Culture figée, pluralisme trafiqué : la panne démocratique d’une administration hors sol

0

Le 9 juillet 2025, l’Observatoire des politiques culturelles (OPC) a rendu publics les résultats de son Baromètre annuel des budgets culturels des collectivités territoriales. Le constat est sans appel : 49 % des collectivités françaises (régions, départements, communes, intercommunalités, métropoles) ont diminué leurs budgets culturels entre 2024 et 2025. Seules 22 % les ont augmentés. L’érosion est nette, transpartisane, multiforme. Comment en sommes-nous arrivés là ? A qui la faute ?

Dans le détail :

  • 65 % des départements ont baissé leur budget culture.
  • Les coupes atteignent jusqu’à 35 % dans le spectacle vivant36 % pour les festivals, et 42 % pour les aides aux associations.
  • L’éducation artistique et culturelle (EAC), pilier théorique du lien entre culture et citoyenneté, subit un recul de 31 % en moyenne.

Signe du climat ambiant : le Projet de Loi de Finances 2026 prévoit une baisse de 200 millions d’euros pour la mission Culture (-5,4 % par rapport à la LFI 2025). L’État comme les collectivités semblent entériner une tendance de fond : la culture n’est plus une priorité politique.

Mais de quelle crise parlons-nous, vraiment ?

Ce tableau budgétaire dramatique n’est pas seulement le fruit d’une conjoncture défavorable. Il est le reflet d’un basculement profond : une perte progressive de sens, de légitimité et de désir autour de la culture comme bien commun. Alors que le doxa institutionnelle qui invoque l’excellence, l’émancipation ou l’accès, ne produit plus depuis des années d’adhésion collective sinon dans des cercles déjà convaincus, rien ne change. La conception actuelle de la culture et de son administration parle-t-elle encore à la société tout entière ou uniquement à ceux qui en maîtrisent déjà les codes ? A l’évidence, à un pourcentage de plus en plus restreint.

La promesse non tenue de l’émancipation par la culture

Depuis les années 2000, l’Éducation artistique et culturelle (EAC) a été promue comme la clef de voûte du lien entre école, art et citoyenneté. Sur le papier : un idéal, un formidable objectif. Dans les faits : une politique trop souvent normative, bureaucratique et hors-sol.

Exemple global par excellence : nous sommes beaucoup à constater l’écart croissant entre les pratiques culturelles réelles des jeunes (jeux vidéo, streaming, création numérique, rap, autofiction) et l’offre scolaire institutionnelle qui demeure parfois figée ou méprisante vis-à-vis des cultures populaires car incapable d’y faire face, de la réfléchir et de prendre des décisions fortes. D’où, une perte de confiance. Un sentiment de surplomb. Et parfois même, un basculement inverse : des jeunes se radicalisent et/ou rejettent le discours culturel public car ils s’y sentent niés.

Toujours pour les jeunes, comme pour les moins jeunes, autre exemple. Dans des bibliothèques, certains bibliothécaires refusent de mettre en rayon des ouvrages d’auteurs réputés de droite (Michel Houellebecq, Alain Finkielkraut, François-Xavier Bellamy ou Eugénie Bastié) ou des magazines comme Valeurs actuelles au nom d’un « devoir éthique » autoproclamé et unilatéralement imposé. Ces décisions antipluralistes alimentent alors chez certains lecteurs un sentiment de censure idéologique et contribuent, contre-productivement, à leur basculement vers des formes de convictions anti-système, voire de droite dure, au nom de la « vérité interdite ».

Dans différents centres culturels ou MJC, des ateliers de débat ou de création participative ont été annulés ou vidés de leur substance, non pas par censure gouvernementale, mais par autocensure militante : la peur d’« offenser », de « mal représenter », de « prendre la parole à la place de » a conduit à un assèchement de la parole, du débat et de la transmission, là même où l’on devait émanciper. Le résultat : du silence ou du malaise, là où il devait y avoir échange.

Les exemples sont pléthore. Et tous pointent dans une même direction : une culture publique qui, faute de réflexion critique sur elle-même et d’ouverture à tous, s’éloigne des publics qu’elle prétend servir et court le risque de devenir l’un des vecteurs non plus de l’émancipation mais de la fracturation.

Le pluralisme culturel en trompe-l’œil : clientélisme, baronnies et pressions politiques

En fait, derrière la façade d’un service public culturel neutre et universel se cache une réalité moins reluisante : une instrumentalisation politique des subventions et des projets culturels.

Que dire du morcellement institutionnel français, avec ses multiples échelons de pouvoir (communes, agglos, départements, régions), dont certains n’hésitent pas à subventionner prioritairement les associations qui leur sont politiquement proches afin de créer et soutenir de véritables relais culturels partisans souvent dissimulés sous des discours participatifs, culturels et artistiques ?

Que dire de la direction des médias au ministère de la Culture, qui, sous couvert de modernisation ou de rationalisation, a concentré l’essentiel de ses aides à la presse sur quelques grands groupes privés capitalistiques en marginalisant ainsi de fait les éditeurs de presse associatifs, indépendants, voire engagés localement ?

Selon les chiffres du dernier rapport de la DGMIC, en 2024, près de 70 % des aides directes à la presse ont été attribuées à moins de 10 titres nationaux, tous détenus par de puissants groupes industriels ou bancaires. Le ministère de la Culture a distribué un total d’aides directes de 204,7 M€ en 2023. Les titres du groupe Le Monde de Xavier Niel et Matthieu Pigasse, les titres appartenant à LVMH comme les Echos et le Parisien, le Groupe Figaro, propriété de la famille Dassault, Libération détenu par Patrick Drahi (Altice) ont empoché environ 65% des subventions. Si on ajoute la Croix (Bayard presse) et l’Humanité et le régional groupe Ouest-France (SIPA), on se rapproche des 80% des subventions.

Seul un cinquième de l’enveloppe totale va à (certains) des 1330 autres éditeurs de presse ((355 publications sont reconnues IPG, 478 en39bis et 509 en commission simple) qui sont reconnus par la Commission paritaire presse pour leur respect de la réglementation et qui bénéficie donc d’une reconnaissance qualifiante. Certains, car les conditions d’attribution relèvent d’un flou désastreux qui confine à l’arbitraire.

C’est ainsi que, comme tant d’autres, le magazine associatif labellisé ESS Unidivers a sollicité de nombreuses fois en 14 ans les fonds d’aide aux médias du ministère de la Culture (Direction des média et DRAC Bretagne), des démarches qui se sont constamment soldées par des refus ou, simplement, des absences de réponse (il aura fallu l’intervention d’un député d’Ille-et-Vilaine excédé par le comportement du ministère de la Culture à notre égard pour que nos multiples demandes de rendez-vous à la DRAC Bretagne aboutisse enfin ; pour, évidemment, n’aboutir à rien, le fonctionnaire local se défaussant toujours sur l’échelon national, lequel vous vous explique qu’il n’est « pas responsable des erreurs des équipes précédentes » (et le principe de continuité de l’État ?…), et, bien sûr, ne faisant pas plus – kafkaïen et fubuesque)…

Ce système délétère des aides publiques à la presse est sévèrement critiqué depuis plusieurs années à travers nombre de rapports parlementaires, de hauts fonctionnaires remis à l’exécutif, de la Cour des comptes. Sont à chaque pointées l’opacité du système mis en place et géré par la Direction des Médias , son inefficacité, son absence de soutien à l’innovation et aux nouvelles formes et voix du pluralisme, la conservation éhontée de véritables rentes au profit de quelques copains bénéficiaires… Bienvenue dans l’Ancien Régime ! Malgré ces dizaines de rapports, rien ne bouge.

–> Résultat : un sentiment de plus en plus largement partagé chez les Français d’un pluralisme politique artificiel, théâtralisé autour de quelques acteurs autorisés et promus.

Pire, on peut légitimement redouter que, d’ici dix à quinze ans, l’ensemble des grands quotidiens ait été racheté par un magnat américain ou un fonds d’investissement domicilié dans quelque paradis fiscal. Celui-ci concentrera alors le pouvoir médiatique ou, plus vraisemblablement encore, fera disparaître les titres acquis au profit de ses propres réseaux sociaux. Ces plateformes traiteront l’information non plus selon une logique universelle et critique, mais en fonction des biais auto-affectifs des internautes.

Or, le seul véritable garde-fou contre cet avenir obscur consisterait précisément à consolider un vaste tissu territorial d’éditeurs de presse (associatifs) de taille moyenne — des structures qui, par nature et par choix, résisteraient à un destructeur mouvement de rachat global et abonderaient un pluralisme démocratique vivant et vivifiant. Au lieu de cela, le ministère de la Culture s’emploie à les faire disparaître en refusant de les aider.

Une politique toxique qui révèle une vision de plus en plus courte, voire foule, de l’administration, interroge les objectifs réellement poursuivis, et sape les fondements de la démocratie française.

–> Résultat : une défiance grandissante des Français à l’égard des médias et leurs intentions de vote qui se portent de plus en plus aux extrêmes.

baromètre medias
Législatives 2024
Résultats du 2nd tour des Législatives 2024 (chiffres : ministère de l’Intérieur)
barometre vote politique france
Baromètre politique Ipsos bva-CESI École d’Ingénieurs pour La Tribune Dimanche juillet 2025

–> Que faire ? Les solutions sont bien sûr à élaborer tous ensemble, responsables politiques, administratifs, élus, électeurs et éditeurs de presse, y compris non-parisiens (si si , ils existent, et sont même nombreux). Mais ce qui est sûr est qu’il est urgent de retirer le portefeuille d’aides à la presse a la Direction des médias du sport ministère de la Culture ou repenser complètement sa gestion.

Le modèle de la culture « à la française » : un écosystème clos sur lui-même et une hypocrisie structurelle

La culture officielle en France, c’est de plus en plus un écosystème global fermé composé d’écosystèmes locaux eux-mêmes verrouillés. Un système qui a lentement mais sûrement dérivé vers le copinage, l’entrisme, une économie circulaire peu perméable, où l’ensemble des acteurs (institutions, réseaux, experts) reste largement aligné sur une doxa héritée des années 1980, de l’ère Lang-Mitterrand, qui n’a pas su ni voulu se renouveler et s’est enfermé dans un mode de gestion vertical d’Ancien régime.

Résultat : une répétition des mêmes schémas esthétiques et idéologiques, des discours figés, des narrations usées, un oubli progressif de la pluralité réelle de la société française, de ses imaginaires, de sa jeunesse bigarrée, vive, numérique, intuitive, hors cadre. Loin d’un conservatoire du passé, la culture devrait être un miroir éclaté du présent.

Car un autre tabou traverse silencieusement le monde culturel français : sa composition sociale et raciale ultra-homogène. Les postes de direction dans les grandes institutions (théâtres nationaux, opéras, musées, écoles supérieures, agences publiques) sont occupés très majoritairement par des hommes blancs, issus des classes supérieures. Quelques femmes blanches occupent des postes de responsabilité. Quant aux personnes issues de la diversité — immigrations postcoloniales, Outre-mer, asiatiques, milieux populaires — elles sont quasiment absentes des sphères de gouvernance.

Et pourtant, ce sont ces mêmes institutions qui, sur scène, dans leurs discours publics, leurs projets de communication ou leurs appels à projets, se posent en championnes de l’inclusion, de la diversité, de la lutte contre les discriminations. Il y a là une hypocrisie française profonde : on parle de la défense des immigrés, au nom des immigrés, sans eux ; on parle de la promotion des cultures populaires au nom du petit peuple de France, mais en le dénaturant. On programme la diversité comme thème, mais jamais comme objectif concret.

Cet écart entre l’affichage et la structure réelle du pouvoir culturel alimente un ressentiment diffus mais croissant : sentiment d’exclusion, désaffiliation, perte de confiance aussi bien de jeunes issus de l’immigration que de jeunes originaires de la France populaire. La gestion institutionnelle du fait culturel en France fragilise la légitimité même du service public culturel. Incompréhensible.

Refaire culture commune : un chantier de reconquête démocratique

Il ne s’agit pas de jeter la culture publique avec l’eau du soupçon. Il s’agit de la réinventer radicalement, de l’ouvrir, de la déranger.

Cela suppose :

  • un pluralisme réel et assumé, y compris dans les expositions et théâtre officiels (pas amateurs), les bibliothèques, les subventions et les commandes publiques ;
  • une transparence totale sur les aides culturelles (à qui, pour quoi, selon quels critères ?) ;
  • un décloisonnement des pratiques et des esthétiques qui ne hiérarchise plus de manière implicite entre culture « légitime » et culture « populaire » ;
  • une décentration politique afin que la culture ne soit plus l’apanage d’un camp, mais le terrain commun d’un peuple en débat.

Pour une culture de la dissidence partagée non de l’entre-soi conforté

La culture ne doit pas conforter ceux qui détiennent déjà les codes : elle doit inquiéter, convoquer, déplacer, y compris ceux qui la promeuvent.

Mais dans les faits, y compris les thématiques les plus radicales — identités, colonialisme, sexualités, écologie, déconstruction — sont souvent abordées dans les lieux culturels (notamment les théâtres) à travers des constructions codifiées, intellectualisées, ritualisées, qui rassurent leur public cible. On joue la subversion, mais dans un cadre esthétiquement attendu, voire embourgeoisé, balisé, quasi inoffensif.

C’est une transgression sans risque, un langage qui tourne en boucle dans le même milieu, pour les mêmes spectateurs, avec la même grammaire critique. Et ce faisant, on en vient à exclure d’autres formes de radicalité, d’autres sensibilités politiques ou culturelles, jugées trop brutales, trop populaires, trop déviantes — alors même que la culture devrait précisément être le lieu du conflit symbolique, du choc des mondes, de la coexistence inconfortable.

À cette domestication du radical s’ajoute une autre forme d’angle mort : l’invisibilisation de la question spirituelle et du fait religieux dans la culture institutionnelle française. Les enjeux religieux — qu’ils soient d’ordre personnel, sociologique ou géopolitique — traversent profondément la société française et le monde et intéressent une large partie de la population (28% des Français croient en Dieu tel qu’il est décrit dans la Bible, le Coran, la Torah, 19% croient dans une Puissance supérieure, 37% ne croient ni en l’Un ni en l’Autre, 16% ne se prononcent pas). Pourtant, ces enjeux sont largement tenus à l’écart des programmations culturelles et éducatives, comme si la laïcité à la Française signifiait évitement ou tabou. Ce refoulement participe d’une forme de censure athéiste diamat qui appauvrit la compréhension du monde contemporain et empêche de penser ce qui, pour beaucoup de ses participants, interroge, voire fait sens.

Plus largement, un décalage s’installe entre les dynamiques réelles de la société et les représentations figées proposées par les institutions. Il suffit de regarder les cours de lycée, les universités, les milieux artistiques émergents, pour constater une mixité sociale et raciale bien plus forte que celle que l’on retrouve dans les rangs de l’administration, des grandes structures culturelles ou des organes de décision publique. Cette France jeune, métissée, inventive, ouverte à des formes de culture, d’engagements, d’actions politiques et de spiritualité nouvelles ou recomposées, peine à se reconnaître dans des institutions qui lui parlent de diversité sans l’incarner réellement, que ce soit sur scène, dans les médias, les partis politiques, les conseils d’administration ou les grilles de recrutement. Le fossé entre l’énergie réelle du pays et la lenteur conformiste de ses élites culturelles ne cesse de se creuser.

Aussi la crise que nous traversons n’est-elle pas seulement budgétaire. Elle est anthropologique et politique. Voulons-nous une culture qui enseigne ou une culture qui débat ? Une culture qui reproduit ou une culture qui libère ? Une culture idéologique ou un culture démocratique ? Une culture de cour ou une culture du commun ?

C’est cette question, centrale, qui devrait être, et depuis longtemps, au cœur des choix publics. Sinon, la culture institutionnelle continuera de mourir en France — non d’asphyxie budgétaire, mais de désamour démocratique.

Quel choix en période de restriction budgétaire ?

En période de restriction budgétaire, les collectivités locales ont tendance à réduire les subventions accordées aux petites associations culturelles (et sportives) de quartier afin de préserver la tenue — et souvent l’image — des grands établissements labellisés. Ce choix, apparemment rationnel, obéit à une logique de prestige et de conservation de l’existant. Mais est-ce vraiment un bon calcul à moyen terme ?

Car en sacrifiant les lieux de création décentralisés, les structures de proximité, les initiatives associatives ancrées dans le tissu local où se trouve une vraie participation citoyenne et civique, c’est l’accès même à la nourriture culturellr pour une large part de la population qui est mis en péril. Le risque est de glisser insensiblement vers une société où la vie culturelle aidée — c’est-à-dire financée, visible, institutionnalisée — serait réservée à une minorité fermée sur elle-même, dotée du capital culturel adéquat, convaincue de son bon goût et persuadée d’incarner la norme universelle…

Ce scénario n’est pas une fiction. Il est déjà en germe dans bien des territoires, notamment la Région Pays de la Loire : les grandes scènes urbaines continuent d’être subventionnées tandis que les centres culturels de quartier, les festivals indépendants, les ateliers intergénérationnels, les petites associations locales ou les tiers-lieux ferment les uns après les autres, privés de moyens. Et pourtant, c’est là, dans cette microculture du quotidien que se cultive le liant social et s’inventent des formes audacieuses, ouvertes, vivantes. Préserver uniquement le sommet de la pyramide culturelle tout en sabrant sa base, c’est menacer l’ensemble de l’édifice. Et, ce faisant, creuser le fossé entre la culture « offerte » et les aspirations culturelles réelles des citoyens.

Une société où l’on cloisonne les espaces du savoir, de la création et du dialogue critique est une société qui s’achemine vers la dislocation de son contrat symbolique.

Une des clefs : un désarrimage partiel et réfléchi entre culture et politique

Depuis soixante ans, depuis les regrettés De Gaulle et Malraux, la politique culturelle française s’est définie par son adossement étroit à l’État et aux collectivités publiques. Cela a permis des avancées considérables : démocratisation de l’accès, reconnaissance des artistes, aménagement du territoire, soutien à la création. Mais aujourd’hui, ce lien est devenu ambivalent.

Le pouvoir politique, en concentrant la culture dans ses mains, a accaparé sa direction symbolique, son financement, et parfois même sa parole. À force de chercher à « piloter » la culture, il en a figé les formes, les récits et les légitimités. il l’a parfois, et de plus en plus souvent, utilisée comme levier de distinction partisane, d’affichage progressiste et de clientélisme territorial, au détriment de son souffle propre.

Sans doute est-il temps de reconsidérer ce lien. Sans rompre le soutien public — qui reste indispensable — il faudrait imaginer un « désarrimage partiel » entre culture, administration et pouvoir politiques, afin de :

  • redonner de l’autonomie aux artistes et aux structures par rapport aux agendas institutionnels ;
  • retirer le portefeuille d’aides à la presse au ministère de la Culture ;
  • permettre aux formes alternatives, communautaires, vernaculaires, dissidentes, de coexister avec les esthétiques établies ;
  • ouvrir l’espace culturel à un pluralisme réel, y compris politique, sans soupçon ni récupération.

Ce désarrimage pourrait aussi s’inspirer de modèles étrangers. Au Québec, en Espagne ou en Suisse, certaines politiques culturelles intègrent des formes participatives plus directes, une décentralisation réelle des choix artistiques et une évaluation citoyenne des institutions. Pourquoi ne pas mettre en place en France des comités citoyens intégrés à la gouvernance des établissements culturels ? Ou encore un revenu culturel d’autonomie pour les jeunes artistes indépendants qui permettrait à une nouvelle génération de créer hors des logiques de subvention conditionnée ou de validation institutionnelle ?

Ces pistes de transformation promettent de recueillir l’assentiment verbal d’une large part des 567 222 élus locaux et nationaux qui administrent le pays, mais hélas ! pas leur engagement réel. En France, on cultive l’art de l’immobilisme avec ferveur — même quand tout s’écroule autour de nous.

Au demeurant, la culture ne peut jouer son rôle dans la démocratie que si elle cesse d’être l’organe symbolique d’un seul camp et de quelques intérêts. Elle doit redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : un territoire en friction, en friction féconde, où peuvent cohabiter la mémoire et la rage, la douceur et la critique, l’expérimentation et l’héritage.

« La culture est ce qui subsiste quand on a oublié tout ce qu’on a appris »

Ellen Key, pédagogue et essayiste, in revue Verdandi, 1891, p. 97, article intitulé « On tue l’esprit dans les écoles »…

Le festival du Chant de marin amarre au port de Paimpol pour une 16e édition

Le port de Paimpol sera de nouveau en fête du 8 au 10 août 2025 pour vibrer au son de la seizième édition du festival du Chant de marin. Pendant trois jours, 160 groupes défileront sur 7 scènes. Unidivers a regardé dans sa longue vue pour un (trés) petit tour d’horizon face à la marée musicale annoncée !

Pour les personnes qui ne connaissent pas le festival du Chant de marin, laissez-nous vous en dire quelques chiffres : d’ici quelques semaines, le port de Paimpol accueillera 160 groupes – soit 2000 musiciens -, 200 bateaux et 2000 marins pour trois jours de célébration. Des artistes d’horizons géographiques variés, les plus grands noms des musiques du monde, viendront fouler les sept scènes mises en place pour l’occasion. Parés pour un aperçu de la programmation ?

Un port rythmé aux musiques du monde

Le cabaret Michel Tonnerre résonnera aux rythmes d’Anapnoï (vendredi 8 août, 15h15 – 16h15). Sur scène, trois femmes transcendent les frontières dans une exploration lyrique de chants polyphoniques, mettant en relation nos racines communes. Trois voix qui transportent au delà de la Bretagne au fil de leurs souffles et de leurs sonorités vocales vibrantes.

