiffres. 651 000 morts, 650 000 naissances. Ce n’est presque rien, mille voix d’écart à l’échelle d’un pays. Mais ce murmure statistique, publié sans fanfare par l’Insee, scelle un basculement inédit : pour la première fois depuis la Libération, la France compte plus de cercueils que de berceaux. Un solde naturel négatif, discret mais lourd. Une bascule démographique qui n’est pas un effondrement, mais un avertissement — et peut-être le symptôme d’un trouble plus profond.

Une rupture feutrée, mais décisive

À Saint-Dié, dans les Vosges, la maternité a fermé en 2024, faute de naissances suffisantes. À quelques kilomètres de là, la maison de retraite affiche complet, et le maire évoque « une ville qui s’endort sur elle-même ». Ces réalités locales rejoignent aujourd’hui le tableau national.

Jusqu’ici, la France faisait figure de rempart dans une Europe en déclin. Le pays aux bébés pleins les bras, encore dopé par son image des années 2000, résistait à l’hiver démographique. Mais cette époque est révolue. Le solde naturel — différence entre naissances et décès — est passé sous zéro. Ce n’est pas une simple statistique. C’est un tournant civilisationnel.

Pourquoi les berceaux se vident ?

Un désir d’enfant devenu incertain

Les raisons sont nombreuses. Mais il faut commencer par l’essentiel : le désir d’enfant vacille. Pas chez toutes et tous. Mais assez pour que la courbe fléchisse.

Sarah, 33 ans, cadre à Toulouse, confie : « J’aimerais un enfant, mais entre mon CDD, le loyer à 950 euros et l’hôpital à 45 minutes… je repousse. Et parfois je me demande : pourquoi le mettre au monde, ce bébé ? » C’est une phrase qu’on entend de plus en plus. Pas un rejet, mais une fatigue. Une peur. Un trop-plein d’incertitudes.

Le taux de fécondité s’effrite, lentement mais sûrement. À 1,68 enfant par femme, il ne garantit plus le renouvellement des générations. Et derrière les chiffres, il y a un basculement intime, presque silencieux, dans les esprits.

La grande panne de confiance

Faire un enfant, c’est un pari sur l’avenir. Mais dans une société qui doute de demain, les paris se font rares. Crise climatique, anxiété économique, isolement, travail fragmenté : les jeunes générations sont moins portées par l’idée d’héritage et plus préoccupées par l’idée de tenir.

Autrefois, un enfant était une évidence. Aujourd’hui, il devient une question : aurai-je les moyens ? le temps ? l’énergie ? et lui, quel monde va-t-il habiter ?

Le contre-choc du vieillissement

En parallèle, la France entre dans l’ère du papy-boom. Les générations du baby-boom (1946-1973) atteignent des âges avancés. Les décès se multiplient. Dans les salons de l’Ehpad de Périgueux ou les chambres silencieuses d’Albi, la fin de vie s’étire. La démographie, ici, n’est plus une croissance, mais une mémoire en train de s’effacer.

Qu’est-ce que cela change ? Tout. Ou presque.

L’économie des vivants

Ce ne sont pas que des chiffres. Chaque berceau vide, c’est une école qui ferme, une nounou au chômage, un village qui se tait. Chaque décès, c’est une transmission qui s’arrête, un métier qui disparaît, une histoire qu’on n’écrira pas.

Moins de jeunes, c’est moins de travailleursmoins de cotisantsmoins de dynamisme entrepreneurial. Une population qui stagne ou décline, c’est aussi une économie qui respire moins vite.

Une France vieillissante, plus lente, plus fragile ?

Les cartes sont déjà en train de se redessiner : dans la Sarthe, la Corrèze, l’Aude, des villages deviennent des maisons de retraite à ciel ouvert. Les écoles ferment, les pharmacies tiennent à peine. Une France grise remplace la France verte.

Et cette France vieillit sans toujours être soignée. Car le système de santé rural s’effondre. Et les métiers du soin — aides-soignantes, infirmiers — manquent, partout.

Un pacte social à réécrire

Nos modèles sociaux sont bâtis sur la croissance. Retraites, sécurité sociale, services publics… tout suppose un équilibre démographique. Ce n’est plus le cas.

On ne pourra pas faire comme si de rien n’était. Il faudra choisir : travailler plus longtemps ? cotiser davantage ? ouvrir davantage les frontières ? réduire certaines prestations ? Ou inventer autre chose — un pacte intergénérationnel repensé, moins comptable, plus humain ?

Quelles issues possibles ?

Plutôt que d’agiter la peur, il faut ouvrir des chemins. Voici quelques pistes, parmi d’autres :

Refaire société avec les jeunes adultes

On parle toujours de la natalité en chiffres. Mais la natalité, c’est le fruit d’un écosystème : confiance, logement, éducation, dignité au travail. Il ne suffit pas d’augmenter les allocations. Il faut reconstruire un horizon vivable pour les trentenaires.

Assumer un récit migratoire positif

La croissance démographique de demain, si elle a lieu, viendra de l’immigration. La France devra choisir : se recroqueviller, ou organiser ce mouvement avec intelligence, respect, exigence. Faire de l’accueil une politique, pas un tabou.

Redonner sens au temps long

Dans une société où tout va vite, le soin, l’éducation, la transmission doivent devenir les nouveaux piliers. Moins d’enfants ? Alors mieux les élever. Moins de jeunesse ? Alors lui donner plus de pouvoir. Plus de personnes âgées ? Alors les faire entrer dans la vie commune, et non les reléguer.

Accepter une France à taille humaine

Et si nous étions trop nombreux pour les limites de la planète, et trop dispersés pour l’intensité du lien ? Peut-on imaginer une France de 65 ou 64 millions d’habitants, sobre, dense, juste, équitable, heureuse ? Ce n’est pas un scénario catastrophe. C’est peut-être un futur désirable.

La France de 2025 respire moins vite. Elle entre dans un âge adulte, peut-être mélancolique, mais pas nécessairement triste. Ce basculement démographique est un miroir. Il ne dit pas seulement combien nous sommes. Il dit qui nous devenons.

Le monde change, lentement. Les générations passent. Mais la question demeure : quelle mémoire voulons-nous honorer et quel avenir sommes-nous prêts à rêver, ensemble ?

Le Conservatoire du littoral à la croisée des chemins : protéger le rivage malgré les vents contraires

Depuis 50 ans, le Conservatoire du littoral incarne en France une mission unique : protéger les rivages contre la bétonisation, restaurer les équilibres écologiques, et garantir aux générations futures l’accès à un patrimoine naturel irremplaçable. Mais à l’heure des restrictions budgétaires et des réformes de l’État, cette institution discrète mais essentielle fait face à des incertitudes préoccupantes.

Le Conservatoire du littoral, un outil public exemplaire… mais fragile

Créé en 1975 sur le modèle du National Trust britannique, le Conservatoire du littoral acquiert, par voie amiable, des terrains menacés le long des côtes françaises. Il en assure ensuite la restauration et la mise en valeur écologique, en partenariat avec les collectivités locales. Il protège aujourd’hui plus de 215 000 hectares, soit près de 20 % du linéaire côtier métropolitain, ainsi que des sites ultramarins remarquables.

Au fil des décennies, son action a permis de sauver des marais, des dunes, des falaises et des mangroves de l’urbanisation irréversible. Il a aussi favorisé la biodiversité, soutenu la résilience des milieux au changement climatique, et maintenu l’accès libre à des milliers de kilomètres de sentiers et de plages.

Mais derrière cette réussite se cache une structure légère, à l’équilibre précaire : environ 200 agents seulement, un budget plafonné à 40 millions d’euros par an, et une dépendance croissante aux cofinancements européens ou régionaux pour l’entretien et l’aménagement des sites.

Des alertes nombreuses, des réformes à surveiller

En juillet 2025, une tribune signée par de nombreuses personnalités du monde de l’environnement, relayée dans Le Monde, a tiré la sonnette d’alarme : selon ses auteurs, les discussions en cours autour de la rationalisation des opérateurs publics feraient peser un risque de dilution, de fusion ou de suppression du Conservatoire, au nom d’une simplification administrative. Ce danger est jugé incompatible avec les enjeux écologiques croissants du littoral.

Ces craintes s’appuient sur plusieurs éléments concrets :

  • Une commission sénatoriale s’est penchée en 2025 sur la réduction du nombre d’agences publiques. Elle a évoqué la possibilité de regrouper les opérateurs du ministère de la Transition écologique, parmi lesquels figure le Conservatoire.
  • Le budget d’acquisition foncière est plafonné malgré la hausse continue du prix du foncier côtier. En 2023, seules 1 800 hectares ont pu être acquis, loin des objectifs initiaux.
  • Le rapport de la Cour des comptes de mars 2024 souligne un affaiblissement de ses capacités d’entretien et d’aménagement, en raison du manque d’autofinancement.
  • La mission foncière du Conservatoire pourrait être concurrencée ou affaiblie si elle était absorbée par un organisme plus large, comme l’Office français de la biodiversité (OFB), dont les priorités sont différentes.

Cependant, aucune réforme officielle n’a pour l’instant été annoncée. Le ministère de la Transition écologique continue de défendre le Conservatoire comme un “outil stratégique” dans la lutte contre l’artificialisation des sols et pour l’adaptation au changement climatique. Plusieurs parlementaires de tous bords ont également exprimé leur attachement à cette institution unique.

Ce qui est en jeu

Derrière ces tensions budgétaires et administratives se pose une question de fond : quelle vision la France souhaite-t-elle adopter pour ses rivages à l’horizon 2050 ?

À l’heure où l’érosion côtière s’accélère, où les tempêtes gagnent en intensité et où les pressions immobilières demeurent fortes, le Conservatoire reste l’un des rares outils publics capable d’agir à la source, en acquérant des terrains pour mieux laisser la nature faire son œuvre. Il ne remplace ni la loi littoral ni les documents d’urbanisme : il les complète par une action concrète, souple, non coercitive.

Sa disparition ou son affaiblissement signifierait une perte de capacité d’intervention foncière directe. Et, peut-être, une renonciation implicite à une vision de long terme, sobre et généreuse, du rapport entre l’humain et le littoral.

Le Conservatoire du littoral n’est pas une relique technocratique. C’est une forme d’intelligence territoriale, à la fois écologique, foncière, paysagère et démocratique. Sa survie, son renforcement ou son affaiblissement dépendront des arbitrages politiques des prochains mois.

Les citoyens, les élus locaux et les associations ont un rôle à jouer dans ce débat. Il ne s’agit pas seulement de défendre une institution. Il s’agit de choisir, collectivement, le futur visage de nos rivages.

Une pétition a été lancée sur change.org

Nostalgia-Nostalghia de Martone-Tarkovski : deux regards sur l’exil et la mémoire

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Par-delà les quatre décennies qui les séparent, l’exceptionnel film italien de Mario Martone (2022) et le chef-d’œuvre italo-soviétique d’Andreï Tarkovski (1983) tissent un dialogue troublant. Non seulement par la parenté de leur titre, mais par leur manière d’interroger la mémoire, le retour, la perte, et cet élancement de l’âme que des médecins suisses nommèrent nostalgie en 1688. Pourtant, ces deux œuvres paraissent éloignées dans leur grammaire cinématographique. L’une s’inscrit dans un réalisme charnel et politique ; l’autre dans une liturgie de l’invisible. Mais dans cette distension survient et se dérobe une puissance invisible et paradoxalement consolatrice.

Dans Nostalgia, Mario Martone filme le retour d’un homme à Naples après quarante ans d’absence. Felice, expatrié au Caire, converti à l’Islam, retrouve sa mère mourante et entreprend de renouer les fils d’un passé interrompu. Ce passé a un nom, un visage : Oreste, son ancien ami d’enfance, désormais chef camorriste du quartier. Avec lui, adolescents, ils ont fait les 400 coups, jusqu’à l’irréparable… Le retour n’est pas un apaisement mais une collision entre mémoire intime et réalité violente.

