L’exil a plusieurs visages est la première exposition solo du photographe Olivier Ceccaldi, réalisée avec le soutien de l’association Utopia 56. Jusqu’au 28 février 2023, le Roof – Maison de l’escalade se fait le relais d’une série photographique née dans le camp de réfugiés de Vial, en Grèce, pour se terminer dans les rues de Paris et Rennes. À travers ses photos, c’est l’humain qui se rappelle à nous.

Le Roof – Maison de l’Escalade de Rennes accueille entre ses murs une nouvelle exposition photographique, L’Exil a plusieurs visages d’Olivier Ceccaldi. Des clichés en couleurs et en noir et blanc habillent jusqu’au 28 février prochain au Coffee shop, l’espace d’accueil de la salle d’escalade de l’Hôtel Dieu. Entre portraits et instants partagés avec des personnes en exil, une vie a été immortalisée par le jeune photographe, également salarié de l’antenne rennaise de l’association Utopia 56. À travers plus d’une vingtaine de clichés, le lauréat du premier prix amateur Bretagne, Culture, Diversité en 2022, dont la thématique était « les migrations bretonnes », donne à voir la beauté de l’humain derrière la stigmatisation de l’étiquette.

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© Olivier Ceccaldi

La première photographie de l’exposition a été prise avec un téléphone portable, chose inhabituelle pour Olivier Ceccaldi. Si on revient aux débuts du jeune photographe, la photographie est venue à lui sur le terrain, pendant ses actions en tant que bénévole dans des associations et structures venant en aide aux personnes immigrées, réfugiées ou sans abri. « J’ai connu Utopia 56 par des potes et le sujet m’a tout de suite parlé », déclare Olivier qui commence le bénévolat en décembre 2020 avant de poursuivre : « Même avant je crois que j’avais du mal à admettre l’idée de voir tout ça sans rien faire pour essayer d’arranger les choses. » Bénévole pour l’association Utopia 56 à Paris, Olivier part aider l’ONG Movement on The Ground (« Mouvement sur le terrain » en français) au camp de Vial en Grèce pendant tout le mois de janvier 2022.

Située à une vingtaine de kilomètres de la ville de Chios, cette ancienne usine d’aluminium a été transformée en centre d’accueil, d’identification et d’enregistrement des personnes exilées appelé RIC (centres de réceptions et d’identification). À la différence d’Utopia 56 dont les actions s’inscrivent dans l’urgence de la situation, Movement on the Ground n’a pas une approche militante. « L’ONG a une autorisation pour intervenir directement au sein des camps pour essayer de rendre la vie des résidents plus facile », explique-t-il. « On est moins dans l’urgence, la relation à l’autre est différente. Tu rentres plus dans une intimité. »

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« Quand tu fais de l’urgence, le risque c’est de ne plus penser à ce que les gens veulent vraiment. »

Responsable du pôle maintenance des algécos (containers préfabriqués), Olivier travaillait quotidiennement avec une équipe de six à huit habitants du camp et partageait des moments avec eux : « tu travailles, tu manges, tu joues des tournois de foot, tu passes des soirées pour fêter les anniversaires, tu partages même les pluies diluviennes quand tu dois travailler », liste-t-il. Dans ce contexte de partage et de vie, des relations se créent et, au milieu de cette population, une se crée particulièrement avec les enfants du camp. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si nombre de ses photos révèlent des visages enfantins, en train de le regarder, de s’amuser ou de vivre tout simplement. « Les résidents savent que les conditions ne sont pas géniales, mais c’est leur réalité. Leur vie est là pour le moment et ils ne veulent pas aller se plaindre tous les jours, parce que ça ne servirait à rien. » Le camp de Vial se révélera le point de départ d’une série qu’il poursuivra à son retour à Paris, puis à Rennes quand il deviendra salarié à l’antenne rennaise d’Utopia 56. De témoin, il passe finalement à conteur d’images.

Face à ses photographies, il est difficile de ne pas voir l’intérêt qu’il porte pour les populations invisibilisées ou définies uniquement par leur condition. « Plus je pratiquais, plus je me rendais compte que c’étaient les personnes qui m’intéressaient plus que l’aspect dramatique », précise Olivier même s’il reconnaît l’importance et la nécessité d’avoir des photographes qui se concentrent sur ce pan. « Je voulais montrer des visages pour qu’on humanise ce sujet-là. » Le jeune homme pratique depuis seulement un an et demi, mais les contours d’un travail photographique tant social que documentaire se dessinent déjà. Il cherche à aller au-delà de l’étiquette qu’on assigne à toutes ces personnes pour révéler ce qui est trop peu souvent mis en avant, mais qui est pourtant primordial. « Mon but n’est pas de faire du misérabilisme, mais à travers la photo, j’espère réussir à faire ressortir la beauté de ces personnes ».

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© Olivier Ceccaldi

Parallèlement aux portraits, des moment de vie se révèlent avec simplicité. Chacune d’entre elles donne le sourire et l’envie d’en apprendre plus sur ces modèles. « Le médium photographique permet de casser plus facilement les barrières, ça a changé ma manière d’approcher les autres », ce qui se ressent en observant les clichés. Il y émane une confiance et une sincérité. Olivier Ceccaldi arrive à s’effacer pour mieux capturer les moments de vie et à créer une intimité dans les portraits. D’autant plus que chaque photo possède une histoire, cache une anecdote qu’Olivier accepte parfois de confier avec pudeur. « C’est plus difficile de mettre des mots dessus parce que ça touche à quelque chose de plus personnel. » Une petite fille regarde l’objectif d’un air espiègle, au premier plan son bras tendu est flou, mais on distingue rapidement quel doigt est mis en avant. Un fait qui surprend tout le monde, mais qui amuse le photographe au souvenir de ce qu’elle raconte. « C’était un peu un jeu, elle me le faisait tout le temps quand elle me voyait. »

Prendre seulement des photographies n’intéresse pas Olivier qui souhaite avant tout toucher les personnes concernées, « si je n’arrive pas à les toucher, ça veut dire que j’ai mal appréhendé quelque chose », et interroger le public aussi. « Si l’idée est de rendre visible, comment y parvenir ? Quand on sort de la photo pour se poser des questions, c’est là que ça devient intéressant. » Pour cette raison, le photographe accompagnera sa prochaine exposition réalisée la première semaine d’avril à l’université Rennes 2, dans le cadre de la semaine thématique du master Développement social, d’un atelier avec les étudiants et étudiantes. L’idée sera, entre autres, de comprendre ce que peut nous faire ressentir une photographie.

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© Olivier Ceccaldi

La première photographie de l’exposition a été prise avec un téléphone portable, chose inhabituelle pour Olivier Ceccaldi. Sur le mur d’un algéco, des portraits d’hommes se succèdent. « Je n’arrête pas de parler du fait que je veux les rendre visibles, mais il y a la même volonté de leur part, celle de ne pas être oubliés. »

Jusqu’au 28 février 2023, exposition L’Exil a plusieurs visages d’Olivier Ceccaldi,The Roof Rennes – Maison de l’escalade.  

2 rue de l’Hôtel Dieu, 35 000 Rennes 

Ouvert 7j/7

Les photographies sont en vente à 60 € l’unité, et la moitié des bénéfices est reversée à l’association Utopia 56. Elles ne sont pas en exemplaires uniques.

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