ANAPNOÏ - TEASER 2024

Le cabaret changera de visage au cœur de la nuit pour accueillir Mitsune, un groupe de fusion néo-folk japonais originaire de Berlin composé de quatre musicien.ne.s. Il invite dans son univers original dirigé par deux joueuses de shamisen Tsugaru (style de musique instrumental traditionnel japonais). Accompagné de percussions et de contrebasse, le groupe emporte le public dans un monde où vivent un chant traditionnel japonais aux émotions brutes et un psychédélisme ambiant détonant. (vendredi 8 août, cabaret Michel Tonnerre, de 1h à 2h du matin)

Changement de cap avec le duo de frères français Terrenoire. « Ils travaillent leur musique comme une terre sensible et éruptive, faite de textures électroniques et organiques, de paroles comme des indices, à la fois directs et subtils, et de mélodies qui hantent longtemps. » Douces et subtiles, les voix et les musiques enveloppent les corps. Les rythmes s’installent, les voix s’élèvent pour laisser éclater des émotions fortes dans un mélange de genres musicaux. (samedi 9 août, scène Stan Higul, 17h)

https://youtu.be/wy8nzOlSiCU

Fatoumata Diawara fait partie des artistes à ne pas manquer. Afrobeat, jazz, pop, électro, rock, hip hop ou encore ska, prêtresse de l’exploration des genres, elle reste néanmoins fidèle au registre traditionnel mandingue qu’elle revisite depuis ses débuts en musique. (samedi 9 août, scène Stan Hugil, 21h)

Changement de jour et d’ambiance : on ne présente plus Tiken Fah Fakoly tant sa réputation de figure majeure du reggae le précède. En 2025, il revient avec un nouvel album et une tournée inédite en acoustique. L’artiste revisite ses 25 ans de répertoire, dont ses plus grands hits, entouré de musiciens traditionnels d’Afrique de l’Ouest. (dimanche 10 août, scène Stan Hugil, 17h)

Tiken Jah Fakoly - Plus rien ne m'étonne (Le Grand Choral 2024 - @Nuits de Champagne)

Émily Loizeau, de retour avec un nouvel album, montera aussi sur la scène Stan Hugil. Ses textes touchent par le constat amer qu’elle dresse de notre société, mais réchauffe dans son invitation à garder l’espoir et à ne pas abandonner la lumière. (dimanche 10 août, scène Stan Hugil, 21h)

Soviet Suprem, c’est une bonne dose d’humour musical que l’on adore écouter et réécouter depuis 10 ans. La musique du groupe, c’est un voyage dans les sonorités musicales du monde : « après avoir revisité la sono mondiale au travers de l’oeil de Moscou et pris le contre-pied de la world music anglosaxone puis s’être tourné vers l’électro-minimal teinté de choeurs de l’armée rouge Soviet Suprem a pris le train de l’Orient extrême et est de retour avec un troisième opus résolument rap et tourné vers l’Asie ». (dimanche 10 août, scène Stan Hugil, 17h15)

SOVIET SUPREM -

Derrière Toxic Frogs, on retrouve un gang exclusivement féminin de musique celtique rock créé en 2015 par Ella Beccaria, la chanteuse violoniste. Revisitant la musique celte avec entrain, leur musique invite à secouer la tête avec énergie aux rythmes de leurs riffs effrénés, portés par des textes de plus en plus engagés. (dimanche 10 août, bateau scène, 21h45)

Hop hop hop Crew, c’est une invitation à entrer dans une transe festive. Inspirés par les musiques de l’Est, ces musiciens s’ancrent dans les musiques actuelles du monde dans une formule originale : « des voix féminines et masculines qui donnent des frissons, appuyées par un accordéon sensuel, une clarinette mi-poétique mi-électrique, un duo de saxophones flamboyants, sans oublier une section basse-batterie explosive ». (dimanche 10 août, bateau scène, 23h15)

Hop Hop Hop Crew - Parașută [Clip Officiel 2024]

Direction le Québec

Si l’on commençait par une petite, mais pas dangereuse pour un sou, Déferlante ? Ne vous méprenez pas, quand on parle de Déferlante au festival du Chant de marin, il ne s’agit pas de la vague, mais de la réunion de quatre musiciens québécois. Issus de parcours différents, mais complémentaires, il trouvent dans l’univers maritime leur terrain de jeu favori. Ils puisent dans l’es anciens chants de marins pour proposer des tonalités nouvelles. (vendredi 8 août à 22h15, scène Pempoull ; samedi 9 à 21h20, La Taverne ; dimanche 10 à 19h, scène Pempoull)

Le jour de clôture accueillera la fusion de la chanson traditionnelle québécoise et la musique électro avec Mélisande. Avec un album dont la sortie est prévue à l’automne 2025, elle poursuit son aventure électrotrad et accompagnera les festivaliers dans cette dernière soirée du festival avec des textes issus de chants trad et des sonorités dansantes. (dimanche 10 août, bateau scène, 20h)

Mélisande [électrotrad] - Francos d'Amérique (avec Jacobus)

Sur la grande scène du festival, le groupe Bleu Jeans Bleu déroulera ses derniers classiques – « Coton ouaté », morceau qui les a fait connaître au grand public, « J’ai mangé trop de patates frites », etc. – composés dans un univers pop rock décalé où les paroles décalées sont une succession de jeux de mots francophones hilarants. Leur talent se trouve dans leur capacité à inscrire dans leurs titres originaux des références à leurs aînés : Hotel California des Eagles, Nirvana, Clapton, Hendrix, AC/DC, etc. (dimanche 10 août, scène Stan Hugil, 01h)

Le rayonnement de Klô Pelgag avec son opus Notre-Dame-des-Sept-Douleurs s’étend au-delà de la province et du pays, et elle sera au Chant de marin en cette année 2025. L’influent journaliste américain Anthony Fantano a critiqué l’album sur sa chaîne YouTube, The Needle Drop‚ Äì du jamais-vu pour un album francophone : Il y a des tonnes de magnifiques points forts créatifs dans chaque recoin de ce projet. (dimanche 10 août, scène Stan Hugil, 19h)

Klô Pelgag - Décembre (Lyric Video) + (English Translation)

De retour en Bretagne

La Bretagne, c’est la mer, mais aussi les airs : An Albatroz du duo Lukaz Nedeleg, conteur et danseur, et Youen Bodros, musicien connu de la scène bretonne. Musique et danse racontent ici l’histoire de Jean-Marie Le Bris, breton et capitaine de marine au XIXe siècle. Obsédé à l’idée de sauver les marins piégés par les tempêtes en passant par la voie des airs, il revient en Bretagne et construit un avion inspiré d’un albatros, devenant un pionnier de l’aviation. « An Albatroz donne vie à des tentatives souvent ratées, souvent fécondes aussi, et à des héros cabossés. La langue bretonne y fait son apparition, apportant sa percussion à un spectacle qui voyage quelque part entre le rêve et l’histoire ». (vendredi 8 août, 14h, cabaret Michel Tonnerre)

Si l’on retrouve dans la programmation des artistes de renom comme Denez, Alan Stiven ou encore Miossec, reconnus sur la scène musicale bretonne, la Bretagne est aussi célébrée par la relève féminine bretonne. Quinquis fait partie de celle-ci. Elle viendra présenter son nouvel album Eor, née dans un équilibre entre des sonorités électroniques et un chant en langue celtique envoûtant. Elle propose des mélodies empreintes de modernité, tout en restant ancrer dans un héritage breton. Dans cette fusion, elle repousse les limites à chaque nouvelle production, voire les redéfinit. (samedi 9 août, scène Stan Hugil, 1h)

De même, Gwennyn célèbre la Bretagne autant dans ses albums que sur scène. Enchaînant les tournées en Europe depuis 15 ans, elle revient avec un spectacle original composé de chorégraphies hip hop/traditionnelles bretonnes et le chanteur Kabyle Farid At Siameur. (samedi 9 août, scène Stan Hugil, 18h45)

Laridenn / Bleunioù Pop up (Gwennyn) -

Découvrir l’intégralité de la programmation

Ouessant cartographié : de l’île oubliée à l’île rêvée

Un territoire que les cartes font réapparaître. Voilà la promesse tenue par l’exposition L’île à la carte – Ouessant disparu, Ouessant imaginé, présentée jusqu’au 2 novembre 2025 au phare du Stiff. Portée par l’association Ar(t) Stiff, sous le commissariat du cartographe Laurent Gontier, cette plongée géohistorique redonne corps à un passé englouti, entre mémoire militaire, paysages fantômes et utopies d’ingénieurs. Le magnifique catalogue qui l’accompagne, publié par Les Îliennes, constitue une somme érudite et sensible sur les représentations d’Ouessant depuis le XVIIe siècle.

Dès les premières pages du livre, une intuition forte : une carte n’est jamais neutre. Elle est l’empreinte d’une époque, d’un pouvoir, d’une intention. À travers une riche sélection de documents issus du Service historique de la Défense, de la BnF, du SHOM et des archives départementales, l’exposition donne à voir Ouessant tel que l’ont vu ingénieurs militaires, pilotes de marine, géomètres ou rêveurs du cadastre.

Des cartes de Vauban (1685) aux relevés du Génie au XIXe siècle, un autre Ouessant apparaît : une île militaire, stratégique, défendue, projetée. Une île quadrillée de batteries côtières, de forts jamais construits, de digues abandonnées, de chapelles disparues. Une île vue d’en haut, mais aussi traversée par l’imaginaire.

Ouessant île carte

Le projet puise dans l’histoire une matière à fiction : et si toutes les fortifications avaient été bâties ? Et si le village du sommet de Saint-Michel n’avait pas été rasé en 1861 pour laisser place à un réduit militaire ? Et si un canal avait effectivement traversé l’île d’est en ouest, comme le suggéraient certains relevés ?

Laurent Gontier fait dialoguer les cartes entre elles pour faire surgir une topographie alternative : celle des intentions oubliées. En révélant les couches successives de projets abandonnés, il restitue un Ouessant qui aurait pu être. Cette reconstitution spéculative, rigoureuse et poétique à la fois, culmine avec les restitutions 3D du fort de Saint-Michel ou du projet du phare du Créac’h.

Ouessant île carte

Le catalogue de l’exposition n’est pas un simple guide commenté. Il est aussi le journal de bord d’une enquête menée pendant plus de dix ans par son auteur. Gontier y raconte ses résidences sur l’île, ses découvertes dans les soupentes de la mairie, son dialogue avec les Ouessantins et les collégiens, ses allers-retours entre cadastre napoléonien et friches contemporaines.

Ce tissage entre récit personnel, étude de terrain et érudition historique donne au projet une densité rare. Il touche autant à la géographie qu’à la mémoire collective. L’île devient palimpseste, où affleurent encore, dans le relief, dans les noms de parcelles, dans une ruine oubliée, les traces du passé.

Au cœur du projet : une éthique de la transmission. Transmettre aux générations futures ce que les cartes nous enseignent. Leur beauté graphique. Leur rigueur technique. Leur pouvoir narratif. Mais aussi leur incomplétude – ce qu’elles taisent, ce qu’elles laissent à l’imagination du lecteur.

L’exposition se conclut par une section contemporaine qui interroge ce qu’il reste aujourd’hui de ces cartes : un mur effondré à Kernoas, une croix sur une chapelle disparue, un relief incongru au détour d’un sentier. La carte ne fige pas l’espace : elle le prolonge. Elle donne envie de marcher, de chercher, de voir autrement.

kernoas ouessant

« L’œil attentif et averti parvient encore à repérer, les rares traces des anciennes batteries à travers l’île. Le vestige le plus spectaculaire se situe à Kernoas, à l’entrée de la presqu’île de Penn Arland. Sous l’herbe, les talus et fossés destinés à faire rempart pour les canons conservent des reliefs bien marqués, formant un triangle dont les flancs couvrent les axes d’approche possibles de l’ennemi. Sa forme, bien visible sur le cadastre napoléonien, intrigue. En particulier les deux arcs de cercle à l’est où certains croient voir la base des tours de l’ancien château d’Ouessant.

carte ouessant

Publié en juin 2025, le livre-catalogue L’île à la carte – Ouessant disparu, Ouessant imaginé (ISBN 978-2-494215-04-7) s’impose comme un objet d’art et de connaissance. Richement illustré, doté d’une cartographie inédite, il est un outil précieux pour les passionnés d’histoire insulaire, les chercheurs, les enseignants, mais aussi pour tous les amoureux d’Ouessant.

Ouessant île carte livre

Infos pratiques

  • Exposition : L’île à la carte – Ouessant disparu, Ouessant imaginé
  • Lieu : Phare du Stiff, Île d’Ouessant
  • Dates : Du 28 avril au 2 novembre 2025
  • Commissaire : Laurent Gontier
  • Organisé par : Association Ar(t) Stiff
  • Partenaires : SHD, BnF, SHOM, Archives du Finistère
  • Le catalogue
  • L’île à la carte. Ouessant disparu, Ouessant imaginé
  • Directeur d’ouvrage : Laurent Gontier
  • Auteurs : Laurent Gontier, Eva Guillorel, Xavier Laubie 80 pages, prix : 25 €
  • 55 illustrations
  • Format : 24 x 28,5 cm
  • ISBN : 978-2-494215-04-7
  • Éditions Les îliennes, mai 2025

En photos, le Festival interceltique 2025 avec les cousins d’Amérique

L’édition 2025 du Festival Interceltique de Lorient met à l’honneur les cousins d’outre-Atlantique : de l’Acadie à la Louisiane, en passant par le Québec, le Nouveau-Brunswick, l’Île du Cap-Breton, la Nouvelle-Écosse, Boston et New York. Les terres lorientaises vibrent cette année aux accents de la côte Est américaine ! Une belle occasion de célébrer l’énergie des artistes nord-américains et de tisser des ponts culturels entre les deux rives de l’Atlantique.

Samedi 2 août 2025 : le grand spectacle des Bagadoù de 1re catégorie, Trophée Polig Monjarret, au stade du Moustoir

Dimanche 3 août : la Grande Parade des nations celtes rassemble plus de 92 000 spectateurs

Toute la semaine : concerts, animations, expositions… et découvertes celtiques

Le Festival Interceltique se poursuit tout au long de la semaine avec des concerts, des spectacles, des rencontres et des expositions dans différents lieux de Lorient : le stade du Moustoir, l’Espace Jean-Pierre Pichard, le Palais des Congrès, le Quai de Bretagne, la place des Pays Celtes, la Taverne Celte, les Terrasses du Festival, la salle Carnot, l’école Bisson, l’Auditorium du Cercle Saint-Louis, l’Espace Découvertes, ou encore le parc Jules Ferry.

Chaque jour, les festivaliers peuvent explorer la diversité des expressions culturelles du monde celtique et transatlantique, des chants bretons aux danses écossaises, des binious traditionnels aux sonorités cadiennes.

Le programme complet est disponible sur le site officiel

Les actualités littéraires d’août 2025

Vague de chaleur en librairie à partir du 13 août ! Selon la source Livre Hebdo, 484 nouveaux romans, soit 25 de plus que l’an dernier, sont attendus jusqu’au mois d’octobre. Et ce n’est pas toujours facile de se repérer dans cette jungle littéraire. Alors, voici quelques conseils pour dénicher quelques pépites.

En littérature française (344 romans), les projecteurs seront fixés sur les auteurs incontournables. Amélie Nothomb, Sorj Chalandon, Nathacha Appanah, Laurent Gaudé, Emmanuel Carrère et Laurent Mauvignier ne manqueront pas d’attirer l’attention.

Certains figurent déjà dans la première sélection pour le Prix du Roman Fnac 2025. Tout comme L’oreille absolue (Éditions de l’Olivier, 22 août 2025) d’Agnès Desarthe. Dans ce beau roman polyphonique, l’auteur jongle avec le destin de plusieurs personnages. Ils n’ont rien en commun, si ce n’est d’appartenir à la même harmonie municipale. Une fillette timide les observe, elle sait qu’un fil les relie. Qu’il vienne à rompre, et la musique s’arrêtera.

Dans le cadre de la collection Ma nuit au musée, Kaouther Adimi passe une nuit à l’Institut du monde arabe. Elle souhaite raconter le destin de Baya, une peintre algérienne célébrée par Matisse et Picasso ; mais dans le silence du musée, un autre récit s’impose. La joie ennemie (Stock, 20 août 2025, feuilleter) est un texte puissant dans lequel l’auteur tente une fois de plus de combler les silences qui hantent ses souvenirs.

Le silence autour d’un drame familial est aussi le point de départ du nouveau roman d’Antoine Wauters. Haute folie (Gallimard, 21 août 2025, feuilleter) raconte la vie de Josef. Le jour de sa naissance, sa famille vit une série de drames. Comment peut-on se construire sans rien savoir ce qui définit sa lignée ? Et sous la plume fulgurante de l’auteur, ce roman sombre met en lumière la folie et marginalité que le silence des malédictions impose.

Jakuta Alikavazovic signe aussi un très beau roman sur les non-dits. Au grand jamais (Gallimard, 21 août 2025, feuilleter) est la quête de souvenirs d’une fille qui vient de perdre sa mère, une poétesse reconnue en son pays. Et si vous souhaitez aller au-delà des photos choc des médias sur la situation à Gaza, suivez l’écrivain Richard Benzine. Avec son narrateur photographe, il va au-delà des regards pour
connaître la vie des gens. Comme celle de L’homme qui lisait des livres (Julliard, 21 août 2025). Un roman éclairant et poignant.

La rentrée littéraire est aussi l’occasion de découvrir des primo-romanciers. Parmi les 73 premiers romans annoncés, en voici quelques uns qui méritent attention. Gabrielle de Tournemire donne la parole à deux enfants handicapés. Des enfants uniques (Flammarion, 27 août 2025, feuilleter) qui ne manqueront pas de vous attendrir et de vous donner espoir. Car ils ne sont pas des handicapés mais des enfants « capables autrement ». Dans une société qui veut les exclure et grâce à l’empathie de quelques uns, Hector et Luz tentent de vivre une
formidable histoire d’amour. Une écriture précise et incarnée sert ce très touchant roman d’apprentissage.

Severine Cressan rend hommage aux nourrices, ces femmes auxquelles les familles aisées confiaient leurs enfants contre rémunération. Nourrices (Dalva, 29 août 2025) est l’histoire de Sylvaine, une jeune mère qui accueille une petite fille de la ville afin de l’allaiter. Mais une nuit, elle trouve dans la forêt un nourrisson abandonné. Elle tisse avec ce bébé un lien fusionnel. Un drame lui donne l’occasion de lui offrir un autre destin. Un roman sensuel et bouleversant.

severine cressan nourrices

Camille Bordas signe un roman choral sur l’art et la difficulté d’être soi. Des inconnus à qui parler (Denoël, 20 août 2025, feuilleter) se passe sur une journée dans une université de Chicago. Une nouvelle professeure, star du stand-up, confronte ses étudiants à leurs ambitions et leurs démons. Un roman remarquable, intelligent et teinté d’humour.

Parmi les 140 romans traduits annoncés en cette rentrée littéraire, on retrouve là aussi quelques ténors attendus. Javier Cercas, Elif Shafak, Audur Ava Olafsdottir, Jim Fergus, William Boyd et Tommy Orange qui s’est fait connaître en France en 2019 avec la traduction de son Prix
Pulitzer, Ici n’est plus. Adam Rapp nous convie À la table des loups (Seuil, 22 août, traduit de l’américain par Sabine Porte, feuilleter). Les quatre enfants Larkin ont quitté la maison familiale pour vivre leur vie professionnelle et familiale. Leurs existences sont radicalement différentes. Et pourtant, une certaine violence les effleure et les rapproche. En balayant soixante ans d’une histoire familiale, l’auteur explore les traumatismes qui influent sur les vies pendant plusieurs générations. Un roman profond servi par une langue vive et précise.

Carys Davies nous emmène sur une île perdue au large de l’Écosse en 1843. Là, Ivar, le dernier habitant trouve sur la plage un homme inconscient. John Ferguson, pasteur, est en fait mandaté pour chasser Ivar de ses terres. Dans l’ignorance, Ivar l’accueille chez lui. Éclaircie (La Table ronde, 28 août, traduit de l’anglais par David Fauquemberg, feuilleter) est un drame intime autour des aléas de l’histoire qui bousculent le destin des hommes.

John Boyne, dans une narration envoûtante, aborde régulièrement les difficultés rencontrées par les jeunes dans l’Irlande catholique. Les éléments (JC Lattès, 20 août, traduit de l’anglais par Sophie Aslanides, feuilleter) est une suite de quatre récits subtilement imbriqués. Quatre personnages sous le signe de la Terre, de l’Eau, du Feu et de l’Air. Avec lesquels on aborde la pédophilie, l’homosexualité, le viol, la reconstruction. Un très grand roman qui fait réfléchir sur les notions de culpabilité et d’innocence.

Si la majorité des nouveaux polars paraîtront en septembre, on distingue tout de même quelques titres en cette deuxième quinzaine d’août.

Baignades (Rivages noir, 20 août 2025) d’Andrée A. Michaud est un thriller implacable qui explore la destruction d’une famille. Max, Laurence sa femme et leur fille Charlie viennent d’arriver au camping de Lac aux Oies pour passer de merveilleuses vacances. Mais certains incidents vont ternir le séjour. Même point de départ pour le thriller psychologique de Vera Buck. Henrik et Nora partent pour des vacances idyllique avec Fynn, leur fils de cinq ans. Ils s’installent dans une petite maison isolée au coeur du Västernorrland suédois. Simultanément à la disparition de Flynn, une botaniste découvre le squelette d’un enfant dans les bois. La cabane dans les arbres (Gallmeister, 20 août 2025, traduit de l’allemand par Brice Germain) propose une intrigue forte et inquiétante dans un cadre sauvage.

Huis-clos magistral dans un TGV entre Paris et Marseille. Franzo Pizarro laisse disparaître un à un quelques passagers embarqués dans The train, Le voyage maudit (Le héron d’argent, 28 août 2025). Qu’y aura-t-il à la sortie du tunnel ?

The Train franzo pizarro

L’été est aussi l’occasion d’emmener un livre en format poche dans toutes les excursions. Alors voici quelques nouveautés dans ce rayon.

Rousse de Denis Infante (Points, 22 août) est une fable écologique qui saura vous émerveiller. Une jeune renarde s’apprête à quitter son territoire en proie à la sécheresse. Un roman poétique et lumineux dans la peau d’une jeune renarde qui affronte un monde en détresse. Le banquet des empouses (Livre de Poche, 20 août) d’Olga Tokarczuk. Au cœur de la région des Sudètes, un groupe d’hommes atteints de la tuberculose sont confrontés à d’étranges phénomènes.

Si Andrew O’Hagan est au programme de la rentrée littéraire avec son nouveau roman Caledonian road (Metailié, 22 août, traduit par Céline Schwaller), vous retrouverez en format poche son premier roman, Les éphémères ( Points, 22 août, traduit par Céline Schwaller). Un
roman brillant sur l’amitié et la fin de vie sous la musique des années 80.

Parmi les romans noirs, Les guerriers de l’hiver (Pocket, 14 août) d’Olivier Norek, lauréat du Prix Renaudot des Lycéens, est une fresque historique haletante parfaitement documentée. Une leçon de courage en résonance avec notre monde actuel.

Lisez, « La réalité est la même, rien ne renverse l’oppression, mais l’esprit, lui, s’envole. » Richard Benzine, L’homme qui lisait des livres

Deux manifestations à ne pas manquer animent Malestroit ce weekend

La petite ville médiévale de Malestroit dans le Morbihan, classée deuxième plus beau village de France 2025, donne rendez-vous au public vendredi 8 août 2025, pour le Parvis des Savoir Faire, puis samedi 9 et dimanche 10 août pour la Convention du disque.

Le Parvis des Savoir Faire

Vendredi 8 août, de 14h à 20h, Malestroit accueille un nouveau rendez-vous estival dédié aux artisans d’art sur la place du Bouffay. Le lieu se transformera en un véritable écrin pour les savoir-faire d’exception, mettant à l’honneur la richesse et la diversité des métiers d’art.