NOSTALGIA I Bande-annonce

Chez Tarkovski, dans Nostalghia, un poète russe en Italie, voire le poète russe, est traversé par le mal de l’exil – un état diffus, mystique. Il erre dans une Toscane figée, contemplative où le paysage devient prolongement diffracté du moi. Là aussi, il y a une figure miroir, Domenico. Ce fou mystique qui réclame un geste de foi pour sauver le monde (mais n’est-ce pas là le sens même du cinéma de Tarkovsky ?…). Le retour, ici, n’est pas géographique. Il est intérieur, spirituel. Ulysse veut le retour à Ithaque et la créature dans le sein de son Créateur.

Nostalghia – Andrei Tarkovsky – 4K Re-Release Trailer

Martone convoque la nostalgie comme affrontement avec le passé social ; Tarkovski l’èlève au rang de rituel métaphysique. Pour ce faire, les deux incarnent – et incarnent l’histoire à travers un mode : celui des corps en ruines, des villes en deuil.

Naples, dans Nostalgia, est une ville vivante, mais gangrenée. Elle suinte la chaleur, la poussière, les non-dits, la peur et la joie à l’avenant – la guerre désespérement radicale entre le Mal et le Bien. Martone la filme comme un organisme urbain vivant, contradictoire, où le sacré côtoie le crime, où les souvenirs ne sauraient être jamais pleinement doux car toujours troublés, percutés. La caméra se glisse dans les ruelles comme dans un corps blessé ; les coups de couteaux, les marques de tirs, les motos brulées ponctuent la ville autant que les images pieuses. Le film adopte ainsi un réalisme charnel, quasi documentaire, où la ville est personnage organique à part entière.

Tarkovski, lui, filme l’Italie comme une terre étrangère désincarnée, peuplée de ruines, d’églises vides, de sources stagnantes, comme on filme l’histoire quand on la conçoit au passé. Il y a peu de corps vivants, mais beaucoup de matières : l’eau, la pierre, le feu, la brume. C’est un cinéma du signe, pas du contexte. Les paysages ne décrivent pas un monde, ils traduisent un état d’âme, des incarnations désincarnés, du moins spiritualisés, des icônes d’états d’être. Que certains non sans raison, mais hâtivement, réduiront au syntagme figée d’ « âme russe ».

Là où Martone observe, Tarkovski médite. L’un expose une ville en crise ; l’autre élève le lieu au rang de contexte-fonction-symbole. Deux géographisations de la foi, l’absurde et la mémoire.

Alors, tous deux mettent en scène des figures sacerdotales. Un prêtre dans Nostalgia tente de sauver la jeunesse napolitaine ; un prophète dans Nostalghia demande qu’un cierge soit porté à travers un bassin vidé d’eau comme acte de foi ultime. Ces figures sont les vecteurs d’un salut possible toujours recommencé, mais aussi du doute à l’égard du monde qui est l’autre face propédeutique du tragique.

Felice est venu à la rencontre de son destin et meurt en homme de bonne volonté dans l’incompréhension d’un ordre mafieux qui broie les élans affectifs. Andreï meurt dans une résonance cosmique, une recomposition de la Russie dans une église en ruine. Les deux morts sont tragiques, mais l’une est politique, l’autre sacerdotale. Certes, côté russe, politique et sacerdoce sont la double face de la tentation césaro-papiste d’une idée-peuple qui se sera cru et se croit encore (mais désormais en doutant) le Monde et l’Humanité.

Martone regarde le réel, dans son implacable brutalité ; Tarkovski regarde l’invisible, dans son insoutenable beauté. Martone voit Satan tomber comme l’éclair ; Tarkovsky réfléchit les illusions miroitantes de Lucifer. Et le pas de Lucifer est lent quand celui de Satan est d’une violence dérobée. Ils sont deux épreuves du temps, chacun faisant temporalité.

Ainsi, les deux films partagent un rythme lent, mais en font des usages radicalement différents. Chez Martone, la lenteur est pleine de tension contenue. Elle creuse l’attente d’un drame inévitable. Le récit est lisible, structuré, psychologiquement tendu. Chez Tarkovski, la lenteur est suspendue en hypnose, en alpha astral. Les plans-séquences ne construisent pas une progression, mais ouvrent des abîmes. Le récit devient méditation. Chaque image est un temps vécu, une prière visuelle. La lenteur chez Martone sert l’émotion ; chez Tarkovski, elle interroge la nature du regard lui-même. C’est ainsi que la nostalgie s’avère ligne de fracture, autrement dit ce qui divise l’intime.

Nostalgia et Nostalghia forment un diptyque puissamment complémentaire. L’un s’enracine dans le sol instable de Naples, l’autre plane dans l’éther de l’Italie métaphysiquement rêvée. L’un parle du poids des souvenirs dans un corps vivant, l’autre de la transcendance qui immane du monde. Deux films qui font l’épreuve du retour – mais pour l’un, le retour est une guerre contre le présent ; pour l’autre, une tentative d’habiter la lumière après la chute. L’un est exil de Satan, l’autre de Lucifer.

En somme, deux conceptions du cinéma : l’une néoréaliste et affectif, l’autre mystique où le monde est sémiologie théologique. Et dans cette opposition convergente émerge la question : que peut-on encore sauver du passé en soi et dans le monde ? Et faut-il sauver le passé pour sauver le présent ?

Ce tremblement intérieur que les deux films suscitent

Il y a 30 ans quand j’avais dévoré la rétrospective Tarkovky au cinéma Saint-André des Arts et, hier soir, en regardant le film de Martone sur Arte, j’ai eu l’impression d’habiter, dans les deux cas, un même lieu intérieur, un même état d’âme, un même frisson suspendu. Je viens d’en exposer les raisons… contradictoires. J’ajouterai qu’en leur coeur et leur creux, ces deux œuvres épousent une forme de nostalgie ontologique plus qu’émotionnelle : une nostalgie de ce qui n’a peut-être jamais existé ou de ce que nous avons laissé mourir sans le comprendre. Ce n’est pas tant un lieu ou un temps que nous pleurons, mais une vérité silencieuse que nous avons désertée – une mère, une foi, une pureté, l’amitié, l’humanité, une possibilité, l’éternité (moins un jour).

Martone filme Naples comme Tarkovski filme la Toscane : non pour les représenter, mais pour y chercher quelque chose de perdu, d’effacé, d’enfoui. Et cette quête confère aux deux films une semblable texture de deuil, une densité grave, cette même lumière terne qui fait jaillir comme un éclat chaque visage, geste, silence et parole.

« Ainsi, celui qui pénètre dans l’intensité du silence, qui en explore les multiples bruitages que sont ces clignotements infinitésimaux, accède alors – écrivait Vladimir Jankélévitch – à ses murmures : le raffinement d’une parole, d’un message, d’un chuchotement de la vie qui sont les contraires du néant. »

La parenté ressentie n’est donc pas narrative, ni même formelle, elle est vibratoire. Les deux films forcent à ralentir, à écouter autrement, à accepter l’imperceptible. Ils ont déposé en moi un poids doux et durable, une émotion impalpable mais insistante, comme une prière que je n’aurais pas entendue mais dont le souffle m’aurait traversé.

Peut-être est-ce cela, justement, la nostalgie : non la douleur de l’impossible révolution vers l’origine, mais le trouble causé par sa persistance muette dans le présent. Ce tremblement intérieur. Cette brûlure lente. Cette fatigue métaphysique. Fatigue universelle de la mémoire. Fatigue de l’Occident.

Paris. Frédéric Noy à l’Espace Frans Krajcberg : un regard photographique sur le sanctuaire oublié d’Udzungwa

Du 10 septembre au 10 octobre 2025, l’Espace Frans Krajcberg, Centre d’Art contemporain Art et Nature, présente l’exposition « Le monde perdu d’Udzungwa », fruit du travail immersif du photojournaliste Frédéric Noy. Ce projet constitue la troisième escale des Rendez-vous photographiques initiés par la controversée Fondation Yves Rocher dans le cadre de sa campagne internationale « Au nom de la biodiversité ».

Une immersion dans un sanctuaire méconnu

Le parc national d’Udzungwa, situé dans le centre de la Tanzanie, est l’un des joyaux les plus secrets de la biodiversité africaine. Sur seulement 2 000 km², ce territoire escarpé, brumeux et luxuriant, abrite un exceptionnel taux d’endémisme, notamment parmi les primates, comme le très rare Kipunji, découvert au début des années 2000. Délaissé par les circuits touristiques classiques, ce sanctuaire naturel souffre pourtant de multiples menaces : déforestation domestique, expansion agricole centrée sur la monoculture, pression démographique et recul progressif des corridors écologiques.

C’est ce monde fragile que Frédéric Noy a exploré et documenté pendant plusieurs mois. Son objectif ? Rendre visible ce qui ne l’est plus, en révélant non seulement les merveilles biologiques du site, mais aussi les dynamiques humaines et les tensions socio-environnementales à l’œuvre. Loin de tout sensationnalisme, ses images s’attachent aux marges de l’actualité et privilégient la durée, le récit, la complexité.

Frédéric Noy photo

Frédéric Noy, une démarche de témoignage

Né en 1965, Frédéric Noy est un photographe documentaire reconnu pour ses travaux au long cours menés en Afrique, en Asie centrale et au Moyen-Orient. Qu’il s’agisse de minorités stigmatisées, de territoires en mutation ou de conflits oubliés, ses récits photographiques cherchent à décentrer le regard, en évitant les filtres ethnocentriques. Cette exposition sur Udzungwa s’inscrit dans cette lignée : elle donne à voir une nature en sursis, mais aussi les initiatives locales de résilience — comme les programmes agroforestiers portés par des ONG tanzaniennes.

En se plaçant dans la filiation de Frans Krajcberg — artiste brésilien d’origine polonaise ayant fait de l’art un outil de dénonciation écologique dès les années 1960 —, Frédéric Noy poursuit une œuvre de témoignage et d’alerte. Il ne s’agit pas ici de « sublimer » la nature pour la consommer en images, mais de susciter un éveil face aux processus invisibles de destruction lente.

Frédéric Noy photo

L’Espace Frans Krajcberg, un lieu d’engagement

Installé au cœur du 15e arrondissement de Paris, l’Espace Frans Krajcberg est à la fois un centre d’art, un laboratoire de réflexion et un lieu de mémoire. On y découvre les œuvres du sculpteur et photographe Frans Krajcberg, réalisées à partir de bois calcinés, de racines arrachées et de matériaux récupérés dans les forêts brésiliennes dévastées. À travers lui, l’art devient cri — cri de rage, cri d’espoir.

C’est dans cette perspective que le partenariat avec la Fondation Yves Rocher a pris tout son sens. Depuis 2023, trois photo-reporters sont accueillis à leur retour de mission pour une exposition et un partage avec le public. Udzungwa vient clore ce cycle entamé avec le Pantanal et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Frédéric Noy photo

La Fondation Yves Rocher, entre action et controverses

Créée en 1991 par Jacques Rocher, la Fondation Yves Rocher revendique une action directe pour la nature, avec des programmes tels que Plant for Life (120 millions d’arbres plantés à ce jour) ou Terre de Femmes qui soutient les initiatives écologiques portées par des femmes. L’exposition de Frédéric Noy entre ainsi dans le cadre d’une campagne de sensibilisation internationale par la photographie.

Cependant, cette mobilisation de la Fondation s’accompagne de critiques récurrentes visant la maison-mère Yves Rocher. Plusieurs enquêtes et articles soulignent une profonde dissonance entre les actions de mécénat et les pratiques industrielles de la marque de cosmétique. Absence de transparence sur l’impact environnemental réel, recours à des ingrédients contestés, emballages peu vertueux… Le terme de greenwashing revient fort souvent dans les analyses critiques. Le contraste entre l’image véhiculée par la Fondation et les réalités de l’entreprise soulève une question centrale : jusqu’où la communication écologique peut-elle masquer les contradictions structurelles d’un modèle industriel mondialisé qui aimerait se faire croire vertueux ?

