Un recueil inédit de correspondance de Stefan Zweig et son épouse  donne l’occasion de découvrir ou redécouvrir à la fois l’auteur et le couple Zweig. Amoureux jusqu’au bout…

 

Au matin du 23 février 1942, près de Rio de Janeiro, on retrouve les corps enlacés de Stefan et Lotte Zweig, suicidés. Fuyant le nazisme, ils avaient quitté l’Autriche pour s’exiler en Angleterre dès 1933. Puis, en 1941, l’auteur d’Amok est invité en Amérique, où il est reçu en héraut de l’humanisme et de la paix. Les Zweig vont parcourir tout le continent nord et sud-américain, de New York au Brésil, terre d’asile rêvée, d’où ils envoient à leurs amis et surtout à leur famille restée en Europe de nombreuses lettres, demeurées pour la plupart inédites jusqu’à aujourd’hui.

Si la mort et inaceptable, on peut du moins constater, comme le démontre Lettres d’Amérique, qu’elle peut être magnifique d’amour. Ces lettres inédites de Stefan et Lotte Zweig envoyées à leurs familles et amis, restés en Europe, le prouvent. Une correspondance à deux voix qui constitue un précieux document littéraire. L’espoir inlassable qui ne cessera de faire battre le cœur de ce couple totalement hors norme.

« Stefan Zweig se tua le premier. Il s’empoisonna sur le lit, tourné vers le plafond, et agonisa les mains croisées. [Il] était déjà mort avant que Lotte ne se suicide. Elle l’enlaça de sa main gauche, allongée à sa droite. » Nous étions le 23 février 1942, à Petrópolis, au Brésil, à une cinquantaine de kilomètres de Rio de Janeiro. Le suicide de Zweig sonna comme une déflagration dans le monde intellectuel et littéraire.

Ce nouvel ouvrage démontre, contrairement à la plupart des biographies déjà parues, que Lotte ne fut pas l’épouse soumise et muette que la légende fait accroire. Les lettres d’Amérique montrent une femme, certes très affectée par une santé fragile et la certaine noirceur qui assaille son mari, mais active. La main dans la main avec Stefan – à la vie à la mort. L’avant-veille de leur suicide, Stefan écrit à son beau-frère, le frère de Lotte : « nous avons décidé, unis dans notre amour, de ne pas nous quitter. » Le même jour, Lotte écrit à sa belle-sœur : « Croyez-moi, c’est mieux ainsi. ».

Une parfaite union de la vie à la mort et jusqu’au bout de l’espoir.

Stefan et Lotte Zweig, Lettres d’Amérique : New York, Argentine, Brésil, 1940-1942, Grasset, 2012, 308 pages.
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