Des démonstrations en direct, des ateliers participatifs et des ventes de créations artisanales seront proposés dans le cadre unique du centre historique. Seize artisans seront présents : des céramistes, des créateurs textiles, des bijoutiers, des tourneurs sur bois et des maroquiniers ; ils ont tous en commun la maîtrise du geste, du matériau, et la volonté de transmettre leur savoir-faire au plus grand nombre…

La liste des artisans : Julia Boulay est céramiste alimentaire ; Corinne Fillion est céramiste animalière ; Sandrine Maupillier est céramiste faïence, grès et raku ; Vanessa Bunet est perlière d’art ; Julie Martre est bijoutière et  joaillière ; Virginie Lebreton crée des bijoux fantaisie ; Sébastien Chollet et  Flora le Gourrierec sont artisans verrier ; Michel Mauvoisin est tourneur sur bois ; Vince Blin est ébéniste ; Sylvain Defontaine  est staffeur ornemaniste ; Roman Delerue est coutelier forgeron ; Anne Charrier est tisserande ; Isabelle Baron est brodeuse et tapissière d’ameublement ; Annick Calafato est mosaïste ; Clémentine Cattin et Arnaud Sourisseau  sont maroquiniers. 

2 rdvs Malestroit
Sébastien Chollet et Flora le Gourrierec

Clémentine Cattin est maroquinière. Elle façonne le cuir végétal à la main, et crée avec patience des pièces uniques et durables. solides et fonctionnelles, elles sont inspirées de la tradition des selliers-bourreliers d’antan. La maroquinière proposera aux visiteurs de s’initier aux techniques ancestrales, au cours d’un atelier couture à la main sur la pince sellier : ouvert à tous les volontaires curieux.

Vince Blin est ébéniste. Il sublime le bois massif et la résine pour créer des pièces utiles. Formé en ébénisterie et passionné depuis l’enfance, Vince Blin façonne à la main des pièces uniques en bois massif français, rehaussées parfois de résine époxy : des horloges, des plateaux, des dessous de verre, de petits meubles ; chacune de ses  créations met envaleur les courbes naturelles et les singularités du bois.

Infos pratiques : Le Parvis des Savoir Faire – Vendredi 8 août de 14h à 20h. Place du Bouffay à Malestroit (56) Entrée libre

La Convention du disque

La place du Docteur Jean Queinnec de Malestroit se transformera en magasin de disques à ciel ouvert, le weekend des samedi 9 et dimanche 10 août ; une vingtaine d’exposants viendront du Grand Ouest et même de la France entière, spécialement pour l’occasion ! Les exposants, tous des professionnels, proposeront leurs trésors musicaux : des milliers de CD, DVD et des vinyles.

À la tête de l’organisation et à l’origine du salon de disque de Malestroit, en partenariat avec la municipalité, on retrouve Marco Nicelli, disquaire sur la place du Bouffay il y a quelques années. Disquaire à Saint-Ouen-sur-Seine en Seine-Saint-Denis, Marco Nicelli rejoint la Bretagne à l’heure de la retraite, car il affectionne la région depuis longtemps et il passait toutes ses vacances à la Presqu’île de Rhuys.

Les collectionneurs passionnés et les dénicheurs de collectors, d’éditions rares, de test-pressings (premières presses d’un vinyle avant le pressage en série) et également d’affiches sont attendus dans la petite cité de Caractère…

Convention du disque, samedi 9 août de 9h00 à 19h30 et dimanche 10 août de 10h00 à 18h00.  
Place du Docteur Jean Queinnec à Malestroit (56)
Entrée libre

Rennes. Une nouvelle horloge place des Lices

0

Depuis le 23 juillet 2025, les horloges emblématiques de la place des Lices et de la dalle Kennedy ont été remplacées, et leurs structures entièrement remises à neuf par la Direction du patrimoine bâti de la Ville de Rennes. Réalisé dans le cadre de la 6ᵉ édition du budget participatif, ce projet a bénéficié d’un financement de 10 000 €. 

« À Rennes, il y a trois horloges dont deux qui étaient en panne : celle de la place des Lices et celle sur la dalle Kennedy. Pour connaître l’heure, il n’y avait plus que celle de la mairie. D’où ma proposition de la réparer pour avoir un lieu pour se donner rendez-vous au marché des Lices le samedi matin et de redonner de la valeur à cette l’horloge »  – Serge Loquen, porteur du projet. 

Un mois de travaux pour redonner vie à ces horloges et à leurs ossatures 

Pendant quatre semaines, les ossatures des deux horloges, protégées au titre des Bâtiments de France, ont été restaurées et repeintes par l’entreprise Crézé, un atelier de métallerie situé à Saint-Jacques-de-la-Lande. Fragilisées par le temps et diverses dégradations, elles ont été conçues pour préserver l’aspect d’origine tout en prévenant de nouvelles détériorations. Les horloges, quant à elles, ont été fabriquées sur mesure par l’entreprise Bodet, une entreprise spécialiste dans l’horlogerie, implantée à Cholet.  

L’horloge de la place des Lices, un symbole moderne hérité du passé 

Si la date exacte de l’installation de l’horloge actuelle demeure incertaine, on estime qu’elle a été installée à la fin des années 1980 ou au début des années 1990, à une époque où d’importants travaux furent entrepris et où les halles furent classées au titre des Monuments historiques. Au-delà de sa fonction, l’horloge de la place des Lices occupe un emplacement chargé d’histoire. Elle se trouve à l’endroit même où, autrefois, s’élevait la potence utilisée pour les exécutions publiques. L’usage de ce lieu remonte à l’époque médiévale et constitue un marqueur fort du passé judiciaire de la ville. Ce contexte historique expliquerait également le nom de la rue voisine, la rue des Innocents — que certains Rennais avaient surnommée « la rue des innocents pendus », en écho à des soupçons d’erreurs judiciaires ayant entaché certaines condamnations.Jusqu’aux XVIᵉ et XVIIᵉ siècles, ce lieu, situé en hauteur aux abords immédiats de la ville, servait de point d’exposition des peines capitales. Il permettait de rendre visible la justice et de diffuser un signal fort à la population.En 1775, des cartes mentionnent encore l’emplacement du poteau de justice. Cette fonction de lieu d’exposition publique des condamnés s’est maintenue jusqu’au milieu du XIXᵉ siècle : aux alentours de 1850, des condamnés y étaient encore exposés.  

Saint-Quay-Portrieux. Irène Frain en dédicace à la librairie du Fanal le 16 août

Exceptionnel ! Samedi 16 août 2025, de 16 à 18h, la magnifique station balnéaire de Saint-Quay-Portrieux, dans les Côtes-d’Armor, accueillera une grande voix de la littérature française contemporaine très aimée des Français. À l’invitation de la librairie du Fanal, l’écrivaine Irène Frain viendra à la rencontre de ses lecteurs pour une séance exceptionnelle de dédicaces autour de son dernier roman, L’Or de la nuit – une œuvre lumineuse et grave à la fois, parue au printemps au Seuil.

L’or de la nuit prend place en novembre 1708 à Paris. Antoine Galland, savant orientaliste, est au seuil de la mort. Vieilli, hanté par ses souvenirs, ses vertiges intérieurs et ses désirs inassouvis, il entend monter de la rue la clameur de jeunes nobles qui réclament la « suite » des contes. Mais Galland, las, traumatisé, vacille entre effondrement physique et lucidité créative. Autour de lui, une dernière nuit se déroule, veillée par Nine, jeune servante éveilleuse de souvenirs.

Ce roman-miroir entrelace trois strates narratives : le mythe des Mille et Une Nuits, la vie d’Antoine Galland, et le parcours intime d’Irène Frain. Trois voix, trois Schéhérazade, trois façons de conjurer la mort par la parole. Frain met en tension les puissances du rêve, de la mémoire, du désir et de la fiction dans un monde en proie au doute et au déclin.

Romancière, essayiste, journaliste, Irène Frain n’a jamais cessé de tracer sa route entre récits d’aventures, fresques historiques et confidences vibrantes. Avec L’Or de la nuit, elle livre un texte empreint de mystère et de réconciliation intime où l’écriture agit comme une boussole dans l’obscurité.

C’est dans l’atmosphère chaleureuse de la librairie du Fanal, à deux pas de la mer, que l’autrice retrouvera son public. Un moment rare, à la fois littéraire et profondément humain, où les mots résonneront au rythme des marées et des confidences.

Que vous soyez fidèle lectrice, curieux promeneur ou passionné de littérature, ne manquez pas ce temps fort de l’été culturel à Saint-Quay-Portrieux.

L’or de ses nuits : Irène Frain entre mémoire, vertige et vérité

Librairie du Fanal
Samedi 16 août 2025
À partir de 15h Dédicace d’Irène Frain pour L’Or de la nuit (Seuil, 2025)

L’Or de la nuit ou la souveraineté littéraire d’Irène Frain

Port Louis. Les oeuvres Liz Hascoët habitent les murs du café-librairie La Dame Blanche

0

La très belle exposition Alliance de l’artiste Liz Hascoët est arrivée sur les murs du café-librairie La Dame Blanche à Port-Louis dans le Morbihan. Jusqu’au samedi 30 août 2025, elle propose, entre autres, ses nouveautés : des dessins imprimés sur tissus et brodés, de toute beauté !

Liz Hascoët apprécie la simplicité des outils et la spontanéité du geste dans le dessin. Grâce à son interprétation singulière des sujets, elle offre une lecture unique de l’environnement qui l’entoure. Au plus proche du terrain, Liz Hascoët explore, prospecte, fouille, invente et photographie… Quand elle est de retour dans son atelier, elle donne vie à ses découvertes à travers des compositions étonnantes, des dessins, des collages et des broderies, qui sont le reflet des territoires qu’elle a parcourus. Son travail s’inspire des notions de transmission, d’humanité et de sensibilisation environnementale.

Ses dessins rapides et décidés prennent ainsi leur source dans le réel grâce à des immersions sur le terrain, également grâce à des lectures et des échanges avec des spécialistes : des naturalistes et des scientifiques. À travers son art, Liz Hascoët, artiste engagée, a pour objectif de sensibiliser le public aux enjeux environnementaux en révélant la beauté et la fragilité de notre monde qu’il est essentiel et urgent de préserver…

Liz Hascoët a illustré une fresque scientifique pour expliquer les recherches des plongeurs du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) sous la banquise, qui lui ont commandé une soixantaine de croquis en deux semaines, sur des sujets variés : les stries journalières de la coquille saint-jacques ; les pinces de homard ; les accéléromètres et les hydrophones déployés par une bande d’hurluberlus sous la banquise ; les hommes-grenouilles mêlés aux varechs et aux laminaires, etc. L’objectif pour l’artiste est de faire avancer les connaissances du CNRS sur le changement climatique…

 

Liz Hascoët

Biographie :

Liz Hascoët est née le 22 avril 1987 à Douarnenez dans le Finistère. Elle grandit entre terre et mer dans la ferme d’élevage de ses parents, à Plogonnec (29). Le dessin et le langage sont le mode d’expression privilégié de Liz Hascoët depuis l’enfance. Son goût pour cette technique est né d’une rencontre avec Fanch Moal, un peintre et graveur finistérien lorsqu’elle est âgée de dix ans.  

Cette passion l’encourage à faire des études d’arts appliqués et de design textile sur des supports différents : des papiers, des gravures, du numérique, des collages et des broderies. Autant de techniques qui nourrissent son univers graphique. En 2008, elle obtient une licence textile et broderie en Finlande, à l’Université des sciences appliquées à Turku ; puis un Bachelor design textile en 2010 en Ecosse pour le tricotage. Elle étudie aussi le textile à usages techniques à Lille (59).

En 2018, Liz Hascoët remportee le Prix Jean Feugereux et en 2019 elle reçoit la médaille de bronze du jury du Salon des Beaux Arts de Paris

 

Liz Hascoët

Une balade dessinée est également proposée pour regarder, sentir et traduire ; elle serra accompagnée par l’artiste Liz Hascoët. Munis de papier et d’un crayon, même les débutants seront les bienvenus, par groupe de 5 /6 personnes. Départ plage du Lohic à Port-louis – de 9h30 à 12H30 : mercredi  30  juillet ; mercredi 13 août ; et mercredi 20 août 2025.

Infos pratiques :

Jusqu’au samedi 30 août 2025, exposition Alliance, de Liz Hascoët, Bar-Librairie La Dame Blanche
35, Grande Rue à Port-Louis (56)

La Dame Blanche est ouverte tous les après-midi de 15h à 19h – sauf le dimanche, jour de fermeture.
Contact : 02 97 82 45 11

La signalétique patrimoniale de Rennes Métropole se refait une beauté

Entre 2025 et 2027, la Ville de Rennes renouvellera sa signalétique patrimoniale avec de nouveaux panneaux mis à jour, répartis plus équitablement dans tous les quartiers de la capitale bretonne.

La charte graphique du patrimoine de la nouvelle signalétique de Rennes Métropole a été commandée à l’agence 24 Avril et est mise à la disposition de toutes les communes de la Métropole. Cette charte reprend et adapte les principes de la charte graphique des Villes et Pays d’Art et d’Histoire, utilisée pour les documents patrimoniaux dans le cadre de la convention Métropole d’Art et d’Histoire renouvelée entre la Métropole et la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) en 2023. 

Première commune de la Métropole à l’utiliser, avec un budget total de 60 000 €, la Ville de Rennes souhaite répartir, de manière équitable, une soixantaine de nouveaux panneaux de signalétique patrimoniale dans l’ensemble des quartiers rennais. Ils seront posés par la Direction de la Voirie entre août 2025 et 2027 tandis que les 83 anciens totems datant de 2005, pour beaucoup détériorés ou/et obsolètes, seront retirés.

Les objectifs de cette refonte

La refonte de la signalétique patrimoniale de Rennes contribue à « développer une offre culturelle pour tous et toutes et diffuser le patrimoine au plus grand nombre » (objectif n°3 du plan d’action 2021-2026 de la Direction de la Culture).

Elle vise à repenser la signalétique en fonction des usages actuels des publics, avec des panneaux plus attractifs, accessibles, cohérents et en lien avec des collèges scientifiques. Les panneaux seront relus par des experts du patrimoine (conservateurs des équipements patrimoniaux, Mission Nouvelle Fabrique de la Ville, universitaires, Destination Rennes, DRAC pour les Monuments Historiques).

L’objectif est aussi de dégager une sélection de « pépites » du patrimoine local en veillant à mieux valoriser le patrimoine récent, notamment celui de la seconde moitié du XXe siècle.

Les nouveaux panneaux signalétiques

Intégralement conçus en interne par les différents services, excepté pour leur fabrication, les vingt premiers nouveaux panneaux sont en cours de confection chez le fabricant cessonnais Self Signal. Les vingt premiers panneaux évoqueront principalement le patrimoine de la seconde moitié du XXe siècle dans des quartiers périphériques.

En 2026, la nouvelle vingtaine de panneaux concerna pour une bonne partie le patrimoine incontournable du centre ancien (Opéra, Hôtel de ville, Opéra, etc.). Puis suivront en 2027 les derniers panneaux.

Le contenu des nouveaux panneaux signalétiques

Les nouveaux panneaux signalétiques comprennent un visuel principal et un visuel secondaire crédités et légendés, un texte principal et un encart, un encart « informations clés » et une frise pour fixer visuellement les principales informations techniques et chronologiques.

Un cartouche permettra aussi de catégoriser visuellement l’élément signalisé au sein d’une des 7 catégories patrimoniales : héritage immatériel, nature, archéologie, urbanisme, architecture, histoire, art, etc.

La sorcellerie moderne : une forme de spiritualité qui traduit les besoins d’une société

Oracles, pendules, rituels, purification à la sauge… En France, la sorcellerie connaît un regain d’intérêt soutenu. Mais que recouvre réellement ce terme souvent galvaudé ? Derrière les clichés, se dessine une quête nouvelle de sens, de soin et de lien, dans une société en pleine mutation.

Que vous évoque spontanément le mot « sorcellerie » ? Peut-être l’image d’une silhouette encapuchonnée, d’un cercle de rituels au clair de lune ou d’une femme tirant les cartes dans un salon embaumé d’encens… Si ces représentations subsistent dans l’imaginaire collectif, elles ne reflètent plus la réalité des pratiques dites ésotériques ou magiques aujourd’hui. Celles-ci ne se définissent plus seulement comme une marge, mais comme une voie alternative de développement personnel. « Un oracle, c’est avant tout un outil ludique pour mieux se connaître, à la fois sur le plan psychologique et spirituel », explique Marguerite, fondatrice de la librairie rennaise La Rose mystique, spécialisée dans les spiritualités et le mieux-être depuis plus de quarante ans.

Astrologie, cartomancie, lithothérapie… autant de pratiques ancestrales que l’Occident n’a jamais tout à fait oubliées, mais dont la légitimité a longtemps fluctué au gré des époques. « Au Moyen Âge, Hildegarde de Bingen soignait déjà avec les plantes et les pierres. Elle percevait la nature comme habitée d’énergies. Et nous sommes, nous aussi, faits d’énergie », rappelle Marguerite. L’histoire occidentale, marquée par l’héritage catholique, a souvent associé ces pratiques à des forces obscures. L’exemple le plus tragique en est la grande chasse aux sorcières des XVe et XVIe siècles. Pourtant, ailleurs dans le monde — en Amérique latine, en Afrique, dans certaines parties d’Asie —, magie et religion coexistent encore dans les rituels du quotidien.

sorcellerie moderne

Longtemps marginalisée, la sorcellerie contemporaine s’est aujourd’hui imposée comme une pratique populaire et pluraliste. Tirages de cartes sur TikTok ou YouTube, rayons ésotériques des librairies généralistes en pleine expansion, collections dédiées dans les maisons d’édition, ateliers de pleine lune et herboristerie : ce phénomène traduit un changement profond dans le rapport au sacré. « Les jeunes générations s’intéressent beaucoup à la figure de la sorcière, à la Wicca, au chamanisme, au druidisme… mais ce qu’elles cherchent avant tout, c’est une reconnexion à la nature et à elles-mêmes », observe Hélène, de la boutique Source de Cristal à Rennes.

Magie, ésotérisme, spiritualité : quelles nuances ?

Si ces termes sont souvent employés de manière interchangeable, ils désignent des approches différentes : L’ésotérisme fait référence à un savoir caché, réservé aux initiés, qui vise à comprendre les lois de l’univers à travers l’intuition, l’initiation et l’étude. La magie, quant à elle, suppose l’existence de forces invisibles dans la nature que l’on peut mobiliser par des rituels, des objets ou des paroles symboliques. La sorcellerie, elle, est souvent une mise en pratique de la magie, mais dans sa forme contemporaine, elle devient aussi un outil de transformation intérieure, à la croisée de la spiritualité et du mieux-être. « Chez nous, on préfère parler de spiritualités, un terme plus englobant et moins connoté », précisent les responsables de La Rose mystique.

Les étagères de la librairie témoignent de cette hybridation : oracles, traités de magie, manuels de psychologie, ouvrages sur l’hindouisme, le bouddhisme, le judaïsme, le yoga ou encore la vie après la mort. Tout un écosystème éditorial au service d’un même élan : se connaître, se guérir, se relier. La spiritualité moderne n’est plus nécessairement religieuse. Elle peut être laïque, intuitive, poétique. « Ce qui compte, c’est la quête de sens », exprime Gérard de La Rose Mystique.

sorcellerie moderne oracle
Source de Cristal, Rennes

Pourquoi cet engouement pour la sorcellerie moderne ?

Trois facteurs principaux expliquent cet essor. D’abord, la popularisation dans la culture de masse : les séries Charmed, Buffy, ou plus récemment Les Nouvelles Aventures de Sabrina, ont réhabilité la figure de la sorcière, puissante et rebelle. Au cinéma, des auteurs comme Alejandro Jodorowsky ou David Lynch ont initié un public large à l’ésotérisme, à la méditation, aux archétypes, aux symboles. La psychomagie de Jodorowsky — art de la guérison symbolique par l’acte — a ouvert une voie entre psychothérapie, art rituel et spiritualité. « J’ai commencé par tirer les cartes pour me rassurer sur les choix que je pouvais faire. Ça m’apaise », témogine Babette, 32 ans. La jeune femme voit la spiritualité comme un guide qui l’accompagne dans les joies et les épreuves de la vie.

Ensuite, la crise du Covid a agi comme un révélateur. Confinements, isolement, sentiment d’impuissance : chacun a dû, à sa manière, retrouver du sens, du réconfort, une maîtrise sur ce qui échappait.

« La spiritualité attire aussi parce qu’elle promet quelque chose d’immédiat : un apaisement, un mieux-être », Hélène, Source de Cristal

Enfin, ce retour au spirituel s’inscrit dans un contexte de désillusion généralisée envers les institutions. Crises démocratiques, guerres, changement climatique : le sentiment d’un monde incertain pousse à chercher refuge dans des pratiques plus intimes, plus incarnées. « Nos contemporains font la différence entre religion et spiritualité », analyse Hélène. « La première est perçue comme verticale et dogmatique ; la seconde, comme horizontale et libre. »

sorcellerie moderne

Des bienfaits… mais aussi des risques

Ce nouvel engouement ne va pas sans poser question. Les boutiques comme Source de Cristal, autrefois fréquentées par des connaisseurs, accueillent dorénavant un public large, souvent novice, en quête de réconfort. Et si cette ouverture témoigne d’un besoin de reconnexion, elle peut aussi exposer à des dérives.

Le danger ? Prendre ces pratiques pour des vérités absolues. « Certains clients arrivent angoissés, parce qu’ils ont tout lu sur Internet, sans recul », s’inquiète Hélène. « Le business autour de la spiritualité crée des besoins artificiels : objets de purification, recettes miracles, oracles ultra-ciblés… » Pour Gérard, de La Rose mystique, psychologue de formation : « Je suis sidéré par certains livres qui simplifient à l’extrême des questions profondes. L’humain est complexe. On ne peut pas résoudre une crise existentielle avec trois cartes et un mantra. »

« Garder son libre-arbitre, sa pensée critique, c’est essentiel. Il faut apprendre à trier ses sources », Hélène

sorcellerie moderne oracle
Rayon Oracles – Source de Cristal, Rennes

Le risque sectaire existe également. Des groupes ou individus peu scrupuleux profitent de la fragilité de certains, promettant appartenance, guérison ou pouvoir. « La spiritualité peut faire partie de votre vie, mais ne doit pas en devenir le moteur exclusif », insiste Hélène.

Pour aller plus loin :

Boutique Source de Cristal, 29 Quai Chateaubriand, 35000 Rennes

Librairie La Rose Mystique, 2 rue Bonne Nouvelle, 35000 Rennes

Giotto – François, l’humilité radieuse : quand la lumière d’Assise éclaire la Bretagne

À Bénodet, cet été, la nef de l’église Notre-Dame-de-la-Mer s’ouvre à une lumière ancienne mais intacte. Celle qui émane des fresques peintes par Giotto à Assise à la fin du XIIIe siècle, et qui, grâce à Alba Cultura, entame un long voyage à travers la Bretagne – non seulement dans ses lieux patrimoniaux, mais aussi dans ses marges, ses blessures, ses solitudes : hôpitaux, prisons, maisons de retraite.

Le souffle du Très-Bas

Ils sont vingt-huit tableaux. Vingt-huit scènes suspendues entre ciel et terre. L’Italien Giotto, précurseur de la Renaissance, y raconte la vie de François d’Assise, frère des pauvres, amant du soleil, du loup et du lépreux. Cette fresque monumentale, peinte entre 1295 et 1300 dans la basilique supérieure d’Assise, est ici reproduite en très grand format, avec un soin photographique exceptionnel signé Antonio Quattrone. Chaque image est accompagnée d’un double regard : la méditation d’Éloi Leclerc, franciscain et écrivain spirituel majeur du XXe siècle, et une lecture artistique et historique accessible.