Frédéric Noy photo

Une invitation à regarder autrement

Malgré ces regrettables ambiguïtés, l’exposition de Frédéric Noy ne s’enferme pas dans un discours institutionnel. Elle convoque le spectateur au-delà du spectaculaire en l’invitant à porter attention aux nuances, aux tensions, aux respirations d’un territoire que l’on pourrait croire perdu, mais dont les visages, les plantes, les gestes du quotidien dessinent encore une ligne de résistance.

Frédéric Noy photo

INFORMATIONS PRATIQUES
Frédéric Noy, « Le monde perdu d’Udzungwa »
Espace Frans Krajcberg – 21 avenue du Maine, Paris 15e
Du 10 septembre au 10 octobre 2025
Du mardi au samedi, 14h–18h (nocturne mercredi jusqu’à 20h)
Entrée libre – www.espacekrajcberg.fr

Grand-Champ. L’association Chercheurs d’images expose ses Instants d’année 2025

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L’association Chercheurs d’images de Grand-Champ dans le Morbihan a mis en place au sein du parc Ty Kreiz Ker une exposition grand format en plein air : Instants d’année 2025. C’est aussi à Grand-Champ qu’aura lieu le Festival photos Regards de voyageurs, au mois d’octobre 2025

L’association Chercheurs d’images, , présidée par Pierrette Le Gal, a pour but de favoriser les rencontres amicales entre photographes amateurs. Elle compte une trentaine de photographes de Grand-Champ et des communes environnantes dont la plupart d’entre eux a participé à ce nouveau projet d’exposition photographique.

expo Grand-Champ
les membres de l’association Chercheurs d’images de Grand-Champ

L’exposition Instants d’année 2025 se compose de 39 photographies qui donnent l’occasion de découvrir le travail diversifié des photographes de l’association au cours de l’année, ainsi que leur expression artistique dans des thèmes très différents : paysages ; animaux ; oiseaux ; lieux emblématiques parfois méconnus ; manifestations sportives et culturelles.

Les techniques photographiques sont variées et souvent surprenantes. L’exposition se présente sous forme de déambulation à l’ombre des grands arbres du parc…

C’est une seconde exposition pour cet été 2025, que l’association des photographes de l’association Chercheurs d’images offre au public avec Instants d’année 2025, depuis le 28 juin 2025 ; en effet une première exposition, baptisée Pêle Mêle, avait déjà permis de découvrir la cinquantaine de clichés installés dans la véranda du jardin d’hiver du Ti Kreiz Ker, et restée visible jusqu’au samedi 5 juillet dernier.

expo Grand-Champ

L’ensemble des deux expositions présente une sélection de 90 photographies qui témoignent de la curiosité et de la créativité des membres de l’association. Elles ont été extraites de la sélection de photographies présentées tout au long de 2024 et 2025 ; elles devraient être exposées ensuite dans les médiathèques des communes environnantes…

La commune de Grand-Champ profite de l’occasion pour annoncer le 6e Festival photos Regards de voyageurs, les vendredi 24, samedi 25 et dimanche 26 octobre 2025.

expo Grand-Champ
Isabelle Serro

L’invitée d’honneur du festival sera Isabelle Serro, reporter-photographe professionnelle. Diplômée d’un Master en Commerce à l’International, Isabelle Serro arpente depuis plus de 20 ans les zones dites sensibles à travers le monde. À travers son objectif, elle donne une voix aux populations souvent oubliées, et documente les enjeux vitaux qui les touchent. Titulaire d’un Master en Journalisme multimédia, elle crée, en 2018, sa société de production audio-visuelle : Isabelle Serro Production – ISP.  Isabelle Serro présentera deux reportages suivis d’une rencontre, avec l’objectif de sensibiliser le public :

– le premier portera sur les habitants d’une île de l’archipel des San Blas au large du Panama et qui est menacée par la montée des eaux. 
– le second sera une conférence sur l’empreinte écologique de la fast fashion, cette mode à petits prix qui pousse à  la consommation. 

expo Grand-Champ

L’association Chercheurs d’images organise un concours réservé aux jeunes photographes de moins de 25 ans. Le gagnant du concours se verra offrir le tirage d’une douzaine de photos et une place d’exposant au festival. Le comité de sélection jugera sur la qualité des clichés, la cohérence dans le thème, l’originalité ou le point de vue. Le concours est organisé avec le soutien du spécialiste des impressions photos Pix in the city de Auray (56)

Le dossier est à télécharger sur www.chercheursdimages.com. 

Infos pratiques

 Exposition Instants d’année 2025, jusqu’au samedi 15 novembre 2025.
Adresse : Parc Ty Kreiz Ker à Grand-Champ (56)
Contact : chercheursdimages@gmail.com 

Rennes. Odacité : Espacil revient à Maurepas pour construire le siège d’une ambition durable

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Avec Odacité, le groupe Espacil inaugure un nouveau chapitre de son histoire là où tout a commencé : dans le quartier Maurepas-Gayeulles. Ce siège social ouvert, innovant et ancré dans son territoire symbolise un double engagement : celui de bâtir des lieux de vie durables et de participer activement à la transformation des quartiers populaires de la métropole rennaise.

« Odacité incarne notre ambition collective : construire des lieux de vie durables, ouverts et ancrés dans les territoires », explique Julia Lagadec, directrice générale d’Espacil.

Un ancrage historique qui fait sens

C’est ici, à Maurepas, qu’Espacil a livré en 1958 sa toute première résidence, Le Pierrefonds (114 logements). Ce quartier a vu naître les valeurs sociales et coopératives du groupe. Trécesson (1960) et Balleroy (1962) viendront prolonger cette implantation pionnière. Près de 70 ans plus tard, Espacil y installe son nouveau siège social, dans un territoire en profonde mutation, marqué par les dynamiques de renouvellement urbain portées par le NPNRU, la Ville de Rennes et la métropole.

Un projet mixte au cœur du quartier

Situé rue Guy RopartzOdacité accueille désormais 230 collaborateurs d’Espacil dans un bâtiment à la silhouette audacieuse de 17 étages, mêlant bureaux, logements et commerces de proximité.

Pensé par l’agence forma6 et réalisé en collaboration avec Korus Group, le programme réunit :

  • Le siège social d’Espacil : 6 000 m² de bureaux sur 3 niveaux autour d’un patio central
  • L’agence locative Rennes Nord d’Espacil Habitat (4 168 logements gérés)
  • 107 logements dont :
    • 73 en accession (accession maîtrisée, accession coopérative, Pinel)
    • 34 logements sociaux en Prêt Locatif Social (dont 3 adaptés pour personnes âgées)

Un lieu de travail moderne, ouvert et certifié

Le siège social a été conçu pour favoriser collaboration, confort et sobriété environnementale, selon les normes CERTIVEA HQE – niveau ExcellentEffinergie+, et les préconisations WELL (qualité de l’air, lumière, acoustique…).

« Odacité n’est pas un simple immeuble de bureaux, c’est une manière d’habiter la ville et d’y travailler autrement », souligne Catherine Dumas, architecte du projet.

rennes espacil

Une offre résidentielle adaptée et accessible

73 logements en accession

Situés dans la tour principale (plot 1), les logements proposent une diversité de formules :

  • 37 logements en accession maîtrisée (T3 à partir de 176 000 €, 2 900-3 000 €/m²)
  • 18 logements en accession coopérative (T2 dès 180 500 €, 4 500-4 700 €/m²)
  • 18 logements Pinel (studio à partir de 135 500 €, 4 500-4 800 €/m²)

34 logements sociaux en PLS

Répartis dans les plots 2 et 3, ces logements présentent des loyers accessibles :

  • T2 (≈ 54 m²) : 527 €/mois
  • T3 (≈ 63 m²) : 656 €/mois
  • T4 (≈ 84 m²) : 750 €/mois
  • T5 (≈ 103 m²) : 987 €/mois

Ces logements intègrent des terrasses partagéesune serre commune et des espaces collectifs propices à la convivialité.

Une architecture vivante et durable

La façade ouest, imaginée par l’artiste Susan Khöl, évoque un canevas urbain contemporain grâce à sa maille perforée. En cœur d’îlot, jardins partagésaires de jeux et terrasses végétalisées façonnent un paysage social vivant et respirant.

Saint-Nazaire : Rendez-vous au Grand Café avec Lou Masduraud

Du 27 juin au 26 octobre 2025, le Grand Café de Saint-Nazaire accueille une exposition aussi singulière qu’organique : Ta crème immunitaire, une création in situ de l’artiste Lou Masduraud. Pensée comme une réponse sculpturale aux strates du bâtiment, cette exposition dialogue subtilement avec l’histoire, les matières et les corps.

Lou Masduraud : sculpter les flux, dérégler les normes

Née en 1990 et aujourd’hui installée à Genève, Lou Masduraud s’est imposée au fil de la dernière décennie comme une figure montante de la scène artistique européenne. Diplômée de l’École des Beaux-Arts de Lyon et de la HEAD – Genève, elle développe une pratique sculpturale singulière, à la croisée du politique, du sensuel et de l’organique. Représentée par la galerie Ada à Rome, elle a récemment exposé au Kunsthaus Langenthal, au CRAC Alsace, à l’Institut français de Berlin ou encore au MAMCO de Genève, et a reçu le prestigieux Swiss Art Award en 2024.

Ses œuvres, souvent in situ, prennent la forme d’interventions spatiales complexes, entre installations monumentales et micro-sculptures, objets ambigus ou bijoux portés. Ce sont des pièces poreuses, ouvertes à leur contexte, travaillées comme des membranes, traversées de flux – biologiques, sociaux, affectifs, institutionnels. Refusant toute hiérarchie entre matériaux, échelles ou statuts des objets, Lou Masduraud invente des formes où le décor devient critique, et la matière politique.

Au cœur de ce geste : une question sur les corps. Le bâtiment devient métaphore d’un organisme à la fois singulier et traversé de relations, à l’image de chaque corps humain dans sa dimension politique, sensuelle, chimique. Le titre, Ta crème immunitaire, joue de ce double régime : le soin intime et cosmétique, et la défense immunitaire, faite de reconnaissance et de discrimination du soi et du non-soi. Une interrogation que prolonge la lecture de Donna Haraway : « Pourquoi nos corps devraient-ils s’arrêter à la peau ? »

Lou Masduraud
Lou Masduraud

Lou Masduraud convoque également les sciences dures : lors d’une résidence récente au CERN, elle a exploré la corrosion, la tension, les transferts atomiques dans les matériaux. Ces phénomènes deviennent ici autant de métaphores de notre condition humaine : nous résistons, nous nous oxydons, nous échangeons. Et ses œuvres en cuivre, ses rigoles incrustées, ses fontaines intimes ou ses cabinets de contorsion en sont l’exact prolongement plastique.

L’exposition ne se contente pas de montrer : elle trouble, elle dérègle, elle infiltre. Le mobilier est déplacé, les fonctions sont renversées. Des sculptures-bijoux migrent sur les mains du personnel, des dentelles métalliques habillent des plaies murales, un lampadaire se plie comme une colonne vertébrale. Le Grand Café devient alors un corps collectif, un palimpseste sensoriel et politique, où l’on expérimente la porosité des êtres et des lieux.

Horaires et accès

  • Ouverture : du mardi au dimanche, de 14h à 19h
  • Jours fériés : ouverture assurée, y compris le 15 août
  • Entrée libre et gratuite

Autour de l’exposition : une programmation gratuite

L’exposition de Lou Masduraud ne se limite pas à une expérience visuelle : elle s’accompagne d’un ensemble de rendez-vous ouverts à toutes et tous, petits et grands.