Le résultat n’est pas seulement visuel. Il est contemplatif. François d’Assise n’est pas ici réduit à un saint en plâtre ; il nous apparaît en frère, en poète, en rêveur radical, celui qui osa dépouiller sa richesse pour épouser la nudité du monde. Celui qui s’écria : « Notre Père, qui es aux cieux », après avoir rendu à son père terrestre jusqu’à ses vêtements.

giotto francois assise exposition

L’art pour tous, le sacré hors les murs

Conçue par Alba Cultura, association qui œuvre à faire entrer le Beau dans les lieux les plus oubliés – cellules, couloirs d’hôpitaux, quartiers reculés – l’exposition « Giotto – François, l’humilité radieuse » n’est pas un simple événement culturel. Elle est un acte de partage, un contrepoint lumineux à la crise du sens et des vocations, une offrande sans conditions. Après Bénodet (juillet-août 2025), elle rayonnera dans toute la Bretagne : abbayes, séminaires, lycées, centres culturels, mais aussi établissements carcéraux et médico-sociaux.

Sous les arches, dans les cloîtres, mais aussi derrière des murs moins visibles, François et Giotto invitent chacun à entrer dans une autre temporalité, une autre écoute. C’est une exposition pour tous ceux qui cherchent – ou ont cessé de chercher –, pour les croyants, les blessés, les contemplatifs, les curieux. Chaque tableau est une halte. Chaque fresque une respiration. Chaque regard une espérance.

giotto francois assise exposition

François d’Assise, ce contemporain

À une époque marquée par la violence, les accélérations et les pertes de repères, la figure du poverello resurgit avec une actualité troublante. Patron de l’écologie, messager de paix interreligieuse (il rencontra le sultan al-Kâmil en pleine croisade), fondateur du premier ordre mendiant, François d’Assise traverse huit siècles sans perdre sa lumière. Le pape François, qui a choisi ce nom en hommage explicite, en a ravivé la portée universelle.

Mais cette exposition ne propose pas une hagiographie figée. Elle invite à ressentir, à marcher aux côtés d’un homme fragile, traversé de visions, saisi par une joie et une simplicité qui défient les logiques sociales. Giotto, par sa peinture vibrante, réaliste et pleine d’humanité, fut le premier à incarner cette révolution douce : celle d’un homme qui choisit la pauvreté comme chemin de beauté.

Le cœur breton, terre d’accueil

La Bretagne n’est pas un hasard pour cette itinérance. Elle fut, depuis le XIIIe siècle, une terre franciscaine intense, marquée par les frères mineurs, les clarisses, les capucins. Leur trace demeure, même si les couvents se sont vidés. De Quimper à Dinan, de Rennes à Guingamp, l’écho du chant de François a résonné longtemps. Cette exposition lui rend hommage, mais elle lui ouvre aussi un avenir.

Car ce que propose Alba Cultura, ce n’est pas seulement de regarder. C’est de se laisser toucher. Comme l’écrit Rilke : « Où s’en est-il allé, l’être de lumière ? Et pourquoi les pauvres, qui n’ont que leur espoir pour les guider, ne voient-ils plus au loin son fanal dans la nuit ? »
Grâce à Giotto, ce fanal se rallume. Et il est en Bretagne.

→ Informations pratiques :
Église Notre-Dame-de-la-Mer, Bénodet
Juillet–août 2025
Tous les jours de 10h à 18h – Entrée libre
Reproductions photographiques de 28 fresques / Commentaires spirituels et artistiques

De Gaza à Rennes : le parcours du danseur palestinien Bashar al‑Belbeisi

0

Le 30 juin 2025, Bashar al‑Belbeisi, jeune danseur et chorégraphe palestinien de 24 ans, a été grièvement blessé à la jambe lors d’un bombardement israélien à Gaza. Après plusieurs semaines d’attente et de démarches, il a été évacué vers la France et hospitalisé à Rennes, où il reçoit des soins médicaux spécialisés.

Originaire de Gaza, Bashar al‑Belbeisi s’est formé à la danse dans un contexte difficile où l’accès aux pratiques artistiques reste limité par les conditions de vie et le manque d’infrastructures. À travers ses projets, il mêlait danse contemporaine et traditions locales. Il avait été repéré par des structures artistiques à l’étranger et devait débuter un parcours de formation en France à la rentrée 2025, notamment à Rennes.

Cette trajectoire a brutalement été interrompue lorsqu’il a été blessé au cours d’une des frappes aériennes qui visent les civils de Gaza. Sa jambe, gravement atteinte, nécessitait une prise en charge chirurgicale urgente qui ne pouvait pas être assurée dans la bande de Gaza où le système de santé est fragilisé par des années de blocus, de conflit, de pénuries chroniques et, désormais, de destructions massives par l’armée israélienne.

Une évacuation vers Rennes

Grâce à une mobilisation de plusieurs associations humanitaires, relais diplomatiques et soutiens dans le monde artistique, Bashar a pu être évacué fin juillet. Il est arrivé à Rennes le 31 juillet 2025 et a été immédiatement admis à l’hôpital pour y recevoir les soins nécessaires. Son état reste préoccupant, mais stabilisé. Les équipes médicales évaluent la possibilité de préserver la mobilité de sa jambe et d’envisager une rééducation dans les prochaines semaines. Un accompagnement psychologique a également été mis en place.

À Rennes, un environnement plus apaisé

Si Bashar se trouve aujourd’hui à de 6 000 kilomètres de Gaza, les images et le bruit de la guerre restent proches. Mais à Rennes, il bénéficie d’un environnement plus stable, propice à la convalescence. Des acteurs culturels locaux et des collectifs solidaires ont commencé à se mobiliser pour l’aider à reconstruire son projet de vie. Plusieurs pistes sont envisagées : une éventuelle résidence artistique, un soutien financier pour ses soins et une reprise de ses projets de formation. Pour le moment, il s’agit d’abord de soigner, de stabiliser avant de voir plus loin.

Le symbole discret d’un contexte plus large

L’histoire de Bashar al‑Belbeisi met en lumière le sort tragique des dizaines de milliers de civils blessés et tués par les frappes et les tirs de l’armée israélienne, et la difficulté de leur évacuation vers des structures capables de les soigner. Elle rappelle aussi que derrière chaque trajectoire individuelle, il y a des projets interrompus, des vies bouleversées et parfois des possibilités de reconstruction, mais ailleurs…

Des caméras-piétons pour les pompiers d’Ille-et-Vilaine : un nouvel outil contre les agressions

En réponse à la recrudescence des violences envers les secours, le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS 35) généralise l’équipement en caméras-piétons de ses équipes de Rennes et Saint-Malo. Une décision fondée sur une expérimentation concluante menée au printemps 2024.

L’annonce était attendue. Après une phase d’essai lancée mi-mars 2024 dans plusieurs centres d’incendie et de secours rennais, les sapeurs-pompiers d’Ille-et-Vilaine seront officiellement dotés de caméras-piétons avant l’été 2025. Ce dispositif, désormais bien connu dans les rangs des forces de l’ordre, fait son entrée dans les services d’incendie et de secours avec un objectif clair : protéger les agents face aux agressions, incivilités et tensions de terrain.

Les résultats de l’expérimentation sont sans ambiguïté. Le port de caméras, bien visible, a eu un effet dissuasif manifeste, contribuant à apaiser des situations potentiellement conflictuelles. Le SDIS 35 évoque même une baisse de 80 % des actes d’agressivité lors des interventions testées. Une statistique qui rejoint les retours d’expérience d’autres départements déjà engagés dans cette voie, comme le Morbihan ou la Loire-Atlantique.

Un usage encadré par la loi

La décision s’inscrit dans un cadre législatif strict, défini notamment par le décret du 29 juin 2023 et la loi Matras sur la sécurité civile. Concrètement, les images captées ne pourront être visionnées que par des personnels spécifiquement habilités. Elles seront conservées pendant six mois et utilisées uniquement dans un cadre judiciaire ou pédagogique, après anonymisation si nécessaire.

Le port de la caméra reste non systématique : il est déclenché à la discrétion des intervenants, en fonction de l’évaluation des risques sur le terrain. Pour le SDIS 35, l’objectif est double : prévenir les violences grâce à l’enregistrement potentiel, et documenter les faits en cas de dépôt de plainte ou de poursuites judiciaires.

Une généralisation à l’échelle nationale et internationale

Déjà courantes chez les policiers et gendarmes, les caméras-piétons s’imposent peu à peu chez les pompiers. Plusieurs SDIS français, dont ceux du Morbihan ou de Loire-Atlantique, en sont déjà équipés. À l’échelle européenne, le Royaume-Uni, l’Allemagne ou le Danemark ont franchi le pas. Le Canada et les États-Unis les utilisent également, y compris pour des services d’urgence médicale. Cette dynamique traduit un changement culturel profond dans la manière de concevoir la sécurité des agents publics.

En Ille-et-Vilaine, cette évolution s’ajoute à d’autres initiatives prises par les services publics pour mieux protéger leurs personnels. La SNCF, Keolis, ou encore les réseaux de transport urbain rennais utilisent déjà des dispositifs de surveillance similaires, au service de la prévention des violences et de la tranquillité publique.

Pour les sapeurs-pompiers, cette avancée technologique s’accompagne d’une nécessaire vigilance sur les questions de respect de la vie privée et de transparence de l’usage. Le SDIS 35 assure que l’ensemble du processus est conduit en concertation avec les partenaires sociaux et les autorités de contrôle, dans un esprit d’apaisement et de confiance. Un équilibre délicat, mais indispensable pour garantir à la fois la sécurité des agents et le respect des libertés publiques.

Le Stunfest 2025 : un festival du jeu vidéo repensé du 24 au 26 octobre à Rennes et en ligne

0

L’association 3 Hit Combo est heureuse d’annoncer le retour du Stunfest, festival emblématique des cultures du jeu vidéo, qui se tiendra du 24 au 26 octobre 2025 à la Maison des Associations de Rennes et en simultané sur Twitch.

Engagée depuis 2023 dans une transformation structurelle, 3 Hit Combo devient en 2025 un collectif associatif réunissant les acteur·ices du jeu vidéo en Bretagne. L’association réaffirme sa vocation : servir de plateforme collaborative, soutenir les initiatives locales, et favoriser les dynamiques collectives autour du jeu vidéo comme outil culturel et social.

Un Stunfest version laboratoire

Projet phare de l’association, le Stunfest 2025 revient dans un format renouvelé : pensé comme un laboratoire vivant, il propose une nouvelle manière d’envisager le festival à long terme. La gouvernance devient collégiale, la tarification se veut accessible, et la présence en ligne est repensée pour créer une véritable interaction avec les publics à distance.

Le programme s’articule autour de huit collèges thématiques : agora, création indépendante et amateur, conférences, freeplay, jeux de combat, médiation culturelle, musique et speedrun. Une structure à l’image des personnes et des structures qui font vivre le festival. Chaque édition est ainsi conçue comme une œuvre collective, portée par une communauté engagée et passionnée.

Un appel au soutien : trois étapes pour financer le Stunfest

Malgré son redimensionnement et le fort engagement bénévole, le festival fait face à une baisse marquée des subventions publiques. Pour garantir sa tenue, un parcours de soutien en trois étapes est mis en place :

  • Étape 1 : une campagne de financement participatif valorisant le merchandising des éditions précédentes ;
  • Étape 2 : l’ouverture d’une billetterie accessible pour le Stunfest 2025 ;
  • Étape 3 : de nombreuses actions de soutien sur place pendant le festival : merchandising, buvette, tombola…

Informations pratiques

Festival International des Jardins 2025 : un conte végétal grandeur nature à Chaumont-sur-Loire

Et si les jardins racontaient des histoires ? Des histoires de métamorphoses, de mystères et de rêves d’enfance… C’est le pari poétique et audacieux du Festival International des Jardins, qui revient cette année au Domaine de Chaumont-sur-Loire pour une édition 2025 placée sous le signe des contes. Dans un écrin suspendu entre art, botanique et imagination, les créateurs de jardins du monde entier sont invités à réenchanter nos promenades à travers le thème « Il était une fois… au jardin ».

Chaque allée devient un récit, chaque parterre une page ouverte. Cette année, le festival se transforme en un immense recueil de contes où les sentiers nous mènent tour à tour vers les ruses de Shéhérazade, les ombres de la forêt des frères Grimm, ou les miroirs d’Alice au pays des merveilles. Conçus par des paysagistes, architectes, plasticiens et poètes du végétal venus du monde entier, une trentaine de jardins expérimentaux rivalisent d’inventivité pour faire parler les plantes, les formes, les lumières et les matières.

chaumont-sur-loire jardin

Entre une spirale de ronces habitées de voix enchantées, un potager inspiré des potions de sorcières et une clairière abritant une cabane de l’ogre, chaque espace invite à une déambulation sensorielle, pleine de surprises. Une promenade qui émerveille autant les enfants que les amateurs de design paysager contemporain.

chaumont-sur-loire jardin

Parmi les nouveautés phares de cette édition 2025, la Promenade des contes féériques propose une parenthèse à la lisière du rêve. Sculptures en trompe-l’œil, installations végétales et scènes figuratives réveillent les figures emblématiques de notre enfance. Ici, Hansel et Gretel s’échappent d’un jardin de bonbons fondants ; là, Blanche-Neige sommeille sous un dôme de pétales blancs. L’ensemble, savamment scénographié, résonne comme une invitation à retrouver notre âme d’enfant – sans jamais céder au kitsch.

chaumont-sur-loire jardin

Mais le Festival des Jardins, c’est bien plus qu’une simple exposition florale. Le Domaine de Chaumont-sur-Loire, joyau du Val de Loire classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, déploie aussi ses charmes au fil des saisons. Au-delà des jardins éphémères, on découvre des œuvres d’art contemporain en plein air, des installations permanentes dans les Prés du Goualoup, un potager extraordinaire, une serre tropicale, et un château chargé d’histoire.

chaumont-sur-loire jardin

Une journée sur place devient une véritable expérience immersive, ponctuée de pauses gourmandes à la Ferme du Domaine ou d’un thé dans le jardin des simples. Pour les visiteurs en quête de slow tourisme et de beauté végétale, c’est l’escapade idéale à moins de deux heures de Paris.

chaumont sur loire festival jardins

Infos pratiques

  • Thème 2025 : « Il était une fois… au jardin »
  • Dates : du 19 avril au 2 novembre 2025
  • Lieu : Domaine de Chaumont-sur-Loire, Loir-et-Cher (41)
  • Horaires : 10h–20h en été, 10h–18h en automne
  • Tarifs : 21 € plein tarif, 6 € enfants, réductions familles et groupes
  • Site officiel : domaine-chaumont.fr

AUTOUR DU FESTIVAL

LES PRÉS DU GOUALOUP

Créé en 2012, les Goualoup s’étendent sur plus de 10 hectares accueillant des jardins pérennes liés aux grandes civilisations du jardin : Japon, Chine, Corée, Grande-Bretagne… Ils accueillent les œuvres de grands architectes et paysagistes tels Yu Kongjiang, Wang Shu, Shodo Suzuki, Leon Kluge… et des artistes de renommée internationale : Chris Drury, Pablo Reinoso, Andrea Branzi, Nils-Udo…

LES COLLECTIONS VÉGÉTALES
  • L’arche des roses anciennes
  • Les arches de jasmin étoilé
  • Les collections des clématites, des dahlias, des pivoines, des asters

Bécherel. Nuit du livre, crépuscule et aurore littéraires le samedi 2 août 2025

La 30e édition de la Nuit du Livre de Bécherel se déroule le samedi 2 août 2025 : une invitation au voyage entre spectacles, contes, expositions et ateliers, dans les jardins, les ruelles et à la Maison du livre.

La Nuit du Livre à Bécherel, c’est pour très bientôt ! Samedi 2 août 2025, la 30e édition de ce grand rendez-vous estival animera les places, les ruelles et les jardins de la Petite Cité du livre, mais aussi ses librairies, bouquinistes et sa Maison du livre, pour une nuit placée sous le signe de la rêverie, du partage et de la création.

Gratuit, tout public et festif, l’événement propose une programmation foisonnante mêlant spectacles, musique, contes, ateliers artistiques et expositions. Une belle occasion de redécouvrir le cœur ancien de Bécherel et de rencontrer les artisans du livre.

La journée s’ouvre avec un grand marché aux livres anciens et d’occasion dans le centre ancien, organisé par Bécherel Cité du livre. Bouquinistes et libraires déploient leurs étals pour faire découvrir pépites, raretés et ouvrages oubliés aux chineurs de tous âges.

Les ateliers participatifs s’enchaînent tout au long de la journée : calligraphie, enluminure, reliure, gravure, BD, pochoir, art postal… chacun peut mettre la main à la pâte et échanger avec les artisans présents.

Ateliers sur inscription

14h30 – Vannerie au jardin avec Christina Otto & Salomé Grasset (tressage végétal, dès 10 ans, 2h, chemin du Thabor)
16h30 – Enluminure avec Michèle Cornec (atelier Plume & Or, place Jéhanin, dès 10 ans, 1h)
17h30 – Reliure avec Stéphanie Thomas (atelier Livre en Scène, place de la Croix, dès 12 ans)
Divers ateliers artistiques (calligraphie, pochoir, impression typographique…) ponctuent l’après-midi.

Expositions & balades artistiques

Artistes au jardin : balades culturelles et écologiques dans cinq jardins privés de Bécherel, avec démonstrations en continu (10h–18h).
Faire bonne impression : ateliers typographiques et plastiques avec Estelle Aguelon, sessions de 30 minutes chaque demi‑heure à partir de 18h30.
Expositions collectives autour du thème Racines profondes (place des Halles, sous la bannière Racines).

Soirée : contes, lectures poétiques, musique

La Clef : polar sonore & visuel (Arnaud Le Gouëfflec, John Trap et Laurent Richard), 17h.
Perceval, légende du Graal : conte musical avec Pascal Fauliot et Marc Anthony (19h).
Jeu d’écriture Scriptor : déambulation poétique animée (18h30–22h30, parcours dans le centre ancien).
Pretty Old Soul : jazz manouche pour rythmer la nuit (concert en soirée).
Ambiance de rue originale, animations littéraires et poétiques dans tout le village.

Déambulation nocturne & lecture du ciel

À la tombée de la nuit, observation des étoiles avec Dinan Astronomie (belvédère du jardin des remparts).
Déambulation poétique et artistique dans les ruelles, ponctuée de jeux littéraires, microlectures et surprises visuelles.

Renseignements :
Maison du livre, Bécherel (Ille-et-Vilaine)
maisondulivre@rennesmetropole.fr
Site : www.becherel.com

Louannec. Yves Privé expose ses sculptures au phare de Nantouar

Jean-Michel Perche est le propriétaire du phare de Nantouar à Louannec dans les Côtes d’Armor. Pour sensibiliser le public à la montée des eaux et au patrimoine menacé, il a convié le sculpteur Yves Privé à y exposer ses œuvres. L’exposition Amers est visible ce week-end, jusqu’au dimanche 3 août 2025.

Le phare de Nantouar, qui fait face à Perros-Guirec (22), a été racheté aux Phares et Balises par Jean-Michel Perche en février 1994, lors d’une vente aux enchères à la bougie. A cette période, il était déjà menacé par la montée des eaux et le recul du trait de côte.

phare de Nantouar
Jean-Michel Perche

Passionné par les phares, le nouveau propriétaire, architecte de profession à Rennes (35), réalise de gros travaux d’enrochement afin de protéger l’édifice des tempêtes. Chaque année, le risque et le danger sont cependant croissants, comme le constatent les nombreux promeneurs qui empruntent le GR34, depuis les tempêtes de mars 2008 qui ont encore fait reculer la micro-falaise…

Le phare de Nantouar fait partie du domaine privée et n’est pas accessible habituellement. Il est en ce moment exceptionnellement ouvert à l’occasion de l’exposition des sculptures d’Yves Privé, et grâce à la rencontre amicale de deux hommes : d’un côté Jean-Michel Perche, le propriétaire du phare, un amoureux de la mer et peintre depuis 50 ans ; de l’autre, le sculpteur Yves Privé de Trélévern (22) qui présente ici ses totems sculptés.

L’exposition Amers, orchestrée par les deux amis, est à découvrir dans les jardins du phare de Nantouar. Elle a pour thématique : la réflexion sur la relation entre l’homme et la nature et sur la force et la fragilité de l’existence humaine. 

Le public appréciera aussi les photos de gardiens et de gardiennes de phares au cours de différentes périodes et de vieilles cartes postales, sans compter sur les anecdotes relatées par les uns et les autres. L’objectif de cette exposition est aussi de faire connaître l’histoire du phare de Nantouar…

L’exposition est gratuite. La récolte des dons est cependant destinée à la Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM). 

Biographie :

Yves Privé est un ancien moniteur de voile qui est aussi sculpteur depuis l’adolescence. Il a beaucoup voyagé en Afrique, où il a découvert des sculptures dans les tribus de chaque village ; c’est là qu’il a eu l’idée et l’envie de se lancer dans la sculpture de totems en bois. Yves Privé est également sensible à la vie dans les phares. Il a créé des totems et peint des portraits monochromes de gardiens de phares. Amoureux de la nature, Yves privé utilise autant le bois de récupération que les essences locales : le châtaignier, le chêne et le pin, pour créer ses œuvres monumentales.

Les sculptures de totems sont des œuvres qui symbolisent l’humanité et l’ouverture sur d’autres cultures.

Phare de Nantouar
Le sculpteur Yves Privé

Histoire du Phare de Nantouar :

Les travaux de construction du phare commencent en 1859 pour se terminer en 1860. Ils sont réalisés par l’entreprise Prigent avec ses 24 maçons et ses 30 manoeuvres. Un bâtiment annexé sert de maison pour le gardien. Les deux feux construits en 1860, munis de lanternes suspendues à l’extrémité d’une potence, présentent cependant des extinctions dangereuses pour la navigation de nuit ; Alors en 1882, les ingénieurs placent chacun des feux dans une tourelle à demi-engagée dans le pignon de la maison-phare, une réalisation qui offre une grande facilité de visite et d’allumage. Chacun des feux est placé derrière une ouverture en œil de bœuf, ménagée au sommet de la tourelle. Le toit et l’escalier de la tourelle sont en granit. Cette nouvelle construction ajoute au petit logement du gardien, une chambre de service située dans le grenier de la maison.

 En 1890, la construction du magasin aux huiles est maintenant séparé du logement, car auparavent placé à l’intérieur du logement de famille du gardien, il risquait des accidents ménagers voir même la destruction de l’édifice et du phare lui-même. On construit alors une annexe qui fait office de cellier et de buanderie, placée en appentis contre le pignon opposé à celui de la tourelle circulaire, à droite de la porte d’entrée.

En 1911, on renforce l’éclairage du fanal en installant un feu catoptrique avec un réflecteur de 0,50 mètre d’ouverture, muni d’une lampe à deux mèches.

En 1944, le dispositif d’éclairage est détruit par les troupes allemandes. Après la Seconde Guerre mondiale, on profite des réparations pour électrifier le phare de Nantouar avec quatre occultations toutes les 12 secondes. 

Le phare est définitivement éteint en 1976. Jean Quéré a été le dernier gardien en poste…

Exposition des sculptures d’Yves Privé, jusqu’au dimanche 3 août 2025
Horaires : vendredi, samedi et dimanche de 15h à 19h.
Phare de Nantouar, Louannec

phare de Nantouar
photo de Hubert Jeannin

Rennes trace un chemin de mémoire pour ne pas oublier la Seconde Guerre mondiale

À partir du 4 août 2025, un parcours mémoriel reliera 13 lieux de la Ville de Rennes en une promenade, reliant l’ancienne caserne du Colombier à la butte de la Maltière, qui invite à la réflexion et au souvenir. Pendant une heure trente, le promeneur partira à la rencontre des personnes qui se sont illustrées pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le 4 août 1944, la ville de Rennes était libérée. En 2025, c’est ce jour symbolique que la Ville a choisi pour ouvrir sa promenade mémorielle en souvenir des hommes et femmes qui ont payé de leur vie leur engagement contre l’occupant nazi. A compter du lundi 4 août, la Ville de Rennes invite à une promenade de quatre kilomètres, soit une heure trente de marche, durant laquelle le promeneur traversera treize étapes afin d’emprunter les chemins de l’histoire.

Le promeneur remontera le temp en commençant sa marche dans le quartier du Colombier. Autrefois appelée Le Champ de Mars, c’est en face l’actuelle Esplanade Charles-de-Gaulle que se dressait l’entrée principale de la caserne militaire du Colombier. Après être passé devant le Mémorial des martyrs de la Résistance et de la Déportation, avec ses deux flèches symbolisant la cheminée d’un four crématoire et un peloton d’exécution, il croisera le chemin des 4500 munitionnettes qui fabriquaient des balles à La Courrouze. Egalement celui d’Andrée Récipon, la « châtelaine de Laillé » qui transforma sa propriété en îlot de Résistance.

Andrée Récipon
Mademoiselle Andrée Récipon (1885 – 1956)

Trois monuments de la Ville de Rennes

Parmi les monuments mémoriels, le monument du Colombier, place du Maréchal Juin, rend hommage aux 32 résistant bretons fusillés le 8 juin 1944, deux jours après le Débarquement, et découverts le jour de la Libération de Rennes le 4 août 1944. Parmi eux, 9 Républicains espagnols qui avaient continué la lutte contre Franco et le fascisme en s’engageant dans la Résistance.

Réalisé par l’architecte rennais Jean Vaudeleau, ancien combattant de la 2e Division blindée, le Mémorial des martyrs de la Résistance et de la Déportation a quant à lui été inauguré en 1975. Il a été érigé à la mémoire des déportés d’Ille-et-Vilaine, disparus dans les camps de la mort et de tous les martyrs, fusillés et massacrés, de la Seconde Guerre mondiale. Au centre d’une grande place ovale, le monument est ceint de dalles de granit. Leur pavage irrégulier évoque la vie infernale des camps. Deux flèches transpercent le ciel dans toute leur verticalité et symbolisent à la fois la cheminée d’un four crématoire et un poteau d’exécution. La citation du poète Paul Éluard, « Si l’écho de leur voix faiblit, nous périrons », rappelle quant à elle le sens du devoir de mémoire à l’égard de la Résistance, figurée par une imposante croix de Lorraine.

A Rennes, les femmes ont joué un rôle crucial dans l’industrie de la guerre, et ce dès la Première Guerre mondiale. Face à la pénurie d’hommes, de nombreuses femmes, appelées « munitionnettes », intègrent les usines pour fabriquer armes, munitions et équipements militaires. Entre 1914 et 1918,18 000 femmes sont employées à l’Arsenal de Rennes ; Après l’Armistice de 1918, 5000 d’entre elles restent dans l’usine. Les conditions de travail y sont éprouvantes : journées de 10 à 14 heures debout, risques d’explosions fréquents à cause de la moindre étincelle.

Les munitionnettes de Rennes, comme beaucoup d’autres ouvrières, participent aux grandes grèves sociales de 1917. En 1940, l’Arsenal tombe aux mains ennemies. Les femmes sont de nouveau sollicitées et doivent répondre aux exigences de l’Occupant dans
des conditions de plus en plus difficiles.

munitionnettes rennes parcours mémoriel

« Si l’écho de leur voix faiblit, nous périrons ». Avec cette invitation au souvenir, la Ville de Rennes enclenche une démarche pour que ces voix ne faiblissent pas. A notre tour de les faire vivre.

La Nuit ravagée de Jean-Baptiste Del Amo : exorcisme adolescent en périphérie

Avec La Nuit ravagée Jean-Baptiste Del Amo opère un tournant. Oubliez les paysages pastoraux du Règne animal ou la tension biblique du Fils de l’homme, le romancier s’attaque ici à une matière tout aussi vitale mais plus souterraine : celle, tremblante et fiévreuse, de l’adolescence, de ses vertiges et de ses hantises. Il en tire un roman incarné, à la fois roman de formation, thriller psychologique et fiction fantastique, tendu comme un fil de cuivre sous orage.

Nous sommes propulsés back dans les années 1990, au cœur d’un lotissement anonyme de la ville fictive et taille moyenne de Saint-Auch, territoire aux lignes droites, aux intérieurs disjoints, aux désirs embusqués. Un territoire peu signifiant propice aux choses étranges…

Cinq adolescents — Mehdi, Max, Tom, Alex et Lena — s’y débattent entre violence domestique, sexualité naissante, école normée, racisme larvé et blessures muettes. Leurs familles sont bancales, parfois absentes. Eux tiennent debout grâce à ce lien indéfectible et fraternel qui unit les adolescents quand tout vacille ; l’amitié comme refuge (une serre où se réfugier et pousser…), comme pacte silencieux contre la cruauté du monde adulte. Une amitié nourrie d’espérance en un avenir meilleur et de la panoplie des films d’horreur produits dans les années 80 et enregistrés en VHS ou Betamax avec en tête The Thing de Carpenter et, à tout saigneur tout honneur, les premiers best-sellers de Stephen King.

C’est une maison qui fait basculer le récit. Une maison abandonnée, au fond de l’impasse des Ormes, envoûtante et opaque. Del Amo ne la traite pas comme un simple décor : elle devient un personnage à part entière, une force d’aspiration, une chambre noire du psychisme adolescent. Inspirée d’une maison réelle visitée enfant par l’auteur, elle cristallise ce sentiment d’unheimlich freudien – inquiétante étrangeté ou étrangeté familière – qui plane sur tout le roman. La nuit y devient perméable, le réel incertain. La maison, vortex de tous les fantasmes, fait office de révélateur, d’épreuve, voire de catalyseur des transformations psychiques et corporelles à l’œuvre chez les personnages. Ce que La nuit ravagée raconte, ce n’est pas une simple invasion du surnaturel dans l’esprit d’êtres humains réels et innocents, mais la manière dont l’imaginaire adolescent, surchargé de désirs et de douleurs, est susceptible de nourrir lui-même du monstrueux.

À la croisée de Stranger Things (sans son filtre nostalgique) et de la grammaire visuelle des vidéoclubs de province et le bestiaire du body horror à la Cronenberg, le roman convoque une constellation d’influences pour mieux les tordre à son usage. Le lecteur croisera les ombres de Freddy Krueger, de Candyman, de La Mouche, mais aussi celles, plus discrètes, de Lovecraft ou Graham Masterton (voire des Éclats de Bret Easton Ellis). À travers ces clins d’œil, Jean-Baptiste Del Amo explore comment l’imaginaire des adolescents – nourri d’horreur populaire, de mythes urbains, de monstres génétiquement modifiés – est susceptible de devenir le miroir grossissant d’une époque et de ses violences enfouies. Ainsi, la maison n’est pas qu’un piège. Elle est une métaphore : celle du passage violent à l’âge adulte, de la perte de l’innocence, de l’irruption déflorante du réel. C’est un lieu d’épreuve au sens initiatique.

Au-delà de l’habile construction narrative, la fluidité de l’écriture et l’économie qualitative des descriptions et des dialogues sont au service d’une campement visuel de l’action tout à fait Netflix compatible. La Nuit ravagée est un roman de peau, de moquette humide, de sueur adolescente et de regards échappés. L’écriture de Del Amo, parfois lyrique dans ses précédents ouvrages, se fait ici plus sèche, plus tendue, mais toujours d’une précision sensuelle. Elle épouse les corps, leurs tremblements, la peau qui chauffe, la parole qui se cherche, l’identité qui tangue, les émois, les désirs confus. À l’instar de la maison, les corps mutent, résistent, s’effraient d’eux-mêmes.

Les personnages sont tous intensément vivants, dotés d’une épaisseur psychologique et émotionnelle qui les rend immédiatement familiers. Mention spéciale à Mehdi, figure d’équilibre et de colère rentrée, et à Max, dont la découverte de son homosexualité, à travers une scène d’une beauté troublante, constitue l’un des forts moments du livre. Une fellation entre deux garçons (très peu Netflix compatible, mais qui retiendra l’attention de jeunes lecteurs ados en questionnement) marque un basculement émotionnel et symbolique ; loin d’être gratuite, elle vient dire ce que l’adolescence tait, ce que les normes invisibilisent. C’est l’un des moments les plus puissants du roman, parce qu’il conjugue trouble, tendresse et désordre du monde intérieur. Del Amo y projette aussi, de manière oblique, sa propre expérience d’un coming out provincial, vécu dans la solitude, la honte intériorisée et l’ombre du sida comme spectre silencieux.

Le roman prend alors une double dimension : sociale et allégorique. Saint-Auch devient un microcosme de la France périurbaine des années Mitterrand-Chirac, un monde de relégation silencieuse, d’échecs éducatifs, de masculinité toxique, du racisme diffus, d’échec des adultes. Certes, la périphérie est à la mode en ce moment… mais le traitement de Jean-Baptiste Del Amo n’est jamais (socio-)démonstratif ; ici, là, tout passe par le corps, les sensations, les regards. L’auteur travaille la texture des choses – l’odeur d’une pièce close, la sueur, les moquettes pourries, la brume mentale — avec la précision d’un cinéaste sensoriel en empathie avec ses créatures. L’influence de Les Griffes de la nuit se fait alors pleinement sentir ; cette idée que le cauchemar peut naître au cœur même du familier, du quotidien, du domestique.

Enfin, La Nuit ravagée agit comme une mise en abîme du genre horrifique lui-même en produisant une zone de friction entre fiction populaire et littérature psychologique, entre imaginaire adolescent et lucidité adulte. L’inscription dans les années 90 agit alors comme un biais de distanciation qui permet un feed-back vers le récepteur privilégié : l’adolescent (actuel comme celui qui se prolonge chez nombre d’adultes). Et comme Jean-Baptiste Del Amo ose l’allégorie, l’intime, le bizarre, sans jamais sacrifier l’intelligence de la narration, il parvient à resituer et à restituer l’adolescence dans sa vérité brute où le monde intérieur est plus vaste, plus inquiétant, plus vrai que le monde extérieur.

La Nuit ravagée par Jean-Baptiste Del Amo, Gallimard, coll. Blanche, 13 mars 2025, 368 pages, 23 € ISBN : 9782073092373

12 belles randonnées à faire en Bretagne

Il existe en Bretagne des lieux qu’il fait bon arpenter, sac à dos bien accroché et chaussures de randonnées bien lacées. Dans les terres bretonnes ou le long du littoral, promenades îliennes à la journée ou randonnée sur le sentier de Douaniers, Unidivers vous plonge au cœur du paysage breton avec sa sélection des randonnées et promenades pédestres.

Le GR34 ou le sentier des Douaniers : Tout un monde s’ouvre aux randonneurs

Comment ne pas commencer par le GR®34, connu aussi sous le doux nom du « sentier des douaniers » ? Il s’étend sur 2 000 km qui longe le littoral : à un rythme de 20 kilomètres par jour, cela représente pas moins de 100 jours de marche. Les circuits sont adaptables selon la géographie où vous vous trouvez et le temps que vous avez (1 jour, 2, 3, 4, etc.). Contrairement à ce que l’on peut penser, il s’agit d’un itinéraire sportif : vous pouvez atteindre 1 000 m de dénivelé en cumulé dans une journée. Bien qu’il soit accessible en toute saison, certains passages peuvent être humides ou boueux en période automnales ou hivernales.

Un site dédié vous permet de construire aisément votre itinéraire avec des idées rando par département et des conseils pour les hébergements : Randonner sur le GR®34.

randonnées gr-34

Randonnées de deux jours

Le Loc’h à Camaret-sur-mer – Finistère (environ 50 km)

Dans le Finistère, l’itinéraire que l’on peut vous proposer (pour l’avoir expérimenté nous-mêmes) vous promet des vues imprenables au cœur des paysages caractéristique de la région : partir de Le Loc’h pour rejoindre Camaret-sur-mer, en passant par Lanvéoc et avec une nuitée au Fret. Ce circuit d’environ 50 km, soit deux jours de randonnée, vous fait longer une partie du littoral breton et admirer ses falaises à l’esprit anglo-saxon. Une merveille.

Le tour du Lac de Guerlédan – Côtes-d’Armor (40 km)

Retenue d’eau la plu grande de Bretagne le lac de Guerlédan, dessine la limite entre les Côtes-d’Armor au Nord et le Morbihan au Sud. Cette randonnée vous propose d’en faire le tour avec une randonnée de 40 km, idéal pour goûter aux plaisirs des loisirs sportifs en s’imprégnant de la beauté de la forêt immense, Quénécan, au cœur de laquelle il est niché.

lac guerledan randonnée

Randonnées à la journée

Le Tour de Carantec – Finistère (5h30)

Parmi les possibilités qu’offre le GR®34, le tour de Carantec en est une privilégiée si vous cherchez une activité sportive à la journée. Avec son circuit de 23 km (tour de l’île Callot y compris), cette randonnée vous entraîne à la découverte de la commune dans la baie de Morlaix e ses alentours : ses pointes, ses plages, son ostréiculture et sa campagne. Au cours de votre marche, vous pourrez admirer la baie de Morlaix et ses îlots : le château du Taureau, l’île Louët, l’estuaire de la Penzé et bien sûr l’île Callot que nous ne pouvons que vous inciter à aller découvrir à marée basse. Plus d’infos

Le tour de la presqu’île de Kermovan – Finistère (environ 1h30)

Au départ du Conquet, c’est une randonnée facile qui vous attend pour partir à l’assaut du phare de Kermovan, qui s’élève depuis 1849 sur la pointe du même nom (classée et gérée par le Conservatoire du littoral). Face aux Îles du Ponant dont font partie Ouessant et Molène, la Pointe de Kermorvan offre un panorama sur la côte de la Pointe Saint-Mathieu au Sud aux Pointes d’Ilien et du Corsen au Nord. Le phare, quant à lui, offre une vue imprenable sur la mer d’Iroise.

Les Mégalithes et landes de Saint-Just – Ille-et-Vilaine (2h/2h30)

Hors du GR®34, il existe d’autres promenades pédestres tout aussi agréables. Au départ de la Maison Mégalithes et Landes, au bourg de Saint-Just (Ille-et-Vilaine), un circuit de 7 kilomètres (environ 2 à 2h30 de marche) vous amènera au cœur d’un paysage de verdure habité par les mégalithes de Saint-Just, à la rencontre d’un site datant du Néolithique. C’est un des sites archéologiques majeurs en Bretagne, à la fois accessible et exceptionnel, qui, en été, est sublimé par les couleurs des fleurs qui s’ouvrent en été.

La richesse archéologique tient en d’une typologie de constructions très variées : tumulus, allées couvertes, dolmens, menhirs. Légèrement excentrée du reste des mégalithes, nous ne pouvons que vous inciter à faire un détour, à 2 kilomètres des Landes de Cojoux, pour découvrir l’allée couverte de Tréal.

Les mégalithes de Saint-Just se situent sur un espace de landes avec peu de zones ombragées : pour profiter du moment, prévoir des chaussures fermées, une casquette et de l’eau ou un vêtement de pluie selon la météo. Plus d’infos

Circuit de Monserrat – Ille-et-Vilaine (4h30)

Labellisée FFRandonnée, cette balade de 12,6 km part de l’église de Saint-Senoux (1879) pour vous faire longer le bord de Vilaine avant de découvrir les plateaux.

circuit montserrat randonnée

Berrien : Le Circuit pédestre de Lestrézec – Finistère (3h30)

Berrien est une commune du Finistère, située dans les Monts d’Arrée et le Parc d’Armorique. Ce circuit propose une promenade bucolique et patrimonial qui traverse dans la forêt domaniale du bois de Lestrézec. Au fil de votre marche vous pourrez admirer le Hameau de Lestrézec, la Chapelle Saint-Corentin (Trénivel) ou encore la Chapelle Saint-Barbe.

Le tour des îles bretonnes

Belle-île en mer – Morbihan

Entre terre et mer, Belle-île-en-mer, la plus grande île de la Bretagne, est un lieu particulièrement prisé par les amoureux de la randonnée. Elle ne laisse pas indifférente, et ce dès l’arrivée au charmant port du Palais. Au vue de sa taille (85 km de sentier côtier balisé en rouge et jaune et ses 2800 m de dénivelé), il est bien sûr impossible de faire le tour de l’île en une journée, mais en faire une partie vous permettra tout de même d’avoir un bel aperçu. Et selon votre temps, pourquoi ne pas organiser votre séjour et prolonger plusieurs jours.

belle ile en mer randonnée

Île de Houat – Morbihan

Si vous avez envie d’authenticité et de discrétion, rendez vous sur l’île Houat, nichée dans le Golfe du Morbihan et d’une longueur d’à peine 4 km sur 1. Grâce au sentier qui fait le tour de l’île, vous traverserez des paysages sauvages dans une alternance entre les plages de Tal er Han et Treach-er-Goured, les côtes déchiquetées et les criques de Porzh Plouz et Porz Chudell.

Île Berder – Morbihan

À marée descendante, il est un spectacle à Larmor Baden en tout point joli dont la région Bretagne a le secret. Quand l’eau se retire, un pont émerge et l’île Berder à marée haute devient alors une presqu’île rattachée à la commune de moins de 900 habitants… Le passage ouvre un chemin en direction d’un univers naturel très fréquenté en haute saison, mais néanmoins calme et apaisant où il fait bon se balader ou se poser pour admirer la beauté du paysage breton. Au gré de la promenade, les pierres et la nature foisonnante racontent une histoire, plusieurs même puisque l’île a vécu au fil de ses propriétaires successifs.

Île Wra’ch – Finistère

Au pays des Abers et des goémoniers, l’île Wrac’h est une petite oasis aux portes de l’Aber Wrac’h. Accessible à marée basse depuis la plage et le hameau de Saint-Cava à Plouguerneau, elle s’étend sur 3,7 hectares et servait autrefois de lieu de récolte, de séchage et de brûlage du goémon, d’où son surnom « Roc’h Gored » avec “L’île aux pièges à poissons”.

Édifié en 1845, son élégant phare à chapeau rouge permettait aux navigateurs de rejoindre le port de l’Aber Wrac’h sans encombre. Il abrite désormais des expositions en saison. Pour vous y rendre, surveillez les horaires de marées : accès à 3 heures avant et jusqu’à 3 heures après la marée basse.

ile wra'ch
Les parc à huîtres de l’île Wra’ch © Alexandre Lamoureux

Paris. La flèche de Notre-Dame a accueilli sa dernière statue

Au lendemain des obsèques du cardinal André Vingt-Trois, célébrées par Monseigneur Laurent Ulrich à Notre-Dame de Paris, la dernière statue de la flèche de la cathédrale a retrouvé sa place jeudi 24 juillet 2025. La statue représente Saint-Thomas, le saint patron des architectes, un symbole pour tous les artisans qui ont œuvré et œuvrent encore autour de la restauration de Notre-Dame…

Moins d’une semaine avant l’incendie de Notre Dame le 15 avril 2019, les seize statues ornant la base de la flèche de la cathédrale avaient été retirées en vue d’une rénovation prévue au sein de l’entreprise la Socra, à Marsac-sur-l’Isle en Dordogne : un merveilleux hasard et une chance ! 

Saint-Thomas
Les statues arrivées dans l’entreprise la Socra, trois jours avant l’incendie de Notre Dame

Après leur restauration et leur retour à Paris, les seize statues à patine de bronze en cuivre, considérées comme des miraculées, ont été exposées à la Cité de l’architecture et du patrimoine dans le 16e arrondissement, du mois de février 2023 au mois d’avril 2025 ; douze d’entre elles, représentent les douze apôtres et les quatre autres sont des symboles des évangélistes : le lion, le taureau, l’ange et l’aigle…

Saint-Thomas
Cité de l’architecture et du patrimoine

Après avoir été bénies par l’archevêque Laurent Ulrich, les seize grandes sculptures ont retrouvé, petit à petit, leur place originelle, depuis le 23 juin dernier pour la première d’entre elles :  la statue en cuivre de Saint-Paul. Sur les seize, la statue de Saint-Thomas est la dernière a avoir retrouvé sa place d’origine.

Élevée dans les airs de la capitale par une imposante grue, la statue de Saint-Thomas mesure trois mètres et pèse un peu plus de 100 kilos. Son visage a les traits de Viollet-le-Duc (1814-1879), l’architecte de la flèche, qui a dessiné les seize statues en 1857 ; Saint-Thomas est la seule statue tournée vers la flèche, main en visière, comme si Viollet-le-Duc contemplait son œuvre ! L’ensemble des statues a ensuite été sculpté par l’orfèvre et sculpteur Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume (1816-1892). 

Les statues des apôtres sont encore plus imposantes ! Hautes de 3,40 mètres de haut, elles pèsent chacune quelque 150 kilos. Recouvertes d’une patine brune, elles  retrouveront dans les années à venir, leur vert-de-gris si caractéristique de l’oxydation du cuivre. Les seize statues sont formées de feuilles de cuivre d’un millimètre d’épaisseur martelées, soudées entre elles et fixées à une armature en fer.

Pour le moment, les statues ne sont pas visibles, car elles sont cachées par l’échafaudage encore nécessaire au travail des couvreurs. D’autres échafaudages restent aussi visibles sur l’extérieur de Notre Dame au niveau de la tour sud où se terminent les travaux d’aménagement. La réouverture à la visite est prévue pour fin septembre 2025.

Guidel. Dans la couleur et les formes contemporaines de Rodolphe Le Corre jusqu’au 15 août

0

La chapelle Saint-Matthieu à Guidel, dans le Morbihan invite les visiteurs à plonger dans l’univers unique de Rodolphe Le Corre, un artiste talentueux aux œuvres captivantes à admirer, jusqu’au vendredi 15 août 2025.

Dans le cadre de la rencontre de l’art contemporain au cœur d’édifices cultuels communaux, organisée pour la 26e fois par l’association 7 chapelles en Art, Unidivers a fait le choix de faire une pause sur les paysages peints de Rodolphe Le Corre, dont la peinture est à la fois figurative et abstraite.