Visites commentées du samedi

Chaque samedi à 16h00 (sauf le 18 octobre)
Durée : 1h à 1h30

En compagnie d’un·e médiateur·ice, découvrez les œuvres et les intentions artistiques à l’origine de Ta crème immunitaire.

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Visites-ateliers « Sculpture miniature »

Mercredi 30 juillet à 11h00
Mercredi 13 août à 11h00
Durée : 1h30 – Tout public à partir de 5 ans – Sur réservation

Inspirez-vous des œuvres de l’artiste pour créer, vous aussi, une sculpture de poche ! En famille ou entre ami·es, un moment ludique à partager.

Visite fantôme

Vendredi 26 septembre à 18h30
Durée : 1h30 – À partir de 12 ans – Sur réservation

Avec Éric Gouret, partez à la rencontre des fantômes du Grand Café. Anecdotes et souvenirs jalonneront cette déambulation sensible à travers les traces d’œuvres et d’artistes passés.

 Visites-ateliers scientifiques – Fête de la science

Samedi 4 octobre à 10h00 et 11h15
Durée : 1h30 – À partir de 8 ans – Sur réservation

En partenariat avec les Petits Débrouillards : après une visite flash de l’exposition, expérimentez les phénomènes d’oxydation et de corrosion à travers des expériences scientifiques.

Rencontre avec Lou Masduraud

Samedi 18 octobre à 16h00
Durée : 1h30

L’artiste échangera avec Géraldine Gourbe, autrice et commissaire d’exposition. Un moment rare pour comprendre l’œuvre de l’intérieur. Entrée libre sans réservation

 Visite-atelier en famille

Samedi 25 octobre à 11h00
Durée : 1h30 – À partir de 5 ans – Sur réservation

Dans le cadre du temps fort « Saut-de-mouton » organisé par Le Théâtre, cette visite-atelier propose une approche sensible et collective de l’exposition.

Informations pratiques et réservations

Tous les rendez-vous sont gratuits, sur réservation pour les ateliers et les visites spécifiques :
 publicsgrandcafe@saintnazaire.fr
02 51 76 67 01

 Adresse :
Le Grand Café – Centre d’art contemporain
2 place des Quatre Z’Horloges, 44600 Saint-Nazaire
www.grandcafe-saintnazaire.fr

Accès en transports en commun :
Ligne U2 ou ligne Hélyce – arrêt Quatre Z’Horloges / Rue de la Paix
Parking à proximité

Gaza : la faim comme arme de guerre et symptôme d’une faillite morale universelle

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Par-delà les clivages idéologiques, la stratégie israélienne de famine organisée à Gaza suscite une condamnation croissante. Plus d’une centaine d’ONG, des agences onusiennes et des voix critiques venues d’Israël même dénoncent une situation de « famine de masse » orchestrée. Plus d’une centaine d’ONG, dont Médecins sans frontières, Médecins du monde et Oxfam, dénonce d’une même voix ce mercredi la “famine de masse qui se propage dans la bande de Gaza”. Devant cette spirale tragique, une question résonne : que reste-t-il de notre conscience collective ?

La faim comme levier de guerre

Depuis le début de l’offensive israélienne à Gaza en octobre 2023, un fait s’est lentement mais inexorablement imposé : la faim n’est pas une conséquence collatérale du conflit, elle en est devenue un outil stratégique. Plusieurs documents accablants, dont un rapport du Lancet et de multiples alertes d’Amnesty International, font état d’une famine induite, planifiée, et aggravée par une politique de blocus total des ressources alimentaires et humanitaires.

Le coordinateur humanitaire de l’ONU pour Gaza a lui-même déclaré en juin 2025 que « les civils sont affamés de manière délibérée », insistant sur le caractère systémique du siège : entraves aux convois de nourriture, attaques contre les stocks, destruction des infrastructures agricoles et hydriques. En juillet, le seuil a été franchi. On ne parle plus d’insécurité alimentaire, mais de famine — un terme réservé par le droit international aux situations les plus extrêmes, et défini par des seuils de mortalité et de sous-nutrition massifs.

Selon le dernier rapport du Cadre Intégré de Classification de la sécurité alimentaire (IPC), 470 000 personnes à Gaza sont confrontées à des conditions de famine (phase 5 de l’IPC) et l’ensemble de la population souffre d’une insécurité alimentaire aiguë.

Une arme illégale au regard du droit international

Utiliser la faim comme méthode de guerre constitue une violation flagrante des Conventions de Genève et un crime de guerre selon le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (article 8(2)(b)(xxv)). Le Bureau du Procureur de la CPI, qui a délivré un mandat d’arrêt contre des membres du Hamas en mai 2025, a également ouvert des investigations visant des responsables israéliens.

Dans un rapport du 3 juillet, Amnesty va plus loin : l’organisation estime que le recours systématique à la faim entre dans le cadre du crime de génocide, en tant que tentative « d’infliger délibérément à un groupe des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique ». Le mot, lourd d’histoire, n’est plus réservé aux pamphlets militants : il émane aujourd’hui de juristes internationaux, de chercheurs en droit humanitaire, et de diplomaties jusque-là prudentes.

Le chantage au départ : mourir ou fuir

Affamer pour faire fuir : tel semble être le double objectif de la stratégie israélienne. Depuis des mois, les civils palestiniens sont poussés au déplacement, dans un mécanisme de “clear and hold” inspiré des stratégies contre-insurrectionnelles. Les bombardements massifs du nord de Gaza ont été suivis par des injonctions à l’évacuation vers le sud. Mais ce sud n’offre ni refuge, ni sécurité, ni accès aux denrées de base. La famine s’étend à Rafah, à Khan Younès, aux “zones humanitaires” elles-mêmes.

Il ne s’agit pas seulement de détruire le Hamas — dont les réseaux, certes, subsistent en souterrain — mais de rendre invivable la continuité d’un peuple sur son propre territoire. De cette lecture, beaucoup en Israël commencent eux-mêmes à s’alarmer. Le quotidien Haaretz a publié des tribunes appelant à cesser cette politique du désespoir. L’ancien chef d’état-major israélien Moshe Yaalon a dénoncé publiquement la stratégie d’affamement comme « moralement intenable et juridiquement suicidaire ».

Le silence complice de la communauté internationale

La responsabilité de cette catastrophe ne repose pas uniquement sur l’État hébreu. Elle pèse aussi sur les États qui, en se murant dans des équilibres diplomatiques cyniques, laissent faire. L’Union européenne, divisée, peine à adopter une position unifiée ; les États-Unis bloquent encore toute résolution contraignante au Conseil de sécurité. Pendant ce temps, plus de 111 Palestiniens sont officiellement morts de faim — des nourrissons, des vieillards, des humanitaires, dans un territoire où 95 % de la population ne mange plus à sa faim.

Des voix se lèvent pourtant. Plus de 109 ONG — dont Médecins Sans Frontières, Save the Children, Oxfam, Action contre la Faim — alertent sur le seuil critique dépassé. En Australie, en Espagne, en Irlande, des parlements dénoncent un « nettoyage ethnique par privation ». Même en Israël, les manifestations contre la guerre prennent une tournure nouvelle : on y brandit des photos d’enfants décharnés, on y refuse de « vaincre sur les cadavres ».

Mémoire brisée : le paradoxe historique d’un État-nation né de la faim

Il y a dans le drame qui se joue à Gaza une dissonance historique qui frappe au cœur de la conscience universelle : l’État d’Israël, dont l’existence moderne fut en partie rendue indiscutable par l’horreur de la Shoah — famine dans les ghettos, extermination systématique, effondrement moral de l’Europe — applique aujourd’hui, contre un autre peuple, des procédés qui rappellent les plus sombres chapitres de son histoire collective. Certes, les situations ne sont pas identiques. Mais la méthode du blocus alimentaire, la désignation globale d’un ennemi ethnique, le refus d’accès humanitaire, les files de mères affamées implorant de quoi nourrir leurs enfants : tout cela évoque des images que l’humanité jurait de ne plus jamais revoir.

Cette contradiction n’est pas seulement éthique. Elle est existentielle. Car si un peuple ayant tant souffert peut aujourd’hui infliger à d’autres une souffrance volontaire, alors c’est le principe même du « plus jamais ça » qui vacille. Yeshayahu Leibowitz, figure prophétique du judaïsme critique, alertait dès 1968 sur le danger pour Israël de « se transformer en dominateur colonial et en porteur d’oppression ». Aujourd’hui, des survivants de la Shoah, des Israéliens, des Juifs du monde entier s’élèvent contre ce reniement. Ce n’est pas en les accusant de trahison, mais en les écoutant, qu’on peut restaurer une parole morale qui refuse de sacrifier l’Autre, quel qu’il soit, sur l’autel d’une sécurité qui sert à l’évidence d’autre dessein politique et hégémoniques.

Faim et vérité : une épreuve morale pour l’humanité

Si l’histoire devait juger cette guerre, ce ne serait peut-être pas tant par le nombre de morts que par la méthode utilisée pour tuer à distance : la privation, la lenteur, l’oubli. Mourir de faim dans un monde saturé de ressources, sous l’œil des satellites et des caméras, constitue un scandale absolu de notre modernité. Le philosophe Avishai Margalit disait que « la mémoire morale d’une société se mesure à ce qu’elle refuse d’accepter comme normal ». Nous sommes à ce carrefour. La normalisation du siège, le relativisme médiatique, l’ensauvagement progressif du droit de la guerre pourraient faire école. Laisser faire aujourd’hui, c’est autoriser demain d’autres régimes — en Afrique, en Asie, en Europe — à affamer sans sanction.

Il est urgent de réaffirmer une ligne rouge, claire, non négociable : la faim ne peut être un outil politique. Ni pour punir un peuple, ni pour forcer son déplacement, ni pour imposer la paix. Affamer, c’est abolir toute commune humanité. C’est frapper au cœur ce que les civilisations ont toujours considéré comme inviolable : le droit de l’enfant à manger, le droit du vieillard à boire, le droit du civil à survivre.

Gaza, cimetière de l’humanisme occidental

À Gaza, ce ne sont pas seulement des enfants qui meurent, ce n’est pas seulement un peuple qu’on affame. Ce qui se délite jour après jour, dans le silence ou l’impuissance des grandes puissances, c’est une certaine idée de l’homme.

Ce qui meurt, c’est la pensée humaniste occidentale. Celle qui se croyait née d’Athènes et de Jérusalem, de la raison critique et de la compassion prophétique. Celle qui avait posé, dans la Déclaration universelle de 1948, que toute vie humaine mérite respect, dignité, pain et liberté. Celle qui, après Auschwitz, avait juré de ne plus détourner les yeux.

Aujourd’hui, ce legs vacille. Car si nous tolérons l’affamement méthodique d’un peuple à la vue de tous, alors l’universalisme des droits n’est plus qu’un mot creux. Si Jérusalem trahit Jérusalem, si Athènes renonce à Athènes, il ne nous reste qu’un champ de ruines morales dans lequel l’histoire balbutie des horreurs déjà vues.

Alerte : le scarabée japonais déboule en France !

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L’alerte est tombée début juillet 2025 : deux spécimens adultes du scarabée japonais (popillia japonica) ont été capturés dans des pièges à Mulhouse et à Saint-Hippolyte, dans le Haut-Rhin. Il ne s’agit pas encore d’une invasion massive, mais d’un signe avant-coureur, inquiétant.

Ces individus ont vraisemblablement voyagé en clandestins dans des convois de fret, des voitures ou des camions franchissant la frontière depuis la Suisse ou l’Italie, où l’espèce est déjà bien installée. Depuis 2014, elle a conquis le nord de l’Italie, puis la région de Bâle dès 2017. Ces foyers transalpins ne sont plus qu’à quelques kilomètres de nos vergers et vignobles. La France entre donc dans une phase de vigilance active. Le temps presse.