Rodolphe Le Corre
Rodolphe Le Corre lors du vernissage le mercredi 17 juillet

Entre figuration et abstraction, la peinture de Rodolphe Le Corre a pris place sur les murs de la chapelle Saint-Matthieu de Guidel ; elle séduit le public par cet univers coloré entre deux mondes. Ses sujets de prédilection sont les paysages d’ici ou d’ailleurs, les côtes bretonnes, les montagnes suisses ; également les fruits aux couleurs vives et saturées, le plus bel exemple en étant donné à l’Estran. Sa peinture révèle toujours une présence où la lumière domine…

Son travail commence la plupart du temps par une observation de son environnement quotidien ou par celui qui lui est proposé au cours d’invitations en résidences d’artistes. Il débute par une période d’étude du sujet par le dessin et l’aquarelle avant que son travail d’atelier s’impose .

La peinture à l’huile lui convient parfaitement, en raison de la lenteur de son séchage qui lui permet de retravailler la matière. Dans son atelier, Rodolphe Le Corre développe sa recherche plastique, son langage, laissant apparaître tantôt des matières, tantôt des transparences, tantôt des brillances, le tout orchestré par le dessin.

Rodolphe Le Corre

Ses paysages de Bretagne et de Suisse sont naturellement autant de prétextes à la peinture. Il faut à l’artiste un dessin et un dessein pour espérer sa peinture…

Biographie :

Rodolphe le Corre est né en 1959. Il vit et travaille à Lorient dans le Morbihan. Il fait ses études supérieures à l’école des Beaux-Arts de Lorient ; il est l’élève d’Henri Joubioux(1924-1986) et de Gérard Gautron, né en 1932. Rodolphe Le Corre s’inspire du terrain et du quotidien. Le paysage est pour lui un prétexte à la peinture et les travaux en extérieur sont des études précieuses qu’il qualifie de trésor de guerre.

Le peintre a exposé dans toute la France, essentiellement en Bretagne, mais aussi à Nice et en Suisse, où il s’est installé en automne 2005. Il transforme le garage d’un voisin en atelier de peinture ; c’est là que des peintures de petits et moyens formats voient le jour ! Il y passera quatre séjours jusqu’en décembre 2009. Les dessins et les aquarelles dans le froid, sont pour l’artiste l’occasion d’amasser des sensations précieuses pour le travail en atelier. Il réalise alors de grands formats sur le thème de la neige. Rodolphe Le Corre cherche à retransmettre l’atmosphère ouateuse de la neige et son silence si particulier, qu’il qualifie d’anti bruit…

Le peintre a donné des cours au collège Lurçat de Lanester (56), un engagement qui traduit la volonté d’offrir son expérience aux jeunes générations et de les ouvrir vers le monde de l’art, tout comme les visites organisées dans son atelier…

Rodolphe Le Corre a également illustré de ses gravures des livres d’artiste comprenant des poèmes de Karin Kirchner et  d’Alain Le Beuze en 2012

Infos pratiques :

Jusqu’au vendredi 15 août 2025, exposition du peintre Rodolphe Le Corre, chapelle Saint-Matthieu, Guidel (56)

Atelier Rodolphe Le Corre – 92, rue Paul Guieysse à Lorient
Contact : 06 25 09 67 34  ou/et rodolphe.lecorre@club-internet.fr

Articles connexes :

Maine-et-Loire : décès d’une retraitée après une intoxication au botulisme

0

Dans le silence de l’été, le drame a secoué une paisible commune du Maine-et-Loire. Une femme de 78 ans est décédée dans la nuit du lundi 28 au mardi 29 juillet après avoir contracté une forme sévère de botulisme, une maladie rare mais redoutable, provoquée par une toxine bactérienne. En cause : la consommation d’une conserve maison, selon les premiers éléments de l’enquête ouverte par le parquet d’Angers.

Une intoxication domestique aux conséquences tragiques

La septuagénaire, retraitée sans histoires, avait partagé quelques jours auparavant un repas familial où figuraient plusieurs préparations faites maison, notamment un bocal de carottes conservées artisanalement. Selon l’Agence régionale de santé (ARS), six autres personnes ayant partagé ce repas ont été hospitalisées, dont deux dans un état grave, toujours en soins intensifs. Le diagnostic de botulisme a été confirmé pour plusieurs d’entre eux par les autorités sanitaires.

Une enquête ouverte, les conserves analysées

Une enquête a été ouverte par le parquet pour « recherche des causes de la mort » et confiée à la gendarmerie, en lien avec les services de santé publique. Des échantillons alimentaires ont été saisis au domicile de la victime, notamment des bocaux de légumes stérilisés à domicile. Ils sont actuellement analysés au Centre national de référence du botulisme sis à Lyon.

L’hypothèse d’une erreur dans le processus de stérilisation est privilégiée. Le botulisme, causé par la toxine produite par la bactérie Clostridium botulinum, se développe particulièrement dans les milieux pauvres en oxygène, comme les conserves mal traitées. Quelques microgrammes de toxine suffisent à provoquer une paralysie musculaire potentiellement fatale.

Une maladie rare mais redoutée

Chaque année en France, moins de 20 cas de botulisme sont recensés, selon Santé publique France. Mais la maladie reste mortelle dans 5 à 10 % des cas si elle n’est pas traitée rapidement. L’antitoxine, administrée en urgence, permet de stopper la progression, mais la récupération peut être longue et incertaine.

« Ce type de contamination est rare, mais très grave », rappelle le service d’infectiologie d’Angers. « Il faut être extrêmement rigoureux dans les méthodes de stérilisation. Bouillir les bocaux ne suffit pas toujours : une stérilisation à haute température et un temps de cuisson long sont essentiels. »

Une campagne de prévention relancée

Devant l’émotion suscitée par cette affaire, l’ARS des Pays de la Loire a diffusé un rappel des bonnes pratiques en matière de conserves domestiques. L’occasion de souligner les gestes de prévention : respecter les durées de stérilisation, utiliser des stérilisateurs adaptés, consommer rapidement après ouverture, et jeter tout bocal dont le couvercle serait bombé, mal fermé ou dont l’aspect ou l’odeur seraient douteux.

Dans les rayons de la supérette du bourg, le sujet est sur toutes les lèvres. « On fait tous des conserves, c’est une tradition ici », glisse une habitante, inquiète. « Mais depuis ce drame, je me demande si je ne vais pas tout jeter. »

L’onde de choc dépasse le cadre sanitaire. Une messe en hommage à la victime sera célébrée en fin de semaine, et un registre de condoléances a été ouvert à la mairie. La famille, bouleversée, a demandé le respect de son intimité.

Dans la nuit du 17 août 1936 Federico Garcia Lorca était assassiné

« On le vit avançant entouré de fusils, par une longue rue, arriver dans cette froide campagne, encore étoilée du petit matin. Ils ont tué Federico quand pointait la lumière. Le peloton de ses bourreaux n’osa pas le regarder en face. Tous fermèrent les yeux ; ils prièrent : même Dieu n’y peut rien ! Mort est tombé Federico : – sang sur le front et plomb dans les entrailles -… C’est à Grenade qu’eut lieu le crime, sachez-le – pauvre Grenade ! -, dans sa Grenade » …

federico garcia lorca
Salvadore Dali et Federico García Lorca

Ce fut là l’hommage d’Antonio Machado après l’assassinat du poète andalou victime dès la première heure de la guerre civile espagnole. « Quelle ignominie ! Lorca était par excellence le poète le plus apolitique de la terre. Il mourut symboliquement comme la victime propitiatoire de la confusion révolutionnaire », a écrit Salvador Dalí. Pourtant, ce furent des raisons politiques qui condamnèrent Federico García Lorca, selon Ian Gibson, l’un de ses biographes. En février 1936, il apparut publiquement aux côtés du poète Rafael Alberti, de retour de Moscou, et d’écrivains espagnols membre de l’ « Alliance des intellectuels antifascistes ». Dans une interview du 10 juin 1936, Lorca déclara : « J’exècre l’homme qui se sacrifie pour une idée nationaliste abstraite simplement parce qu’il aime sa patrie les yeux bandés. […] Je suis d’abord citoyen du monde et frère de tous. Naturellement je ne crois pas à la frontière politique ». Il fut aussi chargé de porter la parole théâtrale dans toute l’Espagne, avec la troupe de La Barraca et l’appui de Fernando de los Ríos, leader socialiste et ennemi juré de la droite espagnole.

federico garcia lorca
Dernière photographie connu de Federico García Lorca sur la terrasse d’un café, Madrid, juillet 1936

Que se passa-t-il en cet été 1936 ? Albert Bensoussan rapporte les derniers jours du poète avec force dans sa belle biographie : « Federico a filé à Grenade, le lieu des siens, où il espère, en retrouvant la chaleur familiale et amicale, renaître à la vie. […] Il se rend bien sûr chez les siens, le 14 juillet 1936, mais la nouvelle est aussitôt rendue publique dans la presse locale ». Il arrivait de Madrid où fut donnée la représentation de sa dernière pièce, La Maison de Bernarda Alba. La capitale était déjà en proie aux affrontements de la guerre civile et Federico, effrayé par cette violence, s’enfuit vers « sa Grenade ». Il y rejoignit famille et proches pensant trouver là un abri assuré. À tort. « Les conspirateurs phalangistes et franquistes (qu’on n’appelle pas encore de ce nom) grouillent dans la cité bourgeoise ; ils détestent l’auteur du romancero gitan et de la républicaine Mariana Pineda, ils détestent en lui le promoteur du théâtre populaire et subversif de La Barraca qui a fait connaître à tant de consciences espagnoles la révolte de Fuenteovejuna de Lope de Vega. Il les a amenés à se montrer rebelles et à choisir l’insoumission. Et ils détestent aussi en lui le poète homosexuel, éminemment scandaleux aux yeux du puritanisme catholique qui va bientôt étouffer l’Espagne sous une chape de silence et d’interdit. Federico est inconscient de ces inimités et de ce qui se trame contre lui ».

federico garcia lorca
Maison familiale de Lorca à Grenade où le poète se réfugia quelques jours avant sa mort

Le 20 juillet, la garnison de Grenade tomba aux mains des insurgés phalangistes, les sinistres « Escadrons de la mort » qui frappèrent quelques jours plus tard à la porte de la demeure familiale, la Huerta de San Vicente, où le poète s’était réfugié. Pris de peur, Federico décida alors de faire appel à un ami grenadin, Luis Rosales, grand lecteur des poèmes lorquiens et phalangiste de surcroît, offrant, pensait Federico, la garantie d’être laissé en paix. Il vécut là en effet quelques jours de répit au milieu d’une famille qui l’accueillit de bonne grâce dans son petit cercle. Il y jouait du piano, récitait des poèmes. Mais le calme fut de courte durée.

Les phalangistes revinrent à la charge et Federico pensa aller se réfugier, sur le conseil de ses hôtes, dans la maison de Manuel de Falla. Les deux hommes avaient une grande admiration l’un pour l’autre et le prestige du compositeur, qui plus est fervent catholique, devait le mettre à l’abri de la fureur des « Escadrons de la mort », croyait-il à nouveau. Mais il était trop tard : le 17 août à 3 heures du matin, deux phalangistes et deux gardes civils l’emmenèrent à Viznar, à 9 kilomètres de Grenade. Deux heures plus tard, Federico ainsi qu’un instituteur, Galindo González et deux banderilleros de corrida, militants anarchistes, sont passés par les armes dans une oliveraie près d’une fontaine nommée « Ainadamar », source des larmes en langue arabe.

federico garcia lorca
Couverture du livre d’Antonio Otero Seco sur Federico García Lorca

Antonio Otero Seco, journaliste républicain qui l’interviewa peu de temps avant sa mort, imagina sa fin : « Peu avant le coup mortel, Federico après avoir regardé le ciel se tourna vers ses bourreaux et leur dit : « Et avec cette lune si lumineuse, vous allez quand même me tuer ? »

C’est tout ce qu’il eut le temps de dire avant qu’une balle ne lui brise le front […]. Les paysans de Grenade l’ont enterré dans un champ de blé proche de l’endroit où il a été exécuté. Depuis lors, à l’époque des semailles, ils évitent de jeter le grain sur le rectangle où Federico a célébré ses noces de sang avec la terre. Et lorsque les épis lèvent vers le soleil qui les dore la grâce de leur élégance végétale, un rectangle de coquelicots, tel un tapis de sang frais, indique l’endroit de la sépulture du poète […]. Les coquelicots fleurissent toujours. Car il n’est pas encore né en Espagne, ce lieutenant-colonel de la garde Civile capable d’arrêter et de fusiller les coquelicots.»

La réalité fut autre : le corps de Federico, mêlés à celui d’opposants fusillés ce même jour au même endroit, fut jeté dans une fosse commune recouverte de chaux vive. On ne le retrouva jamais. « Mort à l’intelligence ! » éructaient les officiers franquistes en cet été 1936. L’horreur était en marche…

« À tout jamais, et pour les générations futures, Federico García Lorca allait être le « Poète assassiné », Albert Bensoussan

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES :

Federico García Lorca, parAlbert Bensoussan, Gallimard, coll. Folio, 2010, 436 pages, ISBN 978-2-07-035583-9, prix : 10 euros.


Le Cheval bleu de ma folie : Federico García Lorca et le monde homosexuel, de Ian Gibson, traduit (de l’anglais) par Gabriel Iaculli, Seuil, Coll. Biographie, 435 pages, 2011, ISBN 978-2-02-101122-7, prix : 24.90 euros.


La dernière interview de Federico García Lorca, et autres écrits, d’Antonio Otero Seco et Mariano Otero, traduit (de l’espagnol) par Albert Bensoussan, éditions La Part Commune, 2013, 80 pages, ISBN 9782844182616, épuisé.

Marie Skłodowska-Curie sur les billets de 20 euros suscite un débat entre Varsovie et Paris

0

Alors que la Banque centrale européenne (BCE) prépare l’introduction de nouveaux billets en euros, l’une des figures retenues pour incarner le thème de la « culture européenne » suscite un débat inattendu entre la France et la Pologne. Il s’agit de Marie Skłodowska‑Curie, double lauréate du prix Nobel, figure majeure de la science moderne et personnalité au parcours éminemment européen. Le désaccord porte non pas sur son inclusion, saluée par toutes les parties, mais sur la manière de présenter son nom.

Une figure au carrefour de deux nations

Née à Varsovie en 1867, alors sous domination russe, Maria Salomea Skłodowska commence ses études en Pologne avant de rejoindre Paris à l’âge de 24 ans. C’est à la Sorbonne qu’elle poursuit sa formation en physique et chimie où elle rencontre Pierre Curie avec qui elle partagera des recherches décisives sur la radioactivité. Elle devient citoyenne française, mais n’a jamais renié ses origines polonaises, qu’elle revendique notamment en intégrant son nom de jeune fille à sa signature scientifique : Skłodowska-Curie. Elle est aujourd’hui la seule personne à avoir reçu deux prix Nobel dans deux disciplines scientifiques différentes – physique (1903) et chimie (1911). Son parcours incarne ainsi à la fois l’excellence scientifique, le cosmopolitisme européen et l’engagement des femmes dans la recherche.

Le projet de la BCE : entre culture et représentation

Depuis 2023, la BCE a lancé un processus de refonte des billets en euros, avec l’objectif de mieux refléter la diversité et l’identité culturelle de l’Europe. En janvier 2025, deux thèmes ont été retenus : « Culture européenne » et « Rivières et oiseaux ». Dans le cadre du premier thème, la figure de Marie Curie a été proposée pour figurer sur le billet de 20 euros. Une scène d’enseignement la représentant au milieu de livres et de cahiers est à l’étude. C’est l’inscription de son nom sur les ébauches de visuel qui a suscité des réactions : la mention proposée par la BCE était « Marie Curie (née Skłodowska) ».

Une controverse sur la forme, une sensibilité sur le fond

En Pologne, cette formule a été mal accueillie. Plusieurs personnalités scientifiques, médias et institutions ont exprimé leur inquiétude face à ce qu’ils perçoivent comme une minimisation du nom d’origine de la scientifique.

Le quotidien Gazeta Wyborcza s’est interrogé : « Pourquoi Marie devient-elle Marie Curie, quand Cervantes reste Miguel et Beethoven reste Ludwig ? »

Le gouverneur de la Banque nationale de Pologne a adressé une demande officielle à la BCE, plaidant pour que le nom complet « Marie Skłodowska‑Curie » soit utilisé sans parenthèses, comme un gage de reconnaissance de l’identité polonaise de la chercheuse. Pour beaucoup en Pologne, cette question dépasse la linguistique : elle touche à la mémoire nationale, à la reconnaissance internationale de figures polonaises souvent méconnues dans le récit commun européen.

La réponse de la BCE : prudence et consultations

Face à cette controverse, la BCE a confirmé qu’aucune décision finale n’avait encore été prise. L’institution a déclaré qu’elle consultait des sources historiques et linguistiques pour déterminer la forme la plus appropriée. Le compromis actuel – « Marie Curie (née Skłodowska) » – serait, selon elle, une manière de reconnaître la double appartenance culturelle de la scientifique. Des échanges sont également en cours avec l’Institut Curie à Paris, ainsi qu’avec des historiens et linguistes européens. La BCE rappelle que le processus de sélection du design définitif est prévu pour 2026, et que les nouveaux billets ne seront mis en circulation qu’après plusieurs années de production. Aucun calendrier précis n’a encore été annoncé.

Une question d’identité plus large

Au-delà de cette polémique nominale, l’épisode met en lumière les tensions symboliques qui peuvent surgir autour de la construction d’un imaginaire européen commun. Le choix des figures historiques sur les billets n’est jamais anodin : il s’agit d’une forme de reconnaissance officielle, d’un acte culturel à part entière. L’écriture d’un nom devient alors une question politique, diplomatique, mémorielle.

Cette affaire souligne également l’attention croissante portée à la représentation des femmes dans l’espace public. En tant que première femme prix Nobel, première professeure à la Sorbonne, Marie Skłodowska‑Curie incarne un jalon majeur dans l’histoire des sciences, mais aussi dans celle de l’égalité des genres. Le fait que ce soit autour d’elle qu’éclate ce débat ajoute une couche supplémentaire de sens à une décision qui, pour certains, dépasse largement le champ du graphisme monétaire.

Le choix du nom à inscrire sur le billet de 20 € reste à trancher. La BCE se trouve aujourd’hui face à un arbitrage délicat : comment concilier respect des identités nationales, lisibilité européenne et fidélité historique ? Si la mise en circulation effective des billets n’est pas prévue avant plusieurs années, le débat, lui, est déjà bien lancé.

Rennes Métropole. Quelles sont les expositions gratuites en août 2025 ?

Quelles sont les expositions gratuites à (re)découvrir à Rennes en août 2025 ? Unidivers vous invite à jeter un œil sa sélection mensuelle riche en propositions avec EXPORAMA 2025. Il y en a pour tous les goûts et tous les âges !

LE COUP DE CŒUR DE LA RÉDAC’

Juqu’au 25 septembre 2025 – Troisième nature de Grégoire Eloy aux Champs Libres (Rennes)

L’exposition du photographe Grégoire Eloy (lauréat 2021 du prestigieux prix Niépce) tire son nom de la gradation de la nature, une théorie qui accompagne la pensée des historiens du paysage, des philosophes et des anthropologues depuis l’Antiquité. La troisième nature désigne une conséquence directe des déséquilibres engendrés par l’action humaine et le changement climatique.

À découvrir dans la salle Anita Conti, Troisième nature est un voyage au cœur des paysages géologiques, forestiers et marins que Grégoire Eloy a parcouru les dix dernières années, des glaciers des Pyrénées à l’estran du Finistère. L’invitation des Champs Libres s’inscrit dans le cadre d’une résidence de création en 2023-2024, durant laquelle Grégoire Eloy a exploré photographiquement l’estran breton, développant un travail initié en 2020. Dans l’exposition, sept séquences se révèlent autant d’expéditions photographiques qui permettent de révéler l’intimité du paysage.

Infos pratiques : Salle Anita, Les Champs Libres, 10 cours des Alliés, 35 000 Rennes.
Ouvert du mardi au vendredi de 12h à 19h – Samedi et dimanche de 14h à 19h

LES EXPOS GRATUITES D’EXPORAMA 2025

Jusqu’au 7 septembre Pharmakon/Reboot de Violaine Lochu à La Criée centre d’art contemporain

Explorant la voix et le langage autant que les notions de transformation et de transposition, Violaine Lochu développe une pratique artistique à la croisée des arts visuels, de la musique expérimentale et de la poésie sonore. 

Dans Pharmakon / Reboot, elle questionne les valeurs bienfaisantes de l’art et ses capacités à guérir certaines blessures. Ses réflexions l’ont conduite à étudier les interactions entre l’humain et le végétal : elle est allée à la rencontre d’herboristes, ethnobotanistes, magnétiseurs et magnétiseuses de Mayenne avant de recueillir la parole de Rennais éprouvant différents maux. À partir de cette matière récoltée, l’artiste traduit, transpose et recompose pour créer des écritures musicales et plastiques nouvelles. L’exposition offre une réflexion autour du décloisonnement des formes et des pratiques – artistiques, médicales, sociales –, rendu possible par la mise en commun des savoirs et la (ré)invention de gestes de soin.

Le 6 septembre 2025, dans la continuité d’une recherche sur les chants des oiseaux en France et en Laponie, elle livrera une performance accompagnée de son accordéon dans laquelle elle deviendra “femme-oiseau”, engageant sa voix et son corps. Pour clôturer l’exposition, à l’aide de savoirs indigènes locaux ou lointains, la performeuse se livrera aussi à des rituels de guérison. 

Infos pratiques : Place Honoré Commeurec 35000 Rennes
Ouvert du mardi au dimanche de 13h à 19h

pharmakon reboot violaine lochu

Jusqu’au 13 septembre – Exposition de Philippe Cognée, Galerie Oniris

Philippe Cognée revient à Rennes pour une exposition personnelle autour du portrait. L’artiste aime varier son travail : il part de modèles historiques (détournements de tableaux classiques), de proches ou de lui-même. Sa technique particulière donne l’impression que les visages s’effacent, voire disparaissent pour devenir abstraction. Le spectateur est ainsi invité à recomposer en partie la figure qu’il voit, à saisir la fragilité et la sensibilité au cœur de la représentation humaine. 

Infos pratiques : 38 rue d’Antrain 35000 Rennes
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 12h puis 14h à 18h. Galerie fermée jusqu’au mercredi 6 août.

Jusqu’au 21 septembre – Mnémosyne de l’EESAB au Parlement de Bretagne

Cette exposition est réalisée en partenariat avec des personnels de l’École européenne supérieure d’art de Bretagne (EESAB), du Musée des beaux-arts de Rennes et de la Cour d’appel de Rennes. 

Le projet Mnémosyne (nom de la muse de la mémoire) est un atelier plastique lié au cours d’histoire de l’art classique de l’EESAB mené par le conservateur et professeur d’histoire de l’art classique Guillaume Kazerouni. Trois installations collectives créées par douze étudiantes et étudiants de 2e et 3e années de l’option art explorent cette l’institution et l’histoire de l’édifice qui l’abrite. 

Artistes exposés : Elisa Barthod, Ninon Bouchet, Léa Brunaud, Félix Callier, Ivan‑Vassili Chamaillard, Victor Coeugnet, Mattéa Conrod, Camille Pedrono, Jeanne Piel le Louédec, Pierre Pierron, Mariam Silagadze, Marharyta Smirnova.

Infos Pratiques : Place du Parlement de Bretagne, 35000 Rennes
Ouvert le lundi de 14h à 18h et du mardi au samedi 10h à 18h (fermé le dimanche)

Jusqu’au 21 septembre – Fleurs révoltées, Acier hacké, 40mcube (Rennes)

L’exposition est présentée dans le cadre de la cinquième édition d’Exporama, le rendez-vous rennais de l’art contemporain. Dans cette proposition, Naomi Maury crée un espace immersif qui prend la forme d’une forêt d’exosquelettes. Inspirées d’espèces en voie d’extinction ou disparue, ces prothèses interrogent les notions de pouvoir et d’hybridation, et invite à réfléchir à nos corps et leurs évolutions. « Ses sculptures mêlent halos lumineux, os en céramique, formes tubulaires en inox cintrées, et composition sonore donnant à entendre des personnes dont le corps a été abîmé. »

Infos pratiques : 48 avenue Sergent Maginot, 35 000 Rennes.
Ouvert du mercredi au samedi, de 14h à 19h

naomi maury

LES AUTRES EXPOS À (RE)DÉCOUVRIR

Jusqu’au 3 août – Cuicui à La Longère de Basalt : sons et curiosités et Lendroit Éditions 

Il ne reste plus qu’e quelques’une poignée de jours pou découvrir cette exposition réalisée par Basalt : sons et curiosités et Lendroit Édition. Les deux structures se sont réunis pour proposer trois expositions autour d’une approche culturelle et actuelle des oiseaux. À travers une sélection d’œuvres et d’objets, les différentes propositions mettent en avant l’ambivalence de la fascination pour l’animal au fort « capital sympathie » et l’état de victime avérée des activités humaines. 

Ce qui intéresse Basalt, c’est l’enregistrement, la reproduction et l’imitation de chants d’oiseaux par des moyens artificiels. Le lieu crée une exposition qui mêle enregistrements et évocations sonores en faisant se rencontrer des espèces qui ne se côtoient pas toujours dans les espaces naturels. Les œuvres choisies reflètent dans l’ensemble cette thématique actuelle de l’urgence, de la disparition et de l’appauvrissement de la biodiversité. Avec : Sandra Boss & Katerine Würtz, Marceau Boré & Valérian Henry, Wolfgang Müller, Lydie Jean-Dit-Pannel & Gauthier Tassart, Aleksander Kolkowski

Infos pratiques :
La Longère, 66-68 Canal Saint-Martin 35000 Rennes (Prairies Saint-Martin) – ouvert du mardi au samedi de 14h à 18h
Lendroit Léditions, 24 bis place du Colombier, BP 40504, 35005 Rennes – ouvert du mercredi au samedi de 14h à 18h

cui cui expo basalt lendroit editions
Sandra Boss, Bird Organ, 2024, performance sonore

Jusqu’au 31 août – Une Époque formidable de Jean-Christian Bourcart , Galerie Net plus (Cesson-Sévigné)

À l’occasion des Rencontres photographiques de ViaSilva #8, la galerie Net Plus propose découvrir le travail de Jean-Christian Bourcart, artiste majeur de la photographie contemporaine, effectué pendant sa résidence à ViaSilva. Dans un mélange entre prises de vue et intelligence artificielle générative, le photographe a imaginé un monde où la technologie façonne l’homme autant que son environnement. Ses compositions donnent à voir des futurs possibles, des univers dystopiques parfois perturbants tant l’artiste joue avec la finesse de la frontière du réel.

Infos pratiques : 60A rue de la Rigourdière, 35510 Cesson-Sévigné
Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h15.

Jusqu’au 31 août – L’alchimiste, Gilda, Suzanne et les autres. Sculptures d’Elsa Sahal au Musée des Beaux Arts – quai Emile Zola (Rennes)

Les Musée des Beaux Arts a donné carte blanche aux étudiant(e)s du master Métiers et Arts de l’Exposition de l’université de Rennes 2 pour organiser une exposition sur le travail d’Elsa Sahal. L’artiste questionne, avec ironie et manipulation des formes, les stéréotypes de genres qui traversent les générations en s’imprégnant dans l’imaginaire collectif. Ses sculptures offrent une nouvelle représentation des corps et de leurs interactions. 

Infos pratiques : Musée des Beaux Arts de Rennes – Quai Émile Zola, Rennes
Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h.

elsa sahal

Jusqu’au 21 septembre, Fantaisies d’Isabelle Arthuis au musée des Beaux-Arts de Maurepas (Rennes)

En 2022 et 2023, Isabelle Arthuis a photographié des participants d’ateliers artistiques de Maurepas portant des objets des réserves du musée des Beaux-Arts. Elle s’est inspirée de celles-ci pour créer des photographies noir et blanc. Elle a également sélectionné trente peintures et de nombreux objets afin de créer une histoire. Comme les photographies d’Isabelle Arthuis, l’exposition ne se limite pas à un seul sujet et mode d’observation. Elle invite à découvrir une multitude d’œuvres et à se questionner sur son rapport à l’art. En s’éloignant des règles formelles, Fantaisies encourage à laisser libre court à son imagination. 

Infos pratiques : 2 allée Georges-de-la-Tour 35700 Rennes
Ouvert du mercredi au dimanche (fermé les jours fériés), de 14h à 18h

Fantaisies, Isabelle Arthuis
Fantaisies, Isabelle Arthuis

Jusqu’au 21 septembre – Relique de Camille Bellot et François Pottier, centre d’art Les 3CHA (Châteaugiron)

Dans l’espace de la chapelle, gît au sol la carcasse d’une bête immense conçue par Camille Bellot, artiste plasticienne, et François Pottier, architecte, qui collaborent depuis 2018. Ensemble, ils réalisent des sculptures monumentales de créatures fantastiques, œuvres immersives qui fait naître un imaginaire. Aux matériaux neufs, ils préfèrent les rebuts usés par le temps et les usages, comme des planches de palettes, des morceaux de métal cabossé ou encore du cuir racorni. Le duo transfère la mémoire que ce matériau délaissé porte en lui pour raconter une histoire autre autour de créatures hybrides venus d’un temps ancien et mystérieux.

Au centre d’art Les 3CHA, le squelette est né en trois semaines. Tel un vestige mystérieux il traverse l’espace et les murs dans toute sa monumentalité, mais aussi sa fragilité, encerclé par les pierres anciennes.

Infos pratiques : Le Château. Blvd Julien et Pierre Gourdel, 35410 Châteaugiron
Horaires : Mercredi et vendredi 14h00 – 17h00 / Jeudi : 11h00 – 13h00 / Samedi et dimanche (juillet et août) : 11h00 – 13h00 et 14h00 – 18h00 / Dimanche (septembre) : 10h-13h

camille bellot françois pottier
© Centre d’art Les 3 CHA, Chateaugiron

Jusqu’au 2 novembre – Marionnettes, Personnages et récits d’Asie à la Maison des Cultures du Monde (Vitré)

L’exposition invite à découvrir la beauté des marionnettes asiatiques ainsi que la diversité de leurs pratiques. Dans ce vaste continent, les formes sont diverses : figurines en bois ou en peau prennent vie grâce au savoir-faire des personnes qui les manipulent, et mettent en scène des histoires ordinaires tout comme des récits mythiques.

Infos pratiques : 2 rue des Bénédictins, 35500 Vitré.
Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h.

maison cultures monde marionnettes

Article réalisé par Pauline Menguy et Emmanuelle Volage

Articles connexes :

Et retrouvez tout l’agenda de vos sorties à Rennes ici

Rétrospective de l’artiste Georges Mathieu, inventeur de l’abstraction lyrique à la Monnaie de Paris

0

Georges Mathieu (1921-2012) restera l’artiste qui aura le plus marqué l’environnement visuel de ses contemporains avec ses images abstraites, des affiches aux génériques de télévision, en passant par les médailles et la monnaie. L’exposition à La Monnaie de Paris est à découvrir jusqu’au dimanche 7 septembre 2025.

Organisé par les commissaires Christian Briend, chef du service des collections modernes du Centre Pompidou, Éric De Chassey, directeur général de l’Institut national d’histoire de l’art, et Béatrice Coullaré, responsable de la conservation et des collections de la Monnaie de Paris, le parcours de l’exposition retrace la carrière de Georges Mathieu depuis les années 1940 et jusqu’aux années 1990 pour la création d’un expressionnisme abstrait international ! Même si la personnalité publique hors-norme de l’artiste fait polémique, Georges Mathieu assure sa place dans la culture populaire. Ses images abstraites sont devenues un style-signature ; elles se sont incarnées dans des peintures, et aussi sur tous les supports de la modernité…

L’exposition sur Georges Mathieu est une rétrospective de l’exposition Dix-huit moments de la conscience occidentale, présentée il y a plus de cinquante ans à l’Hôtel de la Monnaie, en 1971. À l’origine d’une collaboration entre le Centre Pompidou et la Monnaie de Paris, l’exposition 2025 met notamment en lumière son œuvre picturale et ses nombreuses créations pour l’institution monétaire, dont la pièce de 10 francs en 1974 qui reste la production la plus emblématique de Georges Mathieu.  Avec elle, l’artiste a choisit d’évoquer et de symboliser le progrès technique et industriel des Trente Glorieuses (1945-1975). Georges Mathieu a aussi réalisé des timbres postaux.

Monnaie de Paris
Monnaie de Paris

Pour prolonger l’exposition sur Georges Mathieu, La Monnaie de Paris a souhaité montrer les échos de l’œuvre de l’artiste dans les pratiques et les gestes artistiques de l’art urbain. Elle invite six artistes du graffiti de plusieurs générations à intervenir in situ : JonOne ; Lek & Sowat ; Nassyo ; Camille Gendron et Matt Zerfa, autour de dessins du peintre que chacune et chacun d’entre eux a sélectionnés. 

La pratique du signe-signature, la rapidité d’exécution, les performances en public, les très grands formats sont toutes ces caractéristiques de la peinture de Georges Mathieu, qui passionnent les artistes qui ont été conviés.

Qui était Georges Mathieu ?

De sa vraie identité Georges Victor Mathieu d’Escaudoeuvres, Georges Mathieu est né le 27 janvier 1921 à Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais, au sein d’une famille de banquiers. Il fait des études de lettres, de droit et de philosophie à l’Université de Lille (59). En 1942, il réalise ses premières peintures à l’huile. Pendant quelques années, il exerce le métier de professeur puis se lance dans une carrière artistique.

Dans les années 1940, Georges Mathieu est un acteur important de l’abstraction informelle ; il développe une non figuration psychique, qui mêle graphismes abstraits et formes organiques. Sa technique consiste à écraser le tube de couleur directement sur la toile. En 1947, il expose ses toiles au Salon des réalités nouvelle ; elles sont faites de tâches directement jaillies du tube ! Cette période dite : des Limbes va évoluer vers des signes plus autonomes au début des années 1950. 

Monnaie de Paris

Les années 1950 marquent une nouvelle phase dans l’œuvre de Georges Mathieu, caractérisée par des signes autonomes sur des fonds uniformes. Techniquement, l’artiste rehausse de tracés rouges d’épais graphismes noirs et s’inspire de l’histoire médiévale française. Il réalise aussi des peintures monumentales qui combinent l’abstraction gestuelle et les références historiques, que l’artiste appelle l’abstraction lyrique. La technique consiste à mettre l’accent sur l’acte de peindre en suivant des impulsions physiques ou psychiques. Ces peintures trouvent inspiration dans les épisodes guerriers de l’Ancien Régime

En 1957, Georges Mathieu voyage au Japon, pays pour lequel il éprouve un grand intérêt pour l’esthétique zen ! En 1964, il illustre le livre de Robert Godet : Le Judo de l’esprit , et en 1971, il peint  Karaté, au début du film : Mathieu ou la Fureur d’être. Cette séquence illustre le risque et la vitesse, qui sont le fondement de sa pratique artistique. 

Monnaie de Paris

Au cours des années 1960, Georges Mathieu se livre à de drastiques réductions chromatiques : de longs filets sortent du tube de peinture ! le graphisme blanc sur blanc ne s’accompagne que de quelques discrets aplats de couleurs. La Manufacture nationale de la céramique de Sèvres (93) passe commandes à Georges Mathieu, qui applique ce minimalisme sur des services de porcelaine, présentant des filets d’or sur blanc. 


Les années 1980 marquent un étonnant retour à la figuration pour Georges Mathieu qui continue de produire des peintures pleinement abstraites. La Libération d’Orléans par Jeanne d’Arc constitue, par son titre poético-psychologique, une sorte de désenchantement.

Monnaie de Paris

Georges Mathieu s’éteint à 91 ans, le 10 juin 2012 à Boulogne-Billancourt (92). Il repose au cimetière de Montmartre dans le 18e arrondissement de Paris.

Brève histoire de la Monnaie de Paris

La Monnaie de Paris est la plus ancienne institution de France ; elle est aussi l’une des plus vieilles entreprises du monde. C’est en 864, que le roi Charles II (823-877), petit-fils de Charlemagne, décide de créer un atelier monétaire parisien attaché à la Couronne. Les monnaies étaient frappées à la main, au moyen d’un marteau.

En 1691, vingt-sept ateliers de fabrication de monnaies jalonnaient le territoire français. Le roi Louis XV, s’empare du vaste et prestigieux terrain de l’ancien Hôtel de Conti, et décide d’y implanter le siège de la frappe de ses monnaies ; il est officiellement installée quai de Conti, le 20 décembre 1775. Aujourd’hui, La Monnaie de Paris est le seul atelier en France à produire sans interruption depuis sa création…

Infos pratiques :

Exposition Georges Mathieu, jusqu’au 7 septembre 2025
11, Quai de Conti – 6e arrondissement de Paris

Tous les jours du mardi au dimanche de 11h à 18h – Fermeture le lundi –
Contact : 01 40 46 56 66

monnaie de paris

Rennes Prison de Vezin-le-Coquet : nouvelle agression dans la cocotte-minute

0

À la lisière ouest de Rennes, le centre pénitentiaire de Vezin-le-Coquet cristallise les maux profonds de l’institution carcérale française : surpopulation chronique, sous-effectif dramatique, dégradation des infrastructures, et crise psychiatrique latente. Depuis la mi-juillet, une série d’agressions et d’incendies, sur fond de canicule, met en lumière un établissement au bord de la rupture. Le personnel, à bout de nerfs, parle désormais d’un système qui « craque de partout ».

Une spirale d’incidents inquiétante

Le 16 juillet 2025, un détenu a tenté d’étrangler un gradé. Le 24 juillet, un autre assène un coup de poing à un agent. Et le 28 juillet, un surveillant est violemment agressé au menton, envoyé à l’hôpital avec deux points de suture. L’agresseur, connu pour son instabilité mentale, a profité d’une extraction judiciaire pour frapper l’agent, avant d’être maîtrisé et placé au quartier disciplinaire.

Ce sont là les trois dernières agressions en moins de deux semaines. Mais elles s’ajoutent à une série d’incendies récents : feu de promenade le 29 juin, cellule incendiée le 2 juillet. À chaque fois, les causes sont les mêmes : tension extrême, chaleur insupportable, absence de moyens adaptés.

Un personnel exténué, un encadrement défaillant

Le 29 juillet, le syndicat FO-Justice a lancé un débrayage dès 7h, ralentissant l’établissement pendant toute la matinée. Dans un communiqué, il fustige une administration pénitentiaire « qui détourne le regard », laisse des « profils dangereux déambuler au milieu des autres », et refuse d’admettre l’état d’urgence. L’UFAP-Unsa Justice avait déjà alerté début juillet sur la sous-estimation des faits par la direction et le sous-effectif chronique. Il manque plus de 40 surveillants.

Certains quartiers, dont celui de semi-liberté, sont parfois encadrés par un seul agent. La fatigue psychologique gagne tous les étages. « Il faut attendre un drame pour que les choses bougent ? », s’indigne un surveillant. La réponse disciplinaire reste timide : des sanctions symboliques, ressenties comme des aveux d’impuissance.

Une bombe psychiatrique dans les murs

À Vezin, comme dans la majorité des prisons françaises, le profil des détenus évolue. Les cas de troubles mentaux graves se multiplient. Certains, non diagnostiqués, ne relèvent pas de l’incarcération classique mais de structures spécialisées. Le Service Médico-Psychologique Régional (SMPR) ne peut pas suivre. L’hôpital Guillaume-Régnier non plus. Résultat : des personnes en grande détresse psychique sont maintenues en détention ordinaire, sans soins, sans encadrement adéquat.

Le syndicat FO-Justice l’affirme : « L’augmentation des profils psychiatriques devient ingérable ». Le détenu ayant agressé l’agent le 28 juillet s’amusait à se maquiller avec du dentifrice dans une cellule insalubre. Une caricature tragique d’un échec institutionnel.

Une prison sous tension thermique et humaine

Construit pour accueillir 690 détenus, le centre en abrite aujourd’hui plus de 840, soit un taux d’occupation moyen de 120 %, avec des pointes à 163 %. L’été 2025, caniculaire, transforme les cellules en étuves où la température dépasse les 40 °C. Certains dorment à même le sol, sans ventilation. Cette promiscuité extrême accroît les violences, les passages à l’acte, les crises de nerfs, les suicides évités de peu.

Que faire ? Quatre urgences absolues

  • Rénover thermiquement et sécuritairement le centre : ventilation efficace, caméras modernisées, zones tampons, espaces de désencombrement psychique.
  • Recruter en urgence des surveillants, officiers et personnels médicaux-psychiatriques.
  • Réduire la surpopulation par une politique pénale plus souple pour les délits mineurs, des aménagements de peine et un meilleur suivi extérieur.
  • Créer des unités spécialisées psychiatriques, avec un encadrement formé et une prise en charge digne.

La leçon venue d’ailleurs

Les Pays-Bas et la Scandinavie ont emprunté une autre voie. Les premiers ont fermé des dizaines de prisons grâce à la dépénalisation, au bracelet électronique et à une philosophie de réinsertion. Les seconds, de Bastøy (Norvège) à Österåker (Suède), misent sur l’humanité carcérale, l’autonomie et la reconstruction. Résultat : moins de récidive, moins de souffrance, plus de cohésion sociale.

Un tournant à ne pas manquer

Vezin n’est pas un cas isolé. Mais il est devenu un concentré des failles du système. Sa dégradation rapide doit alerter, non être minimisée. L’établissement peut devenir un laboratoire d’expérimentations nouvelles – si l’on cesse de penser la prison comme une impasse punitive, et qu’on ose en faire un lieu de transition, de soins et de sens.

Sans cela, le pire est à craindre. Le risque de soulèvement collectif est réel. Le personnel est à bout. Les détenus, nombreux, souffrent en silence. Et les briquets circulent…

Les 15 plages françaises préférées des vacanciers en 2025 sont…

Chaque été, les plages françaises attirent des millions de visiteurs. Mais certaines parviennent à conquérir plus de cœurs que d’autres. Selon le classement Holidu 2025, la Bretagne s’impose comme la grande gagnante, raflant trois des cinq premières places. Du Finistère aux Caraïbes, en passant par la Normandie ou la Corse, voici les quinze plages les plus aimées de l’année, avec pour chacune une immersion sensible, une histoire locale… et le bon point GPS.

1. Plage des Blancs Sablons – Le Conquet, Finistère

Description : Cette anse majestueuse, orientée plein ouest, déroule ses 2,5 km de sable blond entre les falaises du pays d’Iroise et la presqu’île de Kermorvan. Battue par les vents, cernée de dunes protégées, elle offre un sentiment de liberté total. On y vient pour marcher face à la houle, contempler l’île de Béniguet ou s’essayer au surf dans des eaux d’un bleu métallique.

Le saviez-vous ? C’est ici que des passionnés ont organisé, dans les années 1980, les premières compétitions de surf breton sur des planches bricolées à la main. Une naissance officieuse du surf armoricain.

Adresse : Presqu’île de Kermorvan, 29217 Le Conquet

Plage des Blancs Sablons
Plage des Blancs Sablons – Le Conquet, Finistère

2. Plage de Pen Hat – Camaret-sur-Mer, Finistère

Description : Cachée entre les falaises de la presqu’île de Crozon, cette plage de sable brut est l’un des paysages les plus dramatiques de Bretagne. L’eau y est dangereuse, les courants violents, mais la beauté des lieux saisit immédiatement : c’est un théâtre naturel, fait pour les contemplatifs, les photographes, ou les marcheurs en quête de solitude.

Le saviez-vous ? La plage a servi de décor à plusieurs films d’auteur français, attirés par sa lumière minérale et ses airs de bout du monde.

Adresse : Route de Pen Hat, 29570 Camaret-sur-Mer

Plage de Pen Hat
Plage de Pen Hat

3. Plage des Grands Sables – Île de Groix, Morbihan

Description : Unique en Europe, cette plage est convexe : elle bombe vers la mer et se déplace lentement sous l’action des vents et des courants. Son sable blanc aux reflets rosés, son eau translucide et son cadre sauvage en font une perle rare. Idéale pour ceux qui veulent fuir les plages trop lisses et savourer l’étrangeté d’un site mouvant.

Le saviez-vous ? Selon les relevés géographiques, la plage s’est déplacée d’environ 30 mètres en dix ans, glissant doucement vers l’est comme un animal marin en migration.

Adresse : Sentier côtier, 56590 Île de Groix (accès par bateau depuis Lorient)

Plage des Grands Sables
Plage des Grands Sables – Île de Groix, Morbihan

4. Plage de Grande Anse – Deshaies, Guadeloupe

Description : Cette immense plage de sable blond ourlée de cocotiers est un classique de la côte ouest guadeloupéenne. Sa pente douce et ses eaux tièdes attirent familles, rêveurs et photographes. On y entend le ressac comme une respiration lente. À l’heure dorée, les couchers de soleil y sont dignes des plus belles cartes postales tropicales.

Le saviez-vous ? La série britannique « Meurtres au paradis », tournée à Deshaies, y a planté plusieurs de ses intrigues, immortalisant ses courbes et son atmosphère paisible.

Adresse : D14, 97126 Deshaies

5. Plage d’Étretat – Seine-Maritime, Normandie

Description : Galets gris, falaises blanches et arches sculptées par la mer : la plage d’Étretat est une icône. Ce lieu mythique fascine depuis le XIXe siècle peintres, poètes et promeneurs. Le panorama sur l’aiguille et la Manneporte, ces formations calcaires fantastiques, offre un spectacle changeant selon les marées et la lumière.

Le saviez-vous ? Maurice Leblanc y a situé l’un des plus grands secrets d’Arsène Lupin, caché dans « L’Aiguille creuse ». Depuis, les amateurs du gentleman cambrioleur s’y promènent en quête de mystère.

Adresse : Front de mer, 76790 Étretat

6. Omaha Beach – Colleville-sur-Mer, Calvados

Description : Étendue immense de sable beige, bordée de dunes, Omaha Beach n’est pas seulement une plage : c’est un mémorial à ciel ouvert. Le calme actuel contraste avec les images du Débarquement du 6 juin 1944. Chaque pas sur le sable semble chargé d’histoire. Aujourd’hui, les familles s’y baignent dans un silence respectueux.