Qui est cet insecte ? Portrait d’un ravageur discret

Popillia japonica ressemble à un petit bijou vivant : 10 mm à peine, un corps vert métallique irisé, des élytres brun cuivré, et dix touffes de poils blancs caractéristiques le long de l’abdomen. Mais ne vous y trompez pas : derrière cette apparence charmante se cache un redoutable ravageur. Originaire d’Asie de l’Est, ce coléoptère a été introduit accidentellement aux États-Unis en 1916. Depuis, il s’est métamorphosé en fléau agricole. Il a mis un siècle à traverser l’Atlantique — mais seulement quelques années pour traverser l’Europe.

Pourquoi faut-il s’en inquiéter ?

Ce scarabée est polyphage, autrement dit : il mange tout.

  • Les adultes dévorent le feuillage, laissant les feuilles réduites à l’état de dentelles.
  • Les larves, elles, vivent dans le sol et s’attaquent aux racines, provoquant le flétrissement des plantes et la mort des gazons entiers.

Ce prédateur touche plus de 300 espèces végétales : haricots, pommes, vignes, rosiers, érables, gazons, maïs, pruniers… La liste est longue, et l’Anses parle de 400 espèces menacées. En particulier, la viticulture française est en ligne de front.

Selon des estimations européennes, les dégâts annuels pourraient coûter jusqu’à 7,8 milliards d’euros si l’espèce s’implantait largement. En France, l’impact serait à la fois économique, environnemental et paysager.

Comment le reconnaître ?

Voici ses signes distinctifs :

CaractéristiqueDétail
Taille8 à 11 mm
Couleur du corpsVert métallique brillant
ÉlytresBrun cuivré, lisses
Marques spécifiques5 touffes de poils blancs de chaque côté de l’abdomen

Ce dernier point est le critère le plus sûr pour le distinguer d’autres coléoptères européens inoffensifs

Que faire pour s’en protéger ?

Surveillance et signalement

  • Renforcement du piégeage dans les zones frontalières (phéromones, attractifs floraux)
  • Inspection régulière des parcs, cultures et jardins
  • Toute observation suspecte doit être signalée à la DRAAF ou sur le site ephytia.inra.fr, avec photo, localisation précise et nom de la plante concernée

Lutte contre les adultes

MéthodeDétail
Pièges à phéromonesÀ vider chaque jour
Ramassage manuelÀ effectuer tôt le matin, les scarabées sont moins vifs
AspirateurSolution efficace pour petits jardins
Pulvérisation d’huile de neemRépulsif naturel pour feuillage sensible
Insecticides de contactPyréthrines, à utiliser en cas d’infestation confirmée

Lutte contre les larves (dans le sol)

MéthodeEfficacité
Labour en automneExpose les larves au froid et aux prédateurs naturels
Nématodes entomopathogènesSteinernema, Heterorhabditis : efficaces en sol drainé
Bacillus popilliae (milky spore)Cible spécifiquement les larves, effet à long terme
Champignons entomopathogènesBeauveria bassiana : utilisé en pulvérisation ciblée

Une stratégie européenne coordonnée

Le projet IPM‑Popillia, soutenu par l’Union européenne via Horizon 2020, structure une réponse intégrée à l’échelle du continent :

  • Détection précoce assistée par intelligence collective
  • Combinaison de méthodes : piégeage, biocontrôle, répulsifs
  • Mobilisation citoyenne via des applications de signalement
  • Coopération transfrontalière entre États et régions

En résumé : votre rôle compte

ActionObjectif
Surveiller et signalerIntervenir avant la dispersion
Combiner les méthodesStopper le cycle de vie du ravageur
Mobiliser votre entourageFavoriser la lutte collective et coordonnée

Et dans votre jardin ?

  1. Apprenez à reconnaître le scarabée japonais
  2. Installez un piège attractif dès juillet
  3. Inspectez régulièrement feuillage et gazon
  4. Ramassez ou aspirez les individus repérés
  5. Signalez tout cas suspect aux autorités locales

Agir vite, c’est éviter une implantation durable. Vous êtes la première ligne de défense contre l’invasion silencieuse du scarabée japonais.

Pour toute alerte ou signalement :
https://ephytia.inra.fr

Ozzy Osbourne, la voix des ténèbres s’est tue : adieu au parrain du heavy metal

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Il était l’un des derniers monstres sacrés du rock. Ozzy Osbourne, chanteur emblématique de Black Sabbath et figure tutélaire du heavy metal, s’est éteint le 22 juillet 2025 à Birmingham, sa ville natale, à l’âge de 76 ans. Avec lui disparaît une époque, un son, une folie, une voix qui a marqué l’histoire de la musique comme peu d’autres.

Né John Michael Osbourne le 3 décembre 1948 à Marston Green, dans la banlieue industrielle de Birmingham, Ozzy grandit dans un quartier ouvrier, bercé par les sons de la radio, les cris de l’usine et la dureté de la vie. Dyslexique, hyperactif, il quitte l’école tôt et enchaîne les petits boulots avant de rencontrer Tony Iommi, Geezer Butler et Bill Ward. Ensemble, ils fondent Black Sabbath en 1968. Le reste appartient à la légende.

Le cri primal du métal

Avec Black Sabbath (1970), Paranoid (1970), Master of Reality (1971) et Vol. 4 (1972), le groupe forge un nouveau genre, lourd, sombre, tellurique. À la voix possédée d’Ozzy, qui plane comme une incantation sur les riffs de plomb de Tony Iommi, s’ajoute une esthétique gothique et provocante. Le heavy metal est né. « War Pigs », « Iron Man », « Sabbath Bloody Sabbath » : les hymnes s’enchaînent. Et Ozzy devient le « Prince of Darkness ».

Mais la démesure le rattrape. Excès de drogues, disputes, frasques : il est évincé de Black Sabbath en 1979. Sharon Arden, qu’il épousera et qui deviendra sa manageuse, le relance aussitôt dans une carrière solo. Et c’est un triomphe. Son premier album Blizzard of Ozz (1980), porté par les tubes Crazy Train et Mr. Crowley, est un classique immédiat. Suivront une quinzaine d’albums, tous empreints de son univers unique, entre satanisme d’opérette, colère existentielle et tendresse cachée.

L’icône rock, la bête de scène, la bête tout court

Ozzy Osbourne, c’est aussi la légende noire. Celle de la chauve-souris mordue sur scène en 1982. Celle du musicien ingérable, arpentant les coulisses en peignoir, les yeux fous, invectivant les murs. Celle du survivant, hospitalisé des dizaines de fois, victime de multiples chutes, porteur d’un pacemaker, atteint de la maladie de Parkinson depuis 2020. Mais il ne cessera jamais d’enregistrer, de revenir, de se battre. Jusqu’à son dernier concert métal début 2025.

Dans les années 2000, il devient une icône populaire auprès d’un nouveau public grâce à l’émission de télé-réalité The Osbournes, qui le montre dans son quotidien familial délirant. Le prince des ténèbres devient le roi du trash TV. L’homme qui incarnait l’Antéchrist devient une star mainstream, une contradiction vivante, un dinosaure rock aussi attachant qu’incontrôlable.

Hommages et héritage

Depuis l’annonce de sa mort, les hommages pleuvent : Elton John, Metallica, Yungblud, mais aussi les fans anonymes, orphelins de celui qui incarnait, à sa manière unique, la rage de vivre. Ozzy Osbourne n’a jamais été un grand technicien du chant. Mais il a été une présence, un cri, une boussole dans la nuit pour des millions d’âmes perdues.

Son influence traverse les générations : sans lui, pas de Metallica, pas de Slipknot, pas de Ghost. Et sans lui, peut-être pas non plus cette façon qu’a la musique de dire ce que le monde ne veut pas entendre : que l’ombre existe, qu’elle nous habite, mais qu’on peut y danser, y hurler, et y trouver, malgré tout, une forme de lumière.

Ozzy disait un jour : « If I drop down dead after the final Black Sabbath gig, I’ll die a happy man. » Le final a eu lieu. Il est tombé. Et quelque part, dans les profondeurs de l’enfer ou sur une autre fréquence, résonne encore un rire rauque. Ozzy Osbourne ne meurt pas. Il devient un mythe.

Born in Birmingham. Died a legend.

Nancyte.fr : un annuaire local nouvelle génération pour retrouver le fil de la ville

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À l’heure où les plateformes mondialisées captent l’essentiel de l’attention en ligne, un étudiant de Nancy a choisi de recentrer l’outil numérique sur l’essentiel : la proximité, l’humain, et l’éthique. Ainsi est né Nancyte, un site internet conçu pour simplifier la vie des habitants et soutenir l’économie locale à Nancy. Sans publicité, gratuit pour les usagers, et respectueux des données personnelles, Nancyte revendique un fonctionnement sobre et transparent, à rebours des logiques des GAFAM qui organisent le pillage des informations, des richesses et des neurones des Européens…

Un outil du quotidien, pensé pour les habitants

Concrètement, Nancyte.fr permet de rechercher des commerces, des services, des artisans ou des lieux d’intérêt à Nancy, grâce à une interface fluide et des filtres dynamiques. Il ambitionne de devenir le réflexe numérique local pour tous les publics, y compris les personnes âgées ou en situation de handicap.

Mais attention : Nancyte ne scanne pas le web à la manière d’un moteur de recherche global. Il ne référence ni articles, ni événements culturels, ni données publiques ou actualités locales. Il fonctionne plutôt comme un annuaire intelligent, enrichi, structuré, mais fermé sur lui-même — à l’image d’un Pages Jaunes 2.0, éthique et territorial.

Un modèle freemium pour les structures locales

Côté professionnels, Nancyte.fr repose sur une stratégie de visibilité payante, à travers plusieurs offres :

  • Une formule gratuite, ouverte à tous, permet un référencement simple, sans favoritisme.
  • Deux formules payantes (Pro et Elite), non encore disponibles, proposeront plus de contenu visuel, des liens multiples, des statistiques, des encarts promotionnels ou encore des outils de suivi (QR code, SEO…).

L’ambition reste claire : aider les structures locales à exister en ligne, sans recourir aux plateformes envahissantes ou aux systèmes de publicité ciblée.

Un jalon local, pas un moteur global

Malgré l’emploi du mot « moteur de recherche », Nancyte ne permet pas aujourd’hui d’explorer tout ce qui se publie ou se crée à Nancy sur internet. Il ne donne pas accès aux publications des médias locaux, aux projets citoyens, aux données ouvertes ou aux réseaux sociaux locaux. Sa force réside plutôt dans sa cohérence éthique, sa clarté et sa volonté de redonner de la visibilité à celles et ceux que les algorithmes dominants laissent dans l’ombre.

Vers un futur plus décentralisé ?

Nancyte trace un chemin, balise une alternative. Mais il reste à inventer, en France, de véritables moteurs de recherche urbainsgratuits et publics, qui permettraient d’explorer la richesse d’un territoire dans toutes ses dimensions : économiques, culturelles, sociales, associatives, écologiques, politiques.

Ce rêve d’un web local structuré, accessible et respectueux mérite plus que jamais d’être encouragé. Nancyte, en cela, est peut-être moins une solution définitive qu’une première brique. Un prototype engagé, qui donne envie d’aller plus loin.

En savoir plus : www.nancyte.fr
Tarifs :

  • Référencement de base : 0 € à vie
  • Offre Pro : 20 € HT/mois
  • Offre Elite : 30 € HT/mois
    (Offres Pro et Elite en développement)

Cosmos Othoniel : les fantômes de l’amour hantent Avignon

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Jean-Michel Othoniel déploie une constellation d’œuvres au Palais des Papes et dans toute la ville d’Avignon, en dialogue avec Pétrarque et l’amour perdu. Du 28 juin 2025 au 4 janvier 2026 : Palais des Papes, musée Calvet, pont d’Avignon, Collection Lambert, Couvent Sainte-Claire…

Durant l’été 2025, Jean-Michel Othoniel, artiste contemporain à la sensibilité baroque et aux matériaux lumineux, investit Avignon à l’occasion d’une exposition monumentale intitulée « Cosmos Othoniel ou les fantômes de l’Amour ». Pensé comme un parcours immersif à l’échelle urbaine, l’événement, produit par la Ville d’Avignon et Avignon Tourisme, rassemble plus de 260 œuvres, dont 160 créations inédites, réparties dans dix hauts lieux patrimoniaux de la ville. Entre installations monumentales et compositions fragiles, Othoniel articule un univers sensoriel et spirituel, à la fois intime et cosmique.

Réenchanter la matière : la grammaire Othoniel

Jean-Michel Othoniel développe depuis trois décennies une œuvre singulière, reconnaissable entre toutes : sculptures en perles de verre soufflé, architectures poétiques, fontaines, briques d’or, astrolabes et nœuds infinis. Son langage plastique conjugue l’éclat des matériaux précieux à la douceur du geste, dans une tension entre fragilité et monumentalité. Pour Avignon, il ne se contente pas de disposer ses œuvres dans les sites : il épouse l’histoire des lieux, les traverse de récits sensibles, et en fait des résonateurs d’émotions. Le Palais des Papes devient nef d’échos célestes, le Pont d’Avignon seuil suspendu entre visible et invisible, et la Collection Lambert une chambre d’échos contemporains.

Othoniel et Pétrarque : l’amour en constellation

Le fil rouge de l’exposition est tissé à partir du Canzoniere de Francesco Pétrarque, chef-d’œuvre lyrique du XIVe siècle composé à Avignon en hommage à Laure de Noves. Plutôt que d’illustrer littéralement les poèmes, Othoniel capte leur souffle : celui d’un amour éternel, d’une absence qui façonne le monde, d’un désir toujours recommencé. Il transpose cette quête dans l’espace et la matière, comme une lecture amoureuse en trois dimensions. Le Couvent Sainte-Claire, lieu supposé de la rencontre entre Pétrarque et Laure, devient ainsi le cœur battant d’une mémoire incarnée. L’œuvre devient prière, offrande, trace – une mystique de la perte transformée en beauté partagée.

Un pèlerinage amoureux à travers la ville

Cosmos Othoniel est une traversée artistique et spirituelle à travers Avignon. Chaque œuvre invite à ralentir, à contempler, à sentir. L’artiste ne crée pas des objets à admirer, mais des expériences de présence. L’amour, chez Othoniel, est moins un thème qu’un médium : il façonne la lumière, la courbe, le silence. Le parcours relie les espaces muséaux, les lieux sacrés et les places publiques dans une grande dramaturgie sensorielle, où l’intime devient collectif.

Une grande machinerie opératique

À l’image d’un opéra, l’exposition s’organise en actes, avec une montée en intensité vers un climax chorégraphique prévu début août : une performance dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes, conçue par la chorégraphe Carolyn Carlson pour les danseurs Hugo Marchand et Caroline Osmont. Ce moment suspendu ajoute une dimension vivante et fugace au projet global, comme un battement de cœur au centre du cosmos.

jean-michel othoniel
Jean-Michel Othoniel

Les lieux de l’exposition

  • Palais des Papes
  • Pont Saint-Bénézet
  • Musée du Petit Palais – Louvre en Avignon
  • Musée Calvet
  • Muséum Requien
  • Musée Lapidaire
  • Couvent Sainte-Claire
  • Bains Pommer
  • Collection Lambert
  • Place du Palais
exposition cosmos Jean-Michel Othoniel avignon

Informations pratiques

  • Titre : OTHONIEL COSMOS ou les Fantômes de l’Amour
  • Dates : du 28 juin 2025 au 4 janvier 2026
  • Commissariat : Jean-Michel Othoniel
  • Performance spéciale : août 2025, Cour d’Honneur du Palais, Carolyn Carlson – Hugo Marchand – Caroline Osmont
  • Production : Ville d’Avignon & Avignon Tourisme
  • Catalogue : à paraître aux éditions Actes Sud
  • Billetterie et infos : avignon-tourisme.com
exposition cosmos Jean-Michel Othoniel avignon

Monet aux Carrières des Lumières : quand la lumière devient espace

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Dans le silence minéral des Carrières des Lumières aux Baux-de-Provence, les murs s’animent d’éclats colorés, les roches froides se parent d’ondulations de lumière, et le visiteur s’abandonne à une traversée sensorielle. Claude Monet, maître de l’impression fugace et des vibrations de l’instant, y devient un passeur de mondes. Son œuvre ne se contemple plus : elle nous enveloppe, nous dévore, nous happe. Exposition immersive « Monet, Impression, soleil levant », du 31 janvier 2025 au 4 janvier 2026, aux Baux-de-Provence

Une immersion dans l’œil de l’impressionniste

L’exposition immersive « Monet, Impression, soleil levant », orchestrée par Culturespaces, déploie un dispositif monumental : projections à 360°, bande-son spatialisée, textures mouvantes. Le spectateur y déambule comme dans un rêve où la matière picturale devient espace. Ce n’est plus une simple toile qui est projetée, mais une atmosphère, une sensation de lumière en mouvement.

Le parcours débute comme un voyage — un départ en train depuis la gare Saint-Lazare, lieu fétiche de Monet. Au gré des paysages traversés, la Normandie, la Tamise, Venise, le bassin de Giverny : des paysages captés non pour leur réalisme, mais pour la vibration lumineuse qu’ils incarnent. C’est toute une époque — la naissance de la modernité — qui renaît sous nos yeux.

monet Carrières Lumières Baux-de-Provence

Une dialectique entre peinture et projection

L’intérêt majeur de cette exposition tient à la dialectique artistique qui s’y joue. Les projections numériques ne cherchent pas à imiter la peinture : elles la réinterprètent. Elles déplacent le regard, l’élargissent, le dilatent. Là où Monet fixait la lumière sur une surface plane, les Carrières de Lumières offrent à cette lumière une tridimensionnalité.

La pierre rugueuse des carrières agit comme un second pinceau. Chaque aspérité devient un support imprévisible, chaque paroi fait vibrer autrement les couleurs. La neige des Paysages endormis ne fond plus seulement sous l’effet de la lumière peinte, mais sous celui de la lumière projetée, mouvante et synchronisée à une partition sonore sensible.

monet Carrières Lumières Baux-de-Provence

Une expérience sensorielle et temporelle

À travers cette scénographie immersive, c’est aussi une relecture poétique du temps qui s’opère. Monet peignait les heures qui passent — les variations d’un même pont, d’un même champ, d’une même cathédrale. Ici, les œuvres défilent comme autant de bouffées de présent, dissoutes dans un flux visuel continu.

Le dispositif devient machine à percevoir. Le spectateur n’est plus extérieur à l’œuvre, il en fait partie. Il devient cette ombre que Monet aurait pu capter dans un coin de toile. Il avance dans une lumière qui respire, hésite, change, comme la nature elle-même.

monet Carrières Lumières Baux-de-Provence

Une exposition comme seuil de l’imaginaire

Cette édition 2025-2026, qui célèbre les 150 ans de l’Impressionnisme, n’est pas un simple hommage à Monet. Elle révèle à quel point son œuvre reste ouverte, féconde, transposable, à l’heure du numérique. Loin de trahir l’intention première du peintre, cette exposition en prolonge le geste : capter l’insaisissable, faire vibrer la rétine, rendre la sensation du monde.

Monet écrivait : « Je veux peindre l’air dans lequel se trouvent le pont, la maison, le bateau… La beauté de l’air où ils sont, et ce n’est rien d’autre que l’impossible. » Ici, cet impossible est devenu possible.

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Informations pratiques

  • Exposition : Monet, Impression, soleil levant
  • Lieu : Carrières de Lumières, Les Baux-de-Provence
  • Dates : Du 31 janvier 2025 au 4 janvier 2026
  • À partir de : 7 ans
  • Billetterie et horaires : www.carrieres-lumieres.com

Arty Pop, la marque de vêtements quimpéroise branchée de l’été

À Quimper, Rachel Le Gall et Nolwenn Le Lay se réunissent autour du projet Arty Pop. À deux, elles sont bien décidées à colorer la mode avec un univers à l’empreinte pop.

La nouvelle marque de vêtements Arty Pop est l’initiative de deux femmes bretonnes : d’un côté, Rachel Le Gall, modiste et styliste spécialisée dans la création de chapeaux sur mesure ; de l’autre, Nolwenn Le Lay, artiste coloriste verrier dont l’atelier Couleur et Verre se trouve 17 rue des Boucheries à Quimper.

La première raconte des histoires avec des chapeaux, fait danser les matières et les couleurs pour confectionner un couvre-chef à l’image de la personne, et révéler son visage et sa silhouette. « Je travaille à la façon d’un sculpteur, en m’appliquant à rechercher le bon équilibre entre les matières, les couleurs, les volumes, votre visage et votre silhouette », explique-t-elle sur son site internet. La deuxième sculpte aussi, mais le verre. Au delà des sculptures de verre, son art se décline aussi sur des tableaux et du textile : elle propose une sélection d’affiches et de figurines en verre aux couleurs de notre région, du Pop art à la culture Bretonne.

Avec Arty Pop, le nom de lui-même : le duo s’inspire des habits portés dans les ateliers, qui connaît d’ailleurs un grand succès dans les friperies, et cherche à le moderniser. Dans ce projet collectif, on retrouve la gaieté colorée de Nolwenn Le Lay et l’élégance des créations de Rachel Le Gall. Tee-shirt, slip, culotte ou veste de bleu de travail, les deux artistes et artisanes apportent une fraîcheur pop et rock en mettant leur savoir-faire respectif au service de l’art et de la fantaisie : un touche contemporaine et branchée habille le vêtement ou sous-vêtement de motifs qui rappellent l’univers artistique, comme les éclaboussures de Pollock, mais aussi la région bretonne avec les rayures bleues de la la marinière.

Nolwenn Le Lay et Rachel Le Gall envisagent d’organiser un défilé à Quimper après l’été 2025, pour présenter leur collection Arty Pop.

Site Internet de Nolwenn Le Lay et de Rachel Le Gall

Zones bleues : entre longévité réelle et mirage collectif

Parfois, sur la carte du monde, surgissent des tâches d’un bleu pâle. Elles ne sont ni des oasis ni des enclaves paradisiaques — et pourtant, elles fascinent. Ce sont les “zones bleues” : ces territoires où l’on vieillit mieux qu’ailleurs. Un mirage ? Une piste ? Un refuge ? Entre longévité réelle, utopie douce et miroir de nos peurs…

Elles sont cinq : Okinawa au Japon, la Sardaigne en Italie, la péninsule de Nicoya au Costa Rica, l’île grecque d’Ikaria et Loma Linda en Californie. Cinq territoires modestes, épars sur le globe, devenus symboles d’un rêve universel : vivre vieux, et bien. Ces zones bleues — nommées ainsi dans les années 2000 après qu’un cercle bleu eut été tracé sur une carte par les démographes Michel Poulain et Gianni Pes — ont depuis gagné en notoriété mondiale, portées par les récits de Dan Buettner et la bénédiction médiatique de National Geographic. Mais au-delà de leur réalité statistique, que disent-elles de notre époque ? Les zones bleues ne sont-elles pas autant une donnée démographique qu’un récit anthropologique — une forme d’utopie douce née de nos peurs profondes : peur de la mort, de la vieillesse, de la solitude, de l’effondrement écologique ?

  • Okinawa, Japon : les centenaires au sourire contagieux.
  • Sardaigne, Italie : où les bergers vivent vieux sans se presser.
  • Nicoya, Costa Rica : là où les anciens cultivent leurs jardins comme leur paix intérieure.
  • Ikaria, Grèce : l’île qui oublie de mourir.
  • Loma Linda, Californie : les adventistes de la santé.