Le saviez-vous ? Chaque année, des vétérans américains ou leurs descendants viennent s’y recueillir, drapeaux à la main, sur les traces du « D-Day ».

Adresse : Avenue de la Libération, 14710 Colleville-sur-Mer

7. Calanque de Port Pin – Cassis, Bouches-du-Rhône

Description : Nichée entre falaises et forêt, Port Pin est une calanque aux eaux vert turquoise bordée de pins d’Alep qui embaument l’air. Moins fréquentée que sa voisine d’En-Vau, elle se mérite après une randonnée de 30 minutes. On s’y baigne dans une crique cristalline, loin du tumulte, avec le chant des cigales en fond sonore.

Le saviez-vous ? Le nom « Port Pin » vient des nombreux pins qui surplombent la calanque et dont les racines s’agrippent au calcaire avec une ténacité poétique.

Adresse : Sentier du Petit Prince, 13260 Cassis

8. Plage de la Perle – Sainte-Rose, Guadeloupe

Description : Sauvage et peu aménagée, cette plage ourlée de raisiniers de bord de mer offre une vue dégagée sur l’Atlantique. Le sable y est ocre, les rouleaux puissants, et la tranquillité absolue. Parfaite pour lire à l’ombre ou marcher seul, entre deux mondes.

Le saviez-vous ? Parfois, à marée basse, on y trouve des fragments de coraux polis par les vagues, appelés « perles de mer » par les habitués.

Adresse : Route de la Plage, 97115 Sainte-Rose

9. Baie des Trépassés – Plogoff, Finistère

Description : Entre la Pointe du Raz et celle du Van, la baie semble hors du temps. Sable fin, vagues brutes, ciel mouvant. Les surfeurs s’y donnent rendez-vous, mais l’essentiel est ailleurs : dans l’énergie tellurique du lieu, où la terre s’achève dans un grand souffle minéral.

Le saviez-vous ? Son nom viendrait d’un culte celte : les âmes des morts y prenaient jadis la mer pour rejoindre l’Île d’Avalon.

Adresse : D7, 29770 Plogoff

10. Plage du Cap Blanc-Nez – Escalles, Pas-de-Calais

Description : Plage au pied de hautes falaises de craie, balayée par les vents et les grandes marées. Par temps clair, on aperçoit les côtes anglaises. Les couleurs oscillent entre le gris ardoise du ciel, le blanc éclatant des falaises et le vert tendre des prairies surplombantes.

Le saviez-vous ? Les parapentistes s’y élancent depuis le sommet pour voler au-dessus de la mer, à la verticale des bunkers recouverts d’herbe.

Adresse : Route du Cap, 62179 Escalles

11. Grande Plage – Saint-Lunaire, Ille-et-Vilaine

Description : Longue courbe de sable fin bordée de villas Belle Époque et d’un petit casino. L’ambiance y est à la fois chic, familiale et doucement nostalgique. La vue sur la baie de Saint-Malo est superbe au coucher du soleil, et les promeneurs y croisent les rêveurs au pied des rochers sculptés par les embruns.

Le saviez-vous ? Paul Valéry venait y écrire en villégiature dans les années 1920, fasciné par la lumière nordique de cette côte bretonne.

Adresse : Boulevard de la Mer, 35800 Saint-Lunaire

12. Plage de Saleccia – Santo-Pietro-di-Tenda, Haute-Corse

Description : Accessible uniquement à pied, en 4×4 ou en bateau, cette plage du désert des Agriates semble irréelle : eau translucide, sable blanc et silence total. Aucun bâtiment à l’horizon. On y a l’impression d’arriver au bout du monde, ou du moins en dehors du temps.

Le saviez-vous ? Elle fut choisie comme décor dans le film « Le Jour le plus long », pour représenter… une plage normande.

Adresse : Accès par Casta ou par navette maritime depuis Saint-Florent, 20246 Santo-Pietro-di-Tenda

13. Utah Beach – Sainte-Marie-du-Mont, Manche

Description : Une plage sobre, douce et chargée de mémoire. Moins spectaculaire qu’Omaha mais tout aussi marquée par l’histoire. Elle s’étend entre dunes et bocage, avec un musée du Débarquement très pédagogique à proximité.

Le saviez-vous ? Les troupes américaines y ont débarqué dès l’aube du 6 juin 1944, ouvrant la voie vers la libération de la France.

Adresse : Route de la Plage, 50480 Sainte-Marie-du-Mont

14. Plage des Salines – Sainte-Anne, Martinique

Description : Probablement la plus emblématique de Martinique. Des kilomètres de sable blanc, des cocotiers penchés, une mer bleu lagon. Très fréquentée mais jamais étouffante, elle évoque l’imaginaire pur de la plage caribéenne parfaite.

Le saviez-vous ? De nombreux couples antillais choisissent cet endroit pour leurs photos de mariage ou pour échanger leurs vœux pieds nus dans le sable.

Adresse : Route des Salines, 97227 Sainte-Anne

15. Plage de Tourony – Trégastel, Côtes-d’Armor

Description : Cernée de rochers en granit rose et face au château de Costaérès, cette petite plage protégée est un écrin poétique. L’eau y est calme, les enfants peuvent s’y baigner en toute sécurité, et les couchers de soleil y prennent une teinte d’aquarelle rose et or.

Le saviez-vous ? De nombreux peintres et illustrateurs bretons viennent y travailler en plein air, fascinés par la lumière changeante des roches et des marées.

Adresse : Rue de Tourony, 22730 Trégastel

Des criques confidentielles aux plages mythiques, la France offre un éventail d’émotions maritimes inégalé. Il ne vous reste qu’à choisir la vôtre.

Et si l’on savait enfin pourquoi on dort ? Le stress électrique…

0

Il y a des questions que l’on se pose depuis toujours, sans vraiment y répondre. Pourquoi mange-t-on ? Facile. Pourquoi respire-t-on ? Évident. Mais pourquoi dort-on ? Voilà un mystère biologique que la science traîne depuis des décennies. En juillet 2025, une équipe de chercheurs de l’Université d’Oxford a publié dans Nature une découverte qui pourrait bien marquer un tournant. Le besoin de sommeil naîtrait d’un stress… électrique, au cœur même de nos cellules.

Des microcentrales sous tension

Le héros discret de cette histoire s’appelle la mitochondrie. Un organite minuscule, présent dans chacune de nos cellules, et chargé de produire l’énergie dont nous avons besoin. Mais cette centrale énergétique a un défaut : quand elle tourne à plein régime, elle perd des électrons. Ces électrons en fuite créent des molécules toxiques (les ROS, ou dérivés réactifs de l’oxygène) qui abîment la cellule si rien ne les arrête.

Et c’est là que le sommeil entre en jeu.

Quand le niveau de stress devient trop élevé dans certaines cellules nerveuses spécialisées – celles qui contrôlent le sommeil –, c’est comme si un disjoncteur biologique se déclenchait. Un signal est envoyé au cerveau : il est temps de dormir, pour éviter les dégâts.

« Il est crucial d’éviter que les mitochondries perdent trop d’électrons. Sinon, elles produisent des molécules qui détériorent les cellules », explique le Dr Raffaele Sarnataro, premier auteur de l’étude.

Des mouches pour percer le secret humain

Pour tester leur hypothèse, les scientifiques ont utilisé… des mouches. En modifiant l’activité électrique de leurs mitochondries, ils ont réussi à rallonger ou raccourcir leur temps de sommeil. Une preuve spectaculaire que c’est bien cette surcharge électrique qui déclenche l’envie irrépressible de dormir. Mais ce n’est pas qu’une histoire de mouches.

Un signal universel : quand le cerveau dit stop

Cette découverte change tout. Elle lie trois grandes fonctions de l’organisme :

  • le sommeil,
  • le métabolisme (la manière dont notre corps produit de l’énergie),
  • et le vieillissement cellulaire.

« Nous voulions comprendre à quoi sert le sommeil, et pourquoi nous le ressentons si fortement », raconte le Pr Gero Miesenböck, co-auteur de l’étude.
« Nos résultats montrent que la réponse pourrait se cacher dans le mécanisme même qui nous maintient en vie : la respiration cellulaire. »

Autrement dit, si l’on ne dormait pas, nos cellules brûleraient trop de carburant, trop vite. Et finiraient par s’abîmer. Dormir devient alors un acte de réparation, imposé par nos cellules elles-mêmes.

Dormir pour survivre

Ce lien profond entre mitochondries, stress métabolique et sommeil permet aussi d’expliquer pourquoi les maladies mitochondriales s’accompagnent souvent d’une fatigue chronique extrême. Les patients n’ont pas seulement sommeil… leur corps l’exige, pour limiter les dégâts.

Et si ce signal, ce « trop-plein électrique » des mitochondries, était la véritable horloge cachée derrière notre rythme de sommeil ? C’est l’hypothèse que les chercheurs commencent à explorer.

Cette étude répond peut-être, pour la première fois, à une question vieille comme l’humanité : et si l’on dormait pour que nos cellules puissent souffler un peu ?

Pour aller plus loin : d’autres théories complémentaires

Le dernier résultat de l’étude s41586‑025‑09261‑y offre une explication physique objective au besoin de dormir : nos mitochondries envoient un signal d’alerte quand le stress électrique atteint un seuil critique, ce qui déclenche l’endormissement pour protéger les cellules. Cela s’ajoute à d’autres hypothèses sur la réinitialisation neuronale, les cycles homéostatiques et le contexte évolutif humain. Ensemble, ces approches donnent un éclairage riche et multidimensionnel sur pourquoi l’humain ne peut pas se passer du sommeil.

D’autres recherches récentes fournissent des explications supplémentaires sur le besoin de dormir :

Réinitialiser le cerveau comme un ordinateur

Keith Hengen et collègues ont montré que le sommeil sert à restaurer la « puissance de calcul » optimale du cerveau : au fil de la journée, les circuits neuronaux s’éloignent d’un fonctionnement idéal, et le sommeil rétablit cet état en réinitialisant les réseaux

Régulation homéostatique et circadienne

Le besoin de dormir s’accumule (processus homéostatique) via des substances comme l’adénosine, tandis que l’horloge biologique synchronise notre sommeil à l’alternance jour‑nuit grâce à la mélatonine et à des gènes horloge (CLOCK, Per, Cry…)

Évolution et sécurité en groupe

Selon plusieurs experts, le sommeil profond chez l’humain a évolué chez des sociétés vivant en groupe, où la vigilance collective permettait de dormir plus efficacement en toute sécurité, contrairement à d’autres espèces vulnérables pendant leur sommeil

Rennes. Jean-Louis Coatrieux et Albert Bensoussan dialoguent dans un Duo solo

Dans Duo Solo – Dialogue, les Rennais Jean-Louis Coatrieux et Albert Bensoussan parlent du monde et la vie alors que celui-ci était en proie à une crise désarmante. Dans l’immatérialité d’une correspondance numérique, leur échange prend aujourd’hui la forme d’un livre, publié aux éditions Chemins de tr@verse, dans lequel le duo révèle une relation amicale authentique.

Jean-Louis Coatrieux est un homme de Sciences – chercheur spécialisé dans l’imagerie médicale numérique ; Albert Bensoussan est homme de Lettres – romancier et traducteur de l’écrivain péruvien (naturalisé espagnol) Mario Vargas Llosa, disparu le 13 avril 2025. Ces deux amis de longue date ont plus d’un point commun : ils ont tous deux été enseignants, le premier à l’Université de Rennes, le second l’espagnol à l’université Rennes 2. « Toi à l’ouest, moi à l’est, toi dans l’effervescence et l’exubérance des gens de lettres, moi enfermé dans la tranquillité et le silence de sciences », écrit Jean-Louis Coatrieux (page 47). Mais l’un des plus forts est sans nul doute cette sensibilité commune pour l’écriture, les mots tout simplement. L’un comme l’autre ont plusieurs ouvrages à leur actif et cette capacité à faire naître des histoires dans la sincérité d’un ton qui leur est propre, souvent sur la base d’une réalité transformée en fiction qui atteint les lecteurs et lectrices avec émotion.

Ces deux âmes narratives coexistent aujourd’hui dans une correspondance épistolaire débutée au printemps 2020, dans l’isolement de la pandémie du coronavirus. Quand le pays sort de l’obscurité et respire de nouveau, leur échange se poursuit pendant quatre années, quatre années portées par la sincérité d’un lien et la liberté d’un ton. « On a commencé à écrire nos impressions à être enfermés chacun chez soi, et notre dialogue a pris forme dès l’instant », souligne Albert Bensoussan. « Nous avons rassemblé pendant 4 ans ces courriels, sans en changer un mot, et les avons publiés tels quels, en introduisant des titres pour aérer le texte suivant l’orientation qu’il prenait » Si Duo Solo est né dans l’immatériel du virtuel, la connexion entre eux est quant à elle bien palpable : avec la finesse qu’ont les intellectuels, l’érudition et la pédagogie qui les caractérisent tous deux, ils parlent du monde et de ses fractures, des lumières de l’enfance, du vertige du temps, des livres, des peurs, des renaissances.

« Nous avons trop de choses à nous dire pour avoir trop tardé à nous rencontrer. Comment se fait-il d’ailleurs, qu’arpentant les mêmes rues et souvent les mêmes trottoirs de Rennes, nous ne nous soyons pas croisés dans notre jeunesse ? » (Jean-Louis Coatrieux, page 47)

La forme épistolaire rappelle les grands ouvrages qui ont marqué le genre, et même la littérature : Les Liaisons dangereuses de Laclos, La Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau ou encore Lettres persanes de Montesquieu. « Il y a eu des quantités de livres fondés sur des échanges de lettres, l’un des plus célèbres étant les lettres de Madame de Sévigné. Mais nous n’avions pas cette ambition », exprime le romancier et traducteur. « Ce livre est une réflexion courante, ordinaire sur les mille et une choses de la vie quotidienne et les événements, souvent dramatiques ou tragiques qui défilaient devant nous (sur l’écran ou à la radio). »

Cet ouvrage est à l’image des deux hommes, modeste, mais riche d’un savoir qu’ils aiment partager. Quand on les connaît, on apprécie ces échanges riches qui cultive la curiosité, fasciné par cette connaissance qui semble infinie et dit beaucoup sur leurs passions pour l’humain et la culture ; on se nourrit de leurs réflexions pointues qui donnent à réfléchir sur le monde. Duo Solo, c’est au final Albert Bensoussan et Jean-Louis Coatrieux.

duo solo coatrieux bensoussan

On entre dans l’intimité de leur relation, dans la profondeur de deux protagonistes qui se connaissent, s’écoutent et se laissent librement parler. En publiant cet échange, les deux se mettent à découvert. Se livrer sur le monde et sa vie dans l’espace réduit d’un tête-à-tête amical, c’est une manière de se confier sans crainte sur ses peurs et ses espoirs. Ne pas avoir modifié le texte et avoir conservé cette spontanéité renforcent justement l’authenticité du lien. « Chacun évoque son vécu, son enfance, son exil, les avatars de la vie. Dans l’intimité de l’échange amical, il est certain que, sans artifice et sans fards, chacun se met à nu. Après coup, nous avons bien vu à quel point chacun était sincère, mais l’amitié n’est-elle pas fondée sur cette exigence ? »

Duo Solo – Dialogue de Jean-Louis Coatrieux et Albert Bensoussan. Éditions Chemins de traverse. 230 pages. 20€. Parution : 15/05/2025

Articles connexes :

Morbihan. Centre Bouddhique Drukpa Plouray : exposition exceptionnelle des Reliques Sacrées du Bouddha en août

Du 1er au 10 août 2025, le Centre Bouddhique Drukpa de Plouray, perché dans la verdure paisible du Morbihan, devient le théâtre d’une rencontre sacrée. À cette occasion, des Reliques Sacrées du Bouddha Shakyamuni, venues de la Grande Pagode de Vincennes, seront exceptionnellement exposées au public, sous la bénédiction de Sa Sainteté Gyalwang Drukpa. Une opportunité unique pour les pratiquants, les curieux, les passionnés de spiritualité et d’histoire de se recueillir, méditer, découvrir et recevoir les bénédictions de ces trésors millénaires.

Les Reliques : un pont entre histoire, foi et sagesse

Vénérées sous le nom de « shariras », ces reliques du Bouddha sont les restes cristallisés retrouvés après sa crémation.
Elles sont considérées, dans la tradition bouddhiste, comme le support physique de l’éveil, de la compassion et de la sagesse du Bouddha. Témoin matériel d’une présence spirituelle intemporelle, leur exposition est un acte rare, lourd de sens pour ceux qui cherchent une connexion intérieure, une paix, une inspiration.

Drukpa Plouray bouddha

« Ces Reliques ne sont pas des objets d’idolâtrie, mais des signes tangibles d’accomplissement spirituel. Elles suscitent la foi, la sagesse, et la paix. »
— Lopön Thrinlé Tenzin, co-président de l’Union Bouddhiste de France

Une histoire qui traverse les siècles

Les reliques exposées ont une trajectoire singulière.
Découvertes en 1898 dans le nord de l’Inde, près de Lumbini, dans un stupa oublié, par l’Anglais William Peppe, elles ont été authentifiées comme appartenant au Bouddha et à la famille Sakya.
L’empereur Ashoka, fervent bouddhiste, fit ériger ce stupa 150 ans après la mort du Bouddha pour les y accueillir.
Offertes en 1899 au roi bouddhiste de Siam (Thaïlande), elles furent installées dans le temple de la Montagne d’Or à Bangkok.
En 2009, 111 ans après leur arrivée à Bangkok, les patriarches thaïlandais décident de confier une partie de ces reliques à l’Occident, et choisissent la France, terre de diversité et de droits humains.
Elles sont aujourd’hui conservées à la Grande Pagode de Vincennes sous la garde de l’Union Bouddhiste de France.

Drukpa Plouray bouddha

Au programme : spiritualité vivante et partage culturel Dates :

Exposition du 1er au 10 août 2025
Cérémonie d’accueil : jeudi 31 juillet à 17h
Départ des Reliques : lundi 11 août en fin de matinée

Horaires :

Ouverture au public tous les jours de 10h à 18h

Activités proposées :

  • Exposition dans le temple principal
  • Visites guidées du parc, des statues, monuments, thangkas, objets rituels
  • Cérémonies traditionnelles et rituels quotidiens
  • Espace méditation en silence
  • Conférences publiques les dimanches 3 et 10 août à 15h :
    • « Le Bouddha et le Bouddhisme, sa vie et son enseignement »
    • « La voie du Bouddha : sagesse et compassion »
      Par Lopön Thrinlé Gyatso, premier moine occidental de la lignée Drukpa
  • Espace boutique : livres, artisanat sacré, encens, bols chantants
  • Cafétéria végétarienne : cuisine simple, bio et respectueuse
Drukpa Plouray bouddha

Témoignages et paroles des guides spirituels

« J’ai demandé que nous accueillions ces Reliques comme nous accueillerions le Bouddha lui-même. Chaque personne pourra créer un lien intime et silencieux avec l’activité éveillée du Bouddha. »
— Drubpon Ngawang Tenzin, directeur spirituel du Centre Drukpa Plouray

« Ces reliques sont des supports de transformation intérieure. Elles nous rappellent que chacun peut, dans sa vie, cultiver la sagesse et la compassion. »
— Lopön Thrinlé Tenzin

Drukpa Plouray bouddha
Portraits de Drubpon Ngawang Tenzin, directeur spirituel du centre Bouddhique et de Lopön Thrinlé Tenzin

Un centre ouvert sur le monde, enraciné dans la Bretagne

Le Centre Drukpa Plouray, fondé en 1980, est l’un des premiers centres bouddhiques tibétains en Europe. Niché au cœur d’une nature généreuse, il incarne l’alliance entre intériorité, enseignement, accueil et action.
Lieu de retraites, de formations et de cérémonies, il est un pont entre l’Orient et l’Occident, entre tradition et modernité.

Informations pratiques

Lieu :
Centre Bouddhique Drukpa Plouray
Bel Avenir, 56770 Plouray – Morbihan, Bretagne
Accès, hébergement, et infos pratiques : www.drukpa.eu

Entrée libre
 Restauration végétarienne sur place

Contact :
officedrukpaplouray@gmail.com

Rennes M. Des aides pour aider les propriétaires à mieux gérer l’eau

Dans un contexte de dérèglement climatique marqué par des sécheresses estivales répétées, l’agglomération de Rennes propose une aide financière destinée aux propriétaires souhaitant réduire leur consommation d’eau ou désimperméabiliser leurs sols. Objectif : préserver la ressource, limiter le ruissellement urbain et accompagner les citoyens vers une gestion plus durable de l’eau.

Un appel à manifestation d’intérêt pour inciter au changement

Ce dispositif s’inscrit dans un appel à manifestation d’intérêt (AMI) ouvert depuis l’été 2025. Il est lancé en partenariat avec l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne et la Collectivité Eau du Bassin Rennais, et concerne les 43 communes de Rennes Métropole.

Il s’adresse aux propriétaires de logements individuels ou collectifs qui souhaitent :

  • déconnecter les eaux pluviales de leur réseau public d’assainissement (via des systèmes végétalisés, par exemple),
  • et/ou réduire leur consommation d’eau potable, grâce à l’installation de dispositifs économes.

Quels types de travaux sont concernés ?

Les équipements et aménagements éligibles comprennent notamment :

  • la récupération des eaux de pluie (cuves, systèmes de filtration, etc.),
  • la désimperméabilisation des sols (jardins de pluie, noues végétalisées, revêtements perméables…),
  • l’installation de toilettes sèches ou de systèmes de chasse d’eau à faible débit,
  • l’arrosage raisonné ou l’irrigation goutte-à-goutte pour les jardins.

Ces solutions permettent de limiter l’usage de l’eau potable, de soulager les réseaux d’assainissement, et de réduire les risques d’inondation en ville en favorisant l’infiltration naturelle.

Montant de l’aide financière

Le soutien financier varie en fonction de l’évaluation environnementale et technique des projets :

  • Jusqu’à 80 % du coût TTC pour les projets sélectionnés comme « lauréats » par une commission (sur la base de critères environnementaux et techniques exigeants).
  • Jusqu’à 50 % du coût TTC, dans la limite de 4 675 € par opération, pour les projets non retenus comme lauréats, mais jugés techniquement pertinents (notamment en matière de déraccordement des eaux pluviales).

Les dossiers sont étudiés chaque mois, jusqu’à épuisement du budget alloué à cette opération.

Pourquoi maintenant ?

Ce dispositif local fait écho à des tensions hydriques nationales. Alors que plusieurs départements français subissent des restrictions d’usage de l’eau, comme dans le Lot où l’arrosage est interdit en journée, Rennes Métropole prend les devants.

En favorisant une meilleure gestion des eaux à la parcelle, la collectivité anticipe les risques liés au changement climatique, tout en impliquant les citoyens dans une transition hydrique indispensable.

Pour aller plus loin

Les propriétaires intéressés contacter directement les services de la collectivité pour connaître les modalités précises de candidature à l’AMI. La transition écologique passe aussi par les toitures, les gouttières… et un peu de pluie bien canalisée.

Renseignements et contacts
Direction de l’Assainissement : assainissement@rennesmetropole.fr