Le terme zone bleue a été inventé presque par hasard. Un feutre bleu sur une carte, un taux anormalement élevé de centenaires dans les montagnes sardes… et voilà le monde embarqué dans la quête de la longévité heureuse. Depuis, journalistes, médecins, chercheurs, influenceurs du bien-être s’y précipitent pour comprendre leur secret.

zones bleues carte

Les 9 secrets des zones bleues

Le mode de vie des habitants des zones bleues semble obéir à quelques règles simples et universelles :

  1. Bouger naturellement au quotidien.
  2. Manger frugalement (et surtout végétal).
  3. S’arrêter avant satiété.
  4. Avoir une raison de se lever chaque matin (ikigai au Japon, plan de vida au Costa Rica).
  5. Prendre le temps de se détendre.
  6. Appartenir à une communauté.
  7. Avoir la foi ou une pratique spirituelle.
  8. Mettre la famille au centre.
  9. Bien choisir son entourage.

Tout cela paraît presque trop beau pour être vrai. Et peut-être… l’est-ce…

L'île où les habitants refusent de mourir (documentaire)

Mythe ou modèle ?

Car sous l’éclat bleuté se dissimulent quelques zones d’ombre. Certains chercheurs, comme le démographe Saul Newman (University College London), dénoncent des données bancales, des papiers d’identité falsifiés, des méthodologies biaisées. D’autres notent que certaines zones bleues sont devenues des produits marketing : labels touristiques, régimes alimentaires brevetés, retraites spirituelles hors de prix.

Une vérité se dessine : les zones bleues ne sont pas des laboratoires scientifiques. Ce sont des récits. Des récits puissants. Et comme tous les récits, ils disent quelque chose de nous.

Chouju-zen
Chouju-zen, ou « nourriture de longévité », est nutritionnellement intéressante mais peu calorique : à la fin de chaque repas, l’estomac n’est rassasié qu’à 80 %, ce qui contribuerait à la longévité.

Ce que les zones bleues révèlent de nos désirs

À l’ère du stress chronique, du vieillissement solitaire, de la crise écologique et du repli urbain, les zones bleues incarnent une utopie douce. Elles nous rappellent qu’une vie longue n’est désirable que si elle est aussi bonne.

Elles offrent une réponse à :

  • notre peur de mourir sans avoir vécu,
  • notre angoisse écologique (tout y est local, naturel, frugal),
  • notre décrochage du lien social (famille, voisins, entraide),
  • notre fatigue du temps pressé.

En cela, les zones bleues sont aussi une critique silencieuse de nos sociétés productivistes : elles murmurent qu’il est possible de vivre autrement — et mieux.

Peut-on les reproduire ?

blue zone senior

Des villes comme Singapour ou des quartiers californiens ont tenté de recréer artificiellement les conditions des zones bleues : alimentation végétale, urbanisme doux, sociabilité encouragée. Mais peut-on décréter le bonheur ? Éditer le sens de la vie ? La vérité, c’est que les zones bleues ne sont pas reproductibles à l’identique. Elles sont le fruit de cultures, de rythmes, de rapports au monde très spécifiques, souvent issus de sociétés rurales, pauvres, mais riches en temps et en liens.

Et si la vraie question n’était pas : comment vivre plus longtemps ?

Mais “comment vivre mieux, ici et maintenant” ?

Les zones bleues ne sont pas des paradis perdus. Ce sont des miroirs : elles nous tendent l’image d’un monde possible, où la longévité est une conséquence — et non une obsession. Elles nous invitent à réenchanter notre rapport au quotidien : marcher plus, manger mieux, ralentir, rire ensemble, se reconnecter au réel. Bref, elles nous rappellent que ce qui prolonge la vie, c’est souvent ce qui la rend douce.

La Crypte de la civilisation : miroir scellé d’un monde incertain

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Le 25 mai 1940, dans le sous-sol d’un bâtiment gothique de l’université Oglethorpe, à Atlanta (Géorgie), deux hommes referment solennellement une porte en acier inoxydable. Ce n’est pas une chambre forte, ni une salle secrète d’archives. C’est la première capsule temporelle multimillénaire de l’histoire, baptisée Crypt of Civilization. Elle ne devra être rouverte qu’en 8113 après J.-C. soit 6 177 ans plus tard. Une tentative inédite pour figer l’essence d’une époque et l’adresser à des êtres qui ne nous ressembleront peut-être en rien.

« L’histoire est un tissu de souvenirs. Le passé n’est pas mort tant qu’il vit dans la conscience d’un seul. » — Thornwell Jacobs, 1939

À l’origine de ce projet fou : Thornwell Jacobs (1877-1956), président de l’université Oglethorpe. Dans un article publié en novembre 1936 dans Scientific American, il raconte avoir été frappé par le peu d’informations concrètes découvertes lors de l’ouverture des pyramides égyptiennes dans les années 1920. Cette frustration donne naissance à un projet inédit : préserver de manière délibérée et méthodique les savoirs et modes de vie d’une civilisation pour les transmettre à des générations lointaines. Jacobs propose une date d’ouverture symbolique : l’an 8113. Il la calcule à partir du point de départ du calendrier égyptien (4241 av. J.-C.), soit 6 177 ans avant 1936, et projette ce même intervalle dans le futur. Le résultat est une symétrie vertigineuse : faire de notre époque un « point médian » dans l’histoire de l’humanité.

Crypt of Civilization
La porte d’entrée de la crypte de la civlisation

Une chambre du savoir dans les entrailles d’Atlanta

La crypte est aménagée dans un ancien bassin de natation au sein de Phoebe Hearst Hall, sur le campus d’Oglethorpe. Semi-enterrée, la pièce mesure 6 mètres sur 3, avec un toit de pierre de plus de deux mètres d’épaisseur. Elle est conçue selon les conseils du National Bureau of Standards pour résister au temps : acier inoxydable, plaques vitrifiées, récipients remplis d’azote. L’atmosphère doit rester stable durant plusieurs millénaires.

Pour la sceller, une porte en acier soudée sur place, dédiée en 1938 lors d’une cérémonie retransmise à la radio, en présence de David Sarnoff, président de la RCA. En 1940, le Postmaster General James Farley représente le gouvernement fédéral pour la cérémonie finale.

La crypte ne contient pas seulement des livres ou des documents historiques. Elle abrite une véritable mise en scène du quotidien et de la culture populaire des années 1930 : brosse àUn tombeau des modernes : naissance d’une idée

L’histoire commence en 1936, dans l’esprit d’un homme aussi érudit que visionnaire : Thornwell Jacobs (1877-1956), président d’Oglethorpe University. Constatant à quel point les ouvertures des pyramides égyptiennes dans les années 1920 avaient livré peu d’enseignements sur leurs bâtisseurs, Jacobs propose l’inverse : lancer la première entreprise consciente et méthodique de préservation d’une civilisation vivante.

Dans un article de Scientific American publié en novembre 1936, il décrit un projet : sceller une pièce entière, archiver non seulement les savoirs formels mais aussi les modes de vie, les objets, les voix, les récits. Il fixe une date d’ouverture : l’an 8113, calculée selon une symétrie historique à partir de 4241 av. J.-C., première date fixe du calendrier égyptien. 6 177 ans avant 1936 ; 6 177 ans après.

Thornwell Jacobs
Thornwell Jacobs

Une crypte construite comme une arche

De 1937 à 1940, les travaux transforment un ancien bassin de natation dans le bâtiment Phoebe Hearst Hall en une chambre d’archives de 6 mètres de long, 3 mètres de large, surplombée d’un toit de pierre de 2 mètres d’épaisseur. À la demande du National Bureau of Standards, les objets sont stockés dans des conteneurs en acier inoxydable remplis d’azote, les murs sont vitrifiés et la porte, scellée le 25 mai 1940, est soudée puis décorée d’une plaque gravée. Un générateur à vent, un projecteur à manivelle, une loupe 7x, et un « intégrateur linguistique » complètent le dispositif, afin que le futur puisse non seulement voir, mais comprendre.

Le tout est supervisé par Thomas Kimmwood Peters, photographe et inventeur de la première caméra microfilm 35 mm, qui dirige la reproduction de plus de 640 000 pages de textes et plusieurs films et photographies.

Un musée total des années 1930

Jacobs ne veut pas d’une capsule élitiste ou muséale : il veut tout. De la Bible au Coran, de L’Iliade à Gone With the Wind. Mais aussi un flacon de Budweiser, un sac à main de femme, des jouets Donald Duck, un rasoir, du fil dentaire, un microfilm de recettes, des sons de Popeye, des discours de Roosevelt, Hitler, Mussolini et Staline. C’est à la fois un legs humaniste et un instantané culturel, un musée figé au sommet de la modernité industrielle. En ce sens, la crypte est une synthèse du XXe siècle : encyclopédique, technologique, optimiste et anxieuse.

Crypt of Civilization
Inauguration de la Crypte de la Civilization

L’échec anticipé d’une civilisation ?

Mais l’ouverture en 8113 aura-t-elle jamais lieu ? Dès 1945, l’angoisse atomique rend l’hypothèse absurde. Jacobs lui-même l’admet dans son message vocal laissé aux générations futures : “Le monde est en train d’enterrer notre civilisation. Nous la confions à vous.” Ce n’est pas seulement un projet de transmission, c’est un geste d’archéologue anticipé, comme si l’on prévoyait la ruine de ce que l’on bâtit. C’est aussi un acte de foi — foi dans la continuité de l’humanité, dans le langage, dans la mémoire. Mais une foi traversée de doutes : que restera-t-il du monde en 8113 ? Les civilisations survivent-elles à elles-mêmes ? Ou bien la crypte ne sera-t-elle qu’un cercueil oublié sous des ruines ?

La mémoire de qui ?

Aujourd’hui, la Crypte de la civilisation suscite un regain d’intérêt, notamment grâce à l’International Time Capsule Society fondée en 1990. Mais elle suscite aussi des critiques. La crypte est très marquée par le contexte américain, blanc, chrétien, masculin, des années 1930. Si elle parle au nom de “la civilisation”, elle ne reflète qu’un fragment du monde. Le choix de garder les discours d’Hitler, de Mussolini, sans analyse, interroge. Tout comme l’absence des cultures autochtones, africaines, asiatiques en tant que sujets actifs. Une capsule de mémoire peut vite devenir un mausolée de domination.

Le paradoxe d’un legs fermé

La grande question posée par la crypte est celle du temps long dans un monde court-termiste. En 1940, le projet semblait incarner une espérance humaniste. Aujourd’hui, alors que l’attention se mesure en secondes et que les données numériques s’évaporent, ce projet nous paraît à la fois admirable et anachronique. Mais peut-être est-ce cela, sa valeur la plus précieuse : nous forcer à penser au-delà de nous-mêmes. À assumer une responsabilité générationnelle. À se demander : que voulons-nous transmettre ? Et à qui ?

Une méditation sur la fragilité et la transmission

Loin d’être un simple exploit technique, la Crypte de la civilisation est un miroir de nos contradictions : volonté de durer et conscience de notre finitude, orgueil d’homme et humilité face au temps, besoin d’enseigner et angoisse de disparaître. Elle ne garantit ni la survie des objets, ni celle de notre mémoire. Mais elle nous enseigne une chose essentielle : la civilisation n’est pas ce que l’on grave dans l’acier, c’est ce que l’on partage, ici et maintenant.

“The stream of knowledge is heading toward a dead sea of ignorance, unless we make a determined effort to preserve it.”
— Thornwell Jacobs, 1937

Couvre-feux pour mineurs ou salles des fêtes et camps de rééducation scolaire ?

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De Gévezé à Béziers, en passant par Limoges ou Nîmes, plusieurs municipalités françaises ont récemment instauré des couvre-feux qui ciblent les mineurs dans le but affiché d’enrayer une montée des violences urbaines. Mais au-delà de l’effet d’annonce, que révèlent ces mesures quant à notre rapport à la jeunesse, à la sécurité et à l’autorité ?

La jeunesse, c’est la passion pour l’inutile. (Jean Giono)

Les couvre-feux pour mineurs ne sont pas nouveaux. Depuis les années 1990, plusieurs communes françaises y ont eu recours de manière ponctuelle. Mais la multiplication récente de ces arrêtés municipaux – à Limoges, Nîmes, Béziers, ou encore Gévezé près de Rennes – leur donne une nouvelle visibilité. Ils s’inscrivent désormais dans un climat sécuritaire sous haute tension sur fond de rivalités liées aux trafics de stupéfiants, de violences collectives, de perte d’autorité dans certains quartiers, d’une crise générale de l’autorité politique et républicaine et d’une baisse inquiétante du civisme.

À Nîmes, la décision a été prise après une série de fusillades impliquant des mineurs. À Béziers, le maire Robert Ménard justifie la mesure par le besoin de “protéger les jeunes d’eux-mêmes”. À Limoges, la municipalité évoque une “circonstance exceptionnelle” pour contrer les violences. À Gevezé, commune plus paisible, le discours insiste davantage sur la prévention et la responsabilisation parentale.

Ce sont les sens qui rendent heureux, et non l’esprit spéculatif. Voilà les fondements de la culture. Il est nécessaire d’avoir un toit sur la tête, mais pas n’importe quel toit. Ou alors, qu’on ne nous parle plus du bonheur : qu’on comprenne une fois pour toutes que nos temps ont des fins inhumaines ; que nous avons lâché la proie pour l’ombre. Les grottes de Lascaux n’étaient pas n’importe quelles grottes. (Jean Giono)

Une efficacité sujette à caution

La première question que pose cette mesure est celle de son efficacité réelle. Sur le plan factuel, aucune étude robuste ne permet de conclure à l’impact significatif d’un couvre-feu pour mineurs sur la délinquance ou les violences urbaines. Plusieurs sociologues, à l’instar de Laurent Mucchielli ou de Sébastian Roché, soulignent que les jeunes impliqués dans les actes les plus graves échappent souvent aux logiques d’interdiction. Soit parce qu’ils ne sont pas dissuadés, soit parce qu’ils agissent de manière préméditée et organisée, en marge des horaires concernés.

En revanche, le couvre-feu peut momentanément pacifier l’espace public en réduisant la visibilité des groupes de jeunes et les attroupements, souvent perçus comme menaçants. Cette “tranquillité” apparente est toutefois largement superficielle et temporaire. Les causes profondes – précarité, ruptures scolaires, absence de perspectives – demeurent intactes.

On entend souvent dire : « Si j’avais ceci, si j’avais cela, je serai heureux », et l’on prend l’habitude de croire que le bonheur réside dans le futur et ne vit qu’en conditions exceptionnelles. Le bonheur habite le présent, et le plus quotidien des présents. Il faut dire : « J’ai ceci, j’ai cela, je suis heureux ». Et même dire : « Malgré ceci et malgré cela, je suis heureux ». (Jean Giono)

Un signal politique, pas une politique

D’un point de vue politique, le couvre-feu est moins un outil de transformation qu’un instrument de communication. Il rassure une partie de l’opinion, donne le sentiment d’une action immédiate, visible, virile. Il permet aux maires d’afficher leur fermeté à peu de frais, en se dotant symboliquement du rôle de protecteur, voire de “père de famille” municipal.

Mais il interroge, à Rennes où se sont multipliés dernièrement les coups de becs entre la maire de Rennes et les derniers préfets qui s’y sont succédé, comme partout en France, la continuelle et alarmante déresponsabilisation de l’État qui laisse aux communes la gestion de problèmes structurels : éducation, logement, santé mentale, insertion. Le couvre-feu devient alors une rustine sur une panne plus large des politiques publiques envers la jeunesse.

Et puis, une question inquiétante se pose : n’est-on pas en train de verrouiller nos villes par tant d’aspects qu’elles en deviendront peut-être de plus en plus sures mais de moins en moins vivables ?

Si tu n’arrives pas à penser, marche ; si tu penses trop, marche ; si tu penses mal, marche encore. (Jean Giono)

La tentation du contrôle parental par la force publique

D’un point de vue comportemental, le couvre-feu repose sur une logique de suspicion à l’égard des jeunes, en particulier des garçons issus des classes populaires. Il entérine l’idée que leur seule présence nocturne est un danger potentiel. Ce qui n’est en soi pas faux : que fait un ado de 15 ans dehors à minuit ? Pourquoi ses parents ne le cadrent-ils pas ?

Pour les adolescents en question, cette stigmatisation peut renforcer le sentiment d’exclusion et d’injustice. Pire, elle est susceptible d’engendrer un effet paradoxal : se confronter au risque de la règle devient une manière de se construire, de se faire voir, d’exister aux yeux des autres.

« Il faudrait que la joie soit paisible. Il faudrait que la joie soit une chose habituelle et tout à fait paisible et tranquille, eT non pas batailleuse et passionnée. » (Jean Giono)

Avant tout doit être posé la question du déplacement des responsabilités vers les parents. Ainsi, à Gevezé, le maire a sans ambiguité exprimé que le problème résidait dans le “lâchage éducatif”. Pourtant, rien n’est dit quant aux soutiens concrets aux familles monoparentales, aux parents isolés ou aux mères en horaires décalés. Comment tient-on son gosse de 15 ans qui est médiocre en classe et qui nourrit le sentiment d’être une bête noir sociale quand soi-même, mère isolée, on fait des ménages jusqu’à 1h du matin ? La menace de sanctions ne remplace pas une politique familiale ambitieuse.

Joie magnifique des travaux naturels où jamais rien n’est esclavage, où tout est à la mesure de l’homme, lui laissant son temps. (Jean Giono)

Vers une normalisation sécuritaire ?

Enfin, la multiplication des couvre-feux interroge quant à la normalisation progressive de l’état d’exception appliqué aux mineurs. Les libertés individuelles des enfants et des adolescents sont de plus en plus restreintes au nom de leur protection. Mais une société qui ne sait plus protéger ses jeunes autrement qu’en les enfermant chez eux est-elle encore capable de faire société ? Les prisons sont pleines, on va on faire quoi des ces enfants punis ? Rouvrir des colonies pénitentiaires pour enfants sur des iles (voir notre article) ? Certes, non. Pourquoi pas généraliser des travaux d’intérêt général, voire, pour certains, une année en camp de rééducation scolaire agricole ou artisanale ?

On a dû te dire qu’il fallait réussir dans la vie. Moi, je te dis qu’il faut vivre, c’est la plus grande réussite du monde. (Jean Giono)

Plutôt que d’enfermer, ne faudrait-il pas rouvrir et déplacer ? Des maisons de quartier en soirée, des équipements sportifs, des médiateurs de rue, des projets culturels de territoire, des équipes mobiles de prévention… Couplés avec l’envoi des adolescents qui se sont entrés sur une pente glissante dans des colonies agraire ou/et artisanale durant toute une année jusqu’à la rentrée scolaire de septembre afin de leur réapprendre à vivre en société, voire à aimer faire (et pas que faire de la merde, comme on l’entend dans leur propre bouche). Le retour à la culture, le retour à la nature. Autant de pistes moins spectaculaires, certes plus complexes, mais plus efficaces au long terme.

Il n’est pas de condition humaine, pour humble ou misérable qu’elle soit, qui n’ait quotidiennement la proposition du bonheur: pour l’atteindre, rien n’est nécessaire que soi-même. (Jean Giono)

Une jeunesse en miroir de nos contradictions

Le recours au couvre-feu traduit en creux notre ambivalence collective vis-à-vis de la jeunesse. On la célèbre comme “avenir de la nation” tout en la suspectant d’être un danger pour l’ordre public. On veut la responsabiliser, mais on ne lui donne ni espace, ni confiance, ni horizon. Le couvre-feu est peut-être, finalement, moins une réponse à la violence des jeunes qu’un révélateur de la violence sociale à leur égard.

« Tu peux être tout ce que tu veux, mais il faut être fou, mon enfant. Regarde autour de toi le monde sans cesse grandissant de gens qui se prennent au sérieux. Outre qu’ils se donnent un ridicule irrémédiable, ils se font une vie dangereusement constipée. » (Jean Giono)

Le couvre-feu pour mineurs est un outil aux effets ambigus. À court terme, il peut calmer les tensions visibles. Mais à long terme, il risque d’accroître les fractures. À défaut d’investir dans les liens et les lieux, on impose des limites. Reste à savoir si cela suffit à bâtir une société plus apaisée. La vraie question, dès lors, n’est peut-être pas celle de l’efficacité du couvre-feu, mais celle de notre capacité à imaginer autre chose. Encore une fois, n’est-on pas en train de verrouiller nos villes par tant d’aspects qu’elles en deviendront peut-être de plus en plus sures mais de moins en moins vivables ?

La violence et la force ne construisent jamais. La violence et la force ne paient jamais les hommes. Elles ne peuvent que contenter ceux qui se satisfont avec du provisoire. Malgré toutes nos civilisations occidentales, nous n’avons pas cessé de nous satisfaire de provisoire. Il serait temps de penser à de l’éternel. (Jean Giono)

Rennes : la ferme urbaine des Cols Verts relance ses cagettes de légumes d’été en vente directe

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Au cœur du quartier du Blosne, à Rennes, la micro-ferme des Cols Verts cultive bien plus que des légumes : elle sème aussi une autre manière de vivre en ville. À l’heure où la question de l’alimentation durable s’impose dans nos modes de vie, l’association relance pour l’été son système de vente directe de cagettes de légumes. Produits localement dans leurs fermes urbaines du Blosne et de Chantepie, ces paniers de saison incarnent une alternative concrète, locale et solidaire.

Une agriculture urbaine pour les citadins engagés

Les Cols Verts Rennes, c’est un projet à facettes : une micro-ferme urbaine pédagogique implantée au Blosne, une ferme maraîchère bio en périphérie à Chantepie, un terrain expérimental dédié à la biodiversité, et une mallette pédagogique pour sensibiliser petits et grands à l’agriculture durable.

Depuis plusieurs années, l’association développe une agriculture de proximité, mêlant production locale, éducation à l’environnement et inclusion sociale. Son action s’inscrit dans un tissu urbain souvent éloigné des réalités agricoles, mais avide de reconnexion au vivant.

cols verts rennes

Deux cagettes, deux saveurs de l’été

Pour l’été 2025, les Cols Verts proposent à nouveau leurs cagettes de légumes en vente directe. Deux formats sont disponibles :

  • Une cagette de 4 kilos de tomates, idéales pour les salades, coulis et conserves maison
  • Une cagette de 3 kilos de légumes pour ratatouille, composée de courgettes, aubergines et poivrons

Le tarif est unique : 10 euros la cagette.

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Commande simple, retrait local

Les commandes doivent être effectuées par mail à l’adresse contact.rennes@lescolsverts.frune semaine à l’avance. La commande n’est effective qu’après réception d’un mail de confirmation de la part de l’équipe.

Le retrait et le paiement se font le mercredi matin, de 9h30 à 13h, sur le marché du Potager des Cultures, accessible par la rue de Hongrie ou via la Halle du Triangle. Le règlement peut s’effectuer en espèces ou par chèque.

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Acheter solidaire, semer l’avenir

En choisissant ces cagettes, les consommateurs soutiennent une agriculture biologique de proximité et participent directement au financement des actions sociales et écologiques menées par l’association dans les quartiers rennais : ateliers de jardinage, animations dans les écoles, préservation de la biodiversité.

Les Cols Verts rappellent ainsi que bien manger, c’est aussi faire société autrement. Et que derrière chaque légume, il y a une histoire de territoire, de coopération, et d’engagement.

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Informations pratiques
Association Les Cols Verts Rennes
Rue de Hongrie, Rennes
Site : www.lescolsverts.com
Contact : contact.rennes@lescolsverts.fr
Marché du Potager des Cultures – tous les mercredis, de 9h30 à 13h